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Sciences historiques

Images de l'ancienne Provence. Description Historique, Géographique et Topographique des Villes, Bourgs, Villages et Hameaux de la Provence...

Qui n'a jamais ouvert la Description de la Provence d'Achard ? Que l'on cherche à saisir tel aspect de la vie dans les villes ou les villages provençaux de la fin de l'Ancien Régime ou que l'on s'intéresse simplement à telle commune, on est toujours conduit à consulter cet ouvrage d'une exceptionnelle richesse. C'est un guide indispensable, tant pour l'historien que pour le citoyen amoureux de son petit " pays ". C'est que la Description d'Achard est un dictionnaire qui, pour les villes, bourgs, villages ou fiefs de Provence classés par ordre alphabétique, donne des indications sur l'administration, la géographie, l'histoire et les moeurs. Oeuvre encyclopédique, elle aborde ainsi, en deux gros volumes d'environ 600 pages chacun, bien des sujets. Elle est à l'image de son auteur, médecin et académicien, amoureux des Lettres et des Arts, amateur de sciences naturelles, de physique et de numismatique. Mais c'est surtout dans le domaine des fêtes villageoises, les Romérages, que le Description de la Provence d'Achard reste un document irremplaçable qui décrit, dans leurs moindres singularités, tous les aspects de ces réjouissances populaires. La fête est liée à celle d'un saint vénéré par la communauté. C'est donc d'abord une fête religieuse. Elle commence par une procession dans laquelle on porte les reliques du saint que l'on honore par des tirs réguliers de mousquet, la bravade. Cette procession, à l'issue de laquelle on entend la messe, fait le tour du village ou, plus souvent, se dirige vers une chapelle champêtre particulièrement vénérée. Mais la fête n'est pas seulement celle du saint. C'est aussi celle de la communauté d'habitants, dans laquelle s'expriment les compétitions entre les jeunes gens, dans les danses, les courses ou les luttes qui se transforment quelquefois en véritables " guerres ", lorsque le romérage réunit les habitants de plusieurs localités. L'ouvrage d'Achard ne se trouve actuellement que dans les fonds anciens des bibliothèques et son troisième volume est resté manuscrit. C'est pourquoi les auteurs ont choisi de procéder à cette réédition, non pour l'ensemble de la région, mais pour la Provence orientale des pays de Grasse et de Draguignan. Ils ont ainsi le plaisir d'offrir aux chercheurs comme à tout habitant des communes de ces " pays ", avec des illustrations fournies par de vieilles cartes postales ou des clichés inédits datant du début du XXe siècle, ces images de l'ancienne Provence.

12/2010

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Autres

Philosophie N° 153

Ce numéro s'ouvre sur la traduction, par Déborah Brosteaux, Guillaume Fagniez et Arthur Longneaux, d'un texte écrit par Max Scheler en 1913 et intitulé "Sur l'idée de l'homme", précédé de sa présentation par Olivier Agard. Sur la base du rejet phénoménologique de tout naturalisme, Scheler y reprend la question de l'homme en la déployant au fil d'analyses de la langue et de l'outil. Ces dernières le conduisent à articuler étroitement les déterminations de l'être humain comme être biologiquement déficient et autodépassement de la vie ancré en l'esprit, c'est-à-dire ultimement en Dieu. Sous le signe d'un spiritualisme chrétien, se donne à lire ici la toute première tentative d'entrelacement entre phénoménologie et anthropologie philosophique, promise à une riche postérité, encore ouverte. Dans "La réflexivité dans l'idéalisme de Fichte et de Husserl", Alexandre Leduc Berryman propose une analyse de la question de la légitimation de la visée de vérité inhérente au discours philosophique, visant à montrer qu'il s'agit d'un thème directeur de l'idéalisme de Fichte et de Husserl. La mise au jour de cet enjeu permet de problématiser la réduction commune de l'idéalisme à la question de la constitution de l'objectivité, afin de penser le rapport de cette dernière au problème réflexif de la légitimation du discours. Dans "Penser la crise de l'éthique contemporaine avec Kostas Axelos", Alain Vuillot, Régis Aubry et Karine Bréhaux s'intéressent à la pensée de Kostas Axelos, méconnue mais propre à enrichir le débat contemporain sur la crise, les fondements et finalités de l'éthique. Son approche de l'homme et de son rapport au monde renouvelle la question éthique à la lumière de son intuition fondamentale : le jeu du monde. La perspective ouverte par Axelos en éthique interroge le poids de son héritage métaphysique, pensant l'épreuve du nihilisme et dégageant un horizon propre à le dépasser en repensant "la vie bonne" à la lumière du jeu du monde. Dans "Du narcissisme à la surestimation de soi", Philippe Cabestan s'interroge sur la pertinence du concept de narcissisme qui permettrait, selon Freud, d'éclairer de nombreux phénomènes, y compris certaines formes de psychoses. Pourtant, l'idée d'une libido du moi est profondément obscure. Peut-on réellement être amoureux de soi ? En quel sens est-il possible de s'aimer ? L'ambition de l'auteur est ici de proposer une réélaboration du concept de narcissisme du point de vue propre à la phénoménologie existentielle, en approfondissant ce qu'en opposition à l'amour de soi, Rousseau appelle l'amour-propre.

03/2022

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Littérature française

Essais

En 1971, la Pléiade publiait "Contre Sainte-Beuve" précédé de "Pastiches et mélanges" et suivi de "Essais et articles" . L'édition qui paraît aujourd'hui est dotée d'un sommaire considérablement enrichi et d'un titre qui témoigne de ses intentions. Exit le triple intitulé dominé par le massif central du Contre Sainte-Beuve. Choisir le titre Essais, c'est reconnaître à la fois l'unité et l'incertitude générique de l'oeuvre de Proust. Comme le souligne Antoine Compagnon, Proust fut toujours partagé, dans son désir d'écrire, entre narration et réflexion. Son roman est riche de développements critiques. Son oeuvre de réflexion connaît des développements romanesques. Son projet sur Sainte-Beuve, il le qualifie d' "essai" , terme qui s'appliquait à des textes à la composition très libre. A preuve, la définition que le critique du Figaro, André Beaunier, donne de "Sur la lecture" , préface de Proust à Sésame et les lys de Ruskin (1906) : "un essai original, et délicieux, émouvant, plaisant, gai parmi les larmes, mélancolique avec discrétion ; les souvenirs s'y mêlent aux rêveries, la fantaisie à la réalité, comme dans l'âme d'un philosophe très sensible" . Des lignes qui annoncent l'expérience unique qu'offre la lecture des essais de Proust. Incertitude générique, donc : les Pastiches et mélanges reprennent en 1919 "Sur la lecture" et d'autres essais essentiels, mais aussi les pastiches de "l'affaire Lemoine" , cette "critique en action" dans laquelle le récit a toute sa place. Et Contre Sainte-Beuve est certes un essai, mais narratif : c'est au cours d'une conversation avec sa mère que l'auteur entend critiquer la méthode de Sainte-Beuve. Mais voici que surgissent des personnages, Swann, les Guermantes, un Montargis au profil de Saint-Loup, un Guercy qui annonce Charlus. Ces développements romanesques constituent un nouveau départ pour le roman que l'on sait. Ils signent aussi la fin du projet Sainte-Beuve et expliquent pourquoi Contre Sainte-Beuve n'existe que dans l'idée qu'on s'en fait. Dans sa première édition (1954), le livre comportait des chapitres romanesques. Dans la seconde (1971), seules étaient retenues les pages critiques. On propose ici un "Dossier du Contre Sainte-Beuve" , titre et dispositif plus conformes aux manuscrits conservés. Quant aux nombreux essais - critiques, études, chroniques, entretiens ou amples analyses -, ici plus nombreux que jamais, parus dans les revues et journaux du temps et non recueillis par Proust, ou encore révélés après sa mort, ils témoignent de l'ambition littéraire la plus haute et sont l'accompagnement obligé de la Recherche.

04/2022

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Religion

La rencontre de Jésus-Christ en milieu Bambara

Le monde bambara, situé au coeur du pays appelé Mali, est ici révélé aux lecteurs francophones dans toute sa complexe richesse. Des trésors de sagesse traditionnelle, recueillis et assemblés avec une intelligente patience, deviennent enfin accessibles au prix de leur mise par écrit et grâce à des analyses d'une rare perspicacité. Un premier regard sur le monde bambara occupe la première dizaine de chapitres. La charpente et chaque élément de ce monde sont d'abord décrits. La vie de l'homme, la célébration de sa mort, les multiples visages de son bonheur et de son malheur, les règles et la philosophie de sa vie en communauté, ses amitiés et ses mariages, son rapport à l'invisible et son inépuisable fécondité spirituelle, sont tour à tour pris en considération. Un essai d'interprétation du monde bambara pose ensuite les vrais problèmes de son identification. Rarement la quête contemporaine de l'identité africaine fut conduite avec une telle rigueur. Le sens bambara de l'homme, de ses valeurs éthiques et spirituelles, de son rapport au monde et de son incarnation historique dans le passé ou le présent de la communauté internationale, se propose au lecteur comme une véritable école d'humanité au plus noble sens du mot. L'accueil de Jésus-Christ en milieu bambara suppose une relecture originale de tout le message évangélique. L'auteur ne suggère pas là une requête, il réalise ce programme en cinq chapitres d'une rare densité. Chrétien ou non, le lecteur sera fasciné par la transposition culturelle, jalonnée de tarit de proverbes, libre de tout particularisme, délivrée des scléroses du passé, universelle sans cesser de rester la plus concrète, que Sotigi Penda Mori Sidibe accomplit sous ses yeux. Ce n'est pas sans raison que l'on met sa foi en quelqu'un. Aucun homme, avec une seule poignée d'huile, ne saurait oindre un éléphant. Le bien d'autrui, même s'il vous va bien, est toujours mis de travers. Mieux vaut pour toi que le vent ne te fouette qu'indirectement. La petite bonne chose qui ne vieillit pas. Ventre affamé supporte mal,la plaisanterie. Nul ne doit oublier ses origines. La pintade regarde la nuque de celle qui la précède. Personne ne refuse de faire la toilette de l'oeil dont il est borgne. Devenir un fromager. Sotigi Penda Mori SIDIBE est né en 1927 de père et mère musulmans. Baptisé catholique en 1941, prêtre depuis 1957, après des études de sciences sociales et de théologie à Lyon, il s'est consacré au travail pastoral en milieu bambara. Il est actuellement évêque de Segou, Mali.

08/1978

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Littérature française

Autour de la table

George Sand, comme les vrais critiques, possède éminemment la faculté d'admiration et cette autre, que celle-ci semble exclure, de raisonner ses sentiments. Il admire sans effort ce qui est beau ou sublime, parce qu'il crée lui-même le sublime ou le beau, parce qu'il ignore les petitesses jalouses, parce que c'est avant tout un esprit sincère et sensible. Mais en même temps parce que son talent est quelque chose de complet, il s'élève à la métaphysique du beau, il en calcule les maîtresses règles, et sans pédanterie comme sans mollesse ramène ses impressions à certains principes très-généraux et très-vrais, ses répugnances et ses affections à des lois. Ce n'est pas un rhéteur enivré de paroles, c'est un dialecticien judicieux et sensé. On trouvera dans ce volume des morceaux opposées par le sujet et qui datent d'époques bien diverses : toutes ces monographies, expressivement vivantes, ont les deux mérites suprêmes du bon sens et de la beauté. Chacune d'elles ferait la réputation d'un critique et le mettrait hors pair. Comme l'objet même, la forme varie de l'une à l'autre si l'on sent qu'elles viennent de la même main, on aperçoit aussi que cette main seule pouvait s'assouplir à des procédés si différents : c'est tantôt une familiarité enjouée, tantôt une gravité noblement et fortement savante aux souvenirs personnels et d'intimité s'adjoignent des considérations élevées ou sur les lois du beau ou sur la morale publique et privée. L'indulgence n'y fait pas tort à la rectitude, la raison à l'enthousiasme. Jeunes gens, qui voulez écrire, votre modèle est là penseurs , vous trouverez dans ce livre les vérités les plus énergiques artistes, il vous montrera par où et comment vous devez vouloir être loués. Les femmes, à leur tour, bien qu'elles aiment peu la critique, si ce n'est la critique qu'elles font elles-mêmes, y profiteront. Lorsque George Sand veut bien être familier et causer bonnement, sa conversation est l'exemple instructif du ton véritablement exquis, de la bonhomie ingénieuse, de la malice veloutée sans finauderie. GEORGE SAND, pseudonyme d'Amandine-Aurore Lucille Dupin, baronne Dudevant (1804-1876). Femme de lettres française, qui a laissé derrière elle une oeuvre romanesque remarquable, composée de contes, de nouvelles, de pièces théâtrales, de textes autobiographiques et d'une immense correspondance. Après la séparation de son mari, le baron Dudevant, un officier retiré de l´armée, elle rentre à Paris en 1831 avec l'intention de vivre de sa plume.

10/2022

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Technologies industrielles

Construire, rénover et aménager une maison. Toutes les techniques de construction en images

Dans cette nouvelle édition : - les exigences de la RE 2020 ; - les agrandissements, extensions et surélévations ; - 40 planches illustrées et 600 illustrations supplémentaires. Comment implanter de manière optimale une maison sur un terrain ? Comment définir son agencement intérieur ? Quel chauffage choisir pour limiter les dépenses énergétiques ? Comment est mise en oeuvre une isolation thermique par l'extérieur ? Quels types de charpente et de couverture sont autorisés ? Quelles sont les étapes de construction à respecter ? C'est à ces questions - et bien d'autres encore ! - que cet ouvrage apporte des réponses claires et précises... grâce à l'image. Cet ouvrage synthétique tout en couleurs décrit l'essentiel à connaître pour construire, rénover et aménager une maison, du choix du terrain à l'aménagement des abords. Que ce soit pour une maison traditionnelle ou contemporaine, ce livre unique, à jour de la RE 2020, détaille les étapes à respecter et fournit des astuces pour mener à bien un projet en toute sécurité, de l'aménagement des combles au choix des équipements. De très nombreuses illustrations - détails de construction, schémas de principe ou pédagogiques - enrichissent ce livre conçu comme un guide pratique qui traite successivement : ? de la conception, pour choisir l'implantation optimale, préparer le terrain, effectuer les formalités administratives, etc. ; - des possibilités d'augmenter la valeur d'une maison existante en changeant la destination d'une pièce, en aménageant des combles ou au moyen d'extensions et de surélévations ; ? de l'aménagement, pour organiser chaque pièce, optimiser les circulations et ainsi aboutir aux plans et aux descriptifs ; ? du gros oeuvre, pour mettre en oeuvre les techniques de construction de tous les corps d'état, de la cave au grenier ; ? du second oeuvre, pour maîtriser les dispositions constructives des cloisons et l'installation des équipements techniques ; ? des abords, pour sécuriser les accès et profiter des extérieurs. Chaque technique est expliquée pour comprendre immédiatement les éléments clés d'une mise en oeuvre réussie et conforme aux règles de l'art. L'ouvrage est organisé par pièce (cuisine, chambre, salle de bains, etc.), puis par corps d'état et technique (gros oeuvre, second oeuvre et équipements techniques), ce qui permet d'obtenir une vision synthétique du projet. Ce guide tout en images est un outil pratique qui s'adresse aussi bien aux maîtres d'oeuvre et aux maîtres d'ouvrage, curieux de découvrir des techniques en dehors de leurs champs de compétence, qu'aux particuliers ou aux étudiants qui y trouveront une synthèse pratique de tous les procédés constructifs propres à la maison individuelle.

10/2023

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Musique, danse

Laibach & le NSK. Interrogation machine

Le NSK est généralement considéré comme étant la dernière avant-garde véritable du XXe siècle et le courant artistique le plus stimulant que nous offre l'Europe de l'Est actuelle. L'acronyme se réfère au Neue Slowenische Kunst, un collectif d'artistes slovènes qui naquit et prit forme alors que la Yougoslavie pleurait la mort de Tito et s'acheminait vers sa dissolution brutale. L'oeuvre complexe et perturbante du NSK, dans des domaines aussi variés que la musique expérimentale, le théâtre d'avant-garde, la peinture, la philosophie, l'écriture, les performances et le design, bénéficie d'une grande renommée internationale et possède une résonance culturelle des plus puissantes et spécifiques. Au sein de l'organisation NSK, on compte de nombreuses subdivisions, dont la plus fameuse est le groupe Laibach, groupe de musique alternative, connu pour avoir mêlé la culture populaire à un discours politique subversif, les beaux-arts à la provocation underground, se posant en miroir du chaos politique et culturel contemporain. Dans son ouvrage Interrogation Machine, Alexei Monroe propose la première analyse critique du phénomène NSK dans sa totalité, qu'il s'agisse de sa structure organisationnelle des plus sophistiquées, de sa logique interne, ou bien encore de ses actions publiques controversées. Il en résulte un fascinant portrait, non seulement du phénomène NSK mais aussi du contexte politique et culturel complexe au sein duquel ce courant artistique s'est déployé. Monroe analyse en profondeur les paradoxes, les questions qui laissent perplexes et visions traumatisantes des oeuvres du NSK. Il enquête et interroge les relations entre le contenu conceptuel, les procédés de style et les sous-entendus idéologiques, et fait ainsi la démonstration de la pertinence du NSK, de manière générale, et du groupe Laibach, en particulier, lorsqu'ils interviennent dans les débats au sujet de la culture, du pouvoir, de la guerre, de la politique, de la globalisation, du marché, et de la vie elle-même. Comme l'écrit Slavoj Zizek dans sa préface, "Aujourd'hui, la leçon donnée par Laibach est plus pertinente que jamais." Monroe multiplie les approches théoriques et historiques, ce qui convient parfaitement à la nature mouvante et insaisissable de son sujet. Le recours à la théorie est le reflet du propre engagement théorique du NSK : c'est aussi un moyen valable de souligner les questions soulevées par son oeuvre. Ne cédant jamais à la vulgarisation ni à l'admiration inconditionnelle, Monroe laisse intacts les "brèches, contradictions, et zones d'ombre" inhérentes à son sujet, démontrant qu'il "pourrait être encore possible d'apprécier cette oeuvre comme une forme d'art qui remue, rend perplexe, agite ou fascine."

03/2014

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Histoire internationale

Histoire de l'Europe éditée d'après les carnets de captivité (1916-1918). 2 volumes

Le 18 mars 1916, Henri Pirenne et son collègue Paul Fredericq sont arrêtés et déportés en Allemagne, parce que tous deux incarnent, aux yeux de l'Occupant, la résistance des universitaires gantois à la réouverture de leur Alma Mater. Incarcéré dans des camps de prisonniers militaires et civils, puis assigné à résidence dans la ville universitaire d'Iéna, l'historien belge est finalement relégué à Creuzburg, une bourgade rurale de la Thuringe. Il y passe presque deux ans, du 29 janvier 1917 jusqu'à l'Armistice. Afin de résister intellectuellement et moralement à un isolement difficile à supporter, Henri Pirenne se lance, du 31 janvier 1917 au 7 août 1918, dans l'écriture de l'esquisse d'une histoire de l'Europe. Interrompu en pleine histoire de la Renaissance par l'arrivée à Creuzburg de sa femme et de son plus jeune fils, l'historien abandonne son manuscrit, qui sera publié à titre posthume, en 1936, par son fils Jacques. Accueillie comme un véritable tour de force intellectuel, parce que rédigée avec l'aide d'un "simple manuel scolaire", l'Histoire de l'Europe connaît un immense retentissement dans le contexte d'inquiétude et d'incertitude suscité par les succès des régimes totalitaires, ainsi que par l'exacerbation des tensions internationales qui précède immédiatement la deuxième guerre mondiale. L'oeuvre présentée ici méritait une triple révision scientifique. Il convenait en effet (1) de la restituer en tant qu'exercice de résistance quotidienne, mais aussi d'analyse de la diversité des parcours historiques des nations européennes - parcours qui avaient abouti à la guerre ; (2) d'éclairer ses conditions de production scientifique ; et (3) d'en restaurer le texte inachevé et inabouti, qui avait pâti de nombreuses coupes et révisions, ainsi que de l'accumulation, lors de son édition, d'une multitude d'erreurs factuelles concernant tant les événements et les personnages historiques, que les localisations et les datations. Traduite en anglais, en néerlandais, en allemand, en italien, en japonais et en croate, et régulièrement rééditée, l'Histoire de l'Europe est un classique de l'histoire intellectuelle du XXe siècle. Cette nouvelle édition inclut plus de soixante pages restées inédites, rétablit le texte des carnets de captivité et y ajoute des informations factuelles dont l'auteur ne disposait pas lors de sa rédaction. Elle est complétée par la réédition des Souvenirs de captivité en Allemagne (mars 1916-novembre 1918), publiés par Henri Pirenne en 1920, qui restitue le climat et les conditions d'existence du savant durant sa déportation en Allemagne.

11/2014

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Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 22, Romans Tome 4 (1913-1915)

Jamais Ramuz n’aura tenté des formules romanesques aussi variées que durant les années qu’embrasse ce tome, de 1912 à 1915. La Vie meilleure, publié dans « La Semaine littéraire » en 1912, n’a pas été repris en volume par son auteur. Centré sur la figure rimbaldienne d’un rétameur vagabond qui espère réparer la laideur du monde par le pouvoir de l’imagination, ce roman d’apprentissage rappelle par sa forme les textes qui l’ont précédé, mais prépare par ses thèmes plusieurs œuvres à venir comme Le Garçon savoyard ou Adam et Ève. Construction de la maison, écrit au début de 1914, est resté jusqu’à ce jour inédit. L’écrivain le jugeait pourtant porteur d’« un ton nouveau », et pour cause : c’est là une première tentative d’exprimer le vignoble de Lavaux, qui deviendra bientôt la terre promise de sa poétique. Intimement lié à un sol âpre mais fertile dont il s’agit de tirer le fruit, le vigneron y apparaît déjà comme le modèle du poète, jusque dans les aspirations contradictoires que lui prête Ramuz : vivre au jour le jour, au gré des pentes et des saisons, ou accroître un patrimoine. La Guerre dans le Haut-Pays, paru dans les « Cahiers vaudois » en 1915, emprunte son intrigue à l’histoire vaudoise. Selon un schéma fréquent dans le roman historique classique, Ramuz intensifie le tragique de la guerre civile (celle qui déchire la petite collectivité des Ormonts lors de la Révolution vaudoise) en plaçant de part et d’autre de la ligne de tir un père et un fils. Le récit penche pourtant du côté du légendaire, dans la mesure où il confère avant tout au passé le pouvoir de fonder le présent de la collectivité. Dans leur diversité, les romans réunis ici illustrent les voies explorées par Ramuz pour donner corps à une aspiration qu’il place sous les auspices de Cézanne – ce peintre qui, « par le moyen du sol, dresse pour nous un art en face de celui de Paris, un art de race et de milieu ». Ce volume contient La Vie meilleure, Construction de la maison et La Guerre dans le Haut-Pays. Le disque qui l’accompagne comprend une reproduction du manuscrit de Construction de la maison avec sa transcription en regard, deux documents autographes relatifs à La Guerre dans le Haut-Pays, ainsi que les deux versions de ce roman (l’édition originale de 1915 et celle des Œuvres complètes de 1941) qu’un logiciel permet de comparer.

06/2012

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Sciences de la terre et de la

Cuckoos, Cowbirds and Other Cheats

Cuckoos and cowbirds are amongst the select bird groups renowned as professional parasites, who always lay their eggs in the nests of other species. Occasional parasitic laying is also widespread in many other birds, who gladly parasitise the nests of their own kind when the opportunity arises. In this fascinating new book, Nick Davies describes the natural histories of all the brood parasites and examines the exciting questions they raise about the evolution of cheating and the arms race between parasites and their hosts. Brood parasites fill their armoury with adaptations including exquisite egg mimicry, rapid laying, ejection of host eggs, murder of host young, chick mimicry and manipulative begging behaviour: ploys shown by recent research to have evolved in response to host defence behaviour or through competition among the parasites themselves. While many host species appear defenceless, accepting parasite eggs quite unlike their own, others are more discriminating against odd-looking eggs and some have evolved the ability to discriminate against odd-looking chicks as well. How does this arms race proceed? Will defenceless hosts improve their armoury in time, or are there sometimes constraints on hosts which allow the parasites to gain the upper hand? And why are so few species obliged only to lay eggs in host nests? Have host defences limited the success of brood parasitism, or is it in fact much commoner than we suspect, but occurring mainly when birds parasitise the nests of their own kind? All of these puzzles are examined in descriptions of the natural history of each of the groups of parasites in turn. Here is a book with wide appeal, both to amateur naturalists fascinated by this most singular and macabre of behaviours and to ornithologists and ecologists interested in the evolution of ecology and behaviour. The story takes us from the strange tales of folklore to the classic field work earlier this century by pioneer ornithologists such as Edgar Chance, Stuart Baker, Herbert Friedmann and others, through to the recent experimental field work and molecular techniques of today's leading scientists. We visit brood parasites in Europe, Asia, Japan, Africa, Australasia, and North and South America, to look at some of the world's most interesting birds and sortie of biology's most interesting questions, many of which still beg answers from ornithologists in the future. Brilliant illustrations by David Quinn depict many behaviours for the first time and convey the thrill of watching these astonishing birds in the wild.

04/2000

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Histoire internationale

Le royaume asante (Ghana). Parenté, pouvoir, histoire : XVIIe-XXE siècles

Cet ouvrage est centré sur les relations entre la parenté, le pouvoir et l'histoire chez les Asante du Ghana entre les XVIIe et XXe siècles. Les Asante émergent peu à peu comme un groupe distinct qui formera le royaume du même nom, mais des précédents ont fourni un modèle et exercé des influences sur la création de ce royaume. Au sein des Asante, les Oyoko vont rapidement devenir dominants. Leur itinéraire géographique et politique est l'histoire de la mise en place de cette domination. Fondé sur des sources orales et écrites, dont la collecte, le traitement et l'analyse relèvent aussi bien du métier d'anthropologue que de celui de l'historien, cet ouvrage fait place également aux apports de l'archéologie et de la linguistique. Il propose une analyse historiographique très serrée des sources et de la bibliographie existante, explicitant à chaque fois les conditions de leur production. Il propose une réflexion d'une grande originalité, mettant en question entre autres les idées reçues sur la parenté chez les Asante, dont il démontre qu'elle ne répond pas au " modèle " exclusivement matrilinéaire dans lequel les travaux de ses prédécesseurs l'ont confiné. Une analyse de la notion de personne chez les Asante et des modèles de parenté élaborés par R.S. Rattray et M. Fortes introduit une étude de chaque matriclan où sont abordés les ancêtres fondatrices, les mythes d'origine et récits de fondation et les itinéraires de chacun d'entre eux. Une large place est consacrée au facteur patrilinéaire, la notion de ntoro, qui relève de la parenté sans pour autant être réductible à celle-ci. Cette analyse débouche sur des interrogations d'ordre méthodologique et théorique qui interpellent les études de parenté, incapables de rendre compte de ce principe selon les normes qu'elles emploient habituellement. Étant donné le verrouillage opéré dans la capitale, Kumase, par les tenants de l'histoire officielle asante liés au Palais, il est remarquable que l'auteur ait réussi à franchir cet obstacle et à atteindre d'autres versions. En se basant sur l'analyse d'un certain nombre de rituels et de mythes, il est parvenu à éclairer la période jusque-là obscure qui a précédé la fondation de l'État asante. La troisième partie offre une relecture subtile et convaincante de l'histoire de la dynastie royale Oyoko de Kumase. L'étude de cette histoire est la mise en perspective diachronique des poids relatifs de la matrilinéarité et du facteur patrilinéaire, de leur utilisation et manipulation, et de la dynamique des relations interpersonnelles à l'intérieur du lignage royal.

11/2003

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Critique littéraire

François Rabelais

François Rabelais (1483 ou 1494 ? - 1553) est l'un des auteurs français qui a fait couler le plus d'encre. Ses écrits, sur lesquels la recherche littéraire la plus avancée ne s'est, aujourd'hui encore, pas toujours mise d'accord, ont déclenché de nombreuses polémiques passionnées, qui ont souvent dépassé les frontières du monde littéraire proprement dit. Des sciences humaines aux sciences de la nature, tous se sentent concernés par cette oeuvre totale. Aux nombreux commentateurs s'ajoutent encore ses admirateurs, imitateurs, continuateurs, adaptateurs à l'usage de la jeunesse, illustrateurs, metteurs en scène. Tout un chacun, dans la société française, se sent capable de prendre la parole, un jour, sur Rabelais. Car plus qu'un homme de lettres, plus qu'un auteur de la Renaissance, l'homme, par son oeuvre, est devenu une sorte de figure portée au rang de mythe français, comme l'atteste le gigantisme de cette bibliographie. Le présent volume passant d'abord en revue les éditions et les traductions, fort nombreuses du XVIe siècle à nos jours, a essayé de rendre compte du foisonnement et de l'hétérogénéité des écrits consacrés à Rabelais, en France comme ailleurs... Une telle entreprise, que la Librairie de Saint-Victor n'aurait pas refusé d'accueillir dans ses rayonnages, aurait sans doute amusé Rabelais lui-même.Guy Demerson est Professeur honoraire de langue et littérature de la Renaissance à l'Université Blaise Pascal (Clermont II). Il a publié notamment, avec la collaboration de Michel Renaud, et, pour les oeuvres latines, de Geneviève Demerson, une édition des Œuvres Complètes de Rabelais. Avec le concours de ses étudiants, il a annexé à cette édition une translation de l'oeuvre en français moderne (Paris, Seuil, 1973, révisée en 1995). Il a consacré à cet auteur un ouvrage d'ensemble (Rabelais, Paris, Fayard, 1992) et une étude sur son esthétique (L'esthétique de Rabelais, Paris, SEDES, 1996). Quelques-uns de ses articles sont recueillis dans Humanisme et Facétie (Orléans, Paradigme, 1994).Myriam Marrache-Gouraud, Agrégée de Lettres Modernes et Docteur ès Lettres en Littérature française de la Renaissance, enseigne à l'Université de Poitiers. Elle a publié une étude remarquée sur Panurge (Hors toute intimidation. Panurge ou la parole singulière, Genève, Droz, 2003), ainsi que de nombreux articles portant sur la fiction rabelaisienne. Elle participe au Dictionnaire des objets merveilleux de la littérature (articles sur Rabelais). Parallèlement, ses recherches ont porté sur l'étude des procédés esthétiques et rhétoriques qui sont à l'oeuvre dans les cabinets de curiosités (articles et co-édition scientifique, avec P. Martin, du Jardin et cabinet poétique de Paul Contant [1609], Presses Universitaires de Rennes, 2004).

01/2011

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Religion

Rendez-vous dans la forêt. Origine

La série "Rendez-vous dans la forêt" Après le succès de ses livres Rendez-vous dans la forêt, tome 1, 2 et 3 vendus respectivement à 13'000 , 5'000 et 3'000 exemplaires, A.Auderset sort une nouvelle collection dans la même veine : : Rendez-vous dans la forêt, origine". L'histoire qu'elle raconte est celle qui précède. Autobiographie écrite à deux C'est avec beaucoup de poésie, d'humour, d'émotion qu'A.Auderset y relate sa vie. 360 pages partagées en petites anecdotes pleines de sagesse et à grand renfort de photos (notamment de sa magnifique région du Jura bernois) ainsi que moults illustrations. Il en parle au présent, comme s'il écrivait en direct dès sa naissance (et même juste avant celle-ci) pour nous faire part de sa vision du monde encore innocente. Ces réflexions sont discrètement encadrées et distillées par plus de 51 ans de maturité et d'existence. Résistance Le petit Alain aime la nature, les cabanes, les copains, les aventures et il déborde d'imagination. Mais regarder les papillons par la fenêtre pendant les cours est totalement illégal et puni d'humiliation collective. De toutes ses forces, il ne va pas se laisser formater par cet établissement scolaire qu'il déteste, ni se laisser brutaliser par les tyrans de la cours de récré, et encore moins abrutir par la vision morne et soi-disant "réaliste" des adultes. Ces derniers déchirent sa belle région avec de la politique et créent des clivages entre les élèves. Spiritualité Alain n'est pas seul dans son combat. C'est en pénétrant dans la forêt pour la première fois qu'il sent qu'il y a "quelque chose", une force qui veille sur lui et le cherche. Elle va enfin se manifester clairement à lui à l'âge de 15 ans. Il découvre alors une nouvelle dimension, parallèle à la nôtre. Elle a toujours été là, mais elle était jusqu'alors invisible à ses yeux. Alain va se lier d'amitié avec Dieu sans que ça ait quelque chose à voir avec de la religion ou de la prise de tête. C'est une histoire d'amour, à l'échelle cosmique, touchante d'authenticité. Que l'on soit croyant ou non, nous sommes happés avec lui dans une aventure spirituelle passionnante et... poilante. Rencontre avec soi Ce petit bonhomme attachant, ses souvenirs, ses amours, ses émerveillements candides et ses déceptions nous ressemblent. Tous ces sentiments que l'on a tous côtoyés sans jamais avoir pu les formuler se retrouvent écrits ici, avec les mots justes, nous aidant à mieux nous comprendre nous-mêmes.

12/2020

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Football

Notes sur le football

Il y a dans les moeurs, comme dans l'histoire, des conquêtes imprévues. La marche triomphale du football à travers les habitudes jusqu'alors si sédentaires de notre jeunesse française en est un nouvel exemple. Le football avait tout contre lui. Son premier défaut était d'être anglais. On nous répète à chaque instant que nous sommes des anglomanes renforcés. Cela n'est pas ; car à part le petit groupe de gommeux parisiens qui affectent de ne porter que du linge blanchi à Londres, il suffit qu'une mode arrive d'Outre-Manche, pour qu'elle éveille aussitôt des susceptibilités "patriotiques" dans la presse et dans l'opinion. De plus, le football faisait son entrée chez nous précédé d'une réputation nettement établie de brutalité : les mères françaises qui craignent les rhumes et les engelures ne pouvaient dès lors lui faire un accueil sympathique. Enfin, c'est un jeu collectif : il exige la formation de deux équipes de onze ou quinze joueurs chacune : pour se déployer à l'aise, ces équipes ont besoin d'un vaste espace de terrain plat et gazonné. Autant de motifs pour que les maîtres ne fussent pas favorables à une innovation qui allait forcément compliquer... Mais il faut signaler un dernier désavantage auquel nul de ceux qui ont popularisé le football en France n'avait songé, et dont, pour ma part, j'ai été long à me rendre compte. Il est impossible au spectateur qui n'est pas "au courant" de comprendre quelque chose à ce qui se passe sous ses yeux. Il voit une mêlée, des bras et des jambes enchevêtrés, des poitrines qui se heurtent, des mains qui se crispent, toute une série d'efforts auxquels il s'intéressera s'il est peintre ou sculpteur, qui lui feront horreur s'il est pédagogue ou s'il a simplement l'âme sensible. Comment, en face de ce travail intense des muscles, la pensée lui viendrait-elle que des forces intellectuelles et morales sont, au même moment, mises à contribution et que rien ne sommeille dans l'être qui se débat là devant lui ? Les journalistes, horrifiés, en firent de terribles descriptions, propres à donner la chair de poule aux parents les moins craintifs ; des listes de tués et de blessés, importées d'Angleterre, circulèrent comme pièces à l'appui ; certains proviseurs prirent sur eux de l'interdire aux lycéens. Rien n'y fit : la marée monta avec une parfaite régularité. Les jeunes gens mirent, à vaincre tous les obstacles, une persévérance dont nul ne les aurait crus capables.

04/2021

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Résistance

De Dachau aux cachots de la République

Victor Dojlida (1926-1997), fils d'un mineur polonais immigré en Lorraine, s'engage dans la Résistance à 16 ans, ce qui lui vaut d'être déporté en 1944 dans les camps de Struthof, de Dachau puis de Buchenwald. Lorsqu'il revient en Lorraine en 1945, il constate que le policier Reuter qui l'a arrêté et le juge Chiny qui l'a livré aux SS sont encore en poste : l'heure est à la réconciliation nationale. Mais Victor n'est pas du genre à se réconcilier avec ses bourreaux. En 1946, il rosse Chiny, qui n'ose se plaindre, craignant d'attirer l'attention sur son passé de collabo. La même année, il inflige une rude correction à Reuter. Mais celui-ci porte plainte et, cette fois, Victor est condamné à une amende et à un mois de sursis, ce qu'il ressent comme une profonde injustice. En janvier 1947, il braque la paye des ouvriers de l'usine sidérurgique locale, dont les actionnaires et les dirigeants ont abondamment contribué à l'effort de guerre allemand. Il est arrêté le lendemain. C'est le début d'une longue plongée dans l'enfer carcéral, qui va durer quarante-quatre ans, ponctués de plusieurs tentatives d'évasion - avec une brève parenthèse de quatorze mois de liberté en 1960-1962. Quand il sort définitivement de prison en 1989, sa vie est derrière lui. C'est le récit qu'il a fait de ses tribulations à deux visiteurs de prison, Françoise Capéran et Guy Morel, que contient ce livre, qui fait suite à ses mémoires de résistant, parus en 2020 sous le titre Le Dzikus. Ce document et le riche apparat de notes qui l'accompagne retrace le destin singulier d'un homme que les institutions judiciaire et pénitentiaire ont tout fait pour briser, mais qui est resté toujours debout. De même que Le Dzikus était une précieuse contribution à l'histoire de la Résistance et de la déportation, De Dachau aux cachots de la république jette une lumière crue sur le système carcéral français de la seconde moitié du XXe siècle, que Victor Dojlida a presque entièrement passé enfermé. Ce récit est précédé d'une notice décrivant la découverte de ce document, ainsi que d'une préface de maître Henri Leclerc, ancien président de la Ligue des Droits de l'Homme et actuel président d'honneur de cette association, qui a bien connu Victor Dojlida en tant qu'avocat pénaliste.

03/2024

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Religion

Besançon et Saint-Claude

Un territoire de quelque 1600 kilomètres-carrés, abstraction faite de la ville et des vingt-six « grandes paroisses » qui constituaient la « Terre de Saint-Claude », tel se présentait autrefois l'immense diocèse de Besançon. En étendue à quoi le comparer parmi ceux qui divisaient le royaume de France ? Au vrai, il en allait différemment du point de vue paroissial, tant la densité de ce pays comtois restait faible. Par la suite, les correctifs qu'ont provoqués les rectifications de frontières du côté suisse, la création des trois départements : Doubs, Haute-Saône et Jura avec pour ces derniers des limites réajustées, enfin le transfert du Territoire de Belfort dans la pastorale de l'archevêché depuis le traité de Francfort en ont modifié l'image traditionnelle. La transformation essentielle ce fut sans nul doute le démembrement de l'ancienne circonscription ecclésiastique et la création, définitive en 1823, d'un nouveau diocèse couvrant l'actuel département du Jura. Cette particularité n'a pas manqué de susciter des problèmes à chacun de ceux qui voulaient se conformer à l'esprit d'une collection où l'on entend mettre l'accent sur l'histoire contemporaine. C'est pourquoi, les rédacteurs se sont efforcé d'unir dans un même récit les faits ayant précédé le XIXe siècle, de séparer ensuite les événements propres aux deux diocèses. D'où la présentation inhabituelle de ce volume. D'autres difficultés ont surgi en cours de route : les abandons auxquels il a fallu remédier sans que les successeurs puissent bénéficier toujours des travaux commencés. Délicat, très délicat certes aura donc été le rassemblement d'une documentation homogène. Par ses recherches critiques poursuivies pendant de longues années, le R.P. de Vregille s'était déjà préoccupé des origines chrétiennes de ce pays jurassien qui est le sien ; ses études personnelles l'ayant mené jusqu'en plein XIIe siècle, tout le désignait comme le présentateur des temps anciens, qu'au surplus un jeune érudit, M. Gérard Moyse, venait de renouveler dans une thèse d'Ecole des Chartes. J'ai pu, pour ma part, recevoir les conseils de M. Roland Fiétier et de M. René Locatelli : le premier, auteur, entre autres choses, d'une thèse monumentale sur la société bisontine allant du début du XIIIe siècle jusqu'au milieu du XIVe, où se trouve consacrée au clergé près de la moitié de son exposé ; le second - et c'est tout dire - est le médiéviste spécialisé dans les questions religieuses. Ajouterais-je aussi des travaux d'étudiants qui ont largement déblayé des fonds mal connus de nos vieux érudits ? Moins favorisé, M. Jean Courtieu, si tôt quitté le XVIe siècle, pour lequel il ne pouvait que s'appuyer sur l'œuvre monumentale de Lucien Febvre, a dû se livrer à des investigations dans le dépôt qu'il dirige. M. le chanoine Etienne Ledeur, ancien supérieur du Grand Séminaire de Besançon, servi par ses enquêtes, les souvenirs qu'il a pu ramasser, aidé aussi par une thèse d'Etat qui a fait époque, celle de M. l'abbé Huot-Pleuroux, enfin par sa connaissance d'un jeune clergé qu'il avait lui-même formé, n'a pas failli à une tâche que des circonstances douloureuses ont malheureusement assombrie. Mais l'obstacle le plus dur à franchir aura été celui qu'avec persévérance, bénéficiant fort heureusement de concours bénévoles, M. l'abbé Pierre Lacroix aura affronté pour le diocèse de Saint-Claude ; par suite d'une bibliographie indigente, il aura fallu procéder à des dépouillements dans les archives publiques, diocésaines et privées. Si quelques-uns se plaignent de la place qui lui a été allouée par rapport à celle acceptée par son confrère, malgré la disparité des deux diocèses, qu'ils se souviennent de ce mot (que je cite de mémoire) d'un théologien fameux: « Je n'ai pas eu le temps de faire court »… Grâce à ce collaborateur diligent, un point de départ aura été donné dans des recherches historiques un peu trop négligées au sud de notre Franche-Comté. Au terme de cet avant-propos, qu'il me soit permis d'insister sur deux originalités de nos deux diocèses. Dès le haut Moyen-âge, la terre jurassienne fut un foyer exceptionnel de monachisme. Cet élan ne s'est, pour ainsi dire, jamais ralenti, tant du moins que les âmes éprises de solitudes claustrales se tournèrent vers l'une des branches de la grande famille bénédictine. Que de monastères, que de prieurés, que de maisons se sont développés au milieu de nos déserts, sur nos montagnes, dans nos étroites vallées, au centre de nos plateaux et de nos clairières, toutes isolées par de vastes étendues forestières, que l'on gravisse les pentes du Jura ou que l'on gagne les rives de la Saône et les eaux stagnantes du pays bressan ! N'est-ce pas ici que s'affirma saint Colomban, que le Bernon d'avant Cluny a groupé ses premiers disciples ? Les ordres réguliers postérieurs, s'étant tourné vers l'apostolat des villes, n'ont pas connu, sauf exception, le même essor magnifique. Peut-être bien la nature physique du pays et la rareté de ses cités le prédisposaient-elles moins aux besoins du temps qui commence avec le XIIIe siècle. Phénomène inverse en quelque sorte, sur lequel nous aimerions attirer l'attention. Dans une région touchée comme ailleurs par la vague de déchristianisation ou, si l'on préfère, d'indifférentisme, les paroisses rurales changent de visage : elles éprouvent le besoin de se regrouper, tandis que dans les villes cl autres paroisses apparaissent, plus nécessaires que jamais. Le mouvement s'accélère depuis la fin de la dernière guerre. A ne considérer que les chiffres bruts, peu de changements dans l'ensemble de la population : 907 000 habitants en 1954 pour les trois départements du Doubs, de Haute-Saône et du Jura; au recensement de 1975, 732 000. Mais la répartition n'est plus la même. Comment comparer les 78 000 âmes de Besançon avec les 129 000 - encore accrues par des banlieues-dortoirs qui ne cessent de grandir ? Et que dire de la « nébuleuse montbéliardaise », à cheval sur trois départements et devenue la plus grosse agglomération de l'archidiocèse: 183 000 au lieu de 113 000 ? Les villes plus petites : Vesoul, Dole, Lons-le-Saunier et, dans leurs montagnes, Saint-Claude et Pontarlier subissent au ralenti une évolution analogue. Que d'interrogations posées par un pareil devenir dans le domaine religieux qui est le nôtre !

01/1977

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Philosophie

Philosophie N° 148, janvier 2021 : Reiner Schurmann interprète de Heidegger et penseur de l'histoire

Ce numéro thématique est consacré à Reiner Schürmann, phénoménologue qui, dans Le principe d'anarchie et Des hégémonies brisées, a prolongé et interrogé la pensée du second Heidegger pour tenter de repenser l'historicité de la pensée occidentale et le statut postmétaphysique de l'Ereignis. Il s'ouvre sur la traduction, par Bruce Bégout, de l'article de Schürmann intitulé ""Que dois-je faire" à la fin de la métaphysique ? ", qui pose la question de l'agir dans sa relation avec le problème du statut et du destin des "principes époquaux" qui régissent l'être et l'action. La question "que dois-je faire ? " sonne le glas d'une certaine normativité principielle dont il s'agit alors, sous le nom d'anarchie, de mesurer le possible ainsi ouvert. Dans "Reiner Schürmann, phénoménologue des ultimes", Vincent Giraud introduit à sa pensée au fil conducteur du phénomène et du mot d'ordre "sauver les phénomènes". Si ce qui se montre est originairement un singulier, que les différents "fantasmes hégémoniques" réduisent à un cas particulier de leur loi, retrouver les phénomènes se fera par une épopée du singulier qui nous établit dans la "condition tragique", fond de notre rapport à l'apparaître. Dans "Fin de partie. Philosophie de l'histoire et clôture de la métaphysique chez Reiner Schürmann", Bruce Bégout interroge la notion d'époque dans sa philosophie, montrant que sa critique de la philosophie de l'histoire procède d'une conception de l'histoire comme dépérissement des hégémonies, à laquelle se soustrait l'ultime époque. Il met en question le paradigme ontologique du contingent, fondement anarchique de la philosophie tragique. Dans "La recherche des origines : entre anamnèse et oubli. Heidegger relu par Schürmann", Servanne Jollivet en expose la lecture de Heidegger à partir des textes tardifs, qui en radicalise le geste et en montre l'ambivalence : en l'inscrivant dans l'histoire des hégémonies, il remonte de l'interrogation sur les origines à l'origine première, repensée de manière non fondamentale comme "violence originaire". Dans "L'absent, vois-le comme fermement présent", Thomas Aït Kaci s'attache au problème de l'effacement de la figure hégélienne dans Des hégémonies brisées. Que dans son opiniâtre combat mené contre la dialectique, du commencement à la fin et de Parménide à Heidegger, Schürmann ne rencontre pas à un moment ou à un autre son adversaire hégélien, surprend. Quel est le sens philosophique d'une telle absence, concertée et déconcertante ? Dans "Des langues brisées. Silence et origine dans la pensée de Reiner Schürmann", Vincent Blanchet comprend l'ensemble de son oeuvre à la lumière de la méditation de la langue qui la traverse jusqu'à son accomplissement dans Des hégémonies brisées ; il s'agit par là d'interroger la possibilité, pour la parole, de demeurer fidèle aux conditions dernières de l'expérience. Enfin, dans "La source", Emmanuel Cattin s'attache à la question de ce que Schürmann nomme "l'origine", en lien essentiel à "l'expérience originaire avec le langage". Dans l'héritage de l'Ereignis de Heidegger, Schürmann n'aura cessé de méditer le sens de la source de tout apparaître, et le mode de séjour accordé à celle-ci, "l'errance". Entre le Maître Eckhart de 1972 et Des hégémonies brisées de 1996, la joie errante aura disparu pour céder devant le regard tragique. D P.

01/2021

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Romans historiques

Joseph Balsamo ; Le Collier de la reine. Mémoires d'un médecin

Cette fresque historique, l'une des plus réussies d'Alexandre Dumas, va de la fin du règne de Louis XV à la Révolution. La publication en feuilleton puis en volume, commencée en 1846, s'est terminée en 1855. Joseph Balsamo s'ouvre en 1770 sur un prologue ésotérique : sur le mont Tonnerre où sont réunis les chefs de la franc-maçonnerie universelle, un inconnu, Joseph Balsamo, prophétise la Révolution universelle. Nous retrouvons Balsamo au Taverney, en Lorraine, où vivent le vieux baron de Taverney et sa fille, Andrée, chez qui Balsamo découvre la faculté de double vue sous influence magnétique. Marie-Antoinette, venue en France pour épouser le dauphin, fait une halte à Taverney. Au cours d'une scène dramatique, Balsamo, cédant aux supplications incrédules de Marie-Antoinette, lui fait apparaître, dans une carafe d'eau, sa future décapitation. Le Collier de la reine est le plus connu des quatre romans du cycle grâce à de nombreuses adaptations. Il prend appui sur la célèbre affaire du Collier : Louis XVI a promis à la reine un merveilleux collier. Celle-ci, dans un premier moment de vertu, y renonce, se ravise sous l'influence de Jeanne de La Motte, puis décide finalement de le rendre. S'ensuit un imbroglio dont Jeanne de La Motte tire les fils : Rohan croit avoir acheté le collier, la reine croit l'avoir rendu aux bijoutiers, tandis que c'est Jeanne de La Motte qui le garde. Le roi fera en vain juger Rohan et condamner Mme de La Motte : à l'issue du procès, c'est la reine, et avec elle la royauté, qui est perdue ! Avec Ange Pitou, on est au début de juillet 1789. Ange Pitou est un jeune paysan du bourg d'Haramont, inculte mais droit. Gagné aux idées nouvelles, il participe à la prise de la Bastille, tandis qu'une rétrospective historique installe sur la scène du roman l'image noire de la reine : usurpatrice étrangère, vampire suçant le sang de la nation en dilapidant son or. En contrepoint se déroule, sur le mode héroï-comique, le roman d'apprentissage d'Ange Pitou : devenu capitaine de la garde nationale d'Haramont, il est désormais un " personnage ". Avec La Comtesse de Charny, nous retrouvons Balsamo en envoyé de la Providence acharné à la perte de la royauté. Le récit de la fuite à Varennes occupe une grande place dans le roman : c'est de cette fuite manquée que procède, selon l'auteur, la rupture définitive entre le peuple et la royauté. Y figurent également le complot Favras, la compromission de La Fayette et de Mirabeau en faveur de Marie-Antoinette, la fête de la Fédération. Les événements révolutionnaires ont leur écho atténué à Haramont, où Pitou mène une révolution moins sanglante, alors que la figure sinistre de Marat, le chirurgien morbide, l'homme-animal, symbolise l'ultime étape de la Révolution. Dans cette série passionnante, on découvre aussi la fascination exercée par l'hypnose, la vigueur des idées propagées par Mesmer, alors qu'une médecine de plus en plus rationnelle se met en place. Les personnages ne se contentent pas d'être des acteurs (parfois rocambolesques) : ils sont aussi animés par des conflits idéologiques, ils hésitent, s'enflamment puis doutent lorsqu'il leur faut constater les excès auxquels ont conduit leurs convictions. Dans cette perspective, Balsamo incarne aussi l'Histoire qui hypnotise tous ses acteurs.

02/2012

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Beaux arts

Magritte tout en papier. Collages, dessins, gouaches

L'oeuvre de Magritte est internationalement reconnue comme un des moments essentiels de l'art du XXe siècle. De nombreuses rétrospectives et plusieurs monographies lui ont été consacrées à travers le monde ces quinze dernières années. Mais jamais jusqu'ici on n'avait étudié une facette peu connue de son oeuvre à savoir : les gouaches, dessins, lettres et croquis. Or l'oeuvre sur papier, chez Magritte, constitue une plongée originale dans le laboratoire d'une pensée subversive. Fruit d'un travail de recherche réalisé au sein du Centre de Recherche René Magritte de l'Université libre de Bruxelles, l'ouvrage doublé d'une exposition à la fondation Maillol à Paris puis au Boijmans Museum de Rotterdam, présentera lettres, croquis, esquisses sur papier, dessins préparatoires, études à la gouache, préparations mises au carré, gouaches tirées de peintures, collages et objets peints. En même temps qu'une réelle rétrospective de l'oeuvre à travers ces mediums - premières pensées ou transcriptions de ses images désormais classiques - cet ouvrage permet de mettre en évidence plusieurs aspects méconnus de la création chez Magritte. D'abord une pensée en forme de collage. Procédé essentiel de la culture moderniste, au coeur de la démarche magritienne, le collage introduit une rupture dans le principe même de la représentation. Il en a radicalement transformé le langage. On touche ici un élément essentiel de la poétique surréaliste. Le dessin ensuite s'impose comme écriture de la pensée. Ce volet couvre l'ensemble de l'oeuvre. Des esquisses aux croquis introduits dans les lettres, Magritte a construit l'image tout en testant l'idée selon un travail qui fait de tout dessin un récit en action. Il s'agit de recomposer le processus créateur de l'artiste en montrant comment il a joué des supports et des techniques. De la lettre à l'image, le laboratoire de l'oeuvre se compose à l'instar d'une pensée en perpétuel mouvement. L'activité de copies, variante et dérivés, constitue un autre chapitre dans lequel on voit que la gouache a toujours eu pour Magritte une valeur promotionnelle. On s'en rendra compte en partant des travaux publicitaires du peintre réalisés dans les années 20. Rassemblés ici, ils introduisent les copies qui ont été réalisées en gouache à des fins commerciales. Par ce biais, Magritte brise la valeur unique de l'oeuvre sans pour autant que cette dernière perde son aura. La gouache permet de renoncer au tableau comme pratique conventionnelle. Désormais celui-ci vaut comme "idée poétique" vouée à être répétée, reprise, modulée, transformée par la gouache. Michel Draguet aborde ici ce jeu de variation auquel Magritte n'a cessé de se livrer avec liberté et ironie. Enfin, directement déduite des travaux publicitaires, la pratique de la gouache passe par une affirmation de la couleur comme lumière. Ce sens, Magritte l'a expérimenté dans une forme d'opposition à sa propre peinture à l'huile aux tonalités sombres et tragiques. La gouache a au contraire parti lié avec le soleil ; elle a aussi nourri la virulence de la période vache. La confrontation des deux séries rend compte d'horizons différents. De l'une à l'autre, deux valeurs chromatiques - postimpressionniste déduite de Renoir ou expressionniste et fauve - de la gouache influent Magritte dans sa recherche de redéfinition de l'imaginaire surréaliste. Toutes les gouaches ne sont pas que des variantes. Magritte a développé dans cette technique des oeuvres sans équivalents en peinture. La gouache apparaît ainsi comme un moyen d'expression en soi au même titre que certains dessins à la plume.

03/2006

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Critique littéraire

Études anglaises - N°2/2015. The British Contemporary Novel: 2008-2015

Catherine BERNARD Writing Capital, or, John Lanchester's Debt to Realism John Lanchester's fourth novel Capital (2012) offers a scathing, satirical denun- ciation of the excesses of capitalism, commodity fetishism and globalisation. The choral structure of the novel also allows the text to function as a world-novel, embracing as it does the criss-crossing lives of protagonists, each embodying a facet of a ramifed present. Reworking the basic principles of realistic representation, it appropriates the language of materialism to bring it to work paradoxically against the reifcation of affects and identity. With Capital, the "credit crunch" novel claims a different form of accountability that emerges through the very "stuff" of fiction. Le quatrième roman de John Lanchester, Capital (2012), offre un portrait satirique des excès du capitalisme, du fétichisme de la marchandise et de la globalisation. La structure chorale du roman transforme aussi le texte en roman-monde. Il embrasse les vies interdépendantes de protagonistes qui, chacun, incarnent une facette d'un présent densément ramifé. Retravaillant les principes de base du réalisme, le roman s'approprie le langage du matérialisme pour l'amener à oeuvrer contre la réifcation des affects et de l'identité. Avec Capital, le roman "de la crise" ("credit crunch fiction") revendique une forme de responsabilité qui s'incarne dans la matière même de la fiction. Vanessa GUIGNERY The Way We Live Now : Jonathan Coe's Re-evaluation of Political Satire This paper examines Jonathan Coe's oeuvre to discuss the evolution of his modes of portraying contemporary Britain. While Coe is well known for his satirical state-of- the-nation novels and for his commitment to political fiction, his recent essays reveal his misgivings about the effectiveness of political satire and Condition-of- England novels in the new millennium. This paper will navigate between Coe's fiction and non-fiction to examine the forms political engagement may take in the contemporary British novel. Cet article parcourt l'oeuvre de Jonathan Coe afin d'analyser l'évolution de ses modes de représentation de la Grande-Bretagne contemporaine. Coe est connu pour ses romans satiriques qui offrent un "état de la nation" et pour son attache- ment à la fiction politique, mais ses essais récents révèlent ses doutes quant à l'efficacité de la satire politique et de romans qui décrivent la condition de l'Angleterre à l'heure du nouveau millénaire. Cet article naviguera entre les écrits fictionnels et non-fictionnels de Coe pour envisager les formes que peut prendre l'engagement politique dans le roman britannique contemporain. Jean-Michel GANTEAU Vistas of the Humble : Jon McGregor's Fiction Jon McGregor's novels are characterised by a constant attention to detail and to the ordinary. They address the realities of individual, social and anthropological vul- nerability through narratives whose frail form countermands any attempt at abstraction and totalisation. In this article, I evoke the forms and modalities of vulnerability through the prism of the characters' and narratives' dependence on trauma, of systematic relationality and of attention to singularities. By throwing light on invisibilities and by giving voice to the inarticulate, McGregor writes ethical and political novels and uses the position of the precarious witness to contribute to the creation of some narrative democracy whose purpose, in Guillaume Le Blanc's terms, is to enlarge our sense of the common. Les romans de Jon McGregor se donnent pour tâche une attention permanente aux détails et à l'ordinaire. Ils s'ordonnent ainsi à l'évocation de la vulnérabilité indivi- duelle, sociale et anthropologique à travers des récits dont la forme vulnérable refuse toute totalisation. Les modalités et visages de la vulnérabilité sont ici évoqués à travers les motifs de la dépendance au trauma, de la mise en relation systématique, et de l'attention aux singularités. En mettant en lumière l'invisible et les invisibles, et en redonnant voix aux inaudibles, Jon McGregor fait oeuvre éthique et politique : il se pose en témoin précaire et contribue à l'élaboration d'une démocratie narrative dont le but est, selon les termes de Guillaume Le Blanc, de "créer du commun" . Peter CHILDS Food Chain : Predatory Links in the Novels of David Mitchell Humans are for David Mitchell predatory animals, whatever their civilized com- plexity. His novels contain numerous examples of individuals and groups who would oppress others in the name of logic, desire, morality, technology, survival or sheer force of will. That people prey on animals, resources and other human beings is only one dimension to Mitchell's fictional world but it is consistent and stark, from the cannibals that appear in Cloud Atlas and The Thousand Autumns of Jacob de Zoet through the warring factions in number9dream to the more fantasti- cal parasitic predators of Ghostwritten and The Bone Clocks. In this essay, I review aspects to this theme while analysing Mitchell's fictional world, which increasingly seems to be governed by interlinkages not only within narratives but metaleptically across them. David Mitchell considère les êtres humains comme des prédateurs, quel que soit leur degré de civilisation. Ses romans comportent de nombreux exemples d'individus et de groupes qui oppriment autrui en invoquant pour cela la logique, le désir, la morale, la technologie, l'instinct de survie ou leur volonté de puissance. Le fait que des hommes s'en prennent à des animaux, à des ressources naturelles ou à d'autres êtres humains n'est qu'un des aspects de l'univers fictionnel de Mitchell, mais il s'agit là d'une dimension structurante, à l'origine de la noirceur de l'oeuvre dans son ensemble - des cannibales de Cloud Atlas et The Thousand Autumns of Jacob de Zoet aux prédateurs parasites de type plus fantastique dans Ghostwritten et The Bone Clocks en passant par les factions en guerre dans number9dream. Cet article recense plusieurs composantes de ce motif récurrent dans la fiction de Mitchell, laquelle paraît de plus en plus fortement régie par des liens se tissant non seulement de manière interne aux différents récits, mais aussi de manière externe entre les récits eux-mêmes, sur un mode métaleptique. Marc POREE "What if ?" : The Speculative Turn of Will Self's Fiction "Et si ?" Révélant de lui-même les extravagantes hypothèses de travail dont il aime à procéder, Will Self est friand de spéculation. Une spéculation de type "métaphysique" , rejoignant celle des poètes de la première moitié du dix-septième siècle (cloués au pilori par Johnson avant que d'être réhabilités par T. S. Eliot). Une spéculation, dont le caractère cérébral s'accommode pourtant d'une volonté de faire que le roman s'incorpore et digère ce qui ne relève a priori pas de lui (les sciences, la pensée). Une spéculation, enfin, qui procède à rebours de l'évolution du lectorat et de la technologie, en oeuvrant à renouer avec un mécanisme de "sensibilité unifiée" que Self sait être anachronique, mais qui pose, à nouveaux frais, la question de la nécessaire difficulté en art. "What if ?" Never wary of unveiling the fantastical conceits which he is wont to proceed from, Will Self is (over)fond of speculation. A speculation that is meta- physical in kind, related to that implemented by the poets of the first half of the seventeeenth century (vilified by Johnson before being rehabilitated by T. S. Eliot). A speculation, the cerebral nature of which is found to be more than compatible with the processes of incorporation and digestion, at the hands of the novel, of all that is allegedly foreign to it (the sciences, thought). A speculation, lastly, bent on restoring a mechanism of "unified sensibility" which Self knows to be anachronis- tic, given the average reader's pursuits, but which offers a fresh take on the neces- sary difficulty of art. Camille MANFREDI Tales from the Pigeon-Hole : James Kelman's Migrant Voices This article offers to dwell on James Kelman's concerns with liminality and cultural identity by outlining the dynamics of displacement, dislocation and relocation in his recent novels You Have to be Careful in the Land of the Free (2004), Kieron Smith, Boy (2008) and Mo Said She Was Quirky (2012). While paying attention to Kelman's interest in the potential for subversion of the in-between, the article anal- yses the narrators' strategies of self-preservation and self-transformation with a view to better understand Kelman's own perception of the predicament of the contemporary Scottish writer in the postcolonial and global contexts. Cet article se propose d'éclairer le traitement des motifs de la liminalité et de l'identité culturelle à travers les dynamiques de décentrement, dislocation et délocalisa- tion dans les récents romans de James Kelman, You Have to be Careful in the Land of the Free (2004), Kieron Smith, Boy (2008) et Mo Said She Was Quirky (2012). En gardant à l'esprit l'intérêt de Kelman pour le potentiel subversif de l'entre-deux, cet article analyse les stratégies de préservation et de transformation de soi développées par les narrateurs. Elles permettront d'éclairer la tâche qui, selon Kelman, revient à l'auteur écossais contemporain dans le contexte à la fois du postcolonial et de nos sociétés mondialisées. Christian GUTLEBEN Whither Postmodernism ? Four Tentative Neo-Victorian Answers This paper sets out to examine in what ways recent neo-Victorian fiction illustrates twenty-first-century fiction's quest for new novelistic possibilities. On the basis of David Mitchell's Cloud Atlas (2004), Andrea Levy's The Long Song (2010), Michel Faber's The Crimson Petal and the White (2002) and Rosie Garland's The Palace of Curiosities (2013), it will be argued that neo-Victorianism broadens the scope of postmodernism by conceiving a cosmopoetics in which a referential and an aesthetic globalisation are combined, by imagining alternative forms of fictional historiography, by challenging various forms of orthodoxy and by questioning the limits of the human. Although it suggests evolutions and variations in relation to late twentieth-century historiographic metafiction, the novel of the new millennium nevertheless cannot be said to forsake postmodernism. Cet article se propose d'examiner dans quelle mesure la fiction néo-victorienne récente illustre la tentative de la fiction du vingt-et-unième siècle d'explorer de nouvelles possibilités romanesques. En prenant comme exemples Cloud Atlas de David Mitchell (2004), The Long Song d'Andrea Levy (2010), The Crimson Petal and the White de Michel Faber (2002) et The Palace of Curiosities de Rosie Garland (2013), nous soutiendrons que le néo-victorianisme élargit le spectre du postmodernisme en concevant une cosmopoétique où se mêlent référentialité et esthétique mondialisées, en imaginant d'autres formes d'historiographie fictionnelle, en remettant en cause diverses formes d'orthodoxie et en s'interrogeant sur les limites de l'humain. Bien que le roman du nouveau millénaire suggère des variations et des évolutions par rapport à la métafiction historiographique de la fin du vingtième siècle, on ne peut cependant pas considérer qu'il renonce au postmodernisme.

08/2015

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Beaux arts

Découper le temps en son lieu. Parcours expérimental, Edition bilingue français-anglais

Découper le temps en son lieu est un parcours expérimental mis en oeuvre entre 2015 et 2017 par les artistes et théoriciens de l'unité de recherche Art Contemporain et Temps de l'Histoire. Cette édition retrace le travail d'interlocution entre chercheurs à partir d'oeuvres d'art entretenant un lien particulier au lieu. Les oeuvres qui reviennent avec insistance dans les discussions des artistes forment l'axe central d'une forme d'exposition inédite avec Roof Garden Commission de Pierre Huyghe de 2015 sur le toit du Metropolitan Museum de New York et son lien à Central Park et au Musée d'Histoire naturelle, Conical Intersect de Gordon Matta-Clark, réalisé dans le cadre la Biennale de Paris de 1975 dans les anciennes bâtisses en bois et plâtre qu'on détruisait dans le quartier de Beaubourg à cette époque, ou encore la rétrospective de Gerhard Richter à l'Albertinum de Dresde dans sa ville natale de l'Allemagne de l'Est totalement détruite en février 1945. A deux occasions, dans le cadre de Vision au Palais de Tokyo en avril 2016 et puis au Réfectoire des nonnes à l'ENSBA de Lyon au mois de décembre, les artistes et théoriciens ont développé des objets rappelant la forme singulière de la maquette. Il s'agissait ainsi de construire dans l'espace de la galerie, par le dialogue collectif et par le geste, un atlas qui retrace la cartographie d'une pensée en acte. Depuis une première exposition expérimentale au Réfectoire des nonnes en 2011, l'unité de recherche travaille à l'élaboration de tables, outils visuels qui permettent de dégager une discussion d'ordre théorique. Cette édition raconte l'écart décisif qui a été élaboré en transformant l'image qui reproduit une oeuvre, outil habituel et nécessaire à la construction d'un atlas, en un objet réalisé au fur et à mesure de la discussion par des procédés et des gestes. La conversation qui les accompagne, enregistrée en deux jours à Aisey-sur-Seine les 16 et 17 septembre 2017 par Yann Annicchiarico, Axelle Bonnard, Jenny Lauro-Mariani et Bernhard Rüdiger, puis transcrite et éditée avec la contribution de Vincent Ceraudo, Maïté Marra et Philippe Rousseau, n'est plus une pensée verbale aux prises avec des arguments visuels, mais la mise en pratique orale et manuelle de leur réification. Ce n'est pas à partir d'images que se construit la discussion, mais à partir de gestes qui transforment l'évocation d'un référent en une action. La pensée, ou plutôt l'oralité de la conversation collective, se fait ici praxis gestuelle, elle devient un outil heuristique qui détermine les arguments et les expose à l'espace concret de leur mise en forme visuelle et verbale.

09/2019

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Photographie

Paul Strand

Né à New York en 1890, Paul Strand restera dans l’histoire de l’art photographique comme celui qui a fait basculer la photographie dans l’ère moderne. Il personnifie par excellence la figure de l’artiste d’avant-garde, pleinement engagé dans la vie sociale de son temps, qui impose une vision nouvelle à force de recherches et d’innovations. Formé par Lewis Hine et remarqué dès 1906 par Alfred Stieglitz auquel le liera une longue amitié, Paul Strand est, avec celui-ci, l’artiste qui symbolisera la critique et la fin du célèbre mouvement pictorialiste et de son esthétique picturale qui avait marqué depuis plusieurs décennies l’adolescence de la photographie. Influencé par le cubisme et le fauvisme, attiré par les oeuvres de Picasso, Braque ou Brancusi, Paul Strand s’intéresse à l’abstraction et au formalisme, sans négliger la dimension sociale de la photographie documentaire. Considéré comme un chef-d’oeuvre de la photographie, La barrière blanche, qu’il réalise en 1915, annonce une nouvelle ère de l’image fixe et l’émergence du courant inédit de la Straight Photography (“La photographie pure”) dont il deviendra le chef de file. À la fin de la première guerre mondiale, que Paul Strand effectuera dans un hôpital militaire, la Straight Photography impose internationalement sa révolution de la perception de l’objet et du champ de la photographie. Il n’est alors plus question de tenter d’inscrire la photographie dans l’art pictural par des procédés surannés mais, bien au contraire, de s’appuyer sur la particularité objective du médium et de ses dispositifs pour imposer une esthétique spécifique faite de netteté, de précision du détail, de rigueur du cadrage et de structuration par la seule lumière. La photographie est désormais libre de ses choix. Elle peut appliquer son art propre à une infinité de sujets qui vont de l’objet singulier au mouvement de la vie urbaine, en passant par une forme nouvelle d’abstraction. L’oeuvre de Paul Strand illustre à la perfection la richesse et la diversité de cette “nouvelle objectivité”. Expérimentant également le cinéma d’avant-garde à visée sociale, Paul Strand bénéficie dès la fin de la Seconde Guerre mondiale d’une reconnaissance internationale, et voyage à travers l’Europe en poursuivant ses recherches. Victime du maccarthysme en raison de ses opinions communistes, il choisit de s’installer en France, on se souvient de sa complicité avec l’écrivain Claude Roy, où il continue travaux et voyages et où il meurt en 1976. Si, comme l’affirme l’historien Peter C Brunnell, “la nouveauté de la perception est ce qui caractérise l’avant-garde moderne”, l’oeuvre de Paul Strand, déployée sur presque soixante années, incarne à elle seule la notion d’avant-garde rapportée à la photographie.

12/2011

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Préhistoire

Caune de l'Arago. Tome 10, Les restes humains du Pléistocène moyen de la caune de l'Arago

En mai 1963, au cours d'une mission exploratoire, Henry et Marie-Antoinette de Lumley pénètrent dans une cavité, la Caune de l'Arago, perchée à 80 mètres au-dessus de la plaine de Tautavel. Ils y découvrent un site exceptionnellement riche par son épais remplissage sédimentaire, qui laissait apparaître de part en part des ossements de faunes et des outils lithiques préhistoriques. Cependant, rien ne laissait présager que ce chantier de fouilles perdurerait plusieurs décennies. La richesse des informations recueillies sur le terrain et en laboratoire vont faire de ce site la clé de notre patrimoine à l'origine du peuplement européen. Les fouilles annuelles menées depuis 1964 dans la Caune de l'Arago, avec l'aide de plus de 4 500 fouilleurs, ont permis de mettre au jour, jusqu'à présent, un empilement de plus d'une cinquantaine d'unités archéostratigraphiques intercalées, dans un ensemble stratigraphique de seize mètres d'épaisseur, dont les datations sont de 690 000 ans à la base et 100 000 ans au sommet. Les restes humains découverts dans l'Arago sont relativement nombreux si l'on considère la rareté des os humains recueillis dans divers sites européens pour cette période comprise entre environ 1 million d'années et 100 000 ans. Parmi les restes de l'Arago, la découverte d'une portion antérieure de crâne, Arago XXI, le 22 juillet 1971, a fait connaître pour la première fois l'aspect physique du visage des premiers européens. L'inventaire des 152 restes humains met en évidence une majorité d'éléments crâniens et dentaires, quelques fragments du squelette postcrânien (membres supérieurs, membres inférieurs, ceintures scapulaire et pelvienne). Les extrémités sont représentées par un seul os de la main et un sol os du pied. Aucun élément du tronc n'a été trouvé jusqu'à ce jour. Ces restes représentent 32 individus, 18 adultes, 1 adolescent et 13 enfants. Le plus exceptionnel est d'avoir une certaine connaissance de la présence de 21 enfants qui ont perdu leurs dents temporaires (ou dents de lait) dans la grotte au cours de leur séjour. Ces tribus qui, entre -600 000 et -300 000 années, parcouraient les plaines du Roussillon au nord des Pyrénées, avaient leurs rites de chasse, de technique de taille des outils, de comportement vis-à-vis de leurs morts. Ayant précédé les populations néandertaliennes, il s'agit d'une population originale avec ses caractères physiques et comportementaux, que nous attribuons à Homo erectus tautavelensis. Ce sont les résultats des études d'une équipe de dix chercheurs spécialistes du terrain de la Caune de l'Arago et des méthodes paléoanthropologiques qui sont rassemblés dans cet ouvrage. Quinze chercheurs internationaux apportent en appendices leurs réflexions à partir de leurs expériences.

01/2023

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Littérature française

Il n'y a pas de Ajar. Monologue contre l'identité

L'étau des obsessions identitaires, des tribalismes d'exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux qui défendent l'idée d'un " purement soi " , et d'une affiliation " authentique " à la nation, l'ethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d'après l'auteure, une clé d'émancipation : Emile Ajar. Cet homme n'existe pas... Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu'on n'est pas que ce que l'on dit qu'on est, qu'il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu'offre le texte de se glisser dans la peau d'un autre. J'ai imaginé à partir de lui un monologue contre l'identité, un seul-en-scène qui s'en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment. Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme...) affirme qu'il est Abraham Ajar, le fils d'Emile, rejeton d'une entourloupe littéraire. Il demande ainsi au lecteur/spectateur qui lui rend visite dans une cave, le célèbre " trou juif " de La Vie devant soi : es-tu l'enfant de ta lignée ou celui des livres que tu as lus ? Es-tu sûr de l'identité que tu prétends incarner ? En s'adressant directement à un mystérieux interlocuteur, Abraham Ajar revisite l'univers de Romain Gary, mais aussi celui de la kabbale, de la Bible, de l'humour juif... ou encore les débats politiques d'aujourd'hui (nationalisme, transidentité, antisionisme, obsession du genre ou politique des identités, appropriation culturelle...). Le texte de la pièce est précédé d'une préface Delphine Horvilleur sur Romain Gary et son oeuvre. Dans chacun des livres de Gary se cachent des " dibbouks " , des fantômes qui semblent s'échapper de vieux contes yiddish, ceux d'une mère dont les rêves l'ont construit, ceux d'un père dont il invente l'identité, les revenants d'une Europe détruite et des cendres de la Shoah, ou l'injonction d'être un " mentsch " , un homme à la hauteur de l'Histoire. " J'avais 6 ans lorsque Gary s'est suicidé, l'âge où j'apprenais à lire et à écrire. Il m'a souvent semblé, dans ma vie de lectrice puis d'écrivaine que Gary était un de mes " dibbouks " personnels... Et que je ne cessais de redécouvrir ce qu'il a su magistralement démontrer : l'écriture est une stratégie de survie. Seule la fiction de soi, la réinvention permanente de notre identité est capable de nous sauver. L'identité figée, celle de ceux qui ont fini de dire qui ils sont, est la mort de notre humanité. "

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 1, Quatre articles ; Notre littérature de presse ; Des papiers d'un homme encore en vie ; La lutte entre l'ancienne et la nouvelle cave à savon ; Prédication de séminaire (1834-1841)

Les textes présentés dans ce volume et jusqu'alors inédits en français sont les premiers écrits de Kierkegaard : antérieurs à sa thèse sur LE CONCEPT D'IRONIE, ils s'échelonnent de décembre 1834 à janvier 1841. Comme tous les écrits de jeunesse, ceux-ci sont intéressants pour connaître la genèse d'une pensée. Mais plus que d'autres, ils méritent d'être lus et étudiés avec soin. Avec eux, en effet, se trouvent amorcées plusieurs des formes littéraires qu'empruntera l'oeuvre ultérieure : articles de presse, critique "littéraire", prédication ou discours, et utilisés les procédés de l'anonymat et de la pseudonymité ; de plus, on y voit nettement affirmées les qualités du polémiste, de l'ironiste et du dialecticien ; enfin s'y manifestent déjà les positions critiques fondamentales de Kierkegaard face à l'évolution socio-politique et esthétique de l'époque, à l'égard de Hegel et des adeptes danois de son Système, et vis-à-vis de ceux qui n'ont pas cette "conception de la vie" qui, à ses yeux, implique l'exigence et l'intériorité. Des QUATRE ARTICLES publiés en 1834 et 1836, le premier ironise sur l'exaltation romantique à propos de la femme, et les trois autres ouvrent avec la presse libérale une polémique qui se poursuivra longtemps. Déjà, en 1835, une conférence sur NOTRE LITTERATURE DE PRESSE avait traité du rôle de la presse en soulignant ses préoccupations esthétiques. Dans l'ouvrage au titre bizarre DES PAPIERS D'UN HOMME ENCORE EN VIE, paru en 1838 - le premier livre de Kierkegaard -, un roman d'Andersen offre l'occasion d'une première critique de "notre époque", incapable de produire un auteur et encore moins un génie. LA LUTTE ENTRE L'ANCIENNE ET LA NOUVELLE CAVE A SAVON, esquisse théâtrale rédigée en 1838, révèle ce que pensait déjà le jeune Kierkegaard des hégéliens danois, philosophes et théologiens. A travers des personnages sous lesquels se cachent à peine les ténors de l'intelligentsia danoise et qui parlent ici la meilleure "langue de bois" hégélienne, c'est une satire virulente de la dialectique et du vocabulaire à la mode qui nous est offerte, dont la lecture, loin d'être inactuelle, peut se révéler des plus toniques pour les contemporains des "nouvelles idéologies" d'aujourd'hui. Enfin, la PREDICATION de 1841 inaugure un genre auquel Kierkegaard aura recours jusqu'en 1855, celui des "discours", religieux ou chrétiens. Ce texte nous met lui aussi d'emblée en présence de l'une des constantes de l'oeuvre kierkegaardienne : l'exigence de l'intériorisation personnelle, trop souvent édulcorée par une institution encline aux compromis mondains. Deux textes liminaires dus à F.J. Billeskov Jansen et E.-M. Jacquet- Tisseau présentent LA VIE ET L'OEUVRE DE SOEREN KIERKEGAARD et PAUL-HENRI TISSEAU, TRADUCTEUR DE KIERKEGAARD.

06/1984

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Contes et nouvelles

Le roman de Tristan et Yseut. Un roman de Joseph Bédier

Tristan et Iseut est un mythe littéraire médiéval dont les poètes normands, auteurs des premières versions écrites conservées de cette légende, ont situé l'action en Cornouailles, en Irlande et en Bretagne. A l'origine, l'histoire est une tragédie centrée sur l'amour adultère entre le chevalier Tristan (ou Tristram) et la princesse Iseut (ou Iseult, Yseut, Yseult, Isolde, Ysolde). Elle précède la légende arthurienne de Lancelot du Lac et de Guenièvre, qui en est probablement inspirée, et a influencé durablement l'art occidental (peinture, littérature, etc.) depuis qu'elle est apparue au xiie siècle. Même si l'histoire a été adaptée et modernisée à plusieurs reprises, la relation et les conflits qui en découlent sont régulièrement repris. Marc envoie Tristan chercher Iseut la Blonde pour lui demander sa main. Mais sur le chemin du retour Tristan et Iseut boivent un philtre d'amour consacré au marié. Tristan et Iseut tombent donc éperdument amoureux mais Iseut doit se marier avec Marc. Un jour, Marc apprend que Tristan et Iseut sont amants et les condamne au bûcher. Mais par un miracle ils en réchappent. Un autre jour, Marc les découvre séparés par une épée et ils font la paix. Tristan accepte de restituer Iseut à Marc et de quitter le pays. Il se marie avec une autre Iseut. Iseut aux Blanches Mains est jalouse de l'amour que son mari porte à Iseut la Blonde. Lorsque Tristan, blessé à mort, appelle Iseut la Blonde à son secours, car elle est la seule capable de le guérir, il convient que le bateau reviendra avec une voile blanche si elle accepte de le secourir. Iseut arrive alors dans un vaisseau à la voile blanche, mais l'épouse de Tristan, de colère et de jalousie, lui dit que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu'il aime, il se laisse mourir. Iseut la Blonde, apprenant la mort de Tristan, se laisse mourir dans ses bras. Charles Marie Joseph Bédier, né le 28 janvier 1864 à Paris 6e3 et mort le 29 août 1938 au Grand-Serre dans la Drôme, est un philologue romaniste français, spécialiste de la littérature médiévale. Sa famille est d'origine bretonne mais s'est installée dès 1744 à l'île de la Réunion. Bien que né à Paris, il retourne passer son enfance à La Réunion après le décès de son père alors qu'il n'est âgé que de quatre ans. Il devient professeur de littérature française du Moyen Age. Il publie de nombreux textes médiévaux en français moderne, tels que les Fabliaux (1893), Tristan et Iseut (1900), La Chanson de Roland (1921). Il est élu membre de l'Académie française en 1920.

01/2023

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Sociologie

La bataille de la Sécu. Une histoire du système de santé. Préface de Bernard Friot

Comment a-t-il été possible de construire la Sécurité sociale en 1946 dans un pays où la population dépendait de tickets de rationnement pour se nourrir alors qu'aujourd'hui nous ne serions pas capables de l'étendre dans un pays qui a rarement été aussi riche ? Ce livre propose une histoire des transformations de la protection santé en France de 1789 à nos jours, à travers le prisme des conflits qui l'ont façonnée. Au cours de la Révolution de 1789, alors que les débats sur la place de l'Etat et du capital dans la protection santé se déroulent dans des termes très contemporains, l'Etat refuse de procéder à des réformes d'envergure. Les mutuelles naissent alors comme forme d'auto-organisation malgré les interdits et la répression. Par crainte de leurs velléités révolutionnaires, l'Etat se réapproprie l'esprit des mutuelles par une série de loi à partir de 1852. C'est avec la Première Guerre mondiale que naît véritablement l'Etat social : la conduite et les conséquences de cette "guerre totale" renforcent le rôle de l'Etat dans la société, et son besoin de prendre soin comme de contrôler la population. L'Etat social en France n'est pas le produit de la bienveillance parlementaire mais celui de la guerre. Après 1945, deux logiques en germe depuis un siècle s'affrontent directement : d'un côté, des militants cégétistes issus de la Résistance mettent en place en quelques mois un système de sécurité sociale autogéré par les intéressés, dans la tradition de la "Sociale" initiée par la Commune de Paris ; de l'autre, dès 1946, l'Etat cherche à mettre la main sur la "Sécu" contre le pouvoir populaire. Bientôt, il va modifier les principes de l'institution - de "chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins" à "chacun paye selon ses moyens et reçoit selon son niveau de risque" . Au gré des réformes, l'Etat social renforce un capitalisme politique où la proximité entre élites politiques et économiques impose des politiques souvent en contradiction avec les aspirations populaires. Si les dépenses de santé ne baissent pas, elles sont de plus en plus contraintes (nouvelle gestion publique) et changent de nature. Au nom de la lutte contre les déficits - c'est l'invention du "trou de la Sécu" -, la politique de ciblage des dépenses vers les plus pauvres et les plus malades ouvre un espace pour l'épanouissement des alliés politiques de l'Etat (médecine libérale, complémentaires santé) et pour le capital (cliniques, industrie pharmaceutique). La pandémie a mis en lumière toute l'absurdité de ces évolutions et l'impérieuse nécessité reprendre le pouvoir sur la sécurité sociale.

10/2022

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Religion

Les dix grandes vies antérieures du Bouddha. Thotsachat

Loin d'être une composante accessoire de l'enseignement, ou une quelconque concession destinée à un public non savant, le récit est au coeur de la parole du Bouddha (Ve s. av. J.-C.) et d'une pédagogie toujours soucieuse d'efficacité. L'une des formes d'enseignement figurant dans les listes traditionnelles est celle appelée j?taka, ou récit d'épisodes qui se sont déroulés dans une vie antérieure du Bouddha Gotama, alors qu'il était un Bouddha en puissance (bodhisattva). Il existe 547 de ces vies antérieures. filigrane. Les traductrices-adaptatrices, oeuvrant à partir d'un texte en thaï rédigé à partir du pâli par le moine érudit Hongladarom, en ont fait un récit vif au parfum très moderne et rendent ainsi accessibles au public francophone des récits anciens pleins de vie et d'enseignements qui, tout en imprégnant l'existance de millions de bouddhistes, ont une portée universelle. Il a été choisi de présenter dans ce livre les " dix grandes vies " que l'on désigne en Thaïlande sous le nom de " Thotsachat ". Elles ont un statut éminent, qu'a favorisé leur association progressive avec les dix Perfections (p?ram?). Il s'agit de dix vertus cardinales ou de dix comportements idéaux, qui sont, selon la tradition thaïe : le renoncement, le courage, la compassion, la foi résolue, la sagesse, la conduite morale, la patience, l'équanimité, l'honnêteté et le don. Chacune est illustrée tour à tour par l'histoire d'un personnage au centre d'aventures multiples, de situations dramatiques où la tension entre royauté et renoncement est perceptible dans sa complexité : Temiya, Mah?janaka, Suva as?ma, Nemir?ja, Mahosadha, Bh?ridatta, Candakum?ra, N?rada, Vidhura et Vessantara sont les protagonistes de véritables oeuvres littéraires foisonnant en ballades, débats, descriptions, dialogues animés qui n'ont rien de stéréotypé. Chaque j?taka est précédé d'une brève introduction, qui en résume l'enjeu, et ponctué d'intertitres qui rythment la lecture. L'alternance vers-prose des j?taka en pâli est estompée au profit d'un texte continu et homogène où l'on devine parfois les strophes en filigrane. Les traductrices-adaptatrices, oeuvrant à partir d'un texte en thaï rédigé à partir du pâli par le moine érudit Hongladarom, en ont fait un récit vif au parfum très moderne et rendent ainsi accessibles au public francophone des récits anciens pleins de vie et d'enseignements qui, tout en imprégnant l'existence de millions de bouddhistes, ont une portée universelle. Une préface de Nalini Balbir, professeur en indologie à l'université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, montre bien la signification de ces récits, leur importance dans le monde bouddhique et la place qu'ils occupent toujours dans la spiritualité des pays d'Asie et en particulier de la Thaïlande.

08/2018

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Mesure

Mesures de température. Bonnes pratiques et applications dans l'industrie

Les mesures de température font partie de nombreux procédés industriels dans des domaines très variés comme la chimie, l'agroalimentaire, l'industrie métallurgique, l'industrie verrière, la défense, l'automobile, l'aérospatial, etc. Les domaines de mesure, les spécifications en termes de mise en oeuvre, de dynamique de mesure, de contraintes d'environnement, de connectivité sont multiples. Pour répondre à la diversité de ces besoins, de nombreuses solutions existent : les capteurs traditionnels tels que les sondes thermorésistives et les couples thermoélectriques, pour les mesures de température par contact, les mesures sans contact basées sur la mesure du rayonnement thermique (pyrométrie optique, thermographie...), les solutions basées sur l'IIoT (Industrial Internet of Things) offrant une connectivité accrue, de plus en plus par voie hertzienne, une autonomie des capteurs du point de vue de l'alimentation et des capacités de traitement embarquées. Pour y voir plus clair, le Collège Français de Métrologie (CFM), en collaboration avec des experts de son réseau (Eric Georgin et Jacques-Olivier Favreau du CETIAT, et Mohamed Sadli du LNE-Cnam) ainsi que des experts industriels et académiques (Siemens, Saint-Gobain Recherche, Matra Electronique, Oniris) propose dans ce guide technique de revenir sur les principes de base des mesures de température, la mise en oeuvre technologique des différents types de capteurs et d'illustrer cela par des exemples sur différentes applications. Tout au long du texte, les principes de métrologie, garants de la qualité et de la fiabilité des mesures réalisées sont rappelés. Ce guide, réalisé avec AFNOR Editions, s'adresse à tous les personnels impliqués dans les mesures de température, depuis ceux qui définissent le besoin, ceux qui identifient les solutions, les mettent en oeuvre et utilisent ensuite au quotidien les données produites dans la prise de décision. Il intéressera donc le métrologue et tous ceux intéressés et concernés par les mesures de température dans l'industrie. La collection " Les Guides techniques du Collège Français de Métrologie (CFM) " rassemble les ouvrages rédigés par des groupes de travail du CFM. Ces documents ont pour vocation de présenter les " bonnes pratiques " mises en place ou en cours de développement en entreprise dans des domaines très variés. Les ouvrages ont une dimension générale : l'optimisation des périodicités d'étalonnage, les incertitudes de mesure, ou l'audit de la métrologie. Ils peuvent aussi être appliqués à un secteur ou une grandeur : la métrologie dans les laboratoires de biologie médicale, l'humidité dans les gaz, l'étalonnage des spectrophotomètres. " Les Guides Techniques du Collège Français de Métrologie " sont destinés à tous les intervenants du milieu de la mesure : responsables de laboratoires, responsables techniques, ingénieurs, techniciens, managers, formateurs et conseillers, universitaires... de tous les secteurs industriels.

01/2022

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Histoire ancienne

Eustache du Caurroy. Meslanges

Réputation " Ce qui peut vous tromper, c'est que de nouveau tout est beau, mais n'est pas pour cela meilleur. [...] La nouveauté est le guide des curieux qui leur fait mespriser leur propre Ciel et terre [...]. De quoy est venu ce Proverbe : De trois Phisiciens un Atheiste, et de cinq Musiciens quatre fous, pour rechercher de nouvelles inventions et des mouvements à la mode au lieu de nous tenir dans les bons et proffonds preceptes de nos Anciens, comme Du Caurroy, Intermet et Claudin, et parmy ceux de nostre tems, Fremat, Hauxcousteaux et Cosset. " Annibal Gantez, L'entretien des musiciens (Auxerre, Jacques Bouquet, 1643), lettre XXIX A. Gantez (c. 1600-1668) n'est pas le seul à voir en Du Caurroy l'un des chefs de file des compositeurs académiques, apôtres (au moins en partie) d'un contrepoint savant. Dans son traité publié en 1639, Antoine Parran (1587-1650) ayant, d'après sa propre expérience, classé la musique en quatre catégories, ne décrit-il pas " la quatriesme sorte [...] une Musique grandement observée, toute pleine d'industrie et de doctrine [...] comme pourroit estre celle de Claudin, du Caurroy, et plusieurs autres Maistres de ce temps comme l'on peut voir au Puy de Saincte Cecile. " ? Occupés à servir les chapelles privées ou les institutions ecclésiastiques, ces compositeurs, parfois récompensés lors de joutes musicales, ne pratiquent guère l'air de cour, genre en plein épanouissement qui ravit les salons de Louis XIII comme les demeures plus modestes, pour le plus grand bénéfice de l'imprimeur parisien Pierre Ballard – celui-là même qui imprime l'essentiel de la musique que nous connaissons de Du Caurroy. Ces musiciens – au nombre desquels figurent Nicolas Formé (1567-1638), qui succède à Du Caurroy comme responsable de la musique de la chapelle royale, Jean de Bournonville (c. 1585-1632), Artus Aux-Cousteaux (c. 1590- c.1656) pratiquent une musique dont le style s'apparente à celui que Du Caurroy a indirectement hérité de Josquin des Prez (c. 1450-1521) et d'Adrian Willaert (c. 1490-1562), entre autres ; cette manière, apparue comme désuète dès le dernier quart du 16e siècle, s'accorde difficilement avec la simplicité de l'air de cour (simplicité exprimée tant dans le sujet et la forme littéraires, que dans le profil mélodique, les procédés de composition et la forme strophique). Ainsi, en marge de certains écrits de théoriciens contemporains - par Salomon de Caus (c.1576-1626), Antoine Du Cousu (c.1600-1658), Marin Mersenne (1588-1648), Antoine Parran (1587-1650) - qui louent en Du Caurroy l'héritier français de Gioseffo Zarlino, les adeptes du stile antico pratiqué en France durant la première moitié du 17e siècle rendent à leur manière hommage au compositeur.

01/2010