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Monographies

Jan Van Imschoot. La présentation des absents, Edition bilingue français-anglais

Comment parler d'art ? Ou plutôt, peut-on parler d'art ? Et l'art peut-il parler littérature ? Catalogue d'exposition à la galerie Templon, parution fin octobre 2021, sur l'artiste Jan Van Imschoot. 64 pages 23 x 30 cm. Depuis ses débuts, le peintre belge Jan Van Imschoot confronte langage pictural et langage verbal en explorant les multiples strates de signification laissées par les grands peintres occidentaux dans leurs oeuvres. Avec La présentation des absents, nouvelle série de tableaux de Jan van Imschoot exposée à la galerie Templon en novembre 2021, l'artiste belge " anarcho baroque " poursuit ses recherches sur la signification du langage pictural en détournant l'oeuvre de l'un de ses prédécesseurs. Après avoir exploré les natures mortes de l'Ecole du Nord du XVIIe siècle dans Le bouillon d'onze heures, Van Imschoot prolonge l'immersion dans ce genre avec par exemple des toiles comme La vision féérique. Toutefois, c'est le travail de Manet qu'il a cherché avant tout à appréhender dans cette deuxième série. Comme il le dit, il " confronte l'infini de [son] imagination aux libertés que prend Manet avec l'histoire de l'art ". Cette rencontre conduit à une mise en abyme vertigineuse. L'échange des bêtises fait référence au Déjeuner sur l'herbe de Manet, lui-même écho à Suzanne et les Vieillards du Tintoret. Van Imschoot apporte son propre regard en multipliant les clins d'oeil et références érotiques, historiques ou religieuses, dans une fantaisie symbolique magnifiée par une maîtrise des lumières et des couleurs digne des plus grands Flamands. " Le rapport qu'entretiennent la langue et l'image reste un territoire ouvert ; les mots y rencontrent leurs propres limites, alors que l'art, tel un oiseau, le survole en toute liberté. ", conclut l'artiste. Le beau livre édité par la galerie Templon laisse tout loisir au lecteur d'explorer cette liberté dans tous ses détails.

11/2021

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Histoire de France

La société médiévale

Franco Cardini, historien italien de renommée internationale, embrasse un millénaire de vie sociale, religieuse et artistique en Europe. Des années 400 à 1400, il retrace l'évolution d'un monde éclaté à la chute de l'Empire romain vers la construction ecclésiale et monastique, l'invention de la cour féodale, l'émergence des villes, la naissance des sciences et des mouvements artistiques : un univers complexe aux strates sociales bien définies, mais permettant par moment de vastes espaces de liberté. Le paradoxe médiéval est celui d'une Europe qui, bien que partageant de nombreux aspects du point de vue culturel et économique, voit ses peuples se déchirer en des guerres sans fins. Bien que le Moyen Âge ait longtemps été associé aux périodes sombres et troublées de l'Europe, la continuité politique, artistique, sociale, idéologique et culturelle de la chrétienté est remarquable. L'utilisation commune du latin, les nombreux échanges commerciaux et intellectuels, la puissance de l'Eglise, en font un espace dans laquelle l'homme médiéval connaît et trouve sa place, à Paris, à Londres, à Aix-la-Chapelle ou à Florence. L'auteur suit un cheminement chronologique, tout en rassemblant des événements ou de genres permettant de comprendre les composantes de la société médiévale : montée du monde ecclésial et artistique, place des femmes, relation vassal-suzerain, thème de l'étranger, relation ville-campagne, transmission du savoir ou fascination pour l'Orient ou les sciences... Franco Cardini livre une synthèse renouvelée des spécificités de la société médiévale. Il cherche à saisir l'extraordinaire complexité de la période tout en la rendant intelligible au lecteur. A partir d'une très riche iconographie, il balaye toute l'Europe, de l'Irlande à la péninsule Ibérique, de la Scandinavie à l'Italie, pour aboutir à l'aube d'un nouveau monde, que les historiens appelleront du nom de Renaissance en référence au monde antique qui demeure la source d'inspiration privilégiée du monde médiéval.

10/2012

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Sciences politiques

La société gabonaise de cour

Cet ouvrage renseigne sur la curialisation insistante du pouvoir au Gabon, offrant ainsi à partir du paradigme éliasien de la société de cour une lecture sur une politique de palais favorisant la fragilité de l'Etat. Le fait de cour permet de dévoiler l'immobilisme de tout un pays et explique un développement qui tarde à se faire sentir. Paradoxalement, cette sclérose repose sur un système politique tenace et vivace, fait de privilèges et de clientélisme, d'institutions bloquées et de réseaux d'alliances larvés. Si bien qu'une construction et une analyse curiales du pouvoir gabonais deviennent possibles. Ce à quoi l'on tente d'informer le lecteur au cours de cette réflexion qui, de la description des différentes strates du gouvernement de la société gabonaise à ses modalités de fonctionnement, permet à celui-ci de comprendre les mécanismes qui pérennisent une situation délétère. La cour soulève également les voiles illusoires, les arguments fallacieux, les stratégies nébuleuses dont use le pouvoir pour se maintenir. De fait, ce livre informe sur la sociologie d'un groupe au pouvoir, les codes, les réflexes, les imaginaires et les imaginations locales potentiels qu'il implique. Qu'est-ce qu'une institution ? Qu'est-ce que l'Etat ? Qui gouverne le Gabon et comment ? Et dans l'intérêt de qui ? Tels sont les enjeux principaux de cet ouvrage dont la problématique d'ensemble est de se demander comment et pourquoi les institutions dans le dispositif gabonais reste condamnées à demeurer dans l'ontologie de leur absence ? Loin d'être une spécificité réellement gabonaise, la dynamique curiale est une propriété consubstantielle aux Etats africains devenus pour l'essentiel des oligarchies rentières, partageant à l'intérieur de leurs frontières une même vision patrimoniale de l'Etat. Il est d'ailleurs à noter à ce propos qu'en dehors de l'Afrique du Sud, les autres pays africains se distinguent en majorité par un renforcement du gouvernement perpétuel.

02/2010

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Philosophie

Kant et la genèse de la subjectivité esthétique. Esthétique et philosophie avant la "Critique de la faculté de juger"

Sur un plan historique, la première partie de la Critique de la faculté de juger de Kant mérite d'être considérée comme la principale entreprise de fondation philosophique de l'esthétique de la subjectivité. Cette reconnaissance du statut philosophique de l'"esthétique", Kant semble l'avoir opérée tardivement, en 1790, dans la troisième de ses grandes oeuvres critiques. Or, on oublie souvent que l'essentiel de cette théorie esthétique s'est formé bien plus tôt, entre 1755 et 1787, au fil d'un dialogue sans cesse renoué avec la philosophie esthétique du XVIIIe siècle. C'est ce parcours méconnu de la réflexion de Kant sur l'esthétique qu'il s'agira de reconstituer, en marquant trois étapes principales qui forment autant de strates philosophiques que la troisième Critique se chargera de réinterpréter. On est d'abord conduit des textes de jeunesse (1755-1763), encore fortement imprégnés des conceptions rationalistes de la beauté et de l'art, à une deuxième période marquée par la prédominance d'un questionnement anthropologique qui fait apparaître la proximité du sentiment moral et du sentiment esthétique (1764-1765), avant de s'arrêter à une période cruciale (1769-1779), qui recoupe la mise en place de la philosophie critique, pendant laquelle Kant isole la dimension proprement "esthétique" de la subjectivité. C'est pendant cette décennie silencieuse, mais féconde, que se met en place une théorie du goût et du beau fondée sur l'universalité des lois de la sensibilité, en même temps que s'élabore une importante réflexion sur l'art, la nature et l'exemplarité sans règles du génie. Lien intime entre la beauté et la finalité, affinité entre le goût et la moralité, revendication de validité non conceptuelle du sentiment esthétique : les trois moments théoriques principaux que cette genèse permet successivement d'isoler sont autant de clés pour comprendre les "tensions" théoriques qui structurent la Critique de la faculté de juger esthétique.

12/1999

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Sciences de la terre et de la

Les Causses du Quercy

Les "Guides géologiques" sont une invitation à découvrir un département, un Parc régional à travers l'originalité de sa géologie. Savoir lire un paysage, son relief, ses roches, sa végétation, savoir décrypter l'empreinte de son histoire, c'est mieux comprendre ce qui en fait la spécificité. Chaque guide de cette collection toute en couleurs comporte : une brève histoire géologique du Parc naturel régional qu'il vous propose de découvrir ; des itinéraires détaillés, accessibles et originaux, qui vous enchanteront par la diversité des curiosités naturelles rencontrées ; des fiches "découverte" qui vous renseigneront un peu plus sur l'identité du Parc régional ; un glossaire pour vous familiariser avec les termes géologiques incontournables. Les itinéraires traversent des sites remarquables où l'on vous propose de vous attarder un moment. Ils font de chaque guide le compagnon idéal de vos balades. Le territoire du Parc naturel des Causses du Quercy est composé de quatre grands plateaux calcaires, entaillés par les méandres de la Dordogne, du Lot, de son affluent le Célé et de l'Aveyron. Ce terroir se prête à la randonnée et vous vous étonnerez de découvrir, dans ces empilements de strates calcaires, une longue histoire géologique variée. On y retrouve des traces de la naissance de l'océan Atlantique et de celle des Pyrénées, les changements climatiques, les crises de la biodiversité, des traces de ptérosaures ou dinosaures déambulant sur un littoral du Jurassique. Il y a aussi les trésors paléontologiques des phosphatières du Quercy où plus de 700 espèces fossiles racontent 50 millions d'années d'évolution. Les itinéraires vous mèneront ainsi entre causses et vallées riches en sites célèbres comme Rocamadour, Padirac, Pech Merle, Saint-Cirq-Lapopie... et à la découverte d'un patrimoine naturel sensible. Vous évoluerez dans le Parc naturel régional des Causses du Quercy, labellisé Géoparc mondial Unesco et gestionnaire de la Réserve naturelle nationale d'intérêt géologique du Lot.

06/2019

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Beaux arts

1914. Guerre et avant-gardes, Textes en français et anglais

L'année 1914 marque plus que jamais la rencontre entre l'avant-garde artistique et l'avant-garde militaire, deux champs qui n'ont cessé d'entrer en friction, depuis le XIXe siècle. En 1914, ces frottements sont tout particulièrement sensibles dans les relations entre les arts visuels et l'histoire, dans un moment où la crise de la conscience européenne se cristallise en catastrophe radicale. La création artistique était alors prise entre différents courants contradictoires, soit pour inscrire la modernité dans une tradition idéalisée soit pour se mettre en quête d'utopies sociales dont les artistes et les architectes se font les hérauts. Dans les tout premiers jours d'août 1914, la violence concrète, immédiate, s'empare brutalement des destins individuels et les réoriente. Tout va se fracturer, les amitiés, les partages internationaux, les engagements : les rendez-vous intellectuels et artistiques internationaux sont annulés. La guerre envahit soudainement les esprits des individus et des sociétés, s'empare des corps et bouleverse les mondes de l'art. Dans les pays belligérants, les artistes rejoignent massivement les rangs des armées. La guerre reconfigure tout et s'insinue partout : même ceux qui échappent momentanément ou définitivement à la mobilisation ou renoncent à s'engager, et qui observent la guerre à distance, s'appliquent à traduire des réorientations dont les motivations sont souvent plus politiques et guerrières qu'artistiques. La réunion de ces multiples approches permet de penser la situation intellectuelle et pratique de la création visuelle pendant les six premiers mois "ordinaires" de l'année, et de comprendre aussi précisément que possible la nature des prises de conscience provoquées par l'événement de la déclaration de guerre ainsi que par les premiers combats. Ce livre explore les strates de sens inscrites dans les oeuvres et les objets, les orientations du goût et du marché, les pensées et les discours critiques et théoriques, afin de faire l'anatomie de ce qui s'est brisé dans les représentations occidentales dans ce temps court - mais essentiel - de l'histoire et de l'art du XXe siècle.

11/2016

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Grandes réalisations

Le Collège Trefaven. Lorient

Une page se tourne à Lorient. Les collèges Le Coutaller et de Kerentrech ferment et le nouveau collège de Tréfaven, conçu par l'agence d'architecture Valéro Gadan, accueille quelque 480 élèves et a surtout sa propre histoire à construire. "Le projet veut être l'expression de la sobriété et de la durabilité. Toutes les façades, quelles que soient leur orientation, donnent du sens à l'équipement et à son contexte. La volumétrie du bâtiment avec les événements nécessaires à l'affirmation de certaines fonctions font partie d'une réflexion globale. Le bâtiment se déploie en "O" , et positionne la cour de récréation au centre de la composition. La forme volontairement plus fermée est travaillée dans sa limite périphérique comme une bande épaisse qui gère la mise à distance et permet de créer des jeux de pleins et de vides, des percées visuelles et des transparences. L'approche architecturale globale de notre conception à consisté à regrouper et identifier les différents volumes programmatiques. Les espaces fonctionnels ont été abordés non pas comme une succession de volumes autonomes, mais plutôt comme une volumétrie continue. Assemblés entre eux, l'ensemble des volumes regroupés forment une unité participant à l'homogénéité de l'édifice. Les façades sont travaillées sur le thème de l'art optique de la cinétique. Elles se déclinent en strates horizontales, où s'alternent des rythmes de pleins et de vides, créant des perceptions différentes suivant l'angle de vue. Associé au soubassement en béton, un dispositif de lames verticales bois, avec une face recouverte d'une plaque colorée, crée un jeu de reliefs et de rythmes cinétiques et permet d'unifier l'ensemble. Au-dessus du socle, les façades sont traitées par un revêtement aluminium à ondes variées. La variation du rythme des nervures accentue l'effet de stratification recherché. La vêture composée de pliures variées va refléter la lumière, créant un effet qui n'est pas sans rappeler les reflets de la mer sous la lumière variée d'une journée". Agence d'architecture Valéro Gadan

03/2023

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Littérature étrangère

Living

Living est un roman foisonnant, qui tisse à l'envie plusieurs fils narratifs pour mieux explorer l'inépuisable thème qui le traverse : la mort. Au coeur du livre, il y a le destin de Nito raconté à la première personne. Commencées avant même sa conception, son histoire et celle de ses parents constituent en creux une chronique de l'Argentine des trente dernières années. L'enfance et l'adolescence de Nito, la galerie de personnages qui l'entourent, le rapport fusionnel à la mère, les premiers émois mais aussi la place de la télévision dans le quotidien latino-américain ou encore le choc de la guerre des Malouines y sont admirablement décrits, dans une langue riche, envoûtante. Nito est un enfant à part, né le jour de la mort de Perrin et marqué par la disparition précoce de son père. De ce traumatisme naîtra une passion macabre qu'il canalisera en devenant prédicateur pour un gourou évangéliste. Ensemble, ils finiront par fomenter un délirant projet : faire embaumer les morts de sorte qu'ils puissent rester à nos côtés pour l'éternité. A cette trame narrative vient se superposer un autre récit en italique, qui prendra corps et sens au fil des pages : on y retrouve Nito dans le présent, dialoguant avec des marginaux, d'étranges amis, sur l'art et l'évolution de la société. Commencé comme un roman d'apprentissage moderne, le récit construit par enchâssements évolue vers une fresque à la construction subtile : jouant sans cesse sur les rapports de la fiction et de la réalité et les strates du récit, Martin Caparros bouscule toutes les attentes du lecteur en inversant les équilibres du texte : le récit d'apprentissage devient peu à peu une sorte de biographie contenue dans le roman en train de s'écrire : les circonvolutions de la destinée de Nito prennent tout leur sens lorsqu'elles rejoignent celles de l'Argentine contemporaine, dans un final aussi burlesque que macabre. Délicieusement obscène, admirablement écrit, Living est au fond un grand roman politique, une charge contre l'Argentine des trente dernières années, sa difficulté à affronter un passé extrêmement noir, celui de la dictature, autant que les frasques ultra-libérales de ses dirigeants.

08/2013

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Littérature française

Les veilleurs de chagrin

Les os sont les sujets du “royaume de la mort” que gouverne Esther Guardi. Anthropologue spécialisée en paléo-pathologie, elle se penche sur l’examen de stigmates osseux à la recherche des lignes de Harris, ces aspérités qui indiquent maladies et blessures anciennes, et tente d’en interpréter le sens. Au Kosovo, des experts mandatés par le Tribunal pénal international ont ouvert des fosses et demandent la participation de spécialistes pour procéder aux travaux d’identification des corps. Il s’agit de rendre leur nom aux victimes dissimulées sous la terre et de déterminer les circonstances de leur mort. Et ainsi de permettre à leurs proches de commencer un travail de deuil. Esther décide de rejoindre la mission et peu à peu, pour elle, l’exhumation des corps se double de l’exhumation de soi : au fur et à mesure que les ossements fragiles lui murmurent leurs secrets, Esther dessine, à travers évocations de l’enfance et récit de rêves, l’histoire de ses propres failles, familiales et affectives. Les joies, les tourments s’entrelacent avec les souvenirs enfouis et il faudra le patient travail de l’analyse pour accéder au sens et ouvrir, enfin, la porte au bonheur d’exister. La psychanalyse s’inscrit au cœur du second roman de Nicole Roland qui, après Kosaburo, 1945, continue d’explorer jusque dans ses tréfonds l’expérience de la perte, du manque et du deuil. Elle déploie l’univers réel et onirique de son héroïne avec une profonde pudeur. Celle-là même dont fait preuve Esther face aux corps qu’elle déterre des charniers des Balkans, alliant la précision du geste et des sensations à une pensée hypnotique. A l’image de ces gardiens de la mémoire des morts, Les Veilleurs de chagrin est le roman d’un monde-mémoire, composé de strates, de lignes et de failles, où l’esthétique du fragment, obéissant au principe - aussi imprévisible qu’affectif - du souvenir, trouve une singulière cohérence dans une forme de litanie mélodieuse. Comme si le ressac et la répétition étaient l’unique voie pour ne pas laisser les mots mourir dans sa gorge.

01/2012

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Sciences historiques

Aristocraties méridionales. Toulousain - Quercy XIe - XIIe siècles

Quercy et Toulousain constituent, du Xe au début du XIIIe siècle, des enjeux majeurs opposant les plus grands de ce monde. L'historiographie ne parle-t-elle pas, pour le XIIe siècle, de Guerre de Cent ans méridionale, à l'origine de bien des crispations? De 930 à 1214, les luttes entre princes désorganisent à plusieurs reprises les réseaux aristocratiques. L'action de l'Eglise, surtout une fois lancée la réforme grégorienne, perturbe elle aussi la nature et les formes du pouvoir aristocratique. Au sein de ces réseaux, les membres des strates moyennes et inférieures sont assez remarquablement éclairés par les actes locaux, pour la plupart inédits et élaborés en milieu monastique. A travers l'étude de quatre types de comportements - désigner, s'allier, manifester sa fi, dominer - l'auteur montre quelles formes d'adaptation ces aristocrates ont dû mettre au point pour maintenir leur domination sur les paysans face à un pouvoir comtal toujours présent et à une Eglise revendiquant une part toujours plus importante du pouvoir. La faible envergure de la plupart de ces aristocrates permet au comte et aux établissements religieux de prendre en charge, surtout après 1130, la fondation de très nombreux castelnaux et villes neuves. Face à ces deux pouvoirs, les aristocrates mettent en oeuvre des stratégies d'affirmation de leur autorité - comme s'imposer spatialement en multipliant l'implantation de serfs sur des écarts ou inventer de nouveaux prélèvements après la perte des dîmes - mais aussi de contournement des difficultés - tels les interdits matrimoniaux non respectés pour éviter l'émiettement du patrimoine dans un espace où existe un partage égalitaire. Retraçant des parcours parfois contradictoires au sein d'une même lignée e1 dévoilant le rôle et la place des femmes, l'ouvrage met en exergue le poids de la foi mais plus encore la variété des types d'alliance dans des sociétés méridionales où les rapports sociaux deviennent, au cours de la période, très étroitement soumis au contrôle de l'espace. Un CD-Rom rassemble des dossiers sur une vingtaine de lignées aristocratiques les plus représentatives de la diversité des situations.

04/2010

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Psychologie, psychanalyse

Françoise Dolto. Archives de l'intime

La publication de ces archives marque un moment décisif dans la vie posthume de Françoise Dolto (1908-1988). Dans sa préface, sa fille Catherine, exécutrice testamentaire, revendique la place d'ayant droit /ayant devoir et revient sur la relation mère-fille, placée sous le signe de l'amour et de l'échange. Avec ses frères, elle a choisi, pour le centenaire de la naissance de Françoise Dolto, le 6 novembre 2008, de mettre à la disposition de ses lecteurs un impressionnant fonds d'archives personnelles que Françoise Dolto avait conservées et organisées: journaux intimes, correspondances, dessins de jeunesse, manuscrits scientifiques, agendas quotidiens, albums de photographies, objets familiers, journal de naissance des enfants, dessins commentés de ces derniers... Dévoilées, retranscrites, ces archives permettent de dresser un portrait inattendu, accompagné de fragments d'un récit autobiographique inédit, au cours duquel Françoise Dolto commente son itinéraire personnel et sa vie intime. Le personnage de Boris Dolto, Russe de Crimée émigré, médecin fondateur de la kinésithérapie en France, apparaît ainsi à ses côtés comme compagnon essentiel d'une vie consacrée à saisir l'énigme de la maternité et de l'éducation et, au-delà, de la construction du sujet humain. L'ordre choisi par Yann Potin, historien et archiviste, est à la fois chronologique - l'enfance, les études, la rencontre de la psychanalyse et de l'amour, la maternité - et thématique - les signes d'identité, le corps et ses empreintes, la transmission familiale, l'écriture de soi, les origines imaginaires du moi. Les précieuses contributions de Muriel Djéribi-Valentin et de Jean-Pierre Winter, familiers de l'œuvre, éclairent l'originalité de la pensée. Manon Pignot revient, quant à elle, en historienne, sur "l'enfance en guerre" de la jeune Françoise. L'ouvrage décline ainsi les différentes strates de la mémoire, à la recherche des traces de la vie intérieure au sein des documents d'archives rassemblés. Le travail scientifique de Françoise Dolto et sa pratique si singulière, l'expérience de la vulgarisation et de la médiatisation sont abordés à partir de ce paysage intérieur, comme une quête de l'universel et de l'altérité.

12/2008

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Théologie

Jean V et le Jésus de l'Histoire. Critique de la Religion ou histoire des religions ?

"l'Université de Lille III, a été soutenue une thèse importante dans le domaine de l'his-toire des religions, dont l'enjeu dépasserait celui d'une thèse de troisième cycle, si l'auteur ne l'avait volontairement limitée à un passage restreint, le chapitre V de l'Evangile de Jean. Certes, les études ne manquent pas sur les rapports entre évangiles synoptiques et milieu juif, mais elles se font plus rares lorsqu'il s'agit de confronter Jean et ce même milieu. La raison en est double : d'une part, on tient pour acquis, depuis Bultmann, que Jean s'explique en référence au milieu gnostique, dont il se démarque tout en acceptant son expression culturelle. La grille judaïque serait donc superflue pour lire Jean, d'autant plus que la période tardive de sa rédaction ne permet-trait pas de remonter aux faits et au Jésus de l'histoire ; d'autre part, Jean est entaché d'antijudaïsme, car il condamne durement ceux qui ont refusé ce qu'il présente comme l'introduction à la période du salut. Le chapitre V est celui que grève le plus lourdement cette double hypothèque, au point que Bultmann en fait le type même de la critique de la religion (sécurité mythique, typique du judaisme selon lui) par la proposition de la Foi (rupture totale, indépendante du cours de l'histoire, paradoxe plus net ici que dans tous les discours de Jésus). Il fallait done de l'audace pour prendre le contre-pied systématique de cette attitude et proposer une lecture nouvelle de ce chapitre - comme un ensemble non dissocié - selon le code culturel juif, puis de faire la même démonstration en tenant compte de la transmission et des strates proposes par Bultmann et affinées par Boismard. Une telle étude doit nous faire retrouver, à travers les destinataires de Jean, pour lesquels une partie de l'acquis de Bultmann reste valable, les destinataires du premier kérygme et même les inter-locuteurs de Jésus, et nous permettre de mesurer l'écart entre ce point de départ et le texte reçu". Jean-Marie Delmaire

04/2024

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Poésie

Trajectoires

"Trajectoires" est la résultante d'un voyage de l'auteur sur la côte ouest de l'Amérique du Nord, de San Francisco à Los Angeles puis Portland, Seattle et Vancouver dont toutes les références au lieu ont cependant été gommées. Il y a plusieurs strates de textes, chacune correspond à un mode de notation : carnet de voyages (les passages les plus "larges"), photographies (à la justification réduite) et enregistrements sonores (à la justification encore plus réduite). Il y a une quatrième strate qui est la reprise inversée du texte qui a une justification entre le "carnet" et la description des photographies. Ainsi, le dernier alinéa est repris dans le deuxième mais réduit de moitié au signe près et ainsi de suite. Le mouvement va également en sens inverse puisque le premier est repris en avant dernier, toujours réduit exactement de la moitié de sa longueur. L'idée suivie par l'auteur étant de créer un sentiment d'anticipation et un autre de réminiscence, les deux s'interpénétrant et conférant au lecteur un rôle d'acteur. Une impression de déjà vu, mais pas tout à fait identique, dans lequel les temps se mélangent et la chronologie est bousculée au profit de formes figées du souvenir. A tout cela s'accolent plusieurs procédures et contraintes, toutes s'enrichissant l'une l'autre : - l'idée d'une phrase qui soit en même temps paragraphe et dans laquelle se lit, à quelques reprises, l'influence de l'alexandrin. Avec cette question : comment créer du rythme dans le "vers libre"? - l'expulsion du sujet. Le sujet, le "je" disparaît. Qu'est-ce que cela suppose en termes d'organisation formelle ? Comment la phrase demeure-t-elle saisissable et qu'est ce qui sourd d'elle quand sujet et objet y deviennent difficilement discernables ? Comme dans cet exemple : "S'observent les échanges de" au lieu de "J'observe les échanges de" . - l'instantané : que cela impose-t-il à la phrase et au rythme d'être d'abord suscité par une primauté iconique ? Car c'est l'oeil, l'image, qui est ici première. - la dilatation et la compression : que peut produire dans un espace (celui du livre) le gonflement ou l'étrécissement de certaines de ses parties, idée explorée musicalement par Boulez avec ses "noeuds de connexion". Le tout produit, au sens propre, une expérience de lecture.

04/2019

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Poésie

Crayons combustibles

"D'où viens-tu ? " est la question que pose Thomas Kling, en ouverture de ce livre. De l'enfance, il convoque l'image fondatrice de son grand-père, les paysages rhénans sous le brouillard, les trophées de cerfs au mur, les auberges, les randonnées en forêt et les scieries de sapin. crayons combustibles puise dans une convergence de sources et d'archives, dans le souvenir et le poème, où Kling réconcilie émotion personnelle et mémoire collective, et déploie une perspective vertigineuse des époques et des traditions littéraires. C'est un défi lancé à la mort. Dans sa traversée incessante du temps, il donne une voix aux oubliés de l'histoire, embrasse les territoires de l'Europe, reconstitue le chant d'hommes et de terres dévastés. La tragédie est chez lui "une oraison polyglotte". Allemands, serbes, français, russes, tous ces hommes abandonnés s'enfoncent dans la même terre boueuse, disparaissent au fond des tranchées de la grande histoire qui les dévore et aligne leurs tombes sans nom. Le poème réhabilite ceux qui étaient si seuls à porter leur fardeau, et livre au lecteur la force réincarnée d'un chant qui passe à travers les âges, malgré l'altération des archives, les images brouillées et les fragments illisibles ou perdus. Kling fouille les épaves, secouriste inébranlable dans le fracas du métal, il fraie son chemin au milieu des corps tombés là, remonte les chemins de croix ; il veut sauver tout ce qui peut l'être. Témoignages à demi effacés, échos de paroles toutes langues mêlées, images déchirées, documents lacunaires, il préserve tout ce qui passe dans le "viseur du langage". Dans cette convocation des vivants et des morts, cette superposition des strates temporelles, du Moyen-Age à la fin du XXe siècle, Kling s'entoure d'amis et de souvenirs. Passent dans ces pages les visages de Trakl, Priessnitz, Pastior ou Warhol. Mais aussi des présences plus intimes, plus charnelles, des corps vivants, présents, les lèvres et le coeur dans la nuit. Dans un vrombissement de guêpes, crayons combustibles assure une continuité entre les langues, le temps et les hommes. "Quand la liaison s'interrompt", Kling active les "protocoles mémoriels", dépoussière notre passé, perturbe le langage, ravive l'oralité du poème et bouscule la rigidité alphabétique, pour nous accompagner jusqu'au lever du jour, jusqu'au lever du "monde diurne", vers la lumière.

06/2020

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Littérature étrangère

Famille modèle

"Deux jours après que sa voiture - une Chrysler LeBaron avec sièges en cuir et options haut de gamme - eut disparu de l'allée du garage, Warren Ziller longeait discrètement les demeures cossues de ses voisins, s'appliquant à boiter au même rythme que son chien". Après La Musique des autres, recueil de nouvelles inventives et déroutantes, Eric Puchner réussit un premier roman saisissant de drôlerie et d'intelligence. Sur le ton de la tragicomédie, il raconte la chute de la famille Ziller, et plus particulièrement du père, Warren, qui a délaissé le bonheur paisible du Wisconsin pour la Californie du rêve américain. Mais rien ne se passe comme prévu et Warren ne peut avouer à sa femme et à ses trois enfants qu'il a investi toutes leurs économies dans un projet immobilier qui vient de tourner au désastre... Un mensonge qui ne sera pas sans conséquences. Au coeur de ce fiasco, entre hilarité et désespoir, Puchner fait preuve d'une parfaite maîtrise du récit. Caustique et brillant, Famille modèle nous offre un portrait original et émouvant de la condition humaine. La presse française "Puchner oscille entre drame et comédie. On pense à John Updike ou à Tom Perrotta... Il laisse entrer dans son talentueux premier roman une certaine étrangeté à la fois bienvenue et prometteuse". Alexandre Fillon, Livres Hebdo "Enfouie sous des strates d'humour grinçant, la sensibilité d'un auteur aux sentiments humains". Clara Georges, Le Monde des livres La presse américaine "Lire Famille Modèle, c'est assister fasciné à la chute et au démantèlement d'une famille ordinaire, grâce à une écriture saisissante et à l'accumulation de scènes mémorables". The San Francisco Chronicle "Un premier roman déchirant. Avec une attention méticuleuse, Puchner trouve une certaine beauté dans cette solitude qui sépare les membres d'une même famille". Publishers Weekly "Ce qui impressionne le plus, c'est cette capacité que possède Eric Puchner à rendre crédibles tous ses personnages, même quand il passe de l'un à l'autre". ELLE "C'est l'idée même de la famille qui se dévoile dans ce roman au style élégant et maitrisé". The Los Angeles Times "Eric Puchner est un écrivain extraordinairement talentueux. C'est un maitre de l'ambiance et du ton". The Boston Globe "La conclusion s'impose : Eric Puchner possède un talent colossal". McSweeney's

08/2011

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Médecine chinoise, acupunture

Acupunture et violences sexuelles

La prévalence des violences sexuelles en population générale est extrêmement importante, toutes les strates de la société sont concernées, et nous retrouvons les victimes dans nos consultations au quotidien, la plupart du temps sans le savoir. La prise en charge en acupuncture qui s'effectue dans le cadre d'un parcours de soins pluridisciplinaire au sein du Pôle de Gynécologie-Obstétrique des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg nous a donné l'occasion de mener une réflexion en profondeur, conduite depuis plus de dix ans, sur les implications et les retentissements somatiques, psychiques, émotionnels et transgénérationnels des antécédents de violence sexuelle. L'approche holistique que propose la Médecine Traditionnelle Chinoise permet une compréhension intégrative de tous les aspects de cette problématique, et une réponse thérapeutique adaptée aussi bien au caractère individuel de la souffrance associée à un tel vécu qu'à la multiplicité de ses formes d'expression. Cet ouvrage propose les fruits de cette réflexion et de l'évolution de pratique qui en a découlé, en définissant une base de travail et des prismes d'analyse et de compréhension indispensables pour les victimes, donc pour les acupuncteurs qui les soignent. PREFACE " Merci à Georges-Emmanuel Roth pour cet ouvrage précurseur sur le grave sujet des violences sexuelles et leur prise en charge par la Médecine Traditionnelle Chinoise. Ce travail est remarquable d'érudition, de recherche clinique et thérapeutique à partir d'une connaissance approfondie de cette médecine qui est fondée en grande partie sur le lien indissociable entre le corps et l'esprit. Sage-femme expérimenté au service de Gynécologie et Obstétrique des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg depuis de nombreuses années, et praticien de médecine chinoise dans ce service, il a su utiliser son expérience clinique quotidienne, et prendre conscience progressivement de toute la complexité des conséquences physiques et psychologiques des violences sexuelles subies par les femmes, dans leur histoire médicale, gynécologique, obstétricale, et dans les douleurs chroniques pour lesquelles elles sont suivies en consultation hospitalière. Enseignant au Diplôme Interuniversitaire d'acupuncture obstétricale, ses connaissances de la Médecine Traditionnelle Chinoise ont permis ce travail inédit pour comprendre les liens unissant les pathologies rencontrées à la riche séméiologie chinoise et leur lecture possible grâce à cette médecine millénaire. Que cet ouvrage puisse ouvrir d'autres réflexions et recherches pour accompagner la prise en charge si délicate des violences sexuelles". Dr. Annick Bigler

10/2022

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Littérature française

Malentendus

L’univers de Marie-Claude et Yves Laporte vacille lorsqu’ils découvrent que leur second fils, Julien, est sourd. Un temps déstabilisé, Yves Laporte n’est pourtant pas du genre à baisser les bras ou sombrer comme son épouse dans la culpabilité. Déterminé à surmonter la fatalité, à corriger la surdité de son enfant, il s’abreuve de lectures et décide de suivre les préceptes de Graham Bell, l’inventeur du téléphone qui fut d’abord professeur d’enfants sourds. Armé des meilleures intentions, il prétend démontrer la validité des thèses oralistes de Bell, projette bientôt d’en tirer un livre et de faire, en somme, de la surdité sa chance. Mais Julien va dévaster une seconde fois toutes les projections paternelles en s’enfuyant de la maison à vingt ans, brisant le joug paternel pour découvrir à Paris la langue des signes. Il ne reviendra qu’un quart de siècle plus tard afin de solder ce lourd héritage, devenu père à son tour, sûr de lui, de sa réussite au sein de la communauté sourde et de ses propres thèses. Dans la continuité de ses romans précédents qui mêlaient déjà fiction, enquête et témoignage, Bertrand Leclair déploie une construction étonnante et pourtant fluide, juxtaposant les strates temporelles pour mieux libérer l’émotion dans le millefeuille du temps. Déroulant en toile de fond la grande histoire, celle des sourds tiraillés entre communautarisme et assimilation, il cherche à atteindre une autre vérité de l’expérience humaine, explorant l’intime à travers les projections et les convictions inavouables que chacun, dans la famille de Julien comme dans celle du narrateur, se forge en secret. Quand la surdité s’invite dans le roman familial, voilà en effet que ce dernier se délite, que la trame ordinaire des non-dits et des malentendus laisse deviner des motifs jusqu’alors invisibles, voilà que les sentiments qu’on croyait les meilleurs peuvent se révéler les pires. S’invite alors la question de l’amour, à rebours des mécanismes d’admiration et de reconnaissance qui commandent le plus souvent au destin des familles. De ce montage surprenant, guidé par une implication personnelle constante et assumée, naît un récit à la fois romanesque et pédagogique. Du malentendu à la malédiction, cette histoire collective aussi passionnante que sidérante ouvre à un questionnement qui l’excède à son tour : comment dépasser les peurs qui nous agissent à notre insu, dépasser la haine inconsciente qu’elles génèrent ? En français comme en langue des signes, l’amour est-il voué à demeurer une langue étrangère ?

01/2013

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Policiers

Mauvais sang ne saurait mentir

A l'été 1998, suite à une dispute avec sa femme, le journaliste et écrivain Walter Kirn cherche un moyen de quitter son domicile dans le Montana. Il a absolument besoin de se changer les idées, de prendre le large. Un seul problème : il est à court d'argent... Il parvient néanmoins à voyager tous frais payés jusqu'à New York en répondant à la petite annonce postée par un jeune banquier et collectionneur d'art new-yorkais qui cherche quelqu'un pour lui amener la chienne estropiée qu'il a adoptée sur Internet. C'est ainsi que l'auteur découvre l'univers singulier de Clark Rockefeller, privilégié excentrique qui sera pour finir démasqué comme imposteur en série, kidnappeur d'enfant et meurtrier. En tant que journaliste et écrivain, Walter Kirn est rapidement fasciné par ce personnage qu'il côtoiera pendant des années sans soupçonner le moins du monde son imposture. En 2008, Clark Rockefeller, divorcé depuis peu, enlève sa fille. S'ensuit une chasse à l'homme qui fera la Une de nombreux journaux. On découvre que ce nom n'est qu'une des nombreuses identités d'emprunt utilisées par celui qui se prénomme en réalité Ghristian Gerhartsreiter, ressortissant allemand arrivé aux Etats-Unis dans les années 80. En 1985, époque où il se faisait passer pour le baronnet anglais Christopher Chichester, Gerhartsreiter assassina et démembra un jeune Californien. Après quoi il s'installa dans le Connecticut, changea d'identité et devint un Américain modèle. Vivant grâce au salaire conséquent de sa nouvelle femme, il se fait passer tour à tour pour un producteur de télévision, un marchand d'art et un physicien. Arrêté, inculpé de meurtre, il est jugé en 2013 et condamné à la prison à perpétuité. Walter Kirn assiste à son procès. C'est pour lui l'occasion de s'interroger sur ce qui les a rapprochés, sur les mobiles de Rockefeller et enfin sur sa propre crédulité. Mêlant confession autobiographique, reportage de fait-divers et spéculation culturelle, Mauvais sang ne saurait mentir est un récit à la Dreiser sur la construction de soi, l'ascension sociale et l'arrogance intellectuelle, qui met à nu les strates de l'envie, de la corruption, de l'ambition et de la désillusion qui se cachent sous la figure du grand imposteur américain. Avec Blood Will Out, Walter Kirnplonge le lecteur dans une formidable histoire d'usurpation d'identité. Il analyse également les mécanismes de séduction entre un auteur et son sujet. Il donne également aux lecteurs un certain nombre de clés pour comprendre la société américaine des années 1980, époque à laquelle les immigrés de première génération qui s'installaient aux Etats-Unis pouvaient devenir aussitôt américains, sans attendre les générations suivantes.

01/2015

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Littérature étrangère

The Night

The Night est un immense roman choral dont les voix multiples nous saisissent et nous plongent non seulement dans les ténèbres d'une ville, Caracas, et dans l'histoire d'un pays, le Venezuela, mais aussi dans les profondeurs de notre époque désorientée, imprévisible et violente. Les trois protagonistes - Miguel Ardiles, le psychiatre qui affronte quotidiennement la folie, Matías Rye, l'écrivain raté et drogué qui anime un atelier d'écriture, et Pedro Alamo, le publicitaire hanté par les mots et leurs combinaisons infinies - vont prendre la parole à tour de rôle, et leurs récits vont s'enchaîner et s'entremêler sans répit, sans temps morts, comme autant de rêves et de cauchemars durables. Un même thème parcourt en sourdine leurs histoires. Car si Miguel enregistre secrètement les paroles de ses patients, si Matías prend constamment des notes pour écrire un jour ce roman qui sera The Night, si Pedro enfin se perd dans les jeux de mots (principalement des anagrammes et des palindromes), c'est pour tenter de déchiffrer le mystère de la maladie qui les ronge et nous ronge : la présence du mal et son pouvoir sur nos vies. De plus, ils partagent tous une fascination obsessionnelle pour un certain Darío Lancini, ancien guérillero, poète et auteur mythique d'un ouvrage de palindromes, Oír a Darío . Sa rencontre sera l'occasion, lors du deuxième chapitre, d'un récit biographique riche en aventures, une formidable plongée dans les années 1950 à 1970, entre le Venezuela, la France et l'Europe de l'Est. Ce récit enchâssé alterne biographies d'auteurs, citations littéraires (de Mann à Neruda, en passant par Jarry, Aragon et García Márquez) et références à l'histoire de la guerre froide. Dominé par les engagements politiques et littéraires, par la fougue et l'esprit de liberté, il contraste fortement avec les deux autres parties du roman, ancrées dans un contexte contemporain de crise et de dégradation. Roman vivant, ambitieux, à l'imagination visionnaire et puissante, The Night engage sur la violence une réflexion à la fois d'une grande actualité et d'une grande profondeur, cherchant à travers la littérature, le crime et la psychiatrie, les racines d'un mal rampant. Le caractère aléatoire et éphémère de tout édifice, l'idée que le chaos mine toute tentative de construction est une des idées fortes du livre, exprimée par la métaphore du jeu Tetris qui structure secrètement la narration jusqu'à la fin. En plus d'une métaphore du texte lui-même, c'est aussi une forme d'interprétation de la réalité, parfaitement illustrée par les récits en miroir de la vie des trois protagonistes et de Darío Lancini. On a immédiatement envie de relire ce roman à multiples strates, dont la réussite tient à la rencontre rare d'une vision puissante de la littérature - et particulièrement du langage poétique - et d'une épaisseur existentielle. L'écriture issue de cette rencontre est forte, juste et très contemporaine. Carmen Balcells l'avait bien vu : Blanco-Calderón a un vrai talent.

05/2016

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Littérature étrangère

The Picture of Dorian Gray

Le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray "Les livres que le monde juge immoraux sont ceux qui révèlent sa propre ignominie". Les éditions des Saints Pères présentent le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray. Ce document montre le texte de Wilde ainsi qu'il est initialement écrit, dans sa toute première version. Le lecteur peut à la fois observer l'écrivain aiguisant sa prose et pratiquant une forme d'autocensure bien en amont de la publication, ayant sans doute l'intuition d'avoir franchi quelques lignes rouges sur le plan des bonnes moeurs. Oscar Wilde et la censure Oscar Wilde entreprend l'écriture de ce premier jet de 13 chapitres en 1889. Il est destiné à être publié dans les pages du Lippincott's Magazine, une revue américaine. Celles-ci révèlent le talent de leur auteur, mais aussi un contexte : celui d'une Angleterre prude et homophobe au 19e siècle, que Wilde a conscience de pouvoir choquer avec un tel texte. C'est pourquoi il atténue l'ambiguïté de la relation entre Basil et Dorian - par exemple, lorsque Basil évoque la beauté de son modèle, "beauty" devient "good looks" (allure), "passion" devient "feelings" (sentiments), etc. Certains passages entiers sont barrés, comme des confessions émouvantes et amoureuses de Basil. En avril 1890, Wilde finit son texte et le fait taper à la machine afin de le soumettre à Lippincott's. James Stoddart, le rédacteur en chef, l'accepte tout en redoutant son parfum homo-érotique. Il se met à lui-même censurer Le Portrait de Dorian Gray, effaçant environ 500 mots, dont des phrases entières, comme la tirade de Basil au sujet de son portrait. Le manuscrit du scandale En dépit des nombreuses strates de censure qui ont donné à Dorian Gray la forme de sa publication, le numéro de juillet 1890 de Lippincott's suscite l'hostilité des lecteurs. Les critiques décrient le texte, le décrivant comme "une fiction toxique, dont l'atmosphère étouffante et diabolique abonde d'odeurs de putréfaction morale et spirituelle" écrite à l'attention de "nobles hors-la-loi et petits télégraphistes pervertis" . Directe conséquence de ce tollé : la puissante enseigne WS Smith refuse de vendre le numéro dans ses librairies. Malgré, ou grâce à cette réception scandaleuse qui ne peut qu'attirer l'attention, Wilde commence alors à retravailler et à développer l'histoire, afin de la publier sous forme de livre. Il effectue des changements de structure, imagine d'autres personnages, ajoute 6 chapitres et une sélection d'aphorismes pour préfacer l'ensemble et atténue encore un peu plus les passages décriés. La magnifique confession de Basil à Dorian disparaît alors complètement. Une préface de Merlin Holland Merlin Holland est un spécialiste d'Oscar Wilde et le petit-fils de l'écrivain. Il est l'auteur de plusieurs livres de référence : The Wilde Album (1998), Coffee with Oscar Wilde (2007), A Portrait of Oscar Wilde (2008).

09/2018

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Revues

Kometa N° 2, hiver 2024 : Liaisons dangereuses

KOMETA #2 Liaisons dangereuses Amour, famille, géopolitique. Comment l'ami d'hier peut devenir l'ennemi Russes et Chinois semblent les meilleurs amis du monde après s'être entretués pour une île du fleuve Amour. Ennemis jurés d'hier, Iraniens et Saoudiens commencent à se parler. Erdogan vend à l'Ukraine les très efficaces drones Bayraktar et achète des armes à Vladimir Poutine. La Russie s'est longtemps proclamée "grand frère" de l'Ukraine. Elle la bombarde. L'ami d'hier est l'ennemi d'aujourd'hui, et l'inverse, révélant des logiques d'inégalité et de domination. Nos récits au long cours révèlent les multiples strates qui forment le présent et le passé. Ils racontent aussi des histoires de Justes, l'amour et la fraternité dans le chaos. L'impossible dialogue, par Emmanuel Carrère Tant que la guerre n'est pas finie, que la Russie reste invaincue, de nombreux Ukrainiens refusent de côtoyer des Russes. Même opposants à Poutine, même anti-guerre. L'écrivain français d'origine russe est parti à Kyiv explorer les ressorts de cette position de principe. La langue de ma mère, par Salomé Kiner, autrice de Grande Couronne La mère de Salomé Kiner est prof de russe, française d'origine italienne, divorcée d'un juif soviétique, informaticien, poète et guitariste. C'est l'histoire rocambolesque du mariage de cette femme à la langue russe, aimée dans l'Urss dissidente des années 80, détestée avec les nouveaux Russes des années 2000, avec laquelle elle se réconcilie enfin en France, à Marseille, au contact des réfugiés de l'ex-empire. Pères et fils, photos de Valeri Poshtarov et récit de Victoire Tuaillon. Photographe né en Bulgarie en 1986, père de deux petits garçons, Valeri Poshtarov s'est rendu compte qu'un jour viendra où ils n'auront plus besoin qu'il les accompagne à l'école. Il a l'idée de faire un portrait de son grand-père de 95 ans et de son père se tenant par la main, et commence à prendre des portraits d'autres pères et de leurs fils adultes. En posant, certains se tiennent la main pour la première fois. Victoire Tuaillon, journaliste, autrice du podcast Les Couilles sur la table, s'intéresse à la construction de la masculinité. Elle raconte les histoires de ces hommes. Berlin-Leningrad années 30. Par cette archive photographique oubliée pendant près de soixante ans, les frères Henkin, juifs russes passionnés de photos, promènent leurs objectifs dans les capitales bouleversées par les montées du nazisme et du stalinisme et donnent à voir un tout autre visage de l'Allemagne et de la Russie des années 1930 : souriant, joyeux, presque insouciant. Une sorte de Monde d'hier photographique de Zweig, qui montre l'aveuglement au quotidien. Découvrez aussi le premier épisode de la série de Christophe Boltanski sur les oligarques, la suite du journal intime de Lili Pankotai, cette lycéenne hongroise qui se bat contre Viktor Orbàn, des lettres de résistantes iraniennes...

01/2024

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Beaux arts

Eglises Médiévales des Alpes-Maritimes

Savamment évoqué par Jacques Thirion dans son ouvrage Alpes romanes paru il y a quarante ans, et réexaminé depuis lors d'études monographiques ou à l'occasion du congrès de la Société française d'archéologie en 2010, le patrimoine religieux médiéval méritait que l'on aille plus loin, en posant sur lui un regard nouveau. Pour cette publication, il ne fut pas chose facile de déterminer les édifices qui allaient être évoqués. Chaque bâtiment, chaque ruine avait son sens et son histoire. Des choix ont été effectués cependant : certains édifices s'imposaient, d'autres ont été retenus pour la forte empreinte médiévale qu'ils pouvaient encore porter. En ouverture de l'ouvrage, une présentation générale des monuments chrétiens de l'Antiquité tardive et du Haut Moyen Age a paru nécessaire, tant le semis de lieux de culte, qui s'est mis en place par strates successives du ve au xe siècle, a influé sur la construction du paysage monumental roman. Ce tableau d'une christianisation qui irrigue largement le territoire et qui se poursuit, malgré l'instabilité politique, avec la période carolingienne, nous conduit au début du xie siècle, lorsque s'amorce, grâce à l'action de certains acteurs, évêques, ordres monastiques, seigneurs, un vaste mouvement de construction qualifié d' "architecture romane" . Ainsi le premier âge roman apparaît-il comme un temps de réorganisation où des forces structurantes sont à l'oeuvre, notamment celle du clergé régulier. Cette vague de construction fait naître des édifices qui se distinguent selon leur plan, la présence d'une crypte, la qualité technique et esthétique de l'appareil, son décor et parfois sa polychromie. Simplicité et austérité sont ensuite les maîtres-mots du second âge roman dont les chantiers se prolongent, bien plus qu'ailleurs, jusque dans la seconde moitié du xiiie siècle. Toute son élégance tient au talent des artisans et à leur maîtrise de l'outillage pour produire des parements homogènes et harmonieux, caractéristiques de cette période. C'est dans cet art maîtrisé de la taille que s'inscrivent les constructions de Valbonne ou de Grasse. Le corpus démontre également les liens qui s'établissent avec des formules architecturales adoptées dans le nord de l'Italie, le Languedoc et au-delà, la Catalogne. Une fois le cadre posé, les auteurs se sont attachés à reprendre, pour chaque édifice, l'examen des sources historiques et à fonder leurs nouvelles interprétations sur des observations de terrain. Chaque monographie évoque les sources écrites, réalise une description archéologique du bâtiment, en souligne les évolutions afin d'en proposer, in fine, la datation. Dans de nombreux dossiers, les connaissances ont été affinées par de nouvelles analyses ; la chapelle Saint-Sauveur sur l'île Saint-Honorat est ainsi mieux comprise grâce aux fouilles menées par Yann Codou, l'église Saint-Gervais de Sospel ou l'église Saint-Véran d'Ascros sont redécouvertes à la faveur des analyses de Catherine Poteur, la cathédrale de Vence s'impose comme un modèle dans les chantiers innovants du premier âge roman. L'ouvrage renouvelle les connaissances scientifiques sur cette architecture dont on conserve des exemples exceptionnels et qui font des Alpes-Maritimes un haut lieu des origines de l'art roman.

01/2021

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Poésie

Rabelais restitué Tome 1 : "Pantagruel"

Le propos de cette tude critique, la fois premire d'une nouvelle collection et premire des cinq qui seront consacres Rabelais, est de retrouver l'intelligence d'un texte que l'esprit de routine et les prjugs ont constamment obnubil. Les ditions commentes, sans lesquelles on ne peut lire Rabelais, ne font en effet, depuis cinquante ans, que se rfrer l'dition critique de Lefranc et ses collaborateurs, aussi bien pour l'tablissement du texte que pour les gloses. Or ce texte est tabli de faon discutable, ne serait-ce que par sa ponctuation, et les gloses sont imbues d'un esprit de gravit et d'un parti pris de pudibonderie qui altrent profondment la pense du Matre. On se borne, depuis cette dition, ronronner sur un texte abusivement fig d'o l'on croit avoir extrait depuis belle heure la quintessence, et la littrature rabelaisienne ne fait plus que traiter de l'accessoire sans oser revenir au principal : le verbe. partir du fac-simil des ditions de 1532 et de 1542, Marc Berlioz rexamine donc chaque chapitre, et une recherche purement philologique le conduit rcuprer la porte de termes jusque l mal lus et donc mal entendus. Tout au long de cette relecture apparat alors une comprhension neuve de phrases ou de pages entires dnatures par la signification apprise. Et l'auteur de l'tude est tout naturellement amen dcouvrir le contenu de chapitres rests lettre morte : ainsi du double sens et des sous-entendus des titres de la Librairie de saint Victor, traditionnellement regards comme une collection de facties ; ainsi du procs de Baisecul et Humevesne tenu une fois pour toutes pour incohrent assemblage de sons ; ainsi de la dispute entre Thaumaste et Panurge o l'argumentation a toujours t donne pour gesticulation gratuitement obscne. Sans oublier, au chapitre de la maladie de Pantagruel, la rintgration d'un paragraphe accidentellement limin depuis la premire recomposition, il y a plus de quatre cents ans. Au fil de l'examen se dessine alors un Rabelais dont les intentions sont quelquefois fort diffrentes de celles qui sont admises et enseignes. Et force est bien de convenir que, dgag des strates de commentaires qui ont abouti le masquer son lecteur, c'est ce Rabelais restitu qui semble tre le vrai. Pourtant Marc Berlioz ne fait que proposer la rflexion des Rabelaisants ce Rabelais retrouv ; car il ne donne nullement pour dfinitive sa restitution : outre, dit-il, qu'elle ne peut tre exempte d'erreurs, son dessein est, donnant le branle une rvision, d'inciter chacun rexaminer aprs lui ; il aura atteint son but, ajoute-t-il, s'il a persuad qu'il est prfrable de scruter encore et toujours le texte du Matre plutt que d'empiler des thses sur la faon qu'il pouvait avoir d'enfiler ses sandales. Men avec autant de probit que d'audace, ce retour aux sources doit relancer les tudes rabelaisiennes. En attendant, Marc Berlioz a commenc de relire le Gargantua, et la mme dmarche lui a dj permis de mettre au jour le contenu des Fanfreluches antidotes, pice o les commentateurs n'ont jamais trouv fond ni rive. Les Rabelaisants, universitaires ou non, ont dsormais des horizons ouverts.

01/1979

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Histoire ancienne

Mythes grecs. 2 volumes : Origines ; L'Initiation

Tome I. Origines "Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être", déclarait La Fontaine, après le fabuliste latin Phèdre. Il y a l'apparence et la réalité, la surface et les strates successives qui, de descente en descente dans les profondeurs du mythe, livreront peut-être au mythologue mué en spéléologue la signification la plus ancienne. C'est ainsi que, grâce à l'étymologie se révèlent les traits primitifs de la personnalité de certains héros. Mais cette recherche nous mène plus loin encore, vers les origines du monde, les cosmogonies, les cataclysmes primordiaux, les naissances et renaissances d'une humanité sans cesse remise en question par le dieu suprême. Elle permet de découvrir, au-delà de l'admirable torse pivotant du Discobole de Myron, les dieux de la végétation bulbeuse que vénéraient les premiers hommes. Elle met en lumière la propension des Grecs à éloigner dans l'espace et dans le temps aussi bien le monde idéal (les pays au parfum où habitent les dieux, les contrées de justice, d'abondance et de bonheur des Hyperboréens et des Ethiopiens) que l'humanité qui s'entretue et s'entredévore, une humanité enférocée qui, selon les Grecs, ne saurait être que barbare, non-grecque. Mais cette opération de propagande, consciente ou inconsciente, est manquée : les mythes dévoilent, les mythes dénoncent. Tome II. L'initiation Au troisième millénaire se pratiquent encore chez certains peuples (Afrique, Nouvelle-Guinée, Amérindiens) des rites initiatiques très proches de ceux que les Grecs ont connus bien avant Homère. A l'époque classique il en restait des souvenirs, surtout dans les pays des confins, mais aussi dans les institutions des cités les plus civilisées (comme Athènes, Sparte, Thèbes ou Corinthe), et plus encore dans leurs mythes. Le fil d'Ariane qui permet de retrouver ses traces, c'est la symbolique de la mort et de la résurrection. Quittant le monde de l'enfance pour entrer dans celui des adultes, l'adolescent doit mourir pour mieux renaître. Cet ouvrage s'efforce de dégager dix-sept traits initiatiques, les plus fréquents, avant d'entrer dans le détail des mythes, poser les questions et tenter de les résoudre. Par exemple : quel rapport y a-t-il entre le labyrinthe et la danse de la grue exécutée par Thésée et ses compagnons après la victoire sur le Minotaure ? D'où vient la granitula, une danse encore exécutée en Italie du sud et en Corse du nord le jour du Vendredi Saint ? Pourquoi tant de héros portent-ils le nom du loup, de Lycomède aux nombreux Lykos en passant par Autolykos, Harpalykos, Lykas, Lykenion ou Lycurgue ? Telles sont quelques-unes des questions qui sont posées dans cet ouvrage. Bien entendu, la place finale, la place d'honneur, est réservée à Ulysse, le plus "éprouvé" de tous les héros grecs. Ces Mythes Grecs I & II sont le fruit d'une recherche commencée il y a un tiers de siècle. Ils ont fait l'objet d'une première publication par les Publications de la Recherche, Université Paul-Valéry, Montpellier III, en 1999 pour Mythes Grecs I et en 2002 pour Mythes Grecs II. Dans chaque tome un index facilite la recherche d'informations sur les héros et les dieux étudiés

05/2016