Enfantines

Chi est un petit chaton qui a perdu sa maison. Il miaule, pleure, appelle sa maman quand il est recueilli par un petit garçon et ses parents. Petit à petit, le petit chat se fait à sa nouvelle vie pleine d'aventures et profite au maximum de sa vie de chat. est le nouveau titre de la collection Kids des Editions Glénat. Destiné majoritairement à un jeune public, ce manga en couleurs (et au sens de lecture français) est tout simplement délicieux. Mignon à souhait, les petits s'amuseront à suivre la vie mouvementée de ce chaton espiègle et amusant avec un petit cheveu sur la langue. Par ailleurs, Konami Kanata, par l'intermédiaire de son héros à 4 pattes, aborde toute sorte de sujets de la vie des tous petits. La peur de perdre ses parents, la prise du bain, les premiers pipis aux toilettes et bien sûr les jeux et les bêtises … Les dessins très simples, voire enfantins et les couleurs toutes en douceurs confère à ce manga une poésie enfantine très attachante. Ainsi, Chi, une vie de chat, ne laisse pas indifférent et ce, quelque soit l'âge. Un peu de douceur ne peut jamais faire de mal! Série en cours – 7 volumes parus au Japon, 1 en France

Yasuro et Misuko forme un couple comblé. La vie vient de leur offrir une magnifique petite fille qu'ils nomment Aya. La fillette grandit et montre une grande inclination pour la musique. Mais un jour, assistant à un spectacle avec son père, une révélation s'impose à elle. La musique ne lui suffit plus. Elle apprendra à danser et deviendra une Geiko, une Geisha de Kyoto. Envers et contre tout, Aya s'apprête à accomplir son destin.

Magnifique histoire illustrée de dessins subtils et délicats, est un album stupéfiant de poésie et de délicatesse.
Dorothée Piatek y conte le destin contrarié d'une petite fille devenue femme dans la grande tradition des drames orientaux et plonge le lecteur dans un Japon envoûtant. Les odeurs, les couleurs, les sensations qui se dégagent de l'histoire sont sublimées par les illustrations de Magalie Fournier entre rondeurs enfantines et fresques délicates.
Geishas, Maikos, samouraïs, riches admirateurs et directrices de maisons de Geiko aux fourbes desseins, peuplent le parcours d'Aya jusqu'à son tragique et émouvant dénouement.
Les éditions Petit à Petit nous offrent avec Blanc, un album d'une grande qualité que l'on pourrait presque ranger dans la catégorie beaux-livres et une immersion dépaysante et fascinante dans le Japon d'Edo. Un seul mot s'impose : Arigatai !

Leïla Pelfresne

Peut-on raconter une histoire entière en 25 images ? Oui, bien sûr : la preuve est superbement éditée aux Editions Martin De Halleux dans la bien-nommée collection "25 images", qui reprend les principes choisis en 1918 par le graveur Frans Masereel pour les "25 images de la passion d'un homme" : 25 images en noir et blanc pour retracer tout une histoire. 

Nina Bunjevac se permet plus de liberté avec la contrainte des 25 images, puisqu'elle divise parfois sa page en plusieurs images distinctes dans La réparation.

Mais quelle force et que d'émotions dans ce récit intime, qui révèle une blessure d'enfance, en même temps qu'il démontre la beauté d'une cicatrisation réussie! Avec ce titre, on saisit que la maltraitance enfantine peut engendrer, avec le temps, un album d'une émotion poignante. A ne pas rater.

 

Quand le déluge commence, nos deux petites grenouilles sont bien contentes : "Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille." Mais quand il faut les faire monter dans l'arche, c'est le désespoir qui envahit les autres animaux.

Non seulement tout le monde est serré, mais en plus il faut supporter les grenouilles à grande bouche qui chantent mal, fort et tout le temps et font des blagues qui n'amusent personne à part elles, bien sûr. Tiendront-ils tous le coup en attendant que la terre ferme fasse sa réapparition ?

Il fallait bien une suite à La grenouille à grande bouche, conte traditionnel mis en mots et en images par Elodie Nouhen et Francine Vidal pour Didier jeunesse. C'est qui a accepté de relever le défi et nous offre une histoire à raconter et chanter puisque nos deux petites héroïnes saoulent tout le monde avec leurs chansons enfantines.

Et si les animaux de l'arche n'en peuvent plus, nous, nous rions beaucoup de l'humour des petits batraciens et des jeux de mots parfois vaseux des Deux grenouilles à grande bouche. Et quel plaisir de voir le désespoir apparaître sur le visage de tous les occupants de l'arche grâce aux illustrations de Cécile Hudrisier faites en partie de collages et de bouts de ficelle.

Un album très drôle grâce auquel vous saurez enfin pourquoi les crocodiles pleurent pour un rien. 

Un enfant écrit au zoo pour avoir un animal. Le zoo lui envoie alors, successivement, un éléphant, une girafe, un lion, un dromadaire... Mais, trop lourd, trop grand, trop féroce, trop grognon..., les animaux sont systématiquement renvoyés au parc zoologique, jusqu'à ce que l'animal idéal arrive enfin.

permet aux tout-petits de découvrir, en soulevant des rabats, sept animaux et leur caractéristique principale : le serpent est effrayant, le singe farceur, la grenouille agitée... Avec une structure répétitive – le texte est le même, ou presque, sur toutes les double-pages, seul l'animal et son qualificatif changent – et envoutante, et des illustrations simples, cet album fera la joie des plus jeunes. 

Grâce aux  éditions Zethel – label jeunesse des éditions Leduc.s, nouvellement créé – le public français va découvrir Cher zoo, un classique de la littérature enfantine anglaise. Publié en Angleterre en 1982, cet album de Rod Campbell s'est vendu à plus de 5 millions d'exemplaires dans le monde. Il était temps que les petits Français puissent enfin le lire !

Les aventures de Louisette la Taupe continuent! Toujours préoccupée par les chasseurs qui sèment la terreur chaque automne, Louisette doit trouver un plan d'attaque pour la réouverture de la chasse cette saison. Aidée par le binôme de lapins, Louisette aide une chauve souris qu'elle a accidentellement blessée et disparaît peu de temps après, au moment même ou un phénomène mystérieux de chapeaux volants épate les habitants de la forêt. Coïncidence ?

Neuvième bande dessinée consacrée aux aventures de , n'apporte que du bonheur aux enfants. Pourquoi? Tout d'abord, la lecture de ce nouveau tome nous invite avec joie à nous replonger dans les précédents ou à les découvrir pour ceux qui auraient loupé le coche. Ensuite, les animaux de la forêt mis en scène, parlant et échafaudant des plans contre les chasseurs ça fonctionne toujours aussi bien, surtout comme ici où on se laisse prendre par l'histoire et l'inventivité de l'héroïne. Enfin, les couleurs vives et les dessins enfantins comme on les aime font de cet album un très bon compagnon. Louisette nous rappelle volontiers l'univers du père Castor, comme quoi il s'en passe des choses quand les animaux ont la parole...

L'araignée Gipsy monte à la gouttière, mais la pluie arrive et elle tombe par terre. Le puceron Léon grimpe sur une rose, mais il se pique l'échine avec une épine... Dans cette comptine enfantine, cinq petits insectes se font mal et finissent chez le médecin-souris qui remet tout le monde en état.

On peut alors recommencer : l'araignée Gipsy monte à la gouttière... Une jolie façon de faire comprendre qu'une chute, un échec, une blessure... n'empêche pas de continuer et de persévérer.

est le 44e tome de la collection "A la queue leu leu" qui met en images les comptines de notre enfance (Fais dodo, Colas mon p´tit frère, 1, 2, 3, nous irons au bois…) ou de petites histoires tendres et amusantes (Tout le monde y va !, La Tétine…).

Les illustrations d'Aurélie Guillerey – qui fait ses premiers pas dans cette collection – sont drôles et colorées. Elles nous présentent un monde peuplé de petites bêtes (oiseaux, grenouilles, hérissons, taupes...) qui n'ont pas toujours la vie facile. Mais heureusement, tout finit toujours par s'arranger, et la vie continue. Un album plein d'espoir pour chanter avec les tout-petits.

On ne pourrait se lasser de Tu es là de Joanna Concejo et Laeticia Bourget, tant sa lecture rend présentes des émotions intimes et puissantes. Dans cet album poétique au récit sous-jacent, trois femmes de générations différentes se trouvent réunies par le lien du souvenir.

Bien qu'elle n'en ait pas écrit le texte, Joanna Concejo continue avec ce livre d'explorer des thématiques personnelles associées à un langage singulier développé dans des œuvres comme Sénégal (Atelier du poisson soluble, 2020) ou M comme Mer (Format, 2021). La dessinatrice polonaise travaille ainsi autour du souvenir, de la famille et de perceptions enfantines d'émotions qui dépassent l'entendement juvénile mais qui restent gravées dans la mémoire.

Pour exprimer de telles sensations, l'autrice préfère à la linéarité du récit le morcellement d'énoncés (visuels, textuels ou matériels) qui, dans ces pages entièrement imprimées sur du papier calque, prend encore une autre dimension.

Avec ce papier partiellement translucide, les images recouvrent une temporalité mouvante et fascinante. La claire opacité du calque laisse percevoir les motifs et figures des pages suivantes et précédentes tout en les nimbant d'une fine pellicule grisée, un vernis de mélancolie ou de nostalgie, tandis que les pages ouvertes brillent d'un éclat vibrant.

Les dessins se superposent, donc, tout en offrant la lecture de leur successivité. Ils se réactualisent dès la page tournée et les compositions se réajustent, offrent à voir de nouvelles images sur la ruine des anciennes, de nouveaux récits portant l'écho d'autres révolus.

Cette recomposition permanente met à jour un processus, un mouvement perpétuel propre aux souvenirs lancinants, de ceux nous hantent et nous habitent.

Tu es là est probablement un des plus beaux albums de Joanna Concejo à ce jour, une expérience de lecture forte, immersive, qui exige un silence environnant propice au recueillement.

 

Un beau jour, un lion arrive dans une petite ville et déambule dans ses rues, motivé par l'achat d'un chapeau. Jusque là, rien de bien étonnant. Là où l'affaire devient proprement loufoque, c'est lorsque les riverains, terrifiés par ce gros matou à cheveux longs, s'échinent à le chasser.

Notre présumé prédateur prend la fuite et trouve refuge, par le plus grand des hasards, chez la seule personne raisonnable du coin : une fillette prénommée Iris.  Celle-ci va s'efforcer de dissimuler la présence de son nouvel ami à ses parents et, franchement, ce n'est pas chose aisée... Et vous, comment cacheriez-vous un lion?

est un petit livre sans prétention, et pourtant... Pourtant il est joli, avec ses crayonnés enfantins riches en couleurs. Pourtant il est rigolo, grâce à , qui y a mis son humour un peu décalé, exquis et so british !  Pourtant il est tendre, dans ce qu'il raconte d'amitié et de douceur.

Pourtant il est simple, à travers son histoire intelligente, claire et épurée. Pourtant... Pourtant... Pourtant il est parfait ! Alors vous pouvez passer à côté de ce petit bijou, faire fi de notre enthousiasme, ignorer cette trouvaille littéraire et faire sans. Pourtant... Pourtant vous auriez tort !

C'est l'histoire d'un ver de terre … Non, de deux vers de terre, ou plutôt de trois, ou quatre, ou … Enfin bref, c'est une histoire de vers de terre et de pomme aussi. Une pomme, deux pommes, trois pommes, un pommier ou deux et aussi une tarte aux pommes. Mais c'est avant tout une histoire de gourmandise. Et d'amitié. Le printemps puis l'été sont arrivés et les albums fruités se suivent. Et ne se ressemblent pas! De la même façon qu'il faut varier les fruits dans son alimentation, il convient également de varier les plaisirs fruités en littérature enfantine. sur des dessins de nous livre donc sa version de l'apparition de pommiers dans nos campagnes. Ce ne sont ni les Hommes qui plantent des graines, ni les abeilles qui pollinisent tout ce qu'elles trouvent mais bien des vers de terre gourmands et pas solitaires pour deux sous qui permettent aux pommiers de pousser ici ou là. Cependant, ne comptez pas sur Les Histoires Sans Fin pour vous révéler le secret du pourquoi du comment de cette drôle d'histoire. Pour en connaître le fin mot, il vous faudra plonger dans cet amusant et inventif album, Nom d'une pomme!

Quand on est jeune, notre papa est plus grand que nous. Quand on est grand, notre papa fait la même taille. Mais plus le temps passe, et plus notre papa rétrécit, jusqu'à parfois adopter des comportements enfantins.

Avec Mon petit Papa, sorti chez Sarbacane, Davide Cali et Jean Jullien livrent une histoire pleine d'humour et de tendresse sur l'amour filiale et sur la vieillesse. À travers ce récit, les auteurs racontent la sénilité, les dégénérescences qui accompagnent le grand âge, mais aussi les responsabilités et les affections qu'impliquent de tels états.

Malgré la gravité d'un tel sujet, ils évitent avec subtilité le pathos et proposent une fable étonnamment réjouissante.

Les dessins de Jean Jullien comptent pour beaucoup dans la bonne humeur qui plane sur l'album. Allant à l'efficacité, l'auteur ne s'encombre pas de décor et ressère les images sur la relation entre un fils et son père. Son trait vibrant, tremblant et matiéré, confère aux images une belle énergie et traduit un plaisir de faire palpable et communicatif.

"Mon petit Papa" est un album plein de vie qui aborde avec originalité et douceur une thématique peu traitée dans l'album jeunesse et pourtant si essentielle car touchant beaucoup de nos aînés.

   

Le est une formation musicale de cinq joyeux lurons strasbourgeois venus mettre un « grand bazar » dans leur dernier album. Pour cette fête de la musique, un grand défilé de personnages est à l'honneur, à commencer par son bestiaire, composé de loups et autres poules, ses ogres affamés, son magicien maladroit, et même son super-héros en pleine crise identitaire.

Le groupe est accompagné d'une bonne pléiade d'invités, au profil aussi diversifié que le sont les chansons qui composent l'album. François Morel, les Ogres de Barback, Dick Rivers, Babet (Dionysos), pour ne citer qu'eux, viennent ajouter leur petite touche personnelle dans ce méli-mélo de pop, rap, rock, de musique du monde et de berceuse, sur des textes originaux ou des grands incontournables de la chanson enfantine, dépoussiérés voire complètement métamorphosés, toujours avec humour et entrain.

C'est Clotilde Perrin qui a la responsabilité d'immortaliser cette folle fanfare. Elle apporte à cette galerie de portraits loufoques un peu de douceur et de poésie grâce à des illustrations qui ne manquent pas pour autant d'extravagance et de folie.

Le Grand Bazar du Weepers Circus est un vrai petit concentré de bonne humeur, qui ravira les oreilles des jeunes pousses tant par la modernité de ses arrangements que par la cocasserie des textes. Voilà sans doute la bande son idéale de la route de vos vacances !

Dans le village d'Horriblo, les adultes vivent dans l'angoisse de l'arrivée des pirates qui débarquent chaque année et enlèvent tous les garçons de 12 ans. Peu d'entre eux en reviennent sauf et tous sont traumatisés par la brutalité de cette expérience. Alors, pour les préparer à l'inévitable et les endurcir au maximum, on apprend aux enfants à se battre, à jurer et surtout à ne pas être poli. Seul Horriblo est différent. Courtois à l'excès et incapable de méchanceté après un sort envoyé par une enchanteresse, il est mis en marge du village. Jusqu'au jour de ses 12 ans et à son incroyable aventure chez les pirates. Et si sa gentillesse allait changer le cours du destin ?
Original et inventif, le roman est tout simplement réjouissant. Les insultes pleuvent à chaque page – rassurez vous, pas de vulgarité ni de grossiereté mais juste une certaine poésie et beaucoup de drôlerie – et les descriptions des personnages sont d'une naïvété quasi enfantine. Le lecteur est captivé par les aventures d'Horriblo, petit garçon aussi décalé qu'attachant, et de son seul copain Racaille. La politesse est ici érigée en sauveur suprème sans fausse note ni simplisme mais avec un humour qui fait mouche à chaque page.
Après la lecture d'un tel livre, un seul mot s'impose : Merci !

Leïla Pelfresne

Dans ses dernières années, le grand Jules Verne narre son aventure juvénile en tant que Robinson, après que sa petite embarcation eut coulé dans l'estuaire de la Loire, le forçant à se réfugier sur un îlot temporaire. Cette expérience éphémère, influencée par ses lectures enfantines de Robinson Crusoé de Defoe et Le Robinson suisse de Wyss, incarne son enchantement pour les îles désertes, espaces de liberté et d'innovation.

Cet épisode marque le début de l'exploration par Verne du motif de l'île, qu'il revisitera notamment dans L'Oncle Robinson, prélude à L'Île mystérieuse.

Avec L’École des Robinsons, Verne injecte de la fantaisie dans le récit de survie de Godfrey et son professeur, dans une parodie ludique du récit de Robinson originel. Puis, Deux ans de vacances reprend ce thème avec un groupe d'élèves pensionnaires naufragés, préfigurant Sa Majesté des mouches de Golding.

Finalement, Seconde patrie poursuit l'histoire du Robinson suisse de Wyss, mêlant héritage littéraire et innovation narrative dans un récit de colonisation optimiste. Vintage Verne.

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Des romans moins connus que les plus célèbres oeuvre du romancier, Vingt mille lieues sous les mers, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, De la Terre à la Lune... dans une édition de la Pléiade réalisée sous la direction du poète-érudit Jean-Luc Steinmetz, avec le précieux concours de Jacques-Remi Dahan, Marie-Hélène Huet et Henri Scepi.

Jules Verne s'y révèle un innovateur narratif, un critique social et un écologiste avant l'heure, confrontant les excès de la technologie et la destruction de l'environnement. Entre survie, innovation et critique sociale, c'est un autre complexe que l'on découvre, à la fois produit de son époque et visionnaire.

À posséder absolument pour tout vernien qui se respecte.

Jules Verne est un voyant dont la plume a tracé les contours d'univers inexplorés bien avant que la science ne les rende accessibles. Le père de la science-fiction moderne ? Peut-être, tissant des récits qui emmènent ses lecteurs des profondeurs abyssales des océans jusqu'aux confins de l'espace.

Des mondes pleins de mystères et de merveilles, où la réalité se mêle à la fantaisie, et où la science de son temps est scrupuleusement respectée.

Conteur d'histoires, architecte de l'aventure, et une vision de l'humanité animée par la curiosité et l'audace, qui fait de lui un maître qui, depuis son bureau nantais, a su naviguer bien au-delà des horizons connus.

Ce gros recueil de la belle collection Quarto propose les œuvres majeures d'Eugène Ionesco (1909-1994), figure première du théâtre de l'absurde, qui a, aux côtés de Samuel Beckett, transfiguré les planches européennes, en remettant en question ses principes et autres conventions.

La manière du Roumain comme Cioran : irréalisme, étrangeté, moquerie, actions épurées, emploi répétitif qui vide le temps de sa substance. Défis de la communication et ses effets, malentendus et non-sens, la contagion, la massification... Pourquoi pense-t-on ce que l'on pense, derrière l'alibi des idéologies ?

Son expérience personnelle aussi, dans la peau du récurrent Bérenger, reflet de ses anxiétés : sa peur de la mort, ses questionnements métaphysiques, ses « intuitions enfantines », son engagement contre les totalitarismes, la facilité de leur propagation, la brutalité destructrice, les horreurs des camps de concentration. Il ne donne jamais de réponses, mais une interprétation.

#[pub-1]

Ce volume comprend les emblématiques Rhinocéros, Le Roi se meurt et « l'anti-pièce » La Cantatrice chauve, mais aussi, entre autres, La Leçon, Jacques ou la soumission, L'Avenir est dans les œufs, Macbett, Jeux de massacre, Ce formidable bordel !, Voyages chez les morts... Et également un journal, Présent passé passé présent, et un scénario, La Vase.

Son alter ego est souvent perdu dans un monde incompréhensible, témoin de la lutte incessante, la médiocrité ambiante, et la mort qui, telle une ombre, marche à ses côtés. 

Eugène Ionesco construit des labyrinthes où se perd la raison, des miroirs distordus où se reflète l'absurdité de l'existence humaine, comme un bouddhiste Zen.

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Dans le Zen, l'absurde n'est pas une impasse mais un chemin vers l'éveil. Paradoxes et koans, énigmes spirituelles insolubles par la raison seule, sont utilisés pour court-circuiter la pensée logique. Elles invitent à un saut dans l'intuition directe de la réalité ultime.

L'objectif : libérer l'esprit des limitations imposées par les catégories habituelles de pensée, ouvrir la porte à une compréhension profonde et non-conceptuelle de l'existence. Le rire qui peut suivre la réalisation de l'absurdité d'une situation est souvent vu comme un signe de l'atteinte de cette compréhension. Eugène Ionesco, comme le bouddhisme Zen défini par Yukio Mishima, ne croit pas aux mots.

Une édition portée par sa fille Marie-France Ionesco, et la spécialiste du théâtre français du XXe siècle Marie-Claude Hubert, enrichie d'archives personnelles, de manuscrits disponibles à la Bibliothèque nationale de France, et de représentations théâtrales et œuvres artistiques de l'auteur.