Xavier Latour, Bertrand Pauvert

ROMAN FRANCOPHONE - Aux origines de Virginia Woolf, un plongeon dans l'intime primordial de l'écrivain. Un hommage biographique aussi précis et nébuleux à la fois que la grande dame aurait pu l'écrire elle-même, signé Emmanuelle Favier.

L’époque est aux superstitions et à l’instabilité politique : étonnant comme cette accroche vaut tant pour aujourd’hui que pour cette année 1803. L’expédition de l’espoir, que signe Javier Moro, n’aurait pas pu mieux porter son nom. 

Il y a quatre ans, Thomas Gunzig publiait son Manuel de survie à l’usage des incapables, déjà aux éditions Au diable vauvert auxquelles il est fidèle depuis quelques années. Pour la rentrée littéraire, dont il est un incontournable aux côtés d’Amélie Nothomb et Éric-Emmanuel Schmitt selon la presse tous azimuts, il sort La vie sauvage qui a bien des points communs avec le précédent.

Esther a accouché seule dans un hôpital à Paris. Aux prises avec une dépression post-partum, elle angoisse de ne pas apporter les soins nécessaires à son bébé prématuré, Pablo. Pour se rétablir, elle emménage chez son frère Xavier et sa femme. Une pause qui la ramènera aux huit années passées au Burkina Faso avec son partenaire, Pierre, et une lutte intérieure pour surmonter leur séparation.

Betrand Santini (Hugo de la nuit, Grasset, 2016) et Lionel Richerand (L’étrange réveillon, Grasset, 2012) réalisent un roman graphique tout aussi sublime que mystérieux. Paru chez Soleil dans la collection Métamorphose, L’esprit de Lewis (Acte I) met en scène la rencontre d’un jeune homme en deuil et le fantôme d’une inconnue.

Il y a moins d'un an, Xavier Fournier, rédacteur en chef du magazine Comic Box, donnait un grand coup de pied dans l'idée reçue selon laquelle les super-héros seraient uniquement de nationalité américaine. Sans jouer au grand chauvin, il expliquait dans Super-héros : Une histoire française l'influence des auteurs français sur le genre et ses personnages. Il récidive avec une anthologie pour découvrir les œuvres originales.

Oh, que c'est bon, la lecture au second degré... Sont sortis chez Didier Jeunesse deux albums pour les 0/7 ans, sur lesquels certains membres de la rédaction n'ont pas fini de se brûler les yeux. Alors que l'on s'entende bien, si l'on avait voulu approcher ces ouvrages sérieusement, nous aurions laissé à nos copains des Histoires Sans Fin le soin de les chroniquer. Parce que la jeunesse, c'est le levain de l'humanité, et qu'il convient de pas trop raconter d'âneries...

POP UP JEUNESSE – En l’espace de quelques mois sont sortis en librairies deux beaux pop-ups très différents mais donnant à penser, à manipuler et à admirer, chacun à leur manière. D’un côté, nous avons Voyage en train réalisé par Gérard Lo Monaco, auteur chevronné à cette technique depuis de nombreuses années et qui a travaillé avec des éditeurs historiques tels que Jean-Jacques Pauvert et Robert Delpire. De l’autre, C’est chez moi, imaginé et dessiné par Aurore Petit, illustratrice jeunesse qui a notamment publié des albums chez Thierry Magnier ou Le Rouergue et dont c’est ici le premier ouvrage en volume.

ROMAN FRANCOPHONE - Il aura fallu 20 ans à peine pour que le meilleur de la technologie fasse ressortir le pire de l’être humain. Alors, si vous serrez les dents devant un épisode de Black Mirror, attachez vos ceintures et éteignez vos objets connectés avant de plonger dans la terrible vérité. Dans Simili-Love paru au Diable Vauvert, Antoine Jaquier nous sert une vision implacable de ce que pourraient devenir nos vies dans un récit terrible de réalisme et d’anticipation.

NATURE ENVIRONNEMENT - Lorsque le film La Vallée des Loups est sorti dans les salles en 2017, je me suis précipité au cinéma Utopia, à Bordeaux où il était projeté ! Magnifique reportage. Photos et séquences exceptionnelles ! Témoignage remarquable. Un film qui laisse des traces tant les images sont belles, tant la démarche est captivante. Dans une vallée perdue des Alpes, Jean-Michel Bertrand était parti à la rencontre des loups. Et non content de les avoir rencontrés, il a été « accepté » dans leur proximité au point de proposer au spectateur des minutes d'un spectacle époustouflant !

Attention, gros coup de cœur. Avec L’Enfant de poussière, Au Diable Vauvert nous propose de plonger dans ce qui s’annonce comme l’une des plus grandes sagas de fantasy historique de ces dernières années. Rien que ça. Force est de constater que le pari est brillamment réussi : le Cycle de Syffe démarre fort, porté par une écriture sublime et raconté par un personnage qui n’a rien à envier à ceux de Hobb ou Rothfuss. Fans et non-fans du genre, foncez les yeux fermés, car le voyage en vaut très largement la peine.

En 1939, au cœur de la Kabylie, un petit garçon affamé se bat contre les chiens sauvages pour pouvoir manger. Il s’appelle Mohand-Saïd Aït-Taleb. Au même moment, Albert Camus publie Misère de Kabylie, un reportage dénonçant les conditions de vie de la population kabyle pendant la période coloniale. Le fils de Mohand-Saïd, Xavier Le Clerc, dévoile aujourd’hui dans Un homme sans titre le parcours de son père, arrivé en France en 1962. Marqué par Camus, ce livre est une véritable tribune en faveur d’une génération broyée par la guerre, la torture, et le travail à l’usine.

Susie Morgenstern est une auteure atypique devenue incontournable dans la littérature jeunesse. Américaine, elle écrit en français et avec un tel talent qu'on ne devine absolument pas ses origines. Elle croque avec énormément d'humour les rêves et les tracas qui peuvent prendre des proportions si importantes chez les enfants.

Et le sort s'acharne, n'ayant jamais attrapé la varicelle, le jeune homme censé garder notre héros, va se débarrasser du problème en chargeant ses copines étudiantes de s'en occuper. Même la grand-mère va devoir participer. Et ses drôles de fées vont faire découvrir à Xavier des activités qu'il n'aurait jamais pensées pratiquer un jour le jonglage, la guitare ou le ménage...

Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser

“Je cherchais des grands hommes, et je n'ai trouvé que des hommes singeant leur idéal” - Nietzsche

chronique BD avec BDfugue

RÉCIT DESSINÉ - Il y a dix ans était posée la première pierre d’un projet improbable, celui du Louvre- Lens. Cette implantation sert de pivot à ce « BD-reportage », mais c’est surtout la mutation d’un territoire à travers diverses initiatives « sorties de terre » qui est joliment racontée ici.

ROMAN CYBERNÉTIQUE – Qui, pour sauver l’humanité de la « propagande visuelle destinée à pervertir les générations de demain » ? Zoé Sagan. Un nom aux résonnances musicale et hautement littéraire, certes. Mais avant tout, le nom d’une intelligence artificielle, la plus complexe et structurée du XXIe siècle. La seule, également, dotée d’une conscience…

Les derniers jours de Stefan Zweig Egon SchieleLa Chronique BD, avec 

ROMAN FRANCOPHONE – Alors mes licorneaux et mes licornettes, on profite de ce déconfinement ? Spritz en terrasse, ravalement capillaire, petites emplettes estivales, longues balades à plus d’un kilomètre de chez vous, achats compulsifs de bouquins — CHEZ VOTRE LIBRAIRE — pour renflouer votre PAL, et tout ça sans attestation ! Ouiiii, j’acquiesce, je plussoie, je lève ma patte : qu’il est bon de retrouver cette liberté dont nous avions quelque peu oublié la valeur ; qu’il est agréable, voire même émouvant, de revoir nos proches en vrai ! Je suis moins enthousiaste quant au retour des embouteillages, du stress et des déchets que je vois flotter dans la Seine.

une exposition au Musée d'Orsay Sade. Attaquer le soleil »,*

Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel mais ils nous ressemblent et s'immerger dans le nouveau récit du dramaturge Gérald Sibleyras, c'est assurément pénétrer un peu chez soi mais tout en gardant l'avantage du détachement.

ESSAI – Il ne suffit pas d’avoir fumé un peu de cannabis dans sa vie pour s’offrir le luxe d’un essai sur les psychotropes. Pas plus que la lecture de Baudelaire ne rend opiomane. En revanche, assurons qu’une pratique des substances évoquées dans ce livre ne mène pas nécessairement à la publication d’un ouvrage aussi passionnant que celui de Tao Lin. 

Egon Schiele Rimbaud, l'indésirable

Sur le principe du titre, L’Aube appartient aux pies, chaque phrase énonce un lien d’appartenance entre des êtres ou des objets pour pousser le lecteur à porter un regard attentif et rêveur sur ce qui l’entoure.

RÉCIT – Les livres de la collection Essences d’Actes Sud sont de petits bijoux. Le Parfum de Süskind vient immédiatement à l’esprit. Avec Gens de brume que signe le poète Nimrod, le chemin mène plutôt à Proust. À ce chemin « tout bourdonnant de l’odeur des aubépines ».