Roman cruel : Belle Epoque
Paris à la veille de l'Exposition Universelle. Une nouvelle de , Les repoussoirs, raconte comment un homme fit fortune en louant des femmes laides aux dames de la haute société. Leur rôle : magnifier par le contraste la beauté de celles qui les ont embauchées lors de sorties mondaines.
Elisabeth Ross donne corps à ces femmes dans un roman historique à la forme sans prétention, mais au contenu très original : Belle Epoque. Comment se sent-on lorsqu'on est un « repoussoir » et que notre estime personnelle est mise à mal pour mieux être vendue ? Comment vit-on lorsque, dormant la nuit dans les bas-fonds miséreux de Paris, on est amené de jour à jouer une comédie au sein des plus hautes sphères de la société?
Maude Pichon, la jeune héroïne du roman n'est pas « belle », contrairement à bien des figures féminines portées aux nues dans les récits pour adolescents. La jeune « repoussoir » n'est pas sans faiblesses morales et ses blessures, ses doutes ne la rendent que plus crédible. Sa quête d'indépendance et d'acceptation de soi désamorce tout sentiment de pitié au profit d'une réelle empathie. À travers Belle Epoque, l'auteure pose ainsi des questions fondamentales à l'adolescence sur la condition féminine, les inégalités sociales et plus largement sur le rapport au corps et à l'amour.
Cerise sur le gâteau, les éditions Robert Laffont ont choisi de publier la fameuse nouvelle de Zola à la suite de l'histoire d'Élisabeth Ross, bâtissant un pont agréable à traverser par les lecteurs « young adult » vers l'époque et la littérature française du 19e siècle.
28/03/2014 - 09:33