Imaginez venir d'une planète très lointaine où tout n'est que raison et mathématiques. Imaginez prendre la place d'un éminent professeur, égoïste et pédant, qui vient de résoudre une équation majeure pour l'humanité. Imaginez votre rencontre avec sa femme, historienne frustrée, et son fils, ado introverti. Imaginez faire partie de cette « humanité » qui vous dégoûte au plus au point et qui vous échappe par ses us et coutumes barbares. Vous êtes désormais dans la peau de cet extra-terrestre missionné pour tuer ceux qui savent. Arrivera-t-il au bout de sa mission ?
De déconvenues en découvertes, le voilà qui s'humanise peu à peu. La vie sur Terre est une expérience traumatisante et déconcertante, mais aussi enrichissante et réserve quelques bonnes surprises : le beurre de cacahouètes, la fidélité canine, le vin, l'humour, la bienveillance et le partage.
de Matt Haig, est un récit à la première personne. Ce roman donne à penser, à observer, à réfléchir. L'introspection du narrateur nous pousse à nous regarder le nombril, et ce n'est pas toujours joli à voir !
C'est à la fois incisif et sans appel, hilarant et émouvant. Plus philosophique que mathématique, le faux Andrew Martin fait siens les concepts d'amour et de famille : l'humanité dans ce qu'elle a de plus pur et de beau. Sans oublier les Arts : la musique et la poésie d'Emily Dickinson entre autres. La critique de l'utilisation du progrès technique illustré par les mots d'Einstein « le progrès technique de l'Homme, c'est une hache dans les mains d'un psychopathe » tombe comme un couperet grandement justifié. Mention spéciale au mémo qu'il écrit à son fils adoptif : sorte de bible en 97 points pour un futur à vivre empli de bon sens, de conseils judicieux, d'honnêteté, de poésie et de recul. Le comique de situation et le flegme britannique ne doivent pas être simples à traduire malgré la qualité de la traduction.
Un coup de cœur pour ce roman juste, fort, nécessaire à mettre dans toutes les mains humaines.