Louise, dix ans et demi, est EHS : électrohypersensible. C'est-à-dire allergique à tout ce qui fait notre monde moderne. Les ondes lui provoquent de graves saignements et crises de douleur. Ses parents achètent donc un vieux château, abandonné au fin fond de la France depuis des décennies – et pour cause : dans un rayon de plusieurs kilomètres, impossible de capter le moindre réseau téléphonique.
Louise devrait enfin pouvoir y vivre normalement. Mais c'était sans compter le passé mystérieux du domaine : est-il vraiment maudit, comme le murmurent les gens du village, ou est-ce l'isolement qui fait sombrer ses occupants dans la démence ?
Chaque soir, Louise entre dans une sorte de transe : le stylo à la main, elle raconte l'histoire de Shanoé, une jeune sorcière pourchassée dans ce château, quelques siècles plus tôt, par la folie meurtrière des paysans. Plus l'esprit de la disparue emporte Louise dans son récit, plus les fantômes des lieux viennent la hanter…
Si Flaubert ou Maupassant avaient vécu à l'ère d'Internet, ils auraient sans doute raconté l'histoire de . Voilà un roman qui s'inscrit dans la grande tradition du fantastique, mise au goût du jour par . Tout y est réuni pour nous angoisser à souhait : les sous-sols glacés du château, un voisin que seule Louise semble voir, une tempête meurtrière et, surtout, le sombre récit de Shanoé.
Car la profondeur du roman se trouve là, au cœur de cette relation étrange entre une jeune fille morte et sa « biographe » vivante. Elles n'ont rien en commun, sinon l'expérience du rejet et de la solitude. Shanoé, parce qu'elle était étrangère et sorcière ; Louise, parce que ce monde envahi de technologies la rend malade. Et comme dans tout bon roman fantastique, vous vous poserez la question jusqu'au bout : la morte force-t-elle Louise à écrire pour trouver l'apaisement… ou n'est-ce finalement que le dédoublement hallucinatoire d'un esprit malade ?