La Chute de la Maison Limon (1916) reste, en raccourci, et grâce au talent de son auteur, Ramon Pérez de Ayala, un véritable inventaire de ce qu'on a appelé " l'Espagne noire " : caciquisme archaïque, clientélisme politique, grandes femmes bréhaignes en habit noir, frère incestueux en esprit mais, en acte, sadique assassin, violence et passion se disputant le territoire étriqué d'une province espagnole où agonise la bannière qu'un Hemingway qualifia de " sang, pus et permanganate ", avec, en apothéose, l'ultime séquence du garrot et des hyènes hurlantes qui annonce, déjà, le tomber de rideau camusien de L'Étranger. Baignant dans l'irréalité et une société fossile, ce court récit nous en apprend bien plus, dans sa concision et l'efficacité de sa charge, qu'une vaste histoire de cette Espagne, promise, vingt ans après, à de sanglants affrontements.
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