#Roman étranger

Chroniques de la révolution égyptienne

Alaa El Aswany

Les cinquante chroniques réunies dans ce livre sont des instantanés de la réalité, elles s'emparent d'une anecdote ou d'un fait divers, développent une argumentation et finissent toujours par conclure : "La démocratie est la solution". Elles constituent un document exceptionnel sur l'état de l'Egypte d'avant la révolution, et sur les tensions, contradictions et difficultés qui subsistent aujourd'hui encore, plusieurs mois après les événements. Rigoureux dans ses analyses, pédagogue dans ses prises de position et opiniâtre dans son combat pour une vraie démocratie à construire, le plus célèbre des écrivains égyptiens contemporains fustige tour à tour un régime corrompu, le délitement de la justice, l'indigence des structures hospitalières, la torture et les exactions de la sécurité d'Etat, les manoeuvres visant à une transmission héréditaire du pouvoir, l'inégalité des droits octroyés aux femmes, la haine des différences religieuses, les fausses interprétations de l'islam et, en ce moment même, la persistante présence des hommes de l'ancien régime dans bien des rouages de l'Etat. Comme le rappelle dans sa préface Gilles Gauthier, son traducteur, si les grands romans d'Alaa El Aswany amenaient à comprendre la nécessité d'une révolution pour l'Egypte, ces chroniques montrent toute l'étendue des risques qu'il a pris et continue de prendre, désignant entre dictature et dérives doctrinales une voie juste et exigeante, à laquelle il se consacre avec une inébranlable détermination.

Par Alaa El Aswany
Chez Actes Sud Editions

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Genre

Littérature étrangère

PRÉFACE

 

“La Démocratie est la solution”

 

 

 

C’est par cette phrase que Alaa El Aswany termine chacun des articles regroupés dans ce recueil, à l’exception des plus anciens, rédigés avant qu’il n’ait adopté ce cri de guerre en réaction à “l’islam est la solution” qui servait jusqu’ici à la fois de slogan à l’opposition religieuse et de facile épouvantail à la dictature.

Car c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, menée sur deux fronts qui, pour l’écrivain, se confondent : celui d’un régime en place depuis trente ans qui tente de se perpétuer par la transmission héréditaire du pouvoir du président Moubarak à son fils Gamal, et celui des partisans d’une lecture extrémiste de l’islam, grassement soudoyés par l’argent du pétrole, et finalement solidaires de la dictature.

Alaa El Aswani est un écrivain que nous connaissons bien, maintenant, en France, à travers ses trois livres publiés par Actes Sud : L’Immeuble Yacoubian, Chicago et J’aurais voulu être égyptien qui, à travers des personnages aussi attachants que s’ils étaient réels, peignent un tableau chaleureux, émouvant, contrasté d’une société égyptienne au bord du gouffre. On y trouve tous les ingrédients qui doivent mener à une catastrophe finale : l’injustice, la corruption, la fraude électorale, la répression policière, la torture, l’extrémisme islamiste, l’exil et, en arrière-fond, lointain, omniprésent, le Grand-Homme. Pour la plupart, cette situation apparaissait désespérante et sans issue. C’était aussi l’avis de nombreux observateurs de la réalité égyptienne.

Mais, Alaa El Aswany n’est pas seulement un écrivain, c’est aussi un militant politique. Bien que ce soit dans cette même réalité que trouvent leur source son écriture romanesque et son engagement politique, il refuse que l’on confonde les deux registres. Aucun personnage de ses romans ne parle pour lui. C’est à travers son adhésion aux mouvements d’opposition, sa participation aux manifestations, ses conférences, ses débats télévisés, son séminaire du mercredi soir, ses interviews, et surtout ses tribunes régulières dans la presse, qu’il s’exprime et qu’il participe activement, courageusement, au combat pour la démocratie.

Cent quatre-vingt-trois articles parus dans la presse égyptienne (pour l’essentiel dans les quotidiens Shorouk et El Masri El Yom) au cours des trois dernières années qui ont précédé la révolution ont été regroupés en trois volumes diffusés en langue arabe, en 2010 et 2011, par la maison d’édition Dar el Shorouk. On y retrouve la prose claire, précise, pleine d’humour et de tendresse à laquelle l’écrivain nous avait habitués dans ses romans et dans ses nouvelles. Mais s’ajoute ici le fil tranchant d’une lame. Cet homme si jovial, si compréhensif, si plein d’empathie avec les autres, se montre inflexible, inexorable dès qu’il s’en prend aux forces qui oppriment son pays. Même s’il y martèle chaque fois les mêmes vérités, la lecture de ces textes n’est jamais ennuyeuse, car c’est de la terre d’Égypte, de la vie et dans l’histoire de son peuple qu’il les fait jaillir. Presque toujours, cela commence par une anecdote, par un conte, par le récit d’un rêve, par une rencontre et, ce que l’on a sous les yeux, ce n’est pas de la phraséologie politique, mais une vision panoramique d’un pays au bord de l’explosion.

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trad. Gilles Gauthier
09/11/2011 352 pages 23,40 €
Scannez le code barre 9782330001377
9782330001377
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