À la base de l'idée, l'association The Reader. Le but ? Créer un lien avec des patients pour qui la démence a pu faire perdre les repères spatio-temporels. Et ce, à travers de la poésie, lue à voix haute.
Katie Clark, qui est en charge des groupes de lecture, raconte son expérience : « Il y avait une femme appelée Flo, très agressive. Elle avait l'habitude d'être recroquevillée dans le salon, tendue et nerveuse, prête à invectiver le prochain qui passerait. Le staff m'a dit de garder mes distances, ou elle essaierait de me frapper ».
Katie s'assoit à distance, lui lit un poème. « Elle s'est tue, s'est calmée et à la fin m'a dit, directement : lis en un autre ».
Lire à haute voix à des personnes handicapées est un bon exercice pour la mémoire et la concentration. Et selon Katie, la poésie est plus efficace que la prose. The Reader a d'ailleurs créé un recueil des poésies les plus appréciées durant leurs séances, accompagnées d'anecdotes comme l'histoire de Flo. A Little, Aloud (Un Peu, A Voix Haute), de Blake Morrison, une des têtes de l'association The Reader, éditions Chatto & Windus.
Quant aux poèmes lus, Katie évite les incontournables, qui peuvent être facilement reconnus. Elle suggère The Stone Beach (la Plage de Pierre) de Simon Armitage. Son rêve ? Que la poésie soit utilisée en dehors des groupes, en face à face.
« C'est très dur quand un membre d'une famille devient handicapé mental. Il ne sait plus de qui vous parlez, ni quel jour on est. Vous voulez aller le voir, passer un bon moment, mais de quoi parler ? Le livre est une incroyable occasion de partager quelque chose ensemble. »