Recherche

Ernst Kantorowicz

Dossiers

Extraits

ActuaLitté

Sciences historiques

Ernst Kantorowicz, une vie d’historien

Ernst Kantorowicz (1895-1963) est considéré à la fois comme un spécialiste d'histoire de l'art, de théologie médiévale et de droit canonique, de philologie et de droit patristique, de littérature et de philosophie médiévales. Peut-être le doit-il d'abord à sa nature artiste. Sa biographie de Frédéric II de Prusse parue en 1927 est devenue un best-seller et Les Deux Corps du roi (publié en 1957), une expression de la science politique et du langage courant. Sa vie elle-même traverse les tragédies du siècle. Né dans une famille juive industrielle de Poznán, il débute en ardent nationaliste, engagé volontaire au service du Kaiser, blessé à Verdun, volontaire encore pour la lutte contre les spartakistes. C'est à ce titre qu'après la Première Guerre il est étroitement lié au Cercle de Stefan George — considéré alors comme le plus grand poète vivant — qui avait constitué autour de lui une sorte de secte fanatique d'antimodernisme et d'antirationalisme dévouée au culte du héros et à la recherche d'une Allemagne secrète et souterraine. Nationaliste conservateur, Kantorowicz s'engage pourtant dans la lutte antihitlérienne dès 1933, ce qui le conduit à refuser de prêter serment au régime nazi et donc à devoir démissionner de son poste universitaire en 1934. Il échappe de peu à la Nuit de cristal en 1938 et réussit à fuir, par l'Angleterre, aux Etats-Unis où il trouve un poste à Berkeley. Il s'y attache, fait école jusqu'à ce que le maccarthysme fasse de lui un des défenseurs de l'indépendance universitaire (à l'allemande), un des premiers intellectuels à refuser le serment de loyauté. Déchu de nouveau de son poste universitaire, il est accueilli à Princeton au sein de l'Institute for Advanced Study. Mais c'est sa personnalité qui rend Kantorowicz fascinant : cet érudit avait l'élégance d'un dandy, un charme personnel qui lui valait toutes les conquêtes, féminines et masculines. Il s'est lancé dans des liaisons brillantes avec l'aristocratie allemande et fut tout proche, sa vie durant, du grand historien d'art d'Oxford Maurice Bowra, autour de qui se pressait une cour d'esprits brillants.

04/2019

ActuaLitté

Histoire de France

Laudes Regiae. Une étude des acclamations liturgiques et du culte du souverain au Moyen Age

Que le lecteur ne s'effraie pas. Avec son titre en latin médiéval et son érudition hard, ce livre a la vigueur d'un script cinématographique se saisissant de quelque célébration exotique. Mais il s'agit de l'Occident, de ses rituels les plus anciens, d'un équivalent de la transe : l'acclamation de l'Emblème vivant, ou, selon le terme juridique anglais, du Ruler, en français le Souverain. Après les régimes totalitaires du XX° siècle (évoqués en fin d'ouvrage), la communication commerciale et politique s'est emparée aujourd'hui de la question liturgique. Alors se dévoile une part de nous-mêmes, Occidentaux, rationnels en surface, aussi dociles aux mises en scène que les autres peuples de la planète. Cet écrit majeur achève de présenter en France les travaux de Kantorowicz. Transition entre le Frédéric II et les Deux Corps du Roi, il témoigne d'une œuvre en train de se faire. Notes de recherche et d'enseignement plutôt qu'essai général. Le résultat est à la fois outil de travail et recueil de réflexions, ouvrant sur la métamorphose des formes cérémonielles dans la culture. Pierre Legendre

11/2004

ActuaLitté

Histoire de France

Les Deux corps du roi. Essai sur la théologie politique au Moyen Age

Ernst Kantorowicz a toujours été passionné par le problème de l'Etat qui s'incarnait dans le Frédéric II de sa jeunesse, surhomme nietzschéen insufflant au Reich médiéval la majesté et les prétentions universelles de la Rome impériale qu'il opposait aux prétentions également universelles du pape. Mais l'universitaire déraciné, victime tout à tour du nazisme et du maccarthysme, ne pouvait plus, au soir de sa vie, se satisfaire d'une image ambivalente dont il savait trop bien à quel point elle avait fasciné les nazis. Dans ce livre étrange et profondément original, il scrute donc le " mystère de l'Etat ", concentré dans la métaphore des deux corps du roi : le mystère de l'émergence, dans le cadre des monarchies de l'Occident chrétien, entre Xè et XVIIè siècle, au travers et au-delà de la personne physique du Prince, de cette personne politique indépendante de lui bien qu'incarnée en lui, et destinée à vivre un jour de sa vie propre sous le nom d'Etat. C'est l'alchimie théologico-politique qui a présidé à cette opération capitale que reconstitue l'ouvrage. La transmutation de la figure royale a pour point de départ le modèle des deux natures du Christ. Elle a pour moteur la rivalité mimétique à la faveur de laquelle le pouvoir séculier s'affirme en face de l'Eglise en s'emparant de ses attributs de corps mystique. Son accomplissement passe enfin par l'installation dans une perspective de perpétuité temporelle qui achève de conférer au corps politique invisible constitué par le Roi et la communauté de ses sujets passés, présents et à venir une réalité légitime supérieure au corps de chair du même monarque. La savoir le plus spécialisé est au service ici de l'exhumation d'un des pans les plus secrets et les plus décisifs du " miracle européen ".

03/1989

ActuaLitté

Droit

Mourir pour la patrie. Et autres textes

Pourquoi le pouvoir peut-il exiger la mort ? Qu'est devenue cette interrogation fameuse, plaie ouverte dans l'humanité par le politique ? Dans le marais des vulgarités gestionnaires où nous pataugeons, nous l'étouffons. Car il n'y a pas de réponse, si ce n'est les raisons artificielles et les montages classiques du juridisme. Voilà pourquoi, dans la France d'aujourd'hui, ces textes d'Ernst Kantorowicz prennent leur force. Pour manœuvrer l'effrayante question du pouvoir, il faut des écrivains qui ne soient pas tout d'une pièce, mais capables d'entrevoir pourquoi, à travers les équivoques juridiques, le pouvoir se donne pour divin. En ces études d'histoire des droits savants au Moyen Age pullulent les analyses sur la structure européenne : généalogie du superman, théologie du fisc, etc. Mais le fil des gloses est tenu par l'interrogation finale sur le pouvoir du pouvoir, qui consiste à signifier la mort. Là-dessus, Kantorowicz restera un interprète poignant. Lui, le Juif chassé d'Allemagne, dut supporter d'apprendre qu'Hitler admirait son livre sur Frédéric II. Lui, l'exilé, démissionna de Berkeley en plein mac-carthysme. Un intellectuel qui ne déclamait pas, tel fut Kantorowicz. Retenons aussi cette leçon.

06/1984

ActuaLitté

Sciences historiques

Kantorowicz. Histoires d'un historien

On trouvera ici un jeu biographique très libre sur Ernst Kantorowicz (1895-1963), auteur du fameux livre Les Deux Corps du roi. Son parcours avait de quoi intriguer : de la Posnanie à Princeton, en passant par l'Allemagne de Weimar, ce médiéviste autodidacte, essayiste devenu érudit, fut un réactionnaire volontaire dans les corps francs, mais se mêla plus tard aux libéraux et marxistes américains dans la résistance au maccarthysme. En outre cet homme, sans doute plus hautain que discret, effaçait ses traces et ne s'était guère expliqué sur cet itinéraire. L'auteur propose alors des vies parallèles, pour faire entrer le possible aux côtés du réel, miner le privilège de l'individu par une prolifération de personnages, empruntés à des contextes ou des occurrences historiques ou fictionnelles. En rapprochant Kantorowicz de Toller, von Salomon, Scholem, etc. , on tente d'extraire l'individu de sa bulle artificielle, sans pour autant le jeter dans la multitude. Il s'agissait alors de retrouver un schéma existentiel dominant, au fil des textes, en recherchant moins le secret ou le caché que l'implicite, les plis d'une vie. En effet, la formule existentielle majeure, dans cette oeuvre, semblait être celle de l'appartenance : il importait à Kantorowicz d'appartenir à une totalité souveraine, l'Allemagne, ou l'Empire, ou l'Université. Ce désir d'appartenance, qui traduit une tension entre l'être-dans et l'être-dehors, est à la racine de la métaphore corporelle dans l'oeuvre de Kantorowicz. Cette thématique de l'appartenance construite peut contribuer à faire pièce à la désastreuse notion d' "identité" .

01/2018

ActuaLitté

Critique littéraire

Histoire d'un historien kantorowicz

«Ernst Kantorowicz, mourant en 1963, s'est aussitôt transformé en un monument. Son testament imposait la destruction de tous ses papiers personnels : son extrême goût du secret n'avait laissé filtrer que peu de chose sur sa vie. Mais il avait achevé, quelques années avant sa mort, un cénotaphe superbe, Les deux corps du roi, qui se confond désormais avec son auteur. La biographie tend à ériger une vie en destin : tout l'homme Kantorowicz se ramènera alors aux conditions du Juif, de l'Allemand, de l'intellectuel. Le propre du monument n'est-il pas d'imposer les conditions de sa visite ? Abandonnons les questions monumentales pour le récit, pour les récits qui s'entrecroisent autour de Kantorowicz. Entrons dans les histoires de l'historien.»Alain Boureau.

10/1990

Tous les articles

ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté
ActuaLitté