J'ai pas pleuré
La " petite Ida " avait quatorze ans quand elle a été arrêtée, en janvier 44, au fond du Poitou où l'avaient cachée ses parents juifs polonais. Deux hivers à Auschwitz, orpheline et malade au retour bien sûr, il lui est arrivé de craquer. Mais devant les gendarmes, les kapos, la faim, la mort : " J'ai pas pleuré ! " dit-elle fièrement, à la façon de l'enfant qu'elle est restée. Ce furent ses " chances " : une fragilité touchante, à la ferme, à l'école, au camp, où une infirmière polonaise lui sauvera la vie ; mais aussi un orgueil de lame, et toute la fraternité du monde, réinventée entre déportées. Ce que la pudeur l'empêchait de dire, il fallait bien qu'un ami s'en charge.
04/2002