Mamadou Habib Thiam, Omar Ndoye, Pierre-Georges Despierre

A l'heure de la prière, dans ce campement de Touaregs installé à faible distance de Tombouctou, chacun s'inquiète de l'absence d'Ibrahim parti à la Ville des333 Saints en début de journée et qui devrait être rentré depuis longtemps.

Malgré les encouragements de patience prodigués par leur père, Rhissa, le frère d'Ibrahim, ne tient plus en place, inquiet, et décide de partir à sa rencontre.

Après avoir rapidement équipé son dromadaire, Rhissa prend la direction de Tombouctou.

En confirmation de ses appréhensions, il finit par découvrir, au pied d'un arbre en bordure du chemin, le dromadaire d'Ibrahim attendant auprès du corps inanimé de son maître. En pleurs et totalement retourné, Rhissa installe le corps de son petit frère sur le dos du dromadaire de celui-ci et poursuit, à la manière d'un somnambule, son chemin jusqu'au poste de police de Tombouctou où il est reçu par le Commissaire Touré.

Le même soir, des coups de feu sont tirés vers la fenêtre de la chambre d'hôtel où loge un touriste français.

Préoccupé par les liens possibles de ces deux évènements avec les rumeurs d'approches terroristes autour de la ville, le Commissaire Touré informe sa hiérarchie qui décide de dépêcher sur les lieux le Commissaire Habib, patron de la Brigade Criminelle de Bamako. Un fin limier dont l'expérience ne peut que s'avérer d'une grande utilité dans une affaire aux rebondissements potentiellement internationaux.

Je n'avais jamais eu l'occasion de lire un roman policier de  et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert l'enquête de son héros, le Commissaire Habib (dont la consultation de la biographie de l'auteur montre que ce n'est pas la première apparition dans ses œuvres).

Au-delà d'une intrigue soigneusement ficelée et bien menée - bien qu'assortie des deux ou trois passages manquant un peu de crédibilité - c'est le contexte très particulier de cette enquête qui a surtout retenu toute mon attention et dont j'ai largement apprécié le cadre.

Faire évoluer un enquêteur qui fait fonctionner ses petites cellules grises - à la manière d'un Poirot africain - sans se laisser détourner de sa voie par des faux semblants ou, plus encore, par des pressions diverses dont on n'a aucun mal à fort bien imaginer le réalisme potentiel, est assez jubilatoire.

Quant au milieu dans lequel évolue l'enquêteur, il est source de dépaysement total, faisant découvrir, au détour des interrogatoires des divers protagonistes, une culture bien différente de celles auxquelles nous ont habitué les spécialistes du genre.

C'est une société, certes en mutation accélérée mais encore profondément ancrée dans ses traditions, qu'il nous est ainsi donné à découvrir avec ses codes, ses valeurs, ses coutumes et ses règles morales, religieuses ou d'honneur qui ne peuvent qu'intriguer et rendre curieux d'un mode de vie tellement éloigné des schémas occidentaux. Et il n'y a clairement aucun jugement de valeur de ma part dans ce propos !

C'est une plongée, un vrai voyage, dans un monde autre dont les travers et les conventions, sont si éloignés de nos quotidiens qu'ils peuvent sembler irréels ou au moins empreints d'une certaine désuétude tout en nous laissant complètement rêveurs.

Bref, une immersion totale dans la culture des peuples du désert - lieu mythique s'il en est - que l'histoire criminelle ne fait qu'agrémenter.

Voici un conte populaire sénégalais, accessible dès trois ans et raconté par l'écrivain lui-même, , acteur, professeur d'éducation artistique, passionné de littérature orale, aujourd'hui décédé.

Avec sa voix chaleureuse, aux sonorités appuyées et aux intonations drôles et musicales, ce grand conteur livre un texte sympathique et original, dépaysant et renversant, farfelu et loufoque. Sans artifice, enregistré en public (on perçoit de temps à autre, des rires d'enfants), le texte est livré avec naturel et bonne humeur et rend compte d'une atmosphère joyeuse et spontanée.

Diabou Ndao est une petite fille gourmande et malicieuse qui adorent les gnioules, des petites noix de palmiers très répandues en Afrique. Elle passe ainsi de longs moments à casser la coque des noix pour savourer la petite amande qui se trouve à l'intérieur.

Une nuit, alors qu'elle est occupée à casser se gnioules surgit un lion féroce. Mais loin de s'affoler, la petite fille intrépide continue son activité, sans peur, malgré les rugissements de l'animal sauvage qui effraient le village tout entier. Insensible à la fillette, le lion l'avale en une bouchée seulement. Mais l'histoire n'est pas terminée et la fillette, bien plus espiègle et beaucoup moins timorée que le petit chaperon rouge, renverse la situation de façon complètement inattendue, hilarante et délirante, pour les enfants comme pour les parents lecteurs.

Un texte simple, destiné à l'oralité, rythmé et vibrant, marqué par la répétition et l'humour, de courtes phrases et des dialogues.

Les dessins de Vanessa Hié qui accompagnent le livre sont réalisés à partir de découpages et d'empreintes avec des teintes qui évoquent l'Afrique (le marron notamment et l'ocre). Très simples, sans beaucoup de détails, ils rendent compte pourtant d'une ambiance particulière, se dotent d'une belle lumière bleutée pour accompagner les scènes nocturnes et soulignet la gaieté et la vivacité de la fillette par la  vive et éclatante couleur rose de la robe qu'elle porte à chaque page et sur laquelle le lecteur se focalise.

Un livre où l'on s'amuse, où l'on découvre les paysages de l'Afrique et ses particularités de faune et de flore mais auprès duquel il n'est pas forcément nécessaire de chercher un quelconque message. Il invite à rire d'abord, à se laisser aller dans cette aventure complètement extravagante et folle, sans retenue et avec grand bonheur.

Les deux grands comiques que sont devenus, en l’espace de quelques années, Omar et Fred ont de bien bonnes idées en ce moment. En plus de créer sans cesse des personnages hauts en couleur, ils s’attaquent désormais aux contes pour enfants.

C’est ainsi que le lundi 8 février prochain, vous aurez la joie, ou le désespoir, de pouvoir regarder le téléfilm intitulé Le Pas Petit Poucet, très libre adaptation du conte au titre assez proche signé d’un certain Charles Perrault.

Vous connaissez sans doute déjà bien les deux personnages qui sévissent chaque soir dans le S.A.V. des émissions sur Canal+, vous pourrez donc les retrouver cette fois en prime time. Ce sera à voir, ou pas, à partir de 20H45.

Voici l’histoire : Papa Bûcheron (Fred) et Maman Légère (Julie Ferrier) tenteront de se débarrasser de leurs sept enfants, dont un certain Pas petit Poucet. Omar, de son côté, incarnera le Grand Poucet. Le tout est réalisé par Christophe Campos.

Chanteur tout autant que poète, poète tout autant que chanteur, vient de nous quitter à l'âge de 79 ans.

Plusieurs chansons telles que « Le Métèque », « Le Facteur » ou encore « La Mer m'a donné » ont fait de lui un incontournable de la chanson française au même titre que Jean Ferrat, Charles Trenet ou encore Georges Brassens qu'il revendiquait comme son maître et à qui il avait pris son prénom comme nom de scène.

Peu de textes le relient à la littérature jeunesse, mais en hommage, nous avons fouillé par-ci par-là et nous avons trouvé un numéro spécial de la revue Dada, Le Moustaki, consacré au chanteur et paru en 2005. Malheureusement aujourd'hui, ce numéro est indisponible à la vente, mais certainement trouvable en bibliothèque.

Deuxième trouvaille, c'est la participation du poète à un bel album-CD québécois, Le Géant de la Forêt de Hélio Ziskind avec des illustrations de Pierre Pratt. Les chansons sont interprétées par la chanteuse Bïa (Grand Prix de l'Académie Charle-Cros en 1997). Georges Moustaki y interprète en duo la chanson Le sourire de Jequitiba dont vous pouvez écouter un extrait en cliquant ici.