Le charbonnier, une longue histoire

Cet album à destination des jeunes enfants à partir de 5 ans est un bonheur de lecture, à la fois original, éveilleur de conscience, infiniment sensible, et magnifiquement illustré. Sa lecture va vous ravir, c'est une évidence, et vous vous plairez à la lire et relire avec vos enfants ou un jeune public, et même à la partager avec un plus large lectorat car ne pensez pas qu'il s'adresse uniquement aux enfants, loin de là ! Lisez plutôt.

Ce livre utile et divertissant aborde avec singularité mais en visant juste, le dérèglement environnemental et les effets négatifs de la malbouffe sur la chaîne alimentaire tout entière.

Une histoire assez ordinaire, au départ, d'une jeune mouette qui coule des jours heureux et tranquilles sur une haute falaise, près de l'océan et loin de toute civilisation humaine. Mais un jour, alors que le tourisme de masse s'insinue dans des contrées de plus en plus lointaines, jusque-là sauvages et intactes de pollution, elle voit passer un immense paquebot où des enfants accoudés au bastingage laissent échapper des miettes d'un aliment surprenant et inconnu jusqu'ici des mouettes, à la saveur mi sucrée, mi salée,  si croustillant et tellement différent du goût des maquereaux qu'il est presque impossible d'y résister.

Subjugué par ce goût si nouveau mais si délicieux, la mouette, avec ses compagnes, entreprend de suivre le bateau pour trouver d'autres merveilles de ce genre à déguster. Bien loin de l'océan, désormais, elle apprend à vivre dans la ville où les miettes se font tout de même rares. A force de recherches tenaces, même dangereuses, elle découvre une épicerie et s'enquiert avec bonheur d'un sachet de ces fameuses croustilles (chips).

En cherchant un endroit tranquille pour les déguster, elle tombe nez à nez avec des pigeons obèses et sales, incapables de se mouvoir à et à la merci du moindre chat qui passe. A trop manger de croustilles, la mort guette l'oiseau de mer.

Aussi, dans un sursaut de lucidité, notre héroïne regagne la mer et ses falaises abruptes. Mais jusqu'à quand pourra-t-elle ainsi échapper aux sirènes de la société de consommation et de la malbouffe ?

, de son vrai nom Min-Geol Jeon, est un jeune artiste coréen dont c'est le premier livre.

Un enchantement prometteur à découvrir absolument !

Depuis Jean-Claude Izzo et sa trilogie Fabio Montale, le polar et Marseille c'est une véritable histoire d'amour. Un genre tout nouveau est même apparu le « polar marseillais » dont Izzo serait le père.

Jean-Claude Izzo nous a quittés il y a une dizaine d'années, mais le polar est resté dans le coeur des Marseillais et au coeur de Marseille. La ville vit en ce moment même au rythme du polar avec la semaine noire (19 septembre au 29 septembre).

Une manifestation articulée sur trois axes une résidence d'auteur (cette année c'est l'écrivaine cubaine Wendy Guerra qui est accueillie), un « jumelage noir » (avec Cuba pour l'édition 2009 donc) et les Terrasses du polar (qui se tenaient les 19 et 20 avec une cinquantaine d'auteurs invités).

Selon Alain Guillemain, du laboratoire méditerranéen de recherches, « Izzo et Carrese ont écrit pour défendre leur ville, pour dire que Marseille n'était pas Chicago, ni la corruption, ni la montée du FN » ajoutant que « le polar marseillais s'est développé depuis petit à petit et est devenu une marque de l'identité positive de la ville, une marque de Marseille, même si parfois ça tombe dans le folklore, le pastis, le faux parler marseillais ».

Cela dit, l'écrivain François Thomazeau explique à l'AFP que « Le contre-coup est arrivé assez vite, surtout à Paris où le polar de Marseille a été rangé dans la classe péquenot, et les écrivains dans celle des 'auteurs de terroir'. Les clichés ont la peau dure ».

Le genre continue d'exister certes et certains se spécialisent dans cela mais actuellement la tendance est plus à des « auteurs marseillais de polar » qu'à des « auteurs de 'polar marseillais' » comme l'indique un autre écrivain Serge Scotto.

Avec La révolution Garo, 1945-2002, Claude Leblanc explore l’histoire de l’emblématique revue Garo, pivot dans l’évolution du manga au Japon.

Lancé en 1964, le mensuel a révolutionné la scène artistique en accueillant des œuvres novatrices et en repoussant les limites de la narration visuelle. Il accueillit dans ses pages de nombreux chef-d’œuvre, dont le monument Kamui Den de Sanpei Shirato (centre névralgique de la revue à ses débuts) ainsi que plusieurs générations de dessateur.ices qui trouvèrent dans la revue un espace de liberté où exprimer une vision avant-gardiste du manga, comme Shigeru Mizuki, Yoshiharu Tsuge, Tsurita Kuniko, Shin’ichi Abe ou encore Maki Sasaki (pour n’en citer que quelques-uns).

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Le journaliste contextualise minutieusement cette saga éditoriale, liant ses succès et ses échecs aux évolutions sociopolitiques du Japon, ce qui explique l’entame de son étude au lendemain de la guerre. Il met en lumière les différentes phases de la revue, de son élan initial à son déclin, et analyse les influences de ses rédacteurs en chef sur son orientation éditoriale ; à travers des portraits d’auteur.ices emblématiques, il dépeint également les dynamiques internes qui l’ont marquée au fil des décennies.

Cette étude minutieuse, inédite et précieuse, trouve un écho particulier aujourd’hui tant, depuis quelques années, les éditeurs français traduisent des auteur.ices issus de Garo, démontrant par-là l’étonnante modernité de leurs planches. Les éditions Cornelius se taillent évidemment la part du lion dans cet effort, accompagné par Atrabile, Le Lézard noir, Sensei ou encore, évidemment, Imho qui édite ce livre.

Claude Leblanc pose une pierre essentielle à l’étude du manga qui passionnera tout. e amateur.ice de l’histoire de la bande dessinée.

Une étude a encore mis les pieds dans le plat concernant le langage SMS tant choyé des jeunes, ou encore les termes quasi imbittables que l'on déchiffre à peine sur les écrans d'ordinateur, lors de séances passionnées de chat...

« La messagerie instantanée [NdR : comprendre les logiciels comme Live Messenger, dérivé de MSN, le plus connu] n'a pas une grammaire juste mauvaise ou bourrée d'erreurs, explique le professeur Pamela Takayoshi, de l'université d'État de Kent. Cette dernière constitue un langage séparé de la langue commune, éloignée de ses critères et de ses règles. »

Les chercheurs ont ainsi pris pour cobayes des djeuns et ont porté toute leur attention au langage utilisé durant des conversations menées par messagerie instantanée. Si les caractéristiques d'une langue classique ne se retrouvent pas spontanément, on peut cependant établir des éléments propres à évoquer une syntaxe et une démarche inhérente à la messagerie, qui génère ses propres règles d'écriture.

Informelle, ludique, explicite, voire immédiate, mais également élaborée dans ses abréviations et son jeu sur la forme et les sonorités pour recréer un langage familier, elle contient donc une part d'identité intrinsèque témoigne les chercheurs.

« Quand on regarde les types de technologies utilisés par les jeunes aujourd'hui, nous constatons que nombre d'entre elles, qu'elles soient messagerie instantanée, blogs ou Facebook, reposent toutes sur l'écriture. Y compris pour le téléphone. » Et désormais les chercheurs tentent de discerner à quel point le changement de média de communication peut exercer une influence sur ce nouveau langage.

Comment oublier que toute langue se modifie au grés des supports d'écriture auxquels elle est soumise ?

Dans la série , deux nouveaux titres paraissent et vont permettre au jeune lecteur dès 4 ans de retrouver l'ambiance tendre et très colorée de l'illustrateur Marc Boutavant.

Par un matin ensoleillé mais venteux, l'ours Edouard convainc son ami Edmond l'écureuil d'aller passer une journée à la plage. Au fur et à mesure de la promenade qui doit les mener vers la mer, le temps se montre de plus en plus incertain mais ne décourage pourtant pas Edouard, même lorsque la pluie s'en mêle et menace le pique-nique organisé par Edmond.

Si les contrariétés agitent la journée, elles ne parviennent pas à inquiéter l'amitié qui lie les deux compères mais fortifient et renforcent, bien au contraire, les sentiments d'attachement et de tendresse et livrent alors une jolie histoire, sensible et subtile qu'une écriture poétique et délicate intensifie juste comme il faut.

Les illustrations aux coloris variés et nuancés, empreintes de douceur, jamais sombres ni réellement tristes,  sans excès, expriment  parfaitement la complicité entre les deux personnages, tout l'équilibre de la relation qui les rend si nécessaires l'un à l'autre.

Cette absence de rivalité, le dessin la saisit avec une justesse précise et touchante. Le lecteur ressent immédiatement et au fil des pages le sentiment d'amitié qui crée l'harmonie et le bonheur. Il est confortablement installé dans une histoire où il se sent bien, la savoure comme une gourmandise. Ses parents aussi, assurément.

Aussi, pour prolonger le plaisir, l’album La Chose, des mêmes auteurs et issu de la même série, en publication simultanée.