Les nouvelles aventures de San-Antonio Tome 22 : Comme sur des roulettes

Voilà près de 50 ans que le Condor a vu le jour, sous la plume de James Grady. L’écrivain américain lui donnait vie dans Six Days of the Condor, en 1974 – il avait tout juste 23 ans. Depuis, quand on parle de thriller d’espionnage, son roman s’impose comme l’une des références.

Rivages a fait paraître en octobre dernier Roulette russe (traduction d’Hubert Tézenas, Russian Roulette of the Condor en version originale), qui joue habilement avec les ressorts modernes et les tensions géopolitiques internationales.

Le tout, sur fond de pré-retraite, dirait-on : d’employé de la CIA en bas de l’échelle, le Condor est devenu l’une des références de l’agence. Mais là, c’est comme un coup de vieux… Surtout quand il comprend que les plus grands scandales de la Guerre froide se reproduisent de nos jours.

Et plus encore, car ce livre comporte en réalité six récits – on apprécie l’allusion au barillet du pistolet à six coups : reste à savoir, quand on joue à la roulette russe, si l’emplacement est vide… ou s’il contient la balle mortelle du joueur.

Splendide pour les connaisseurs et idéal pour découvrir.

Depuis plusieurs mois, nous suivons avec attention la destinée de ce haut lieu culturel de la ville de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) : le Verger des Muses. L’ancien gérant, Bernard Guetteville voulait depuis plusieurs années céder sa place mais, faute de repreneurs valables, il désespérait de l’avenir du magasin.

Mais, l’on vient d’apprendre la vente du Verger des muses à des repreneurs particulièrement désireux de poursuivre l’activité de librairie et produits culturels. Dans une lettre adressée à sa fidèle clientèle, M. Guetteville a fait part de sa satisfaction d’avoir enfin trouvé des successeurs dignes de ce nom.

Il écrit ainsi fièrement qu’ « Aujourd’hui, enfin, après de longues recherches, je suis heureux de vous annoncer qu’un nouvel associé est entré au capital. C’est ainsi que la société RES France prend les rênes du Verger. »

Puis loin, il précise : « J’ai trouvé à travers RES France une équipe de gens professionnels, honnêtes et responsables, capable de pérenniser financièrement notre projet et surtout dotés d’une éthique qui leur permettra de conforter l’entreprise tout en respectant son approche et sa qualité. Ainsi à travers l’aide apportée à un commerce culturel tel que le Verger des Mues, RES France confirme son ambition sociale. »

Apprenant également la bonne nouvelle la secrétaire de l'Association des Amis de la Librairie de Bourg-la-Reine nous a écrit pour faire connaître aussi sa satisfaction face à l’arrivée de ce repreneur de qualité. Voici ses quelques lignes :

Nous savions Monsieur Guetteville attaché à la spécificité culturelle de son commerce, nous savions que c’eut été un crève-cœur pour lui que de devoir céder son bail pour l’installation d’un commerce d’un autre type. Aujourd’hui, nous partageons son bonheur de voir, non seulement Le Verger des Muses rester une Librairie mais aussi conserver l’ensemble de ses rayons. Tout cela est de bon augure pour l’emploi et pour l’offre proposée à la clientèle.

Ainsi les longs mois de mobilisation sans faille de la population de notre ville et des communes limitrophes n’auront pas été vains ! Nous en sommes profondément heureux ! Merci à tous ceux qui nous ont accompagné et qui ont cru à l’utilité de notre action. Nous les assurons de notre détermination à poursuivre. Merci également à Actualitté.com pour son soutien sans faille !

Les nouveaux dirigeants du magasin ont tenu à rencontrer des représentants de l’Association des Amis de la Librairie de Bourg-la-Reine, ils nous ont dit leur adhésion à l’action que nous avons menée pour la défense de ce lieu culturel. Ils nous ont également fait part de leur désir de nous voir continuer notre action à leurs côtés.

Aujourd’hui donc, s’ouvre une nouvelle page de la vie de notre jeune, mais – Oh ! Combien ! – riche, Association. Les nouveaux dirigeants prévoient le développement de nouvelles offres, les Amis de la Librairie vont devoir se réunir très vite pour envisager quelles formes prendront les futures initiatives.

D’ores et déjà, n’oubliez pas de réserver le samedi 29 mai pour visiter l’exposition de travaux d’artistes, peintres et sculpteurs, de la région. Toute la journée vous pourrez admirer des œuvres variées, toutes de très grande qualité. Vous pourrez également assister, voire participer, à des performances d’artistes réalisées à l’extérieur du magasin. Pour la modique somme de 10 Euros vous ferez l’acquisition du catalogue de l’exposition (vendu au profit de l’Association) que les artistes présents dédicaceront volontiers. Côté dédicaces, Alain Jaubert, Jean-Jacques Breton, Dominique Williatte signeront leurs ouvrages… Une très belle journée en perspective ! La librairie est située au 3 rue René Roëckel à Bourg-la-Reine, juste en face de la sortie du RER.

Dessin : Pixel vengeur. Scénario : Fabcaro. Opération ? Ramener à la vie le personnage de Gotlib, chien cynique (c’est l’origine...*) et flegmatique. Pari audacieux, pour les Nouvelles aventures de Gai-Luron.

Gai-Luron, il s’en tamponne le coquillard à en fêler des brise-glace : quand il « sent que tout lui échappe », il sait agir. Ou pas. Pas du tout même. Mais il a le bras long. 

Chien rêveur et poète, Gai-Luron, toujours secondé de Jujube et toujours amoureux de Belle-Lurette, s’élance dans une série de gags accessibles à tous et ancrés dans le monde moderne, faisant exploser les cases et les formats traditionnels. 

Après une réédition dans les règles de l’art menée entre juin et septembre 2016, Fluide glacial passe le relais, et Gotlib avec l’éditeur, à une nouvelle génération. 

Créé en 1964 dans le magazine Vaillant, époque encore bénie pour la BD, le personnage tragi-comique fera ses bonnes œuvres jusqu’en 1982. Certes, en 86, Gotlib proposera une sorte d’adieu, mais depuis, à quelques rééditions près, notamment chez La Vache qui m’édite, maison belge, Gai-Luron comptait fleurette à sa douce, loin des projecteurs et de phylactères...

Les deux zigues ont-ils bien fait de ressusciter la créature la plus incompétente en matière de relation amoureuse ? L’handicapé émotionnel qui laisse à croire qu’en réalité, chacun serait capable de déclarer sa flamme avec plus de vigueur – voire d’efficacité ?

La question ne se pose pas. Gai-Luron outragé (pas tant...), Gai-Luron brisé (il a jamais été trop vaillant), Gai-Luron martyrisé (on attend la béatification), mais Gai-Luron libéré ! Oui, libéré, parce que le silence des rééditions devenait pesant. Et qu’à relire ses gags anciens, on se demandait si, vraiment, tout cela allait finir. 

Bien, en fait, plutôt bien. Plutôt très bien. Et quand Pixel vengeur appelle Fabcaro, on comprend que les deux bonshommes ont mesuré la dose d’autodérision nécessaire. Défi relevé, et pari réussi... 

Gai-Luron revient, Gai-Luron est toujours aussi con, exaspérant, modernisé sans trahison. On l’aime bien, tel qu’il a été repris. C’est sans douleur, cette transition – pas forcément pour les deux types, d’ailleurs – et ce vent qui souffle... Ah, Gai-Luron, sérieusement, les claques qu’on te balancerait. Chance : le titre est d'ailleurs déjà en librairie.

Nulle autorité ne gouverne le royaume. Les intérêts personnels de troupes de mercenaires se pressent devant la Cité d'Avignon où les Papes résident. Arnaud de Cervole siège et réclame 200.000 livres d'or pour quitter la région. Vasco, mandaté par le roi de France doit rencontrer Sa Sainteté le Pape Urbain V. La Compagnie de son banquier d'oncle avancera la somme, Vasco portera la lettre de change.

Mais sur la route, il retrouvera Léandros, qui escorte un mystérieux passager. Nul ne doit connaître son identité. Et la pêste qui frappe de toutes parts : la Dame noire porterait-elle un secours inattendu à ville d'Avignon ?

L'apparition de Frédéric Toublanc au dessin marque également une autre étape dans la vie du héros italien. Disons ce qui est, les histoires de Chaillet ont toujours respiré l'Histoire méticuleusement rendue. Véritable mine de précision, chaque case retrace les monuments et le passé richement documenté.

Mais ça coince quelque peu avec les personnes qui habitent les pages. Les visages manquent d'un trait plus rigoureux. Des faciès imprécis frôlent le grotesque et l'on y perd en plaisir, parfois rebuté par un réalisme mal proportionné. Oh, pas partout, bien sûr, les portraits, mais d'une case sur l'autre, c'est assez inégal. Les couleurs d'Isabelle Drouaillet respectent bien les anciens tomes dont Chantal Defachelle s'occupait. On regrettera peut-être des ellipses rapides dans le découpage, mais rien de vraiment choquant.

Reste que le nouveau Vasco, ça faisait un bon moment qu'on l'attendait. Presque deux ans. Un résultat qui valait tout de même l'attente, même si le dessin de Chaillet manquera aux aficionados.

Toujours disponible chez le Lombard, la BD vaut environ 10 €.