La guerre après la dernière guerre

En cette période d'activité économique hésitante - qui sait en effet si nous sommes sortis de la crise ou non ? - un libraire généraliste vient d'ouvrir ses portes avec 90 m² dédié dans le 7e arrondissement de Lyon. Une surface aujourd'hui occupée à moitié par l'espace de vente. Pas vraiment de quoi inquiéter les 2200 m² que le Gibert Joseph a ouvert à proximité de la ville, dans le complexe commercial Carré de soie, au nord-ouest. Mais probablement pas non plus le même public.

Située très exactement au 4 rue Saint-Jérôme, La voie aux chapitres est ouverte par Sylvain Fourel, qui aura travaillé durant quatre ans à Passage - également dans Lyon. La géolocalisation, telle que Google vous la propose ne vous le montre pas, mais selon Livres Hebdo, le quartier devrait disposer d'une gare TER à l'horizon 200.

En guise de livres, on trouvera de tout, y compris des CD et des DVD. Interrogé par nos confrères, le libraire explique qu'il pourra disposer par la suite de 35 m² supplémentaires en aménageant quelque peu l'endroit. Et en poussant les murs. Au sens propre.

En en abattant un, en fait.

La librairie ne semble pas disposer de site internet pour le moment.

Cette année aura été assez dynamique à Lyon concernant le secteur de la librairie - et probablement dans d'autres - alors que la section Decitre aura été vendue à Finadvance Capital, en septembre 2008, après une grève inédite du personnel en mai de la même année.

La contrefaçon, ça coûte cher : Me Anne-Marie Gallot-Le Lorier, avocate du SNE (530 éditeurs) dans le procès intenté également par Le Seuil-La Martinière : « Google prend nos oeuvres sur notre dos et réussit à placer des annonces publicitaires qui lui rapportent très gros. »
Alors pour taper fortement sur les doigts de la firme californienne, ce sont 15 millions € que Me Yann Colin a hier réclamé de dommages-intérêts au TGI de Paris.

Dans ce procès, la SGDL a rejoint le SNE et le groupe La Martinière, et leur avocate, Me Maïa Bensimon, pointe : « Cette numérisation systématique peut faire ressortir des œuvres dont les auteurs ne souhaitent plus la diffusion. »

L'accusation a clairement accusé un système « illégal, dangereux et dommageable aux éditeurs » alors que Google gagnerait selon les estimations de l'avocat 21,8 milliards $ en chiffre d'affaires. Voilà pourquoi une astreinte a été ajoutée : 100.000 € par jour de retard, mais surtout infraction constatée. « Il faut une astreinte lourde parce que face à Google, il faut avoir des arguments convaincants », ajoute-t-il, propos rapportés par l'AFP.

Outil de recherche documentaire, pas une bibliothèque

Contre-attaque de la défense : Me Alexandra Neri revient sur une définition du service Books : « Google recherche de livres n'est pas une bibliothèque, mais un outil de recherche documentaire. » D'autant que seuls des extraits de textes - 20 % selon ce qui se fait actuellement - équivalant au droit de citation, seraient gratuitement accessibles. « La numérisation des livres ayant lieu aux États-Unis, la loi américaine s'applique ». Un argument aussitôt dénoncé par l'avocat de La Martinière qui a « demandé au tribunal de régler le problème pour la France », ajoute-t-elle.

Mais le plus impressionnant, c'est cette réflexion qui va faire se dresser les cheveux sur la tête du président Eyrolles qui hier disait aux Échos : « Mais il est impossible, dans notre pays, qu'on donne raison à Google. » (lire l'interview, pas bien passionnante au demeurant)

La France incompétente à juger ?

L'avocate aura en effet lâché une bombe en douceur ayant « contesté la compétence de la justice française pour juger du dossier Google ». Et de dénoncer également « le fantasme général selon lequel Google fait de l'argent sur le dos des auteurs et des éditeurs ». En outre, elle tient à rappeler que, la numérisation se faisant sur le sol américain, la loi américaine s'applique : virevolte de l'avocat de La Martinière demandant « au tribunal de régler le problème pour la France ».

Le verdict sera rendu le 18 décembre prochain. En cas de rejet, le SNE a d'ores et déjà annoncé qu'il ferait appel.

La plus grande réforme de l'apprentissage de la lecture, destinée également à mettre les élèves sur un pied d'égalité, passera... par Google ou Yahoo!. Les moteurs de recherche serviront en effet de support pédagogique a annoncé le ministère anglais de l'Éducation.

Le processus sera simple : taper un ou plusieurs mots clefs et naviguer dans les sites internet et blogs tout comme ils consulteraient des manuels scolaires et des romans. Pour les élèves de primaire, cette évolution sera de taille puisqu'elle ne s'arrêtera pas à cette simple étape.

Sir Jim Rose, dont le rapport annonçant cette mutation est évidemment vivement critiqué par les conservateurs, préconise même de se servir de Google Earth pour les cours de géographies, d'avoir recours à Google Doc and Spreedsheets pour les leçons de mathématiques, et on en passe, et on en oublie.

Mais pour les conservateurs, tout cela n'est qu'une approche démagogique qui « cède à la mode la plus récente ». Sir Jim, pour sa part, considère que ses propositions permettent de débloquer un enseignement prodigué à quelque 3,6 millions d'enfants, dont le programme est actuellement surchargé.

Six grandes orientations ont été avancées, pour déterminer les nouvelles lignes à suivre. Cette version préliminaire, qui devra encore être validée par les ministres ajoute également des domaines revus et corrigés, parmi lesquels les changements climatiques, le recyclage, les droits de l'homme, ou encore l'obligation d'en apprendre davantage sur le rôle des autorités locales et de l'administration.

Améliorer les résultats actuels

« Seuls 56 % des garçons et 66 % des filles qui ont quitté l'école primaire en 2008 savent lire, écrire et compter selon les normes minimales. Même avec des passages en classe supérieure simplifiés, des examens plus simples, des millions de livres ont été dépensés en consultants et conseillers, nos normes sur la littératie et la numératie sont cruellement derrière celles d'autres pays », affirme Anna Fazackerley, chef de réflexion sur l'éducation.

Un tout nouveau programme donc, qui se veut innovant et résolument tourné vers l'avenir, tout comme l'introduction des nouvelles technologies dans l'apprentissage...

Alors que la rédaction est fière d'avoir retrouvé son PRS-505 et va se remettre à dévorer du fichier numérique, une question nous a soudainement traversé les lobes, passant de part en part à travers un tortueux dédale de synapses et de cellules diverses. Pas l'une de ces pensées convexes de type bruit et odeur du livre papier. Non, du tout.

Mais pas loin tout de même. On a beau aimer son petit lecteur ebook, une grande part de la transition qu'il faudra effectuer c'est celle qui se réalisera entre des milliers de livres différents et un seul objet qui les contiendra tous. Passer de multiples 'personnalités' à un outil un peu lourd, un peu froid... bref qui en guise de vie manque cruellement d'intérêt.

Inutile de se refaire l'inventaire à la Prévert des atouts ou inconvénients de l'un ou l'autre. Et qui dira que pour tel livre, telle page cornée lui rappelle qu'il attendait l'avion à l'aéroport de Bombay, et qu'il a rencontré un vieux sage bouddhiste... peu importe. On ripostera que telle entaille dans le lecteur ebook a été faite lorsque d'émotion on l'a laissé tomber parce qu'en face de nous, Cameron Diaz sortait son Kindle...

Car des souvenirs, il s'en créé comme qui rigole, avec du numérique ou du papier. Ouaip. Véritablement, ce qui manquera, c'est cette fichue couverture et ses promesses, la manière dont on la corne, la plie, dont elle se morcelle à mesure qu'elle est baladée au fond d'un vieux sac à dos ou à main... Tous ces rappels tactiles contribuent à donner au livre - non pas une âme - une personnalité. En font un compagnon de route.

Si les outils d'aujourd'hui manquent de panache, ceux de demain devront travailler sur plusieurs conditions techniques essentielles : écran souple, couleur, etc. Les impératifs ne manquent pas. Mais une des choses qui humanisera les lecteurs, et sur laquelle les techniciens ne peuvent rien, c'est le caractère, cette personnalité qui se forge à mesure de la lecture.

Pour assurer la transition et plus important encore, accepter la cohabitation, la recherche et développement aura pour mission de recréer cette relation. Ou d'en proposer une nouvelle. Tout aussi significative...

Signifier ses engagements peut coûter cher : dans l'établissement parisien Résistances, librairie du XVIIe arrondissement, on soutient la cause palestinienne, mais plus globalement les démunis et humbles du tiers monde. Ceux que l'on n'écoute généralement pas.

La semaine passée, le 3 juillet, cinq personnes portant une cagoule ont pénétré dans la librairie, avec bâtons et bouteille d'huile d'olive, laissant après leur passage un établissement dévasté. Ordinateur cassé, livres répandus par terre. Ni bonjour, ni merde... Un seul mot : Ligue de défense juive, la LDJ.

« Deux femmes travaillant à la librairie étaient présentes, ainsi que deux ou trois clients. Après les avoir bousculés, les nervis se sont attaqués avec frénésie à l’établissement, arrosant d’huile plusieurs milliers de livres et détruisant les ordinateurs, avant de prendre la fuite à bord d’une automobile », raconte la librairie.

La veille, Mahmoud Suleiman, du village palestinien d’Al-Masara, tenait une conférence dans ces murs, avec pour thème « des actions de résistance non violente à l’occupation israélienne ».

Rassemblement mercredi 8 juillet

En réaction à cette agression stérile et gratuite, la librairie propose un rassemblement, demain, à partir de 18 h 30. « La librairie Résistances, qui propose, notamment, de nombreux livres sur la Palestine et sur Israël, a été attaquée et menacée à de nombreuses reprises par les fascistes sionistes. Mais alors que les agissements de cette bande sont archi-connus de la police, le pouvoir politique a jusqu’à présent systématiquement manifesté sa sollicitude à leur égard », annonce clairement un communiqué sur le site internet.

Et de conclure : « La librairie Résistances ne se laissera pas pour sa part intimider par de tels voyous. »

Cible d'attaques

Ce n'est pas la première fois que l'établissement est victime d'une telle vendetta. Le 7 décembre 2006 une attaque aux lacrymogènes avait eu lieu, entraînant deux blessés alors que Tanya Reinhart et Aharon Shabtaï donnaient également une conférence. Régulièrement, l'établissement est victime de dégradations et a déjà reçu des lettres de menace.

« Le NPA exprime aujourd’hui sa totale solidarité avec la Librairie Résistances, et demande fermement l’interdiction de la Ligue de défense juive, et la traduction en Justice de ses nervis », explique le parti dans un communiqué.

Librairie Résistances agressée from chris den hond on Vimeo.

Soirée ma foi fort sympathique hier, puisque nous étions conviés au cocktail organisé au Virgin des Champs Élysée, pour la remise du prix de la BD de l'année remis à Marzi, en partenariat avec Libération. Et comme on ne cesse de penser à vous, on a bu au moins une coupe de champagne à votre santé...

Et mangé un petit four aussi, mais c'est surtout avec du champagne que l'on a pensé à vous.

Quoi qu'il en soit, les deux lauréats, arrivés avec un gros retard pour cause de problème de train étaient particulièrement émus de cette récompense. Ceux qui l'étaient moins, c'étaient les organisateurs du côté de Libération, qui accusaient le coup d'un manque de participation de la presse. « Évidemment, demain [NdR : c'est à dire aujourd'hui] commence Angoulême, alors franchement le choix de la date n'est pas vraiment des plus réussis », nous avoue-t-on entre deux bouchées. Non. Gorgées.

Reste que Laurent Joffrin, présent avec son immuable petite barbe de quelques jours bien taillée, était plutôt satisfait de sa soirée. A-t-il lu la BD ? « Oui, j'ai même voté pour elle. C'est une période que l'on connaît bien à Libé, on a beaucoup couvert les événements qui se sont déroulés en Pologne à l'époque. »

Alors, si Laurent est heureux, et que les lauréats aussi, que demander de mieux ?