Emmanuel Bove n’est pas un ensablé. Ou plutôt il n’est plus un ensablé. Ou mieux, il est un désensablé. Ré-édité par Gallimard, porté par une communauté de fidèles, soutenu par les critiques, les textes de Bove ont fini par ré-émergé au détour des années 70 au point que certains titres se sont imposés désormais comme des classiques. C’est le cas principalement de Mes amis, roman qu’il composa en 1924 où il trouvait déjà ce ton si particulier qui le caractérise : une sorte de minimalisme qui en dit long, d’effets d’empathie exercés sur le lecteur qui devient acteur du processus dramatique, de morale indécise oscillant entre la candeur et le nihilisme. A juste titre, la parenté avec Kafka a été relevée de nombreuses fois. Bove est un Kafka suisse, une âme désabusée mais qui fait preuve de tempérance.