Pourquoi avoir privilégié le PDF pour votre offre d'ebooks ?
François Bon : Le CyBook accepte l’ePub depuis octobre dernier, au moins en test sur les machines ePagine mais pour lui comme pour la Sony, l’affichage en ePub est (pour l’instant) une insulte à la typographie, au moins sur deux questions essentielles : la gestion des insécables et celle des blancs entre les mots (sans parler des outils de césure).
Ça rend la lecture longue absolument inconfortable et médiocre, en admettant qu’on puisse vraiment avoir une lecture longue sur le CyBook, contrairement à la Sony en PDF, si le PDF a été conçu pour (révision des notions de marges, navigation intra texte, interlignes, homothétie format papier/écran, etc., tout ce sur quoi on travaille en continu)...
D’autre part, si l’ePub façon Feedbooks convient parfaitement à des oeuvres en prose simples (roman notamment), on revient à zéro dès qu’il s’agit de poésie ou de prose un peu complexe : la nature expérimentale de nos publications fait que pour nous c’est les 2/3 du catalogue.
« L’affichage en ePub est (pour l’instant) une insulte à la typo »
ActuaLitté : J'ai l'impression de vous avoir demandé une énormité... (grosses gouttes de transpiration...)
François Bon : C’est en partie une fausse question : l’essentiel, c’est le fichier source, ou fichier maître, en XML, ou (au moins) en (très) forte structuration. C’est la mise au point de ce fichier qui est le vrai travail d’édition, et le vrai potentiel – le décliner dans tous les formats du monde ensuite c’est juste une affaire de (bonne) moulinette,
De là le choix provisoire, de notre part, de proposer avant tout le bon vieux PDF, avec plusieurs déclinaisons selon les 2 formats essentiels de consultation, 1) les ordis fixes et portables et ultraportables, 2) les Sony et quelques CyBook et dérivés, mais un PDF dont on soit sûr, parce que le fichier source en amont est construit en fonction de cette utilisation (rouage qui manque tristement à l’univers des ebooks gratuits, et pour cause : c’est là que ça coûte).
Des essais sont en cours d'une “moulinette” pour fabrication automatique (ce que fait déjà Feedbooks) des Mobi et ePub, qu'on mettra en service dès que les résultats nous paraîtront à la hauteur. Enfin, dans la notion de livre comme de “web service”, le feuilletoir en cours de développement, en particulier avec outils de notes collaboratives, rend quasi invisible pour le lecteur le format du texte qu’il feuillette.
« Il y a une énorme éducation à faire pour que les lecteurs
sachent se servir même de leur simple Acrobat Reader »
J’ajouterai qu’il y a une énorme éducation à faire pour que les lecteurs sachent se servir même de leur simple Acrobat Reader (affichage par 2 pages au lieu d’ascenseur, les petites cases navigation page et fonction recherche dans barre de navigation, etc.) - ce que je dis pour le “feuilletoir” vaut aussi pour les outils gérés par les machines elles-mêmes : le nouvel “Aperçu” présent en série sur les Mac est assez stupéfiant en qualité d’affichage et de navigation, indépendamment du format source