est une jeune maison d'édition communautaire qui vient de publier ses deux premiers albums papier : Base Neptune et Oklahoma Boy, disponibles en vente directe. Une version payante pour un bel objet, tandis que la version en ligne reste entièrement gratuite... Intéressant modèle économique pour la création artistique ? Cela valait bien quelques questions à Arnaud Bauer, Mr. le Président...
ActuaLitté : Manolosanctis soufflera bientôt sa première bougie. Pouvez-vous en résumer les grandes orientations pour les deux lecteurs du fond qui n’ont rien suivi [NdlR : on a les lecteurs qu'on peut...] ?
Arnaud Bauer : Manolosanctis est une maison d’édition de bande dessinée dite « communautaire », ce qui ne signifie pas qu’il faut faire partie d’une secte pour y prendre part, mais au contraire que c’est une plateforme de partage et d’édition ouverte et participative. Pour comparer manolosanctis à quelque chose de vraiment connu, cela s’apparente à un « YouTube de la BD » grâce à auquel de jeunes auteurs peuvent facilement diffuser leurs créations et les soumettre aux avis des internautes qui forment un comité de lecture permanent. Tous les mois, nous choisissons un ou plusieurs albums parmi les plus plébiscités pour les éditer en version papier et ensuite les proposer à la vente sur le site.
manolosanctis cela s’apparente
à un « YouTube de la BD »
ActuaLitté : Les premiers albums en version papier, c’est le passage obligatoire pour la conquête du monde ?
Arnaud Bauer : Bien évidemment, le monde n’a qu’à bien se tenir ! Disons plus sérieusement que le papier est notre conviction première : contrairement à beaucoup de projets tournant autour de la BD numérique (notamment sur le « hyper-tendance-ultra-branché-iPhone »), nous pensons que la BD sur papier a encore de très beaux jours devant elle.
Alors certes, la musique et la vidéo ont tendance à se dématérialiser, mais il faut reconnaître que la valeur ajoutée d’un CD comparée à celle d’un MP3 n’est pas franchement énorme (d’autant plus que les grands labels ne nous incitent pas forcément à nous tourner vers l’objet physique au regard de la pauvre qualité de ceux-ci… C’est le juste retour de bâton de vouloir toujours réduire les coûts !).
Mais le livre, et tout particulièrement la BD, est un secteur dans le lequel les amateurs accordent une véritable place à l’objet, aussi bien pour le confort de lecture que pour le plaisir de feuilleter ou encore pour l’envie de ranger un bel ouvrage sur les rayons d’une bibliothèque…
Ce sont ces constats qui ont faire naître manolosanctis : la BD numérique est un superbe vecteur de découverte de nouveaux auteurs, mais également le meilleur moyen de promotion pour la vente de l’objet papier.
le livre, et BD, des secteurs où
l'on accorde une véritable place à l’objet
ActuaLitté : Vous vendez aujourd’hui des BD comme on vendait des fanzines dans son garage il y a vingt ans, sauf que votre garage c’est Internet. Vous êtes fâchés avec les librairies ?
Arnaud Bauer
Arnaud Bauer : « Fâché » est un bien grand mot… Pour comprendre pourquoi nous avons décidé de ne pas passer par le circuit de distribution traditionnel, il faut savoir que généralement, une BD signée met entre 12 et 15 mois à sortir en librairie, non pas parce que les corrections sont très longues, mais tout simplement parce que ce circuit est organisé de manière très hiérarchisée et que toute sortie doit être annoncée au minimum 8 mois à l’avance.
Nous sommes un éditeur en ligne, participatif qui plus est, et sommes partis du principe que les lecteurs ayant soutenu les auteurs dans leur démarche préfèreraient voir les fruits de cette collaboration assez rapidement.
La deuxième raison est d’ordre économique cette fois-ci : en ne vendant que de manière directe, nous pouvons nous permettre de travailler sur des plus petits tirages afin d’éditer des albums que l’on ne trouve pas ailleurs. L’ouvrage Oklahoma Boy, par exemple, avait été proposé à plusieurs grands éditeurs qui l’avaient jugé trop « polémique »… Dernière chose enfin, nous nous sommes rendu compte que le métier d’auteur de BD était très peu lucratif par rapport à la quantité de travail demandé : notre but est donc également de mieux rémunérer nos auteurs.
ActuaLitté : À quand la tablette numérique Manolosanctis, pour lire vos BD dans le métro ?
Arnaud Bauer : Si la question est de savoir si manolosanctis sera un jour présent sur des terminaux mobiles ou autres téléphones, la réponse est bien évidemment oui. Mais cela se fera en accord avec notre conviction : en tant que support à la vente des albums papier !
notre but est donc également
de mieux rémunérer nos auteurs.
ActuaLitté (Nicolas Ramirez, plus particulièrement...) : Pour terminer, je tenais à vous signaler mes talents de dessinateur. Depuis des années je travaille dans mon coin et j'espère bien que cette interview me fera accéder directement à une parution papier. Je vous donne un aperçu de mes talents. Allez-y franchement sur les commentaires.
Arnaud Bauer : Bon alors… comment vous dire ça avec les formes… Si j’optais pour la version langue de bois, je vous dirais qu’étant convaincu par le modèle manolosanctis, il faudrait soumettre cette planche aux avis des internautes avant que je vous donne mon avis…
La version moins langue de bois ? Eh bien disons que le grand Peyo n’a pas encore trouvé en vous son digne successeur…
Si vous ne l'avez pas déjà lue, vous pouvez retrouver la chronique d'Oklahoma Boy par votre serviteur, sur ActuaLitté.com