« Le Figaro étudiant » nous révèle que l’Université de Manchester propose un cours sur Gainsbourg et NTM, dans le cadre de l’étude de la chanson contestataire française.
Les « protests songs» ne sont pas seulement l’apanage de Bob Dylan. À l’Université de Manchester, ce sont Brassens, Gainsbourg et NTM qui sont convoqués pour mieux comprendre la place de la chanson dans la société et la culture contemporaine.
Le cours est assuré depuis plusieurs années déjà par Barbara Lebrun, maître de conférences à l’University of Manchester au département Humanités. Exit le latin et le grec donc et place au « versatile provocateur Serge Gainsbourg » pour mieux comprendre « les différentes expressions de la protestation dans la musique populaire française à partir des années 1950 », comme l’indique le descriptif du cours.
Pour le valider, les étudiants doivent remettre un essai de 3000 mots sur la question, écrit tout seul ou en groupe. Toujours selon « Le Figaro » qui a interviewé Barbara Lebrun, le cours ne désemplit pas d’année en année. Peut-être parce que Manchester est une ville qui a vu naître quelques-uns des groupes anglais les plus populaires (et pas étrangers à la contestation) du second vingtième siècle : Oasis, Joy Division, New Order, pour ne citer qu’eux.
Pour Mme Lebrun, c’est notamment un paradoxe à la base de la culture française qui attise la curiosité de ses étudiants. « Il y aussi ce paradoxe culturel français qui intrigue beaucoup les étudiants », explique-t-elle . Avant de poursuivre : « En France, l’“antiestablishment” est un gage de qualité et d’authenticité intellectuelle. Ce qui est loin d’être le cas partout en Occident ».
Du point de vue universitaire, elle estime que les « French Protest Songs » sont un sujet tout aussi sérieux qu’un thème plus classique comme la littérature française du 17e siècle. « Le choix de NTM est entièrement justifié pédagogiquement au niveau universitaire : leur sophistication musicale, leur discours de colère, la forme visuelle que prennent leurs chansons et leur identité artistique (...) tout cela forme un matériau hyper-riche sémantiquement. » On imagine d’ici certains défenseurs de la culture classique faire des bonds.
Du reste, si le sujet est délaissé par l’université française, qui devrait être la première concernée, les chansons contestataires françaises passionnent depuis longtemps les journalistes et les intellectuels. On peut penser par exemple aux livres du récemment disparu Gilles Verlant sur Serge Gainsbourg.
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Maison de Serge Gainsbourg (Paris, rue de Verneuil)
wolfB1958
CC BY-ND 2.0