Le Sabre de Shibito nous plonge dans un japon médiéval et fantastique avec quelques traces d'alchimie laissées par le passage des Hollandais.
Kinzô un apothicaire ambulant fait route avec un acteur itinérant sous la bonne garde d'un impressionnant samouraï, à travers les terres des plaines d'Adachigahara. La légende dit que des démons s'y trouveraient. Et nos compagnons ne sont guère rassurés. À l'exception du samouraï, qui semble avoir une idée en tête. Voler les biens de l'acteur et de l'apothicaire.
Il était sur le point d'y parvenir lorsqu'un étrange personnage fait irruption et les met en garde avant de disparaître. Hélas son intervention n'aura guère servi puisqu'une femme semblant venir de la foudre fait une entrée fracassante en tuant le samouraï et l'acteur. Kinzô n'aura d'autre choix que de la suivre en portant le cadavre du samouraï. Bientôt son destin ne lui appartiendra plus....
Une époque difficile
Truffé de références historiques et de légendes du Japon féodal, Le Sabre de Shibito, vous transportera dans un monde où l'on n’est jamais vraiment à l'abri. On ne peut se raccrocher à aucune valeur sûre, il n'y a pas de gentils. Shibito lui-même semble assez sanguinaire, cela dit on pourrait comprendre qu'il se soit levé du mauvais pied. Finalement, on est perdu, un peu comme le personnage principal de ce tome, Kinzô, un apothicaire assez veule, plutôt lâche, et franchement vénal. Et on en vient à le prendre pour référence tant il semble être le personnage le plus bon de l'histoire.
L'ambiance n'est donc pas festive même si l'humour est présent. Les mangaka ont réussi à bien faire sentir, à quel point la vie était dure dans le Japon de la période Sengoku (NDLR : entre le XVe et le XVIIe siècle) et à quel point on ne pouvait se fier à personne.
Les dessins sont épurés. Les trames sont très peu utilisées, le dessinateur Missile Kakurai, leur préférant des crayonnés bien marqués. Ainsi les cases ont l'air aérées, le dessin est clair et tout cela renforce le côté réaliste de ce titre, et paradoxalement cela donne une teinte irréelle et imaginaire lorsque des éléments fantastiques sont introduits.
Un avis mitigé
Ce premier tome ne dévoile pas grand-chose. Certaines bases sont posées, on sait d'où vient Shibito et quelle est sa mission, on connaît sa relation avec Kinzô et on découvre cet univers désolé pris entre guerres féodales et fantastique. Un fantastique introduit essentiellement par des références à l'alchimie. Les légendes du Japon ne prennent pas vie dans ce premier tome du Sabre de Shibito. Pourtant beaucoup de questions restent en suspens et on n'est pas vraiment happé par le scénario, ne sachant pas trop vers quoi il tend.
Le Sabre de Shibito reste agréable à lire tant pour son contenu historique et légendaire que pour ses dessins empreints de réalisme, clairs et aérés. La curiosité du lecteur sera probablement piquée et il aura envie de savoir vers quoi tout cela va bien pouvoir le mener, tout en restant sur une certaine forme de réserve. Le deuxième tome sera donc essentiel pour se faire une bonne idée de ce titre.
Le Sabre de Shibito de Missile Kakurai pour les dessins et d'Hideyuki Kikuchi pour le scénario est édité par 12bis. Le tome 1 compte 208 pages, que vous pourrez vous procurer pour 6,50€.