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Antoine Compagnon

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Biographies

Proust du côté juif

Antoine Compagnon s’est livré - après son cours au Collège de France - à l’approfondissement d’un sujet qui peut paraître marginal et qui s’est révélé d’une richesse intellectuelle et humaine assez extraordinaire. Il s’agit d’un côté de ce que Proust avait de juif dans son milieu familial, et de la traduction du judaïsme dans la Recherche du temps perdu qui a pu faire dire tantôt que Proust était antisémite, tantôt qu’il était un auteur kabbaliste. A travers l’érudition incroyable et la recherche d’archives menée par Antoine Compagnon, c’est tout un milieu qui ressurgit : celui de jeunes sionistes des années 1920 qui lisent Proust, le discutent, le commentent, se l’approprient et s’en servent comme point de référence ou de polémique. C’est le cas de gens très connus comme André Spire et les auteurs de la Revue juive (qui paraissait chez Gallimard sous la direction d’Albert Cohen) ou de la Tribune juive où écrivent des gens bien connus de la maison comme Benjamin Crémieux. Proust a souvent été affublé de la fidélité à un style de rabbin, et ce milieu des premiers lecteurs juifs de Proust est illustré presqu’à chaque page de ses portraits d’hommes - pour nous devenus inconnus -, et de commentateurs comme Albert Thibaudet, Gide, Péguy, Maurois ou encore Barrès. C’est tout un côté de Proust qui prend une dimension à laquelle on ne s’attendait pas pour un livre à paraître au début de l’année commémorant le centenaire de la mort de l’auteur ; 2021 étant déjà le 150e anniversaire de sa naissance.

03/2022

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Vie des saints

Antoine de Padoue ou de Lisbonne. Docteur évangélique, thaumaturge et compagnon familier

Saint Antoine de Padoue est un saint très connu, mais en fait mal connu. La plupart des églises possèdent en effet un tableau ou une statue du saint et beaucoup de gens le prient pour retrouver un objet perdu. Il possède ce charisme, mais cela est très réducteur. Cette biographie n'est pas seulement "une vie de saint" , elle brosse un vrai portrait de saint Antoine, à partir de sources authentiques. On voit apparaître, au fil des pages, un personnage différent des idées reçues. Antoine est en fait un grand théologien et un thaumaturge hors pair. L'Eglise l'a canonisé moins d'un an après sa mort et le pape Pie XII l'a honoré du titre de docteur évangélique. Un chapitre concerne les basiliques de Lisbonne et de Padoue avec la description des oeuvres d'art et des reliques. Le lecteur peut trouver aussi quelques prières pour demander l'intercession du saint. Antoine conserve toute son actualité.

02/2024

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Sciences historiques

Les chiffonniers de Paris

Les chiffonniers de Paris au XIXe siècle : un sujet original et inattendu. Un sujet d'une grande richesse, entre histoire, économie, urbanisme, littérature et art. Morceau de vieux linge, le chiffon sert à la fabrication du papier. Or la demande explose après la révolution Industrielle, avec l'essor de l'instruction et l'abondance de la presse. Le chiffonnier est à la fois l'inquiétant rôdeur des nuits de la capitale et l'agent indispensable des progrès de la société. Sa figure hante l'oeuvre des écrivains et des peintres, d'Hugo à Baudelaire et Théophile Gautier, de Daumier à Gavarni. Dans son Tableau de Paris, Louis-Séhastlen Mercier repérait en 1781 sa montée en puissance : "Le voyez-vous, cet homme qui, à l'aide de son croc, ramasse ce qu'il trouve dans la fange et le jette dans sa hotte ?... Ce vil chiffon est la matière première qui deviendra l'ornement de nos bibliothèques, le trésor précieux de l'esprit humain. Le chiffonnier précède Montesquieu, Buffon et Rousseau." On voit les dimensions que prend le sujet. Antoine Compagnon les explore avec une érudition inépuisable, De l'hygiène des rues de Paris à l'administration des déchets ; de la prostitution, dont le monde recoupe celui des chiffonniers, à leur recrutement et aux mythes qui les entourent. C'est à une plongée toujours surprenante dans le Paris nocturne que nous convie l'auteur, le Paris des bas-fonds et celui de l'imaginaire collectif. Qui croirait que le premier dessin cité dans le Grand dictionnaire universel de Pierre Larousse à l'article "Caricature" montre un chiffonnier ? Le crépuscule du chiffonnage parisien date de la fin du Second Empire : on fabrique maintenant le papier avec la fibre de bois et, en 1883, le préfet Eugène Poubelle décrète que les ordures seront déposées dans des récipients, lesquels prendront son nom. Mais le malfaisant marchand d'habits des Enfants du paradis, le film de Carné, suffit à illustrer la survivance du chiffonnier dans les représentation de Paris.

10/2017

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Philosophie

Un été avec Pascal

Après Montaigne, Antoine Compagnon nous invite à passer un été avec Pascal. Un siècle de différence entre les deux hommes qui sont tous les deux fondateurs de notre modernité, c'est-à-dire de la liberté d'esprit. Pascal (XVIIe siècle) comme Montaigne (XVIe siècle) traite de l'homme, de la société, de l'univers, du pouvoir, de la foi, de l'angoisse, de la mort, du jeu : le tout et le rien. Nous connaissons tous les sentences célèbres de Pascal : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie", "Qui veut faire l'ange fait la bête", "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point". Antoine Compagnon évoque à la fois la vie du génie Pascal (auteur du traité des Coniques), tout en allant chercher la signification de ses pensées elliptiques. Avec cette tournure d'esprit combinatoire, Pascal explore tous les possibles de la réflexion. En quarante et un chapitres (dont six inédits) il s'intéresse aussi bien à la question de la violence et de la vérité, de la tyrannie, à l'esprit de finesse, au divertissement et au juste milieu. Antoine Compagnon nous fait découvrir l'écrivain du miracle et de la grâce dont la pensée permet de mieux nous connaitre.

06/2020

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Critique littéraire

Les antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes

Postface inédite de l'auteur.

05/2016

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Philosophie

Un été avec Montaigne

"Les gens seraient étendus sur la plage ou bien, sirotant un apéritif, ils s'apprêteraient à déjeuner, et ils entendraient causer de Montaigne sur le poste. Quand Philippe Val m'a demandé de parler des Essais sur France Inter durant l'été, quelques minutes chaque jour de la semaine, l'idée m'a semblé très bizarre, et le défi si risqué que je n'ai pas osé m'y soustraire. D'abord, réduire Montaigne à des extraits, c'était absolument contraire à tout ce que j'avais appris, aux conceptions régnantes du temps où j'étais étudiant. À l'époque, l'on dénonçait la morale traditionnelle tirée des Essais sous la forme de sentences et l'on prônait le retour au texte dans sa complexité et ses contradictions. Quiconque aurait osé découper Montaigne et le servir en morceaux aurait été aussitôt ridiculisé, traité de minus habens, voué aux poubelles de l'histoire comme un avatar de Pierre Charron, l'auteur d'un Traité de la sagesse fait de maximes empruntées aux Essais. Revenir sur un tel interdit, ou trouver comment le contourner, la provocation était tentante. Ensuite, choisir une quarantaine de passages de quelques lignes afin de les gloser brièvement, d'en montrer à la fois l'épaisseur historique et la portée actuelle, la gageure paraissait intenable. Fallait-il choisir les pages au hasard, comme saint Augustin ouvrant la Bible ? Prier une main innocente de les désigner ? Ou bien traverser au galop les grands thèmes de l'oeuvre ? Donner un aperçu de sa richesse et de sa diversité ? Ou encore me contenter de retenir certains de mes fragments préférés, sans souci d'unité ni d'exhaustivité ? J'ai fait tout cela à la fois, sans ordre ni préméditation. Enfin, occuper l'antenne à l'heure de Lucien Jeunesse, auquel je dois la meilleure part de ma culture adolescente, c'était une offre qui ne se refuse pas". En 40 chapitres, Antoine Compagnon interprète Montaigne d'une façon claire, limpide, drôle. De l'engagement jusqu'au trône du monde en passant par la conversation ou l'éducation. Professeur au collège de France, ce grand spécialiste de l'autobiographie nous présente un Montaigne estival qui permet de bronzer notre âme. L'été avec Montaigne bénéficiera d'une forte promotion sur l'antenne de France Inter (Messages et émissions).

05/2013

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Critique littéraire

Un été avec Baudelaire

Aucun poète ne nous a laissé autant de vers mémorables. Aucun écrivain n'a mieux parlé de l'amour, du spleen, du voyage. Pour lui, l'été fut celui de l'enfance, saison à jamais révolue, paradis perdu que sa poésie voudrait retrouver. Moderne et antimoderne, Baudelaire reste notre contemporain, même si certaines de ses opinions peuvent nous scandaliser. Il détesta le progrès, s'intéressa à la photographie pour la disqualifier, songea à se suicider parce que les journaux multipliaient leur tirage, affronta le Mal éternel. L'oeuvre de cet homme blessé - poésie en vers et en prose, critique d'art et critique littéraire, fragments intimes, satires et pamphlets - fut d'abord condamnée pour ses provocations. Elle rejoignit bientôt les classiques. Baudelaire, qui admirait Delacroix et Manet, fut l'un des plus lucides observateurs de la désacralisation de l'art dans le monde moderne. Dandy, ami des chiffonniers, il fut l'être de tous les paradoxes et de toutes les originalités. «A sauts et à gambades», comme dans Un été avec Montaigne, Antoine Compagnon nous fait relire Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris. En trente-trois chapitres, il nous invite à partager un Baudelaire inclassable et irréductible.

05/2015

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Critique littéraire

Proust entre deux siècles

Marcel Proust a trente ans en 1901. Il meurt en 1922. C'est dire qu'il a plus vécu au XIXe qu'au XXe siècle. Son oeuvre puise ses affinités esthétiques dans le siècle de Baudelaire, de Wagner et de Ruskin, mais lui échappe cependant. Comme elle échappe au XXe siècle. Sans doute ce partage n'a-t-il pas de sens en soi ; mais toute grande oeuvre manque d'aplomb : les oeuvres assurées passent de mode, celles qui deviennent classiques sont ambiguës. C'est parce que la Recherche du temps perdu est irréductible aux deux siècles, qu'elle continue de fasciner. Ce livre essaie de comprendre la puissance paradoxale du roman de Proust en le confrontant à quelques lieux communs fin de siècle : le débat entre les conceptions organique ou fragmentaire de l'oeuvre d'art, la sexualité décadente, la science psychiatrique ou étymologique, l'idée de progrès en art, la naissance du mythe de l'avant-garde, etc. Comment Proust les a-t-il côtoyés et de quelle façon les a-t-il transformés ? Par quels retours à d'autres siècles aussi ? Deux ombres ne quittent jamais Proust : Racine et Baudelaire, dont les destins critiques se croisent étrangement avant 1900. On découvre alors la violence chez le dramaturge et le classicisme chez le poète maudit. Ils deviennent frères, et Proust entre deux siècles, c'est aussi Proust entre ces deux poètes. Antoine Compagnon Professeur au Collège de France et à Columbia University, New York. A établi l'édition de Sodome et Gomorrhe dans la " Pléiade " (Gallimard, 1988).

03/2013

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Littérature française

La classe de rhéto

Tout s'est joué durant la classe de rhétorique, quand je débarquai de la riante Amérique, au milieu des années soixante, et découvris l'un des établissements sévères où la vieille France instruisait ses futurs chefs. Je grandirais encore, mais je ne changerais plus. Du moins je vis sur cette illusion, comme si j'étais resté le même par la suite. Mon idée de ce pays était faite, mon sens de l'autorité et de l'indiscipline, de l'honneur et de la honte, de la fierté et de la servitude, de l'amitié et du mépris. Cette année-là, je l'entamai comme un bleu, l'éternel bizut tombé des nues, abîmé sur terre, et quelle terre ! Je la terminai en pensant savoir qui j'étais et quel était le monde où j'allais vivre, un grand, un immense bahut, avec son ordre serré et son anarchie profonde, sa règle apparente et ses arbitraires incessants, ses peines et ses allégresses, ses mensonges, ses hypocrisies, ses passions. Rien de plus artificiel que ce sentiment : on se figure l'unité d'une existence, là où il n'y a que des moments disjoints et les zigzags de la fortune ; regardant en arrière, on se voit comme un puer senex. On le sait, mais, privé de telles fictions, sans une dose de duperie de soi ou de mauvaise foi, on serait égaré. Chacun se raconte une histoire à laquelle il s'attache. Dans mon roman, la rhéto a été le noeud fatidique.

11/2012

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Histoire littéraire

Penser avec Marc Fumaroli

De L’Age de l’éloquence à L’Ecole du silence, de La République des Lettres à Paris-New York et retour, Marc Fumaroli (1932-2020), de l’Académie française, a laissé un héritage intellectuel considérable dans les études d’histoire littéraire et d’histoire de l’art. Titulaire de la chaire Rhétorique et société en Europe, XVIe-XVIIe siècles, de 1987 à 2002 au Collège de France, il fut également pendant deux décennies président de la Société des amis du Louvre (1996-2016). Cet ouvrage, dirigé par Antoine Compagnon et issu de deux journées de colloque qui s’étaient tenues au Collège de France et au musée du Louvre en 2021, montre toute l’actualité de l’oeuvre de Marc Fumaroli dans la littérature, les arts et la politique culturelle. Les contributions de celles et ceux qui ont travaillé de près avec Marc Fumaroli nous invitent à relire ce grand historien de la littérature, au sens large de la Res literaria et de la Respublica literaria, l’amicale européenne des savants, qui a toujours défendu l’Europe des lettres et des arts, mais aussi des idées et des formes.

07/2023

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Critique littéraire

Charles Péguy. Mystique et politique

Si Péguy nous est parvenu comme l’exemple de l’homme engagé, droit dans ses bottes, modèle d’austère vertu républicaine, défenseur exemplaire de Dreyfus, la lecture de son oeuvre révèle un personnage bien plus complexe et tourmenté, à la fois tragique et comique, au style ahurissant, animé, comme disait l’un de ses maîtres, Gabriel Monod, d’une «mégalomanie bizarre» consistant à «vouloir être le seul vrai républicain, le seul vrai socialiste, le seul vrai dreyfusard». Au nom de la collectivité, il fut un solitaire patenté ; au nom de l’ouverture, il dut se replier sur le cénacle de sa revue, les Cahiers de la quinzaine ; au nom de la politique, il fut le grand mystique de l’avant-guerre. Il n’y a pourtant de contemplation recluse et paisible, dans les grands essais polémiques de Péguy, ici réunis pour la première fois en un volume cohérent. Tout peut être chez lui mystique, le judaïsme et le christianisme, qui lui sont particulièrement chers, comme l’amour de la République, de la monarchie ou de la patrie, de tout temps et en tout lieu. L’affaire Dreyfus en est le modèle inoubliable, qui l’accompagna toute sa vie. Il en conserva un seul impératif, applicable à tout : que «la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance». Cette intransigeance poussée à son point de rupture, les colères de Péguy, sa drôlerie cruelle et son goût de l’excès le condamnèrent à la marge. Il est aujourd’hui urgent de le lire ou de le relire, dans une époque où le politique s’est plus que jamais dégradé et où personne, précisément, n’y «croit» plus. Lire Péguy et ses étonnants Cahiers de la quinzaine, c’est s’abreuver à la source de toute politique, quel qu’en soit l’horizon ; c’est retrouver un sens, quel qu’il soit, dans un monde moderne qui semblait s’en être définitivement débarrassé. Les principaux essais de Péguy publiés entre 1904 et 1913 tissent une longue analyse de ce monde moderne environnant, parfois grave et tragique, parfois comique et jubilatoire, tout en réveillant ce que le monde moderne est en train de trahir, le génie littéraire, l’héroïsme, la sainteté et toutes les formes de la grandeur. Dans une langue tourbillonnante et entêtante, les cibles de Péguy se succèdent sous son regard perçant, depuis Taine et Renan jusqu’à l’argent-roi, en passant par les dreyfusistes pénitents, les défaitistes en tout genre, les hérauts de la «nouvelle Sorbonne», les cléricaux de toutes les Eglises, les pires ennemis de Péguy comme ses amis les plus proches… Douze essais formant un flux continu, pour une radiographie sans merci de la modernité, qui a gardé son mordant.

10/2015

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Critique

La vie derrière soi. Fins de la littérature

La littérature a un lien essentiel avec la mort, le deuil et la mélancolie. Pourtant, les oeuvres tardives des écrivains suscitent moins de curiosité que celles des peintres et musiciens, plus affectés par les défaillances de leur corps, la main, l'oeil ou l'oreille. "Il faudrait cesser de travailler dans un certain âge ; car tous les hommes vont déclinant" , décrète le Bernin devant les derniers tableaux de Poussin. Dans ses dernières leçons au Collège de France, Antoine Compagnon se livre à une méditation sur la fin, à la fois terme et but, sur l'âge, condition du sénile, mais aussi du sublime, sur les ultima verba, le chant du cygne... Il décortique les oeuvres finales, parfois oubliées, méconnues, méprisées, et les fait résonner dans une analyse pétrie d'érudition et de fantaisie. En refusant une vision assombrie des écrits tardifs, l'auteur rappelle qu'ils ont toute leur place dans le panorama artistique et fait revivre pour le lecteur les grands noms de la littérature française comme Gide, Chateaubriand, ou encore Proust.

09/2023

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Critique littéraire

Le démon de la théorie. Littérature et sens commun

Ce livre retrace les conflits de la théorie de la littérature et du sens commun. La théorie refuse les préjugés du sens commun : la littérature comme essence ; l'auteur comme autorité donnant sens au texte ; le monde comme sujet de l'oeuvre ; la lecture comme conversation entre un auteur et son lecteur ; le style comme choix d'une manière d'écrire ; l'histoire littéraire comme procession des grands écrivains ; enfin la valeur comme propriété objective du canon littéraire. La théorie a ébranlé le sens commun, mais le sens commun a résisté à la théorie. Et celle-ci a souvent forcé la note pour réduire son adversaire au silence, au risque de s'enfermer dans des paradoxes. Il est temps de revenir sur les grandes années de la théorie littéraire en France, afin d'en proposer un bilan.

08/2014

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Critique littéraire

La République des Lettres dans la Tourmente (1919-1939)

Peut-on parler de République des Lettres dans une époque (1919-1939) où triomphent les nationalismes ? Certains écrivains et intellectuels s'engagent pour la ressusciter afin de faire vivre l'Europe entre les deux guerres. Il s'agit non seulement de rencontres entre tous ceux qui croient au rapprochement franco-allemand, mais aussi, à travers la création d'institutions, de faire dialoguer, correspondre les plus grands intellectuels européens. "Place à la conciliation, à l'arbitrage et à la paix", déclare Aristide Briand à la SDN en septembre 1926. Quelques années plus tard, l'Europe devait traverser une des périodes les plus sombres de son existence, la barbarie devait triompher de tous les pacifismes et balayer les défenseurs de la culture. L'examen de ces divers espoirs culturels européens est le propos du colloque international "La République des Lettres dans la Tourmente (1919-1939)" qui s'est tenu au Collège de France les 27 et 28 novembre 2009, sous la direction du professeur Antoine Compagnon.

04/2011

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Critique littéraire

Le cas Bernard Faÿ. Du Collège de France à l'indignité nationale

Bernard Faÿ n'est plus guère connu aujourd'hui que pour son rôle dans la répression de la franc-maçonnerie sous le régime de Vichy. Son action à la tête de la Bibliothèque nationale de 1940 à 1944 lui valut les travaux forcés à la Libération. Intrigué par le destin de cet intellectuel passé de Proust à Pétain et de l'avant-garde à la collaboration, Antoine Compagnon, Faÿ fut un lointain prédécesseur à l'université Columbia de New York, puis à Paris, au Collège de France, renouvelle en profondeur une enquête entamée par les historiens. Car l'homme demeurait très mystérieux. Quels démons ont pu pousser cet américaniste éclairé, ouvert au monde moderne, familier de Gide, Cocteau, Crevel et Picasso, intime de Gertrude Stein, aux engagements les plus funestes auprès des autorités d'occupation et de leurs complices français, aux compromissions les plus basses avec la police et la SS ? Comment cet homme de haute culture, infirme et esthète, inverti et religieux, a-t-il pu consentir à l'ignominie de la délation ? Et pourquoi ne s'est-il jamais repenti ? Tragique époque, ténébreux caractère, troublant portrait.

10/2009

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Critique littéraire

Baudelaire. L'irréductible

Contrairement à l'idée reçue qui fait de lui la figure de proue des avant-gardes du XXe siècle, Baudelaire fut à la fois moderne et antimoderne. C'est ce que montre son obsession pour certaines des nouveautés de son temps : la presse, la photographie, la ville et les manières de faire de l'art. Autant de facettes d'une même " chose moderne ", fuyante et contradictoire, à laquelle il donne le nom de modernité. Face à ces bouleversements, le poète est partagé entre l'horreur et l'extase : les journaux à grand tirage le dégoûtent, mais il assiège ces " canailles " de directeurs pour qu'ils le publient ; il attaque la photographie, mais il pose pour des clichés de légende... Cette ambivalence constitue la toile de fond du Spleen de Paris, sommet des contradictions du dernier Baudelaire, véritable objecteur de la conscience moderne. Avec brio, Antoine Compagnon dessine le portrait d'un poète insoupçonné autant qu'irréductible.

01/2021

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Critique littéraire

Chat en poche. Montaigne et l'allégorie

On n'a pas fini de déchiffrer des sens cachés dans les Essais de Montaigne. L'allégorie suppose qu'un autre sens se terre sous la lettre. Le texte ne veut pas dire ce qu'il dit : il veut dire ce qu'il ne dit pas. Dès qu'on entre dans le champ du non-dit, de l'esprit, de la figure, s'ouvrent toutes grandes les écluses de l'interprétation. Et une allégorie peut toujours en cacher une autre. En 1992, on a célébré le quatrième centenaire de la mort de Montaigne en acclamant sa vision de l'Autre : à eux seuls, les Essais nous rachètent de cinq siècles de colonialisme. L'anachronisme triomphe lors des commémorations : en 1892, la Troisième République, ne sachant encore bien que faire de l'auteur des Essais, l'opposait à La Boétie et l'accouplait à Renan. La tradition de l'allégorie semble pourtant se dissoudre dans les Essais. Mais peut-elle disparaître pour de bon ? C'est dans la seule page où Montagne fait allusion à l'allégorie biblique que Pascal trouve l'ébauche de la gradation, cette dialectique des contraires qui légitime l'ordre politique et social. La pensée politique de Pascal est aussi scandaleuse que celle de La Boétie. C'est la place de Montaigne, entre La Boétie et Pascal, qu'on ne cesse d'interpréter. La tentation de l'allégorie n'est-elle pas aussi grande que l'amour de la littérature ?

12/1993

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Beaux arts

Les Cinq paradoxes de la modernité

Dès le début du XIXe siècle Hegel jugeait que la gloire de l'art était derrière lui, dans le passé, et il annonçait rien moins que la fin de l'art. Est-ce à cette fin, toujours différée depuis près de deux cents ans, que nous assistons aujourd'hui ? Ne serait-ce pas plutôt à la faillite des doctrines qui voulaient "expliquer" l'art donc lui assigner un "but" et penser son histoire en termes de "progrès"? Telles sont les questions qui sont au coeur des Cinq paradoxes de la modernité. Et s'il y en a précisément cinq, c'est que, depuis Baudelaire, l'histoire de l'art a connu cinq crises majeures correspondant à autant de contradictions non résolues. Les lecteurs qui ignorent les rudiments de l'histoire récente des beaux-arts trouveront là un guide sûr. Les autres y trouveront une perspective originale (baudelairienne) propre à éclairer les soubresauts actuels de la "postmodernité".

02/1990

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Critique littéraire

Une question de discipline

Après le succès d'Un été avec Montaigne, Antoine Compagnon s'inscrit à nouveau dans le sillage de l'auteur des Essais. Ces entretiens révèlent un homme au parcours atypique et d'une curiosité hors norme : du statut de la citation dans les textes littéraires à Proust et Brunetière, en passant par Montaigne et la littérature "antimoderne" de Joseph de Maistre à Roland Barthes. On découvre l'enfance et l'adolescence de ce fils de militaire expatrié, qui a fait très vite des bibliothèques ses vraies demeures. Devenu polytechnicien, il se passionne pour la linguistique. Auditeur de Lévi-Strauss, Foucault et Lacan, il raconte ces années décisives et s'attarde sur son amitié pour Barthes et pour Marc Fumaroli. Il explique comment une discipline s'est alors imposée à lui dans les trois sens du terme : l'enseignement, la littérature et une certaine règle de vie. Professeur au Collège de France, essayiste et romancier, voyageur infatigable, Antoine Compagnon jette aujourd'hui un regard rétrospectif sur les livres et les figures qui l'ont marqué. Il fait revivre avec brio et humour le Paris intellectuel des années 1970, mais aussi l'effervescence des universités anglaises et américaines. Il se prononce enfin sur la place des études littéraires en France, et sur la littérature contemporaine.

10/2013

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Histoire et Philosophiesophie

Autour de 1914-1918 : nouvelles figures de la pensée. Sciences, arts et lettres

La Grande Guerre n'a pas cessé de nous fasciner. Elle nous apparaît comme un moment de profonde rupture non seulement historique et géopolitique, mais aussi épistémologique et même civilisationnelle. Nos façons de comprendre le monde, de le voir, de le penser, ont été transformées autour de ces années-là. Quel rôle le conflit a-t-il joué dans ces bouleversements ? Dans quel contexte intellectuel s'est-il déclenché ? Et quels en ont été les effets à long terme - les ruptures et les reconfigurations dans les sciences, la philosophie, les lettres, les arts, les représentations, les mentalités, la société ?

09/2015

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Critique littéraire

L'âge des lettres

Roland Barthes avait pensé intituler une conférence "Proust et moi". Après réflexion, il l'appela "Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Non qu'il vît de la présomption dans la première formule. Employée par lui. disait-il, et non par un témoin, elle n'impliquait aucune comparaison, mais exprimait une identification. Loin de s'égaler à Proust, il entrait humblement dans ses pas. Si je le comprends bien, il y aurait eu de l'audace de ma part à nommer ce livre-ci "Roland et moi", puisque je l'ai vu vivre durant quelques années. N'ayant pas côtoyé Proust, rien ne l'empêchait de dire "Proust et moi", tandis que je ne pourrais pas écrire "Roland et moi en toute simplicité. En vérité, il ne s'agit ni de se comparer ni de s'identifier, mais, trente-cinq ans après sa mort, de revenir, comme je le fais souvent dans ma tête, sur notre amitié, d'en parcourir les étapes, de fouiller dans ma mémoire, de retrouver ce que je lui dois, de lui rendre grâce pour ce qu'il m'a donné. pour les progrès qu'il m'a fait faire. On ne se lance pas dans ce genre d'enquête si l'on ne se sent pas contraint et forcé. On y résiste jusqu'au moment où elle s'impose. Ceci est ma recherche de Roland.

10/2015

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Critique

Un été avec Colette

Pourquoi Colette ? Un grand écrivain, c'est aussi un écrivain qui crée des mythes, qui renouvelle notre mythologie. " Créer un poncif, c'est le génie ", disait Baudelaire. Colette a créé quatre mythes : Claudine ; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd'hui. Antoine Compagnon décline toutes les facettes de Colette, des plus connues ou plus secrètes. De Claudine, sa première héroïne, dont son mari, Willy, s'appropria la paternité, signant de son propre nom les textes de son épouse et récoltant le succès et l'argent à sa place. Sido, inspirée par sa propre mère, sans doute sa plus belle invention romanesque. En passant par Gigi, son double littéraire charmante, légère, heureuse en amour et en mariage – à l'opposé de sa créatrice qui fuira " l'homme, souvent méchant " et trouvera refuge auprès des femmes. De sa Bourgogne natale à la présidence de l'académie Goncourt – elle qui n'avait aucun diplôme –, Colette ne fut jamais là où on l'attendait et emmena la littérature là où personne d'autre n'avait osé aller. Plus accessible que Proust, plus moderne que Gide, Claudel ou Valéry, Colette réussit la prouesse d'être à la fois lue dans les écoles et d'avoir conçu une oeuvre toujours aussi sulfureuse. Lire Colette aujourd'hui, c'est embrasser le XXe siècle dans toute son extravagance, grâce à un style qui n'a pas pris une ride.

05/2022

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Critique

La vie derrière soi. Fins de la littérature

"Pour son derniers cours au Collège de France, Antoine Compagnon s'est livré à une ultime réflexion sur la littérature, l'art, la musique à travers le kaléidoscope du mot " fin ". C'est en relisant La vie de Rancé de Chateaubriand qu'il en eut l'inspiration. Mais qu'est-ce que " les fins de la littérature " ? Cela signifie-t-il pour un écrivain de mettre un terme à son activité créatrice ? S'adonner enfin à l'oisiveté ? Ou faut-il prendre le mot au sens de crépuscule du créateur ? Un artiste est-il plus génial dans sa jeunesse ou sa maturité ? La vieillesse est elle-un déclin ou au contraire une apothéose ? Le Titien a-t-il eu raison de créer après 70 ans ? Hokusai, " le vieillard fou de dessin " estimait qu'il devrait atteindre l'âge de 110 ans pour maîtriser son art. N'existe-t-il pas un art sublime ? Un art du sublime sénile ? Les oeuvres ultimes malmènent les conventions. Elles peuvent être chaotiques, désastreuses, bouleversantes et annoncer des ruptures comme les quatuors de Beethoven. A travers des exemples allant de l'antiquité jusqu'à nos jours, Antoine Compagnon se livre à une réflexion sur la place de la vieillesse dans notre civilisation et notre société. Car texte n'est pas un cours mais une Odyssée vagabonde qui digresse sur l'or du temps, la mélancolie. C'est un récit, une panoplie de toute beauté qui s'appuyant sur des tableaux est un chant du cygne - le cygne produisant son plus beau chant juste avant sa mort. Mais le chant du cygne est un mythe à l'image de la littérature. Et la littérature moderne s'est pensée comme " un champ du cygne démesuré ". " La littérature va vers elle-même, vers son essence qui est la disparition ", affirmait Blanchot.

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Technologies

Etre compagnon maçon en 2030. Etude prospective des Compagnons passants maçons du Devoir

Le monde de la construction évolue et les métiers de la maçonnerie ne sont pas en reste. On pense notamment aux transitions en cours qui concernent le numérique et l'écologie, mais c'est tout un environnement qui change et qui influe sur les métiers. Les Compagnons maçons ont pour ambition de proposer aux jeunes générations un métier d'avenir à travers une formation et une pratique qui répondent aux enjeux de demain. Il est donc urgent de prendre le temps de l'étude et de la réflexion sur le devenir du métier pour pouvoir se projeter et ainsi anticiper au mieux les changements à venir. Cette étude présente les travaux prospectifs menés par un groupe de Compagnons maçons, auxquels ont contribué des experts dans les domaines du numérique, de l'économie, de la formation. Elle reflète aussi la dimension collective et participative qui a régné lors des rencontres, autant dans le groupe de réflexion que lors des échanges avec les acteurs du secteur.

06/2019

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Littérature française

Le compagnon

Catherine Chastenet a vu son mari s'écrouler à quelques pas d'elle, criblé de balles. Elle est harcelée par celte image. Dans quelle mesure est-elle coupable ? Elle vacille, pendant plusieurs mois, aux frontières de la folie. Puis la voilà confrontée avec elle-même, dans le silence d'une cellule ; avec un juge d'instruction, en un dialogue haletant où elle se débat une dernière fois, prise à son propre piège ; avec des voisines de prison, qui lui révèlent ce qu'elle est devant autrui ; avec son compagnon d'éternité, dont elle est plus proche que lorsqu'il vivait, maintenant que le remords fait place au repentir. L'univers de la justice, qu'aucune réforme n'empêchera d'être une mécanique plaquée sur du vivant, apparaît ici sous une terrible clarté : tout-puissant souci des convenances, pressions occultes, incapacité de la logique juridique à coïncider avec une existence humaine. A voir cette accusée, on mesure la fragile limite qui sépare les honnêtes gens, de ceux que la fatalité a marqués pour la torture. Les vingt mille lecteurs de Ton Pays sera mon Pays retrouveront le trait cruel, le pathétique discret dont est fait l'art de Claude Orcival. Le Compagnon est le roman âpre et poignant de la haine qui redevient amour. Jamais sans doute on n'avait été aussi loin dans la psychologie du crime passionnel.

06/1956

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Littérature française

Compagnons

" On te donne et un jour, ce sera à toi de donner... " Pour Naëlle, la vie est une suite de galères. Alors qu'elle ne rêve que de street art et aime orner les toits de sa banlieue de dessins multicolores, elle se retrouve contrainte à travailler avec d'autres jeunes sur un chantier de réinsertion. C'est sa dernière chance pour éviter d'être séparée de sa famille. Touchée par le talent mais aussi la hargne de la jeune fille, Hélène, la responsable du chantier, lui présente un jour la maison des compagnons de Nantes, un monde de traditions qui prône l'excellence artisanale et la transmission entre générations. Aux côtés de Paul, compagnon vitrailliste qui accepte de la prendre en formation dans son atelier, Naëlle découvre alors un univers aux codes bien différents du sien qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie. Saura-t-elle prendre la main qu'on lui tend ?

02/2022

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Littérature française

Antoine

Dans une société utopique, deux jeunes gens sont confrontés à l'autoritarisme d'un système voué au bien-être. Naturellement, ces jeunes personnes dans la fougue de leur jeunesse se trouvent confrontées à bien des difficultés et, leurs démêles divers dans ce monde qu'ils découvrent avec un regard candide, les amènent dans des situations rocambolesques dont ils se sortent avec courage et obstination. Dans ce conte romanesque, sur le thème de la joie de vivre, les péripéties d'Antoine et Capucine vous séduiront et vous emporteront dans un univers absurde ou le bien et le mal se perdent en conjonctures quand l'amour triomphe.

03/2018

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Littérature française

Antoine

Que recherche-t-il vraiment, Antoine, dans ce voyage ? Une mère et un père eux aussi vagabonds ? Son passé en miettes ? Ou malgré les ornières, son propre chemin de vie ? Le récit déroule les images d'un Sénégal aussi vivant que les personnages qu'on y rencontre. L'auteure, au prix d'une écriture sincère, y a évité le piège de l'exotisme pour évoquer cette aventure profondément humaine.

03/2022

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Thrillers

Antoine

Des chantiers navals de Dieppe à un ring de boxe de la banlieue parisienne, Christian Blanchard retrace l'itinéraire d'un jeune garçon égaré sur l'échiquier du bien et du mal. Un thriller social plein d'émotion, d'espoir, d'amour, de violence et de folie, pour conter, en filigrane, la France des années 1970. Seul l'enfant était vivant. Il était incapable de parler. Adossé contre un mur, les mains sur les oreilles, il se balançait d'avant en arrière en se tapant le crâne sur la paroi. Antoine a douze ans lorsqu'il commet le geste fatal. Un acte irréfléchi, comme une réponse impulsive à une terreur inouïe. La lame d'un couteau qui s'enfonce dans le corps furieux de son père pour tenter de protéger sa mère, en vain. La première marche d'une échelle infernale. Maison d'arrêt, centre fermé pour mineurs, Antoine se retrouve ballotté au sein d'un système judiciaire qui ne fait pas le tri entre victimes et bourreaux. Antoine encaisse, se raccroche au tendre souvenir maternel. A une lumière qui lui échappe peu à peu. Combien de temps pourra-t-il tenir à distance la bête qui gronde en lui ? Saura-t-il saisir les mains tendues de celles et ceux qui veulent le protéger ? Qu'a-t-il à sauver, lui qui a déjà tout perdu ?

03/2022

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Critique littéraire

Baudelaire. L'irréductible

Contrairement à l'idée reçue qui fait de lui le précurseur des avant-gardes du XXe siècle, Baudelaire fut à la fois moderne et antimoderne. On l'éprouve ici devant certaines nouveautés qui l'obsédèrent : la presse, la photographie, la ville et l'art. C'étaient diverses facettes d'une même "chose moderne", fuyante et contradictoire, à laquelle il donna le nom de modernité. Le poète allie devant elles l'horreur et l'extase : les journaux à grand tirage le dégoûtent, mais il assiège ces "canailles" de directeurs pour qu'ils le publient ; il attaque la photographie, mais il pose pour des clichés de légende. Cette ambivalence constitue la toile de fond du Spleen de Paris, sommet des contradictions du dernier Baudelaire, véritable objecteur de la conscience moderne. Un Baudelaire insoupçonné autant qu'irréductible.

10/2014