La transgression chrétienne des identités
Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Questions fondamentales de
l'être humain à toutes les époques. Cette question de leur
identité, les individus et les sociétés se la posent aujourd'hui
avec d'autant plus d'inquiétude que la réponse est incertaine.
Cette quête d'identité est liée à un besoin légitime
d'appartenance, d'enracinement, mais celui-ci, aujourd'hui, se
transforme parfois en une revendication radicalisée de
particularisme communautaire, qui met en péril le vivre-
ensemble en société. Comment donc empêcher les identités de
se clore sur elles-mêmes ? Comment penser et vivre une
identité qui se fait "en se cherchant et en s'inventant " ?
Comment "chercher notre identité dans la différence" ? Ne
faut-il pas transgresser les identités pour les ouvrir à
l'universel ? C'est ce que fera sans hésitation Paul, le Juif, le
Grec et le Romain, pour l'universel de l'amour du Christ qui l'a
saisi : Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni
homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous,
vous n'êtes qu'un en Jésus Christ (Ga 3, 28). Cette ouverture à
la pluralité des identités doit elle-même se traduire par une
pluralité d'approches de la thématique. Se conjugueront donc
les apports théologiques, exégétiques, éthiques, littéraires,
philosophiques... Une conviction traverse l'ensemble des actes
de ce Xe Colloque Gesché : il n'est pas d'identité humanisée
dans l'enfermement, pas d'identité sans transgression, c'est-à-
dire sans exposition à l'altérité de l'autre… et de soi-même,
entre singularité et horizon de l'universel. Benoît Bourgine,
Paul Scolas, Daniel Procureur, Frédéric Blondeau et Joseph
Famerée ont élaboré ce symposium, en lien avec la faculté de
théologie de Louvain-la-Neuve. Le lecteur y trouvera, plus
vivant que jamais, l'esprit qui caractérise les Colloques Gesché
depuis leur origine : une certaine manière de pratiquer la
théologie dogmatique, à savoir, "identifier une question
importante qui se pose à la foi chrétienne et qui est, en même
temps, un enjeu anthropologique, un enjeu de culture et de
société, et traiter cette question à partir d'éclairages multiples".
01/2012