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Bonnefoy

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Critique littéraire

Erasme dans le XXIe siècle. Séductions d'une écriture

C'est dans le cadre des activités de l'ALLE, Association le latin dans les littératures européennes qu'a été organisée cette journée Erasme dans le XXIe siècle, séductions d'une écriture, qui a connu une très belle affluence, dans la salle des conférences du lycée Henri IV. En effet, cette association, créée à l'initiative de professeurs des Classes Préparatoires littéraires des lycées Henri IV et Louis le Grand, peut-être parce qu'elle promeut un latin débarrassé de tout " patriotisme " disciplinaire, de tout complexe frileux ou obsidional, un latin au service de toutes les disciplines de la mémoire et du langage (comme l'indique la composition plurielle de son bureau, qui réunit lettres classiques, modernes, philosophie, etc.), connaît depuis sa création en 2008, inaugurée par le poète Yves Bonnefoy, un succès que l'on pourrait dire proprement intempestif, par les temps qui courent, et qui ne cesse de grandir, avec désormais une vingtaine de conférences à son actif. D'où l'idée de cette journée consacrée à celui dont le nom (un nom qui "numquam peribit" avait prédit son ami anglais John Colet) reste associé à celui d'une Europe, en pleine effervescence intellectuelle, et qui a mis le latin, un latin vivant, tout à la fois élégant et familier, décomplexé, au service de tous les grands combats modernes de son époque. Erasme aura oeuvré sans relâche, soucieux de transcender tous les clivages, dans un esprit tout à la fois tolérant et exigeant, et dans une écriture qui allie subtilement savoir et saveur.

10/2012

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Beaux arts

Promenades au Louvre. En compagnie d'écrivains, d'artistes et de critiques d'art

Ce volume propose sur le palais et le musée du Louvre un large éventail de témoignages, parfois savants, souvent enthousiastes ou fervents, quelquefois acerbes. Comment ce géant (ou ce monstre) est-il devenu ce qu'il est ? Comment ses visiteurs l'ont-ils perçu au fil du temps et quels usages en ont-ils fait ? Pour sa plus grande partie, ce recueil se donne aussi pour objectif d'offrir, sur sept cents oeuvres de tous les départements, des textes clairs et éclairants, attachants, surprenants, d'orientations variées, voire adverses, savoureux par leur ton et leurs qualités d'écriture. Les passages retenus sont de ceux qui montrent les oeuvres en renouvelant à leur propos la perception, la sensibilité, la réflexion. Près de cinq cents auteurs prennent ici la parole : écrivains célèbres ou méconnus, artistes, historiens, critiques d'art, poètes, philosophes. Parmi eux : l'inévitable Diderot, l'indispensable Baudelaire, le stupéfiant Huysmans, Gautier l'enchanteur, et Claudel, bien sûr, et Ruskin, Rodin, Rilke, Milosz, Ramuz, mais aussi, dans un rare et nécessaire désordre, Gaston Maspero, Antonin Artaud, Jacques Lacarrière, Jacques Prévert, Daniel Arasse, Yves Bonnefoy... Ils font voir les peintures et les sculptures devant lesquelles ils s'arrêtent. Sous l'effet de leur talent, celles-ci apparaissent de manière inhabituelle. Non pas, une fois de plus, par l'évidence étale des reproductions. Mais grâce à l'art des mots qui, exercé avec ingéniosité, avec acuité et passion, a le pouvoir de révéler ce qu'il décrit, en stimulant l'imagination et en mettant l'esprit en joie.

03/2010

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Critique littéraire

Arthur Rimbaud, l'impossible amour. Lecture

" Nous sommes tous les fils des poètes que nous aimons ". Yves Bonnefoy. Ce texte, une lecture particulière, est un objet littéraire qui n'aspire ni au genre de l'essai, ni de la biographie, ni de la fiction mais espère être reçu comme un récit sensible de la rencontre entre Arthur Rimbaud et un lecteur qui entretient avec lui une conversation ininterrompue depuis un demi-siècle. Non académique ni savant mais convenablement documenté, il retrace les chemins d'une rencontre, d'un partage et d'une tentative d'élucidation. Rimbaud je l'ai lu, relu adolescent, adulte et encore aujourd'hui ; mon état de psychanalyste ne limite pas mon aspiration à mieux comprendre cet homme, ses parcours, son travail de poète et de grand marcheur vers les ailleurs inconnus. Pour autant je propose des hypothèses inédites sur son fonctionnement personnel, toutes étayées sur son écriture poétique entre quinze et vingt ans, et sur les innombrables lettres qui offrent le récit de ses voyages infinis, de ses activités et surtout des relations complexes qu'il entretient avec les siens, essentiellement sa mère et sa soeur (" les chers amis ") jusqu'à sa disparition. Au terme de cette navigation exposée j'accède à la conviction que je ne connais pas deux Arthur Rimbaud, le poète et l'aventurier, mais un seul être humain, amoureux de l'Amour et de la Liberté libre, Arthur l'unique, unique Arthur qui anticipe, au plus haut, ce vers de René Char : " La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ". La lucidité le tua.

01/2017

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Critique littéraire

La figure du monde. Pour une histoire commune de la littérature et de la peinture

Le sort de la peinture importe depuis toujours aux écrivains, qui n'ont jamais interrompu leur dialogue avec les tableaux. L'oeuvre des plus grands d'entre eux, de Diderot, de Balzac, de Zola ou de Proust, en témoigne parmi d'autres. Mais depuis le XIXe siècle ce dialogue est devenu problématique car la fiction et la représentation, qui définissaient pour la littérature et la peinture un espace d'échange et de partage, ont été progressivement évacuées des oeuvres plastiques. Pourtant, alors que les peintres s'engageaient dans un processus d'autonomisation toujours plus radical de leur pratique, leurs anciens partenaires au sein de l'ut pictura poesis ont su maintenir vivante l'histoire commune des deux arts ; ils n'ont renoncé ni à ce que la peinture pouvait leur apporter (un mode spécial d'accès au visible, la conscience aussi des limites de leur propre outil), ni au rôle qu'ils pensent avoir à jouer dans l'avenir de la peinture. Ce livre aura atteint son but s'il parvient à faire entendre leur voix, mais aussi celle des écrivains de notre temps qui, s'appuyant notamment sur des artistes intempestifs comme Hopper, Giacometti, Bacon ou Balthus, ont compris que la survie d'une peinture ayant affaire au monde et au sens était nécessaire. D'Artaud à Bonnefoy, de Genet à Leiris, Handke ou Michon, ils nous invitent à reprendre confiance dans l'art. Ecoutons-les car leurs interventions, apparemment dispersées et vagabondes, se répondent et convergent de plus en plus vers un même espoir de voir revenir les peintres au sein de l'espace commun des arts.

10/2008

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Beaux arts

L'émerveillement. La présence dans la poésie et l'art modernes

Vous voici, vous vous tenez debout, face à une mer infiniment vide, sans autre compagnie que celle de votre attente. Vous ne pensez à rien de précis, aucune occupation ne vient vous divertir. Fini pour vous le temps des devoirs à remplir, des désirs à assouvir. Vous respirez. Vous êtes là, sans mémoire ni destin, dans la seule habitation de l'instant. Vous vous êtes seulement détaché de la rumeur du monde pour vous offrir à ce qui est. Et c'est alors que vous connaissez, dans l'effondrement de toutes choses, la plus forte jubilation de votre vie : tout d'un coup, la révélation de l'être. Le grand émerveillement. La présence : peu de notions se manifestent avec plus de constance dans l'art, la poésie et la réflexion esthétique des XIXe et XXe siècles. De C.D. Friedrich à Bacon, de Goethe à Bonnefoy, les plus grands noms de la modernité invoquent l'il y a, l'être, l'être-là, l'être au monde. Valéry, Rilke, Pessoa, Séféris, T.S. Eliot, W.B. Yeats, mais aussi Giacometti, Chirico, Chagall, Cézanne, Balthus, Rothko, tous ont interrogé l'énigme de la présence, tous ont fait de la création le moyen d'une approche de la présence. Tant de coïncidences invitent à une lecture synthétique. Ce qui nous émerveille aujourd'hui ? D'être là. D'être encore là. D'être là pour toujours. Relisons-les, revoyons-les donc, ces chercheurs d'être, personne ne nous est plus utile qu'eux. L'Emerveillement nous fait vivre cette expérience fondamentale, sa permanence et ses métamorphoses dans la littérature, la peinture et la sculpture modernes.

05/2019

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Littérature française

Dix moutons

Dans ce livre : Tome 1 - La Goinfre Mort tombée des cieux. Une bien belle épopée des Dix moutons ; Tome 2 : Guerre des gangs à Chicago. Un polar joliment ficelé des Dix moutons Ce livre contient les deux premières histoires d'une série destinée à s'étoffer. Récits de genre (une épopée, un polar), illustrés, à l'humour détonant et corrosif dans les textes comme dans les dessins, ils sont à la fois parodie et hommage appuyé aux livres et films dont ils reprennent les codes pour mieux les détourner et en jouer. Dans chacune de ces histoires, dix moutons, anthropomorphiques ou non, se retrouvent systématiquement à lutter contre l'absurdité d'un Destin féroce. Dans chacune de ces histoires, systématiquement, neuf moutons mourront irrémédiablement de morts toutes plus incongrues les unes que les autres, et un seul, systématiquement, vaincra la cruelle adversité. Original à tout point de vue, Dix Moutons n'entre pas dans les habituelles astreintes de l'Oulipo. Les contraintes, fortes mais fluides dans la narration, qui construisent ces textes restent dissimulées derrière le récit. Au-delà du systématisme de la mort des moutons, et du respect-détournement du genre dans chaque histoire, on découvrira pour l'épopée, un travail particulier sur les registres de langue, les formes lexicales ou syntaxiques. Pour le polar, l'intertextualité : le texte entier de cette guerre des gangs est bâti en dissimulant des extraits (plus d'une soixantaine) de classiques de la poésie française, du XIIe au XXe siècle, depuis Marie de France jusqu'à Guillevic et Yves Bonnefoy. L'annexe de fin permettra au lecteur curieux de les retrouver tous.

03/2023

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Critique littéraire

L'horizon fabuleux. Volume 2, XXe siècle

Le goût de l'horizon nous vient du romantisme. Il a longtemps figuré pour les poètes le seuil d'un Autre monde, l'image d'un Absolu. Mais en traversant l'histoire mouvementée du XIXe siècle, le thème s'est peu à peu dépouillé de ses significations idéales. Lhorizon est désormais vide. Il continue pourtant de fasciner les poètes, car il est fabuleux : débordant toute représentation acquise, inscrivant l'invisible dans le visible, il adresse un appel irrésistible à l'imagination et à l'écriture, qui le réinventent constamment, comme en témoignent les oeuvres de Claudel, Reverdy, Supervielle, Bonnefoy, Lande et Du Bouchet, ici interrogées dans leur diversité et leurs affinités. Ce que les poètes demandent à l'horizon, ce n'est plus guère l'accès à un Autre monde, mais la révélation que notre monde est toujours autre qu'on ne le croit, car il recèle une réserve inépuisable de perspectives nouvelles ; ce n'est plus l'image d'une identité propre, à jamais possédée, mais la "distance intérieure" d'une intime altérité. Ce fond insondable, le poète le rencontre aussi dans sa traversée du langage, qui le renvoie de mots en mots, sans qu'aucun coïncide jamais exactement avec ce qu'il voudrait dire. La fuite de l'horizon symbolise cette négativité à laquelle le langage poétique se trouve confronté depuis qu'aucune caution métaphysique ne garantit plus l'adéquation des mots aux choses. Parce qu'elle est devenue "expérience des limites", aventure du langage risqué aux confins du silence, la poésie moderne reconnaît une parenté secrète entre son ambition et cet horizon qui semble, au bord de l'invisible, tracer une première ligne d'écriture.

08/1989

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Revues Poésie

Po&sie Volume 3/4 N° 177-178, 2021 : Dante poète, Jaccottet, Stefan

Le numéro 177 (2021/3, septembre 2021) s'ouvrira par deux hommages : le premier à Philippe Jaccottet (avec des inédits et des contributions de Josée-Flore Tappy, Mathilde Vischer, Fabio Pusterla, et un dessin d'Anne-Marie Jaccottet), le second à Jude Stéfan (avec des contributions de Michel Deguy, Bénédicte Gorillot, Tristan Hordé). Il se poursuivra par un fort dossier de poèmes français (pour plusieurs poètes il s'agira de leur première publication en revue) : Anna Ayanaglou, Bruno Aubert, Régine Borderie, Salah Diab,Alexander Dickow, Gabriel Meshkinfan, Pascal Mora, Antoine Morisod, Daniel Pozner, Jonas Waechter). Après des proses d'art (Christian Bonnefoi et Laurent Jenny) et des proses théoriques (Francesca Serra et Jeremy Filthuth), la revue célébrera le sept-centième anniversaire de la mort de Dante. Elle le fera en proposant une retraduction du Monarchia (suivi d'un texte de Cl. Mouchard sur Cl. Lefort et Dante), en publiant des articles classiques de spécialistes italiens de Dante trop mal connus en France (M. Tavoni, G. Contini), mais aussi de spécialistes français (D. Ottavinani et I. Rosier) et en interrogeant quatre grands traducteurs qui ont récemment retraduit Dante : René de Ceccatty, Michel Orcel, Danièle Robert, Jean-Charles Vegliante. Le dossier se poursuivra par des études sur Dante et certains poètes du 20ème siècle (cette partie s'ouvrira pas le texte de M. Deguy : " Réponses à un questionnaire sur Dante ").

02/2022

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Critique littéraire

La lettre trace du voyage à l'époque moderne et contemporaine

Comment rendre compte de l'effet "trace" de la lettre viatique - de cette trace qui, dans la correspondance, peut être lue comme "le voyage même" ? L'ambition de cet ouvrage, qui s'inscrit dans la continuité de la collection "Chemins croisés" en ouvrant des perspectives nouvelles sur l'écriture de l'ailleurs, est d'examiner les rapports entre l'écriture épistolaire et le voyage à travers les nombreuses traces que laisse la lettre viatique dans la littérature anglophone et francophone de la fin du XVIIIème siècle à nos jours. Spécialistes de littérature française, francophone et anglophone croisent ainsi leurs champs disciplinaires pour se mettre à l'écoute des lettres, réelles ou fictives, qui inscrivent leur trace dans notre connaissance, scientifique ou littéraire, du monde. L'originalité de cet ouvrage réside également dans les lettres d'écrivains qui ont été spécialement écrites pour ce volume. En tissant écrits critiques et textes d'auteurs, ce livre propose de suivre les relations qui se nouent entre l'oeil et le regard, ces deux modalités du voir qui entrent en jeu dans notre approche de l'espace géographique et littéraire. Ainsi l'oeil du scientifique analyse la matérialité de la lettre, suit le tracé des échanges, fait entrer en résonnance la sphère intime et l'arène publique, prend le pouls du vivant pour mieux appréhender la matière. Simultanément, le regard des écrivains nous invite à percevoir le relief du monde, à écouter l'appel du poète qui esquisse, derrière les apparences sensibles, une présence qui approfondit l'espace et qui recrée ce qu'Yves Bonnefoy appelait "la terre humaine". A la croisée des disciplines, des époques, des territoires et des langues, cet ouvrage s'adresse non seulement aux spécialistes de l'épistolaire et de l'écriture du voyage, mais également à tous ceux curieux de saisir dans le tracé des lettres "l'usage du monde" .

05/2019

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Poésie

Effilage du sac de jute

René Char, comme aucun autre poète au XXe siècle, a mené avec les peintres une exploration commune. Avec Lettera amorosa, Poésie/Gallimard a déjà porté témoignage de ce mouvement unique, maîtrisé, de création à deux. Avec L’Effilement du sac de jute, c’est une semblable alchimie qui est à l’oeuvre. Ce que souligne très précisément Dominique de Villepin dans sa préface : « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir. Acte et surgissement dont témoigne cette oeuvre qui s’offre ici à nos mains. Prenons l’affirmation de René Char à la lettre. Ici, il n’y a pas d’un côté des poèmes, de l’autre des peintures. Il y a un poème. Un désir commun et partagé, une amitié d’esprit qui se serait, comme par accident, déposée sur ces pages. Il n’y a rien d’éparpillé, il n’y a pas d’encres coulées et bues par le papier épais. Il n’y a pas de créations en regard. Il n’y a qu’une seule chimère de formes et de sens agglomérés qu’il convient non de regarder, ni même de contempler, mais d’accueillir. Son être en effet l’attend. Dans la rencontre d’un autre désir demeuré désir, que le lecteur lui porte d’un oeil rond. Ici, le désir de peinture d’un poète a rencontré le désir de poème d’un peintre. Zao Wou-Ki et René Char s’y entretiennent. L’un et l’autre ont exprimé souvent ces quêtes complémentaires, René Char avec Georges Braque, avec Joan Miró, avec Giacometti, avec Vieira da Silva et Zao Wou-Ki avec Henri Michaux, avec Yves Bonnefoy, avec Roger Caillois, exemples parmi tant d’autres. Des étincelles splendides se sont constellées dès avant cette brassée de tisons éclatants ».

02/2011

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Poésie

A l'autre bout des yeux. De l'image au mot

Entreprise périlleuse que de vouloir faire dialoguer deux langages apparemment aussi éloignés l'un de l'autre que le sont l'image et le mot... Et en même temps, quoi de plus naturel, le propre de la poésie étant l'image, que de s'interroger sur l'intime parenté que confusément l'on perçoit entre ces deux moyens d'expression. Si la peinture est par essence même libérée de tout lien avec le concept, ce qui lui permet d'aller directement à la rencontre de l'immédiat, ce n'est certes pas le cas de la poésie, mais on sent que les deux entretiennent des rapports étroits quant à l'identité de leur projet, l'unicité de leur quête, de leur visée — que les deux partagent le même désir de déchirer le voile et d'aller au-delà de la représentation, au-delà du visible, ou disons aux confins du visible et de l'invisible, dans ce lieu d'immanence (ne rien voir là de surnaturel ou de transcendant) où la frontière entre eux disparaît. Poursuivant, autrement dit, une épiphanie de l'évidence où l'invisible vibre dans sa matérialité infinie. Collaborant depuis longtemps avec des peintres, jamais encore je n'avais songé, comme ici, à faire de ce dialogue l'objet même d'un livre. J'ai donc sollicité trente-six artistes plasticiens (huile, acrylique, aquarelle, encre, fusain, dessin, gravure) afin qu'ensemble, même si le plus souvent l'image a été première, donnant élan au poème, nous tentions de mettre en résonance nos deux oeuvres, de les prolonger, voire de les enrichir, l'une avec, l'une par l'autre. Et à la fin de cette aventure partagée, pouvons-nous suggérer, à l'instar d'Yves Bonnefoy, qu'à l'autre bout du regard, pour le peintre comme pour le poète, s'entrevoit non la coque mais l'amande...

09/2018

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Poésie

Poèmes suivis de Trois poèmes secrets (1933-1955)

"Cher Georges Séféris, si proche du plus malaisé - du plus vrai - de chacun de nous, que signifie cet impossible dont vous parlez dans votre poésie vigilante, à quelle contradiction ultime emprunte-t-il son malheur ? A votre histoire sans doute, pour une part, et il serait facile de reconnaître dans les hasards qui ont déterminé votre vie les éléments comme rassemblés à dessein d'un théâtre de la dissociation du réel. Il n'est pas indifférent qu'un enfant ait vécu à Clazomène l'été, entre des pêcheurs et la vigne, et à Smyrne, grand port "retentissant" où l'Europe et l'Asie, l'intemporel et le siècle, les rituels et les marchandises se mariaient richement pour la conscience charmée ; puis, que l'exode de tout un peuple, dans le sang et les larmes du désespoir, l'ait séparé à jamais de l'heureuse terre natale : Tout ce que j'ai aimé a disparu avec les maisons Neuves l'autre été Qui ont croulé sous le vent d'automne, a écrit Séféris, et ce n'est pas là qu'une image. Mais tout aussi décisif fut que la nouvelle patrie, à la fois la même et si différente, l'Attique au passé trop présent, au présent trop grevé d'absurdités et de drames, n'ait guère eu à offrir au jeune homme qui lui venait que sa tristesse d'alors : que la "souffrance", dirent tant de voix, d'être grec. Et encore la guerre, et toutes sortes d'exils. Georges Séféris a passé une grande part de sa vie à être grec - à servir la Grèce - dans les pays étrangers, et il a bien été ce voyageur empêché de rentrer au port qu'il évoque dans ses poèmes. " Yves Bonnefoy (1963).

02/1989

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Musique, danse

Tout Mozart. Encyclopédie de A à Z

Un nom, synonyme ou promesse de génie ? Mozart (1756-1791). Ce petit homme (1,66 m) qui signait ses lettres " Trazom " reste assurément l'incarnation de tous les paradoxes. Enfant virtuose et compositeur en butte aux vexations d'une société qui jettera son corps dans une fosse commune, esprit libre - il est adepte de la franc-maçonnerie - et tête mystique - son œuvre, même la moins religieuse, est une mise en notes du phénomène divin -, il est aussi le créateur bouleversant d'une musique qui ne cesse d'être légère, sans être insignifiante - jamais elle ne pèse, ni ne pose -, et d'un Requiem dont les accords funèbres retentissent d'une gravité hors pair. Mais, plus que tout, Mozart est le dernier représentant de l'esprit du XVIIIe siècle, qu'il porte à son apothéose, cependant que son œuvre annonce les révolutions à venir et les langueurs du romantisme. Mozart, ce sont encore des amis, des rivaux, des disciples ; des œuvres, des interprétations, et à travers celles-ci un style inimitable, une manière de vivre - autant d'élans à la joie qui continuent de se renouveler au gré des approches successives. Tous et toutes, de Nietzsche à Harnoncourt, de Heidegger à Barenboïm, de Bonnefoy à Bartoli, ce dictionnaire les met pour la première fois en perspective, avec des points, accessibles à chacun, sur les plus grandes partitions, de Don Giovanni à La Flûte enchantée, et des conseils pratiques du metteur en scène Patrice Chéreau, du chef d'orchestre René Jacobs et de la chanteuse Barbara Bonney. Composé sous la direction de Bertrand Dermoncourt, directeur de la revue Classica/Répertoire, cet ouvrage mêle à l'esprit de sérieux la prescription mozartienne : " Viva la libertà ! " STEPHANE BARSACQ

01/2006

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Religion

Le Paradis à la porte. Essai sur une joie qui dérange

Vous avez peut-être lu l'Enfer de Dante mais jamais son Paradis : il équivaut à vos yeux à un néant immaculé. Or le paradis dantesque est bien plus différencié et violent que son enfer. Béatrice y déclare au poète : " Si tu voyais mon rire, tu serais réduit en cendres ". C'est pourquoi, au fond, vous mettez le paradis à la porte : vous redoutez l'exigence de sa joie. Et vous vous fabriquez à la place un petit paradis artificiel, rassurant... qui fait un enfer très convenable. Certes, il ne s'agit pas de fuir vers un autre monde imaginaire, ni de régresser vers ce paradis terrestre dont la Genèse nous dit qu'il est définitivement perdu. A la notion d'un au-delà, vous opposez à bon droit la requête de vivre hic et nunc. Mais vous n'arrivez jamais à être vraiment ici, maintenant. C'est là que le vrai paradis révèle son paradoxe et se défend contre ses parodies : il n'est pas évasion vers un ailleurs, mais la grâce déchirante d'être présent à tous et à chacun, dans une ouverture symphonique, une créativité chorale. Ce livre vous invite à un itinéraire à travers la philosophie, la théologie et les arts - de Nietzsche à Bonnefoy de Baudelaire au Bernin, de Sade à Mozart - afin d'approcher ce que le paradis a de plus terrible et de plus beau : la béance de sa béatitude. Oh ! il ne s'agit pas de vous consoler, non, mais de vous convoquer à cette joie qui doit vous faire perdre toute contenance - comme un clown - et détruire en vous tout contentement - comme un fleuve, lequel n'est lui-même que de se recevoir et de s'offrir sans fin...

03/2011

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Littérature française

Louis-René des Forêts. Empreintes

Louis-René des Forêts incarne à coup sûr l'une des figures les plus importantes du XXe siècle littéraire français. L'aura que suscite l'écrivain, même en marge de la lumière médiatique où il s'est toujours lui-même tenu, son compagnonnage avec des auteurs aussi décisifs qu'André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Marguerite Duras, Pascal Quignard, Georges Bataille ou encore Maurice Blanchot en attestent. Son oeuvre, récemment rassemblée dans une édition complète, se trouve au carrefour de l'histoire éditoriale de son temps : lecteur chez Gallimard, il a accès à une vaste production originale ainsi qu'aux traductions, lectures qui viennent directement nourrir son propre travail. Son savoir-faire est unique en son genre : il façonne ses livres dans cette écoute attentive à ceux des autres. L'essai d'Emmanuel Delaplanche, dans son remarquable analyse, livre quelques-unes des clefs de la composition des grands ouvrages que sont entre autres Les Mendiants, Le Bavard ou La Chambre des enfants. On découvre en effet comment des thèmes, des atmosphères, des noms, mais surtout des mots, des syntagmes, des membres de phrases parfois, sont réagencés pour produire des oeuvres originales. Loin d'un travail de copiste, loin d'un recel de plagiaire, des Forêts développe un art tout à fait singulier de l'agencement, de la variation, de la reprise. A l'ère de la reproduction numérique et du sampling, le livre d'Emmanuel Delaplanche vient nourrir la réflexion sur la naissance du texte et offre un singulier éclairage sur le laboratoire de l'écrivain et l'originalité de l'oeuvre d'art. Il s'accompagne d'un site internet qui présente quelques-unes des pages de l'oeuvre de des Forêts abreuvées par plusieurs grands textes du XIXe et du XXe siècle (notamment américain).

06/2018

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Critique littéraire

Paul Celan, contre-parole et absolu poétique

Quatre décennies ont passé depuis la mort de Paul Celan. Son suicide, dans la nuit du 19 au 20 avril 1970, a créé un vide qui, d’une certaine manière, n’a pas été rempli. Vide parmi ceux qui avaient eu la chance de le connaître, vide dans la poésie de langue allemande qu’aucune grande figure n’est parvenue depuis à combler. La très forte croissance des études qui lui sont consacrées l’atteste à sa façon : tout se passe comme si, pour reprendre le titre de l’article de Maurice Blanchot, Celan avait été, du moins en poésie, « le dernier à parler », comme si la poésie de langue allemande s’était tue avec lui. Il se trouve qu’ayant commencé à lire Celan vers 1966, j’ai été le témoin de la croissance de sa notoriété. C’est pourquoi, lorsque Yves Bonnefoy et Antoine Compagnon m’ont fait l’honneur de me demander quatre leçons au Collège de France, j’ai pensé que le moment était venu d’essayer de faire le point sur ce que je croyais être parvenu à comprendre d’une œuvre dont le mystère et la beauté n’ont jamais perdu le pouvoir de fascination qu’elle exerça sur moi dès que je la découvris. Les leçons eurent lieu le 12, 19, 26 mars et 2 avril 2010 à l’auditoire Guillaume Budé. Je n’en ai guère retouché le texte, sinon pour faire deux chapitres de la dernière d’entre elles qui m’a paru aborder deux aspects différents de l’œuvre (l’affaire Goll et le changement de poétique introduit depuis Atemwende), ajouter une brève postface, quelques références bibliographiques et atténuer les marques d’oralité qui sont le propre d’un texte prononcé.

04/2013

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France

Beaux villages et cités de charme de France

Une sélection des plus beaux villages de France qui font tout le charme des régions de la France métropolitaine. - Plus de 100 villages dévoilés grâce à une trentaine d'itinéraires. - Un choix de villages extraits des ouvrages déjà parus (Alsace, Bourgogne, Bretagne, Charentes, Corse, Ile-de-France, Normandie, Pays basque, Provence et Val de Loire...) de la collection à succès des "Plus beaux villages et cités de charme" des éditions Ouest-France, mais aussi de très nombreux villages, d'autres régions, mis en lumière. - Plus qu'une présentation de ces différentes localités, c'est un bon moyen de parcourir la France et de redécouvrir des richesses architecturales avec de nombreux itinéraires proposés dans le livre. - Un index permet de trouver votre prochaine destination de week-end. En couverture : Conques (Aveyron)

10/2022

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Poésie

Dans la serre poétique. Et autres poèmes

Poésie de haut vol, à l'écriture fluide coulant de source sûre, mais qui souvent peut être prise aussi dans de sensuels tourbillons de mots. Poésie qui s'interroge sur elle-même. Pourtant, qu'on ne s'y trompe pas ! Pierre Gilman brasse et charrie à l'intérieur du monde d'aujourd'hui. De haut vol donc, mais qui excelle à évoquer, parfois nostalgique, la vie qui passe et qui décrit à merveille les " petits riens " du quotidien et les amours qui se délitent. L'univers tient ici parfois de la magie, comme si le poète voulait s'éloigner du réel qu'il ne connaît que trop. Et c'est alors une voix ample qui parle, mais à l'écart du grandiose, même quand elle célèbre des lieux de mémoire vive (les Andes, la Grèce), des embrasures vers le ciel et des entrées dans la mer, ou encore l'œuvre de grands poètes aimés : Pessoa, Ungaretti, Elytis, Hikmet, Char, Michaux, Mizbn, Ritsos, Paz, Holan, Celan, Somlyo, Bonnefoy, Goffette... Par ailleurs, l'univers que Pierre Gilman nous donne à lire n'est jamais de nulle part, enraciné ici et là, à Liège notamment, évoquée admirablement dans les poèmes d'Amercoeur, ou ailleurs, comme dans un bois nommé " Sur le Long Quoin " où se répondent et nous bouleversent un prénom et une ville (Sarah, Sarajevo). Une simplicité insistante (" près de l'ivresse avec un simple verre d'eau ") côtoie des creusements du langage même, lorsque la lettre " d " s'insinue dans le mot " vie " (L'enfant franchissable) ou que la peau et l'écriture ne sont plus que même accueil - " Peauaime " - de la femme aimée (Sept poèmes saisis par l'été). Peut-être Pierre Gilman appréhende-t-il lui-même et mieux que quiconque son œuvre lorsqu'il parle de l'" irréductible poésie ", la sienne donnée ici à lire pour la première fois étant promise à d'autres partances déjà annoncées. Jacques Izoard

01/2006

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Critique

Marceline Desbordes-Valmore, Les Pleurs

A l'heure où la littérature, et a fortiori la poésie, sont affaire virile, essentiellement réservée à une élite sociale et intellectuelle parisienne, le destin de Marceline Desbordes-Valmore fait figure d'anomalie à plusieurs titres. Femme provinciale modeste, d'abord comédienne et chanteuse de métier, autodidacte, elle est pourtant tôt reconnue et obtient une notoriété dont attestent les nombreux hommages qui lui sont dédiés au fil du siècle par Lamartine, Baudelaire, Verlaine, Saint Beuve, plus tard par Aragon, Stefan Zweig, Yves Bonnefoy. Si elle tient un statut particulier au sein de l'histoire littéraire, cette "oubliée admirée" - selon les mots de Christine Planté - s'est pourtant souvent vue réduite à une image sentimentale et larmoyante, portrait qui a joué en sa défaveur à l'heure d'un regain d'intérêt pour les figures féminines des siècles passés, et en partie encouragé par le titre de l'un de ses recueils les plus célèbres, qui fait l'objet de la présente étude, Les Pleurs. Paru en 1833, ce recueil est pourtant bien plus que le témoignage d'une douleur personnelle, et mérite d'être lu au-delà de la biographie ou des représentations réductrices entourant la "sincérité féminine" . Si la poésie passionnée et l'épanchement des pleurs en sont constitutifs, ils y prennent une valeur universelle au travers d'un dialogue entre le soi et l'autre. Les pièces amoureuses y côtoient par ailleurs des morceaux didactiques, teintés de politique et d'une indignation sociale qui s'affirmera dans ses oeuvres plus tardives, pour forger un ensemble pluriel. L'écriture, surtout, par la grande part qu'elle offre à l'oralité et surtout à la vocalité, par sa recherche de simplicité et de mouvement, mérite d'être redécouverte. Marceline Desbordes-Valmore s'y inscrit dans une tradition poétique ancienne et contemporaine, masculine et féminine, et y travaille l'émotion comme catalyseur d'une parole à la fois personnelle et en partage, dont les contributions de cet ouvrage tentent de restituer la richesse.

10/2022

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Critique littéraire

Le genre humain N° 54 : Alain Fleischer, écrivain

Lorsque qu’en compagnie de Jean-Pierre Vernant, Jacques Le Goff, François Jacob et d’autres, Maurice Olender crée en 1981 la revue "Le Genre Humain", il précise d’emblée que, si dans cette série de volumes collectifs on pourra lire des textes de scientifiques (historiens, sociologues, ou biologistes, démographes et statisticiens), on y découvrira aussi des écrivains et des poètes. C’est ainsi que Georges Perec publiait dans la revue Le Genre humain son célèbre texte "Penser/classer" (dernier texte publié de son vivant, en février 1982). M. Olender avertit ses lecteurs dans l’ouverture du volume (n°1) intitulé La Science face au racisme : "C’est entre science et société que l’on pourra découvrir régulièrement un texte d’écrivain, de poète, qui explorera les arcanes de la langue, grande révélatrice des représentations sociales et laboratoire des catégories de la pensée". Ainsi, peut-on lire dans les volumes du Genre humain des pages inédites de Paul Celan, Yves Bonnefoy, Nancy Huston et tant d’autres. Après avoir consacré un numéro à Jean Pierre Vernant, ce nouveau volume porte sur un homme dont l’oeuvre protéiforme surprend quelquefois la critique tant sa richesse est inhabituelle dans le paysage international aujourd’hui : en effet, Alain Fleischer est un cinéaste (plus de 300 films avec des rétrospectives programmées sur les cinq continents), photographe (innombrables expositions) et plasticien qui a répondu aux commandes de l’architecte Jean Nouvel avec qui il travaille régulièrement. Le présent volume est consacré à Alain Fleischer écrivain, où la mémoire, l’oubli et les "angles morts" de la Shoah sont omniprésents. Découvert comme écrivain par Denis Roche, Alain Fleischer a publié une cinquantaine de livres dont une douzaine de titres importants au Seuil, notamment dans la collection « Fiction & Cie » : La Femme qui avait deux bouches (1999) ; Les Angles morts (2003), La Hache et le Violon (2004), L’Amant en culottes courtes (2006).

08/2013

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Poésie

Journal de bord

Un journal de bord retrace, après coup, un chemin parcouru rythmé d'étapes et de haltes. La particularité de celui de Georges Séféris est qu'il est formé de poèmes. Ces recueils sont la marque et le témoignage d'un itinéraire géographique (en sa qualité de diplomate, Georges Séféris se déplaça beaucoup en Europe), historique, le présent de la Grèce reflète celle de l'Antiquité, mais aussi intérieur et existentiel. Il est tout à la fois un voyage à travers le monde et celui à travers la langue. Journal de Bord I, II, IIIregroupe trois recueils qui marquent autant d'étapes dans la production poétique de leur auteur. Le premier, écrit entre 1937 et 1940, le deuxième, entre 1941 et 1944, et le troisième, entre 1953 et 1955, couvrent une période trouble qui va des prémices de la Seconde Guerre mondiale au prélude du drame chypriote. La traduction que propose Vincent Barras tente au plus près de maintenir les spécificités de la langue grecque : rythme sobre et sévère. Poésie consciente et pessimiste, comme sur le retour, elle se refuse à s'abîmer dans les excès du lyrisme. Ses poèmes, déployant plus un monde sonore que musical, parlent plus qu'ils ne chantent. Ou alors ils psalmodient. Yves Bonnefoy, dansLe nom du roi d'Asiné, parle de Georges Séféris en ces termes : "L'auteur du Journal de bordn'est pas de ceux qui plantent sur les tours d'un lyrisme facile les oriflammes de l'éros, pratiqué de façon directe ou détournée mais toujours dans la solitude du moi, supposée rendue légitime par la beauté des paroles. Ses poèmes sont un échange conduit avec quelques proches ou proposé à d'autres personnes pouvant ainsi devenir des proches, dans une relation qui aide à leur liberté. Séféris a tôt et profondément compris que le devenir de l'esprit passait par l'évolution, la révolution, du rapport du moi et de l'autre ; et que cette recherche avait une de ses voies dans la création poétique".

09/2011

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Poésie

Corps rassemblé

CorpsCNL – Esther Tellermann, dans ce texte écrit suite à plusieurs visites de l'atelier du peintre Claude Garache, opère une remontée vers les origines, plonge les mains dans la première argile des hommes, pour faire surgir une matière des corps. Les poèmes remontent le temps comme une embarcation discrète, s'affranchissent du cadre, et reprennent l'histoire à sa source ; les époques tissées sous le sommeil des hommes, l'incarnation répétée, vers un visage individuel issu de la masse informe des visages. Vers une soeur : toutes les femmes. Esther Tellermann vient habiter le corps, lui rendre sa pesanteur, sa surface terrestre et son épaisseur.

Elle invoque dans un même geste, solitaire et rouge, "le visible et l'absence" . Les symboles oui, les ors et les martres, les archipels et les églantiers, mais surtout les reins et cuisses, genoux, seins, nuques, paumes : comment le corps s'extrait des ombres, des silences, jusqu'à la brûlure et la blessure, celle de "la vie ouverte" . Les rouges, les bleus, les gris et les verts sont ici des vapeurs antiques, des brumes entourant la question irrésolue de notre présence sur la terre, formes et âmes à demi transparentes, à peine esquissés déjà disparues, mortelles dans la lumière. Ce corps rassemblé s'écrit contre la solitude, notre inquiétude et notre évanescence. C'est une traversée, fragile, à travers les nuits et les âges, à travers les murmures et les peurs, les mers et les hivers, de "la respiration d'un seul monde" .

Pour fixer la présence du corps, rassembler son poids dans une lente incantation, dans la répétition de formules égrenées comme des prières, comme pour préserver au creux de la paume la fragile incarnation de l'homme au milieu de l'univers, que menace aussi sa propre folie. Esther Tellermann, après Yves Bonnefoy, Edmond Jabès ou Philippe Jaccottet, s'empare à son tour dans ce livre à la fois doux et tumultueux, de ce corps jamais figé, toujours à naître qui est au centre de l'oeuvre de Claude Garache, pour inventer une Ariane dont on suit le fil, guide inconscient suspendu entre la chair et le ciel, du premier mouvement jusqu'à l'incertitude de la limite.

10/2020

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Poésie

Illuminations. La réussite Rimbaud

"Pour comprendre Rimbaud, lisons Rimbaud". Cette phrase d'Yves Bonnefoy nous donne la seule clé véritable pour atteindre et peut-être rejoindre ce qui fut la plus éblouissante et la plus définitive de toutes les aventures littéraires. Très tôt, Mallarmé, qui s'y connaissait en unicité, a salué cette "aventure unique dans l'histoire de l'art. Celle d'un enfant trop précocement touché et impétueusement par l'aile littéraire qui, avant le temps presque d'exister, épuisa d'orageuses et magistrales fatalités, sans recours à du futur". Le monde, en effet, ne peut qu'être frappé par la précocité de ce grand jeune homme aux yeux bleus, dont l'inquiétude foncière fut de lui offrir, au monde, un avenir de gloire, un futur autre que celui que lui impose la civilisation industrielle. Y a-t-il réussi ? La réponse commune tombe comme un couperet : sa mort, à trente-sept ans, ayant renoncé à la littérature, dans une misère morale et physique affligeantes, ne laisse guère de doute sur son échec. Et la légende qui, comme d'habitude, recouvre et occulte la vérité de ce son entreprise, eut tôt fait de le figer dans la figure du poète maudit dont la fin tragique attire la compassion la plus larmoyante. Ce que ce voyant a vu, c'est d'abord l'impasse où est poussé l'homme de notre époque, l'homme de "l'Europe aux anciens parapets". Rimbaud a une clairvoyance surprenante des apories de la civilisation occidentale. Et ce monde ancien n'en finira jamais de déchoir, tant qu'il laissera l'utilitarisme le plus étroit (aujourd'hui l'utilitarisme financier) régler son destin. Mettre la poésie en avant, ce simple mot d'ordre résume la démarche rimbaldienne. Reste à définir ce qu'il faut entendre par poésie. D'abord une attention toute particulière à l'être même de la langue, ensuite un lieu, l'habitation propre à l'être humain. Ce que démontre avec une puissance inégalée l'écriture des Illuminations, c'est que l'homme, s'il veut habiter poétiquement la terre, doit d'abord habiter poétiquement sa propre langue.

03/2014

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ouvrages généraux

L'exil des collabos. 1944-1989

Ministres à Vichy, chefs de police, patrons de presse, speakers de radio, acteurs de cinéma ou simples quidams, ils sont partis au mois d'août 1944 dans les wagons de l'ennemi, puis ils se sont cachés. Leur exil a duré 45 ans pour certains ! Yves Pourcher nous offre ici une galerie de naufragés de l'histoire. Ils partent de France dans les wagons de l'ennemi. Leurs routes les conduisent à Sigmaringen, Baden Baden, Vienne, sur les bords du lac de Constance et dans toute l'Allemagne. Au milieu des ruines, fidèles à leurs idées, ils sauvent leur peau. Certains y parviennent, d'autres sont rattrapés par la justice, condamnés, exécutés. Les plus chanceux continuent encore : en Espagne, en Italie, et de l'autre côté de l'Atlantique, Argentine, Brésil, Canada où ils vivent en ruminant le passé. Ils font le tour du monde des collabos. Hôtels suisses, monastères italiens, auberges espagnoles, cafés de Buenos Aires... Dans ces lieux on croise, entre autres, Raymond Abellio devenu précepteur du fils de Jean Jardin, le nageur Jacques Cartonnet, l'académicien Abel Bonnard qui écrit pour La Vanguardia, le sinistre Darquier de Pellepoix qui finit près de Málaga, l'acteur Robert Le Vigan qui, après avoir suivi Céline, rejoint l'Argentine et vivote à Tandil. Le dernier de ces exilés, Paul Touvier, n'est arrêté qu'en 1989. A côté des grands noms de collabos apparaît toute une série de personnages sur lesquels l'histoire avait, jusqu'à présent, omis de se pencher : le garde du corps de Déat, Jacques Bourin, devenu fou ou feignant de l'être, le SS Robert Blanc, qui écrit des livres sur le protestantisme, le journaliste Axel de Holstein et sa maîtresse Geneviève du Boys, confortablement logés à Madrid, l'énigmatique René Bonnefoy, alias BR Bruss, journaliste de Laval devenu un maître de la science-fiction, etc. L'exil de cette troupe, véritables " gueules cassées " de la Collaboration, finit donc par une errance où, le plus souvent, ne transparaissent que le désordre de l'histoire et la course pathétique des vaincus.

03/2023

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Beaux arts

Le droit à la beauté. Chroniques de L'Express (1960-1992)

Pierre Schneider (1925-2013) a écrit chaque semaine dans L'Express, des années 1950 jusqu'aux années 1990, parallèlement à son activité d'écrivain et d'historien d'art. Qu'ils soient courts ou qu'ils prennent la forme de véritables dossiers, ses articles sont à la fois de vrais morceaux de littérature et des réflexions d'histoire de l'art. Ils accompagnent aussi bien les grandes expositions internationales (en France, en Suisse, aux Etats-Unis, etc.) que les orientations de politique culturelle ou les réalisations marquantes d'architecture et d'urbanisme dans le monde occidental.Qu'il s'agisse de cinéma ou de littérature, d'urbanisme ou d'art contemporain, de Baudelaire ou des trésors et curiosités des églises parisiennes, de l'hôpital Santa Maria della Scala à Sienne ou de la coupole de Jules Hardouin-Mansart à Paris, du scandale des biens juifs spoliés en Autriche, de la chasse aux sorcières aux Etats-Unis ou de la beauté des graffitis à New York, Pierre Schneider aborde les sujets les plus divers. Ses prises de position, ses engagements et ses jugements se signalent par leur verve et leur liberté égales à celles de ses grands livres. Il se méfie, par exemple, à son ouverture en 1977, du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (alias Beaubourg), « dosage habile de cours du soir et de parc d'attractions », il critique le soutien d'Etat à la création, à partir de 1981, il se moque amèrement de la dévastation des paysages par la politique publique du bâtiment, il s'enflamme pour la sauvage beauté des métros taggés, où « les trois-quarts des wagons sont aussi somptueusement illustrés qu'un manuscrit du Moyen Âge ».La réunion d'un choix de ces textes, répartis sur une trentaine d'années, permet de restituer une histoire parallèle et subjective de la vie artistique pendant cette période. Hommage est ainsi rendu à un pan méconnu de l'œuvre d'une figure aussi singulière qu'influente de l'histoire de l'art et de la critique artistique au cours de la seconde moitié du xxe siècle.L'anthologie est introduite par une préface de Rémi Labrusse. Elle est accompagnée de textes d'hommage par René Binet, Yves Bonnefoy, Itzhak Goldberg, Jean-Claude Lebensztejn et Richard Shiff, ainsi que d'une bio-bibliographie rédigée par Tamara Préaud.

01/2017

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Poésie

Poésies

«Comprendre Mallarmé a toujours paru difficile. Mais c'est que dès qu'il s'agit de lui, qui fut un des fondateurs de notre modernité, il ne faut pas hésiter à se référer pourtant à ce qui peut en paraître si éloigné : les grandes structures de la pensée archaïque. Celle-ci, en effet, cette longue et omniprésente tradition qu'a commencé de démanteler en Europe à la fin de la Renaissance le nouvel esprit scientifique, ancrait le besoin de connaître dans l'existence comme elle va, autrement dit dans le temps, avec pour horizon et énigme les moyens limités de la condition humaine, et le hasard des événements, et la fatalité de la mort. C'est par analogie avec ses situations de l'exister quotidien que les aspects que nous dirions les plus matériels du monde étaient abordés : choses que l'on percevait de ce fait comme des êtres, enchaînements qui semblaient dictés par un dessein, un vouloir. Et c'est donc de par l'intérieur de l'événement ou de l'objet qu'on avait l'impression d'accéder à leur raison d'être, à leur sens ; et sans avoir perdu pour autant contact avec leur apparence la plus immédiatement sensorielle, alors encore non simplifiée par les instruments de mesure. Par exemple, la passiflore était comprise, dans l'univers médiéval. On avait reconnu dans ses organes floraux une représentation abrégée - une image en miroir - des instruments de la Passion, chiffres eux-mêmes du salut, de la Providence. Et ce savoir préservait donc toute la présence sensible de cette fleur, il en voyait la couleur, il en respirait le parfum. Les couleurs, les odeurs, les sons restaient vifs dans l'idée de la passiflore ou du ciel étoilé, aussi riches ceux-ci apparaissaient-ils de significations symboliques ; et pour peu qu'on approfondît cette lecture de signes, on pouvait donc déboucher sur une expérience d'unité sans quitter le plan des réalités sensibles : l'expérience même que Mallarmé dans ses premiers textes appellera une extase. Mallarmé qui a ressent durement, dès ses débuts de poète, que la connaissance ne s'élabore plus, de notre temps, que de l'extérieur, qu'elle réifie tout ce qu'elle touche, que les parfums, les couleurs, les sons ne soient donc pour nous que des émergences privées de tout sens profond, désordonnées.» Yves Bonnefoy.

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Art contemporain

Cahier de l'agart n°3. Fragile

L'art contemporain a fait de la fragilité une compagne qui s'est imposée avec la grâce et la discrétion qui caractérise son être. Elle est là dès le début, surgie dont on ne sait où, avec l'une des premières icônes du XXe, L'Elevage de poussière (Duchamp - Ray). Elle est là sous toutes ses facettes : d'abord en tant que matériau susceptible de s'évanouir au moindre courant d'air ou de se briser au moindre toucher (les sculptures d'ombre de Tuttle) ; l'usage du pigment pur, non-li. , volatile. Le vent a son mot à dire, comme c'est souvent le cas depuis Léonard.

03/2023

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Critique littéraire

Mémoires de ma vie. Précédé d'un essai d'Antoine Picon : "Un moderne paradoxal"

Rédigés au soir de sa vie, peu après les célèbres Contes, les mémoires de Charles Perrault (1628-1703) s'interrompent au moment où l'auteur, tombé en disgrâce et supplanté auprès de Colbert par le propre fils du ministre, se retire des affaires dans sa maison du fg Saint-Jacques pour se consacrer tout entier aux lettres. Pendant 20 ans, Perrault a été l'homme de Colbert. Poète, théoricien, commis aux Bâtiments du roi, réformateur de l'orthographe, organisateur de l'Académie française, champion des Modernes dans la célèbre querelle avec Boileau - c'est aussi le laudateur infatigable du règne, "l'intellectuel organique" chargé de distribuer les faveurs et prébendes, de contrôler ses pairs et de les faire travailler incessamment à l'exaltation du régime. Intimement lié à son frère Claude Perrault (l'auteur de la colonnade du Louvre et de l'Observatoire), Charles se hisse à ses côtés au cœur du pouvoir. Ce sont les Perrault qui, par un harcèlement quotidien, parviennent à évincer le Bernin et à substituer leur projet au grand Louvre qu'avait dessiné l'illustre italien. Mais l'auteur délectable des Contes est avant tout un étonnant mémorialiste du siècle de Louis XIV, un portraitiste éblouissant de Colbert, Bernin ou Le Brun. Il nous peint la vie dans l'ombre du pouvoir : alliances, népotismes, ruses, objections instillées dans l'oreille du monarque, libelles travestis en rapports administratifs... Tout un art de la répartie, de la litote, de la prétérition se dévoile ici - par quoi Perrault, quelques années avant Saint-Simon, nous livre un document incomparable sur la "Société de cour", au sens où l'entendait Norbert Elias. Nous publions les Mémoires dans la version copiée par Paul Bonnefon sur le manuscrit autographe, précédés d'un essai d'Antoine Picon qui fait surgir les non-dits du texte et décrit la situation singulière d'un Moderne qui n'entendait se libérer de la tutelle des Anciens que pour mieux s'assujettir à l'ordre tout ensemble grandiose et vétilleux de la monarchie absolue.

09/1993

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Ouvrages généraux et thématiqu

Mémoires. Tome 1, Première rédaction, 1re partie (1682-1684) ; Tome 2, Première rédaction, 2e partie (1683) - seconde redaction (1696-1697)

Tome I Première rédaction, 1re partie (1682-1684) Tome II Première rédaction, 2e partie (1683) Seconde rédaction (1696-1697) Cette édition des Mémoires de Brienne le Jeune reproduit intégralement le texte des manuscrits autographes, à la différence de celles de F. Barrière (1828) et de P. Bonnefon (1916-1919) qui n'avaient pas eu accès à tous les originaux et qui ont pris des libertés avec les documents dont ils disposaient. L'auteur a vécu près de la famille royale et de Mazarin, comme garçon d'honneur du jeune roi, puis secrétaire d'Etat. Son oeuvre, riche d'enseignements historiques, comporte deux rédactions successives, espacées de plus de douze ans. Le présent volume correspond à la 1re partie de la Première rédaction. Brienne excelle dans les anecdotes, les dialogues, les scènes théâtrales. Il renouvelle le genre des Mémoires, en y insérant des poésies, des lettres, un récit de voyage... Il a été mêlé à la vie ou à l'oeuvre de la plupart des lettrés de son temps. Le tome II des Mémoires de Brienne le Jeune comporte deux ensembles distincts : la 2e partie de la Première rédaction et l'intégralité de la Seconde. Le premier qui date de 1683, forme une unité à part, il s'agit d'une traduction incomplète de son Itinéraire européen rédigé en latin plus de vingt ans auparavant. La Seconde rédaction a été écrite en 1696-1697. Le manuscrit de la Première lui ayant été confisqué après sa disgrâce, l'auteur, plutôt que d'aborder d'emblée le règne de Louis XIV, s'attarde à nouveau sur le ministère de Mazarin, par crainte que son témoignage antérieur ne soit à jamais perdu. D'une Rédaction à l'autre, le narrateur est souvent amené à évoquer les mêmes thèmes. Cependant, sa démarche témoigne d'une distanciation par rapport au passé. Elle se traduit par un style plus sobre, plus alerte et plus maîtrisé.

11/2022

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Critique littéraire

Europe N° 1079, mars 2019 : Christian Dotremont

Né en 1922 à Tervuren, dans la périphérie de Bruxelles, Christian Dotremont fut un adolescent révolté qui publia à dix-huit ans son premier livre de poèmes. L'ouvrage fut imprimé peu de temps avant l'invasion de la Belgique parles troupes allemandes. Séjournant à Paris sous l'Occupation, Dotremont participa aux activités du groupe surréaliste "La Main à plume ". C'est à cette époque qu'il rencontra Eluard, Picasso, Magritte et Bachelard Après une brève aventure "surréaliste-révolutionnaire ", il fut en 1948 l'initiateur de CoBrA, groupe international d'art expérimental L'effervescence créatrice, le goût de la spontanéité, ! Mer pour les arts premiers, les arts populaires et l'art brut caractérisèrent ce mouvement qui prit fin en 1951. Cette année-là, au Danemark Dotremont entama un long combat contre la tuberculose Au même moment, il rencontra Bente Wittenburg. Devenue Gloria dans son cure, elle prit place à jamais dans son " entreprise passionnelle de longue haleine ". Au cours de l'hiver 1956, Domont se rendit pour la premier fois en Laponie, s'enfonçant jusqu'au coeur dans la neige L'inspiration nordique illumina dés lors son oeuvre. Il renouvela au fil des années ses lointaines expéditions septentrionales. "Après avoir été un des acteurs principaux de la réflexion d'avant-garde, puis le fondateur d'une peinture nouvelle", a pu dire son ami Yves Bonnefoy " il devint dans ses années de voyage et de demi -solitude un des plus véridiques poètes qui aient alors écrit en français, ajoutant même à l'expression poétique une dimension graphique imprévue encore." Le geste profond de Dotremont avait toujours visé à accéder au réel véritable en brisant les entraves des conventions et des stéréotypes. Son aventure poétique trama au début des années soixante un nouvel élan fécond dans la pratique des logogrammes, dessins de mots et peintures de langage manifestant une unité d'inspiration verbale et graphique En Laponie, ce n'est pas au pinceau, à l'encre noire sur papier blanc. mais dans la neige et la glace que Dotremont traça ses poèmes : "Il m'arrive d'avoir le sentiment, quand je trace un logogramme, d'être un Lapon en traîneau sur la page blanche, et de saluer la nature comme au passage, par la forme même de mon cri ou de mon chant ou des deux tout ensemble ". Dotremont disait aussi : "Il faut voler le feu sans perdre les braises ni les cendres, ni le froid pour lequel on l'allume ni le froid vers lequel il disparaît ". C'est l'intensité bouleversante d'une oeuvre et d'une vie que l'on retrouve dans ce numéro Europe consacré à ce magnifique poète.

03/2019