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Abdelaziz Boucherit

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Littérature française

Le Monoplan du Pape. Roman politique en vers libres

De Filippo Tommaso Marinetti, la postérité a surtout retenu les anathèmes iconoclastes contre les musées, les bibliothèques et le carcan mortifère du passé. Le geste destructeur futuriste, acte de naissance des avant-gardes artistiques du XXe siècle, trouve sa forme la plus véhémente dans l'appel à la guerre contre l'Autriche, martelé depuis les premiers manifestes de 1909. Publié en 1912 et jamais réédité depuis, Le Monoplan du Pape est de cette veine nationaliste et belliciste et il y va fort, il brûle les mains. Un pilote d'avion (Marinetti lui-même), mandaté par son père l'Etna, file vers Rome, capture le Saint Pontife, le suspend à son monoplan et prêche sa guerre dans le ciel d'Italie avant de s'inviter à la grande boucherie de la bataille moderne. Ecrit directement en français, Le Monoplan du Pape est, selon son auteur, un "roman politique en vers libres". Dans le dossier infiniment débattu des rapports du futurisme avec le fascisme, il serait une accablante pièce à charge s'il n'était avant toute chose un grand poème expérimental sur la destruction, condition de toute vie et de tout devenir futuriste. Tout prend feu dans Le Monoplan du Pape, mais surtout le vers libre et la poésie symboliste que Marinetti consacre pour la dernière fois, avant de passer quelques mois plus tard au mot-librisme. Or, énorme surprise, il lui en coûte. Qui pouvait croire que sous le contempteur du sentimentalisme se cachait en fait un amant de la Lune ?

11/2017

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Littérature française

Le violoniste de Sarajevo

Saturday Review en 1913 : Un million de menues disputes sont en train d'édifier la plus grande cause de guerre que le monde ait jamais connue. Soudain, deux coups de feu à Sarajevo... dix millions de morts ! Quel emballement a-t-il pu saisir les chancelleries en 1914 et les mener à la "boucherie" que l'on connaît ? S'appuyant sur des archives pour restituer des moments d'Histoire, ce roman de Gérard Cardonne tente d'apporter des réponses au rythme du violon de son aïeul, Emil Hunsinger. Le violoniste alsacien est reçu à la table des "Grands" dans toutes les capitales où les désaccords règnent pour y faire retentir l'accord de son archet. Le dessert à portée de cuiller et le canon sous la table y dévoilent, en propos amers ou acerbes, les dessous de la politique internationale. Au fil des concerts et des banquets se dessine la trame du drame inéluctable, d'un désastre humain. Alors qu'aujourd'hui on patauge dans le passé sans chercher à le mettre en corrélation avec le présent et l'avenir, cet ouvrage met en exergue les différents points de vue internationaux à la veille de la Première Guerre mondiale. Ouvrage impressionniste, construit par petites touches qui ne livrent leur vérité qu'une fois le livre refermé. Il ne s'agit pas d'une nouvelle récriture de l'Histoire, mais d'une mise à distance que le temps a forgé. Plus d'un siècle après, ce conflit qui nous fit entrer dans le XX° siècle suscite toujours le questionnement : pourquoi cette tragédie ?

03/2023

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Bas Moyen Age (XIVe au XVe siè

Les Écorcheurs - Violence et pillage au moyen Age, 1435-1445. Guerre et pillage à la fin du Moyen Âge

Monthermé, 17 mai 1445. La petite ville des Ardennes s'est paisiblement endormie, confortablement blottie dans un méandre de la Meuse. Soudain, au milieu de la nuit, une troupe de guerriers fait irruption au son de leurs trompettes : "Ville gaingniée ! " , "Tue ! Tue ! Tuons tout ! " , hurlent-ils. Ils forcent portes et fenêtres, faisant irruption dans les habitations pour s'emparer de tous les objets de valeur qu'ils trouvent. Capturant leurs occupants, ils les mettent à rançon et, pour faire accélérer le paiement, les torturent. Gilesson Raigniel, "ung jeune enfant aagé de dix ans ou environ" , est pendu dans le conduit de la cheminée jusqu'à ce que ses parents leur donnent douze francs. Girard Teteig, âgé d'environ cent ans, est attaché à la queue d'un cheval et traîné dans les rues de la ville, tandis que ses tortionnaires crient "Avant ! Avant, viellart ! " avant de l'égorger. Ce déferlement de violence n'est qu'un épisode de la dernière chevauchée qui a ravagé le comté de Rethel et la châtellenie de Château-Regnault, la dernière d'une longue séquence de dix ans que les contemporains appellent "écorcherie" . Ce terme d' "écorcheurs" issu du domaine de la boucherie, est suffisamment évocateur pour qu'il ne soit besoin de souligner que les violences décrites ci-dessus sont, chez eux, habituelle. Au coeur d'un royaume de France déchiré par la lutte contre les Anglais et les Bourguignons, des capitaines comme Rodrigue de Villandrando, Poton de Xaintrailles, ou Etienne de Vignolles, dit La Hire se livrent à un pillage en règle de populations déjà fragilisées par la guerre. Ce livre retrace leur histoire.

10/2023

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Histoire de France

Lettres à ses parents d'un poilu de Thizy (décembre 1914 - septembre 1919). Entre déluge d'obus... et orgie de choux à la crème

Le 19 juin 1916 : "Mes bien chers parents. Nous venons de passer 7 jours au Mort Homme. Nous y sommes montés le 11 au soir, et le 14, à 4h de l'après-midi, nous attaquions et nous prenions la crête du Mort Homme... Jamais je n'ai vu une pareille boucherie... Il a fallu aller jusqu'au corps à corps à la baïonnette... Chaque nuit, ils contre-attaquaient en nous envoyant du liquide enflammé. Ma brigade a beaucoup souffert. Nous ne sommes pas redescendus nombreux... Nous avons tous changé car nous n'avons presque pas mangé. Je suis resté 5 jours sans boire. Jamais je n'avais tant souffert. Je suis encore à moitié abruti"... Février 1917-avril 1917 : "Tous les magasins étaient fermés, sauf les pâtisseries. Aussi, nous nous sommes rattrapés. A 6 que nous étions, nous avons mangé 48 gâteaux (choux à la crème, éclairs, enfin, un tas de bonnes choses). Ensuite, nous sommes allés souper à l'Hôtel Saint-Nicolas.... Hier, j'ai passé une charmante soirée à Sainte-Menehould. Bien entendu. nous sommes allés à la pâtisserie. Nous étions avec deux artistes : Francisque Cueille, 1er prix de piano du Conservatoire de Paris, et M Anis, prix de violon du même conservatoire... Ensuite, j'irai avec des camarades à Sainte-Menehould, manger quelques douzaines de gâteaux. Ensuite, nous rentrerons pour souper, car nous avons un bon lapin à manger. Alors, vous voyez que pour un dimanche de Pâques, j'ai beaucoup à faire... Aujourd'hui nous avons mangé l'aïoli, et nous avons bu de bons petits verres de Chartreuse". Deux moments de la vie de Marcel Béroujon...

01/2014

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BD tout public

Kent State. Quatre morts dans l'Ohio

Après l'autobiographie (Mon Ami Dahmer) et l'autofiction (Trashed), l'auteur américain Derf Backderf réalise un magistral documentaire historique sur les années 1970 et la contestation contre la guerre du Vietnam. Kent State relate les événements qui ont mené à la manifestation du 4 mai 1970 et à sa violente répression sur le campus de cette université de l'Ohio. Quatre manifestants, âgés de 19 à 20 ans, furent tués par la Garde nationale au cours de cette journée. Cet événement marqua considérablement les esprits et provoqua des manifestations gigantesques dans tout le pays avec plus de quatre millions de personnes dans les rues, marquant un retournement de l'opinion publique sur l'engagement américain au Vietnam. Derf Backderf, avait 10 ans à l'époque des faits. Il a vu des troupes traverser sa ville en 1970, et il a été profondément marqué par la répression sanglante de la manifestation du 4 mai. Dans Kent State, il brosse le portrait des étudiants qui seront tués au cours de la manifestation ainsi que celui d'un membre de la Garde nationale. Sa description détaillée de la journée du 4 mai 1970, montre comment l'incompétence des responsables locaux a débouché sur une véritable boucherie. Derf Backderf a consacré trois ans à la réalisation de Kent State, il a réalisé un véritable travail journalistique et interviewé une dizaine de personnes ayant participé à la manifestation. Kent State est un récit extrêmement prenant, poignant, une leçon d'histoire et une démonstration implacable de l'absurdité de l'utilisation de la force armée pour contrôler des manifestations.

09/2020

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Second Empire

L'exposition universelle de 1867. L'apogée du Second Empire

La fête impériale. Paris, 1er juillet 1867. Dans le palais de l'Industrie et des Beaux-Arts, gigantesque bâtiment construit en 1855 sur les Champs-Elysées, l'empereur des Français Napoléon III, entouré de sa famille, des hauts dignitaires de l'Etat, de chefs d'Etat et membres des familles souveraines, ainsi que du corps diplomatique, remet les récompenses décernées par le jury international de l'Exposition universelle, en présence d'un public nombreux. Ouverte le 1er avril, cette manifestation réunit une trentaine de pays (y compris le Siam et le Japon), 52 000 exposants, et voit chaque jour plusieurs milliers de visiteurs arpenter le Champ-de-Mars où l'Exposition est installée. La fête impériale bat son plein dans un Paris en pleine transformation sous l'égide du préfet Georges Haussmann, entre les visites de souverains étrangers (Guillaume Ier de Prusse, Alexandre II de Russie, le sultan Abdulaziz, le vice-roi d'Egypte Ismaïl Pacha), les multiples réceptions offertes par les ministres et les ambassadeurs et les spectacles donnés par les opéras et théâtres parisiens, sur des musiques de Giuseppe Verdi, Charles Gounod et surtout Jacques Offenbach. Et pourtant, ce même 1er juillet, la capitale bruisse d'une rumeur insistante : l'empereur du Mexique, Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche François-Joseph, aurait été exécuté par les troupes républicaines. Confirmée trois jours ensuite, la nouvelle interrompt temporairement les festivités. Un an après la victoire de la Prusse sur l'Autriche à Sadowa, et alors que les difficultés politiques économiques et sociales se multiplient, le temps semble se charger de " nuages noirs ", comme l'avouera quelques semaines plus tard l'empereur lui-même lors d'un discours à Lille. La " plus belle pensée du règne " de Napoléon III, à savoir la constitution d'un empire catholique au Mexique, a vécu. Pour tous ceux qui connaîtront ensuite l'" année terrible " (Victor Hugo) de 1870-1871, 1867 restera à jamais celle de l'Exposition, la dernière période de joie et d'insouciance avant les difficultés. C'est à la découverte de cette " flèche d'or du Second Empire " que nous invite cet ouvrage particulièrement vivant, sur les pas de ceux qui l'ont organisée et de ceux qui l'ont visitée, George Sand, Gustave Flaubert, Jules Verne, Jules Michelet, Ferdinand de Lesseps, Frédéric Le Play ou le futur Edouard VII.

02/2023

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BD tout public

Messalina Tome 4 : Des orgies et des jeux

An 42 . Messalina profite de l'absence de son impérial mari pour tisser une toile qui va la porter vers le pouvoir suprême. Suivie de son seul et véritable fidèle amant Caïus Silius intendant du Capitole, elle se prostitue auprès du sénat et dans tous les palais de Rome en organisant des orgies afin d'acheter des faveurs. Pour faire taire les rumeurs qui l'impliquent dans l'assassinat de Caligula, elle dénonce Cassius Chereas et l'état-major de la Garde Prétorienne qu'elle avait commandités pour perpétrer ce meurtre. Elle les fait tous exécuter au cours de jeux sadiques et lubriques dans le grand cirque de Rome devant une foule rassérénée parce qu'elle se croit libérée d'un groupe factieux et dangereux pour le nouvel empereur. Des tueurs restent des tueurs. Et les jeux offerts par Messaline sont si divertissants ! Dans le même élan, elle fait exiler nombre de sénateurs, puis compromettre des dignitaires dans des scandales orgiaques comme le Tribun Général de Rome Antoninus Maximus, et assassiner les plus réticents par son amant Silius. Portée par la foule qui croit en un renouveau de Rome, elle fait élever Silius au titre de chef de la Garde Prétorienne à la place de Chéréas. Silius... un ancien esclave gardien des thermes ! Mais des bruits courent encore dans l'aristocratie, venus de Simon le Magicien qui fut l'inspirateur de Messalina et qui le regrette bien. Serait-elle pire que les tyrans qu'elle a éliminés ? Pour couper court et en quête d'une preuve d'amour, la jeune impératrice ordonne à Silius et à sa nouvelle Garde Prétorienne de pousser Maximus au suicide puis d'assassiner Simon le Magicien et certains de ses nobles invités lors d'un de ses fameux banquets. Une boucherie qui annonce la venue d'une série de pogroms.

06/2013

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Histoire internationale

Sur les traces de 14-18 en Wallonie. La mémoire du patrimoine

Le 4 août 1914, vers 10 h, le cavalier Antoine Fonck tombe sous les balles à Thimister. Il est le premier soldat belge tué. Le 10 novembre 1918, sept officiers allemands en fuite franchissent la frontière belgo-néerlandaise à Mouland. L'un d'eux n'est autre que le Kaiser Guillaume II. Il a abdiqué la veille à Spa. L'Armistice est signé le lendemain. La Grande Guerre se termine à une vingtaine de kilomètres de là où elle a commencé. Cinquante et un mois se sont écoulés entre ces deux dates, faits de privations, de souffrance et de mort pour les populations. D'est en ouest et du nord au sud, pratiquement aucune région de Wallonie ne sera épargnée par les horreurs de la première "guerre totale". Enrichi de nombreuses illustrations parfois inédites, ce livre, résultat de trois ans de recherches sur le terrain, autant que dans les archives, relate des événements connus, des épisodes méconnus, des anecdotes. Il sillonne les chemins sanglants de l'invasion : le siège des forts de Liège et de Namur, le martyre de Herve, Visé, Andenne, Tamines, Dinant et de bien des villages, les quartiers ravagés, la boucherie des combats en Gnome et les tourments infligés aux civils. Il raconte la légende fantastique des Anges de Mons, la guerre de Churchill et d'Hitler à Ploegsteert et à Comines, le premier rideau de fer de l'histoire, les réseaux d'espionnage, les déportations, la vaste entreprise de reconstruction après la victoire. L'ouvrage répertorie également les héritages encore tangibles que la Grande Guerre a laissés en Wallonie dans les paysages, les rues, les monuments, la mémoire collective... En mémoire d'hier pour raviver notre mémoire d'aujourd'hui.

10/2013

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Critique littéraire

Madame de Krudener 1764-1824. Romantisme et Sainte-Alliance

Héritière du siècle des " lumières ", et surtout de Jean-Jacques Rousseau, Julie de Vietinghoff, baronne de Krüdener, aborda le seuil du XIXe siècle avec une sensibilité toute romantique. Sa passion des lettres et son amour pour la France l'incitèrent à écrire en notre langue des " Pensées et Maximes " (1802) et un roman, " Valérie " (1803), qui se situe entre " René " et " Corinne ". Elle fut l'amie de Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël, Chateaubriand, Benjamin Constant et Ducis. Outre Rhin, elle rencontra Jean-Paul Richter, Achim von Arnim, Schenkendorf et Zacharias Werner. Le contact avec les Frères moraves et le spectacle de la boucherie d'Eylau firent d'elle une militante du " Réveil " religieux dès 1807. Elle eut alors une influence spirituelle sur la reine de Prusse, la reine Hortense, la princesse Stéphanie et l'impératrice de Russie. Au moment des Cent-Jours, elle demanda au tsar Alexandre, son souverain, d'assumer le rôle d'" Elu de Dieu " et, comme tel, de prendre la direction d'une nouvelle Eglise chrétienne régénérée et lavée des atrocités de la Révolution et de l'Empire. Elle le convainquit de la nécessité d'appliquer les préceptes chrétiens à la politique, et l'incita à former une " Sainte-Alliance ", qu'elle baptisa elle-même de ce nom (1815). La partie industrielle de la Suisse était alors victime des méfaits du blocus continental. Mme de Krüdener s'y rendit pour soulager la misère de tant d'affamés. Cette pieuse mission fut dénoncée par Metternich comme dangereuse, et Julie de Krüdener fut reconduite de police en police jusqu'en Russie. Lors du soulèvement de la Grèce, elle prêcha à Saint-Pétersbourg la croisade contre les Turcs, mais le tsar s'opposa à ses vues et l'exila. Elle alla mourir en Crimée dans une petite colonie chrétienne qui venait d'y être fondée.

09/2005

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Romans noirs

Protocole commotion

Une relecture des codes du polar et du roman noir en France profonde. Une plume incisive et envoûtante. "Depuis un peu plus de deux ans, J. et moi arpentions côté billot les monts et les merveilles de la boucherie-charcuterie-triperie, X. aux commandes, les mains dans le sang et les sens aux aguets. Ma mère était rassurée de me voir apprendre un métier, elle s'étonnait d'ailleurs que je trouve encore du temps pour m'enfiler les piles de bouquins qui garnissaient alors les murs de ma piaule. Je crois bien que c'est aussi dans ces eaux-là que je me suis mis à écrire pour de bon mes premières histoires. Ca tirait dans tous les sens et c'était truffé de vaisseaux spatiaux, de soldats et de créatures impossibles qui se mettaient sur la gueule pour y aller si fort que finalement tout était détruit et tout était à refaire. Ca permettait de reprendre à zéro sans jamais vraiment terminer, ce qui m'arrangeait pas mal parce que les fins en général m'ont toujours mis mal à l'aise". David Sillanoli séduit et captive en jouant avec les codes du polar et du roman noir sans jamais s'y plier tout à fait. Sur cette prose d'une abrupte vérité pourrait planer l'ombre tutélaire d'un Jim Thompson ou d'un Pierre Pelot si elle n'était si personnelle. 'Les nerfs', 'Dans le cube' et 'Bevernaz', les trois novellas réunies ici, sont autant de solos fiévreux sur des thèmes classiques (l'errance, la déchéance, l'absurdité), qui fouillent et subliment ce qui fait le ridicule et le tragique de nos existences. Le résultat tient autant de la tranche de vie servie saignante à souhait que de l'objet littéraire d'une grande beauté.

03/2023

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Beaux arts

Vincent Van Gogh, Antonin Artaud. Ciné-roman, ciné-peinture

"Exprimer l'amour de deux amoureux par un mariage de deux complémentaires, leur mélange et leurs oppositions, les vibrations mystérieuses des tons rapprochés". (Vincent Van Gogh). "au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain" (Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société) Interné 9 ans dans les hôpitaux psychiatriques, Artaud regagne Paris en mai 1946. Il a vécu la période de l'Occupation dans les asiles de Ville-Evrard et de Rodez, et demeure marqué par le bombardement atomique de Nagasaki. Au Musée de l'Orangerie s'ouvre, en janvier 1947, une exposition Vincent Van Gogh. La visite de l'exposition, les lettres de Van Gogh à son frère ébranlent le poète. Dans les semaines qui suivent, il rédige "Van Gogh le suicidé de la société". Texte de voyant. Texte apocalyptique. La peinture de Van Gogh s'y révèle atomique, lézardée, fissurée. Rhizomatique. Artaud et Van Gogh se font face. Ils se retrouvent happés l'un dans l'autre, entraînés, broyés, tour à tour fragmentés dans le maelström de la touche de l'un, la graphie nerveuse et électrique de l'autre. La boucherie des guerres sociales antérieures se perpétue. L'exécution de Vincent Van Gogh et d'Antonin Artaud, ces deux "suicidés de la société", est un crime perpétré par la masse, un meurtre et un assassinat commis par la bonne société et l'ensemble de ses institutions. VAN GOGH/ARTAUD. CINE-ROMAN. CINE-PEINTURE. L'univers entre dans un processus de déflagration généralisée. La trame de leurs oeuvres se fissure. Disséminées, les touches, les boucles de l'écrit et les hachures du trait forment une matière riche. Dense. Qui ouvre la porte aux audaces de l'art moderne et contemporain... Les André Masson et Jackson Pollock, Soutine et Fautrier, Francis Bacon et Cy Twombly.

03/2014

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Sciences politiques

1919 L'internationale communiste. 100 ans, 100 militants du parti mondial

Quels enseignements peut-on tirer de ces années héroïques et tragiques, de ces combats qui décidèrent du destin de la Révolution internationale commencée en 1917 en Russie ? Premièrement, cette tentative fut défaite, parce que l'assaut d'Octobre resta isolé après l'échec de la révolution en Allemagne. Grâce à la stratégie de Lénine et des bolcheviks, le prolétariat international avait mis fin, sur le front russe, à la boucherie industrialisée de la Première Guerre mondiale impérialiste ; privé de cette boussole, il fut livré, sans pouvoir réagir, au massacre démultiplié du second conflit mondial. Deuxièmement, après la nouvelle guerre mondiale et l'ignominie du partage impérialiste de Yalta, s'ensuivit un cycle colossal de développement capitaliste, dans les vieilles et les nouvelles régions du marché mondial. C'est précisément ce développement, avec l'irruption de l'Asie et de la Chine, qui est une démonstration éclatante de la justesse de la stratégie de Lénine, malgré la défaite des années 1920. D'un côté, deux milliards de salariés, de l'autre, une poignée de puissances impérialistes en lutte pour le partage des marchés ; le développement inégal conduit les vieilles puissances de l'ordre atlantique, l'Amérique et l'Europe, au déclin, et fait émerger de nouveaux concurrents en Asie, la Chine et l'Inde. C'est un développement gigantesque aux contradictions gigantesques. Le système des Etats de l'impérialisme n'est pas en mesure de maintenir l'ordre mondial ; les crises et la rupture de l'ordre seront la brèche pour la stratégie du prolétariat révolutionnaire, comme il y a environ cent ans dans l'assaut d'Octobre et dans l'épopée de l'Internationale. Troisièmement, la course contre la montre de 1919 enseigne que le parti-stratégie doit être construit et enraciné auparavant, durant les longues années de la contrerévolution. Reconstruire, homme par homme, une conscience internationaliste, enraciner un parti sur le modèle bolchevique au coeur de l'impérialisme européen : c'est la tâche inédite, c'est notre bataille à l'ordre du jour. C'est la leçon ultime de l'Internationale communiste.

11/2019

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Littérature française

Sympathie pour le Diable

""Don't shoot. Don't waste your bullets. I am immortal" était la devise inscrite sur la voiture, qui était le prolongement de son être, de Paul Marchand à Sarajevo, pendant le siège de la ville. D'autres sources prétendent que Paul avait plutôt écrit : Morituri te salutant. Ceux qui vont mourir te saluent. C'est le sujet de Sympathie pour le Diable, qui fuse comme des balles dans la nuit : comment un grand reporter outrepasse son rôle, tombe amoureux et sauve des vies malgré lui, dans un Sarajevo de neige et de sang, de larmes et d'espoir. On ne revient pas entier de pareil voyage, et la balle qui traversa la main de Paul fracassa aussi sa conscience. Je n'ai donc pas été surpris d'apprendre un 20 juin 2009 son suicide, alors que nous nous étions parlé quelques jours auparavant. Paul Marchand est une légende, une étoile filante, un styliste suicidaire, un Hemingway fréquentable, qu'il faut absolument découvrir et lire. En 1997, je tombe sur un texte de cet inconnu, Sympathie pour le diable, publié au Québec puis par Florent Massot. C'est une rhapsodie de vie et de mort, l'un de ces livres de guerre qui, avec ceux de Norman Mailer et de Malaparte, devraient figurer au rang de classique. Peu d'écrivains me restent en mémoire comme l'indomptable Paul, inventeur de sa vie de Beyrouth-Ouest sur la ligne verte, à Sarajevo qu'il franchissait à tombeau ouvert, humant les morgues, aidant les uns et les autres, refusant d'accepter l'inacceptable quotidien. A sa mort, il laissa une femme à la beauté nordique et une petite fille, Asta. Il laissa aussi ce livre que Guillaume de Fontenay a adapté au cinéma dans une fougue aussi partageuse et irréductible que celle de Paul, le fumeur de toscans. Souvenez-vous : cette boucherie de Sarajevo, au coeur de l'Europe, c'était hier. So Long, Paul". Manuel Carcassonne

11/2019

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Beaux arts

Sans lui

Avec cet ouvrage, Sophie Calle nous plonge cette fois dans les annonces matrimoniales publiées dans le magazine Le Chasseur français depuis sa création à l'aube du xxe siècle. Présentées lors de son exposition au musée de la Chasse, à Paris, en 2018, puis ce printemps au Muséum d'histoire naturelle de Marseille, ces petites annonces, d'hommes cherchant des femmes, racontent l'évolution des qualités recherchées chez l'autre sexe depuis plus d'un siècle. Classés par décennies, des années 1910 à aujourd'hui, ces messages montrent les changements dans les critères de sélection. Au début du xxe siècle, les hommes parlent de fortune, de mariage, dans les années 1970, ils évoquent plutôt la crainte des femmes trop cérébrales et indépendantes. Plus on avance avec le temps plus le corps est évoqué, de même que la sexualité. Pour compléter son panorama sociologique des relations homme-femme, Sophie Calle a également puisé dans les annonces du Nouvel Observateur et du site de rencontres Meetic. Elle a repéré pour chaque décennie les qualités principales recherchées chez les deux sexes ; cet ouvrage présentant aussi des annonces de femmes cherchant des hommes. " J'ai toujours trouvé les petites annonces poétiques, j'aime leur langage concis, économique, elles sont comme des haïkus ", souligne l'artiste. Parfois clairement intéressées, telle : " Garçon boucher désire connaître personne ayant boucherie, vue mariage ", ces publications parlent aussi de la solitude à l'oeuvre dans la quête amoureuse, une quête dans laquelle il y a aussi de de l'attente, du silence, des non-dits. Image de la solitude affective, de la quête de l'amour ou au contraire marque de son renoncement, ces petites annonces dressent un catalogue amoureux. Artiste inclassable qui floute en permanence la ligne entre réalité et fiction, Sophie Calle met ici en scène la recherche universelle de l'être aimé chez la femme et chez l'homme. Conçu en collaboration avec la maison d'édition Cent pages, cet ouvrage s'inscrit dans la suite des livres dessinés à quatre mains avec l'artiste.

06/2020

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Sciences politiques

Mon combat contre la dictature Algérienne

L'homme à abattre - Un cailloux dans la chaussure algérienne Rachid Nekkaz est l'un des principaux opposants au régime algérien. Il a été l'un des initiateurs du Hirak, manifestations de masse qui ont redonné espoir au peuple algérien entre 2019 et 2021. Il est aujourd'hui en résidence surveillée après avoir été emprisonné pendant 443 jours dans une prison à Alger. Dans ce livre, Rachid Nekkaz raconte son parcours extraordinaire depuis sa cité en banlieue parisienne jusqu'aux portes de la présidentielle algérienne, acclamé par des dizaines de milliers de jeunes qui voyaient en lui l'espoir d'un avenir meilleur. Pourtant, rien ne prédisposait ce pur produit de la culture française, passionné de Voltaire, à devenir l'ambassadeur d'un peuple opprimé et étouffé par un régime autoritaire qui confond opposition et trahison. Pendant six ans, sa simplicité naturelle et ses 1300 vidéos live participatives sur Facebook (1, 8 millions d'abonnés) et Youtube (236. 000 abonnés) lui ont permis de libérer la parole et de redonner confiance à tout un pays élevé depuis 60 ans dans la peur des puissants services de sécurité, coresponsables avec les islamistes intégristes de la mort de 200 000 victimes et de 18 000 disparus lors de la terrible décennie noire des années 1990. Tout a commencé par une promesse faite à son père peu avant qu'il ne soit terrassé par un cancer de la prostate dont il héritera. Malgré une langue arabe approximative, il a réussi petit à petit à se faire aimer et adopter par la majorité de la jeunesse grâce à son incroyable culot, un courage exceptionnel et une présence sur le terrain en marchant 3124 km à pied à la rencontre de la population à travers les plaines, les montagnes et les déserts algériens en s'inspirant de la marche du sel de Gandhi. Le régime en place - ayant eu très peur de la popularité grandissante de Rachid Nekkaz qui s'attaquait frontalement avec des preuves de la corruption des élites dirigeantes - a décidé en 2016 de modifier la Constitution pour l'empêcher de candidater aux élections à cause de la nationalité française qu'il avait acquise à sa naissance. Anticipant les évènements, il a échafaudé secrètement un plan B avec l'idée stupéfiante de présenter à sa place son cousin homonyme, mécanicien de profession. Si le régime n'avait pas annulé les élections du 18 avril 2019, l'enfant des cités serait devenu le 1er Président démocratiquement élu depuis l'indépendance en juillet 1962. Son rêve de démocratie se brisera dans les geôles d'Alger où il y restera 443 nuits. Rachid Nekkaz est né en France où il vivra pendant 40 ans avant de renoncer à sa nationalité française en 2013 et de s'engager corps et âme pour la démocratie dans son pays d'origine, l'Algérie. Diplômé d'histoire à la Sorbonne et militant des droits de l'homme, il était le principal opposant au 5ème mandat de l'ancien président grabataire Abdelaziz Bouteflika en mars 2019. Il a également un des premiers initiateurs du Hirak, manifestations de masse en Algérie, qui a redonné espoir au peuple algérien. Rachid Nekkaz a écrit 4 livres dont un livre-entretien avec les 7 chefs d'Etat du G7 (Clinton, Chirac, Blair...) en 2000. Il a été nominé au Prix Nobel de la Paix en 2019.

03/2022

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Littérature anglo-saxonne

Tout comme toi

La personne qui peut vous rendre le plus heureux n'est pas toujours celle que vous attendiez. Nick Horby revient avec une comédie sociale et romantique hilarante dans un Londres déchiré par le Brexit. Toute sa vie Lucy a suivi une route tracée d'avance, notamment en matière d'amour. Elle a rencontré un homme qui lui ressemblait : même âge, même parcours, mêmes rêves ; ils se sont mariés et ont eu deux enfants. Mais voilà, aujourd'hui, Lucy est une enseignante de quarante et un ans, divorcée, avec deux fils à charge, et la route débouche sur un carrefour. Quelle direction prendre ? Lucy sent ses certitudes vaciller... Serait-ce le parfait timing pour un coup de foudre ? Lorsqu'elle rencontre Joseph derrière le comptoir de la boucherie de son quartier bobo londonien, elle ne cherche pourtant pas l'amour, loin de là. Plutôt un babysitter de confiance, pour pouvoir sortir de temps à autre. Et puis Joseph a vingt-deux ans, habite chez sa mère, cumule les petits jobs et rêve de devenir DJ. Pire encore, il a voté LEAVE. Disons-le, il n'a rien du candidat idéal. Mais parfois, il s'avère que la personne qui peut vous rendre le plus heureux n'est pas celle que vous attendiez ! Même si cela peut générer quelques complications... PRESSE " Exquis. " ELLE " Une fois de plus, Nick Hornby excelle dans les dialogues à l'humour corrosif. " Le Figaro Littéraire " Un roman contemporain enlevé, drôle et touchant à la fois. " Transfuge " Un roman social acéré. " Les Echos " C'est drôle, enlevé, aussi cruel que charmant, et éminemment salutaire. " Voici " Il faut voir la précision, le sens du détail [et] la finesse [de] l'écrivain " Le Monde " Une nouvelle fois, l'écrivain anglais fait mouche. Dialogues percutants, rythme enlevé, humour tranchant " Sud-Ouest " Le diable est dans les détails, et l'humour à la fois cinglant et tendre [de Nick Hornby] sait les débusquer " Madame Figaro " Une histoire rocambolesque et savoureuse " Le Parisien " L'auteur excelle dans cette comédie sociale sur fond de Brexit, love story décalée d'un redoutable humour. " Rolling Stones

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Développement durable-Ecologie

L'avenir des simples

"On a bien compris que l'objectif des "multi-monstres" (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l'exercice d'une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d'avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l'art savant de l'aiguille et du tricot et la pratique d'un instrument de musique au lieu qu'on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l'emprise des "multi-monstres" , utiliser toutes les armes d'une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : "votre appareil ne nous intéresse pas" , graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l'agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d'agro-écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l'immense solitude des campagnes et l'encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l'arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d'habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c'est refroidir l'atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, "c'est un éternel Treblinka". J.R.

03/2020

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Littérature française

Sylvia Bataille

1908. Naissance de Sylvia. Au même moment, Pablo Picasso, dans son Bateau Lavoir, peint Les Demoiselles d’Avignon, vision qui marquera le début de l’ère moderne. Les avant-gardes explosent avec les derniers soubresauts de la société féodale sur fond de la boucherie que fut la Première Guerre mondiale. Elles se développent tout au long de l’entre-deux-guerres, et après 1945, jusqu’à leur consécration en 1968. 1908-1968. Sylvia Bataille devient, au fil des ans, une figure emblématique, un condensé de cette histoire artistique, intellectuelle et militante. Elle se situe au centre du coeur où bat le sang nouveau : le récit de sa vie est celui de ces hommes et de ces femmes qui ont créé le monde contemporain, dans les convulsions les plus extrêmes, à une époque où Paris était l’endroit au monde où les choses se passaient. Au départ, quatre soeurs. Les soeurs Maklès, d’origine juive roumaine, prennent le pouvoir sur les principaux acteurs du milieu artistique en plein bouillonnement, gouverné par les surréalistes, les Dada et l’extrême gauche. Bianca épouse Théodore Fraenkel, l’ami de Breton et Aragon, le médecin de tous ceux qui appartiennent à cette « famille » ; Sylvia épouse Georges Bataille en premières noces, puis Jacques Lacan ; Rose épouse André Masson ; et Simone, Jean Piel, le directeur de la revue Critique. L’une d’elles va pourtant surpasser les autres, c’est Sylvia, qui, par ses mariages, ses amitiés et son métier de comédienne, a vécu tous ces mouvements révolutionnaires de l’intérieur. Proche des frères Prévert, elle participe au groupe Octobre, et démarre avec eux une carrière au cinéma, qui est alors cet art naissant où tout est à inventer. Choisie par Renoir pour interpréter l’héroïne d’un film mythique, la Partie de campagne, elle connaît son heure de gloire en 1936, au moment du Front Populaire . Philosophes, psychanalystes, écrivains, peintres, cinéastes, dramaturges se côtoient tous les jours dans les cafés de Montparnasse. L’effervescence est à son comble, et des figures aussi charismatiques que Bataille, Masson, Leiris, Queneau, Dubuffet, Limbour, Picasso, Prévert, Renoir, Carné, Lacan, toutes liées par l’amitié, font la même expérience des marges, celles de l’érotisme, de la débauche, de l’art, de la révolution, et de la folie.

09/2013

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Histoire des idées politiques

La Nuit finit à Tours. Naissance du Parti communiste français. Suivi de l'ensemble des interventions du Congrès de Tours (1920)

La nuit de l'humanité, la boucherie de 14-18, adoubée par la IIe Internationale et la collaboration de classes de beaucoup de socialistes, "finit à Tours". En effet, le formidable espoir surgi de la Révolution d'octobre 1917 permit, à Tours, de nettoyer les écuries d'Augias de la SFIO qui s'était vautrée dans le collaborationnisme (Union sacrée, participation aux ministères bourgeois, vote des crédits de guerre), et de créer le Parti communiste français. Comme le montre admirablement ici en 1950 pour le trentième anniversaire du PCF, l'historien communiste Jean Fréville (1895-1971), tout retour sur le Congrès de Tours ne peut faire l'économie de cette question de l'opportunisme, notamment dans la mesure où les 21 conditions imposées par Lénine pour l'adhésion à la IIIe Internationale naissante, raison même de la convocation de ce congrès, étaient profondément chevillées au rejet radical de tout réformisme. Pour autant, cette fracture entre collaborationnisme "de gauche" et communisme conséquent continuera au niveau mondial de travailler le XXe siècle de part en part jusqu'aux figures liquidatrices de Gorbatchev en URSS, d'Occhetto en Italie, etc. (cornaquées par les Etats-Unis). Et plus près de nous, qu'aurait pu écrire Jean Fréville sur l'évolution du PCF depuis essentiellement 1994 ? N'est-ce pas encore cet arc collaborationniste qui a miné ce parti, se faisant le fourrier de toutes les contre-révolutions "colorées" de l'OTAN (Yougoslavie, Libye, Biélorussie, Tibet, Ukraine, Syrie, etc.), de la soumission de la souveraineté nationale à la junte oligarchique non élue de Bruxelles (adhésion servile au PGE), de l'escroquerie d'une supposée "Europe sociale" par définition impossible du fait des oukazes sur la "concurrence libre et non faussée" verrouillés par la règle de l'unanimité des 27, de la promotion des thématiques sociétales libérales libertaires (voir Clouscard) au détriment des problématiques sociales (nationalisations, planification sociale, sortie impérative de l'UE), sans oublier la création ex nihilo de Mélenchon par M.-G. Buffet et consorts (2008-2009) en mettant de fait le parti historique, de Tours, des 75 000 fusillés, du CNR et de la lutte des classes au service de l'ascension d'un groupuscule purement gesticulatoire tout juste détaché du PS pour la circonstance, afin de finir le travail de Mitterrand : liquider le PCF. Comme hier à Tours, aujourd'hui, au tournant du centenaire de ce parti, c'est indubitablement de la prise de conscience et de l'éradication ou non de ce fléau qu'est la collaboration de classes, que dépendra son avenir, notamment dans les vastes pans des classes laborieuses devenues abstentionnistes.

02/2021

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Policiers

En l'absence de Monsieur J.

Quelques mois après l'armistice. Quelques mois après la "der des der". Au Palais de justice de Paris, comparaît l'assassin de Monsieur J Un soir de juillet 1914, il a abattu celui qui disait non à la guerre. Quatre ans et demi et plusieurs millions de morts plus tard, Hervé est là devant ses juges... Ainsi débute, le roman de Pierre Dharréville, par l'évocation de ce jour sombre de l'année 1914 qui inaugura vraiment le XXe siècle et lança le mécanisme fou de ses horreurs. Sans doute, avec la mort de Monsieur J s'est écrite la première défaite de l'humanité... C'est en tout cas la conviction de Marius, un solide jeune homme du Midi devenu proche de J après l'avoir rencontré à Carmaux parmi les mineurs. Alors Marius n'imagine pas manquer ce procès tant retardé. Encore hébété d'avoir survécu à la boucherie des tranchées, il assiste aux débats, chaque jour plus mal à l'aise. Les brillants orateurs ne sont plus dans le camp de la victime. De qui fait-on le procès ? On rend hommage à J. mais on l'enterre. On l'encense mais on l'embaume surtout. L'assassin répond mal, ou si peu, de son crime. Rendre vie à J dérange... Sur les bancs du public, aux côtés de Marius, deux journalistes. Eléonore que tant d'injustice exaspère et Marcel qui observe, goguenard, les habiles plaidoiries de la défense. Marius ne peut accepter le verdict, Eléonore non plus. Leur vie à chacun se décide ce jour-là. Si leurs parcours diffèrent, s'éloignent, ils sont pourtant liés dans un même souffle d'indignation, dans l'énergie de la détermination à lutter pour la liberté de tous, ou peut-être tout simplement pour la dignité de chacun. Le roman s'attache ainsi aux destins de cette femme, de cet homme, et d'autres qu'ils croisent, au fil des années d'après procès. De Paris à Marseille en passant par les plages d'Ibiza en 1936, de la défaite de 1940 au sursaut de la Résistance dans le sud de la France. Ce ne sont pas les faits historiques qui importent mais la force de vie, de passion et d'engagement qu'ils libèrent parfois en chaque femme, en chaque homme. Eléonore, Marius ne sont pas des héros, juste des gens du commun qui tracent des chemins de convictions dans les soubresauts violents d'évènements qui les révèlent à eux-mêmes. Lui n'est pas de ceux qui renient leurs promesses, elle n'est pas de celles qui subissent les obligations ou restrictions de quelque condition que ce soit. Eléonore et Marius, vibrants et déterminés, fragiles aussi, au tournant d'un siècle sans ménagement, nous deviennent familiers, si intensément proches. C'est toute la force du roman de Pierre Dharrévile, réussir à nous captiver, nous entraîner dans les soubresauts de ces vies bousculées et denses, par la grâce, l'élégance d'une langue tour à tour souple, ronde et chatoyante quand le roman s'installe près de la Méditerranée, plus incisive, abrupte ou sarcastique quand les événements se durcissent et bégaient. Si l'absence de Monsieur J a bouleversé l'ordre du monde, elle a aussi construit et nourri l'aventure humaine et solidaire de beaucoup de femmes et d'hommes, ce livre leur rend hommage dans un tourbillon romanesque fait d'émotions, de tensions, de chaleur, non sans humour et légèreté aussi.

08/2014