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Molière, dramaturge libertin

Extraits

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Philosophie

Spinoza et les arts

La beauté, mon ami, n'est pas tant une qualité de l'objet considéré que son effet chez celui qui le considère" — écrivait Spinoza à Hugo Boxel en octobre 1674. Versé autant dans les arts libéraux que dans les arts mécaniques, le philosophe d'Amsterdam ne fut pas seulement philosophe. Tailleur de verre, sans doute acteur de théâtre, probablement dessinateur, il fréquenta la boutique d'antiquaire de Franciscus Van den Enden et fut proche de la société des arts Nil volentibus ardumm ; il habitait non loin de Rembrandt et Potter et appréciait la compagnie de peintres et de décorateurs. Elaborée au coeur du siècle d'or de la peinture hollandaise, cette philosophie a souvent inspiré poètes et écrivains, dramaturges et artistes. Comment expliquer un tel regard non nécessairement philosophique sur une philosophie qui ne présente pas une pensée développée sur les arts ? Comment expliquer qu'on ait tenté d'emprunter les voies de l'esthétique pour pénétrer une philosophie qui ne constitue pas ce champ de réflexion en un domaine autonome ? Ce livre fait le point sur l'état de la recherche. Il explore d'un point de vue historique, historiographique et philosophique ces aspects trop peu connus mais essentiels de la biographie, de l'entourage, de la pensée et de la réception de Spinoza. A défaut d'avoir une esthétique proprement dite, le spinozisme n'en contient pas moins de quoi nourrir une profonde réflexion sur la nature des arts et leurs usages au sein du projet éthique qui se présente lui-même comme un art de vivre.

01/2020

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Théâtre

Le "théâtre" immobile de János Pilinszky. Lu dans l'optique de Mallarmé, Simone Weil et Robert Wilson

Le changement esthético-poétique qui se produit dans les années 1970 dans l'oeuvre de Jànos Pilinszky trouve une partie de son origine en France grâce aux nombreux séjours qu'il y effectue à cette époque, mais aussi grâce aux trois domaines qui retiennent son attention lors de ces visites : d'abord l'oeuvre de Simone Weil (dont une réception tardive de grande envergure se trouve dans l'oeuvre de Pilinszky), ensuite le renouveau liturgique qui servira de modèle à sa conception du théâtre, et finalement la prise de connaissance du théâtre de Robert (Bob) Wilson. Sous l'égide de l'idée de Simone Weil sur le rapport opposé de la personne et du sacré, Pilinszky découvre, à notre sens, en 1971 dans Le Regard du sourd de Bob Wilson, la mise en scène de sa propre poétique de l'immobilité qui convient à l'état décréé du scribe, voire la mise en image de la durée qui est partie constituante de son état naturel d'acte d'attention. Cette mise en scène du processus de dépassement du moi est un théâtre de la Pensée, dans le sens mallarméen, un "théâtre de papier", pour reprendre les expressions de Jânos Pilinszky. Quant aux écrits pour le théâtre, Pilinszky a beaucoup puisé dans les techniques éminemment uniques de ses propres poèmes, voire a élaboré une poétique théâtrale plutôt qu'une théâtrologie. Sa dramaturgie, selon les résultats de l'analyse exposée dans ce livre, se nourrit de Simone Weil, un peu de Grotowski, et beaucoup du jeune Robert Wilson.

11/2014

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Théâtre

Théâtre complet. Tome 3, La Virginie ; Les Galanteries du duc d'Ossonne vice-roi de Naples ; L'Illustre corsaire

Ce troisième volume du Théâtre complet de Mairet (édition dirigée par Georges Forestier dans le cadre de l’équipe « Edition de textes dramatiques du XVIIe siècle » de l’Université Paris-Sorbonne) présente son unique comédie et deux de ses tragi-comédies. Leur réunion s’explique par une commune et très grande fantaisie : ni imitées de l’histoire ni tirées d’une fiction, ces trois pièces, entièrement inventées par Mairet, démentent, par leur liberté de ton et de structure, les propositions de bon sens, de régularité et de raison qui font de l’auteur de La Silvanire et de sa Préface un des principaux acteurs de la modernité classique des années 1630. La Virginie, créée en 1633 et que Mairet déclare en 1635 préférer à sa très sérieuse Sophonisbe, est d’ailleurs passée à la postérité pour les invraisemblances dont elle regorge, tandis que L’Illustre Corsaire décline en 1637, la même année que Le Cid, le romanesque méditerranéen d’un prince devenu pirate. Et ce n’est plus la trivialité du genre comique, en voie d’assagissement avec les créations cornéliennes, qui peut expliquer en 1632 les audaces scéniques des Galanteries du duc d’Ossonne, pièce où foisonnent des situations aussi hardies que spectaculaires.L’ensemble témoigne de la tension créatrice qui anime toute la décennie 1630-1640, et du goût de Mairet pour un théâtre d’abondance et de déraison, où dominent la « diversité des incidents » et « la variété des effets », alors même qu’il participe à l’émergence et à la domination de ce qu’on appellera la dramaturgie classique.

10/2010

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Histoire internationale

Marie Stuart. La femme et le mythe

Peu de personnages historiques font l'unanimité, c'est entendu, mais la reine d'Ecosse est assurément de ceux qui posent le plus de problèmes à l'historien. Princesse catholique élevée à la Cour de France — elle fut ensuite l'épouse de l'éphémère François II -, elle fut amenée à occuper le trône de ses ancêtres dans un climat d'hostilité quasi général. Comment allait-elle manoeuvrer entre les calvinistes de John Knox et les lords catholiques, entre l'intrigante cousine d'Angleterre, Elisabeth, et les puissances papistes du continent avec lesquelles elle gardait des liens ? A-t-elle été prise dans un engrenage où l'ont poussée ses ennemis ou bien a-t-elle délibérément — mais alors avec la plus insigne des maladresses — mis tout, y compris sa vertu et sa réputation, au service de la raison d'Etat et de son fanatisme religieux ? A-t-elle oui ou non été complice de l'assassinat de son deuxième mari, a-t-elle comploté la mort d'Elisabeth ? Meurtrière et adultère ou victime d'une machination, femme ambitieuse et avide ou tête légère et impulsive, bourreau ou martyre ? Les deux thèses ont, aujourd'hui encore, leurs partisans acharnés, et la femme s'efface souvent devant le mythe... Sa destinée ne s'interrompt pas avec sa mort tragique. Elle se poursuit par sa carrière posthume, inspirant depuis quatre siècles historiens, romanciers, dramaturges, poètes, musiciens, peintres. "En ma fin est mon commencement", dit-elle un jour. Elle ne se doutait guère combien cette phrase était prophétique...

10/1987

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Critique littéraire

Ecrivains marocains du monde. Volume 5, Israël, Philippines, Brésil, Afrique, Océan Indien

Ecrivains marocains du monde comporte un grand nombre d'écrivains dans les pays suivants : Angleterre, Allemagne, Belgique, Brésil, Canada, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Guinée, Israël, Italie, Jordanie, Océan Indien, Norvège, Pays-Bas, Philippines, Sénégal, Suède, Suisse et Tchécoslovaquie. C'est dire que des Marocains écrivent partout dans des pays où ils résident et qui contribuent par la variété de leurs écrits à redéfinir dans la pensée marocaine l'entité ou la caractéristique nationale qui passe par un élargissement de l'espace géolinguistique. Ce cinquième volume est réservé aux seize écrivains suivants vivant dans ces pays. Israël : Isaac D. Knafo, Rapahaël Pérez, Jacques Pinto, Yitshak Quenan, Shosh Ruimy, Modercaï Soussan, Albert Suissa, Joseph Toledano, Ralph Toledano, Yehi'el Ze'afrani et Thérèse Zrihen-Dvir ; Philippines : Salima Louafa ; Brésil : Driss Ghali ; Guinée : Mustapha Bezzari ; Sénégal : Aïcha Diouri et Océan Indien : Ahmed Triqui. Ces écrivains et écrivaines, juifs et musulmans, femmes et hommes, toutes générations confondues, qui écrivent en français et en hébreu, réalisant une variété d'écrits dans différents genres : poésie, récits, romans, nouvelles, dramaturgie et essais. Leur production apparaît comme une manifestation exemplaire et singulière sans cesse renouvelée qui vise à mettre en lumière les enjeux intertextuels qui se tissent entre la littérature et l'histoire de l'immigration, à vivifier le dialogue entre cultures et civilisations dans ces différents pays en vue de concilier les réalités, de souder les continents et d'enrichir la condition humaine en pratiquant à la fois le partage, la connaissance, la reconnaissance et la fraternité universelle.

03/2020

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Théâtre

La bonne soupe. Pièce en trois actes

Lorsque l'on joua L'Oeuf, la critique salua en Félicien Marceau, brillant romancier déjà, l'un des dramaturges les plus pénétrants et les plus originaux de notre temps. La Bonne Soupe est une pièce aussi peu conformiste que L'Oeuf, aussi nouvelle, aussi libre dans sa composition et dans sa signification. C'est tout le destin d'une femme. Marie-Paule, luxueuse et séduisante quadragénaire, raconte sa vie au croupier d'un casino. Et cette vie qu'elle évoque se déroule sur la scène, à mesure. Voici Marie-Paule jeune fille, à Carcassonne ; elle séduit un jeune commerçant, file à Paris avec lui, se lance dans la galanterie, a un chagrin d'amour et trouve enfin une sécurité durement acquise dans un riche mariage. Mais cela n'est que l'intrigue. Le caractère de Marie-Paule, très dur, puissant, est habité par la peur. La peur de la misère, la peur de "manquer". C'est cette peur qui l'a conduite toute sa vie. C'est cette peur qui explique son âpreté, ses révoltes, son égoïsme. D'ailleurs la fatalité, ironique, la frappera le jour où, cessant de penser à elle exclusivement, elle se mêlera de vouloir faire le bonheur de sa fille. Une foule de personnages cocasses ou pittoresques escorte Marie-Paule pendant les vingt années qu'elle évoque, s'exprimant avec une justesse de ton très rare dans le théâtre contemporain. Félicien Marceau a inventé un langage dramatique vrai et simple comme la vie, ce qui ne l'empêche pas d'être, à la lettre, étincelant.

04/2000

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Littérature française

Bêtise chronique 2 : Le variant idiot

"Après avoir longé les cages de Barry (morse), Serge (élan), Bernard (lama), Howard (sterne), et Bertrand (renard) qui ne nous a même pas calculés, nous nous arrêtons devant la volière de Yaka (faucon). Le rapace a causé bien du souci au personnel soignant du zoo, comme nous l'explique notre guide : Ce bel oiseau importé d'Iran, et donc réputé pour avoir le regard persan, nous a fait une belle frayeur. Il s'est un jour échappé de sa cage et, si nous ignorons toujours où il s'en est allé, nous sommes en revanche certains qu'il revient de loin. En effet, son acuité visuelle avait tellement baissé à son retour que des visiteurs effarés l'ont vu fondre en pleine canicule sur un crocodile du Nil qu'il avait pris pour une gerboise. Après être parvenus à sauver Yaka de la gueule du saurien, nous l'avons rapidement remis à notre vétérinaire qui l'a minutieusement ausculté. Son diagnostic n'a pas manqué d'étonner : la perte de vue dont souffrait l'oiseau était directement liée à un problème sous sa patte droite : notre faucon avait un oeil-de-perdrix ! " Bruno Rubio naît en 1967. Agent de sécurité fan de Les Nuls, Pierre Desproges, Mel Brooks et Tex Avery, il réalise son rêve courant 2021 en publiant Bêtise chronique, un recueil de sketches pour rieurs nostalgiques. Presque deux ans plus tard, il propose un second volume tout aussi déjanté.

10/2022

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Anthologies

Les Plus Belles Scènes de séduction de la littérature

Dom Juan, la marquise de Merteuil, Carmen, Georges Duroy... La littérature regorge de séductrices et de séducteurs, souvent prêts à tout pour charmer l'être convoité. Mais parviennent-ils toujours à leurs fins ? Séduire pour conquérir, séduire pour aimer... Chaque personnage nous présente une facette de cet art délicat. De Ronsard à Proust, en passant par Gautier, Balzac, Hugo et Maupassant, cette anthologie rassemble les scènes de séduction les plus savoureuses, tous genres littéraires confondus.

02/2021

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Littérature française

L'ombre d'une vie ou L’ADN des célèbres colons français, qui ont construit l’île Bourbon, en héritage

"Totoche ! 20/20 en latin ? Comment elle fait pour avoir ces notes tout le temps ?" s'étonne Barret, un jeune garçon châtain clair de la 3e1, épiant la classe tandis que le prof distribue les copies de la 4e1. Serait-ce le génie des Cadet, les célèbres colons dont Marie descend ? Il est dit que les descendants sont des intellectuels, des universitaires... Avec presque 16/20 de moyenne générale, Marie décroche son BEPC d'office. La même année, la propriété de ses parents est dans le viseur de la commune de Saint-Denis. Tandis qu'elle étudie Tartuffe de Molière en classe de seconde, elle voit sa mère pleurer chaque soir. - Ma vie est si triste qu'on peut en faire un roman ! dit-elle, lasse. - Ne pleure pas ! J'écrirai ton roman un jour ! Je dirai au monde entier comment ils se comportent ! promet-elle. Marie a la trouille de perdre ses parents. Crise cardiaque, mort inexpliquée... Des connaissances tombent chaque jour car la mairie de Saint-Denis rase les biens des petits possédants pour y installer du béton. Juin1979, la commune a déjà fait main basse sur la propriété. Tout sourire, le nervi du maire, une femme redoutable, ayant la mère dans son collimateur, pose dans le journal de l'île de la Réunion sur l'immense terrain des parents, bras dessus, bras dessous, entourée du député Debré et de Legros, le maire, son acolyte. Marie ignore encore qu'en même temps que leur périple, et ce depuis 1963, se joue la tragédie des petits Réunionnais arrachés à leurs familles privées d'instruction sous l'Ordonnance Debré. L'histoire bégaie. Après la déportation des esclaves arrivés dans les cales de bateaux, voilà qu'on affrète des avions spéciaux déportant de jeunes enfants que l'on soustrait aux familles pour les installer en métropole, bannissant les liens. Marie ne comprend pas la cruauté de ces hommes sans scrupule d'un Etat censé protéger.

07/2019

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Littérature française

La vie ne suffit pas. Oeuvres choisies

Il faut dire tout de suite que ce livre est une fête et que Jean d'Ormesson est un écrivain qui aime la vie. " J'ai toujours soutenu que la littérature n'était ni un devoir, ni une corvée, ni un hochet futile, ni un instrument de combat, ni une pédanterie laborieuse, mais un plaisir. Aussi haut qu'on voudra, aussi profond qu'on pourra, mais d'abord un plaisir. " La fête est partagée et le plaisir de l'auteur sera aussi celui du lecteur de ce volume. Tous les étages du talent de Jean d'Ormesson y sont en effet rassemblés. Un essai autobiographique ouvre la marche, Du côté de chez Jean. Un homme encore jeune s'avance et nous dit d'où il vient. Trois textes traduisent une passion, celle de la littérature, et ils forment le cœur battant du livre. Mon dernier rêve sera pour vous, biographie sentimentale de Chateaubriand, Une autre histoire de la littérature française, Et toi mon cœur pourquoi bats-tu, anthologie qui mêle prose et poésie selon l'ordre du cœur. Un roman, enfin, Voyez comme on danse, évoque les rondes et les douleurs amoureuses qui ne sont plus et qui pourtant demeurent. D'un texte à l'autre, Jean d'Ormesson nous livre ses souvenirs les plus précieux et les portraits de quelques femmes irrésistibles, Pauline de Beaumont, par exemple, ou Juliette Récamier, aperçues autour de Chateaubriand qu'il a suivi pas à pas. Il rend visite à ses amis. Et ils sont nombreux : Chateaubriand bien sûr, encore et toujours, mais aussi Bossuet, Molière, Flaubert, Marguerite Yourcenar, Cioran, Aragon, pour n'en citer que quelques-uns. Jean d'Ormesson nous les présente chacun à leur tour, sans jamais nous priver de ses commentaires personnels. Le rêve éveillé, l'amour de l'Italie et des îles grecques, la présence de l'amitié et surtout la littérature comme une nécessité dessinent un univers intérieur. Jean d'Ormesson aime la vie, mais il nous dit aussi, à la façon de Pessoa, que " la vie ne suffit pas ".

10/2007

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Critique littéraire

Le bon air latin

Le bon air latin, c'est un souffle qui a donné naissance à notre langue, et n'a cessé depuis, contre vents et marées, d'assurer son allure. C'est lui qui inspire au français sa richesse d'invention lexicale, sa précision grammaticale, sa musicalité propre et - bien peu s'en rendent compte - sa stabilité dans la traversée des siècles. Si les Français peuvent encore aujourd'hui lire Descartes, Molière, Voltaire ou Victor Hugo, c'est parce que, parmi les forces vives et fécondes qui poussent à l'évolution d'une langue, l'influence latine a toujours exercé sa modération sur le français. Un français coupé de sa respiration latine, tel que le projettent les réformes successives de l'Education nationale - au nom d'un égalitarisme qui ne profite qu'aux initiés -, c'est le baragouin que nous voyons se répandre autour de nous dans les médias, dans les arts, dans la politique, dans le commerce, dominé par le pire de ce que nous pouvons emprunter à la belle langue anglaise. On réussira ainsi à en dégoûter non seulement les étrangers qui continuent de s'intéresser à notre culture, mais surtout les Français eux-mêmes. Certes, l'"air" du latin, sous la férule des maîtres, n'a pas toujours soufflé telle une douce brise, mais il ne tient qu'à nous maintenant de lui rendre toutes ses folles bouffées et de le faire circuler librement dans une fidélité avertie à sa tumultueuse histoire. Il n'y va donc pas de la nostalgie de quelques pédants grincheux mais de notre avenir. Quel français voulons-nous ? A cette question répondent les contributeurs prestigieux de ce volume. Ils abordent sans érudition qui pèse la question de la langue dans toutes ses perspectives. Ce bon air latin fournit au grand public l'information indispensable pour se prononcer sur un sujet essentiel puisqu'il conditionne la vitalité de l'esprit français dans le monde de demain.

08/2016

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Littérature étrangère

Amélia

" A la fin de l'année 1751, quand Amélia parut, Henry Fielding n'avait pas encore quarante-cinq ans. Pourtant, il était déjà sérieusement malade. Il allait mourir trois ans plus tard. Entre ses trois grands romans, Les Aventures de Joseph Andrews, Tom Jones et Amélia, à la fin de sa vie, Fielding exprimait sa prédilection pour ce dernier. "De toute ma progéniture, disait-il, Amélia est mon petit enfant préféré..." Et, peu de temps après la première édition anglaise, on pouvait lire dans la correspondance littéraire de Grimm et Diderot ce jugement qui n'est pas un mince éloge : "M. Fielding est un auteur très original, grand peintre, toujours vrai et quelquefois aussi sublime que Molière." Amélia est un roman d'un réalisme révolutionnaire pour l'époque, un véritable roman politique qui met à nu les tares d'une société, nous conduit dans ses bas-fonds, parmi ses escrocs, ses consciences à vendre et à acheter, ses prostituées et ses honnêtes intermédiaires en tout genre, avec une hardiesse qui annonce Dickens comme Balzac, ou Les Misérables. Amélia, c'est la gageure du roman d'amour après le mariage des protagonistes, la tentative d'embrasser les événements échelonnés sur une dizaine d'années, de faire vivre tout le centre de Londres avec les mascarades, les oratorios de M. Haendel, les plaisirs du Vauxhall ou du Ranelagh. C'est la vue nouvelle sur le monde qui est celle, par exemple, du Neveu de Rameau, avec le maniement de l'appareil judiciaire de l'époque, celui de l'administration, la vie dans les prisons, dans les geôles des baillis comme à l'armée, toute l'échelle des pourboires indispensables, la corruption générale, bref, le rôle souverain de l'argent dans l'Angleterre d'après la révolution de 1688. Amélia a des côtés âpres, douloureux. La satire s'y fait cruelle et impitoyable. Mais en même temps, c'est une belle histoire d'amour, grave, tendre, bref : sentimentale. " PIERRE DAIX et ANNE VILLELAUR

01/2000

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XVIIe siècle

Sur les chemins de d'Artagnan et des Mousquetaires. Lieux et itinéraires

Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan, le plus célèbre des mousquetaires, est un authentique cadet de Gascogne, arrivé à la cour au temps du roi Louis XIII. Homme de confiance de la reine Anne d'Autriche et du cardinal Mazarin, il a passé plus de trente années au service du roi Louis XIV. Capitaine lieutenant de la première compagnie des mousquetaires, dite des "Grands Mousquetaires" ou "Mousquetaires gris", officier d'élite, il a participé sous les ordres du maréchal de Turenne et du prince de Condé à toutes les campagnes de la première partie du règne de Louis XIV. Gentilhomme de la cour du Roi Soleil, contemporain de Molière et de Lully, d'Artagnan a été nommé gouverneur de Lille en 1672, un an avant sa mort à Maastricht. De sa Gascogne natale au Limbourg, sa vie raconte à elle seule plusieurs décennies du Grand Siècle. Après plusieurs ouvrages salués par la presse, dont une biographie de d'Artagnan et une étude sur les Mousquetaires du Roy, Odile Bordaz, qui figure parmi les meilleurs spécialistes du célèbre mousquetaire, entraîne une nouvelle fois ses lecteurs au coeur du XVIIe siècle, une époque qu'elle connait bien et dont elle sait nous faire partager sa passion. Au terme de plusieurs années d'enquêtes, de recherches, de déplacements, menés conjointement avec son époux, Claude Bordaz, elle nous convie, en compagnie de Messieurs les Mousquetaires du Roy, à de grands parcours à travers l'Histoire et les histoires... Cadets de Gascogne, du Béarn, de Bigorre et d'ailleurs... Au rythme trépidant du Grand Siècle, nous les suivrons sur les routes du panache et de la gloire, en France et pays alentour, depuis les gentilhommières de leurs provinces natales jusqu'aux demeures royales, en passant par des lieux parfois inattendus. Nous les accompagnerons à la ville et à la cour, tout au long d'itinéraires, dont plusieurs font désormais partie de la Route européenne d'Artagnan.

08/2021

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Philosophie

Je t’aime à la philo. Quand les philosophes parlent d’amour et de sexe

Qu’est-ce que tomber amoureux ? Sommes-nous biologiquement programmés pour l’amour ? Pourquoi l’amour fait-il souffrir ? Qu’est-ce qu’un coup de foudre ? Peut-on promettre l’amour éternel ? D’où vient la morale sexuelle occidentale ? A quoi sert le mariage ? Le mariage d’amour est-il la première cause de divorce ? La libération sexuelle nous a-t-elle réconciliés avec notre corps ? Le mot amour a-t-il le même sens pour l’homme et pour la femme ? Pour répondre à ces questions dont certaines intriguent l’Homme depuis la nuit des temps, et dont la plupart nous agitent quotidiennement, Olivia Gazalé apporte un éclairage original et croise la philosophie, l’histoire, la sociologie, la psychanalyse, la biologie et la littérature. Dans ces pages, elle convoque Platon aussi bien que Nietzsche et Kierkegaard, Lévi-Strauss que Foucault et Bataille, Homère que Cervantès et Molière, Rousseau que Laclos, Stendhal, Chateaubriand, Proust, Moravia ou Kundera, sans oublier Freud et Jung… Et nombre d’auteurs contemporains, de Michel Houellebecq à Sophie Fontanel en passant par Yves Simon ! C’est que cet ouvrage est placé sous le signe de l’éclectisme et de l’ouverture : des exemples concrets tirés de la littérature, toujours beaucoup de questionnements, jamais de dogmatisme. Chaque discipline y apporte un éclairage, mais aucune ne fournit de réponses définitives. Olivia Gazalé nous guide pas à pas dans ce labyrinthe amoureux, confronte les théories et tente elle-même de répondre à chaque question, en empruntant à chaque auteur ce qu’il a apporté de plus décisif sur le sujet, tout en proposant un cheminement personnel. Au fil des chapitres, le lecteur tire un enseignement pratique de cette confrontation avec le point de vue des grands penseurs : il revisite sa propre expérience et parvient à mieux comprendre le sens de ses échecs comme de ses bonheurs amoureux. La meilleure preuve que la philosophie est indispensable !

03/2012

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Théâtre

Théâtre-bouffe

" Tout le monde sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées et je ne conseille de lire celles-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. " Molière. Résumé de Transit : Un huis clos surréaliste. Un aéroport de province piège des passagers en partance pour une île paradisiaque. Durant cette escale interminable, les voyageurs acculés finissent par craquer... Partiront-ils un jour vers l'avenir meilleur qui leur a été promis ? Résumé de Bambille, le surineur de Romorantin : Le monde carcéral a ses codes, mais la nouvelle Alcatraz est l'emprisonnement de l'individu par l'image, celle de l'assassin. Louis Bambille est accusé d'avoir égorgé toute une famille de Romorantin. La presse s'en empare. Il devient un monstre fascinant. Il est adulé, choyé, aimé, adoré. Tout l'entourage le pousse à avouer ce merveilleux crime. Mais Louis Bambille nie... Résumé de L, Comme, oiseau : C'est l'histoire d'un homme né avec une aile à la place de son bras droit. Il va traverser le siècle le plus noir, celui qui a engendré deux guerres mondiales et deux formes terribles de totalitarisme. Peut-être est-il né pour délivrer un message à l'humanité ? On ne sait pas, mais on constate que tout le monde veut se l'approprier, fasciné par cette anomalie... naturelle. Résumé de Le primerissimo : Le Primerissimo" est un hommage que l'auteur rend au théâtre itinérant italien qu'il a connu au cours de ses études au pays de Pirandello. Une compagnie où, sauf un Belge, tout le monde est membre de la même famille. Le chef (il Capo) est un la grande vedette. Une sorte de soleil. Le Primerissimo" se veut une comédie où l'amour, la haine; la trahison, la fierté forment un melting-pot. Seul sentiment commun: la passion pour le théâtre. ?? ?? ?? ?? 1

06/2011

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Sciences historiques

Dictionnaire amoureux de l'esprit français

Metin Arditi, amoureux comme personne de l'esprit français, examine d'une plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles s'incarne en France le désir de plaire. "On ne considère en France que ce qui plaît", dit Molière, "C'est la grande règle, et pour ainsi dire la seule". Partant de cet indiscutable constat, l'auteur de ce dictionnaire, lui-même amoureux comme personne de l'esprit français, examine d'une plume légère et souvent espiègle les diverses formes dans lesquelles s'incarne en France le désir de plaire : au fil des siècles se sont développés le goût du beau, bien sûr, mais aussi le principe d'élégance, le sens de l'apparat, le souci de légèreté, l'humour, l'art de la conversation, un attachement historique à la courtoisie, la délicatesse du chant classique "à la française", le penchant pour la théâtralité, l'amour du juste, le goût des barricades, du panache, oui, du panache, et, surtout, une exigence immodérée de liberté. Ce dictionnaire parle de Guitry et de Piaf, de Truffaut et de Colette, mais aussi de Teilhard de Chardin, Pascal, Diderot, Renan, Péguy, les prophètes qui ont nourri les artistes de leur pensée et les ont libérés dans l'exercice de leurs talents. L'esprit français a aussi ses interdits. Ne jamais être lourd... Ne pas faire le besogneux... Comment plaire, sinon ? Au fil des pages, ce dictionnaire rappelle que le goût des belles choses a un prix, qu'un tel bonheur ne vient pas sans facture. A défaut, l'esprit français ne serait pas ce qu'il est... Sans vouloir transformer un pays qui, c'est heureux, n'est pas transformable, on pourrait peut-être imaginer, ça et là, quelques mesures aptes à diminuer le montant de l'addition. A l'heure où chacun s'interroge sur la délicate question de l'identité du pays, ce dictionnaire rappelle combien l'esprit français est un cadeau.

01/2019

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Histoire littéraire

La littérature. Une infographie

Savez-vous que, dès 1913, le prix Nobel de littérature a été décerné à un auteur indien, Rabindranath Tagore ; que Le Petit Prince existe dans près de 400 langues ; que les ventes mondiales du manga One Piece ont désormais dépassé celles d'Astérix ; que sans Les Précieuses ridicules, il n'y aurait jamais eu de Molière ; que dans La Machine à remonter le temps de H. G. Wells, le récit débute en l'an 802 701 ; qu'Odipe roi de Sophocle est considéré comme le premier roman policier de l'histoire ? Voilà donc ce que vous découvrirez en vous plongeant dans cette magnifique et foisonnante infographie. En une centaine de pages, cet ouvrage propose une nouvelle écriture graphique aussi riche que ludique. Grâce à la datavisualisation, vous serez immergé dans l'univers de la littérature, à la rencontre de son histoire, de ses genres, de ses auteurs et autrices, de ses oeuvres et de leur circulation, mais aussi de ses lecteurs et lectrices. Cartographie de la France imaginaire de Balzac, découverte du classique chinois La Pérégrination vers l'Ouest, panorama des épopées africaines, étude des couleurs et de la taille de romans canoniques, palmarès des écrivaines les plus lues dans le monde, présentation des acteurs de la chaîne du livre, analyse du temps consacré à la lecture dans le monde, etc. : cet ouvrage ne se contente pas de donner des représentations graphiques de l'histoire et des genres littéraires. Il propose une approche originale, décentrée et décalée du livre et de la littérature. Grâce à la collaboration d'un historien et théoricien de la littérature, Alexandre Gefen, et d'une graphiste hors pair, Guillemette Crozet, La littérature. Une infographie rend compte des enjeux de cet art majeur. " Parmi toutes les raisons que j'avais de vouloir grandir il y avait celle d'avoir le droit de lire tous les livres. " Annie Ernaux, La Femme gelée, 1981 Prix Nobel de littérature 2022

11/2022

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Revues

Année zéro N° 3, octobre 2023 : Sacha Guitry (1885-1957)

La revue Année Zéro dirigée par Yann Moix entend réhabiliter ou revisiter des auteurs du patrimoine littéraire et porter sur leur oeuvre un regard vierge de tout a priori - comme si elle venait de paraître. Ce troisième numéro, riche d'inédits et de révélations, est consacré à Sacha Guitry. La postérité de Sacha Guitry est contradictoire. Alors que son théâtre continue de se jouer, alors que ses films continuent d'être diffusés et ses textes d'être lus, son nom, lui, suscite indifférence ou répulsion. Les plus snobs le réduisent à un humour de comique croupier, en oubliant que son cinéma totalement novateur aura servi de modèle à la Nouvelle Vague. Les mieux pensants lui taillent une réputation de misogyne, en lui prêtant des aphorismes douteux, souvent apocryphes, et en écartant tous les grands rôles féminins que son théâtre aura offerts. D'autres, encore, le jugent trop peu profond, exagérément bavard, d'une superficialité telle qu'elle le condamnerait à rester en marge de la littérature. Certains, enfin, agitent le spectre de la collaboration, sans tenir compte de l'Histoire et de sa vérité. Au fond, la postérité de Sacha Guitry se résume à un grand malentendu et, surtout, à de fausses, à d'insincères relectures. Année Zéro s'épargnera l'inventaire de tous les griefs qui ont défait la légende de ce Molière du XXe siècle, pour ne s'intéresser qu'à l'essentiel : son oeuvre. Guitry, lu et vu comme s'il venait de composer ses pièces ou de tourner ses films. Guitry, lu et discuté par ceux qui continuent de le jouer au théâtre, ce lieu qu'il considérait comme celui de la vie véritable. Guitry lu et vu intégralement, sans prisme ni coloration particulière. Guitry lu et vu tel qu'il était : un homme libre, hors de son temps, tout à la fois dessinateur, philosophe, moraliste, amuseur et mélancolique, vivant d'art - ne vivant que pour cela -, et dont la superbe somme qu'il nous laisse ne plie à aucune catégorie, sinon à celle du génie.

10/2023

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Pléiades

Théâtre complet. Tome 1, Théâtre de jeunesse ; Drames en vers

"Si on le prend à l'origine qu'est-ce, en vrai, que le romantisme sinon la manifestation d'un état de crise dont le siège se trouve toujours dans le fond même de notre esprit ? Oui, cet esprit est ainsi fait qu'il supporte avec peine le malaise de vivre sans cesse sous la coupe de la raison. Car il se sait plein de ressources qu'il tient pour autrement fécondes : l'or qu'il puise dans son instinct, autrement dit dans ce monde vraiment abyssal qu'est l'inconscient. Quand l'asphyxie produite par cet état de choses est devenue intolérable, on peut dire que le romantisme a vu enfin venir son heure. Il n'attend plus pour exploser que l'étincelle que la moindre occasion fait naître. Par sa révolte, le romantisme signifie au monde rationnel son intention de défendre jusqu'à l'exhaustion ce qu'il tient pour le suc de la personne humaine : savoir la musique intérieure que nous donne le sens du sacré. [... ] Il se trouve que Victor Hugo s'est fait, en France, l'incarnation de cette force irrépressible que représente le romantisme. Inspirateur d'un coup de force dont l'objectif était de doter le théâtre d'un genre qui fût, au plus haut point, digne de la Révolution : voilà son titre de gloire véritable. De toutes les oeuvres que cette époque vit éclore, il n'en subsiste presque aucune dont on garde le vivant souvenir. Sauf celles, il faut le reconnaître, dont il est l'auteur. Cette survivance, il va sans dire que Hugo la doit beaucoup moins à ses vertus de dramaturge qu'à son seul génie oratoire. Il n'y a donc pas lieu de séparer ses drames de son oeuvre poétique. Le meilleur de son théâtre n'est autre chose qu'un magasin de morceaux de bravoure dont le lyrisme fait tous les frais. Sorti du livre, le théâtre de Hugo est donc contraint d'y rentrer. On ne saurait mieux se soumettre à sa destinée". Roland Purnal.

01/1964

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Littérature française

Les temps de la cruauté

Premier temps. Dans un cimetière de Port-au-Prince, le narrateur, Carl Vausier, rencontre Valencia, une très jeune prostituée portant son bébé dans les bras, se vendant aux hommes au milieu des tombes. Carl vient de rompre avec son ex-femme Rosia. Dans le cimetière, il ressent une étrange attraction pour Valencia, qui n'est ni amoureuse ni sexuelle, et veut la sortir de sa situation sordide, chemin qui se révélera périlleux pour lui. Deuxième temps. Quelques mois auparavant. Carl se fait voler le médaillon qu'il porte autour du cou, médaillon que son propre père a porté sa vie durant et auquel Carl tient plus que tout. Avec un ami d'enfance, Doudou, devenu un tueur sans pitié, il va récupérer l'objet. Sauf que, cette fois, avec l'arme que lui a donnée Doudou - heureux que son ami trop propre pour lui passe la frontière du sang -, Carl tue Guerrier, le jeune voleur. Troisième temps. Quelques décennies plus tôt. Jeune étudiant en agronomie, Carl effectue un stage d'immersion à la campagne chez un couple de paysans. Bénito, protestant fervent, martyrise sa femme parce qu'elle ne peut avoir d'enfant. Voyant la présence de Carl Vausier comme un signe du ciel, Mme Bénito se donne à lui contre la promesse qu'il fera tout pour lui permettre de partir. De retour chez lui, Carl, terrorisé par le paysan, ne tient pas sa parole. Grâce à une maîtrise parfaite des rouages romanesques, Gary Victor va tisser ces trois trames pour faire surgir un final inattendu. Les vives tensions de la société haïtienne n'épargneront aucun personnage et Carl se verra tour à tour instrument et victime de cette cruauté qui exercera une bien étrange fascination sur le lecteur. Né à Port-au-Prince, Gary Victor, journaliste, dramaturge, est l'écrivain le plus lu dans son pays. Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages dont Maudite éducation (2012) et L'escalier de mes désillusions (2014), tous deux chez Philippe Rey.

02/2017

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Littérature française

Ainadamar. La fontaine aux larmes

La " Guerre civile espagnole " se déclenche après le coup d'Etat de Franco, le 18 juillet 1936. A peine un mois plus tard, le grand poète et dramaturge Federico García Lorca est arrêté dans sa province natale de Grenade et lâchement abattu par des ressortissants d'extrême droite, en compagnie de deux banderilleros anarchistes et d'un instituteur, fervent défenseur de l'école publique. Serge Mestre, dans ce très beau roman choral, retrace le parcours qui a mené ces quatre hommes à leur exécution sommaire et collective, au petit matin, près de Fuente Grande, baptisée à l'époque par les Maures Ainadamar, autrement dit la Fontaine aux larmes. Tous à leur façon - Federico García Lorca à la tête d'une troupe de théâtre universitaire -, ils étaient impliqués dans la lutte pour le renouveau républicain. En de brefs chapitres alternés, Serge Mestre retrace les sept dernières années de leurs vies, avant ce jour fatal du 18 août 1936. Fin connaisseur de l'oeuvre de l'écrivain andalou, il suit Federico García Lorca dans ses voyages, ainsi que dans ses succès littéraires grandissants : à New York d'abord, où le poète découvre, en même temps qu'une société secouée par la crise boursière, la musique des Noirs de Harlem, ce jazz si proche du cante jondo et de la musique populaire de son pays ; puis, avant son retour en Espagne, à Cuba, Buenos Aires et Montevideo. Dans le même temps, les deux banderilleros anarchistes militent depuis Grenade pour une totale refondation de la politique agraire dans l'ensemble du pays, " la terre est à ceux qui la travaillent ", clament-ils. L'instituteur, lui, se bat pour l'établissement d'une nouvelle république en Espagne, sur le modèle de celle de Weimar. Ces quatre destins parallèles, illustre ou obscurs, sont une formidable évocation du souffle d'espoir et de liberté qui souleva l'Espagne avant qu'elle ne sombre dans le silence.

03/2016

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Littérature francophone

La chair déchirée d'une petite griotte noire

Il y a quelques années, une jeune fille africaine venue faire ses études en Europe a subi un viol collectif d'une extrême violence. Laissée pour morte, elle a été sauvée, physiquement "réparée" , puis, après un séjour en hôpital psychiatrique pour amnésie partielle, après une thérapie pour de sévères séquelles psychosomatiques, s'est peu à peu reconstruite. C'est sous la forme d'un roman-soliloque, avec l'assentiment de la victime, que Pascal Vrebos lui rend hommage. Mariama nous dit ce parcours d'un supplice et d'une renaissance à travers un conte-parabole qu'elle prête à son grand-père, ancré dans le terroir africain telle une madeleine proustienne, mais perverti par la mémoire, contaminé par le récit lui-même comme une ultime mise en abyme qui l'aide à surmonter l'indicible. Héroïne malgré elle, Mariama émeut, ébranle et apostrophe les hommes. Pascal Vrebos, producteur et présentateur de radio-télévision, dramaturge traduit et représenté jusqu'à Hollywood, professeur honoraire de l'ULB, est aussi l'auteur de romans et de témoignages comme Le Gorbatchoc. Il a rencontré de nombreuses personnalités (Les Ultimes Entretiens avec Henry Miller), a réalisé une "première" historique en interviewant durant deux heures le Roi Albert II et la Reine Paola, a signé sur Netflix, avec Georges Huercano, Soupçons, six épisodes consacrés à l'Affaire Wesphael. "Pascal Vrebos est l'auteur de plus de trente-cinq pièces de théâtre dont plusieurs ont été jouées avec succès en Belgique, mais aussi à l'étranger, là où le public ne connaît pas le Vrebos journaliste vedette de télévision. Il est aussi un auteur engagé et humaniste. Pour s'en convaincre, si besoin en était, il suffit de lire ce texte bouleversant. Vrebos est encore, à la manière de Ionesco ou Beckett, un fastueux dilapideur de créations verbales, un révélateur d'hypocrisies et de simagrées, un chercheur de vérité derrière les apparences". (Jean Jauniaux, écrivain, Président honoraire de PEN CLUB Belgique).

11/2022

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Pléiades

THEATRE COMPLET. Tome 2, Drames en vers, Drames en prose, Théâtre lyrique, Théâtre en liberté, Théâtre moderne, Fragments

"Si on le prend à l'origine qu'est-ce, en vrai, que le romantisme sinon la manifestation d'un état de crise dont le siège se trouve toujours dans le fond même de notre esprit ? Oui, cet esprit est ainsi fait qu'il supporte avec peine le malaise de vivre sans cesse sous la coupe de la raison. Car il se sait plein de ressources qu'il tient pour autrement fécondes : l'or qu'il puise dans son instinct, autrement dit dans ce monde vraiment abyssal qu'est l'inconscient. Quand l'asphyxie produite par cet état de choses est devenue intolérable, on peut dire que le romantisme a vu enfin venir son heure. Il n'attend plus pour exploser que l'étincelle que la moindre occasion fait naître. Par sa révolte, le romantisme signifie au monde rationnel son intention de défendre jusqu'à l'exhaustion ce qu'il tient pour le suc de la personne humaine : savoir la musique intérieure que nous donne le sens du sacré. [... ] Il se trouve que Victor Hugo s'est fait, en France, l'incarnation de cette force irrépressible que représente le romantisme. Inspirateur d'un coup de force dont l'objectif était de doter le théâtre d'un genre qui fût, au plus haut point, digne de la Révolution : voilà son titre de gloire véritable. De toutes les oeuvres que cette époque vit éclore, il n'en subsiste presque aucune dont on garde le vivant souvenir. Sauf celles, il faut le reconnaître, dont il est l'auteur. Cette survivance, il va sans dire que Hugo la doit beaucoup moins à ses vertus de dramaturge qu'à son seul génie oratoire. Il n'y a donc pas lieu de séparer ses drames de son oeuvre poétique. Le meilleur de son théâtre n'est autre chose qu'un magasin de morceaux de bravoure dont le lyrisme fait tous les frais. Sorti du livre, le théâtre de Hugo est donc contraint d'y rentrer. On ne saurait mieux se soumettre à sa destinée". Roland Purnal.

01/1964

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Pléiades

Oeuvres complètes. Volume 4, Histoires Tome 2

Les oeuvres publiées dans ces deux volumes furent longtemps qualifiées, en France, de "Drames historiques". Mais l'esthétique des pièces de Shakespeare n'a évidemment rien à voir avec celle du Cromwell de Hugo. C'est sous l'intitulé "Histoires" (Histories), qui figure explicitement au titre de l'une d'entre elles, L'Histoire d'Henry IV, que les éditeurs des Ouvres complètes de 1623 publièrent dix des douze pièces reprises ici. Shakespeare y met en scène l'histoire d'Angleterre, hantée par le spectre de la guerre civile. De Richard II, monarque renversé, et d'Henry IV, usurpateur légitimé, jusqu'à Richard III, le dernier Plantagenêt, il retrace les ruptures dynastiques qui ont abouti à l'avènement des Tudor, dont la dernière représentante, Elisabeth I ?? , règne encore quand il écrit. Il reste fidèle, pour l'essentiel, au modèle transmis comme "vrai" par l'historiographie de son temps ; les chroniqueurs, par exemple, propagent presque tous la légende d'un Richard III démoniaque et contrefait, meurtrier et tyran régicide dont la Providence veut qu'il tombe sous les coups de l'ange de lumière qu'est le premier souverain Tudor. Mais Shakespeare écrit en poète, non en historien. Mieux, c'est en écrivant l'histoire qu'il devient poète : sa carrière de dramaturge commence avec les trois parties d'Henry VI, qui le rendent imméditement célèbre. Ces Histoires mêlent le mythe, l'épopée et la tragédie. Réclamant "un royaume pour théâtre, des princes pour acteurs", Shakespeare met en oeuvre toutes les ressources de sa poésie pour donner à voir tantôt les froids calculs de la politique machiavélienne, tantôt les "vastes champs" des batailles de France, tantôt les souffrances de l'Angleterre. Mais ces pièces mêlent aussi "les rois et les bouffons", et c'est en créateur hors norme, et non en chantre de la mythologie nationale, que Shakespeare a créé l'un de ses personnages les plus drôles et les plus inoubliables : "l'énorme montagne de chair", nommée Falstaff.

10/2008

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Contes et nouvelles

Les chroniques de Georges Courteline dans "les Petites nouvelles"

Georges Courteline, de son vrai nom Georges Victor Marcel Moinaux, était un romancier et dramaturge français. Après avoir effectué son service militaire, il devient fonctionnaire au ministère des Cultes. Il passe quatorze ans dans la fonction publique, ayant tout loisir d'observer ses collègues, avant que le succès de ses oeuvres lui permette de se consacrer exclusivement à l'écriture. Ces premières expériences lui ont fourni ses principales sources d'inspiration littéraire. Dans ses premières pièces - Les Gaietés de l'Escadron (1886), Lidoire (1891) - il s'amuse à tourner en dérision l'armée. Messieurs les Ronds-de-Cuir (1893) s'attaque aux employés de bureau et aux bureaucrates. Boubouroche (1893), sa célèbre nouvelle qu'André Antoine lui demande d'adapter pour son Théâtre-Libre, prend pour cible la petite bourgeoisie. Les oeuvres suivantes, récits ou pièces de théâtre, sont des croquis pertinents de différents milieux, saisis sur le vif, mais sans vraie méchanceté. Un Client Sérieux (1896) et Les Balances (1901) visent le milieu de la justice et des tribunaux. Le Commissaire Est Bon Enfant et Le Gendarme Est Sans Pitié (1899) dénoncent la bêtise et la méchanceté des forces de l'ordre. Enfin, La Peur des Coups (1894), Monsieur Badin (1897) et La Paix Chez Soi (1903) n'ont d'autre prétention que d'amuser en montrant les ridicules du couple. Dans son oeuvre, servi par un style admirable, Courteline a donné une remarquable description des travers de son époque. Pour sa peinture des caractères, il a notamment su utiliser les dialogues dont il a fait un des ressorts essentiels de son comique. Représentants d'une classe sociale déterminée - le magistrat, le sous-officier - ou types d'individu - la bourgeoise, l'avare -, ses personnages sont tous d'une médiocrité rare et remarquable. Ils apparaissent dans des intrigues inspirées du quotidien, mais d'où surgit l'absurde. Auteur apprécié en son temps pour sa verve satirique propre à dépeindre les travers de la petite bourgeoisie, Courteline est décoré de la Légion d'honneur en 1899 et élu à l'académie Goncourt en 1926.

07/2022

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Autres philosophes

Ayn Rand. L'égoisme comme héroïsme

Un des rares ouvrages consacrés à Ayn Rand, figure aussi fascinante que controversée, héroïne des libertariens américains. Née en Russie sous le nom d'Alisa Rosenbaum, Ayn Rand (1905-1982) s'embarque pour l'Amérique en 1916 où, comme un antidote au communisme, elle embrassera l'âme américaine de tout son corps. Passionnée de cinéma, elle devient scénariste et dramaturge. Ses deux romans, The Fountainhead (La Source vive, 1943) et Atlas Shruggled (La Grève, 1957) ont fait d'elle une figure incontournable du débat américain. Inconnue ou presque en Europe, elle est une icône sulfureuse aux Etats-Unis où elle inspire la droite américaine. Anti-conservatrice à l'extrême, profondément athée, elle défend l'antiracisme, le droit à l'avortement et le progrès technologique tout en prônant une vision très personnelle des libertés individuelles : l'individu prévaut sur tout. Un égoïsme rationnel, un libertarisme politique, économique et moral qu'elle baptise " objectivisme ". A maints égards, Ayn Rand représente pour la pensée critique européenne un repoussoir : son culte de l'égoïsme relevant de l'égotisme, son refus total du doute et sa brutalité intellectuelle comme personnelle en font un personnage ambigu, aux antipodes d'une vision irénique de l'humanité. S'il importe de comprendre son oeuvre, c'est à un double titre : d'abord pour percer le mystère de son extrême popularité aux Etats-Unis, où son roman La Grève a longtemps représenté les deuxièmes ventes de livres les plus importantes après la Bible ; ensuite pour opérer un droit d'inventaire sur une pensée qui continue de fasciner. Sa passion pour la liberté la définit durablement, comme une certaine vision de la confiance à placer en l'homme et en la femme, acteurs de leur propre destin, réhabilitant ainsi la notion d'héroïsme. Mathilde Berger-Perrin s'essaie avec brio et empathie à ce difficile exercice d'admiration, de sincérité et de distanciation.

09/2023

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Musées français

La collection du Centre national des arts plastiques

Véritable immersion visuelle dans ces collections d'exception, cet ouvrage donne à voir plus de 300 oeuvres, mêlant vidéo, art conceptuel, graphisme, design, photographie... Constituées dès 1791, les collections du Centre national des arts plastiques sont mises en place à la Révolution française, alors qu'émerge la notion de patrimoine commun. Elles étaient à l'origine gérées par la Division des Beaux-Arts. Depuis le xviiie siècle, ces collections sont un soutien majeur de la création contemporaine. Organisées par champs artistiques - peinture, sculpture, arts décoratifs, photographie, design, vidéo, dessin -, les collections - historique, moderne et contemporaine - comptent plus de 107 000 oeuvres d'artistes français et internationaux, de figures majeures de la création mais aussi d'autres plus confidentielles. Depuis 1982, les collections sont affectées au CNAP, acteur important du ministère de la Culture, qui acquiert mais dépose également des oeuvres au sein de diverses institutions culturelles, en France comme à l'étranger. Cette mission de promotion de la création contemporaine, doublée d'une intensification de la politique d'acquisition, rend compte de la vitalité et de la pluralité des formes artistiques actuelles. Véritable immersion visuelle dans ces collections d'exception, cet ouvrage donne à voir plus de 300 oeuvres, mêlant vidéo, art conceptuel, graphisme, design, photographie... Pour accompagner cette découverte, l'écrivain Eric Reinhardt a invité six personnalités du monde des arts à choisir une dizaine d'oeuvres. Le cinéaste Bertrand Bonello, la chorégraphe Phia Ménard, le dramaturge Romeo Castellucci, le metteur en scène Pascal Rambert, l'autrice Léonora Miano et l'architecte Lucie Niney, ainsi qu'Eric Reinhardt lui-même, se font curators au fil de portfolios, conçus comme des cartes blanches, dans lesquels ils évoquent leur relation aux images et les influences que certaines oeuvres ont pu avoir sur leur pratique. Somme visuelle abordée avec les yeux de créateurs actuels, cette sélection d'oeuvres extraites des collections du CNAP témoigne des évolutions de l'art d'aujourd'hui.

04/2023

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Musique, danse

Eugène Scribe ou Le Gynolâtre

Depuis un bon siècle et demi, le nom d'Eugène Scribe, inventeur du vaudeville moderne, dramaturge le plus populaire d'Europe un siècle durant et librettiste le plus respecté de son époque, est devenu pour les élites synonyme de médiocrité académique et bourgeoise. De nos jours, il n'est connu que des amateurs d'opéra. Pour ceux-là, il n'est guère plus qu'une signature au bas d'oeuvres rarement exécutées (Les Huguenots, La Juive, Robert le Diable, Fra Diavolo…) Or, la principale cohérence de ces oeuvres réside dans leurs représentations des rapports sociaux de sexe. Cela est vrai des grands opéras qui, systématiquement, mettent en scène pour les dénoncer des fanatismes masculins (politico-religieux, comme dans La Juive, Les Huguenots ou Le Prophète, impérialistes comme dans L'Africaine, ou simplement phallocentriques et homo-sociaux, comme dans Robert le Diable), fanatismes dont les femmes sont systématiquement les victimes. Ceci est encore plus vrai, peut-être, des opéras-comiques que l'on joue encore parfois (Le Comte Ory, Fra Diavolo, Le Cheval de bronze ou Les Diamants de la couronne, où l'on rencontre un authentique féminisme à une époque où celui-ci en est encore à ses balbutiements en France). Grâce à des éléments relevés dans la biographie due à Jean-Claude Yon, je crois entrevoir d'ores et déjà les origines personnelles et psychologiques de la gynolâtrie – cette sorte de proto-féminisme – dont Scribe fait preuve dans ses livrets, et qui va de pair avec une critique étonnamment systématique des travers de la masculinité (fanatisme, donjuanisme, violence, égoïsme, sur-idéalisation des femmes et de l'amour passion, jalousie, etc.) C'est donc par l'examen de douze livrets d'opéras et d'opéras-comiques, et ce à travers le prisme des rapports sociaux de sexe, si peu pratiqué encore de nos jours en France, que j'entends réhabiliter cet auteur si mal-aimé.

03/2017

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Pléiades

Oeuvres complètes. Volume 3, Histoires Tome 1

Les oeuvres publiées dans ces deux volumes furent longtemps qualifiées, en France, de "Drames historiques". Mais l'esthétique des pièces de Shakespeare n'a évidemment rien à voir avec celle du Cromwell de Hugo. C'est sous l'intitulé "Histoires" (Histories), qui figure explicitement au titre de l'une d'entre elles, L'Histoire d'Henry IV, que les éditeurs des Ouvres complètes de 1623 publièrent dix des douze pièces reprises ici. Shakespeare y met en scène l'histoire d'Angleterre, hantée par le spectre de la guerre civile. De Richard II, monarque renversé, et d'Henry IV, usurpateur légitimé, jusqu'à Richard III, le dernier Plantagenêt, il retrace les ruptures dynastiques qui ont abouti à l'avènement des Tudor, dont la dernière représentante, Elisabeth I ?? , règne encore quand il écrit. Il reste fidèle, pour l'essentiel, au modèle transmis comme "vrai" par l'historiographie de son temps ; les chroniqueurs, par exemple, propagent presque tous la légende d'un Richard III démoniaque et contrefait, meurtrier et tyran régicide dont la Providence veut qu'il tombe sous les coups de l'ange de lumière qu'est le premier souverain Tudor. Mais Shakespeare écrit en poète, non en historien. Mieux, c'est en écrivant l'histoire qu'il devient poète : sa carrière de dramaturge commence avec les trois parties d'Henry VI, qui le rendent imméditement célèbre. Ces Histoires mêlent le mythe, l'épopée et la tragédie. Réclamant "un royaume pour théâtre, des princes pour acteurs", Shakespeare met en oeuvre toutes les ressources de sa poésie pour donner à voir tantôt les froids calculs de la politique machiavélienne, tantôt les "vastes champs" des batailles de France, tantôt les souffrances de l'Angleterre. Mais ces pièces mêlent aussi "les rois et les bouffons", et c'est en créateur hors norme, et non en chantre de la mythologie nationale, que Shakespeare a créé l'un de ses personnages les plus drôles et les plus inoubliables : "l'énorme montagne de chair", nommée Falstaff.

10/2008

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Critique littéraire

Les scaphandriers de la rosée

Pour Hubert Haddad, la littérature est une passion à la fois secrète et partagée qui a la langue pour enjeu, à savoir l'avenir de l'homme. Dans cet essai ordonné entre les deux pôles de l'universalité (" L'alphabet incontrôlable ") et de la subjectivité (Journal d'un animal arbitraire "), Haddad explore la posture de l'écrivain, non pas seulement face à son œuvre, mais dans les processus mêmes de la création. Les proximités biographiques et imaginaires que l'auteur éclaire, excèdent les classifications habituelles, pour donner sa vraie dimension, métaphysique et abyssale, à l'aventure des mots. L'originalité de ce livre réside dans la recherche concertée de ce lieu de surgissement où s'élaborent des œuvres apparemment si diverses. " Défiance et illumination " dans une langue. Qu'est-ce que cette chose qui porte à écrire, à transgresser le réel par le style ? Pourquoi des auteurs aussi différents que Daumal, Poe, Hölderlin, Maupassant, Jünger, Garcia Marquez (auquel est consacrée la première étude conséquente en France), le trop méconnu Fardoulis-Lagrange, ou encore Piyere de Mandiargues, Dominique de Roux, Luc Dietrich, Paul Gadenne et Claude Louis-Combet, butent-ils avec tant de force sur la question fondamentale de l'origine scripturale, liée au désir et la mort ? Ces études variées sur la position de l'écrivain à travers les œuvres et le monde qui les porte se nourrissent de réflexions sur la légitimité des genres littéraires à travers les espaces mythiques et les catégories flottantes du réalisme et de l'imaginaire. L'auteur, lui-même poète, romancier et dramaturge, s'efforce d'approcher au plus près sur ces bases, le mystère des passions esthétiques qu'une même hantise, de l'ordre d'une élucidation absolue, ne cesse d'inspirer. Sans le moindre esprit de système, après Saintes-Beuveries (José Corti), Hubert Haddad développe une philosophie critique de la littérature fondée sur l'épreuve de la vérité et l'expérience fondamentale.

08/2000