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Alain Gresh

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Philosophie

Parménide L'être 1 - Figure ontologique. Le séminaire 1985-1986

"J'ai, dès 1983, commencé humblement le trajet qui devait aboutir, cinq ans plus tard, à la publication de L'être et l'événement par un examen renouvelé de la grande histoire de la philosophie. La médiocrité intellectuelle du démocratisme ambiant était telle que j'étais sûr de trouver, dans cette grande histoire, de quoi démonter cette moderne machination. La méthode de ce Séminaire consiste à tenter de démontrer qu'il y a de sérieuses raisons de tenir Parménide pour le fondateur d'une discipline nouvelle, non parce qu'il a vaticiné sur l'être et le non-être, comme le firent de nombreuses mythologies, mais parce qu'il a convoqué dans cette vaticination poétique son contraire, à savoir la rigueur universelle absolue des procédures mathématico-logiques qui, au même moment, trouvaient en Grèce leur forme définitive. Il y a dans ce Séminaire un côté réjouissant de suspense, d'enquête policière, de contestation raisonnée des dires de quelques témoins importants, comme Platon ou Heidegger. Sa densité ne doit pas dissimuler l'espèce de science joyeuse qui l'anime." A. B. Depuis 1966, une part importante de l'enseignement du philosophe Alain Badiou, aujourd'hui professeur émérite à l'Ecole normale supérieure, a pris la forme d'un séminaire, lieu de libre parole et laboratoire de pensée. Les éditions Fayard publient l'ensemble de ces Séminaires de 1983 à aujourd'hui, période où la documentation est abondante et continue. Ce volume est le quatrième de la série.

10/2014

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Philosophie

Images du temps présent. Le Séminaire 2001-2004

"Cet imposant ensemble, représentant deux années et demie d'intervention mensuelle, est à plus d'un titre une sorte de tournant dans l'histoire générale de mon séminaire. Il ouvre la série des séminaires qui traitent un même motif pendant plusieurs années consécutives. La poésie et le théâtre sont très souvent convoqués, en même temps que le commentaire politique est plus précis et plus constant. Les vingt séances articulent des éléments qui peuvent paraître disparates, mais dont l'unité tient à la question philosophique du présent, du temps présent, et des conditions sous lesquelles la philosophie peut être contemporaine de son propre temps. La courbe générale va d'une analytique de notre présent, dominé en réalité par sa fuite ou son absence, aux maximes de la construction d'un présent réel et des caractéristiques d'un Sujet qui s'y ordonne. Elle tente d'éclairer l'unique question réellement importante de la philosophie, qui est la question de la vraie vie".

04/2014

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Critique littéraire

Un coeur intelligent. Lectures

"Le roi Salomon suppliait l'Eternel de lui accorder un coeur intelligent. Au sortir d'un siècle ravagé par les méfaits conjoints de la bureaucratie, c'est-à-dire d'une intelligence purement fonctionnelle, et de l'idéologie, c'est-à-dire d'une senti-mentalité binaire indifférente à la singularité des destins individuels, à quelle instance adresser cette prière ? Ce livre répond : à la littérature. Me fiant à mon émotion, j'ai choisi neuf titres : "La Plaisanterie" de Milan Kundera, "Tout passe" de Vassili Grossman, "Histoire d'un Allemand" de Sebastian Haffner, "Le Premier Homme" d'Albert Camus, "La Tache" de Philip Roth, "Lord Jim" de Joseph Conrad, "Les Carnets du sous-sol" de Fédor Dostoïevski, "Washington Square" de Henry James et "Le Festin de Babette" de Karen Blixen. Et je me suis efforcé de mettre dans mes lectures tout le sérieux, toute l'attention que requiert le déchiffrement des énigmes du monde ". Alain Finkielkraut.

10/2010

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Philosophie

L'immanence des vérités. Tome 3, L'être et l'évènement

Le socle philosophique de l'oeuvre multiforme d'Alain Badiou (théâtre, romans, essais esthétiques ou politiques, éloges, polémiques...) est déposé dans trois grands livres, qui constituent une sorte de saga métaphysique : L'être et l'événement (1988), Logiques des mondes (2006) et enfin L'Immanence des vérités, auquel il travaille depuis une quinzaine d'années. Apres avoir étudié vérités et sujets du point de vue de la théorie de l'être, après avoir rendu raison de ce que cette universalité des vérités et de leurs sujets peut se plier aux règles de l'apparaître dans un monde particulier, ce troisième volume aborde une question redoutable : d'où peut se soutenir que les vérités sont absolues, c'est-à-dire non seulement opposées à toute interprétation empiriste, mais encore garanties contre toute construction transcendantale ? Qu'en est-il des vérités et des sujets, saisis, au-delà des formes structurales de leur être et des formes historico-existentielles de leur apparaître, dans l'irréversible absoluité de leur action et dans l'infini destin de leur oeuvre finie ? Et que faut-il entendre par l'absoluité du vrai, puisque les dieux sont morts ? Il s'est agi, au fond, d'un bout à l'autre, de construire pour notre temps une pensée complète, tirée, comme le firent Platon, Descartes ou Hegel, de matériaux rationnels contemporains, mathématiques, poétiques, amoureux et politiques. Il s'est agi de la vraie vie : nous sommes capables, dans la forme d'une oeuvre, individuelle ou collective, dans les quatre registres que fréquente l'animal humain survolté, de processus créateurs où se conjuguent dialectiquement la singularité, l'universalité et l'absoluité. Depuis sa naissance, la tâche de la philosophie ne tient qu'à ceci : créer, dans les conditions de son temps, le savoir de la possibilité existentielle du vrai.

09/2018

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Critique littéraire

Littré. L'humaniste et les mots

Répudiant l'image conventionnelle, fade et presque hagiographique d'Émile Littré, cet "illustre inconnu, du XIXe siècle, Alain Rey s'essayait en 1970, en empathie mais avec acuité, à exposer les convictions et les contradictions de l'homme, à retracer la genèse et le progrès d'une oeuvre polymorphe. Pasteur en avait figé le portrait dans la métaphore bien-pensante du "saint laïque", mais on découvre plutôt ici, outre le lexicologue célébré, un grand traducteur, un théoricien de la médecine, un historien des langues et des cultures, un philosophe agnostique et même un poète (manqué), enfin un vigilant témoin politique : en un mot un humaniste. Augmentée dans cette réédition d'un chapitre inédit sur la fortune du Dictionnaire et sur l'image de son auteur dans notre présent culturel, cette biographie intellectuelle est plus que jamais d'actualité.

11/2008

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Actualité et médias

L'âme des nations

"Le sentiment s'est ancré de plus en plus fort en moi que les pays, comme les individus, ont un ADN et que si, pour eux aussi, un partage s'est établi entre l'inné et l'acquis, leur nature profonde a largement conditionné leur comportement sur la scène internationale. Je ne crois pas à un déterminisme génétique des Etats et des peuples, mais rien n'est explicable dans leurs actions, leurs attitudes, leurs ripostes si l'on ne comprend pas en profondeur les ressorts de leur identité, telle qu'elle a pesé sur leurs relations avec le reste du monde. D'où la quête inachevée, superficielle, contestable, voire provocante de l'âme des acteurs qui occupent, depuis un demi-millénaire, le théâtre européen..."

09/2012

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Philosophie

La République de Platon

La République de Platon est peut-être le texte le plus connu, le plus traduit et le plus commenté de toute l’histoire de la philosophie. Mais comment restituer la vérité de cette œuvre aujourd’hui, 2500 ans après sa rédaction? Alain Badiou a choisi d’inventer un genre nouveau pour rendre au texte de Platon son universalité et sa vivacité sans passer par un commentaire critique. Il a traduit l’œuvre à partir de l’original grec et a procédé à quelques changements afin de l’adapter à notre temps. Tout d’abord, il a supprimé toute référence aux particularités de la société grecque antique, des interminables développements sur la valeur morale des poètes aux considérations politiques destinées par Platon à la seule élite aristocratique (les mesures révolutionnaires que Platon réserve aux seuls « gardiens » de la cité valent, sous la plume de Badiou, pour tous les habitants du pays). Il a élargi les références culturelles : la philosophie fait feu de tout bois, ainsi Socrate et ses compagnons connaissent-ils Beckett, Pessoa, Freud et Hegel. Ils  réalisent l’actualité intemporelle de toute philosophie véritable, propre à s’ajuster à son époque. Enfin, Badiou, par ailleurs dramaturge, a fait du dialogue socratique une véritable joute oratoire : dans cette version de la République, les interlocuteurs de Socrate ne se contentent pas d’approuver ce qu’énonce le Maître. Ils lui tiennent tête, le mettent en difficulté et livrent ainsi une pensée en mouvement. Grâce à ce travail d’écriture, d’érudition et, avant tout, de philosophie, Alain Badiou donne à lire pour la première fois une version absolument contemporaine, vivante et stimulante du texte de Platon.

01/2012

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Critique littéraire

Paul-Louis Courier, vies...

" L'homme le plus intelligent de France " jugeait Stendhal. Et la révolution de Juillet en 1830, la chute de l'absolutisme se faisaient au mordant des pamphlétaires. Succès posthume pour l'ex-officier des armées de la Révolution et de l'Empire, l'helléniste reconnu, le vigneron si peu de la Chavonnière, qui se prolongea tout au cours des années d'affrontement entre tenants et adversaires de l'Ordre moral. Succès tel qu'à la longue, il lassa ceux qui avaient réussi, et la France, républicaine, laïque et propriétaire, s'éloigna de Courier qui avait contribué, sans tout à fait y croire lui-même, à la faire telle. Savants, les hellénistes gardaient pourtant la mémoire de ce qui fait Courier, l'un des meilleurs d'entre eux, l' "inventeur " d'un fragment disparu et recherché des " Pastorales, Daphnis et Chloé " de Longus, et le maculateur immédiat, par pâté d'encre étourdi dudit passage : d'où le charivari des érudits ! Et bien au-delà du cercle des lettrés, ou de celui, chaleureux, de la Société des amis de Paul-Louis Courier, rayonnant depuis Véretz, Touraine, des fidèles de tous horizons restent acquis à Courier : ceux qui aiment vagabonder en croupe du canonnier à cheval, chef d'escadron en Calabre, et qu'émeuvent son " nonchalant " courage, son respect de l'ennemi et son émerveillement des couleurs italiennes ; ceux aussi que trouble le désarroi de Paul-Louis, hobereau malgré lui, époux tardif devant Harminie, sa femme, si jeune, si belle, accablée de tâches et qui s'ennuie. Assassiné le 10 avril 1825, dans ses bois de Larçay, mort bête et paysanne sans doute là où certains voient encore du mystère, Courier a vécu plusieurs vies, militaire, helléniste, propriétaire, pamphlétaire, mais vies moins successives, qu'emmêlées tant Courier change de personnage par refus instinctif d'être classé, catalogué, emprisonné. Il mérite bien de rester tel quel, mobile et vivant parmi nous : par la jeunesse de son regard, la vélocité de sa plume, modèle de bien des écritures modernes, l'acharnement à faire tomber les masques, à être plutôt que paraître ; l'ironie qu'il oppose à la pesante autorité et courtisanesque société. A l'heure où un peu de recul sied face à ce qui nous entoure ou nous abasourdit, il est bon de reprendre Courier pour compagnon comme y invite cet ouvrage.

03/2009

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Sociologie

Libération. 1973-1981, un moment d'ivresse

Sans soutien des partis, sans pub, sans hiérarchie, Libération naît de l'ivresse de ses deux créateurs, Jean-Claude Vernier et Jean-René Huleu, en avril 1973. En une, cet appel : "Peuple, prends la parole et garde-la" ! Signé, entre autres, par Foucault, Chevènement, Gainsbourg, Sollers, Moustaki et Jean-Paul Sartre... Au prix de 0,50 franc, la "feuille de chou", six ans plus tard, aura convaincu 40000 lecteurs chaque jour. Feuilleter les premiers Libé, c'est retrouver les exaspérations, les révoltes, les utopies de Mai 68, les présidents Pompidou et Giscard, Georges Marchais, Michel Debré affublé d'un entonnoir. Bernard Blier y confie son goût de Molière, Marin Karmitz raille les "petits-bourgeois de la Nouvelle Vague récupérés par le système" ; Guy Hocquenghem déplore - déjà - que le mariage gay ne fasse qu'entériner la structure du couple, la famille, Jaubert salue la première de Lulu d'Alban Berg à l'Opéra, tandis que Pacadis prend le thé chez Karl Lagerfeld. Comptant parmi les quatorze fondateurs de la SARL Libération en 1974, Alain Dugrand livre ici un récit tissé de mille anecdotes, de portraits, de traits et de situations qui rendent un bel hommage aux talents fous de celles et ceux qui inventèrent Libé.

09/2013

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Musique, danse

Le retour des caravelles. Voyage au coeur du baroque d'Amérique latine

Alain Pacquier est parti voici vingt-cinq ans à la découverte des très riches musiques oubliées ou menacées de disparition qui gisaient dans toute l'Amérique latine ; il raconte ici les phases du sauvetage de ce patrimoine rendu à sa splendeur originelle à l'issue d'un programme de coopération culturelle sans doute sans égal dans les relations Nord-Sud. Ce répertoire, né du syncrétisme des traditions autochtones et de la musique apportée par les Européens, ouvre de nouvelles perspectives sur les conséquences de la "rencontre de deux mondes" Ce qui aurait pu n'être ici qu'un simple carnet de voyages prend une tout autre dimension, évoquant également les dessous diplomatiques et politiques, les personnages qui croisèrent cette aventure (Octavio Paz, Claudio Abbado, le cinéaste Alain Corneau voire François Mitterrand...). De cahots sur les routes escarpées aux émerveillements des concerts dans les églises, des restaurations d'orgues aux amitiés qui se nouent de part et d'autre de l'Atlantique, des villages isolés aux prestigieuses scènes européennes, ce récit propose un autre visage de la mondialisation.

09/2011

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Mer

Seul à travers l'Atlantique et autres récits. A la poursuite du soleil ; Sur la route du retour ; O.Z.Y.U. (dernier journal) ; L'évangile du soleil

Le 15 septembre 1923, Alain Gerbault débarque à New York sur le Firecrest après une traversée légendaire de l'Atlantique d'Est en Ouest qui aura duré cent deux jours - exploit alors inégalé. Il en publiera une relation : Seul à travers l'Atlantique. Le 2 octobre 1924, il quitte New York pour un tour du monde par Panama, l'océan Indien et le Cap de Bonne-Espérance ; il atteint Le Havre le 26 juillet 1929. Deux journaux de bord : A la poursuite du soleil et Sur la route du retour. Second tour du monde en 1932 sur le bateau de ses rêves, l'Alain-Gerbault : O Z Y U. Un jour d'août 1941, un inconnu, malade, sur un voilier à bout de course, aborde l'île de Timor où il meurt le 16 décembre. L'Evangile du soleil est le testament de cet homme hors du commun.

05/2014

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Sciences historiques

La douceur de l'ombre. L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours

Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirées par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour. L'objet de ce livre est de suivre depuis l'Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su " voir l'arbre " : Horace et Virgile, mais aussi Ronsard et La Fontaine. Par la suite, Rousseau, Goethe, Novalis et, en France, Chateaubriand, Hugo, Proust et Yves Bonnefoy, entre autres. Bien entendu, il y eut aussi des peintres. S'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper. A l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte. A l'extrême, des moribonds ont souhaité que leur ADN soit transmis à l'arbre planté sur leur tombe. On le voit, c'est à une longue promenade que ce livre invite, à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique. Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire.

04/2013

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Histoire internationale

Le Mexique, un Etat nord-américain

L'histoire du Mexique a été marquée de manière indélébile par une fatalité géographique : sa frontière de plus de 3 000 kilomètres avec la première puissance mondiale. "Pire ami", les Etats-Unis sont depuis 1890 le premier partenaire commercial de leur voisin méridional, et plus de 10 millions de Mexicains vivent de l'autre côté du Río Bravo. Washington influence aussi, par action ou par omission, à travers l'opinion ou par des décisions gouvernementales, les grandes orientations de la politique mexicaine. Des deux côtés de la frontière, les optimistes saluent cette interdépendance. Les pessimistes, eux, craignent que l'avenir du Mexique ne soit à terme celui d'un "Etat libre associé", riche en ressources naturelles et humaines, mais dont la forte identité nationale serait en voie de dissolution. La singularité et l'ambiguïté du Mexique viennent de là. Premier pays de langue espagnole, l'un des deux grands d'Amérique latine, il était donné en modèle aux autres Etats du continent au début des années 1990. Il présente néanmoins aujourd'hui l'image d'un pays incertain, enlisé dans ses problèmes de sécurité interne, en proie à des crises économiques récurrentes et peu présent sur la scène internationale. Ce livre, richement documenté, issu d'une longue familiarité de l'auteur avec le pays, propose un portrait du Mexique contemporain dans toutes ses contradictions : celles d'un "pays du Sud en Amérique du Nord". Il traite de l'exceptionnalité d'un grand émergent et de ses avenirs possibles.

05/2013

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Philosophie

La République de Platon, Feuilleton philosophique. Suivi de L'incident d'Antioche, Tragédie en trois actes

Le présent volume conjoint la version théâtralisée d'une entreprise tout à fait singulière : la traduction-transposition de ce qui est peut-être le livre de philosophie le plus universellement connu, à savoir La République, de Platon, et une pièce de théâtre, L'Incident d'Antioche. Les deux pièces constituent une orchestration théâtrale multiforme d'une seule et unique question : que faut-il entendre par « politique » ? En quel sens peut-on dire qu'il s'agit d'une pensée, ou d'une Idée, et non d'une gestion, ou d'un pouvoir ? Et y a-t-il, par-delà les péripéties douloureuses ou enthousiasmantes de l'Histoire, de grands noms invariants sous le drapeau desquels il faut sans cesse venir, ou revenir - comme l'éternité immanente du désir égalitaire, dont je n'ai pas trouvé d'autre nom que le plus vieux de tous, le plus déchiré, le plus compromis, mais le plus apte à nommer sa destination : Communisme ? Combinaison du théâtre, de l'épopée historique et du devenir des idées, ce livre décide que toute chose, pour être pensée et choisie, doit tout d'abord, aussi longtemps qu'il le faut, être exposée. Mais il véhicule aussi la conviction que toute exposition étant un risque sans garantie, il est impossible de se soustraire à la nécessité d'une constante réinvention de ce que c'est que le courage.

06/2016

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Droit

Une exception ordinaire. La magistrature en France 1930-1950

Cela aurait pu être un livre, parmi d'autres, sur Vichy et les juges. On y aurait lu ce que chacun croit savoir déjà : que tous les magistrats ont prêté serment à un régime légalement établi, ont jugé sans états d'âme particuliers les résistants d'abord, les collaborateurs ensuite, et que nul, ou presque, n'a préféré sa conscience à son devoir. Mais l'histoire est autre : Vichy représente une exception ordinaire. D'abord, parce que l'Etat français marque l'apogée de la tradition, héritée de la Révolution, de justice étatisée et fonctionnarisée ; ensuite, parce que, dans sa dérive vers une justice d'exception, il s'appuie sur la pratique de la IIIe République, notamment pendant la Première Guerre mondiale - avec les tribunaux militaires jugeant pour l'exemple -, puis au cours des années trente, face aux menaces de guerre. Vichy, au fil des ans, sera contraint de faire siéger des " juges " non professionnels, et de recourir à une justice militante. Pour cause : les juges, corps qui préexiste à Vichy, et dont toute la culture se fonde traditionnellement sur l'application des lois en référence aux prédécesseurs et aux précédents - la jurisprudence -, ramènent l'extraordinaire politique à l'ordinaire pénal et bureaucratique, atténuent les dérogations de la législation, limitent l'exception d'une situation. L'historien ne saurait dès lors réduire son étude, dans la moyenne durée, à la mise sous tutelle politique des juges par la IIIe République, aux juridictions d'exception et d'exclusion de l'Etat français ni au maintien urgent, par une République restaurée, de nombre d'outils de l'arsenal vichyste. Il se doit de comprendre un corps dans sa continuité, dans l'intimité de ses habitudes professionnelles, de sa culture sociale, de ses rites élitaires, des origines de son recrutement. Autant d'éléments qui définissent une vision de l'ordre du monde, une grille perceptive des changements et expliquent nombre de paradoxes de la magistrature, d'hier à aujourd'hui. Prenant enfin la question par le bon bout, Alain Bancaud écrit une histoire qui vaut référence pour toutes celles, à venir, de l'Etat et de ses serviteurs.

04/2002

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Littérature française

Manuel de l'innocent

"Je n'y suis pour rien. J'habite une petite surface dotée d'une très belle vue tout en haut d'un immeuble. L'inconvénient, c'est que tout le monde voit chez moi. Je connais peu mes voisins et encore moins leurs invités qui envahissent un soir mon appartement, leur fête débordant, se déversant chez moi. Heureusement que j'ai bon caractère. La même nuit, se glisse dans mon lit une jeune femme aperçue au cours de cette soirée improvisée. Situation presque rêvée. Nous ne nous posons aucune question, puis dormons. Au matin, nouvelle surprise, quelqu'un d'autre, encore, que je peine à reconnaître, que je n'ai pas vu depuis plus de quinze ans, dans ma cuisine, est ravi de me retrouver. Moi non. Il va falloir s'expliquer, éclaircir aussi cet enchaînement d'événements. Prendre le temps. Justement, on a le temps". Alain Sevestre.

01/2011

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Littérature française

Les tristes

La serrure du coffre-fort libéra un clic et la lourde porte bâilla toute seule. Apparut sur l'unique étagère une chose amorphe et sombre qui remua aussitôt, glissa, visqueuse, roula sur elle-même et s'écrasa par terre. Pétapernal et Mandex s'en approchèrent. La chose émit un bruit de chute en retard, un chtkk qui se confondit avec un pas. Flasque, la serpillière (ce n'était pas une serpillière) remua, se déroula silencieusement, quelques secondes encore après sa chute, sans précipitation, savait ce qu'elle avait à faire et lascivement, entièrement, s'étala jusqu'à proposer la surface plane d'un trapèze irrégulier. C'est tout ce qui restait du chef parti sans explications.

08/2005

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Ethnologie

Avant l'histoire. L'évolution des sociétés, de Lascaux à Carnac

Il y a plusieurs dizaines de millénaires, l'homme se sépare de l'animal en enterrant ses congénères et en leur rendant des honneurs funèbres. Il couvre de fresques admirables les parois de Lascaux et de bien d'autres grottes. Puis il invente l'agriculture. Il érige menhirs et dolmens, dont les plus célébres restent ceux de Carnac. Tout cela se passe avant la naissance des villes, l'édification des pyramides. l'invention de l'écriture. Autrement dit, avant l'histoire. Dans ce même temps, l'homme invente aussi les premières formes de vie sociale. Comment se mettent en place ces premières sociétés ? Comment évoluent-elles ? Vaste sujet, à la lisière de l'anthropologie sociale et de l'archéologie préhistorique, qui mit aux prises les thèses les plus opposées. Alain Testart, ethnologue réputé. notamment pour ses travaux sur les chasseurs-cueilleurs, s'est donné pour objectif de confronter les interprétations en présence. Il était on ne peut mieux désigné pour reprendre à neuf la question de l'évolution des sociétés. Il en résulte des critiques dérapantes sur l'histoire de l'anthropologie sociale, une réflexion philosophique sur la notion même d'évolution dans les sciences sociales et des mises au point sur les questions de méthode et d'interprétation en archéologie. Surtout, jaillissent une série d'hypothèses nouvelles sur diverses périodes du paléolithique ou du néolithique, qu'il n'est plus question d'envisager depuis l'Europe et le Proche-Orient seuls, mais à partir du monde entier. d'où affluent désormais les données en nombre.

11/2012

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Histoire internationale

L'Etat d'Israël

Soixante ans après sa création, l'État d'Israël continue d'être au cœur de débats incessants, mais, trop souvent, ce pays n'est évoqué qu'en lien avec l'interminable confrontation avec les voisins arabes, et plus particulièrement avec les Palestiniens. Or, sans méconnaître l'acuité d'un conflit qui n'a cessé de rythmer l'histoire du Moyen-Orient, ne considérer Israël que sous cet angle serait une erreur. Tout le pari de cet ouvrage pluridisciplinaire est précisément d'aborder Israël dans ses multiples dimensions : fondements politiques et institutionnels, vie politique, populations et société, économie, relations extérieures (régionales et internationales), culture et communication. L'État d'Israël apparaîtra, au fil des pages, comme pétri de contradictions. La démocratie, bien vivante, fonctionne au sein d'une société de plus en plus multiculturelle, mais dans un État qui défend une identité nationale forte, ce qui ne va pas sans tensions. L'économie fait preuve d'un dynamisme soutenu, mais au prix d'un accroissement des inégalités, situation longtemps impensable au pays des kibboutzim. Les artistes participent aux grands courants culturels modernes, mais leurs œuvres puisent largement dans l'héritage hébraïque et portent l'empreinte du conflit israélo-arabe et de la Shoah. Israël est devenu un membre souverain du concert des nations, mais sa reconnaissance sur un pied d'égalité avec les autres États, aspiration centrale du sionisme, fut longtemps précaire et reste tributaire d'un règlement complet du contentieux avec les Palestiniens. Saisir la complexité dans toutes ses nuances : telle est la démarche qui a guidé plus de trente auteurs français, israéliens et américains avec l'ambition de mettre en lumière toutes les facettes de l'État d'Israël et de mieux faire comprendre, au-delà des clichés, sa réalité, riche et contrastée.

03/2008

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Philosophie

Nous autres, modernes. Quatre leçons

" Descartes non lu nous détermine que nous le voulions ou non ", écrit Hans Jonas. A quoi Descartes nous détermine-t-il ? Hier encore, il était possible de répondre : à nous rendre méthodiquement, polytechniquement maîtres de toutes choses pour soulager le sort des hommes et rendre leur vie plus agréable. Mais voici que les réalités nées de la philosophie de l'homme moderne s'ingénient à contredire les ambitions de cette philosophie, à transformer ses promesses en menaces, à fonctionner pour elles-mêmes. Il est devenu difficile d'opposer, sans autre forme de procès, les calculs de la raison aux ténèbres de la superstition car les processus que la raison déchaîne n'ont rien de raisonnable. Cette surprise philosophique réservée à la philosophie, cet ébranlement de la modernité par elle-même, inlassablement Alain Finkielkraut les explore et les interroge. Aux questions que l'intelligence pose de sa propre initiative, selon son projet ou ses plans, et auxquelles elle met le monde en demeure de répondre, il préfère les questions que le monde pose et impose à une intelligence qui n'en peut mais. Par là, il rejoint Michelet : " J'ai toujours eu l'attention de ne jamais enseigner que ce que je ne savais pas. J'avais trouvé ces choses comme elles étaient alors dans ma passion, nouvelles, animées, brûlantes, sous le premier attrait de l'amour. "

09/2008

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Littérature française (poches)

Violante

Mais qu'espère-t-il donc cet homme qui passe ses jours à attendre le client en broyant du noir dans sa galerie d'art contemporain ? La crise est partout. Dans les têtes, sans doute, plus encore que dans le commerce d'art... Un jour, pourtant, par la grâce d'un orage, un visiteur franchit sa porte et la vie du galeriste va basculer. " Et, à présent, je ne peux plus imaginer mes jours sans son attention et ses silences ; sans sa lucidité, surtout, qui porte chacune de ses paroles. De ce qu'il est, je me sens de plus en plus proche, et, si je n'ai pas complètement sombré ces derniers jours, c'est à sa présence que je le dois. Il m'aide à oublier ce que j'ai si mal appris, à faire place nette pour commencer à essayer d'être moi-même. "

05/2001

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Philosophie

L'infini Aristote, Spinoza, Hegel. Le séminaire 1984-1985

" Ce séminaire de l'année 1984-1985, portant sur l'Infini, est le frère de celui portant sur l'Un, tenu en 1983-1984, et déjà publié. Il s'agit de passer au filtre de la grande histoire de la philosophie quelques concepts majeurs de L'être et l'événement, publié en 1988. L'examen historique des concepts n'a pas pour objectif direct leur incorporation dans ma propre entreprise métaphysique. Je cherche plutôt à saisir la multiplicité des définitions et des constructions, un peu comme qui regarde un objet sous différents angles et exposé à différentes lumières. Au fond, quand on cherche une idée dans l'histoire, ce sont souvent les détails qui importent et parfois unifient des pensées qu'on aurait pu croire opposées. Cela donne à ce séminaire un tour exégétique et raffiné. Mais que le lecteur ne soit pas effrayé : la gymnastique intellectuelle est à la fin plus merveilleuse et plus féconde que l'autre. Et puis, j'ose le dire, je lui ai pas mal mâché le travail ! " Alain Badiou. Depuis 1966, une part importante de l'enseignement du philosophe Alain Badiou, a pris la forme d'un séminaire, lieu de libre parole et laboratoire de pensée. Les éditions Fayard publient l'ensemble de ces Séminaires de 1983 à aujourd'hui, période où la documentation est abondante et continue. Ce volume est le huitième de la série.

11/2016

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Philosophie

Notre mal vient de plus loin. Penser les tueries du 13 novembre

Dans ce court essai, Alain Badiou revient sur les tueries perpétrées le 13 novembre à Paris et propose d’élucider ce qui est arrivé. Qui sont les agents de ce crime de masse ? Et comment qualifier leur action ? Où en est notre monde, du point de vue de ce qui a été ainsi mis en place insidieusement, puis avec acharnement depuis un peu plus de trente ans ? Ce dont nous souffrons, c’est de l’absence à échelle mondiale d’une politique disjointe du capitalisme hégémonique. Tant qu’une proposition stratégique autre ne sera pas faite, le monde restera dans une désorientation essentielle. C’est un travail pour tous que d’essayer de faire que l’histoire de l’humanité change de direction et s’arrache au malheur opaque où en ce moment elle s’enfonce.

01/2016

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Littérature française

Revolver

Lucas, au début, attend le touriste, assis sur un muret, square Willette à Montmartre. Des couples lui demandent à l'occasion de faire une photo d'eux, d'appuyer là, tendent un appareil. Lucas accepte, s'écarte, s'enfuit avec. Il fonce chez lui, prend une douche et revient sur le lieu du vol. C'est une technique. Ça ne marche pas toujours. On lui tend parfois des appareils jetables. Il bâcle alors, bouge, vise n'importe quoi, se sauve. Voilà, au début, Lucas fuit beaucoup. Ensuite, il y a le revolver, et la route vers l'Italie. Il veut retrouver Marthe. Hélène l'accompagne.

08/2003

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Poésie

Trans-Paradis-Express

"Réécrire L'Enfer de Dante aujourd'hui ? Le transporter dans l'espace et le temps, en toutes circonstances et en tous lieux ? Donner à voir nos propres enfers, selon son modèle, tercet par tercet, comme un homme qui marche dans la nuit pour trouver l'issue ? Sauver la poésie du nouveau Déluge ? Tel était mon pari, risqué, mais volontaire". Alain Jouffroy.

11/2006

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Critique littéraire

Pierre Corneille

Comment Pierre Corneille, ancien élève des Jésuites, fils d'un bureaucrate rouennais, lui-même avocat qui n'a pour ainsi dire jamais plaidé, s'est-il élevé dans ses tragédies à la plus subtile politique, et parfois à l'héroïsme ? Cet homme timide jusqu'à la gaucherie déploie, s'il le faut, une éloquence souveraine. Il sait faire parler les rois, les princesses et les généraux. De son vivant déjà Corneille enthousiasme et dérange. Quand Le Cid emporte un immense succès, les polémiques éclatent. Quand ce génial auteur de tragédies et de comédies se présente à l'Académie française, les critiques fusent. Rien n'arrête le poète, qui a servi Richelieu, Mazarin, Foucquet et louis XIV. Il pactisera même avec Molière pour lutter contre un nouveau rival talentueux le jeune Racine. La vie de cet ambitieux robin de province, l'un des poètes les plus admirés de son époque, est jalonnée de gloire, puis s'achèvera dans une relative solitude. Dans cette biographie, Alain Niderst ne s'est pas contenté de montrer l'éclatant paradoxe que présente une telle oeuvre écrite par un tel homme. Il s'est attaché à circonscrire exactement la personnalité réelle de Corneille, et pour cela à le situer avec précision dans la France et dans l'Europe du XVIIe siècle, qui l'ont si souvent inspiré dans ses drames.

03/2006

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Critique littéraire

Antoine Furetière. Un précurseur des Lumières sous Louis XIV

Homme de Loi par intérêt, homme d'Eglise par conviction, mais aussi pour vivre mieux, amoureux cynique, écrivain par plaisir, Antoine Furetière est l'un des premiers, en France, à avoir voulu faire de la littérature une profession. Son ambition le conduisit à l'" immortalité " académique ; sa passion des mots le mena au scandale et, par son exclusion, au retour douloureux vers le sort des mortels. Mais les beautés curieuses de son dictionnaire lui valurent post mortem une immortalité plus réelle. Poète satirique et burlesque oublié, créateur négligé de l'Antiroman, il fut le premier encyclopédiste de la langue française, préparant l'esprit des Lumières et le regard critique de Pierre Bayle, qui sut reconnaître sa valeur.

09/2006

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Sciences historiques

Histoire de la nuit. XVIIIe - XVIIIe siècle

Dans l'Europe des Temps modernes, la nuit, c'est une absence de lumière qui a (très) partiellement partie liée avec l'horloge biologique. En effet, c'est surtout en s'ajustant à nos rythmes internes que le jour s'apparente à la veille et la nuit au sommeil. Et c'est pourtant elle qui resta longtemps la mesure du temps quotidien, de la Scandinavie à la péninsule italienne. Simultanément, cette noirceur des paysages se peuple de présences innombrables, s'investit de lieux mythiques, se remplit de croyances et d'imaginaires, induit une autre manière d'être au monde, une autre façon d'appréhender le sensible, proche ou lointain. Absence-présence, tel quel, ce couple constitue l'une des contradictions qui surgissent lorsque l'on tente d'appréhender la nuit. Espace et temps, la nuit l'est tout ensemble. Certains l'assimilent à une frontière, voire à une " dernière frontière " à conquérir. Notion éminemment spatiale qui renvoie à la fois à cette volonté humaine de remplir la totalité d'un environnement et à des perceptions inconnues de l'espace qu'impose l'effacement de la lumière. La nuit induit encore un système de représentations et de pratiques qui peuvent aussi bien s'affronter que se soutenir. Ainsi les visions négatives de la dangereuse et angoissante " nocturnité " conduisent-elles à la prise de mesures successives pour assurer l'ordre urbain. En tout cas, la relation complexe et la confrontation de ces deux éléments font de la nuit un objet en construction permanente, loin d'une image où les rôles seraient définitivement édictés entre l'action diurne et le repos nocturne. Ainsi, la nuit n'est sûrement pas l'envers du jour. Elle est un autre temps qui possède des particularités essentielles non transposables.

03/2009

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Histoire de France

"Mirabeau criait si fort que Versailles eut peur"

Pourquoi se risquer, aujourd'hui, dans un éloge vibrant de Mirabeau ? Et pourquoi célébrer, à l'heure des déferlantes populistes, un tribun réputé pour son tempérament, sa petite vérole et son jeu  plus ou moins trouble entre une monarchie agonisante et une Assemblée Constituante découvrant les vertus du parlementarisme ? Sans doute parce que Mirabeau fut, en son temps, le seul homme politique qui aurait pu "arrêter la révolution" (l'expression est de François Furet) ; qui aurait pu, par son talent de démiurge et sa position d'aristocrate rallié aux principes nouveaux , prévenir la Terreur et  réconcilier l'Ancien Régime avec la Révolution. Sa mort prématurée (en avril 1791) coïncida avec le basculement de la France dans une tourmente - qui fut, en même temps, la matrice du pire et le creuset de notre modernité politique. C'est cet homme-là qu'Alain Minc fait ici revivre : de sa folle jeunesse à sa passion interdite pour Marie-Antoinette, des vaines réformes de Necker à celles de Calonne, de ses dettes ruineuses à l'invention de la Monarchie Constitutionnelle, de sa prétendue "corruption" à son amour de la vie, de ses séjours en prison à son rôle majestueux lors de la réunion des Etats Généraux. Au fil de cette évocation, se dessine, en filigrane, un idéal politique : que se serait-il passé si cet homme avait pu poursuivre son oeuvre ? La France serait-elle devenue une sorte d'Angleterre ? Et les Français auraient-ils alors pris goût à ce "réformisme" auquel ils semblent, hélas, allergiques ?

02/2017

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Musique, danse

Anton von Webern

Si la musique de Webern a suscité une vaste littérature depuis la consécration qu'elle reçut après la mort du compositeur en 1945, il manquait une monographie récente qui considère l'homme et son œuvre indépendamment de l'éclairage mythique dont la postérité les a entourés. A la lumière de sources pour la plupart inédites en français, Alain Galliari propose du plus radical des représentants de l'école de Vienne une vision qui contredit sous bien des aspects l'image qui en a été colportée. Loin du cérébral dominateur que sa gloire post mortem a tissé, l'homme que les sources découvrent montre un être tout en paradoxes, introverti et intense, vulnérable, mais décidé et intransigeant, perpétuellement en recherche, hanté par une quête métaphysique à dimension religieuse - celle d'une Vérité supérieure qui est celle du mystère de la vie, dont les formes naturelles étaient à ses veux les manifestations directes et à laquelle toute œuvre d'art devait se conformer. Vision essentielle à l'approche de 1'oeuvre du musicien, économe jusqu'au vertige, qui éclaire son organisation exigeante et présage une intensité expressive qui n'a pas toujours été comprise. Cette monographie, qui tend à cerner par la biographie les fondements esthétiques de l'œuvre de Webern, cherche aussi à éclairer l'attitude de l'homme à l'égard des turbulences de son temps, questionnant la relation qu'il put avoir avec la monarchie, l'austro-marxisme et finalement le nazisme. Alain Galliari réinscrit ainsi l'homme complexe et secret que fut Anton von Webern dans les soubresauts de l'Autriche des années 1900-1945, déchirée par le cataclysme de la Grande Guerre, l'effondrement d'un empire dont il était l'enfant, la terrible double décennie de l'entre-deux-guerres, l'annexion au Reich hitlérien et le sombre épilogue de la Seconde Guerre mondiale, à l'issue de laquelle le compositeur trouva une mort qui fit partie intégrante de sa légende posthume et que ce livre cherche aussi à démêler. A l'égal de celles de Schönberg et de Berg, comme des autres membres de l'école de Vienne, dont elles ne se séparent pas, la vie et l'œuvre d'Anton von Webern reflètent ainsi un temps bouleversé et tragique, où le pire se double d'une aspiration permanente au vrai par le beau et le neuf, offrant un ultime éclairage au radicalisme de sa musique.

10/2007