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Julien Soulié

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Philosophie

Le détour et l'accès. Stratégies du sens en Chine, en Grèce

En politique comme en poésie, les Chinois privilégient l'expression allusive, la formulation détournée : au face-à-face, ils préfèrent la subtilité d'un abord de biais. Ils "chinoisent ", dit-on d'eux, sans comprendre comment ils procèdent. Refusant de laisser enfermer cette différence dans les termes d'une nature ou d'une mentalité singulières, François Jullien nous montre sur quelle logique repose cette autre stratégie du sens et quelle est son efficacité. Dans les grands textes de la pensée chinoise ici revisités (Entretiens de Confucius, Mencius, Laozi, Zhuangzi), nous découvrons un discours de l'"indice " qui ne vise pas à la généralité des essences, mais intègre en lui toutes les perspectives, comme globalité, et aboutit ainsi à une variation continue. C'est de là que naissent, en Chine, la richesse d'un sens implicite ainsi que la valeur de la sagesse. Avec Le Détour et l'Accès, François Jullien nous entraîne au plus loin du logos. Travaillant, chemin faisant. à cette question nouvelle : comment l'écart peut-il être source d'effet ? Autrement dit, en quoi le détour donne-t-il accès ?

03/2010

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Philosophie

FONDER LA MORALE. Dialogue de Mencius avec un philosophe des Lumières

Constituée au XVIIIe siècle, devenue suspecte au XIXe siècle, la question du fondement de la morale se trouve aujourd'hui noyée dans le flou de notre idéologie. Pour l'en dégager, François Jullien entreprend de la repenser en la réfléchissant dans une autre tradition culturelle (la Chine) - par confrontation avec l'un de ses principaux penseurs (Mencius). Le temps est en effet venu de sortir la philosophie de sa filiation occidentale ; de l'envisager d'un dehors pour sonder ses partis pris théoriques. Au risque sinon de s'enfermer dans un humanisme naïf, en vivant son conformisme idéologique comme une évidence, ainsi que de condamner la philosophie à l'atavisme. Le siècle des Lumières avait déjà le goût du dialogue entre cultures (dans le genre : entre un " philosophe chinois " et un " philosophe chrétien "). Mais, ici, c'est un sinologue qui conduit le débat. Avec notamment pour enjeu : concevoir un statut non doloriste de la " pitié ", chercher un rigoureux ancrage à l'humanité comme à la solidarité, ou penser l'accès à l'inconditionné (le " Ciel ") à partir de la morale.

01/1995

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Anglais apprentissage

Lettres de Londres (choix) . Letters from London (Selected Letters)

" Au début des années 1990 ; j'étais correspondant à Londres pour le New Yorker Magazine. C'était un travail excitant et quelque peu étrange : être correspondant à l'étranger dans mon propre pays, jeter un regard neuf sur des coutumes établies et essayer de les expliquer à un public éloigné qui partage la même langue et pourtant peu d'usages communs. Dix ans plus tard, dans le nouveau siècle et le nouveau millénaire, les choses ont changé et pourtant -c'est la Grande Bretagne- n'ont pas beaucoup changé. Aurions-nous dû être surpris ? sans doute pas ; la Grande Bretagne est un pays profondément conservateur, peu importe qui le dirige. "

09/2005

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Philosophie

Les transformations silencieuses

Grandir, vieillir; niais également l'indifférence qui se creuse, jour après jour, entre les anciens amants, sans même qu'ils s'en aperçoivent; comme aussi les Révolutions se renversant, sans crier gare, en privilèges: out bien encore le réchauffement de la planète: autant de modifications qui ne cessent de se produire ouvertement devant nous, mais si continûment et de façon globale, de sorte qu'on ne les perçoit pas. Mais on en constate soudain le résultat - qui nous revient en plein visage. Or, si cette transformation continue nous échappe, c'est sans doute que l'outil de la philosophie grecque, pensant en ternies de formes déterminées, échouait à capter cet indéterminable de la transition. De la, l'intérêt à passer par la pensée chinoise pour prêter attention à ces " transformations silencieuses " : sous le sonore de l'événement, elles rendent compte de la fluidité de la vie et éclairent les maturations de l'Histoire tout autant que de la Nature. De notion descriptive, on pourra en faire alors un concept de la conduite, stratégique comme aussi politique : face à la pensée du but et du plan, qui a tant obsédé l'Occident, s'y découvre l'art d'infléchir les situations sans alerter, d'autant plus efficace qu'il est discret.

03/2009

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Philosophie

Si près, tout autre. De l'écart et de la rencontre

Notre vie, ne la passons-nous pas en quête de l'Autre ? De l'autre, enfin, qui soit autre. Or ce tout autre n'est pas à attendre de quelque Là-bas espéré, d'un lointain fantasmé : la pensée ne fera toujours que tourner en rond dans cet imaginaire projeté. Mais il se découvre si près, à portée, dans ce que l'on a trop placidement, paresseusement, assimilé. L'inouï ne tombe pas de quelque ciel féérique, mais s'extrait de ce qu'on foule si négligemment d'instants banals. L'opposé lui-même n'est plus autre, car il ne confronte plus à de l'inconnu : il est désormais posé devant, "en face", diamétralement aligné, et même dramatiquement érigé ; mais déjà assigné, inerte et rangé - l'opposé déjà s'entend avec son autre. De là qu'il faudra, je crois, procéder de façon inverse. Chercher de l'autre, non pas dans ce qui s'annonce à l'antipode, dans le rôle du contraire, qui déjà est complémentaire. Mais plutôt en ouvrant un écart au sein de ce qu'on croirait semblable, le plus à proximité, apparemment le plus apparenté : pour y sonder ce qui s'y fissurerait secrètement d'un autre possible. En émergeant d'un tel écart, cet Autre - Toi - peut être rencontré. J'ai tenté de dresser ici un bilan, paradoxal il est vrai, de ce qui est au coeur de mon travail et qu'il me paraît urgent de penser, au départ de l'éthique et du politique : l'altérité.

02/2018

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Poches Littérature internation

Arthur et George

Condamné pour le meurtre d'un cheval, George Edalji, jeune avoué d'origine parisienne, est emprisonné puis relâché sans avoir été innocenté. Son teint mat et sa parfaite intégration sociale dérangent l'Angleterre bien-pensante de ce début de XXe siècle. Fragile, effacé maladroit et démuni, il va faire appel à Arthur Conan Doyle, alors un des hommes les plus célèbres d'Angleterre, le créateur de Sherlock Holmes... Extraordinaire tableau de la société victorienne, ce roman. inspiré d'un fait réel qui avait divisé l'Angleterre comme en France l'affaire Dreyfus, est aussi le plus passionnant et le plus haletant des thrillers.

10/2008

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Philosophie

Dialogue sur la morale

Constituée au XVIIIè siècle, devenue suspecte au XIXè, la question du fondement de la morale se trouve aujourd'hui noyée dans le flou de notre idéologie. Pour l'en dégager, François Jullien entreprend de la repenser en la réfléchissant dans une autre tradition culturelle (la Chine) - par confrontation avec l'un de ses principaux penseurs (Mencius). Le temps est en effet venu de sortir la philosophie de sa filiation occidentale ; de l'envisager d'un dehors pour sonder ses partis pris théoriques. Au risque sinon de s'enfermer dans un humanisme naïf, en vivant son conformisme idéologique comme une évidence, ainsi que de condamner la philosophie à l'atavisme. Le siècle des Lumières avait déjà le goût du dialogue entre cultures (dans le genre : entre un " philosophe chinois " et un " philosophe chrétien "). Mais, ici, c'est un sinologue qui conduit le débat. Avec notamment pour enjeu : concevoir un statut non doloriste de la " pitié ", chercher un rigoureux ancrage à l'humanité comme à la solidarité, ou penser l'accès à l'inconditionné (le " Ciel ") à partir de la morale.

01/1998

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Récits de voyage

Au pays du long nuage blanc. Journal, Wellington août 2003-janvier 2004

En résidence durant cinq mois à Wellington, Charles Juliet a tenu ce journal avec assiduité, afin de garder trace de ce qu'il a vécu durant ce séjour. Ces pages, alternant les rencontres et impressions sur la Nouvelle-Zélande avec des notes de réflexion sur la création poétique et des poèmes, sont d'une réelle densité et abordent les thèmes de prédilection de cet auteur : quête de soi, recherche d'une meilleure compréhension des autres et du monde.

07/2008

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Philosophie

De l'universel, de l'uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures

Y a-t-il des valeurs universelles ? Où situer le commun entre les hommes ? Comment concevoir le dialogue entre les cultures ? Pour y répondre, il nous faut suivre l'avènement du politique à partir du commun ; en même temps que remonter dans l'histoire composite de notre notion d'universel : à travers l'invention du concept, la citoyenneté romaine ou la neutralisation de tous les clivages dans le salut chrétien. Mais il conviendra également d'interroger les autres cultures : la quête de l'universel n'est-elle pas la préoccupation singulière de la seule Europe ? Il est temps, en effet, de sortir à la fois de l'universalisme facile et du relativisme paresseux : notamment, de requalifier, mais par leur versant négatif, un absolu des droits de l'homme ; de repenser le dialogue des cultures en termes non d'identité et de différence, mais d'écart et de fécondité en même temps que sur le plan commun de l'intelligible ; d'envisager ainsi ces cultures comme autant de ressources à explorer, mais que l'uniformisation du monde aujourd'hui menace. Car seul ce pluriel des cultures permettra de substituer au mythe arrêté de l'Homme le déploiement infini de l'humain, tel qu'il se promeut et se réfléchit entre elles.

01/2008

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Philosophie

Cette étrange idée du beau. Chantiers, II

François Jullien poursuit ici sa confrontation de la pensée occidentale avec la pensée chinoise en s'interrogeant sur la notion de beauté. Le "beau" trône en effet dans la culture européenne sans qu'on se soit enquis des partis pris qui l'ont porté. Or le "beau" ne va pas de soi et la pensée chinoise ne l'a pas isolé. François Jullien le rend ainsi à son étrangeté.

05/2011

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Littérature française (poches)

Attente en automne

Un écrivain, qui se cherche encore, quitte Paris pour séjourner non loin de Rodez dans un hameau où il rencontre une jeune fille secrète. Un jeune peintre s'éprend d'une comédienne plus âgée que lui et à laquelle, en raison de leurs situations respectives, il ne peut rien dire de ce qu'il éprouve. Il ne sera en mesure de lui parler à cœur ouvert qu'après avoir vécu loin d'elle un assez long temps. Au cours d'une randonnée dans le Hoggar, un industriel se prend de passion pour une photographe qui n'a rien de commun avec lui. Trois hommes qui ne savent pas dire aux femmes combien ils les aiment. Trois nouvelles pudiques et émouvantes qui montrent qu'un amour naissant peut conduire à s'engager dans la longue aventure de la quête de soi.

12/2001

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Psychologie, psychanalyse

Cinq concepts proposés à la psychanalyse. Chantiers, III

En dépit de la révolution qu'il opère, Freud n'est-il pas demeuré dépendant de l'outillage intellectuel européen ? Ne laisse-t-il pas dans l'ombre, de ce fait, certains aspects de la pratique analytique que sa théorie n'a pu explorer ? Mais comment s'en rendre compte, si ce n'est en sortant d'Europe ? Je propose ici cinq concepts de la pensée chinoise, dans lesquels ce qui se passe dans la cure pourrait se réfléchir et, peut-être, mieux s'expliciter : la disponibilité par rapport à l'attention du psychanalyste ; l'allusivité par rapport au dire de l'analysant ; le biais par rapport à l'ambition de la méthode ; la dé-fixation par rapport à l'enjeu de la cure ; la transformation silencieuse par rapport à l'exigence de l'action et de son résultat. Autant d'approches qui font découvrir la psychanalyse sous un jour oblique, la révélant dans son impensé. Or, cet impensé n'est-il pas aussi celui de la pensée européenne découverte dans ses partis pris ? F. J.

03/2013

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Littérature française

Ce pays du silence

Ce volume reprend trois recueils autrefois publiés aux Editions Fata Morgana et aujourd'hui épuisés. Poèmes d'amour, quête de l'authentique, recherche de la vérité : ces textes sont tous animés d'un même mouvement qui tend l'être tout entier vers un accomplissement parfois entrevu, parfois inimaginable. Espoir et ferveur : en mots simples, martelés sur des rythmes puissants, c'est un itinéraire fait d'exigence et de pureté qui se dessine, s'amplifie, et emporte.

10/1992

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 9, Hiver 2007-2008

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre " - petit livre parmi les livres -, l'Agenda est là, sur la table des librairies, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment parus, voire à paraître, et pointer aussi vers quelques œuvres négligées : pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuer à un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs du savoir et de la pensée. Par-delà les analyses et les comptes rendus des livres qui viennent de paraître, nous avons commencé à donner la parole aux auteurs eux-mêmes, dans une série d'entretiens. Nous publierons désormais également, plus en amont, des textes en chantier, avant même leur mise au point définitive et leur publication ; ainsi que des prises de position à la fois théoriques et politiques procédant d'œuvres en cours et donnant voix à l'engagement intellectuel aujourd'hui.

01/2008

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Critique littéraire

Ces mots qui nourrissent et qui apaisent. Phrases et textes relevés au cours de mes lectures

J'ai dévoré bien des livres, vécu grâce à eux d'inoubliables instants. Ils me transportaient, m'exaltaient, me laissaient anéanti, ne cessaient de me triturer, m'aidaient à me connaître, à m'ouvrir mon chemin... Par la suite et au long des années, ils ont eu à combler ma faim, une faim qui réapparaissait aussitôt qu'assouvie. Toutefois, après les avoir ingérés, comment me séparer d'eux alors qu'ils avaient eu pour moi une telle importance? Il fallait absolument que j'en garde quelques bribes. D'où ma manie de prélever ces mots, ces phrases qui m'avaient dévasté, embrasé, poussé à aller plus avant. Manie d'autodidacte qui s'acharne à creuser toujours plus profond, qui tient à ne rien perdre de ce qu'il a acquis, qui veut pouvoir mâcher encore et encore ces mots où puiser force, lumière, énergie. Les phrases et textes rassemblés dans ce volume sont tirés des carnets où se trouve thésaurisée cette nourriture qu'aiment à consommer ceux qui se cherchent, cherchent un sens à la vie.

10/2008

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Philosophie

De l'Etre au Vivre. Lexique euro-chinois de la pensée

"Dans quels termes penser quand le monde est en voie de penser dans les mêmes ? Face aux principaux concepts de la pensée européenne, je suis allé chercher en Chine des cohérences à mettre en vis-à-vis, dont je fais des concepts, ceux-ci laissant paraître d'autres possibles. Il ne s'agit donc pas de "comparer". Mais de cueillir les fruits d'un déplacement théorique, dont je dresse ici le bilan, en explorant d'autres ressources à exploiter ; comme aussi, par le dévisagement mutuel engagé, de sonder respectivement notre impensé. Au lieu donc de prétendre identifier des "différences" qui caractériseraient les cultures, je cherche à y détecter des écarts qui fassent reparaître du choix et remettent en tension la pensée. C'est seulement à partir d'eux, en effet, qu'on pourra promouvoir un commun de l'intelligible qui ne soit pas fait de slogans planétarisés. En retour, les entrées de ce lexique introduiront autant de dérangements qui pourront faire réagir les pratiques de l'art comme de la psychanalyse ; qui permettront de réinterroger de biais la pensée du politique comme du management. Et voici que, en dessinant une sortie de la "question de l'Etre", c'est du même coup une nouvelle pensée du vivre que capte, dans ses mailles, ce filet." François Jullien.

03/2015

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Philosophie

Vivre en existant. Une nouvelle éthique

Entre ces deux grands termes rivaux, l'être et le vivre, exister est le verbe moderne qui fait lever un nouveau possible. Mais comment décrire l'existence sans plus construire - comme la philosophie l'a fait de l'Etre - en s'en tenant au ras du vécu ? Je cherche ici des concepts qui décolleraient le moins de l'expérience : on reste dans l'adhérence au vital ou on en désadhère. Car exister, c'est d'abord résister. Sinon ma vie s'enlise ; ou bien elle peut basculer. Elle s'amorce et se résorbe. Elle reste prise dans le " dur désir de durer " ou bien je peux en émerger. Car si vivre, c'est déjà dé-coïncider d'avec soi (sinon c'est la mort), exister est ce verbe nouveau qui, détaché de l'Etre, se promeut en ressource. " Ex-ister ", c'est en effet, littéralement, " se tenir hors " - il faudra dire de quoi. Ou comment émerger du monde, mais dans le monde, sans verser dans l'au-delà de la métaphysique ? De là se dégage une nouvelle éthique qui ne prêche pas : vivre en existant. F. J.

03/2016

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Philosophie

Procès ou création. Une introduction à la pensée des lettrés chinois

Que toute réalité soit conçue comme processus en cours relevant d'un rapport d'interaction ; que tout réel ne soit donc jamais analysable comme entité individuelle mais comme relation ; qu'il y ait par conséquent à l'origine de tout phénomène non pas une mais toujours deux instances fonctionnant corrélativement (yin/yang, terre/ciel, paysage/émotion...) : c'est là une représentation de base de la culture chinoise, dont la lecture de Wang Fuzhi (1619-1692) permet ici de saisir les enjeux. Soit une régulation ininterrompue du cours (du monde comme de la conscience), un va-et-vient du visible et de l'invisible dans une essentielle corrélation, une affirmation des valeurs qui, inscrite dans l'ordre de la nature, ne débouche sur aucune rupture dualiste ni sur aucun "être" métaphysique. La lecture de François Jullien se veut problématique en ce qu'elle propose entre "procès" et "création" (telle que l'entend l'occident) une alternative qui permet de percevoir le pli particulier pris par tout un contexte de civilisation, assimilé comme une évidence, et qui lui sert de forme (inconsciente) de rationnalité. Manière, aussi bien, de redécouvrir les partis pris enfouis dans notre propore cogito.

03/1989

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Philosophie

Si parler va sans dire. Du logos et d'autres ressources

Aristote nous a laissé ces équivalences majeures, s'imposant comme des évidences : que parler c'est dire ; que dire est dire quelque chose ; et que dire quelque chose est signifier quelque chose : destinant ainsi la parole à être le discours déterminant de la science, reposant sur le principe de non-contradiction et apte à répondre à la question grecque par excellence - désormais mondialisée - du " qu'est-ce que c'est ? ". En se tournant vers les penseurs taoïstes de la Chine ancienne, François Jullien rouvre une autre possibilité à la parole : " parole sans parole ", d'indication plus que de signification, ne s'enlisant pas dans la définition (puisque non adossée à l'Etre), disant " à peine ", ou " à côté " - qui ne dit plus quelque chose mais au gré. Or, n'est-ce pas aussi là, quelque part (à préciser), la ressource que, depuis Héraclite, en Europe, revendique avec toujours plus de virulence la poésie ? Aristote ne débat plus ici avec ses opposants familiers. S'invitent enfin à ses cours, pour dialoguer avec lui, des interlocuteurs inattendus, et même qu'il n'imaginait pas.

09/2006

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Littérature française (poches)

Rencontres avec Bram Van Velde. Edition revue et augmentée

"C'est par la misère que j'ai approché la vie. La toile est liée à un drame fondamental. La peinture, c'est un oeil, un oeil aveuglé, qui continue de voir, qui voit ce qui l'aveugle. N'être rien. Simplement rien. C'est une expérience qui fait peur. Il faut tout lâcher. Pour être vrai, il faut plonger, toucher le fond. La toile ne vient pas de la tête, mais de la vie. Je ne fais que chercher la vie. Tout ça échappe à la pensée, à la volonté". Bram Van Velde.

02/2020

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Littérature française

Carnets de Saorge

En 1993, Charles Juliet a passé quatre mois à Saorge - un village des Alpes-Maritimes proche de l'Italie - dans un monastère devenu lieu de résidence pour artistes. Ces carnets sont le journal qu'il a tenu pendant ce séjour. Qu'il parle de Saorge, des rencontres qu'il y fait, des paysages qu'il découvre, qu'il égrène des souvenirs d'enfance, nous livre des impressions de lecture, évoque Catherine de Sienne ou Chet Baker, qu'il commente l'actualité, nous confie son émotion à la vue d'un beau visage... il demeure fidèle aux thèmes et préoccupations qui nourrissent les quatre précédents volumes de son Journal. Ici comme là, c'est une même attention aux êtres et à la vie, un même souci de les dire avec des mots justes et simples.

12/1994

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Philosophie

La grande image n'a pas de forme ou du non-objet par la peinture

La conquête de l'objectivité est une avancée théorique - héroïque - de l'Occident, redonnant sens à cette appellation douteuse. C'est à penser sa possibilité que s'est attachée la philosophie ; c'est elle qui a permis le succès vérifié de la science ; c'est à sa représentation que s'est vouée passionnément, y quêtant l'illusion du vrai, la peinture classique. Mais cette construction rationnelle de l'objet n'a-t-elle pas enseveli d'autres possibilités de cohérence resurgissant génialement, par effraction, dans la peinture moderne et dans la poésie ? C'est au désenfouissement d'une telle intelligence qu'invitent de leur côté, en toute sérénité, les Arts de peindre de la Chine ancienne que nous abordons ici : en traitant d'une image qui ne se laisse pas cantonner dans l'exiguïté de la forme, mais se transforme par respiration du vide et du plein, et écrit dans les polarités du paysage l'incitation qui tend la vie. F. J.

01/2003

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Littérature française

Lambeaux. Récit

Lambeaux est un récit autobiographique dans lequel Charles Juliet évoque sa mère qu'il n'a pas connue - morte de faim après huit ans d'enfermement abusif en hôpital psychiatrique - et le rôle que, malgré cette absence, ou à cause de cette absence, elle a joué dans sa vie d'homme et dans sa formation d'écrivain. Dans un second temps, il nous relate son parcours : la famille adoptive, l'enfance paysanne, l'école d'enfants de troupe, puis les premières tentatives d'écriture, lesquelles vont progressivement déboucher sur une toute autre aventure : celle de la quête de soi. Une descente aux enfers sera le prix à payer pour qu'un jour puisse éclore la joie grave et libératrice de la seconde naissance. Dans cette démarche obstinée il trouve la force de se mesurer à sa mémoire pour en arracher les moments les plus enfouis, les plus secrets, et les plus vifs. L'auteur devient son propre historien et nous livre un texte "pour finir encore" .

09/1995

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Poésie

L'Opulence de la nuit

«Quand j'ai faim tout me nourrit racontait cette chanteuse dont le nom m'est inconnu un visage la pluie l'aboiement d'un chien moi aussi quand j'ai grande faim musardant par les rues populeuses dérivant au gré de mon humeur je m'emplis de tout ce qui s'offre des visages des regards un arbre un nuage la lumière du jour le sourire d'un enfant tout est absorbé tout me nourrit»

11/2006

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 8, Automne 2007

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre ", petit livre parmi les livres, l'Agenda est là, sur la table des librairies, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment parus voire à paraître, et pointer aussi vers quelques œuvres négligées : pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuer à un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs du savoir et de la pensée. F. J.

09/2007

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 3, Printemps 2009

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre " petit livre parmi les livres -, l'Agenda est là, sur la table des libraires, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment partis. voire à paraître, et pointer aussi vers quelques cuivres négligées: pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuera un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs dit savoir et de la pensée. Par delà les analyses et les comptes rendus des livres qui viennent de paraître, il publie désormais également, plus en amont, des textes en chantier, avant même leur mise au point définitive et leur publication; ainsi que des prises de position à la fois théoriques et politiques procédant d œuvres en cours et donnant voix à l'engagement intellectuel aujourd'hui. (F. J.)

04/2009

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Philosophie

L'invention de l'idéal et le destin de l'Europe

Idéal est un mot d'Europe : il s'y retrouve d'une langue à l'autre, seule diffère la façon de le prononcer. Il n'est pas banal d'avoir isolé dans la vie de l'esprit cette représentation unitaire, séparée de l'affectif, qu'on appelle "idée". Il l'est encore moins d'avoir imaginé reporter sur elle, promue en "idéal" séparé du monde, la fixation du désir, au point de faire de cette abstraction le mobile d'une humanité prête à s'y sacrifier. L'idéalisme platonicien et la dramatisation de l'existence qu'un tel coup de force a inspirée, le lecteur les redécouvre à neuf considérés depuis la Chine. Car la Chine nous dit comment on aurait pu ne pas se laisser prendre à ce jeu de l'idée. Et d'abord comment s'engager dans la pensée en s'insérant dans la tradition plutôt que de vouloir, par le doute, rompre avec toute adhésion ; comment se fier au conditionnement de la conduite par imprégnation des rites plutôt que par l'obéissance consentie à la Loi ; ou comment la Raison peut se conformer à la régulation des choses plutôt qu'à la formalisation d'un modèle détaché du monde. Au moment où l'"Europe" doute de son avenir, n'y a-t-il pas intérêt à repenser cette vocation de l'idéal ?

05/2017

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Philosophie

La propension des choses. Pour une histoire de l'efficacité en Chine

En suivant à la trace un mot chinois (che), François Jullien nous entraîne à travers les champs de la stratégie, du pouvoir, de l'esthétique, de l'histoire et de la philosophie de la nature. Chemin faisant, on vérifiera que le réel se présente comme un dispositif sur lequel on peut et doit prendre appui pour le faire œuvrer - l'art et la sagesse étant d'exploiter selon un maximum d'effet la propension qui en découle. D'un mot embarrassant (parce que limité à des emplois pratiques et rebelle de toute traduction univoque), ce livre fait donc le révélateur d'une intuition fondamentale, véhiculée par la civilisation chinoise à titre d'évidence. S'éclairent du même coup, en regard, certains partis pris de la philosophie ou " tradition " occidentale : notamment ceux qui l'ont conduit à poser Dieu ou penser la liberté.

01/2003

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Poésie

Moisson. Choix de poèmes

Ce livre, s'il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l'itinéraire de l'auteur : "Enfance" , "Effondrement" , mais aussi "Ouverture" , "Avancée" , "Lueurs" ...

05/2012

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Philosophie

Chemin faisant. Connaître la Chine, relancer la philosophie

La Chine est ailleurs, est-elle " autre " ? Cet ailleurs de la Chine se constate dans la langue comme dans l'Histoire. Quant à l'altérité, elle est à construire patiemment en nouant le dialogue entre deux civilisations, la chinoise et l'européenne, qui se sont développées si longtemps sans contact entre elles. C'est à ce travail que se livre François Jullien, essai après essai, ou chemin faisant, sans postuler d'altérité ni d'identité de principe. A la fois pour fournir des concepts à la connaissance de la Chine et relancer la philosophie en l'interrogeant du dehors chinois. A l'occasion de cette Réplique, François Jullien récapitule le chemin parcouru, ou sa " méthode ", et les résultats acquis. Il montre du même coup comment, à partir du dévisagement réciproque des cultures, ouvrir la voie d'un auto-réfléchissement de l'humain qui nous délivre de l'humanisme mou et de sa pensée faible.

01/2007