Recherche

Dédoublement

Extraits

ActuaLitté

Littérature étrangère

La Cigogne

Dans un village de Palestine, un modeste enfant aux longues jambes grêles, aux épaules tombantes et au nez allongé se retrouve affublé par sa grand-mère d'un malencontreux sobriquet composé en arabe de deux segments identiques - laqlaq ("la cigogne") -, sobriquet qui inoculera à l'enfant la manie d'en inverser les syllabes à l'infini. La vie du personnage sera à l'image de son nom : une suite absurde de séparations, de dislocations, de dédoublements, qui l'amèneront, comme un oiseau déboussolé, à ne plus savoir de quel côté de la ligne il se trouve. Après L'Histoire du scorpion qui ruisselait de sueur, où il creusait la métaphore du vide et de l'absence, Akram Musallam nous offre un nouvel opus subtilement mené, dans lequel, explorant la figure de la frontière, il s'attache à déconstruire les logiques spatiales de la domination. Avec une ironie mordante, qui n'est pas sans rappeler celle de son compatriote Emile Habibi dans Les Aventures extraordinaires de Sa'îd le Peptimiste, il met à nu leurs effets sur la vie intime de gens paisibles et ordinaires - un grand-père attaché à ses oliviers et au souvenir des morts, une grand-mère espiègle, une vieille voisine diseuse de bonne aventure, son fils arriviste - que rien ne destinait à faire face à de telles équivoques ni de tels imbroglios.

01/2015

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Psychopathologie de la scolarité. De la maternelle à l'université, 3e édition

Cet ouvrage propose différentes approches complémentaires de la psychopathologie de la scolarité : historique, psychologique, pédagogique, familiale, institutionnelle, sociale et clinique. Il aborde ainsi tous les âges de la scolarité (maternelle, école élémentaire, collège, lycée, premières années d'université) avec une structuration identique pour chaque âge : - repérage et identification des difficultés ; - enjeux psycho-développementaux ; - prise en compte des besoins de l'enfant ; - épidémiologie et description clinique pour chaque pathologie ; - rôle de la famille ; - aspect thérapeutique (prévention et soins à proposer). Des thèmes transversaux sont développés : place des parents dans la scolarité, mixité, fonctionnement du groupe-classe, rythmes scolaires, redoublement, services d'aides et de repérage des élèves en difficulté, scolarisation des handicapés, systèmes éducatifs européens. Un chapitre spécifique est dédié au rôle de l'enseignant. Cette troisième édition totalement actualisée fait une large place à l'évolution du système scolaire depuis le milieu des années 2000 suite à la loi d'orientation d'avril 2005. Ces changements concernent toutes les étapes de la scolarité : réforme de l'université en 2005, du primaire en 2008, des lycées en 2010, développement des voies par alternance au collège en 2009. L'accent est mis sur l'impact des enquêtes internationales sur ces réformes, en particulier sur la question des rythmes scolaires et la comparaison entre systèmes éducatifs européens, mais également sur le phénomène du school bullying, harcèlements entre pairs en milieu scolaire.

01/2012

ActuaLitté

Essais

Le cinéma et ses doubles. L'image de film à l'ère du foundfootage numérique et des écrans de poche

Les images de film circulent. Plus que jamais depuis leur numérisation, elles sont extraites, collectées, retouchées, remontées et rediffusées sur des supports variés, avec des conséquences indéniablement positives (redécouvrir des films, explorer la plasticité inégalée de l'image de cinéma) et d'autres plus controversées (le "vi-sionnage", individuel, fragmenté, distrait, qui remplace le regard attentif et le spectacle collectif). C'est aux effets de cette circulation que le présent ouvrage s'intéresse aux changements de forme, de réception, de sens et de valeur des images qu'elle implique. S'appuyant sur de nombreux exemples, Le cinéma et ses doubles est conçu comme une introduction aux problématiques et aux esthétiques engendrées par la double vie des images de film, au cinéma et sur d'autres écrans. Des téléphones portables aux écrans géants et aux installations multimédia, du long-métrage au mash-up et au GIF, le livre offre un panorama de formes, expériences et usages de l'image de film numérisée. Tout en rappelant que l'expérience partagée d'une projection de qualité reste le propre du cinéma, le livre explore les nouvelles configurations nées de la cohabitation des écrans et des images. Miniaturisation et gigantisme, superpositions et dédoublements, nouveaux rapports entre cadre et hors-champ : peuplé d'écrans, le champ du visible se complexifie, un phénomène auquel le cinéma contemporain non seulement participe, mais dont il s'empare.

03/2021

ActuaLitté

Littérature étrangère

La mitrailleuse d'argile

Un quiproquo de l'Histoire fait que Piotr Poustota, poète pétersbourgeois du début du siècle, poursuivi par la sinistre Tcheka, se retrouve commissaire politique d'une division de cavalerie rouge en pleine guerre civile. Son chef, le fameux Tchapaïev, apparaît sous des traits fort éloignés de ceux, édifiants, que lui ont prêtés littérature et cinéma soviétiques : sous son commandement on passe le plus clair de son temps, entre deux combats, à discuter de l'irréalité du monde en descendant de la vodka ou en sniffant de la cocaïne. Il arrive que, pour mieux comprendre que la vie est un songe, on fasse un tour aux Enfers sous la houlette d'un baron fusillé. Il est vrai que Tchapaïev, détenteur d'une arme absolue et philosophique, la " mitrailleuse d'argile ", n'est pas seulement Tchapaïev... Là où les choses se compliquent encore, c'est que Piotr Poustota est simultanément pensionnaire d'un hôpital psychiatrique aux abords de Moscou, de nos jours. En compagnie de " nouveaux Russes " rêvant d'Amérique, du Japon ou de différentes formes de racket, il est soumis à un traitement de choc pour " dédoublement d'une fausse personnalité ". Qui est donc finalement Poustota, dont le nom signifie " le vide " ? Un bolchevik d'occasion qui fait des cauchemars ? Un interné qui délire ? Un réincarné dans l'autre ? Et qu'est-ce que la Russie, celle de la révolution comme celle des truands ? Une vaste maison de fous ? Lorsqu'on sera parvenu en Mongolie intérieure, c'est-à-dire le lieu où s'élève le " trône de nulle part ", ces questions paraîtront bien oiseuses.

09/1997

ActuaLitté

Littérature française

Tarabisco

Un jeune homme reclus dans une maison promise à la démolition survit dans ses rêves. Lui apparaissent l'illustre Tarabisco, sa grand-mère défunte, cantatrice monstrueuse qui le hante et qu'en secret il vénère, son père, vendeur de bretelles et gérant sournois d'une maison close, sa mère guettant à jamais le retour de son premier amour, mort en ruer. Pour se libérer de ses peurs et décrire ses fantasmes, il écrit un journal onirique dans lequel les morts et les souvenirs du passé l'assaillent. Comment retrouver parmi eux Eulalie Belladonna, image de l'enfance et de la femme idéale ? A l'hôpital, un patient du nom de Jean-Arthur Quinquet se réveille. Amnésique, il a été retrouvé inanimé dans une cabane au fond des bois, avec une musette pleine de curieux dessins, et de fragments d'une étrange pièce de théâtre. Peu à peu, l'homme sans passé se souvient. Des images surnagent sur son inconscient tourmenté : celle de son père, grand raconteur d'histoires extraordinaires comme celle de Manuela l'Indienne ou de son aïeule Tarabisco ; celle de sa mère qui lui préférait sa soeur Eulalie, dont il était follement amoureux ; celle de ce fameux jour de la Fête à Neu-Neu où il se retrouva enfermé dans le Tunnel de la mort. Commence un bras de fer avec le psychiatre. Et s'il feignait de ne pas se rappeler ? Dans ce roman construit en deux parties, illustration vivante du dédoublement des schizophrènes, Frédérick Tristan embarque le lecteur dans un surprenant voyage des profondeurs de la psyché, souvent drôle, parfois tragique.

05/2011

ActuaLitté

Bas Moyen Age (XIVe au XVe siè

Etre marchand au Moyen Age. Une double biographie XIVe-XVe siècle

A l'origine de ce livre, l'ambition d'écrire la biographie de Bertrand Rocafort, marchand provençal au tournant des XIVe et XVe ? siècles, la volonté de retracer une vie ordinaire éclairée par un corpus documentaire extraordinaire. A l'origine de ce livre, l'ambition d'écrire la biographie de Bertrand Rocafort, marchand provençal au tournant des XIVe et XVe ? siècles, la volonté de retracer une vie ordinaire éclairée par un corpus documentaire extraordinaire. Alors que l'enquête commence, les interrogations se multiplient. Le nom est parfois précédé d'une particule, parfois non ; il apparaît tantôt comme un fils de charpentier, tantôt comme un coseigneur. Cet homme en cacherait-il un autre ? Les doutes persistent... jusqu'à la découverte d'un deuxième testament : il existe bel et bien deux Rocafort prénommés Bertrand, exerçant dans une même zone d'activité, et partiellement insérés dans les mêmes réseaux. Un dédoublement imprévu qui ouvre des possibilités de croisements féconds pour interroger la construction des identités urbaines à la fin du Moyen Age. Ce livre questionne les origines, les relations, les activités et l'environnement intellectuel de ces deux marchands qui développent, chacun à sa manière, une carrière enviable. Laure-Hélène Gouffran met l'accent sur les expériences vécues, sur la pluralité des interactions sociales, et sur des pratiques tout à la fois commerçantes, religieuses et politiques, guidées par une volonté de s'investir dans la cité. A travers cette double biographie, cet ouvrage dépasse l'étude "? du ? " marchand pour dresser, par petites touches, les contours d'une élite urbaine protéiforme et éclairer un temps singulier de la ville de Marseille à la fin du Moyen Age. Préface de Philippe Bernardi

10/2023

ActuaLitté

Pédagogie

Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires

Quelles sont les différences internes aux milieux populaires susceptibles de rendre raison de variations, parfois considérables, dans la scolarité d'enfants d'environ huit ans ? Qu'est-ce qui peut éclairer le fait qu'une partie de ceux qui ont la plus grande probabilité de redoublement à l'école élémentaire peut échapper à ce risque et même, dans certains cas singuliers particulièrement intéressants, occuper les meilleures places dans les classements scolaires ? Les phénomènes de dissonances et de consonances entre des configurations familiales populaires et l'univers scolaire constituent donc l'objet central de ce livre. Les " tableaux de familles " qui forment le corps principal de l'ouvrage permettent notamment de comprendre comment un capital culturel familial peut se transmettre ou, au contraire, ne parvient pas à trouver les conditions de sa transmission : ou bien encore comment, en l'absence de capital culturel ou en l'absence d'action expresse de transmission d'un capital culturel existant, les savoirs scolaires peuvent tout de même être appropriés par les enfants. Mais, en fin de compte, ce sont les notions mêmes de capital culturel, de transmission ou d'héritage qui - métaphores utiles lorsqu'on commente des tableaux croisant des variables - perdent de leur pertinence dès lors que, changeant d'échelle d'obsevation, on s'attache à la description et à l'analyse des mondalités de la socialisation familiale ou scolaire, dans le cadre d'une anthropologie des relations d'interdépendance.

01/1998

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Atout précoce. J'accompagne mon enfant à haut potentiel

Ce livre s'adresse surtout aux parents d'enfants à haut potentiel afin de les aider à accompagner au mieux cette spécificité intellectuelle, émotionnelle et affective. Il s'agit de comprendre en quoi l'enfant précoce diffère dans son fonctionnement. Il est indispensable de reconnaître sa singularité pour mieux la vivre et la gérer à la maison et à l'école. Accompagner un enfant à haut potentiel, c'est aussi apprécier et valoriser ce formidable don. En apprécier les richesses permet de dépasser plus facilement les difficultés qui y sont éventuellement associées. Vous trouverez notamment dans ce livre des conseils pour développer le sens de l'effort chez votre enfant et l'aider à s'organiser dans son travail. Dans son parcours scolaire, l'enfant à haut potentiel fait face à des situations " particulières ". Doit-il sauter une classe ? Faut-il s'opposer au redoublement ? Que faire s'il ne parvient pas à décrocher le bac ? Comment agir en cas de phobie scolaire ? Comment l'aider face au harcèlement ? Mais en dehors de l'école aussi, il y a des situations délicates. Comment gérer son hypersensibilité et composer " avec " ? Les activités extrascolaires sont-elles indispensables ? Pourquoi ? Et comment gérer ce quotidien à la maison lorsque tout paraît difficile et parfois insurmontable ? Riches de leurs expériences et s'appuyant sur de nombreux témoignages, les auteures proposent ici des explications rationnelles et des conseils pratiques pour que la douante soit un réel atout !

03/2016

ActuaLitté

Géograhie urbaine

Les déconvenues de la participation citoyenne. Ville, pouvoirs et légitimités

La participation citoyenne est au coeur des débats politiques actuels et alimente les critiques de la démocratie représentative. Face à la demande croissante d'implication de la société civile dans le gouvernement des affaires publiques, la légitimité des urnes semble ne plus suffire. Mais la question de la pertinence d'une démocratie participative plus ou moins directe reste ouverte. Comment conjuguer les enjeux de la participation aux contraintes de nos institutions ? Dans le champ urbain, la participation s'expérimente déjà depuis longtemps. Idéal de démocratie ou remède face aux disparités sociales et territoriales, elle fait désormais partie intégrante du registre de l'action publique. Les expériences sont nombreuses et variées, allant de la prise en charge de leur coin de rue par des habitants à des projets ambitieux d'urbanisme participatif, mais il en ressort autant d'enthousiasme que de désillusion. Parfois perçue comme le terreau de nouvelles pratiques favorisant les formes d'émancipation sociale et politique, la participation peut aussi être vue comme un adjuvant à la démocratie représentative ou un facteur de redoublement des inégalités. Dans tous les cas, elle interroge les rapports de pouvoir et les légitimités à participer. En s'appuyant sur des expériences à l'échelle des quartiers, ce livre analyse les difficultés à mettre en oeuvre une participation citoyenne effective. Composé de textes théoriques et d'études de cas, il propose un bilan sur cette réalité paradoxale et en analyse les causes politiques, institutionnelles et sociales.

11/2022

ActuaLitté

Critique littéraire

Kazuo Ishiguro : Poétique de la mémoire et de l’oubli

L'étude s'oriente essentiellement vers l'identification, la typologie et le décryptage des silences, amnésies narratives et mensonges romanesques qui caractérisent les récits de Kazuo Ishiguro. Ces multiples "trous" narratifs dessinent un discours en lambeaux que le lecteur/narrataire devra élucider et "recoudre", au besoin. Dans l'évocation de son expérience onirique et nostalgique, le narrateur se plaît à jouer à cache-cache avec le lecteur/narrataire, créant ainsi une nette dissonance entre attentes légitimes du narrataire et promesses implicites du protagoniste. Cette technique d'obscurcissement de la trame des romans et nouvelles étudiés s'illustre par la dissimulation des noeuds de l'intrigue qu'aggrave l'occultation de la réalité spatio-temporelle des récits. Si le présent est perçu comme le temps où le personnage romanesque, en proie à la désillusion et au doute, procède à une lucide réévaluation du combat de sa vie, le passé se décline comme un long parcours souvent jalonné d'erreurs et de faux calculs. Au soir de sa vie, le narrateur intradiégétique livre un discours parsemé de non-dits, de quiproquos, de simulacres et de leurres narratifs. L'engagement littéraire d'Ishiguro s'appuie donc sur des choix narratifs qui bannissent la verbosité et la solennité souvent associées au discours occidental. Aussi, l'emphase narrative classique laisse-t-elle souvent la place au silence des mots. Par le truchement de l'oubli narratif qui cherche à abroger le temps et l'espace, la quête herméneutique se mue en une randonnée au fond de soi-même, même si le "moi" reste prisonnier de sa tendance à agir dans l'ombre afin de mieux s'illuminer à travers "l'autre". Enfin, l'exploitation très poussée des potentialités du souvenir et de la mémoire, à laquelle s'ajoute le dédoublement du protagoniste, aboutit, chez Ishiguro, à une véritable technique de la "désinformation" romanesque.

01/2021

ActuaLitté

Histoire de la philosophie

Walter Benjamin à l'ère du monde digital

Walter Benjamin est le penseur de la reproductibilité technique au XXe siècle, et il nous a donné de nombreuses pistes de lecture pour comprendre ce que la technique fait et défait dans nos sociétés industrielles fondées sur l'exploitation de l'autre. Déclin de l'aura, disparition de l'original, exposition généralisée, vulgarisation, performance, émergence de la star et du dictateur, choc, contrôle des masses et émancipation, il nous laisse un précieux viatique de fragments, célèbres ou méconnus, qui nous permettent de poser cette question : Comment appréhender le monde digital qui est en train de révolutionner notre siècle ? Dans cet essai, nous faisons l'hypothèse, soufflée par Benjamin lui-même, que nombre de ses intuitions fulgurantes, suscitées par l'essor de la photographie et l'irruption du cinéma, puis de la radio, sont restées en sommeil à son époque, et se réveillent maintenant à la faveur de l'irruption du monde digital. La logique de l'accessibilité mondiale prend racine dans le monde de la reproductibilité mécanique et en révèle le sens. De la même façon que le philosophe a pris au sérieux la technique de la radiodiffusion, au point de devenir lui-même réalisateur d'émissions à la fin des années 20, nous proposons de relire ses textes à l'aune d'une observation matérialiste du monde numérique, où chaque lecteur est en train de devenir auteur et producteur, témoin de sa propre existence en voie de dédoublement. Que se passe-t-il vraiment avec l'appareillage de numérisation du monde ? Quels en sont les effets, non seulement sociétaux, mais politiques ? Et que penser aujourd'hui de la stratégie benjaminienne de la flânerie, "protestation contre la division du travail" , à une époque où celui-ci est en voie d'extinction.

10/2022

ActuaLitté

Ecrits sur l'art

Mise au noir. Fonctions du visible et de l'invisible en scénographie

La place de l'obscurité dans l'espace se fait souvent au regard de la lumière. Associée dans nos esprits à une absence de matière et de forme, l'obscurité reste un impensé ou un corollaire. Il existe pourtant une généalogie de l'obscurité qui peut se faire en dehors d'une opposition ontologique avec la lumière. Certaines situations spatiales permettent d'envisager l'obscurité comme indispensable au travers des conditions physiques et psychologiques qu'elle ménage. L'analyse que l'on propose ici, tente de s'inscrire dans une observation transdisciplinaire car elle relie des évolutions techniques, menant à faire muter des imaginaires culturels de l'obscurité réinvestis autour des démarches de conception contemporaines. Il s'agit d'appréhender l'obscurité non seulement comme une réflexion sur l'absence de lumière, mais aussi comme un élément s'amplifiant par d'autres moyens, notamment par le redoublement de surfaces et de textures sombres. Intensification qui peut aussi s'exercer par des effets de contraste avec des zones éclairées, en maîtrisant donc tout média produisant de la lumière. C'est cette augmentation de l'obscurité par un travail sur la matière qui instaure la formulation "mise au noir" , actualise l'usage de l'obscurité et la constitue comme un médium. Il s'agit d'explorer les imaginaires culturels et leurs applications matérielles à la croisée de nombreuses pratiques. Comment cette mise au noir est-elle utilisée aujourd'hui dans la conception d'espace et sur quelles références plastique et sémiotique reposent-elle ?

05/2022

ActuaLitté

Littérature française

Ecchymose - Roman

L'intrigue de l'histoire est simple, elle pourrait se résumer à l'amour, l'amitié, l'adultère. Mais ce livre bien plus profond est ambigu. Il y a les trois personnages principaux autour desquels est construite l'histoire et qui ont un rôle important dans cet ouvrage qui, au final, est centré sur Marlène puisqu'elle est la personne que nous suivons tout au long des pages. Et parmi ces pages, des révélations, une vengeance sur la vie, une souffrance qui ne cesse de grandir. La destinée de ses parents sous l'occupation allemande, le désir de sa mère pour entrer dans la résistance après le départ du père, puis la maladie qui provoquera brutalement l'éclatement du noyau familial lui forgeant ainsi son terrible caractère rempli de haine et d'incompréhension. Les dédoublements de sa personnalité... Le tout s'enchaîne en quelques pages, même si le rythme n'est pas effréné, on lit ce récit d'une traite, et si l'on se doute des relations entre les personnages, la fin nous surprend et l'on ne s'attend pas à un livre aussi déroutant qui a pour toile de fond les douleurs d'une famille recomposée. On passe de la tendresse à la froideur, de la douceur au mensonge, des inventions pour tromper son entourage, du sentiment de malaise à celui de tranquillité, du calme à la tempête. Marlène passant de la petite fille attentionnée, de la tendre fiancée à l'usurpatrice, c'est un personnage aux multiples facettes, comme ce roman très fort écrit par son demi-frère.

09/2018

ActuaLitté

Actualité médiatique France

La méthode Michelin. Comment rendre les salariés inaptes au travail

Un ex-salarié témoigne. 124 000 employés dans plus de 170 pays, 646 millions d'euros d'investissement ans la recherche, Michelin, entreprise française la plus attractive auprès des salariés, est une société innovante qui ne se contente pas de produire des pneus mais oeuvre également dans l'industrie chimique, métallique et textile. Michelin s'engage qui plus est dans les sphères sociales et environnementales, jusqu'à se prétendre investi d'une mission de société : tout semble dédié à la libération de l'individu, à l'émancipation des esprits. Eric Collenne, au service de ce groupe arborant des valeurs humanistes, va pourtant déchanter. Cadre chez Michelin pendant près de dix ans, il est progressivement confronté à une autre réalité, avec ses mises en scène, ses dédoublements et ses fractures. Derrière le sourire avenant de Bibendum se cacherait un monstre cannibale : présentéisme conditionnant l'intéressement, espionnage sous couvert de bienveillance, management alternant le bien et le mal, rythmes infernaux qui intoxiquent les corps. Voilà qu'il est traité comme de la brisure, atomisé. Désormais ex-salarié, il témoigne pour la première fois de son expérience, celle d'un système qui pousserait les salariés à l'obsolescence. Une mécanique qui extrait les forces vives de l'individu, comme si celui-ci était dorénavant marqué d'une date de péremption, comme si notre mort professionnelle était programmée dès l'entretien d'embauche. Son jugement est cinglant : à l'instar de l'exploitation intensive des ressources de la planète, l'entreprise du XXIe siècle broie ses salariés jusqu'à épuisement, jusqu'à les rendre inaptes au travail. Inemployables.

10/2021

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

LE CORPS DE L'OEUVRE. Essais psychanalytiques sur le travail créateur

Les nombreuses contributions de la psychanalyse à l'esthétique se sont surtout attachées à l'interprétation du contenu fantasmatique des oeuvres ou à la psychopathologie des auteurs. Si féconds qu'aient été en leur temps ces travaux, ils laissaient sans réponse les questions que pose toute oeuvre d'art: l'effet de captation qu'elle produit, les affects et les identifications qu'elle suscite, le dévoilement du réel qu'elle opère. Pour saisir de tels effets, on doit interroger moins le produit fini que l'expérience et le processus d'où résulte ce produit. Tout comme le rêve suppose un "travail", non visible, tout comme l'épreuve de la perte engage un douloureux "travail de deuil", l'oeuvre d'art et de pensée est tout entière traversée par un travail créateur. Bien plus, son originalité et son pouvoir sur nous tiennent à ce qu'elle figure ce travail dans sa forme et dans son style. Le corps de l'oeuvre - et non le seul texte - est l'oeuvre elle-même. Trois parties dans cet ouvrage. D'abord, une clinique et une théorie du travail créateur, où le cas de Freud est pris pour paradigme. Ensuite une analyse, menée à partir du Cimetière marin, "poème de la création du poème", qui permet à l'auteur d'y différencier cinq phases: l'état de saisissement, l'appréhension d'un représentant psychique inconscient, sa transformation en code organisateur, la donation d'un corps à ce code, l'affrontement imaginaire puis réel à un publie. Enfin, venant préciser et affiner le modèle théorique, quelques monographies: sur une nouvelle d'Henry James et le dédoublement, sur les contes et codes de Borges, sur la détresse et les toiles de Francis Bacon, sur les romans de Robbe-Grillet et les techniques de la pensée obsessionnelle. Autant de lectures psychanalytiques qui nous font effectuer un aller et retour entre l'opacité de la création et la complexité de l'intelligible. Une "poétique" psychanalytique serait donc possible ?

01/1981

ActuaLitté

Revues

Cahiers Henri Bosco N° 56 : Les Noëls de Lourmarin

Ce volume 57 des Cahiers Henri Bosco dévoile les talents musicaux de compositeur et d'interprète d'Henri Bosco, auteur de ces 7 Noëls de Lourmarin, chansons destinées à célébrer Noël en Provence. Leur réédition (paroles et musiques) est accompagnée d'une série d'études musicologiques et littéraires. Le dossier spécial de ce volume 57 des Cahiers Henri Bosco est consacré aux " Noëls de Lourmarin ", titre du recueil de chansons composées par l'écrivain en 1929 (paroles et musiques) et destinées à accompagner les festivités de Noël. La tradition populaire de la pastorale de Noël est restée vivace en Provence, avec crèches, santons, représentations théâtrales inspirées des épisodes de la Nativité, poèmes et chansons, mais aussi traditions culinaires (les fameux " 13 desserts de Noëls ", présentés ici par Madeleine Bosco, épouse de l'écrivain). La réédition intégrale du texte (français, provençal et latin) de ces " 7 Noëls de Lourmarin " est accompagnée par la transcription de poèmes inédits adressés par Bosco " à [ses] vieux, pour leur Noël ", depuis le Front d'Orient où il combat en 1916, et par celle d'un entretien radiophonique de 1961 revenant sur son attachement aux arts et traditions populaires de Provence. Le dossier est complété par le témoignage du musicologue Illo Humphrey, qui eut le privilège en 1974 de travailler, sous la conduite de Bosco lui-même, à une harmonisation nouvelle des partitions musicales de ces " Noëls de Lourmarin ". Le dossier critique rassemble quant à lui des études sur le mythe de Charon dans l'oeuvre de Bosco (S. Beckett), la relation de l'écrivain avec le Pasteur Noël Vesper (F. Jean), le dédoublement des personnages dans les romans de Bosco (N. Robinet) et la représentation d'Alger dans Sites et mirages (A. Tassel). La rubrique bibliophilique tenue par H. Signore y présente la belle édition du Mas Théotime illustré par André Jacquemin, et la bibliographie annuelle des études bosquiennes actualisée pour les années 2021 et 2022 est établie par Arnaud Dhermy.

ActuaLitté

Droits de l'homme

Le droit de la vie humaine

La double nature du droit de la vie humaine : droit au respect de la vie et droit sur la vie Le big-bang provoqué par la rencontre de la vie humaine et du droit a entraîné la création d'une multitude de prescriptions juridiques ayant la vie humaine pour objet. Malgré leur caractère hétérogène, il est possible de discerner une structure commune à laquelle elles sont rattachées, offrant aux relations entre la vie humaine et le droit une certaine stabilité de même qu'une unité. Le droit de la vie humaine constitue la notion structurante de ces relations. Mobilisé comme nouvelle clé de lecture, le droit de la vie humaine doit permettre d'identifier l'ensemble des dynamiques qui les font osciller. Précisément, le droit de la vie humaine est traversé par des courants contraires. Un premier élan emploie le droit comme instrument au service de l'intensification du respect accordé à la vie. Un second courant libéral tend à solliciter l'exercice d'une maîtrise sur la vie, reflet du mouvement de subjectivisation des droits et libertés fondamentaux dont la valorisation de l'autonomie personnelle constitue le ferment. Le droit de la vie humaine possède donc une double nature, le droit au respect de la vie forgeant sa nature objective, le droit sur la vie dévoilant sa nature subjective. D'emblée, ces deux droits pourraient sembler antagonistes. Vérifier le degré de subjectivisation du droit de la vie humaine permet toutefois de nuancer l'influence de ce phénomène à son égard. Chargé d'instaurer un juste équilibre entre ces deux pôles, l'Etat s'érige en gardien du respect de la vie, le déploiement du régime de maîtrise sur la vie étant contrôlé, voire réfréné. Les rapports de force qui s'affrontent au sein du droit de la vie humaine se révèlent être disproportionnés au profit du droit au respect de la vie. Le dédoublement du droit de la vie humaine permet au droit au respect de la vie et au droit sur la vie de coexister sans provoquer leur neutralisation mutuelle.

04/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Pierre Corneille, le héros et le roi. Stratégies d'héroïsation dans le théâtre cornélien

Ce livre veut montrer comment, en reconsidérant le théâtre de la violence tyrannique issu du XVIe siècle et le théâtre amoureux de la douceur pastorale, Corneille donne naissance à la figure du Héros qui fait l'originalité de son théâtre. Dans le cadre d'une dramaturgie dynamique à tendance épique, qui ouvre volontiers ses dénouements sur l'avenir historique, Corneille invente, pour la comédie puis pour la tragédie, un théâtre "politique", porteur d'un modèle de société qui lui sert de canevas et qui, sans âtre polémique ni "engagé" au sens moderne issu des lumières, agit de façon performative sur son public. D'où sa réputation (que soutient, tout en faisant masque, son magnifique génie rhétorique). Chez lui, la machine de l'Etat bien conçu ajuste l'un à l'autre un Héros coupable mais conquérant et un Prince libéré de ses passions, qui sait le mettre à son service par la promesse de son amnistie et d'un amour récompensé. Tel est, pour l'auteur du livre, le principe politique de la dramaturgie cornélienne, qui donne sens aux catastrophes tragiques de Médée répudiée ou de Suréna assassiné, comme aux dénouements heureux du Cid, d'Horace, de Cinna ou d'Agésilas. De la Querelle du Cid sur l'immoralité de son dénouement à la petite polémique sur le "sens" de Surina, dans les années 1990, la reconnaissance de sa pertinence structurelle ne semble cependant pas s'imposer aux "doctes". Est-ce parce qu'il ne relève pas du pur formalisme technique mais d'un imaginaire, sur lequel l'auteur normand ne s'explique guère ? Quoi qu'il en soit, l'univers cornélien exhibe dés les comédies ce lien héroïque négocié entre passions amoureuses et réalisme social, tandis que la suite des tragédies de la gémellité (Rodogune, Héraclius, Nicomède, Pertharite, etc.) propose, sur les bases du dédoublement des caractères politiques entre le Héros et le Roi, une version originale du théâtre de l'identité, différente de celle d'un Rotrou ou d'un Thomas Corneille. La carrière louis-quatorzienne du dramaturge reste également, en dépit d'un nouvel air du temps, profondément fidèle à cette problématique.

10/2010

ActuaLitté

Poésie

L'âme

La sensation de ne pas «être au monde» ne suppose pas qu'il y ait un autre monde, dont nous aurions la nostalgie ou le désir. C'est simplement le prix que nous payons pour parler. Car, parlant, nous tenons le monde à distance et n'avons avec lui d'autre rapport que médiatisé par le redoublement symbolique. Alors que le monde est en souffrance en nous et notre malaise naît de cette attente frustrée. Mais cette souffrance est aussi la condition de notre aspiration à un rapport fusionnel, prolixe, acharné avec les choses, les corps, la «nature»... La question de la «poésie» est celle de cette habitation paradoxale du monde par les êtres parlants. Elle dit l'absence du parlant au monde et son effort pour combler l'absence. Elle est travaillée par un rêve d'adhésion au monde (d'où son obsession analogique : comparaisons, métaphores) ; en même temps, elle note, parce que travail de langue, l'expérience vraie du parlant : inadéquation des mots aux choses, obscurité muette du monde, résistance du réel à l'imposition du sens. Ame est l'un des mots les plus galvaudés par la mystique, la littérature, la poésie. C'est que âme est un signifiant pur : le nom de rien. Le nom de ce rien qui s'ouvre dans le monde à chaque fois que la langue s'évertue à le dire. Le nom de l'écart, de la séparation, de la «différence non logique» (Bataille définit ainsi la matière). L'aura insignifiante des choses, infusée dans la langue et la hantant d'une vacuité qui la scande de portées sonores et rythmiques imprenables par le sens. Les poèmes de L'Ame sont des essais d'enregistrement de cette vacuité dont le jeté fait abstraitement bouger, dans le temps d'une journée exemplaire et banale, la diction de quelques choses perçues, de quelques corps aimés, de quelques paysages vus, de quelques bribes de savoirs : dérapages, petites catastrophes du sens, lame de l'âme passée entre le réel et les mots.

03/2000

ActuaLitté

Science-fiction

Saga Gandorr Tome 4 : Gandorr et les Planètes Esclavagistes

Merveilleux, mystérieux, original, divertissant et mouvementé... En ces temps durs de hasard malchance, hisser le drapeau de l'espoir miracle est un appel d'air vital... Fable folie de l'absurde en digestion mutante que le sourire témoigne... Des mondes sont esclaves d'une énergie de transfert chaotique... Miroir précaire d'une instabilité supplice pour un temps sacrifié dans la faiblesse éliminatoire d'une nature au régime alimentaire... Juguler les envoûtements des consciences pour jubiler l'affranchissement des inoffensifs patriotes... Au placard de la tristesse en berne, les actes positifs construisent le jour de gloire tant attendu... La voix de l'ordre accompagne les voyages imaginaires de l'espace infini pour faire face à des obstacles presque insurmontables... Le bel hymne continue de chanter même dans un écho lointain pour ne pas oublier la destinée louange... Le modeste courage est l'arme d'une veine rare au venin dompté... La liberté revendiquée saisit l'hommage de la vie en résistance... Sur le long chemin énigmatique qui n'est pas prêt de s'arrêter, une étoile enrobée d'amour essaie de briller tant bien que mal... La longue et éreintante quête des reliques se poursuit dans l'idée espérée de rassembler les bons morceaux destinés à briser le sombre sort de la Prison Malypse à laquelle est enchaînée Elrya, l'âme soeur de Gandorr... Aller plus loin dans l'espace contre la course du manque de temps... Direction le Comptoir Spatial de Varuna sous fond de mythologie perse... L'histoire est ensuite tissée autour de l'hindouisme et un Déséquilibre Cosmique nommé Dukkha... Quelques compagnons de route, dont un dédoublement surprenant... Des décors étranges et répugnants qui s'apparentent à une nature mutilée et chagrine... Des monstres angoissants, de multiples conflits à résoudre avec malice et un chemin semé d'embûches inconnues... Une grande guerre épique entre des humanoïdes insectes... Est-ce vraiment possible de refermer la brèche de l'Infirma mettant en péril l'univers connu... Des combats pour la justice, des valeurs profondes qui s'enracinent et une introspection philosophique... Enfin, l'action bascule dans la découverte de la planète Ayizan avec comme arrière-plan, le vaudouisme... De nouveaux exploits qui n'apportent pas toujours la réussite voulue... Peut-être que Gandorr s'embourbe, se perd et s'acharne pour rien... Ou peut-être que c'est la construction plus ou moins logique, d'un avenir plein de promesses lumineuses... SMILE

09/2020

ActuaLitté

Proche-Orient

L'empire perse, les Grecs et le politique

L'empire perse achéménide fascine les Grecs, qui le perçoivent de façon très déformée, et qui comprennent mal son fonctionnement. Au ve siècle avant J. -C, son observation alimente leur réflexion politique, parallèlement à la stasis, terme par lequel ils désignent les conflits internes de leurs cités. Dans ce double exercice, Hérodote, les Tragiques et les Sophistes pensent le politique, et ils préparent la naissance de la théorie politique au siècle suivant. Le débat sur la meilleure constitution en procède : Hérodote le projette sur les conjurés perses de 522 (III, 80-82). La crise qui éclate cette année-là dans l'empire perse tient à ce que la succession de Cyrus, mort en 530 avant J. -C. , n'était pas réglée, bien qu'il ait désigné son fils Cambyse pour lui succéder. Ce dernier a probablement compromis lui-même ce processus, en faisant éliminer son frère Bardiya, en dévoyant à cette fin le rituel originellement babylonien du substitut royal, ignoré des Grecs en tant que tel, mais transformé par eux de façon totalement inconsciente sur le mode du dédoublement et de la ressemblance. L'instrument de cette machination, le mage Gauma¯ta, était devenu Bardiya, en vertu même du rituel, et il a prétendu régner à la place de Cambyse avant même sa mort, survenue selon toute apparence de façon accidentelle. Darius, probable cousin de Cambyse, a renversé le mage avec 6 conjurés, pour régner à son tour, en prétendant restaurer la légitimité dynastique. Le débat constitutionnel qui précède son avènement chez Hérodote est fondé sur une arithmétique élémentaire opposant constamment le petit nombre, réduit jusqu'au chiffre un, un effectif un peu plus important, mais qui demeure restreint, et le grand nombre. Cette distinction se retrouve entre la monarchie, pouvoir d'un seul, l'oligarchie, pouvoir d'une minorité, et la démocratie, pouvoir du grand nombre. Les Grecs l'appliquent au champ du politique, alors que le monde indien répartissait les fonctions duméziliennes selon le même critère. L'historiographie grecque des rois mèdes et perses est fondée sur une typologie d'inspiration tout aussi tri-fonctionnelle, qui réserve à chacun d'entre eux un rôle : roi fondateur et organisateur, roi guerrier, souverain lié à la Troisième Fonction. Cette typologie n'est pas un carcan rigide, et elle s'adapte à chacun des règnes, et à chacun des monarques.

03/2022

ActuaLitté

Militaire

Chasseurs du ciel. Bataille de France Mai-Juin 1940

"Chasseurs du Ciel" retrace au jour le jour la vie et les combats d'une des plus glorieuses Escadrilles dont puisse s'enorgueillir l'aviation de Chasse française : la "Spa 67" - filleule, de la prestigieuse "Spa 3 ? ", l'Escadrille de Guynemer, et devenue l'Escadrille 1/5. Durant la Bataille de France en Mai-Juin 1940, elle a totalisé 145 ? victoires, dont 105 homologuées, contribuant à placer son Groupe, le 1er ? Groupe de la 5e Escadre, en tête du palmarès des Groupes d'Aviation de Chasse, avec pour pertes, 3 tués et 5 blessés graves. Dans la liste des onze as ayant totalisé plus de dix victoires en six semaines, figurent cinq pilotes de la "? Spa 67" , dont son Commandant, le Capitaine Accart (qui dut abandonner le 1er juin le commandement de l'Escadrille à la suite d'une très grave blessure) et son Commandant en second, le Lieutenant Marin la Meslée, - tous deux tout à fait en tête du glorieux palmarès. Mais notre Aviation était loin d'être aussi nombreuse qu'il eût fallu ? ; et de même notre artillerie antiaérienne, collaboratrice indispensable de l'aviation. Nos aviateurs ont tenté de pallier ce grave défaut par un redoublement d'héroïsme, mais il ne compense pas certaines limites, d'autant que l'adversaire ne souffrait pas de son côté d'une insuffisance de moral ou de valeur de matériel. C'est la raison pour laquelle nos aviateurs, quels qu'aient été leurs efforts, leur bravoure, n'ont pu réussir à alléger, autant qu'ils l'auraient voulu, la lourde tâche de leurs camarades de l'Armée de terre. Le lecteur du livre du Capitaine Accart restera impressionné par la saisissante évocation de la vie, toute de fatigues, d'abnégation, de tous ces combattants du ciel. Ce récit n'ayant pas été réédité depuis la fin de la guerre et au moment même de la parution de la biographie du Général J. M. Accart, il est apparu nécessaire de rappeler aux nouvelles générations, le sacrifice de ces hommes pour faire honneur à la France face à la barbarie nazie.

02/2023

ActuaLitté

Littérature française

Le musée des valeurs sentimentales

Lors d’un souper mondain donné, au bien nommé château Le Luxe, en l’honneur du sculpteur Pierre Weiss, on se presse autour de la table du directeur. Au cours de cette mémorable soirée, la fête va dépasser les bornes de la bienséance. Tout commence par la disparition de l’artiste qui a déserté son propre vernissage, à moins qu’il ne soit venu quand même, mais sous une fausse identité. Ce lâchage impromptu provoque une série d’accidents en chaîne, avant que la nuit ne s’achève en catastrophe générale. Parmi les convives émerge d’abord la compagne de l’artiste, mais ce roman en cinq tableaux fourmille de personnages excentriques : des domestiques déguisés en invités (ou l’inverse), un étrange revenant nommé Joseph qui se prétend propriétaire du Luxe, Sébastien et son chien Clebs qui lui sert de fils adoptif… Il n’y a pas que l’artiste qui a disparu, mais aussi le clou de la soirée, sa sculpture Bild und Porzellan II. Pourtant, le chef-d’oeuvre pèse tout de même plusieurs tonnes… La sculpture a dû rejoindre par erreur l’autre musée du parc, celui des valeurs sentimentales, même s’il est impossible qu’elle y figure puisque qu’il n’accueille aucune oeuvre d’art et, de surcroît, ne se visite pas, au dire de son gardien, Robert, qui n’a donc rien à garder, à part ses secrets. Dans ce roman labyrinthique, les destins d’une quinzaine de personnages se croisent, parfois sans le savoir. Les motifs de l’amour (à partenaires multiples), de la disparition (souvent choisie jamais désespérée) et de l’art (délivré de sa vanité), s’incarnent dans un chassé-croisé rocambolesque, drôle et fantasque. La douce folie des uns, la naïveté forcenée des autres, la réversibilité des valeurs hiérarchiques et les jeux de dédoublement président à cette communauté de héros minuscules pris dans un principe de narration extravagant et facétieux. Car l’auteur a choisi pour ce livre une contrainte poétique de taille : le dernier mot de chaque phrase devient le premier de la suivante. Ce jeu des kyrielles, ou bouts-de-ficelle, comme on dit dans les cours de récréation, s’impose moins comme une contrainte de pure forme que comme une force d’entraînement imaginaire. Dans le sillage d’un Jonathan Swift ou d’un Lewis Carroll, il révèle en Gaëlle Obiégly une conteuse hors pair et invite le lecteur à retomber en enfance, l’enfance de l’art romanesque.

01/2011

ActuaLitté

Ecrits sur l'art

L'art et le nombre

Les nombres sont " l'étoffe " du monde dans la pensée pythagoricienne, ils sont les principes qui gouvernent toutes choses. L'oeuvre d'art n'échappe pas à un tel constat. Qu'elle soit figurative ou abstraite, elle s'appuie forcément, inconsciemment ou non, sur un rythme et des proportions, par conséquent sur le nombre, et c'est encore plus manifeste lorsqu'un nombre est central dans son sujet, historique ou fictif. Robert Bared nous invite à envisager la façon dont les oeuvres artistiques sont régies par le nombre des éléments qu'elles renferment - objets, personnages, motifs structurels. Plus largement, il explore la présence esthétique et symbolique des nombres dans tous les arts de l'humanité. Comment a-t-on représenté le zéro en art ? Pourquoi l'Arc de triomphe de l'Etoile, à Paris, a-t-il une seule arche ? Comment s'organise le champ pictural de la gémellité, du dédoublement dans le miroir ? A quoi correspond la figuration de la vie humaine en trois âges, et parfois en quatre ? Quels courants artistiques favorisèrent le format carré en peinture ? De quel symbolisme relève la pagode bouddhique à cinq étages ? De quand date l'analogie entre le territoire de la France et l'hexagone ? Quels sont les chiffres sacrés du christianisme ? Pourquoi le 9 est-il l'emblème de la Béatrice de Dante ? En réalité, les oeuvres, littéraires, plastiques, musicales qui accueillent les nombres, nous parlent de notre rapport secret à eux. On peut se trouver à l'aise dans la symétrie et l'équilibre de l'art classique, ou bien " préférer l'impair " , comme Verlaine. Un nombre peut devenir le prisme à travers lequel nous regardons le monde et percevons nos relations aux autres ou à nous-mêmes. Nous ne vivons pas de la même façon notre rapport au 1, à la bienfaisante ou labyrinthique solitude ; au 2, entre narcissisme et altérité amoureuse ; au 3, qui accueille des registres très divers, largement représentés dans la fiction, depuis la cocasserie du trio de boulevard jusqu'aux drames de l'amour triangulaire. Centré sur une approche artistique des nombres, ce livre croise pour la première fois le symbolique et l'esthétique. Il explore les neuf premiers nombres à travers autant de chapitres illustrés par les neuf arts répertoriés, des arts plastiques à la bande dessinée, même si la peinture et l'architecture se taillent une place prépondérante. D'essence encyclopédique et fort d'une objectivité pédagogique, l'essai de Robert Bared se lit aussi comme une invitation sensible à une autre intimité du monde.

05/2021

ActuaLitté

Littérature française

Les années secrètes de la vie d'un homme

Après la série des Allumettes suédoises, Robert Sabatier nous invite à vivre l'extraordinaire aventure d'un homme de notre temps, Emmanuel Gaspard Oth, dit "Ego". Ce parcours d'une existence est aussi celui de notre planète, d'Europe en Extrême-Orient et autres lieux. Où se trouve la terre promise ? Dans ce village de pêcheurs au sud du Japon où Ego se mêle à la vie locale et découvre l'amour de Hayano la plongeuse ? L'océan Pacifique des typhons au cours d'une odyssée magnifique ? Un îlot perdu où apparaissent les témoins inattendus d'une déjà vieille bataille ? Une demeure somptueuse dans la compagnie de celui qui transformera sa pensée et sa personne, le mystérieux Alexandre J. Bisao, de l'éphèbe Tokujiro, d'une dame de cour ? Aux confins de la folie et de l'opium ? A Hong Kong, en Inde, en Afrique, en France où s'opèrent d'étranges retrouvailles ? Rencontres incessantes, péripéties, passions et blessures sont le lot du narrateur. Et, au coeur de ce récit foisonnant, l'éclair d'une tragédie contemporaine, vision réaliste dont la Passion sera sans cesse vécue, page d'histoire tracée en lettres de feu comme elle ne fut jamais ainsi décrite. Enfin, l'intrusion du plus effroyable mystère : le dédoublement de l'être et son propre rejet. Traversée de signes, unissant à la magnificence des paysages terrestres ou marins le merveilleux intérieur, il s'agit d'une grande oeuvre où les interrogations humaines sont cernées : recherche d'une voie salvatrice, miroir du siècle, cri d'indignation devant les misères du monde, louange de ses beautés, appel à l'union - car le roman se lit à la fois comme le récit d'une aventure concrète et celui d'un dessein où une pensée dynamique trouve son nid. Les Années secrètes de la vie d'un homme, roman longuement mûri de l'errance, de l'histoire, de l'amour et du destin, ce sont les années de tous et de chacun au coeur du XXe siècle au fil d'une écriture conduite à la hauteur du sujet, de l'aquarelle à la fresque, du chant solitaire à l'instrumentation symphonique. C'est l'apparition d'un langage d'une coulée franche, traversé de vibrations bouleversantes, une exploration ligne à ligne, une extraction des minerais et des pierres précieuses que chacun recèle en lui et où le lecteur, nouvel Ulysse, se reconnaîtra, car ce livre, entre vents et marées, c'est celui de l'homme de notre temps.

01/1984

ActuaLitté

Critique littéraire

L'auteur, l'autre. Proust et son double

En mars 1921, quand les plaisirs et les jours viennent à manquer et qu'il est entré dans la phase finale de la recherche du temps retrouvé, Proust écrit une étrange lettre à un jeune homme, Thiébault Sisson. A lui, un inconnu qu'il aimerait connaître, comme à ses amis, ses proches, ses amants, il ne cesse de se dire mourant. Ça finira par arriver, un an et demi plus tard. Dans cette lettre, il inclut un article d'une dizaine de pages, assez plat mais extrêmement louangeur de La recherche . Croyant sans doute qu'on n'est jamais mieux critiqué que par soi-même, il souhaite le faire publier anonyme ou pseudonyme sous l'intitulé : L'esthétique de Marcel Proust. Proust par Proust, donc, mais sans son nom. L'auteur et l'homme qui vit et meurt sont deux. L'auteur, c'est toujours l'autre, écrivait-il dans le Contre Sainte-Beuve . C'est ce texte qui sert de noyau, avec d'autres lettres inédites, à une sorte de roman essai ou de nouvelle par lettres. Une histoire de pseudonymie, de dédoublements, de feintes, d'immortalité, de nom d'auteur, de critique littéraire. Un étrange ballet d'ombres que ce théâtre où l'on voudrait bien ne pas être celui qu'on est et vivre sur le papier ce qu'on ne vivra jamais, qui s'appelle un roman. Quel est le statut de ce texte de Proust ? Une autocritique ? La recherche contient une critique et une analyse de l'oeuvre autrement plus juste et profonde. Un autoportrait masqué ? Une épitaphe ? Qui vit ? Qui meurt ? Qui écrit ? L'autre, le jeune homme, mourra aussi. La lettre ne sera jamais publiée. Comme dans toutes les histoires de double, l'un est l'autre. Sur quoi mon livre est-il écrit ce que ce que c'est qu'être auteur, auto citation, auto plagiat, autocritique mots volés, prêtés, jamais rendus ; sur les rencontres amoureuses ; sur la vie parmi les autres ou parmi les livres ; sur ce dilemme : vivre sa vie ou l'écrire. L'écriture est-elle vraiment " la vraie vie " comme l'écrit Proust dans Le temps retrouvé ? Sur qui ce " Proust par lui autre ", si j'ose dire, est-il écrit ? Marcel et Proust, Proust et Proust ou bien Proust et moi. Je ne sais. (Michel Schneider)

10/2014

ActuaLitté

Ethnologie

Sacrifier et donner à voir en pays Malabar. Les fêtes du temple au Kerala (Inde du Sud) : étude anthropologique

Présentation Première partie : le contexte Chapitre 1 : le Kerala et les nayars I. Le Kerala II. La société hindoue traditionnelle au Kerala III. Nayars et namputiris IV. Les "maisons" Nayar et Namputiri V. Alliance, voisinage et complémentarité rituelle chez les nayars VI. Conclusion Chapitre 2 : calendrier et fêtes I. Le calendrier II. Les fêtes de temple au Kerala Deuxième partie : la déesse et les divinités inférieures Chapitre 3. Bhadrakali I. Grande fête d'Ulagam II. Installation III. Le mythe de Bhadrakali tel qu'il est récité à Ulagam IV. Déroulement de la fête V. Analyse du mythe VI. La déesse et son garde VII. Comparaison avec une fête de la région de Palghat Chapitre 4 : le maitre du monde I. Présentation de la fête de Tampuran II. Déroulement III. Le mythe de Tampuran IV. L'armée de Tampuran V. Tampuran et Bhadrakali Chapitre 5 : l'armée des Bhutas I Les patayanis II. Présentation de la fête de Kavipuram III. Exemple d'une journée : le huitième jour IV. Les participants V. L'ensemble de la fête VI. Les divinités inférieures VII. Le patayani et les autres rites spectaculaires Troisième partie : Fêtes de l'ascèse et du désir Chapitre 6 : Les crocs de la déesse I. Introduction : exemple d'une fête du Sud-Travancore II. Présentation de la fête de Kalampu Kavu III. Pana IV. Tukkam V. Cycle des fêtes à Kalampu Kavu VI. Trois figures du sacrifice VII. Les tukkams Chapitre 7 : promesses et mortifications I. Promesses, mortifications et sacrifice II. Course avec la peau percée III. Marche sur le feu IV. Les mortifications : conclusion Chapitre 8 : injurier, couvrir de boue la déesse I. L'obscénité religieuse II. Souillure votive du sanctuaire de Kodungallur III. La déesse de Shertallai, maitresse du yoga couverte de boue IV. Les obscénités au Kerala V. La fête : inversion ou rupture de l'ordre social ? Quatrième partie : Suggérer la guerre, agir pour la prospérité Chapitre 9 : batailles I. La tradition martiale au Kerala II. Mamankam : le grand sacrifice III. Joutes, rixes, compétitions IV. Un combat danse : le Velakali Chapitre 10 : Parades d'édifices, parade du royaume I. Fête de Tirumaniyur : la journée II. Fête de Tirumaniyur : la nuit III. Autres parades avec édifices du Travancore IV. La parade du royaume Chapitre 11 : la violence qu'il faut pour séparer et tenir les mondes I. Fête de Vilippuram : première série de processions II. Fête de Vilippuram : redoublement des processions III. Le cérémonial de la confrontation IV. Les "édifices" du centre Kerala V. Des mâts et des liens Cinquième partie : conclusions Chapitre 12 : autour du sacrifice I. Transfiguration, hiérarchie et prospérité II. La déesse au Kerala III. Faire la paire Chapitre 13 : Fêtes, traits spectaculaires et société I. L'unité de culte lors des fêtes II. Géographie des fêtes III. Kerala et aspect spectaculaire des fêt

01/1986

ActuaLitté

Littérature française

Je suis une surprise

On trouvera ici : une table de ping-pong, une grosse enveloppe de la NASA, un fusil, une part de flan renversée, de nombreuses heures de colle, des diapositives du Sahara, un crâne humain exhumé et brisé, plusieurs vélos, un hôpital psychiatrique, un petit carnet décrivant la planète Mars, un voyage éclair à Bruges et un autre à Venise, des pins parasols, un immense bateau et un minuscule voilier. Et aussi, sans cesse, partout sous les pieds du narrateur, des caves sombres pleines de bouteilles. Autant d'étranges souvenirs que Marc Pautrel interroge pour nous dire : "Je est un autre, je est une surprise... j'écris, je suis une surprise". Je suis une surprise, Claudine Galéa Voix intérieures. Jeanne Bastide et Marc Pautrel mènent, chacun à sa façon, une enquête sur l'être et le non-être. Aux éditions de l'Amourier et chez In8. Sujets et objets Lucie se sent enfermée. Prisonnière d'une absence. Celle d'André, mais pas seulement. L'espace de la maison est devenu oppressant. Pour se reconnecter au monde réel, celui des sensations, elle s'allonge à même la terre. Plus tard, à la fin, elle franchira la porte, sortira. Jeanne Bastide raconte le lent réapprivoisement d'une femme par elle-même. "Un silence ordinaire" décrit l'histoire d'une perte qui est peut-être davantage celle du sentiment d'exister que de l'être aimé. Ce sont les objets qui prennent en charge le manque, le vertige. Il y a quelque chose de l'univers de la peinture dans ce lent et pointilleux récit d'un retour à la vie. Aux natures mortes de l'univers intérieur, s'opposent les éléments de l'extérieur, de la brume hivernale au renouveau de la lumière printanière. Jeanne Bastide prend la mesure du temps, et réussit à créer une suspension atmosphérique, entre asphyxie et reprise d'air. C'est une plongée en soi qui évite tout pathos et toute explication au mystère de la disparition. "L'autre" est un miroir où Lucie s'est peut-être perdue. Parfois, on frôle l'hallucination dans une sorte de syncope du verbe. Pour retrouver la continuité d'existence qui lui permettra de demeurer vivante, Lucie écrit. Une deuxième voix s'élève dans le livre, plus fluide, gaie, avec de forts accents d'oralité. Une voix de vivante, heureuse de l'être. Marc Pautrel est le sujet de son récit "Je suis une surprise". Tout à lui-même - il écrit à plein temps, son temps lui appartient jusqu'à l'obsession -, la scène du "Je" lui est familière ! Et pourtant, écrit-il, "en moi, tellement de morceaux me sont étrangers". Remontant le fil d'une existence où les déménagements successifs de ses parents le préparèrent à la solitude et au détachement dont il use avec ivresse une fois devenu adulte, l'auteur-narrateur impose l'idée d'un décollement de soi plutôt qu'un dédoublement. La collection Alter & Ego, pour laquelle il a écrit ce récit, est un écrin parfait à l'aventure en chambre de cet anti-héros. Il aurait désespérément aimé franchir les frontières de la fiction au point d'habiter le seul pays des mots,

02/2009

ActuaLitté

Poésie

Rusticatio Civitati Piratarum. La Ville des pirates

Souvent considéré comme un cinéaste littéraire, auteur de plusieurs ouvrages, théoriques comme de fiction, on ignorait que Raoul Ruiz était aussi poète (il est l'auteur de plus de 500 poèmes dont une anthologie est parue au Chili en 2019), et qu'il lui arrivait d'écrire des recueils de poèmes pour préparer ses films, ce qui est probablement un cas unique dans l'histoire du cinéma. Rusticatio Civitati Piratarum : La Ville des pirates est le seul exemple de ce type qui ait été conservé dans ses archives. Le livre, écrit en 1974, tisse en un jeu d'évocations labyrinthiques le motif de deux films que le cinéaste franco-chilien réalisera en 1983 : Les Trois couronnes du matelot et La Ville des pirates. Ces poèmes ne constituent pas un scénario avant l'heure, ils ont plutôt pour Ruiz la fonction de réservoir à images dans lesquels il puisera librement ; ce seront les oiseaux migrateurs, les pièces de monnaie glissées sous la langue, les bateaux et les ports dans Les Trois couronnes du matelot, les miroirs, le prophète et les meurtres pour La ville des pirates. Poèmes et films partagent ainsi des visions communes, agissent les uns sur les autres comme deux dimensions autonomes d'un même monde - "le monde a deux dimensions" déclare d'ailleurs l'un des personnages des Trois couronnes du matelot - et nourrissent ce sentiment de passage fluide entre le temps des vivants et celui des morts, entre l'espace vécu et l'espace rêvé qui est si caractéristique de l'oeuvre de Ruiz. Poésie où tout se fait énigme, tout fait signe en d'infinis dédoublements, aussi bien dans la lecture du vol des oiseaux que dans celles des lignes des rues ou de la main. D'obscures malédictions foudroient les hommes au détour d'une phrase comme s'il y avait des mots interdits, des villes fantasmées flottent dans le regard des marins, des vaches sont sacrifiées dans la nuit, les miroirs séparent les visages, les chansons s'échangent contre une pièce de monnaie aussitôt changée en sel. Ces poèmes, en levant le voile sur la matrice créative de Raoul Ruiz, révèlent tout autant ce qu'il y a de littéraire dans son cinéma que ce qu'il y a de cinématographique dans son écriture. Comme le souligne Bruno Cuneo dans sa préface, la poésie était la "première vocation artistique" du cinéaste - grand lecteur de Pessoa et de Pound, et bien-sûr de ses compatriotes Gabriela Mistral, Pablo Neruda, Nicanor et Violeta Parra - qui cherchait dans ses films à ce que "chaque plan ait sa vie propre" , tout comme chaque poème existe en lui-même. Raoul Ruiz aura trouvé avec le poème le moyen d'irriguer ses films d'un réseau de visions d'où jaillissent des récits composés d'évocations fulgurantes à la symbolique mystérieuse, avec en guise de viatique pour naviguer entre les mondes de l'exil et de l'errance, deux pièces dans la poche des vivants et une dans la main des morts. Du mystère, ou, pour reprendre les dernières paroles du matelot du film : "de la poésie, c'est de la véritable poésie ! " .

09/2023

ActuaLitté

Monographies

La terre tourne et la flamme vacille. Peintures & dessins de Louis-René des Forêts

Prolongeant la publication en 2015 des oeuvres complètes de Louis-René des Forêts en "? Quarto ? ", ce livre collectif présente pour la première fois de manière exhaustive tout l'oeuvre peint et dessiné de l'écrivain. On connaissait déjà par des expositions dans les années 70 et par des publications en revue (notamment le "? Cahier du Temps qu'il fait ? " en 1991, certaines reproductions dans le "? Quarto ? ") l'activité picturale de Louis-René des Forêts, à laquelle il s'est consacré durant plusieurs années alors qu'il avait cessé d'écrire. Mais on en avait jamais eu que des vues partielles, plus ou moins bien reproduites. C'est donc un manque que vient combler cette publication collective, en permettant de reproduire en grand format les soixante et une peintures de l'auteur et la totalité de ses dessins. L'ouvrage sert donc de catalogue raisonné de toute cette oeuvre secrète pour la donner à voir de la façon la plus exacte et la plus agréable, de la découvrir enfin dans l'ampleur et l'originalité de ses compositions, dans la variété de ses réalisations plastiques. Reprenant son titre à celui d'un des tableaux de des Forêts, cet ouvrage propose aussi une véritable enquête biographique et critique de la constitution de l'oeuvre picturale, en reprenant patiemment la chronologie des dessins et des tableaux, pour établir précisément l'archéologie ancienne d'une activité qui remonte aux années de collège entre 1930 et 1932. On trouvera ainsi l'ensemble des dessins que le jeune des Forêts fait sous nom d'emprunt de ses camarades et de ses maîtres, et où il jette les bases de l'univers adolescent qui irrigue son oeuvre jusqu'à Ostinato. On découvrira aussi une série de dessins de facture plus réaliste, des choses vues prises plus ou moins sur le vif, comme lors d'un voyage en Angleterre en 1970. Il faut donc souligner que l'ouvrage donne accès pour la première fois à une part véritablement cachée de l'oeuvre, qui est ainsi mise en rapport avec les tableaux, eux aussi donnés à voir pour la première fois de façon exhaustive, et dans un format qui leur rend mieux justice. Cessant d'écrire entre 1968 et 1974, Louis-René des Forêts trouve dans la liberté du dessin et dans l'aventure de la gouache une autre manière de s'exprimer, sans doute plus proche d'un monde onirique auquel il donne libre cours, dans des compositions souvent baroques qui jouent des effets de redoublement et de miroir. Quand il entreprend à partir de 1975 "? Légendes ? " qui deviendra Ostinato, il pose définitivement crayons et pinceaux. Mais le détour par la peinture, par les visions qui s'imposent à lui pendant ces années, a nourri le retour à une écriture poétique et obliquement autobiographique. Pour accompagner ce voyage dans les tableaux et les dessins, l'ouvrage propose aussi plusieurs pistes de réflexion sur les liens entre écriture et dessin. L'introduction de Dominique Rabaté revient sur la puissance onirique des tableaux. Bernard Vouilloux établit avec soin la chronologie des dessins en commentant précisément leur évolution. Pierre Vilar déplie les trois temporalités qui fabriquent le pouvoir d'étrangement de visions qui consonnent avec celles de Klossovski ou de Bettencourt (dont les textes sont ici repris en fin de volume). Nicolas Pesquès suggère deux récits critiques qui rendent compte du hiatus et des liens entre littérature et peinture chez des Forêts.

09/2021