Recherche

Une sempiternelle mélancolie

Extraits

ActuaLitté

Critique littéraire

Don Quichotte, pour combattre la mélancolie

Deuxième best-seller après la Bible, Don Quichotte doit certainement son succès international, dès sa parution, à son pouvoir de guérir la mélancolie. Telle est la thèse audacieuse et argumentée de Françoise Davoine. Cervantès a chargé Don Quichotte, "son vieux fils fou", de mettre en scène les épreuves qu'il a traversées de son vivant et leur résolution. Le livre décrit comment les crises successives du chevalier errant sont une façon de faire revivre les guerres auxquelles a participé Cervantès, dont la bataille de Lépante ou son esclavage au bagne d'Alger. Ainsi, les crises de folie montrent ce qui ne peut se dire dans les silences des familles, autour de traumatismes majeurs. En même temps, Cervantès indique avec génie le moyen d'en sortir. Le livre suit donc les différents épisodes du Don Quichotte, ouvrant progressivement le champ des batailles, tel l'épisode des troupeaux de moutons, où l'on voit se profiler une guerre internationale, sur les mêmes fronts qu'aujourd'hui au Moyen-Orient. Nous accompagnons Don Quichotte dans la tourmente, jusqu'à trouver réunies autour de lui plus de trente personnes qui, grâce à son travail d'analyste, ont pu renouer des liens et réinventer un monde fiable. En réalité Don Quichotte nous apprend comment faire avec l'un des fléaux de notre temps, la dépression suicidaire à laquelle il s'adresse nommément. C'est également un manuel de la vita beata, la vie heureuse.

10/2008

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Le mal. Traumas, hantises et mélancolie

Dès que l'on tente de définir le mal ou d'en expliquer les causes, il s'évanouit. Il échappe à notre entendement, à notre raison ; restent les déchirures qu'il provoque. En psychopathologie, ce sont les dommages et souffrances prodigués à soi, à autrui ou aux autres ; les traumatismes chez les victimes ont le choix entre survie ou mélancolie, psychose, trouble psychosomatique... Non moindres sont les désastres qui frappent le peuple ou la cité : faits divers, attentats, guerres... C'est dire que " l'esprit du mal " sévit chaque jour sous les yeux et dans la chair des vivants, dans les mémoires collectives et les héritages psychiques. Peut-on en comprendre certaines déterminations ? Ce thème a fait l'objet de conférences et de débats philosophiques, psychanalytiques, anthropo- logiques, politiques, lors des journées scientifiques de l'Association européenne Nicolas Abraham et Maria Torok (AENAMT) en mars et octobre 2017. Ces études ne prétendent pas apporter toutes les réponses que le mal appelle ; si tant est qu'elles existent. Elles débouchent bien au-delà, notamment dans l'éclairage psychanalytique de l'approche cryptique et fantomatologique de N. Abraham et M. Torok. Sans apaiser les inquiétudes que suscite le mal, ces diverses recherches espèrent fournir au lecteur concerné des pistes qui nourriront et enrichiront sa réflexion.

05/2018

ActuaLitté

Littérature française

La mélancolie de l'iguane - Roman

Dans la solitude des champs de béton. Un aérolithe tombé d'on ne sait quelle planète noire. Duras trash ? Koltès après trois pastis, sept bières et deux cafés ? Iggy & The Straub ? Genet sous overdose death metal ? L'Iguane de Filip Forgeau, c'est un peu tout ça à la fois, et autre chose qui ne serait pas réductible à la somme de ces influences. Tout le prix de L'Iguane est de convoquer les poncifs pour aussitôt les éclater, de ne jamais ressembler aux a priori qu'il déclenche, de toujours apparaître ici quand on l'attend là. A l'image de son anti-héros Frag, carcasse de gros dur qui cache une âme solitaire et meurtrie, voyou tendre sorti de l'univers de Genet, L'Iguane déjoue toutes les apparences. L'Iguane prend acte d'une fin de siècle - 20è - qui s'enfonce lentement mais sûrement dans l'abîme, de la déchéance finale d'une civilisation qui ne fonctionne plus et laisse de plus en plus de cadavres sur le bas-côté. L'Iguane réussit à construire un territoire physique et mental cohérent, à imposer un langage et un univers personnels. Filip Forgeau invente là une dérive poétique à la fois triviale et littéraire, une ronde obsessionnelle déjantée et durassienne qui prend acte de l'impasse de notre civilisation postindustrielle. Serge Kaganski - Les Inrockuptibles.

10/2018

ActuaLitté

Policiers

Les corps de verre. Mélancolie noire

Un peu partout en Suède, des jeunes mettent fin à leur vie. Une vague de suicides décidément étrange : chaque fois, les procédés choisis sont déroutants, les mises en scène horriblement méticuleuses... On charge l'inspecteur Jens Hurtig d'enquêter. Bientôt la police découvre qu'au moment de passer à l'acte les victimes écoutaient une cassette, une mixtape unique créée pour l'occasion par un obscur musicien underground. La durée de chaque enregistrement correspond à la date d'anniversaire de la personne à laquelle elle est destinée. Puis c'est une série de meurtres bestiaux qui vient faire déborder les casiers de la criminelle. Quand Hurtig finira par comprendre que ces crimes ont un lien avec les suicides, il sera peut-être déjà trop tard... Les Corps de verre est un thriller sombre et troublant dans lequel la musique scande les impasses du désir, les souffrances de l'amour et les affres de la vengeance. A travers les parcours d'adolescents à fleur de peau, Erik Axl Sund nous donne à voir la singulière atrocité de notre monde.

10/2015

ActuaLitté

sociologie du genre

Judith Butler. Race, genre et mélancolie

Dans cette introduction claire et engagée, Hourya Bentouhami propose une relecture vivifiante de l'oeuvre de Judith Butler. Jusqu'à présent, les lecteurs français ont eu tendance à séparer ses écrits théoriques fondateurs sur le genre, les identités et le langage de ses interventions jugées plus directement politiques sur le 11 septembre, Israël-Palestine, Guantanamo, le Printemps arabe ou Occupy Wall Street... Butler se serait détournée de la réflexion sur le queer pour s'attacher à des objets plus classiques, mettant en jeu les formes de constitution du peuple. Mais, surtout, on tend à ignorer le dialogue qu'elle entretient avec les principales figures des théories postcoloniales et critiques de la race. Or, selon Hourya Bentouhami, ces séparations ne tiennent pas. Les élaborations théoriques de Butler attestent du nouage complexe entre sexe, genre, race et nation. Les discours de la différence sexuelle et de la différence raciale sont articulées et ont une généalogie étroitement entrelacée : impossible dès lors de déconstruire l'un sans déconstruire l'autre. Emerge ainsi le portrait d'une Judith Butler théoricienne critique de la violence et des identités, mais aussi, indissociablement, des mobilisations et des alliances minoritaires contre les assignations identitaires et les politiques de dépossession et de vulnérabilisation.

04/2022

ActuaLitté

Récits de voyage

La mélancolie de l'ours polaire

L'auteur de polars polaires Mo Malo a vécu en immersion parmi les chasseurs d'ours du Groenland pour mieux enquêter sur cette tradition millénaire qui perdure dans un monde où l'animal est aujourd'hui le porte-parole du changement climatique. Groenland, 74e parallèle Nord, 450 habitants coupés du reste du monde par la banquise hivernale, dont une poignée de chasseurs d'ours polaires. A priori, pas le genre de personnes à ouvrir facilement leur porte. Et pourtant... A raison de virées de près de douze heures d'affilée à traîneaux par -30°C, en immersion totale, Mo Malo a suivi la traque de l'animal emblématique sur ces immensités septentrionales et vécu une aventure humaine auprès des Groenlandais qui l'ont initié à cette pratique. Il a tenté de mieux comprendre la perpétuation de cette tradition ancestrale dans un monde en mutation accélérée, où l'ours symbolise plus que jamais le dérèglement climatique et notre conscience écologique. Le récit de ce cache-cache entre le nanook et les humains permet de toucher du doigt la mélancolie de cet " éternel errant ", spolié de ses terres, et de montrer à quel point leurs destins sont liés.

09/2023

ActuaLitté

Beaux arts

Enigme de la mélancolie. Sur un tableau de Pontormo

Pendant des années, il s’enfermait seul dans des églises de Florence pour en peindre les murs. Il parlait peu, ne s’intéressait guère au monde, ne recherchait aucun honneur. Raphaël lui prédisait le plus grand avenir. Michel-Ange le considérait comme son héritier. Vasari disait de lui qu’il atteignait «la perfection», mais aussi qu’il avait «un cerveau bizarre». Il est tombé dans l’oubli pendant près de quatre siècles... jusqu’à ce beau matin d’automne de 1912 où un rayon de soleil traversant la nef d’une église de Florence permit à un historien d’art américain, venu là à tout hasard, d’avoir le choc de sa vie devant le retable d’une petite chapelle oubliée parce que le plus souvent dans l’obscurité. Ce tableau, la Déposition, est de Jacopo Pontormo (1494-1556). Il allait contribuer à marquer la fin de la Renaissance italienne et l’émergence de «l’art pour l’art ». Le mystère de sa composition et la mélancolie qui s’en dégage n’ont cessé de susciter études, analyses et commentaires, souvent divergents, parfois contradictoires, toujours passionnés. À travers une enquête méthodique, vivante et illustrée, l’auteur propose une lecture nouvelle et totalement originale de ce tableau.

11/2010

ActuaLitté

Histoire internationale

Ma très grande mélancolie arabe. Un siècle au Proche-Orient

Dans ce livre, il y a des ruines et des martyrs, des vestiges, des temples, des sanctuaires, des portiques, il y a des tombes, des cercueils, des mausolées, des cimetières, des épitaphes. Il y a des sépultures mythiques et des fosses communes. Il y a des résistants tués, des révoltés abattus, des leaders assassinés, des enfants massacrés, des nationalistes pendus. Il y a des prophètes, des dieux, des vierges, des archanges, il y a des victimes et des assassins. Il y a aussi des citadelles, des basiliques, des mosquées, des dômes, des minarets, des miradors, des barbelés, des carcasses d'hôtels, de cinémas, des camps et des prisons. Et des détenus, des captifs, des séquestrés, des torturés. Il y a des condamnés à mort. Il y a des miliciens et des dictateurs, des fidayins et des moudjahidins, une infirmière kamikaze, une miss Univers et un prince rouge, des émirs, des sultans, des pachas, des califes, des patriarches et des poètes. Il y a le style, la flamme, la passion, l'idéal, la cause. Il y a Septembre noir et la bataille de Karbala, la corniche de Beyrouth et le discours d'Alexandrie, la tête de Jean-Baptiste et celle de l'imam Hussein, la fiancée de Naplouse et l'artificier de la Casbah, la prisonnière de Khiam et la dactylo d'Alger, les Boeing de la Pan Am et l'automobile du roi d'Irak, le minaret de Jésus et le rocher de Mahomet. Il y a aussi un imam disparu, un cheikh caché et un mufti éliminé. Il y a des keffiehs, des treillis, des lunettes noires, des turbans, des sahariennes, des drapeaux, des journaux, des slogans. Il y a des rois déchus, des présidents pendus, des colonels égorgés, des régents mutilés, des journalistes éliminés. Des shahs d'Iran et des rois du Hejaz, des sultans fatimides, des monarques hachémites, des khédives et des astres de l'Orient. Il y a des jacarandas, des palmiers, des grenadiers, des frangipaniers et des lauriers en fleurs. Il y a la plume, le mot, le verbe, l'éloquence, il y a le discours et le slogan, l'étendard et le combat, et il y a des attentats, des processions, des funérailles, des cortèges, des pleurs. Et aussi des colonnes, des chapiteaux, des gisants, des sarcophages. Des tombeaux phéniciens, des nécropoles romaines, des pyramides égyptiennes. Il y a des blasts d'explosions. Il y a du sang, des soupirs, des larmes, de la poussière, de la fumée, des bris de verre, des décombres, la désolation, l'exil, l'agonie, la tragédie, le deuil. Des couronnes, des fleurs, des rubans, des chants, des youyous. C'est une danse macabre. Il y a un siècle au Proche-Orient.

10/2017

ActuaLitté

Philosophie

Le deuil de la mélancolie. Récit intime

J'ai subi un infarctus quand je n'avais pas encore trente ans, un AVC quelque temps plus tard, puis un deuxième en janvier 2018. Nietzsche a raison de dire que toute pensée est la confession d'un corps, son autobiographie. Que me dit le mien avec ce foudroiement qui porte avec lui un peu de ma mort ? La disparition de ma compagne cinq ans en amont de ce récent creusement dans mon cerveau, qui emporte avec lui un quart de mon champ visuel, transforme mon corps en un lieu de deuil. "Faire son deuil" est une expression stupide, car c'est le deuil qui nous fait. Comment le deuil nous fait-il ? En travaillant un corps pour lequel il s'agit de tenir ou de mourir. Un lustre de mélancolie ou de chagrin porte avec lui ses fleurs du mal. Ce texte est la description du deuil qui me constitue. Faute d'avoir réussi son coup, la mort devra attendre. Combien de temps ? Dieu seul (qui n'existe pas) sait... Pour l'heure, la vie gagne. Ce livre est un manifeste vitaliste.

09/2018

ActuaLitté

Notions

Faire monde aujourd'hui. Subjectivité, mélancolie, création

A mi-chemin entre philosophie morale et métaphysique de la liberté, cet essai se propose de méditer la possibilité d'une "éthique de la conviction" pour notre temps, et de réinventer ses coordonnées en la liant de maniere indissoluble à la question du "monde". Plaidant pour un universalisme de la réécriture et de la traduction perpétuelles, la réflexion menée dans ces pages utilise les ressorts de la fiction et de la narration, mobilise les mémoires de l'esclavage et du colonialisme, et investit la thématique de la catastrophe, afin de restituer au sujet moral une puissance d'invention et de création dans et pour le monde commun, là-même où le premier fait l'épreuve mélancolique d'une perte de sens abyssale. Tout au long d'un parcours exigeant qui nous entraîne de la philosophie kantienne et fichtéenne au cinéma dramatique de Jeff Nichols, en passant par la tragédie de Heinrich von Kleist, le roman lyrique de Toni Morrison et le roman grotesque de Sony Labou Tansi, l'essai cartographie à nouveaux frais l'expérience vécue, pathique, d'une volonté inconditionnelle, et à proprement parler "folle", de liberté dans et pour un monde en droit habitable et partageable. Il situe son enquête - et ses propositions - dans l'aller-retour entre la liberté problématique, voire catastrophique, du sujet, et l'horizon indéterminé du monde, sous la menace constante de l'aliénation ou même de la privation de l'une et de l'autre.

02/2021

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

La mélancolie de celui qui vise juste

A Attrape-Flèche, en plein bayou du Mississippi, au coeur d'une faune sauvage et d'une flore luxuriante, on aime, on flingue, on cherche comment percer dans le show-business... Tout ça, peut-être, pour oublier que sous la surface des eaux sombres où s'égarent parfois des dauphins, il n'y a qu'un grand vide silencieux. Un soir, quand deux "gentils enfants" - en vérité, des tueurs sans pitié venus braquer la station-service du coin - se font abattre, les déflagrations seront perçues bien au-delà, et très vite, c'est la ville entière qui sera sous le choc. Que ce soit Hydro, le jeune amateur de tartes aux pêches, le Prince des Ténèbres et ses envolées théâtrales, le doux shérif Chisholm et sa splendide épouse, ou Morgan l'as de la gâchette, tous vont se demander au fond d'eux-mêmes s'ils ne sont pas responsables du drame, et partir en quête de cette paix intérieure qui leur fait défaut depuis trop longtemps et que seuls des proches peuvent apporter. Par une écriture limpide, presque fluide, tout en rythmes et sonorités, La Mélancolie de celui qui vise juste de Lewis Nordan nous balade d'être en être et de coeur en coeur comme une chanson de blues. Il nous offre un récit onirique marqué d'un optimisme lumineux, et si l'humour affleure, c'est pour mieux révéler l'humanité, dans sa beauté et ses fêlures. En 1995, alors qu'il a une cinquantaine d'années et quatre livres derrière lui, Lewis Nordan, profondément marqué par le suicide de son plus jeune fils l'année précédente, entame l'écriture d'un roman qui, il ne le comprendra que plus tard, lui servira de salut. Si La Mélancolie de celui qui vise juste est, d'après lui, un récit sur la solitude impitoyable chevillée à l'homme, page après page, néanmoins, c'est le contraire qu'il nous prouve, pour finir par faire briller les liens inextinguibles qui nous unissent.

06/2021

ActuaLitté

Essais

De plus loin que la mélancolie. Essais

Dans ces entretiens enregistrés pour France Culture de 1991 à 1996 à l'Infirmerie Spéciale de la Préfecture de Police puis à l'hôpital Sainte-Anne, Marcel Czermak, psychiatre psychanalyste, et Jean Daive, écrivain, radiographient ensemble, chacun dans son registre de parole - analytique pour l'un, phonétique pour l'autre -, un nouveau "malaise dans la civilisation" , tel que le donnent à interpréter les pathologies psychiques auxquelles Marcel Czermak est confronté aux urgences psychiatriques : disparition, délire de négation, égarement, phobie, traumatisme, deuil, mélancolie, psychose... Les patients sont parfois présents dans la pièce, et leurs voix donnent relief à ce que Fitzgerald nommait "la fêlure" (The Crack up), ces coups qui viennent du dedans et "qu'on ne sent que lorsqu'il est trop tard pour y faire quoi que ce soit" . Ecouter, soigner en écoutant, entendre les bouches qui ne parlent pas ou qui parlent sans s'ouvrir est le travail de Marcel Czermak. La clinique et la pratique de la cure lui permettent de faire apparaître les structures individuelles et transindividuelles à partir desquelles se lève un diagnostic sombre sur notre temps.

03/2023

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

La mélancolie. Vie et oeuvre d'Althusser

La somme de publications, de manuscrits et de témoignages qui concernent l'œuvre et la vie d'Althusser en feront sans doute un cas aussi exemplaire pour l'étude de la mélancolie que Schreber, lu par Freud, le fia pour la paranoïa. Face à un philosophe qui marqua toute une génération et dont les avancées renouvelèrent radicalement le marxisme, comme celles de Lacan donnèrent à Freud sa pleine efficacité, une question majeure se pose: quelle relation folie et raison entretiennent-elles? Loin de séparer son œuvre et son délire, et sans considérer un instant que la logique de ses thèses aurait été construite pour faire barrage à sa psychose, Althusser a cherché à élucider les points de jonction, les passes obscures, comme si la démence de l'histoire trouvait sa raison dans celle de sa propre folie. Cet ouvrage ne prétend pas interpréter ce qu'a écrit Althusser, et encore moins imaginer ce qu'il n'a pas écrit; il se propose de lire ce qu'Althusser appelait lui-même des symptômes, et d'effectuer ensuite des déductions si des recoupements suffisamment nombreux le permettent. Les conséquences en sont examinées aussi bien en auront, dans le champ du "fantasme", qu'en aval, dans celui de la "théorie", dès lors que le philosophe a donné des indications explicites qui autorisent cette démarche.

04/2009

ActuaLitté

Sciences historiques

François Furet. Les chemins de la mélancolie

Historien à l'oeuvre puissante, universitaire d'institution, citoyen engagé dans la politique de son temps, journaliste : François Furet (1927-1997) a été tout cela à la fois. Le modèle même de l'intellectuel français, en somme, comme le XXe siècle en a connu d'illustres. Les convulsions de ce siècle, ses tragédies et ses espoirs, ont été la toile de fond de toutes les réflexions de François Furet. Qu'il s'agisse de ses travaux fondateurs sur la Révolution française à l'aube de sa carrière, de son activité de commentateur de l'actualité dans France Observateur puis dans Le Nouvel Observateur, ou de son dernier grand livre consacré à l'illusion communiste, Le Passé d'une illusion, François Furet n'a cessé en fait de s'efforcer de déchiffrer l'énigme qu'aura été le siècle dans lequel il a vécu. Ce siècle, il l'a parcouru à grandes enjambées, sans rien négliger de ce qu'il a comporté d'important, autant sur le plan intellectuel que sur le plan politique. Ses livres ont été abondamment lus et commentés, ils ont d'ailleurs donné lieu à des interprétations opposées. Mais le récit de sa vie restait à faire ; il n'est pas moins éclairant ni moins passionnant que l'oeuvre, et il jette sur elle un singulier éclairage. Car, et c'est peut-être l'apport principal de cette biographie, de la vie à l'oeuvre de François Furet, et de son oeuvre à sa vie, la fécondation aura été la règle.

04/2013

ActuaLitté

Poésie

A la vitesse des nuages. Précédé de Un champion de mélancolie

La ville, chez Daniel Fano, est "sale comme un rêve inachevé" . Le monde aussi, et le lecteur ne sait pas sur quel pied danser. Pas plus que les personnages d'ailleurs, fragments imaginaires d'histoires plus grandes, désossés des vieux polars américains, qui confondent la fin du monde avec la prochaine danse. On navigue entre le crime et le cartoon, la vivacité de la bande-dessinée et la profonde mélancolie des closing-times. On saute d'un continent et d'une époque à l'autre, en changeant de vers, on fait de grands voyages, dictés par la seule logique de la fantaisie, dans une forme de tendresse poétique ; le décousu comme une approche du monde. Et tout semble se passer au même moment, dans une tranquille équivalence, les drames comme les broutilles, l'extinction des espèces et une robe froissée ; on sait maintenant "que la mémoire est une folie de plus" . Fano déploie des dizaines de narrations simultanées, où apparaissent brièvement, parfois en souvenir, parfois en ricochets d'évocation, parfois en figures clownesques de carton-pâte, les visages de Catherine de Médicis, Cy Twombly, Barack Obama, Serge Gainsbourg, Steve Reich, Eric Dolphy, Usain Bolt ou Claude Debussy. C'est un bombardement de flegme, de soie, puisé dans la mythologie des films noirs et des romans d'espionnages. Ces poèmes sont des coffres à jouets débordants de femmes fatales, de détectives un brin ratés, d'hommes d'affaires et de dictateurs, dans un bazar de révolutionnaires et de sex-symbols. C'est plein de pierres précieuses, de feutres mous et de Berreta, de Cadillac et de films pornos. Tous ces personnages soudain pris sous les projecteurs des télévisions, en flagrant délit de crime irrésolu : celui de la condition humaine. Car le monde tourne rond, mais à une allure folle, à la vitesse des nuages, et toutes les histoires se valent : ce n'est pas un parc d'attraction, c'est la vie même, mais éclairée par une lumière de dancing et on ne sait plus très bien qui appartient vraiment à la fiction. C'est la vie avec ses personnages découpés dans les journaux à scandale, et rassemblés dans un collage géant, par un démiurge facétieux qui s'accroche à ses fantaisies avec une joie féroce, sur le tableau d'une époque de la mémoire totale qui a "tué l'histoire" .

09/2019

ActuaLitté

Policiers

Lundi mélancolie. Le jour où les enfants disparaissent

En ce lundi brumeux à Londres, la photo de Matthew, 5 ans, fait la une de toutes les télévisions, de tous les journaux: l'enfant a disparu à la sortie de recale quelques jours auparavant, sans laisser de traces. Dans son cabinet, la psychanalyste Frieda Klein est témoin d'autres drames, ceux qui se jouent dans l'esprit de ses patients. Comme Alan, cet homme très perturbé qui lui confie son rêve: il ne cesse de songer à un enfant, roux comme lui, qui serait son fils. Curieusement, cette description correspond trait pour trait au petit Matthew. Frieda aurait-elle reçu sur son divan les confidences d'un kidnappeur d'enfant, d'un tueur peut-être? Elle avertit le commissaire Karlssonen charge de l'affaire, mais il refuse de la prendre au sérieux... Persuadée qu'elle doit découvrir la vérité et retrouver Matthew, Frieda va essayer de percer les pensées les plus intimes d'un psychopathe. Pendant que près de là, dans les ténèbres, un petit garçon effrayé se demande si quelqu'un viendra jamais le délivrer de son cauchemar...

05/2012

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Sens et mélancolie. Vivre au temps du désarroi

L'élection de Donald Trump, le Brexit, la montée des extrêmes, voilà autant de symptômes d'un nouveau malaise dans la civilisation. Les causes du phénomène sont passées inaperçues : leur vrai visage s'est caché sous le masque de l'hyper-activité, de la connection de tous avec chacun et du bonheur cultivé grâce à des gadgets numériques. Un état des lieux s'impose : jamais nos existences n'ont été aussi peu polarisées par la quête de sens, et jamais nous n'avons disposé d'aussi peu de temps pour élaborer l'expérience vécue. Porté par un style puissant, Christopher Bollas gratte le vernis dont se pare notre époque et se propose de révéler la crise dont nous sommes les contemporains. Pour ce faire, il déroule ici la fresque des processus psychologiques sous-jacents à la marche de l'Histoire au cours des deux cents dernières années. Depuis l'euphorie caractéristique de la fin du XIX. siècle jusqu'à notre transformation en interfaces numériques, en passant par le deuil inachevé des Grande Guerre, la mutilation psychique imposée par le second conflit mondial, les clivages de la personnalité et l'isolement qui dominèrent la fin du XXe siècle, Bòllas sépare les strates du traumatisme cumulatif dont nous sommes les héritiers, et propose un plan de refondation de la démocratie qui tient compte autant des conditions psychiques d'une pensée ouverte que de ses modalités sociales et politiques.

04/2019

ActuaLitté

Poésie

Le désir de roses. Mélancolie de l'âme

"J'écris dans un Monde flottant où je survis ; j'y suis amarrée par l'obsession de l'imaginaire et de ma rêverie... D'un Printemps à l'autre, mes mots ont tissé les fils de poèmes épris de liberté". Aux premiers jours de la pandémie, Françoise Sérandour, atteinte, enclose dans sa chambre, avait perdu tout désir. Sauf celui des roses. Sublimant les tourments de l'âme, haïkus, waka, poèmes libres peignent à touches délicates la toile de ses pensées et souffrances. Solitude. Mélancolie. Amertume. Révolte. La beauté des Ciels et couchers de soleil enflammant sa Rivière, le désir de roses, la mer pour reprendre vie lui sont autant de signes de liberté. "Dans la lumière volent de grands oiseaux blancs, noirs, jusqu'à la mer" ; les aigrettes photographiées à High Island (Texas) par Vincent Bonniol sont le vibrant symbole de cette aspiration à la vie.

05/2021

ActuaLitté

Littérature française

Le don des Fées. Éloge de la mélancolie

Comment définit-on un Romantique ? La mélancolie, ce vague à l'âme si cher, si propre aux Romantiques fait partie intégrante de Monique Bolette. Si, comme elle, le silence, la solitude, le calme inspirant de la campagne ou des forêts, la beauté des nuances infinies vous attire au point de vous rendre, avec plaisir, indécis et rêveurs alors ce livre est fait pour vous. Au travers de ses mots et de ses photographies, nous vous invitons à vous questionner sur le romantisme. Y en a-t-il encore parmi nous aujourd'hui ? Y aurait-il une raison neurophysiologique sous-jacente à leur sensibilité hors normes ? Y aurait-il un lien avec ce qu'on appelle la douance ? Un ouvrage aussi unique que captivant vous invitant à l'introspection. Née à Verviers en 1958, Monique Bolette grandi à Ensival dans un quartier populaire proche de la campagne. En découvrant les auteurs Romantiques, elle trouve une sensibilité qui lui correspond. Le don des Fées, éloge de la mélancolie est son premier ouvrage publié aux Editions Persée.

09/2021

ActuaLitté

Littérature française

Magenta (opus 2) la mélancolie et le coryphée

Nourou subit l'influence grandissante de Garmy qui débute une carrière dans le show bizz. Désabusé, très affecté par les humeurs de la jeune femme, en conflit avec son entourage, le jeune homme se métamorphose et devient la victime de cette relation tendue. Cependant, dans l'ombre, des proches, semblent faire le nécessaire pour mettre un terme à cette liaison. Entre alcool, sexe et drogue, Magenta décrit la vacuité et la déliquescence de la jeunesse dorée sénégalaise, prise en conflit entre modernisme et tradition. Cet ouvrage fait partie de la trilogie Magenta opus 1, 2 et 3.

04/2012

ActuaLitté

Cinéma

Mélancolie libanaise. Le cinéma après la guerre civile

Depuis la fin de la guerre civile libanaise en 1991, le cinéma libanais, décline sous toutes ses formes la mélancolie d'une génération dont les personnages étrangers au monde comme à eux-mêmes, font face à la répétition des violences, le deuil ou l'exil. Ils traînent leur mal-être dans une ville en éternel chantier. Entre un monde qui s'effondre et un passé qui s'efface, la mélancolie habite ces films dont les récits fragmentés et éclatés ne s'achèvent jamais.

04/2016

ActuaLitté

Littérature française

De la maladie d'amour ou mélancolie érotique

Le traité de Jacques Ferrand, De la maladie d'amour (1623), est surtout une oeuvre sur la médecine, mais il est en même temps un trattato d'amore dans la tradition humaniste, un manuel de médecine clinique et un livre polémique suite à la condamnation de la première édition (1610) par l'Inquisition de Toulouse. Donc, de la définition philosophique de l'amour jusqu'aux remèdes pharmaceutiques, ce livre est, en fin de compte, une encyclopédie de l'amour au temps de la Renaissance du point de vue médical.

03/2010

ActuaLitté

Critique littéraire

Mélancolies. De l'Antiquité au XXe siècle

Premier paradoxe : la mélancolie, telle que l'Occident l'a conçue, est à la fois redoutable et féconde, folle et géniale, inhibitrice et généreuse. Cette ambivalence, qui la distingue de la simple tristesse comme de nos actuelles dépressions, lui confère un statut très particulier. Maladie peut-être, mais maladie culturelle, elle nourrit la créativité, elle est " le seul sentiment qui pense ". Second paradoxe : si diversement qu'elle se manifeste, et si différentes que paraissent les théories médicales, théologiques ou philosophiques qui tentent d'en rendre compte, il y a une unité et une permanence de la mélancolie. Obstinément, sa longue histoire rappelle que l'homme n'est homme qu'en vertu d'une altération qui le travaille au plus intime. Aussi la présente anthologie commence-t-elle par donner la parole à de grands plaintifs : dans une première section, c'est la mélancolie qui parle, par la voix d'auteurs aussi différents que Sappho et Michel-Ange, Pétrarque et Shakespeare, Chateaubriand et Dostoïevski, Baudelaire et Sartre. La deuxième section met en place, dans une perspective cette fois théorique, les principaux modèles suivant lesquels la mélancolie a été pensée dans notre histoire: il s'agit de dégager, depuis le modèle humoral antique jusqu'au texte fondateur de Freud, les articulations majeures et les ruptures significatives. La dernière section, où sont passés en revue quelques grands thèmes (d'" Acédie " à " Vanité "), se place comme les précédentes sous l'invocation de Rilke : " Un monde naquit de la plainte, un monde où tout fut recrée. "

10/2005

ActuaLitté

Romans historiques

Marceline et Aimé. Mélancolies vers l'Infini

Natif de Franche-Comté, un certain Aimé de Loy (1798 ­ 1834), esprit brillant, mais tourmenté sa vie durant par un irrésistible désir d'ailleurs, tourbillonna sans cesse ici­bas. Emporté par son bâton de pèlerin d'une contrée à l'autre, il n'en faisait qu'effleurer la terre, semblable à ses poèmes, des feuilles jetées aux vents. Il se donnait pour horizon de retrouver femme et enfants abandonnés peu près son mariage une fois renommée littéraire et fortune assurées. Il passa ainsi son existence à courir après ce mirage, une aspiration toujours inquiète et jamais réalisée. Alors, à la fois tenaillé par un vagabondage perpétuel, et par un éternel remords qui l'incitait à rentrer au bercail, l'homme vécut au pire des moments de désespoir, et au mieux un mal-être profond. Pourtant sa culture et son talent d'écriture le faisaient vite remarquer dans les milieux littéraires. Au hasard de ses pérégrinations, il séjourna quelques mois à Lyon, où il se lia d'amitié avec Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859), pionnière très tôt célèbre d'une future lignée de femmes poètes.

10/2011

ActuaLitté

Littérature française

Le baiser d'Anubia. Brèves pensées en mélancolie borderline

"La dépression est comme une femme vêtue de noir. Si elle arrive, ne l'expulsez pas : invitez-la à table . ". . disait Carl Gustave Jung. Ainsi le fait l'écrivaine Dunia Miralles quand Anubia, Dame Blanche de son trouble de la personnalité, se présente à elle. Dans l'attente du diagnostic d'un spécialiste, elle met sur papier les fragments de sa vie quotidienne : sensations étranges induites par son mental, l'amour et le soutien que lui apporte son compagnon Orlando, les difficultés rencontrées avec les psychiatres. En un même temps, comme pour se rassurer, elle se renseigne (et nous renseigne) sur des personnes connues pour leurs troubles psychiques : Cocteau, Billie Eilish, Kurt Cobain, Virginia Woolf, Elon Musk, Gérard de Nerval...

01/2023

ActuaLitté

Policiers

La mélancolie des sirènes par trente mètres de fond

Femme scaphandrier, Lize Unke appartient à la brigade de police fluviale chargée d'enquêter sur la catastrophe du métro englouti. Qu'est-il réellement arrivé, ce jour-là, quand le plafond du tunnel a crevé, laissant le fleuve s'engouffrer dans le réseau souterrain pour noyer des kilomètres de galeries, de rames... et des milliers d'usagers ? Bien des années ont passé depuis le drame, mais l'énigme reste entière. On parle de survivants, prisonniers de poches d'air. Des survivants qui connaîtraient la vérité... mais que personnes ne semble pressé de ramener à la surface. La solution du mystère est là, quelque part dans le labyrinthe des tunnels inondés. Lize, qui a perdu sa jeune sœur dans la catastrophe, s'est donné pour mission de faire la lumière sur cette étrange histoire. Décision imprudente s'il en est, car quoi de plus vulnérable qu'un scaphandrier perdu sous les eaux !

04/2004

ActuaLitté

Musique, danse

L'ardeur et la mélancolie. Voyage en musique allemande

Musicologues, hommes de lettres et philosophes ont sans doute presque tout dit de la musique allemande, en particulier du romantisme. Se demander, une fois encore, ce que peut bien être " l'identité allemande de la musique ", tenter d'en dessiner quelques chemins, d'en suivre les détours, invoquer une germanité de la musique, ce n'est pas en appeler à un esprit ni à une âme de la musique allemande toujours hypothétiques, mais laisser vibrer, comme en rêvant, en flânant, les sonorités allemandes de la musique, et voir se dessiner peu à peu un certain paysage, qui est aussi une cosmogonie, un système régissant des figures sonores, des mouvements particuliers, une langue non explicite mais parfaitement éloquente. C'est à parcourir avec elle ce répertoire que nous convie Hélène Pierrakos, en invoquant tour à tour les compositeurs, les poètes, les penseurs... Elle balise ces chemins selon des thèmes structurants (le pas, le chant fraternel, le folklore rêvé, la pensée inquiète) et fait se répondre en écho Schubert, Brahms, Schumann, Mahler..., illustrant à chaque étape la tension entre ces deux pôles : l'ardeur et la mélancolie.

10/2015

ActuaLitté

Cinéma

AI Intelligence artificielle, ou l'adieu à la mélancolie

A.I. Intelligence artificielle, ou L'adieu à la mélancolie est une analyse approfondie du film que Steven Spielberg a réalisé à l'orée des années 2000 à partir d'un ancien projet de son ami Stanley Kubrick. Les angoisses les plus contemporaines, avec le remplacement dans un avenir pas nécessairement lointain de l'humanité par des entités synthétiques, y sont écartées au profit d'une peinture saisissante et apaisée de la fin des temps. L'essai met en valeur le propos audacieux d'une oeuvre qui s'affranchit des traditionnelles visions d'apocalypse, et privilégie la sérénité à la mélancolie.

06/2020

ActuaLitté

Poésie

Épithètes de la mélancolie. Histoires à l’accent slave

Il faut lire ce livre étonnant en acceptant de se laisser mouvoir par une écriture vouée à l'écoute du monde à partir du recueil des mémoires. Dans le titre, Epithètes de la mélancolie, il faut entendre le vocable mélancolie dans son acception classique, laquelle dénote pour l'âme slave une tristesse exotique associée à une rêverie. Si cette singulière mélancolie slave pose le thème, ses différentes variations en constituent la poésie, et les épithètes se muent alors en refrains de vertige et d'euphorie invitant à une joyeuse danse de la vie dessinant la ronde du temps. Car la texture de ces chants slaves offre un relief ludique, et le lecteur est conduit à abdiquer son propre état de vigilance pour suivre les déclinaisons d'une voix qui célèbre ses expansions, à l'est le désir, l'écriture à l'ouest, motif auquel fait pendant cet écho : l'inconscient à l'est, la conscience à l'ouest.

02/2024

ActuaLitté

Beaux arts

Eric Manigaud. La mélancolie des vaincus, Edition bilingue français-anglais

L'exposition sera accompagnée d'un livre d'artiste édité en français et anglais. Cet ouvrage sera le résultat d'une forme hybride entre un livre d'artiste et un catalogue d'exposition. Trois textes viennent approfondir l'oeuvre d'Eric Manigaud — rapprochant l'ouvrage des catalogues d'expositions traditionnellement conçus — tandis que le cahier d'images inclura un travail graphique et une présentation inédite des oeuvres de Manigaud — le rapprochant ainsi d'un livre d'artiste. Né en 1971 à Paris Vit et travaille à Saint-Etienne. Agrégé d'arts plastiques, Eric Manigaud, en historien, exhume les premières photographies scientifiques témoignant d'un passé refoulé (première guerre mondiale etc) et se propose d'en révéler la part d'ombre par l'usage du crayon et du graphite, en dessinateur. Si l'artiste au moyen d'une projection par la lanterne magique s'emploie à calquer son dessin sur la photographie, favorisant ainsi, par cette représentation à première vue mimétique, une certaine confusion des mediums, son entreprise de création n'est pas réductible à une simple opération de retranscription. Par le recours à la mine de plomb, il renforce l'effet de réel, conférant ainsi une certaine densité à l'ombre et offrant ainsi à ces individus l'épaisseur leur permettant de prendre corps. Mais par cette technique et le geste qui lui est associé, il esquisse aussi les contours vacillants de l'ombre, tentant de figurer un espace transitoire entre lumière et obscurité, vie et mort, la figuration de ces individus qui semblent dans un entre-deux ontologique confine ainsi à l'irréel. De ces images caractérisées par l'objectivité de la capture photographique, il fait émerger, en portraiturant mutilés de guerre, individus malades, internés, la subjectivité. Il propose au regardeur de reconsidérer ces individus dont la défiguration tient surtout au filtre déformant que l'on appose sur eux. Cette mise à distance induite par un sentiment d'étrangeté se mue en un mouvement de recul propice à la prise de conscience de notre intolérance vis à vis de ce que l'on considère comme une déviance à la norme. Eric Manigaud met ainsi au jour la part d'ombre de notre humanité en faisant de ces âmes sondées au moyen de ses dessins un miroir qu'elle se tend à elle-même.

01/2021