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Philosophie

Questions de morale

Perte des repères, crise des valeurs : de tous côtés, on réclame de la morale, ou. plus moderne, de l'éthique. Cette demande témoigne de réalités - le règne sans partage du marché, la crise des institutions chargées d'assurer la transmission des valeurs. etc. - évidentes de prime abord, fort complexes en leur fond, et relevant d'approches sérieuses et nuancées ( telles que peuvent les fournir les sciences sociales). Air connu, on n'y reviendra pas. Mais l'individu désemparé par tant de désordre et par des mutations si rapides est devenu le client désigné d'aimables sophistes et philodoxes. tout prêts à lui fournir au kilo de la philosophie de consolation ( ce bon vieux Sénèque ! ) ou de la resucée un tant soit peu castratrice ( ce cher Kant ! ), le tout fagoté de manière à permettre, en bonne logique consumériste, de rentabiliser son existence... Peine perdue. On ne fera pas tourner la roue à l'envers. La morale est désormais irrémédiablement problématique : mais moins de solutions toutes faites n'oblige ni au fairesemblant, ni au nihilisme désespéré. La préoccupation morale a, peut-être pour la première fois, toutes ses chances de conquérir sa pleine autonomie, au prix d'un effort et d'un degré inédits de confrontation de chacun avec soi. Cela implique au premier chef une aptitude à bien discerner et poser les questions morales, et le parcoure fondamental et parfaitement sérié que propose ici Denis Collin, assorti de l'ouverture de nombreuses pistes, sera à la fois une base pour la réflexion des futur praticiens de la philosophie, une référence précieuse pour ceux qui enseignent la discipline un appui irremplaçable pour tous ceux qui se sentent animés d'une préoccupation morale authentique, c'est-à-dire peu disposée aux concessions.

05/2003

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Philosophie

Prendre soin. Tome 1, De la jeunesse et des générations

Le biopouvoir que Michel Foucault s'est si puissamment attaché à décrire n'est plus ce qui trame notre époque : l'enjeu est désormais le psychopouvoir, où il s'agit moins d'" utiliser la population" pour la production que de la constituer en marchés pour la consommation. Foucault décrit la genèse de l'État s'acheminant vers la révolution industrielle avec la conquête du pouvoir par la bourgeoisie et les conditions de formation du capitalisme typique du me siècle, tel que l'aura analysé Marx, où la première préoccupation est la production. Or, la seconde moitié du XXe siècle rencontre de tout autres questions : il s'agit d'organiser la révolution des modes d'existence humains, voire leur liquidation, comme modes de consommation éliminant les savoir-vivre dans ce qui devient une économie industrielle de services dont les industries de programmes sont la base. La science de cette nouvelle mobilisation totale est moins la cybernétique, comme le croyait Heidegger, que le marketing. Le psychopouvoir apparaît de nos jours pour ce qu'il est : ce qui fait des enfants les prescripteurs de leurs parents, et de ces parents, de grands enfants - le marketing détruisant ainsi tout système de soin et, en particulier, les circuits intergénérationnels. Il en résulte une destruction systématique de l'appareil psychique juvénile. Les psychotechnologies monopolisées par le psychopouvoir sont des cas de ce que Platon, critiquant l'usage de l'écriture par les sophistes, appelait un pharmakon : un poison qui peut aussi être un remède. Au début du XXIe siècle, la reconstitution d'un système de soin exige de renverser la logique du psycho-pouvoir pour mettre en œuvre une politique de l'esprit. Cela requiert l'élaboration d'une pharmacologie qui analyse les caractéristiques des psychotechnologies contemporaines et d'une thérapeutique qui les mette au service d'un nouveau système de soin.

02/2008

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Tome 13, 2e partie, Dialogues suspects, Edition bilingue français-grec ancien

A l'époque où les premiers éditeurs commençaient à recueillir les oeuvres de Platon, circulaient sous le nom du philosophe bon nombre de dialogues dont personne n'admettait l'authenticité : déjà Diogène Laërce citait une douzaine de textes figurant dans la collection platonicienne, mais d'évidence d'une main autre que celle du maître. Leur attribution varie, mais tous sont regardés soit comme "suspects", soit comme apocryphes. Ils font partie des "nothoi", les illégitimes, auxquels on attribue d'ordinaire une double origine. Les dialogues dits "suspects" sont l'oeuvre d'académiciens essayant de rivaliser avec l'auteur de la République, tandis que les dialogues apocryphes sont beaucoup plus tardifs : écrits entre le IVe et le Ier siècle, ils ont probablement été composés par des sophistes désireux de bénéficier de l'aura du philosophe pour faire passer leurs propres idées. Notre édition rassemble en deux tomes l'ensemble de ces textes. Le premier volume présente les dialogues dits "suspects", comme "Le Second Alcibiade", "Hipparque", "Minos" ou "Les Rivaux", tandis que le deuxième volume regroupe les dialogues apocryphes, "Du Juste", "De la Vertu", "Démodocos", "Sisyphe", "Eryxias", et les "Définitions". L'introduction donne une vue d'ensemble de l'histoire originale de ces textes divers, tant par leur date de composition que par leur thème et leur valeur littéraire. Chaque traité est précédé d'une notice qui lui est propre. Celle-ci fait le point sur les possibles attributions du texte et fournit toutes les informations historiques ou philosophiques, nécessaires à la bonne intelligence du dialogue. L'histoire du texte est relatée et accompagnée d'une brève récapitulation des manuscrits. L'ouvrage est en outre assorti de notes éclairant la lecture et proposant de précieux parallèles avec l'ensemble du corpus platonicien.

01/1981

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Sociologie

Introduction aux Existentialismes

"L'histoire de la pensée est jalonnée d'une série de réveils existentialistes, qui ont été pour la pensée autant de conversions à elle-même, de retours à sa mission originelle. C'est l'appel de Socrate opposant aux rêveries cosmogoniques des physiciens d'Ionie l'impératif intérieur du "Connais-toi toi-même" . C'est le message stoïcien, rappelant à la maîtrise de soi, à l'affrontement du destin, ces Grecs infatigables dans les jeux légers du sophisme et de la dialectique. C'est saint Bernard partant en croisade au nom d'un christianisme de conversion et de salut contre la systématisation de la foi par Abélard. C'est Pascal se dressant au seuil de la grande aventure cartésienne contre ceux qui approfondissent trop les sciences et s'inquiètent à peine du tout de l'homme, de sa vie et de sa mort. Mais avec Pascal, nous voici déjà à l'existentialisme moderne. Il a tracé tous les chemins, il a frappé presque chaque thème. Toutefois, Kierkegaard apparaît comme le père en titre de l'école. Il se dresse contre le système de Hegel, le Système absolu, systématisation du système, auquel il oppose l'Existence absolue. A partir de ce moment, le tronc de l'existentialisme se sépare en deux branches. L'une se greffe immédiatement au vieux tronc chrétien. Y a-t-il climat ontologique qui soit mieux préparé à recevoir l'exigence existentialiste ? Ne faut-il pas dire tout simplement que l'existentialisme est une autre manière de parler le christianisme ? Un grand isolé, Nietzche, se dresse au départ du second courant, créant une ligne de l'existentialisme athée qui va de Heidegger à Sartre, et que l'on prend abusivement aujourd'hui pour le tout de l'existentialisme". - Emmanuel Mounier.

12/2023

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Religion

Philosophie de l'antisémitisme. Suivi de Que signifie haïr les Juifs au XXIe siècle ?

"" Ecrire une philosophie de l'antisémitisme au-delà de la tentation politique impose à un Juif de notre terrible siècle un défi sans pareil. La présence du phénomène est telle que les philosophes eux-mêmes n'ont pas su toujours résister aux captieuses questions, ni même aux promesses de lumière. Le Juif n'est plus Satan dans l'obscurité, mais la nuit elle-même. De Dreyfus à la dictature des pétrocraties, Jacob devenu Israël par sa victoire sur l'Ange ne parvient pas à maîtriser son diable ? : l'antisémitisme. Sans quitter jamais l'esprit de l'homme moderne, il devient système, aventure horrible ou parole. Nulle philosophie n'est possible aujourd'hui hors des limites tracées par les expériences totalitaires. L'holocauste assure la continuité à l'ère de l'inflation et des ordinateurs. Comme si les grands chiffres de la ""crise""avaient conçu à l'avance une théorie du charnier et de la tyrannie dans laquelle la haine doit trouver son "compte". Economie de la persécution diraient nos actuels sophistes. Pourquoi porter préjudice à l'histoire de quelques erreurs de calcul ?? Si l'antisémitisme n'est qu'un des visages de la bêtise, de l'hybris ou de la bestialité, comment expliquer l'odieux itinéraire qui mène la nation juive de l'émancipation à Auschwitz, à travers le siècle du pacifisme et de l'ennui ?? Combien de temps nous faudra-t-il pour raconter à nos enfants que l'idée du bonheur a conduit le peuple à la nuque raide du Sanhédrin de Bonaparte aux Viatlags ?? " Michaël Bar-Zvi, Philosophie de l'antisémitisme " L'oeuvre secoue, dérange. Son auteur a l'audace de distinguer entre les formes diverses de l'antisémitisme, de diagnostiquer les dernières venues, de proférer (d'un ton calme, avec un humour presque trop secret) des vérités désobligeantes... " Pierre Boutang " Plénitude et pertinence de la réflexion, excellence de l'écriture. " Emmanuel Levinas "Nourri d'une immense culture, Michaël Bar-Zvi est allé à l'essentiel, sans se soucier de respecter une quelconque orthodoxie. " Pierre-André Taguieff

10/2019

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Philosophie

Gouverner avec le monde. Réflexions antiques sur la mondialisation

Les philosophes anciens ont écrit sur le rapport de la cité et du monde et c'est à eux que l'on doit les premières thèses "cosmopolitiques" . L'objet de l'essai de Jean-François Pradeau est d'exposer ces thèses, en les rendant accessibles à des lecteurs qui ne les connaissent pas. Ainsi l'essai présente-t-il ce que des auteurs comme Diogène le cynique, Platon, les stoïciens ou encore le Père de l'Eglise Saint Augustin ont pu dire de la citoyenneté mondiale et du rêve d'une cité mondiale unique qui réunirait enfin tous les peuples. Les questions qu'agite cette histoire ancienne du cosmopolitisme sont pour beaucoup celles de notre époque, qui a fait l'éloge pendant quelques décennies d'une forme d'émancipation cosmopolitique, qui a inventé une Europe supranationale, mais qui paraît aujourd'hui figée autour de ses frontières. Les grecs anciens qui ont inventé la formule "citoyen du monde" ont quelque chose à nous dire de la mondialisation. Ils nous rappellent avec une certaine simplicité que la vie humaine, qui est une vie politique, c'est-à-dire une vie qui n'est possible que dans les limites instituées d'une communauté civique, ne peut atteindre la tranquillité ou le bonheur sans apprécier à sa juste mesure la place qui lui convient dans le monde. Il est néfaste et finalement impossible de vivre sans se faire une certaine idée de ce monde et de son ordre, sans se représenter, ne serait-ce que de manière vraisemblable, ce qu'est l'univers et la place qui nous revient en son sein. Professeur de philosophie antique à l'université de Lyon III - Jean Moulin, Jean-François Pradeau est avant tout un spécialiste de l'oeuvre de Platon et de la tradition platonicienne sur lesquelles il a publié de très nombreux ouvrages. Dernièrement il a dirigé l'édition complète des sophistes (2009). Aux Belles Lettres, on lui doit la revue Etudes platoniciennes ainsi que de nombreux volumes dans la collection "Classiques en poche" .

06/2017

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Philosophie

Le prix de la vérité. Le don, l'argent, la philosophie

Existe-t-il des biens matériels ou immatériels qui échappent à toute évaluation marchande ? Y a-t-il un rapport entre la vérité - ou plutôt entre la philosophie, cette discipline qui en fait sa question propre - et l'argent ? Peut-on parler d'un prix de la vérité ? Contrairement aux Sophistes qui exigent d'être payés, Socrate parle gratuitement. Il peut cependant accepter des présents qui répondent au don qu'il transmet. Il le faut même, assure Aristote, car le savoir n'est pas mesurable. Mais qu'est-ce donc que donner ? Est-ce offrir quelque chose ? L'enquête anthropologique montre que le problème est ailleurs : donner, c'est reconnaître pour être reconnu. Donner, c'est se donner dans ce que l'on donne. C'est défier pour lier. Mais comment cela s'articule-t-il avec le don fait aux divinités ? Qu'est-ce qui appelle le sacrifice, l'immolation de l'offrande ? S'agit-il d'éteindre une dette ? Pour cela, faut-il un don unilatéral, une grâce ? Qui peut unir souverainement une communauté par une faveur offerte à tous ? On pressent que la relation de don est au cœur du lien social. Le mouvement du don diffère de l'échange marchand. Celui-ci, lié à l'outil monétaire et au modèle du contrat, possède sa nécessité économique, politique et éthique propre dans la cité de la différenciation des tâches. Le don relève d'un autre ordre et affronte cette question : qui est autrui et pourquoi autrui m'oblige-t-il inconditionnellement ? Donner indique que l'exigence ultime est toujours celle-ci : reconnaître et être reconnu selon un impératif de respect. L'argent a le pouvoir de menacer cette exigence et de détruire le lien qui unit les hommes. Il peut corrompre infiniment. Pourquoi ? Répondre à cela, c'est comprendre en quoi le prix - sans prix - de la vérité n'est pas séparable de celui de la dignité.

02/2002

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Ouvrages généraux

Ce que peuvent les mots

Barbara Cassin est inclassable. Marginale, ni normalienne ni agrégée, mais médaillée d'or du CNRS et élue de l'Académie française. Philologue et helléniste quand se perd la science du grec ancien, elle intervient pourtant, à partir de ce savoir, dans le quotidien, au moyen d'expositions, écrit dans les journaux, travaille avec les classes à Saint-Denis ou à Marseille. Spécialiste des présocratiques, ces " philosophes " du Ve siècle avant J. -C. que Martin Heidegger désigne comme l'aurore de la pensée, Barbara Cassin raconte l'histoire de la philosophie en s'appuyant sur les sophistes, ces autres maîtres en culture et en démocratie. Ce volume réunit des textes devenus souvent introuvables, des traductions - de Gorgias en particulier - et des ouvrages intégraux, parmi lesquels Parménide, la langue de l'être ? , Aristote, la décision du sens. Tous structurés autour d'une trame qui fait de cet ouvrage une oeuvre à part entière. Sa rencontre avec René Char et Martin Heidegger a conduit Barbara Cassin à repenser le rapport entre philosophie et poésie. Que peut le langage, peut-on fabriquer le monde aussi avec des mots ? Et que nous apprend la diversité des langues à l'heure du mauvais anglais mondialisé qui raccourcit la pensée ? L'Antiquité qu'explore Barbara Cassin est aussi d'une grande actualité. Elle ouvre sur le " peuple arc-en-ciel " et la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, sur la psychanalyse ou le rapport entre sens et non-sens chez Freud et Lacan, sur la définition de la culture et de la démocratie avec Google-moi, sur l'hospitalité et la barbarie avec La Nostalgie. Elle livre les clefs du Dictionnaire des intraduisibles avec Plus d'une langue. Et partout, qu'il s'agisse de la toute première Initiation à l'explication de texte ou du récent Avec le plus petit et plus inapparent des corps, l'oeuvre de Barbara Cassin témoigne de cet amour du langage et de l'écriture qui ne requiert aucun savoir préalable et ne se laisse enfermer dans aucune discipline.

10/2022

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Actualité médiatique internati

Il y avait la vérité. Chroniques du nihilisme. Tome 3

Penseur visionnaire, George Orwell écrivit dans 1984 : "Il y avait la vérité, il y avait le mensonge, et si l'on s'accrochait à la vérité, même contre le monde entier, on n'était pas fou." A l'ère du concept de "post-vérité", la vérité appartient bel et bien au passé. Elle a été trucidée sur l'autel du relativisme absolu pour lequel tout est subjectif. Dans un tel monde où deux fois deux ne donne plus quatre, où la vérité n'existe plus, les meilleurs manipulateurs des mots règnent en maîtres. Ainsi, nos sophistes contemporains arrivent à nous persuader qu'un homme n'est pas un homme, qu'un sein n'est pas un sein, ou encore qu'un Noir n'est pas un Noir, ou bien qu'un remède est un poison. Jadis, Platon dissertait sur la notion d'Homme pour parvenir à cette définition : "L'homme est un bipède sans plumes." Diogène lui jeta alors un poulet déplumé dans les pieds, en criant : "Voilà l'homme ! " Il fournissait de cette manière un parfait exemple de la définition qu'Einstein donnait de la vérité : "La vérité est ce qui résiste à l'examen de l'expérience." Par ce troisième tome de mes chroniques du nihilisme, plus que jamais sous le signe de l'empirisme subversif de Diogène, il s'agira de se prémunir des fumisteries platoniciennes, antiques comme modernes, en se fiant aux apparences, enjoignant à faire peu de cas d'un certain dicton qui ne fait qu'inciter à détourner les yeux du réel, donc de la vérité qui ne cesse d'être travestie par l'habillement idéologique. Or, la vérité est comme une jolie fille, elle n'est jamais aussi belle que toute nue. Mais l'humain possède toutes les peines du monde à soutenir du regard la nudité, a fortiori celle de la vérité. Car le plus grand tabou de l'humanité n'est point le sexe ou l'argent. Non. Son plus grand ? Le plus tabou de tous les tabous ? La vérité !

01/2022

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Philosophie

AURORE. Réflexions sur les préjugés moraux

Avec ce livre commence ma campagne contre la morale. Non point que l'on y sente le moins du monde l'odeur de la poudre. On lui trouvera, au contraire, de tous autres senteurs, un parfum bien plus agréable, pour peu que l'on ait quelque délicatesse de flair. Il n'y a pas là de fracas d'artillerie, par même de feu de tirailleurs. Si l'effet de ce livre est négatif, ses procédés ne le sont en aucune façon, et de ces procédés l'effet se dégage comme un résultat logique, mais non pas avec la logique brutale d'un coup de canon. On sort de la lecture de ce livre avec une défiance ombrageuse à l'endroit de tout ce que l'on a adoré jusqu'à présent sous le nom de morale. [...]La question de l'origine des valeurs est pour moi une question de tout premier ordre, parce que l'avenir de l'humanité en dépend. Friedrich Nietzsche. Publié d'abord en 1881, puis à nouveau en 1887, et précédé d'un avant-propos de Nietzsche lui-même, Aurore s'attaque de plein fouet au problème de la morale, en mettant en œuvre la méthode généalogique. Nietzsche traque le moment de surgissement des " préjugés moraux ", parce qu'il faut découvrir les raisons qui ont conduit l'homme à s'inventer un système contraignant de pratiques morales, capable de devenir, ensuite, comme " une seconde nature ". Sans avoir la virulence extrême des écrits ultérieurs, Aurore résonne néanmoins d'accents polémiques vengeurs : Platon et Schopenhauer à nouveau dans la ligne de mire. L'un, parce qu'il dévalorise la culture des sophistes, dont Nietzsche se fait le chantre ; l'autre parce qu'il a cultivé la doctrine de la compassion, un sentiment que Nietzsche juge être une " affection nocive ". Révision de la traduction, notes et commentaires par Angèle Kremer-Marietti.

02/2010

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Religion

Histoire générale du Diable

Quand donc est né le Diable ? Et où ? Car l'Ennemi suprême de Dieu que nous connaissons n'a pas existé de tout temps, ni en tout lieu. Ni les Hindous, ni les Chinois, ni les Egyptiens, ni les Grecs, ni les Romains, ni bien d'autres encore, tous pourtant religieux, n'ont conçu de Grand Ennemi infernal. On le croit défini par la Bible. Il n'en est rien car, dans le premier livre de l'Ancien Testament qui fait mention de lui, le Livre de Job, il est représenté, bien après la Création, siégeant dans le Conseil céleste, auprès des anges, et s'entretenant avec Dieu en termes amicaux. La vaste histoire généalogique du Malin, que voici, traverse les siècles, les continents et les cultures. Gérald Messadié y démontre que le Diable, en tant qu'ennemi du Dieu suprême, fut d'abord une invention politique, destinée à renforcer le pouvoir du clergé iranien du VIe siècle avant notre ère. Et que, par la suite, et notamment sous l'Inquisition, la lutte contre Satan fut surtout un fonds de commerce, destinée à enrichir les clergés par la confiscation des biens des " possédés " et autres " suppôts de Satan ". Le Diable est encore de nos jours un personnage politique : il sert d'emblème ait refus de toutes les autorités, du travail et de l'amour : c'est le dieu du nihilisme. De Sade à Baudelaire et aux provocateurs contemporains, le culte du Mal a néanmoins imprégné la culture. Aux Etats-Unis, par exemple, les sectes satanistes mobilisent la police, en raison des atroces sacrifices humains qu'elles prêchent et pratiquent. Foisonnant de références et d'analyses scientifiques, parfois parsemées de souvenirs personnels, l'Histoire générale du Diable dénonce l'artifice du sophisme inventé par Baudelaire : " La plus grande ruse du Diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas. " Bien au contraire, cette croyance est la cause des fanatismes et des aveuglements qui divisent et ensanglantent encore la Terre.

03/1993

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Proche-Orient

L'empire perse, les Grecs et le politique

L'empire perse achéménide fascine les Grecs, qui le perçoivent de façon très déformée, et qui comprennent mal son fonctionnement. Au ve siècle avant J. -C, son observation alimente leur réflexion politique, parallèlement à la stasis, terme par lequel ils désignent les conflits internes de leurs cités. Dans ce double exercice, Hérodote, les Tragiques et les Sophistes pensent le politique, et ils préparent la naissance de la théorie politique au siècle suivant. Le débat sur la meilleure constitution en procède : Hérodote le projette sur les conjurés perses de 522 (III, 80-82). La crise qui éclate cette année-là dans l'empire perse tient à ce que la succession de Cyrus, mort en 530 avant J. -C. , n'était pas réglée, bien qu'il ait désigné son fils Cambyse pour lui succéder. Ce dernier a probablement compromis lui-même ce processus, en faisant éliminer son frère Bardiya, en dévoyant à cette fin le rituel originellement babylonien du substitut royal, ignoré des Grecs en tant que tel, mais transformé par eux de façon totalement inconsciente sur le mode du dédoublement et de la ressemblance. L'instrument de cette machination, le mage Gauma¯ta, était devenu Bardiya, en vertu même du rituel, et il a prétendu régner à la place de Cambyse avant même sa mort, survenue selon toute apparence de façon accidentelle. Darius, probable cousin de Cambyse, a renversé le mage avec 6 conjurés, pour régner à son tour, en prétendant restaurer la légitimité dynastique. Le débat constitutionnel qui précède son avènement chez Hérodote est fondé sur une arithmétique élémentaire opposant constamment le petit nombre, réduit jusqu'au chiffre un, un effectif un peu plus important, mais qui demeure restreint, et le grand nombre. Cette distinction se retrouve entre la monarchie, pouvoir d'un seul, l'oligarchie, pouvoir d'une minorité, et la démocratie, pouvoir du grand nombre. Les Grecs l'appliquent au champ du politique, alors que le monde indien répartissait les fonctions duméziliennes selon le même critère. L'historiographie grecque des rois mèdes et perses est fondée sur une typologie d'inspiration tout aussi tri-fonctionnelle, qui réserve à chacun d'entre eux un rôle : roi fondateur et organisateur, roi guerrier, souverain lié à la Troisième Fonction. Cette typologie n'est pas un carcan rigide, et elle s'adapte à chacun des règnes, et à chacun des monarques.

03/2022

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Philosophie

Socrate dissident. Aux sources d'une éthique pour l'individu-citoyen

Les Athéniens du Ve siècle av. J-C. ont inventé la démocratie, la loi, la raison et la liberté du citoyen pour gérer les affaires publiques. Mais, en dehors de ce champ politique, la plupart d'entre eux - démocrates comme aristocrates- se laissaient guider par les nomoi, ces coutumes des ancêtres qui définissaient les rôles de chacun, selon un ordre à la fois social, moral et... religieux. Socrate, en s'en remettant au seul sujet pensant, clans sa recherche de ce qui est véritablement "bon" pour l'homme, brisa la légitimité de cette transmission générationnelle. Il se mit à la place du père pour proposer une éducation à la réflexion, un autre accès à la vertu. Tous ceux qui perpétuaient l'ordre des nomoi se sentaient réellement menacés dans leurs repères par les idées nouvelles des "physiciens", sophistes ou philosophes, qui venaient les ébranler. Comme système de défense, ils projetaient une représentation fantasmée de ces intellectuels qu'ils accusaient, sans distinction, de "corruption de la jeunesse et d'impiété". Aristophane, clans sa comédie les Ailées, ne faisait que mettre en scène ce rejet idéologique, lorsqu'il proposait de brûler clans "son pensoir" un certain Socrate... Quand, vingt-quatre ans plus tard, Anytos intente un procès à Socrate, l'opinion est sans doute de son côté. Anaxagore et Protagoras eurent aussi leur procès et connurent l'exil. C'est la démarche "dissidente" de Socrate, transgressant sciemment codes et normes du tribunal, qui le fit condamner à une mort choisie. Il sauva ainsi la philosophie en péril dont il devint l'emblème. Le Socrate que nous découvrons, en lisant Platon mais aussi Xénophon, est à la recherche de ce qui est "essentiel" en l'homme, pour en tirer le meilleur parti. Son "souci de soi", que l'on ne peut dissocier du "souci de l'autre", prend en compte les différentes dimensions de l'humain : la pensée critique et dialectique, mais aussi la santé, l'amitié, les rôles sociaux, la loi. II fait émerger l'individu, articulant sa capacité de rupture avec la responsabilité vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure. Il propose alors une éthique qui se confoncl avec une forme supérieure de civisme. Une utopie d'actualité ! L'auteur, en conclusion, confronte la notion de dissidence avec celle de parrêsia que Foucault définit ainsi : "Il y a parrêsia lorsque le dire-vrai se dit clans les conditions telles que le fait de dire la vérité et le fait de l'avoir dite va ou peut ou doit entraîner des conséquences coûteuses pour ceux qui ont dit la vérité."

02/2010

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Critique littéraire

Des initiatives. Edition bilingue français-grec ancien

Le Perì katarchôn de Maxime Le Perì katarchôn (Des initiatives) est un poème astrologique qui traite de l'influence de la Lune et des signes zodiacaux sur l'issue d'activités humaines telles que les voyages, les mariages, les opérations chirurgicales, l'éducation des jeunes gens ou l'agriculture. D'après la Souda (174) l'auteur du Perì katarchôn serait ce même Maxime qui fut également philosophe néoplatonicien et maître de l'empereur Julien l'Apostat (361-363 après J. -C. ) ; c'est au jeune souverain que le poème aurait été dédié par son mentor, de même qu'un traité Des objections irréfutables, un traité Des nombres, un commentaire à Aristote, et d'autres ouvrages dont l'auteur de la notice biographique ne cite pas les titres. L'exactitude de ces informations a toutefois été mise en doute, car le didaskalos de l'empereur Julien est connu d'habitude comme Maxime d'Ephèse, alors que la Souda dit Maxime "d'Epire ou de Byzance". Quant à la tradition manuscrite et à l'histoire éditoriale du Perì katarchôn, le seul témoin médiéval du poème est le Laur. plut. 28, 27 (L) du troisième quart du IXe s. après J.-C. , alors que l'editio princeps ne date que de 1717, L'année où J. A. Fabricius le publia dans le huitième tome de sa Bibliotheca Graeca ; suivirent l'édition d'E. Gerhard (Leipzig, 1820) et celles d'A. Koechly (Paris, 1851) et A. Ludwich (Leipzig, 1877). Seules l'edition princeps et l'édition de Koechly comportent une traduction latine du Perì katarchôn, alors que ce texte n'a jamais été commenté. La nouvelle édition du Perì katarchôn de Maxime. Il s'agit de la première édition de cette oeuvre comportant un texte établi selon les principes de la philologie moderne, ainsi qu'une traduction, également la première dans une langue vivante. Le travail d'établissement du texte est précédé d'une longue introduction où l'auteur traite le problème de l'attribution du Perì katarchôn à Maxime d'Ephèse, ainsi que de la langue, la métrique et la tradition manuscrite du poème. En ce qui concerne l'établissement du texte du Perì katarchôn, un réexamen approfondi de la paradosis de L a permis de constater le bon état de la tradition manuscrite et de s'éloigner souvent du texte publié en 1877 par Ludwich pour en revenir à celui du manuscrit florentin. Quant à la traduction, elle essaie d'unir la rigueur philologique à l'ambition de rendre au moins en partie le style raffiné et soutenu de Maxime, ainsi que ses efforts constants pour varier son vocabulaire. Parmi les nombreux buts du commentaire il suffira de rappeler ici le compte rendu des choix textuels ; l'analyse des rapports entre Maxime et la production poétique de ses devanciers (d'Homère au IVe siècle après J.-C. ) et de l'influence de Maxime sur Nonnos de Panopolis (Ve siècle après J. -C. ) et ses épigones ; l'explication des passages difficiles et la rédaction de notes de contenu littéraire, astrologique, historique, ou mythologique ; la mise en lumière des rapports entre le Perì katarchôn et les littératures techniques auxquelles il puise ses contenus (écrits de la tradition hippocratique et galénique, médecine astrologique, lois et documents concernant l'esclavage). Cette édition vient compléter toute une série d'études récemment consacrées à la figure de Maxime d'Ephèse, auteur probable du poème : Michel Patillon vient en effet de publier l'opuscule Des objections irréfutables de Maxime (Corpus Rhetoricum V, Paris, 2014) ; notre philosophe néoplatonicien est en outre l'un des protagonistes des Vies de philosophes et de sophistes d'Eunape de Sardes dont une nouvelle édition critique par Richard Goulet vient de paraître (Paris, 2014). Elle se place plus en général dans le fil de travaux qui pendant les quarante dernières années ont permis de redécouvrir et apprécier dans une juste perspective la poésie grecque de l'antiquité tardive, considérée jusque là comme une production dépourvue de tout intérêt. De nombreuses éditions critiques comme celle, monumentale, des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis conduite aux Belles Lettres sous la direction de Francis Vian (1976-2006), ainsi que des études d'ensemble comme celle que Laura Miguélez-Cavero a récemment consacrée à la poésie dans l'Egypte des IIIe - VIe siècles (Berlin/New York, 2008), témoignent de la vitalité de ces études, qui est bien loin de s'épuiser.

05/2016