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Shoshana Felman

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Littérature étrangère

Les godillots de la vierge

"Ca sera dans tous les journaux de ton pays : "Un citoyen du Michigan trouve la mort aux arènes." Tu parles d'une publicité ! Et pour toi, l'Amerloque : quelle chance ! N'importe qui serait fier de se suicider comme ça." Sol Feldman, dit "El Sol", est un jeune Américain de confession juive qui rêve de triomphes dans les arènes mexicaines. Il n'est cependant pas le plus doué et l'apprentissage s'avère un long chemin de désillusions – où s'égarent ceux qui ne seront pas des "élus"... Il croit néanmoins tenir la chance de sa vie lorsqu'on lui propose de remplacer un torero blessé. Mais plutôt que d'une opportunité, il s'agit d'un piège grossier : comme les Mexicains seraient heureux de voir un Yankee arrogant périr d'un coup de corne ! Leur pays n'en serait que vengé des humiliations ! En attendant le face-à-face avec les "toros", El Sol croisera la route de personnages loufoques, un journaliste corrompu, un cafard épris de philosophie, une prostituée boursicoteuse... Fable critique ou pastiche magistral (Hemingway...), Les Godillots de la Vierge, roman culte, était devenu introuvable. Earl Shorris y joue avec les codes des genres littéraires et nous parle de notre rapport à la vie, à la peur et à la politique, toutes choses absurdes dont notre espèce aime à s'encombrer.

04/2019

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Critique littéraire

Études anglaises - N°2/2015. The British Contemporary Novel: 2008-2015

Catherine BERNARD Writing Capital, or, John Lanchester's Debt to Realism John Lanchester's fourth novel Capital (2012) offers a scathing, satirical denun- ciation of the excesses of capitalism, commodity fetishism and globalisation. The choral structure of the novel also allows the text to function as a world-novel, embracing as it does the criss-crossing lives of protagonists, each embodying a facet of a ramifed present. Reworking the basic principles of realistic representation, it appropriates the language of materialism to bring it to work paradoxically against the reifcation of affects and identity. With Capital, the "credit crunch" novel claims a different form of accountability that emerges through the very "stuff" of fiction. Le quatrième roman de John Lanchester, Capital (2012), offre un portrait satirique des excès du capitalisme, du fétichisme de la marchandise et de la globalisation. La structure chorale du roman transforme aussi le texte en roman-monde. Il embrasse les vies interdépendantes de protagonistes qui, chacun, incarnent une facette d'un présent densément ramifé. Retravaillant les principes de base du réalisme, le roman s'approprie le langage du matérialisme pour l'amener à oeuvrer contre la réifcation des affects et de l'identité. Avec Capital, le roman "de la crise" ("credit crunch fiction") revendique une forme de responsabilité qui s'incarne dans la matière même de la fiction. Vanessa GUIGNERY The Way We Live Now : Jonathan Coe's Re-evaluation of Political Satire This paper examines Jonathan Coe's oeuvre to discuss the evolution of his modes of portraying contemporary Britain. While Coe is well known for his satirical state-of- the-nation novels and for his commitment to political fiction, his recent essays reveal his misgivings about the effectiveness of political satire and Condition-of- England novels in the new millennium. This paper will navigate between Coe's fiction and non-fiction to examine the forms political engagement may take in the contemporary British novel. Cet article parcourt l'oeuvre de Jonathan Coe afin d'analyser l'évolution de ses modes de représentation de la Grande-Bretagne contemporaine. Coe est connu pour ses romans satiriques qui offrent un "état de la nation" et pour son attache- ment à la fiction politique, mais ses essais récents révèlent ses doutes quant à l'efficacité de la satire politique et de romans qui décrivent la condition de l'Angleterre à l'heure du nouveau millénaire. Cet article naviguera entre les écrits fictionnels et non-fictionnels de Coe pour envisager les formes que peut prendre l'engagement politique dans le roman britannique contemporain. Jean-Michel GANTEAU Vistas of the Humble : Jon McGregor's Fiction Jon McGregor's novels are characterised by a constant attention to detail and to the ordinary. They address the realities of individual, social and anthropological vul- nerability through narratives whose frail form countermands any attempt at abstraction and totalisation. In this article, I evoke the forms and modalities of vulnerability through the prism of the characters' and narratives' dependence on trauma, of systematic relationality and of attention to singularities. By throwing light on invisibilities and by giving voice to the inarticulate, McGregor writes ethical and political novels and uses the position of the precarious witness to contribute to the creation of some narrative democracy whose purpose, in Guillaume Le Blanc's terms, is to enlarge our sense of the common. Les romans de Jon McGregor se donnent pour tâche une attention permanente aux détails et à l'ordinaire. Ils s'ordonnent ainsi à l'évocation de la vulnérabilité indivi- duelle, sociale et anthropologique à travers des récits dont la forme vulnérable refuse toute totalisation. Les modalités et visages de la vulnérabilité sont ici évoqués à travers les motifs de la dépendance au trauma, de la mise en relation systématique, et de l'attention aux singularités. En mettant en lumière l'invisible et les invisibles, et en redonnant voix aux inaudibles, Jon McGregor fait oeuvre éthique et politique : il se pose en témoin précaire et contribue à l'élaboration d'une démocratie narrative dont le but est, selon les termes de Guillaume Le Blanc, de "créer du commun" . Peter CHILDS Food Chain : Predatory Links in the Novels of David Mitchell Humans are for David Mitchell predatory animals, whatever their civilized com- plexity. His novels contain numerous examples of individuals and groups who would oppress others in the name of logic, desire, morality, technology, survival or sheer force of will. That people prey on animals, resources and other human beings is only one dimension to Mitchell's fictional world but it is consistent and stark, from the cannibals that appear in Cloud Atlas and The Thousand Autumns of Jacob de Zoet through the warring factions in number9dream to the more fantasti- cal parasitic predators of Ghostwritten and The Bone Clocks. In this essay, I review aspects to this theme while analysing Mitchell's fictional world, which increasingly seems to be governed by interlinkages not only within narratives but metaleptically across them. David Mitchell considère les êtres humains comme des prédateurs, quel que soit leur degré de civilisation. Ses romans comportent de nombreux exemples d'individus et de groupes qui oppriment autrui en invoquant pour cela la logique, le désir, la morale, la technologie, l'instinct de survie ou leur volonté de puissance. Le fait que des hommes s'en prennent à des animaux, à des ressources naturelles ou à d'autres êtres humains n'est qu'un des aspects de l'univers fictionnel de Mitchell, mais il s'agit là d'une dimension structurante, à l'origine de la noirceur de l'oeuvre dans son ensemble - des cannibales de Cloud Atlas et The Thousand Autumns of Jacob de Zoet aux prédateurs parasites de type plus fantastique dans Ghostwritten et The Bone Clocks en passant par les factions en guerre dans number9dream. Cet article recense plusieurs composantes de ce motif récurrent dans la fiction de Mitchell, laquelle paraît de plus en plus fortement régie par des liens se tissant non seulement de manière interne aux différents récits, mais aussi de manière externe entre les récits eux-mêmes, sur un mode métaleptique. Marc POREE "What if ?" : The Speculative Turn of Will Self's Fiction "Et si ?" Révélant de lui-même les extravagantes hypothèses de travail dont il aime à procéder, Will Self est friand de spéculation. Une spéculation de type "métaphysique" , rejoignant celle des poètes de la première moitié du dix-septième siècle (cloués au pilori par Johnson avant que d'être réhabilités par T. S. Eliot). Une spéculation, dont le caractère cérébral s'accommode pourtant d'une volonté de faire que le roman s'incorpore et digère ce qui ne relève a priori pas de lui (les sciences, la pensée). Une spéculation, enfin, qui procède à rebours de l'évolution du lectorat et de la technologie, en oeuvrant à renouer avec un mécanisme de "sensibilité unifiée" que Self sait être anachronique, mais qui pose, à nouveaux frais, la question de la nécessaire difficulté en art. "What if ?" Never wary of unveiling the fantastical conceits which he is wont to proceed from, Will Self is (over)fond of speculation. A speculation that is meta- physical in kind, related to that implemented by the poets of the first half of the seventeeenth century (vilified by Johnson before being rehabilitated by T. S. Eliot). A speculation, the cerebral nature of which is found to be more than compatible with the processes of incorporation and digestion, at the hands of the novel, of all that is allegedly foreign to it (the sciences, thought). A speculation, lastly, bent on restoring a mechanism of "unified sensibility" which Self knows to be anachronis- tic, given the average reader's pursuits, but which offers a fresh take on the neces- sary difficulty of art. Camille MANFREDI Tales from the Pigeon-Hole : James Kelman's Migrant Voices This article offers to dwell on James Kelman's concerns with liminality and cultural identity by outlining the dynamics of displacement, dislocation and relocation in his recent novels You Have to be Careful in the Land of the Free (2004), Kieron Smith, Boy (2008) and Mo Said She Was Quirky (2012). While paying attention to Kelman's interest in the potential for subversion of the in-between, the article anal- yses the narrators' strategies of self-preservation and self-transformation with a view to better understand Kelman's own perception of the predicament of the contemporary Scottish writer in the postcolonial and global contexts. Cet article se propose d'éclairer le traitement des motifs de la liminalité et de l'identité culturelle à travers les dynamiques de décentrement, dislocation et délocalisa- tion dans les récents romans de James Kelman, You Have to be Careful in the Land of the Free (2004), Kieron Smith, Boy (2008) et Mo Said She Was Quirky (2012). En gardant à l'esprit l'intérêt de Kelman pour le potentiel subversif de l'entre-deux, cet article analyse les stratégies de préservation et de transformation de soi développées par les narrateurs. Elles permettront d'éclairer la tâche qui, selon Kelman, revient à l'auteur écossais contemporain dans le contexte à la fois du postcolonial et de nos sociétés mondialisées. Christian GUTLEBEN Whither Postmodernism ? Four Tentative Neo-Victorian Answers This paper sets out to examine in what ways recent neo-Victorian fiction illustrates twenty-first-century fiction's quest for new novelistic possibilities. On the basis of David Mitchell's Cloud Atlas (2004), Andrea Levy's The Long Song (2010), Michel Faber's The Crimson Petal and the White (2002) and Rosie Garland's The Palace of Curiosities (2013), it will be argued that neo-Victorianism broadens the scope of postmodernism by conceiving a cosmopoetics in which a referential and an aesthetic globalisation are combined, by imagining alternative forms of fictional historiography, by challenging various forms of orthodoxy and by questioning the limits of the human. Although it suggests evolutions and variations in relation to late twentieth-century historiographic metafiction, the novel of the new millennium nevertheless cannot be said to forsake postmodernism. Cet article se propose d'examiner dans quelle mesure la fiction néo-victorienne récente illustre la tentative de la fiction du vingt-et-unième siècle d'explorer de nouvelles possibilités romanesques. En prenant comme exemples Cloud Atlas de David Mitchell (2004), The Long Song d'Andrea Levy (2010), The Crimson Petal and the White de Michel Faber (2002) et The Palace of Curiosities de Rosie Garland (2013), nous soutiendrons que le néo-victorianisme élargit le spectre du postmodernisme en concevant une cosmopoétique où se mêlent référentialité et esthétique mondialisées, en imaginant d'autres formes d'historiographie fictionnelle, en remettant en cause diverses formes d'orthodoxie et en s'interrogeant sur les limites de l'humain. Bien que le roman du nouveau millénaire suggère des variations et des évolutions par rapport à la métafiction historiographique de la fin du vingtième siècle, on ne peut cependant pas considérer qu'il renonce au postmodernisme.

08/2015

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Critique littéraire

Méthodes de critique littéraire

Cet ouvrage va bien au-delà d'une histoire de la critique littéraire ou d'une simple anthologie : l'histoire de la critique expose les diverses théories critiques, mais ne montre pas de commentaires de textes précis ; l'anthologie compile des textes critiques, précédés de trop brèves introductions. Aucune de ces deux formes ne rend compte de la démarche des critiques, de leurs méthodes. Les Méthodes de critique littéraire partent des textes critiques, choisis en fonction de leur caractère exemplaire, qu'ils représentent un " type " de critique (formaliste, herméneutique, structuraliste, psychanalytique, stylistique, sociologique, génétique, poétique, etc.) ou un questionnement nouveau - sur une forme de critique, la relation entre texte littéraire et histoire, auteur et/ou texte littéraire, critique et lecteur. Aussi y rencontrera-t-on aussi bien G. Lanson, J.P. Sartre, S. Freud, P. Bénichou, R. Barthes, P. Barbéris, U. Eco, S. Felman et beaucoup d'autres. L'auteur de cet ouvrage commente ces textes de manière à dégager les méthodes critiques, mais aussi à indiquer une démarche de lecture de ceux-ci. Sur quelles idées, quelles valeurs culturelles, quelles représentations se fondent tel ou tel critique ? L'analyse de ces " présupposés ", qui sont en étroite relation avec les mentalités d'une époque et d'une société, fait apparaître dans un même temps ce que le critique emprunte à ses prédécesseurs et ce qu'il apporte de nouveau. Sur quelles procédures s'appuie le critique ? L'étude de sa " démarche " permet de les mettre au clair afin de dégager leur validité et leur apport. Quelles sont les " limites " de cette critique particulière ? Est-elle applicable à d'autres textes ? Quelles remarques ont été formulées à son égard par d'autres critiques ? Cet aspect de l'analyse donnera au lecteur les moyens de juger en tout état de cause de l'intérêt de cette méthode critique. Au total, ce livre vient donc combler une lacune dans le domaine des études de " critique de la critique ", pour emprunter l'expression à T. Todorov.

12/1994

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Littérature étrangère

La capitana

Il y a des vies qui sont des romans qu'aucun romancier n'oserait écrire par crainte d'être taxé d'invraisemblance. Mika, Micaela Feldman de Etchebéhère, a réellement vécu en Patagonie, à Paris, à Berlin, en Espagne, elle a tenu toute sa vie des carnets. À partir de ces notes, des rencontres avec ceux qui l'ont connue, des recoupements de l'Histoire, Elsa Osorio transforme ce qui pourrait n'être qu'une biographie en littérature. participé, avec son mari, au mouvement intellectuel dans les années 30. Puis ils sont allés vivre à Berlin dont les ont chassés le nazisme et les manipulations du mouvement ouvrier par le stalinisme. Enfin ils sont allés rejoindre les milices du poum dans la guerre civile en Espagne. Dans des circonstances dramatiques, elle, qui ne sait rien des armes et des stratégies militaires, se retrouve à la tête d'une milice. Son charisme, son intelligence des autres, sa capacité à prendre les décisions la rendent indispensable et ce sont les miliciens eux-mêmes qui la nomment capitaine. Poursuivie par les fascistes, persécutée par les staliniens, emprisonnée, elle sera sauvée par les hommes qu'elle a commandés. Elle a fini sa vie d'inlassable militante à Paris en 1992. Elsa Osorio, portée par ce personnage hors du commun, écrit un roman d'amour passionné et une quête intellectuelle exigeante en mettant en ouvre tout son savoir-faire et son talent littéraire pour combler les trous de l'Histoire.

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Littérature étrangère

Une nuit dans les sissongo

Sexe, amour et beauté, voilà le triptyque conducteur du roman d'Elise Mballa. Un drame dans un sissongo de luxe permet à l'auteure de faire vivre des femmes et hommes, des traditions, des cultures, des sociétés, dans une espièglerie calculée qui du drame initial, va nous emporter dans une lecture vive, tourbillonnante, étourdissante. Quel est le héros de cette oeuvre ? Est-ce Eding qui en est l'incontestable fil conducteur ? Est-ce Akeva qui en est le centre, autour duquel gravitent tous les autres personnages et même la dramaturgie ? Est-ce son mari Ekalé qui nous éclabousse de son infortune, de sa modestie et de cette humanité qu'il incarne avec noblesse ? Nous pouvons citer bien d'autres personnages et c'est là le secret de fabrique d'Elise Mballa qui nous livre une fresque dans laquelle nous avons toute liberté des choix de nos sympathies. On peut se poser d'autres questions. On peut se demander si c'est une oeuvre féministe. Féministe, elle l'est incontestablement. Mais de ce féminisme innové et vivifiant qui ne mure pas la féminité dans un catalogue d'hommasses patibulaires plus ou moins gouinisantes par nature ou par posture de combat. On peut se poser bien d'autres questions et je sais que vous vous en poserez encore, quand vous aurez entendu le clap de fermeture de la dernière page. Et c'est en cela que l'on apprécie une écriture. Gaston Kelman.

09/2009

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Policiers

Demain c'est loin

" J'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais en fait j'étais normal. " Voici François Feldman, originaire de la cité des Buers à Lyon, plus tout à fait un gars des quartiers mais n'ayant jamais réussi non plus à se faire adopter des Lyonnais de souche, dont il ne partage ni les valeurs ni le compte épargne. Il est entre deux mondes, et ça le rend philosophe. Juliane, elle, c'est sa banquière. BCBG, rigide et totalement dénuée de sens de l'humour, lassée de renflouer le compte de François à coups de prêt. " Entre elle et moi, de sales petites bestioles ne cessaient de se reproduire et de pourrir notre relation, ces sales petites bêtes contre lesquelles nous ne sommes pas tous égaux : les agios. " Mais le rapport de force va s'inverser quand, un soir, François lui sauve la mise, un peu malgré lui, suite à un terrible accident. Et la banquière coincée flanquée du faux rebeu des cités de se retrouver dans une improbable cavale, à fuir à la fois la police et un caïd de banlieue qui a posé un contrat sur leurs têtes. Pour survivre, ils vont devoir laisser leurs préjugés au bord de la route, faire front commun. Et c'est loin d'être gagné. Avec Demain c'est loin, Jacky Schwartzmann signe un polar sous haute tension, violemment drôle et d'une belle humanité.

10/2017

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Littérature française

La fête, jadis

" Leurs relations avaient soulevé des tempêtes de sentiments, de doutes et de jalousies. Les protagonistes, dans leurs mouvements perpétuels et passionnés, entre coups de fil, rendez-vous, fêtes somptueuses et moments intimes passés dans une chambre d'hôtel ou chez eux, chacun avait eu sa part de chagrins et de plaisirs. Ils avaient aussi vécu, chacun, leur part du rêve. Puis, comme les corps célestes qui cessent de rayonner et deviennent invisibles, l'intensité de leur vie avait diminué progressivement pendant que leurs images s'éloignaient dans le temps en direction du passé. Le jour où leur souvenir disparaîtrait chez ceux qui les avaient connus, ils cesseraient définitivement d'exister. " Laodamas Sklavenitis étonne avec cette subtile mise en abyme d'un roman en train de s'écrire sous les yeux du lecteur. Philippe, sorte d'alter ego de l'auteur, entreprend de poursuivre la rédaction d'un mystérieux manuscrit trouvé dans sa cave. Il s'interroge sur la frontière incertaine entre la fiction et d'éventuels faits réels. Un doute le traverse. Serait-il témoin involontaire d'un délit, voire peut-être d'un crime ? Qui se cache derrière ces pages ? S'agit-il d'une pièce à conviction ? Grâce aux quelques indices dont il dispose, il se mue en enquêteur pour faire la vérité sur cette étrange affaire. Léo, Samy, Sonia et Gelman sont les protagonistes tombés dans l'oubli d'une histoire laissée inachevée qui trouve un nouveau souffle...

02/2017

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Littérature Espagnole

La Capitana

Il y a des vies qui sont des romans qu'aucun romancier n'oserait écrire par crainte d'être taxé d'invraisemblance. Mika, Micaela Feldman de Etchebéhère, a réellement vécu en Patagonie, à Paris, à Berlin, en Espagne, elle a tenu toute sa vie des carnets. À partir de ces notes, des rencontres avec ceux qui l'ont connue, des recoupements de l'Histoire, Elsa Osorio transforme ce qui pourrait n'être qu'une biographie en littérature. participé, avec son mari, au mouvement intellectuel dans les années 30. Puis ils sont allés vivre à Berlin dont les ont chassés le nazisme et les manipulations du mouvement ouvrier par le stalinisme. Enfin ils sont allés rejoindre les milices du poum dans la guerre civile en Espagne. Dans des circonstances dramatiques, elle, qui ne sait rien des armes et des stratégies militaires, se retrouve à la tête d'une milice. Son charisme, son intelligence des autres, sa capacité à prendre les décisions la rendent indispensable et ce sont les miliciens eux-mêmes qui la nomment capitaine. Poursuivie par les fascistes, persécutée par les staliniens, emprisonnée, elle sera sauvée par les hommes qu'elle a commandés. Elle a fini sa vie d'inlassable militante à Paris en 1992. Elsa Osorio, portée par ce personnage hors du commun, écrit un roman d'amour passionné et une quête intellectuelle exigeante en mettant en ouvre tout son savoir-faire et son talent littéraire pour combler les trous de l'Histoire.

02/2024

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Musique, danse

Musique et contestation. La création musicale contemporaine dans les années 1960

S'il est un mot qui semble approprié à la période des années 1960, c'est bien celui de contestation. Ainsi les divers bouleversements qui se sont opérés dans le domaine de la musique, et qui reflètent assez fidèlement les grands mouvements sociaux, sont-ils passés en revue dans cet ouvrage, à partir des expérimentations concrètes des groupes et des compositeurs les plus représentatifs de l'époque. Stimulés notamment par les membres de l'Ecole de New York (Cage, Feldman, Wolff, Brown), un certain nombre de musiciens européens, tels C. Cardew et F. Rzewski, commencent à récuser les avant-gardes établies et les institutions musicales. Gagnés par l'esprit de liberté qui s'est emparé de l'ensemble de la société, ils vont reconsidérer la notion d'oeuvre et les rapports entre compositeurs, interprètes et auditeurs, mettant par exemple leur engagement au service des pratiques de l'improvisation et de la création collective. C'est alors que naissent, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, des groupes comme ONCE, New Music Ensemble, Musica Elettronica Viva, le Scratch Orchestra, le GERM, le New Phonic Art. Bien que très actifs, ces ensembles avaient été rarement évoqués dans des ouvrages en langue française. Une telle investigation est d'autant plus nécessaire aujourd'hui que, depuis plus d'une quarantaine d'années, le paysage musical se partage entre une confiance d'une naïveté souvent désarmante dans les progrès de la technologie et la restauration d'un certain nombre de valeurs remises en question par les courants les plus novateurs du XXe siècle.

03/2019

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Revues de psychanalyse

Journal Français de Psychiatrie N° 51 : Le mur mitoyen dans la clinique des psychoses. Nouvelles remarques sur la catégorie de l’espace I

Charles Melman décrit pour la première fois, en 1963, un trait clinique spécifique à certains délires de persécution hallucinatoires qu'il nomme phénomène du mur mitoyen : Nous pensons en effet, ce qui n'est pas indifférent à son interprétation, que le contact intime entre le persécuté et le persécuteur s'établit de part et d'autre d'un mur mitoyen : ceci pourrait se représenter dans l'espace comme deux êtres de chair différente de part et d'autre d'une peau commune assurant leur indéfectible solidarité. Entre eux aucun espace réel ou virtuel, mais aussi aucune autre limite qui les sépare de quelque espace neutre, libre, non habité... Pour rendre compte de manière heuristique de ce phénomène il se réfèrera plus tard à la topologie de la bande de Moebius. Là où la structure habituelle du sujet comporte une bande à une face et un bord, dont la continuité entre dessus-dessous autorise questionnement et division, se substitue dans la psychose une bande biface à deux bords, avec la séparation entre un intérieur et un extérieur. Ce repérage éclaire des pans entiers des psychoses et fraie l'analyse structurale de phénomènes sociaux et politiques contemporains où l'autre n'est plus notre prochain mais prend la figure de l'étranger voire de l'ennemi, de l'autre côté de la frontière : ségrégation, complotisme, nationalisme... Il nous invite aussi à une révision de la conception kantienne de l'espace : celui, subjectif, du désir n'est pas homogène selon les structures cliniques.

06/2023

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Psychologie de l'enfant

Psychologie du développement humain. 10e édition

La référence dans l'étude du développement humain. Entièrement actualisée, la dixième édition française de ce grand classique s'appuie sur les recherches les plus récentes. On y présente les périodes et les trois domaines – physique, cognitif et socioaffectif – du développement humain, de la conception jusqu'à la mort. Fidèle à la rigueur scientifique et aux qualités pédagogiques qui font le succès de ce manuel depuis plus de 30 ans, la présente édition demeure un outil indispensable autant pour les enseignants que pour les étudiants, qui y trouveront le soutien nécessaire à leur apprentissage. L'ouvrage relève de nouveau le défi de rendre accessible la matière riche, abondante et parfois complexe enseignée dans les cours de psychologie du développement. Les mises en situation, les exemples concrets et les problématiques contemporaines facilitent l'acquisition des connaissances et des compétences.

09/2023

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Littérature française

Battements de coeur

Tous je les ai rencontrés, dans la vie, ou ailleurs, leurs coeurs battaient trop vite, ou trop fort, ou n'importe comment. Mademoiselle a tant chéri les enfants des autres, accomplissant son devoir de parfaite gouvernante. Si Bernard de Récy regardait, haletant, le corps de ses jeunes camarades, c'est qu'ils étaient beaux, comme doivent l'être les fils de Dieu. Feldman, le bon élève, a pu travailler, donner des leçons, s'acharner à devenir professeur : l'étoile juive, cousue sur sa poitrine, veillait à détruire son rêve. Servante au grand coeur, Dolorès s'en est allée, si mince, si noire, bonne à rien, sauf à aimer. Aimer un peu, beaucoup, à la folie ? Aimer jusqu'à tuer, aimer jusqu'à mourir et au-delà, ils y ont cru, Auguste Velours et sa belle Emma, ils ont imaginé la vie et la mort mêlées comme leurs jambes. Monsieur Fouille avait donné son impartageable tendresse à sa vieille compagne et à sa jeune maîtresse, il aurait voulu qu'elles soient heureuses, mais l'une était de trop. Comme aucune mère Mademoiselle Write adora sa fille, mais elle avait peur pour elle, si peur que vînt l'âge de raison. Lorsque Lulu, notre ami, tomba amoureux d'une lapine, et qu'il voulut l'épouser, devant Dieu, devant les hommes, nous le crûmes un peu fou. Un peu fou ou trop sage, qu'en savons-nous ? Ce qui est sûr, c'est qu'aucun d'eux n'eut le coeur avare. Au bout du rêve, la mort a fait taire ces coeurs trop battants. La fièvre fut leur commune aventure, le froid son même achèvement. J. -D. B.

11/1991

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Cinéma

Confession inachevée

"A Hollywood, la vertu d'une jeune fille a beaucoup moins d'importance que le style de sa coiffure. On vous juge sur votre apparence, pas sur le reste. Hollywood, c'est un endroit où on vous offre mille dollars d'un baiser et cinquante cents de votre âme. Je le sais, j'ai assez souvent refusé la première proposition et tenu bon pour les cinquante cents". Qui était Marilyn Monroe ? Qui se cache derrière la pétillante blonde qui va mettre fin à ses jours à 36 ans, en pleine gloire ? Lire cette Confession inachevée, son unique projet autobiographique, ce n'est pas seulement entendre la voix bien reconnaissable de Marilyn dévoiler les étapes de sa brève existence, c'est découvrir une observatrice clairvoyante, tiraillée entre les paillettes et les coulisses, entre la beauté et la souffrance. Ces textes de jeunesse sont une confession - au sens religieux du terme -, le portrait d'une femme qui se met à nu, d'une femme en quête d'un absolu et que la vie déçoit. En 1954, l'agent Charles Feldman contacta le scénariste et écrivain Ben Hecht, ami de Marilyn, pour lui demander d'aider l'actrice à écrire ses mémoires. A 28 ans, elle a déjà tourné une vingtaine de films, et elle est lasse des potins des feuilles à scandale. Elle lui dicte les mots qu'il couche sur le papier... Pour des raisons personnelles, elle ne poursuivit pas ces séances de travail, mais confia le manuscrit au photographe Milton Greene, son ami de toujours. Ce n'est qu'en 1974, vingt ans après avoir recueilli ces feuillets, douze ans après la mort de Marilyn, que Milton Greene décida de révéler ce texte au public. Confession inachevée était épuisé en France depuis plus de trente ans.

10/2011

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Littérature française

Le Prince de Zongo. Entre le marteau et l’enclume

Irisia et Timoléon ont vécu le début d'une histoire fabuleuse qui a commencé tel un conte de fée, une histoire qui était comme la promesse d'un Amour éternel que, malheureusement, les Dieux de l'Amour n'ont pas tenue. Timoléon Boladji est un 'feyman' (escroc) chevronné aux méthodes radicales et expéditives. Il est un grand maître dans l'art de la contrefaçon de billets de banque et du blanchiment de capitaux. C'est un grand spécialiste dans le recel d'argent sale. Dans les heurts et disputes de l'après-divorce, Irisia, après avoir menacé de délation fiscale Timoléon, est partie en voyage dans son Cameroun natal. Mais, elle sera portée disparue quelques heures seulement après son arrivée à Yaoundé. Que s'est-il réellement passé sur le trajet Yaoundé-Douala-N'Gaoundéré ? Le Prince de Zongo est une oeuvre dans laquelle l'auteur nous raconte l'extraordinaire aventure d'un Prince de la 'feymanie' (l'escroquerie très culotée d'origine africaine). Un univers opaque et glauque où les coups bas et les magouilles se justifient par l'intensité de la convoitise et l'acidité de la vengeance. Guillaume ADOUVI-BOANERGES nous rappelle dans cet opus le cheminement et l'aboutissement de l'affaire des vrais-faux billets de 20 dinars de Bahreïn. Un scandale monétaire qui a éclaté en France en 1998, avec des ramifications au Bahreïn, au Maroc, au Tchad, au Niger et en Belgique... 'Le Prince de Zongo - Entre le marteau et l'enclume' est un roman captivant et plein de suspens où l'intrigue vous mène jusqu'au bout du livre pour découvrir une fin inattendue. Une énigme habilement construite par Guillaume ADOUVI-BOANERGES.

03/2024

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Photographie

Absences. Edition bilingue français-espagnol

La disparition forcée de personnes qui se sont volatilisées sans laisser de traces, fut la méthode suivie par les "sécurités nationales" des dictatures de la seconde moitié du XXe siècle. C'est ainsi que, de l'Amérique centrale à la Patagonie, de l'Atlantique au Pacifique, les militaires latino-américains, formés à la doctrine française de la guerre contre-révolutionnaire et à celle des Etats-Unis sur la contre-insurrection, ont pensé qu'ils échapperaient à l'obligation de rendre compte de leurs actes comme si l'absence de corps effaçait le crime ou pour le moins empêchait le châtiment. Le revers de la médaille est que ce passé atroce est devenu un perpétuel présent insomnieux, telle la malédiction que Neruda destina à Franco. A partir de cette approche commune apparaissent des situations différentes selon les pays concernés, tant dans les méthodes de répression que dans le traitement que chaque pays en a fait par la suite. Les 45 000 disparus du minuscule Guatemala et les 400 de l'immense Brésil ont un poids bien différent dans leur pays respectif. Mais il y a bien un point commun et une grande similitude dans le vécu des familles qui ont souffert de la perte brutale d'un de leurs membres. C'est pour cela que Gustavo Germano a pu transposer au Brésil le projet qu'il avait mis en place en 2007 sur les disparus en Argentine ; son frère était l'un d'entre eux. Plus que les décisions de justice, que les investigations des journalistes ou les essais philosophiques, l'art rend compte du vide déchirant que l'absence inexpliquée provoque. Tout comme les sculptures de Juan Carlos Distéfano, ou les poèmes de Juan Gelman, les tableaux de Carlos Alonso ou ceux de l'Espagnol Ramos Gucemas, les photographies de Gustavo Germano et les points de suspension qui remplacent les noms absents dans chaque récit évoquent ce traumatisme fondateur de l'identité latino-américaine contemporaine, et nous initient au mystère du temps à travers la violence muette d'un geste figé.

06/2016

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Rock

Steely Dan

Steely Dan a marqué l'histoire du rock avec une pop élégante et sophistiquée couvrant tous les genres de la musique populaire. Christophe Delbrouck raconte l'histoire du groupe et de ses deux fondateurs plutôt adeptes de l'ombre. Très largement prisée aux Etats-Unis, l'oeuvre de Steely Dan et de Donald Fagen synthétise un crossover jazz pop resté sans équivalent. Cette musique sophistiquée et débarrassée des règles habituelles en matière de clivages esthétiques est aujourd'hui incarnée par une discographie patrimoniale, dominée par les succès populaires de Aja et Gaucho. Ce livre retrace l'épopée de Donald Fagen, un leader intellectuel très réfractaire à la lumière du jour, depuis sa banlieue morose du New Jersey, flanqué de son copain Walter Becker, un taciturne pareillement inadapté aux codes sociaux. Ces deux-là n'auraient pas dû mener une carrière aussi brillante, avec de tels handicaps. Pourtant, ils y sont parvenus, cachés derrière l'identité d'un groupe légendaire pour son degré de raffinement et d'un consortium d'accompagnateurs à la créativité tout aussi inouïe : Steve Gadd, Jeff Porcaro, Wayne Shorter, Elliott Randal, Jeff Baxter, Victor Feldman, Dean Parks, Chuck Rainey, Jim Gordon, Larry Carlton, Tom Scott, Steve Khan, Bernard Purdie, Mike Brecker, David Sanborn, Larry Carlton, Rick Marotta... Leur travail à tous aura permis de révolutionner l'ambition même de l'industrie rock des seventies, avant de s'insinuer partout en termes de perfectionnisme et de technologie. Résultat : une flopée de Top10 au Billboard et des hits en pagaille, immédiatement identifiables par leur singularité thématique. Donald Fagen a finalement créé son propre style et incarné à part entière l'essor musical considérable des Etats-Unis. Ce n'était pas son plan initial. Lui, il se serait parfaitement contenté de jouer un peu de piano dans le recoin d'un club de Greenwich Village, à l'abri des regards. Seulement, l'histoire est facétieuse et il réalise, sous son seul nom, avec The Nightfly un des albums marquants des années 80.

07/2022

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Policiers

Play Boy

Play Boy, c'est un titre qui se veut aventureux. Une référence au célèbre magazine un temps si sulfureux ? Oui et non. La vie elle-même n'est-elle pas une aventure, un long combat pour une existence dont le but est plutôt incertain ? Mais si la vie est difficile, elle est surtout courte, et donc précieuse, et donc belle. Et c'est justement pour laisser une trace de leur passage que certains ne veulent périr sans avoir crié témoignage. Il y a des guerres, des enfers, des famines, des violences. Le monde est triste, négatif. L'homme est dualité : bon et mauvais. La nature est brute, et s'exécute. Mais il y a aussi de la lumière sur les ombres du temps. Une lumière qui éclaire notre passage, et qui parfois l'éclabousse. Les hommes sont des messagers intemporels. Parce qu'il faut bien croire en quelque chose, parce qu'il faut bien rêver que tout cela ne soit pas vain... L'Art, donc, nous y voilà. L'art comme un goût tout à chacun : moderne, ancien, old school, futuriste. Oui, c'est bien pour laisser une empreinte que nous peignons, écrivons, photographions, bref, que nous illustrons les détails de l'illusion finale : la vie. Pascal Pacaly Livre illustré par la fine fleur de la création contemporaine de France, des USA, du Mexique, du Japon... des artistes du monde entier dans un livre unique ! Charlélie Couture, Robert Waldo Brunelle Jr, Jérémy Magnin, Abraham Orozco, Mike Rimbaud, Carlos Olmo, Éric Fleury, François Maigret, Virginie Bathory, Niko Kko, Toto Pissaco, Stéphane Zoz, Laurent Fièvre, Wendy Develotte, Mikaël Petit, Elliot Feldman, Alexandre Miralles, Éric Viou, Jean-Louis Orozco Medina, Fofy, Ludovic Fevin, Jym Factory, Toshiya Trash Tsudura, Senyphine, Bianca Olson, Emmanuel Grange, Bulbe Bulbe, Romain Lubière, Robert David Elwood, Peter Skull, Richard J Frost, Lou Rusconi, JR Williams, Dadu Phoenix, Patrice Woolley, Sylvain Tentaculesque, Ludovic Sallé, Régis Gonzalez, Alexis Chomel

10/2015

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Photographie

Lionel Kazan photographe. Edition bilingue français-anglais

Photographe d'origine russe, né en 1930, Lionel Kazan se fait très vite un nom dans le milieu de la mode des années cinquante et soixante grâce à ses clichés réalisés pour Elle - magazine pour lequel il signera pas moins de 92 couvertures de 1953 à 1965 -, Nouveau Fémina, Vogue, Harper's Bazaar, Glamour, Marie-Claire... Il côtoie les plus grands photographes de mode de ces glorieuses années d'après guerre : Irving Penn, Richard Avedon, Cecil Beaton, Jean-Loup Sieff, Guy Bourdin. Il laisse d'innombrables trésors, que sa fi lle a récemment découvert dans de grandes boîtes Easten Kodak et qu'elle nous fait à son tour partager ici : des photographies inédites de Brigitte Bardot, des portraits de la toute jeune Catherine Deneuve à ses débuts, d'un Fernandel inattendu. Il a ainsi, à la faveur de son travail, photographié les plus grandes vedettes de ces années-là de Roger Vadim à Ingrid Bergman, de Coco Chanel à Yves Saint Laurent. L'ouvrage est une invitation à retraverser deux décennies à travers l'oeil d'un photographe : une peinture de l'atmosphère socio-culturelle, des styles vestimentaires, des icônes mais aussi des coulisses d'un métier, entre shooting et studios. Chronologique, le livre dévoile aussi l'intimité d'un homme. Sa fille, Alexandra Kazan, a selon ses propres mots cherché à " reconstituer son parcours, aller sur ses traces, remonter le temps. " On découvre ceux qui ont croisé sa route : Marc Allégret, qui lui offrira son premier appareil photo à l'âge de douze ans, Hélène Lazareff, Alex Liberman... On écoute ceux qui ont participé au monde de la mode de cette époque : mannequins comme Bettina Graziani ou celle qui deviendra sa femme, Pia Rossilli, rédacteurs de magazines comme Claude Brouet ou Marie- Thérèse des Cars, photographes et amis, comme Gilles Bensimon ou Jean-François Clair, publicitaires comme Jean Feldman. Alternant documents d'archives, planches-contacts, tirages, reproductions de pages et couvertures de presse, l'ouvrage se termine sur les Swinging Sixties et les folles nuits au New Jimmy's admirablement rendus aussi sous la plume de Marc Desgrandchamps.

04/2016

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Littérature étrangère

Acouphène

En 1981, pendant la première guerre du Liban, Pini, diminutif de Pinto, était soldat. A un carrefour, il s’est trouvé nez à nez avec un enfant qui pointait sur lui son rpg, il a tiré, l’enfant est mort. Mais nous n’en sommes pas sûrs. En chacun de nous est enterré un enfant mort. Celui que les adultes tuent en chacun de nous, par temps de paix ou de guerre. Accablé d’un sifflement dans les oreilles, Pini part à sa recherche, mais le souvenir est trompeur, erratique. Nous le suivons au Liban, en 1981, lors de l’opération Litani et des massacres de Sabra et Chatila. Jean Genet y était présent comme témoin visuel. Il était malade, amoureux d’un jeune Palestinien et logé à Beirut par Léïla Shahid. Comment pouvait-il prendre parti ? Que croyait-il savoir de la guerre ? Emmanuel Pinto est aussi metteur en scène, il admire Genet. Mais en quelque sorte, il écrit ce livre en dialogue avec Genet. Et sa démarche, toute en tâtonnements irrésolus, est à contre-courant de celle du film Valse avec Bachir, d’Ari Folman où de puzzle en puzzle, l’auteur recréait le souvenir et l’horreur de la guerre, et la réminiscence de la Shoah, et la grossièreté des soldats israéliens. Chez Pinto, tout est intérieur, délicat, et dans le brouillard. Dans le vacarme de la guerre, la mémoire se brouille, nous dit-il, et il démonte et met en scène ce brouillage. C’est en cela que ce livre est magistral et nous fait entendre une autre voix et une détresse qu’aucune recherche mémorielle ne peut apaiser. Le livre se déploie sur une deuxième partie et un deuxième registre, tout aussi fort que le premier : le mère de Pini, rendue folle par le départ de ses fils au front, s’enferme sur sa terrasse et écrit des lettres à ses fils. Elle les supplie de revenir à la maison sans héroïsme ni bravoure. A mesure qu’elle leur écrit, elle invente et s’approprie un hébreu flamboyant qu’elle ne possédait pas : elle est algérienne et ne sait que l’arabe et le français. Et Pinto bascule avec elle dans la douleur et la folie qui lui rendent la parole dans une langue étrangère. Superbe. Acouphène est un texte d’une écriture magnifique, variée, souple, tantôt lyrique, tantôt urgente, où l’argot côtoie une poésie héritée de la Bible, du Talmud ; le monologue intérieur y est porté à des sommets. C’est un livre brûlant qui fera débat, qui choquera et qui bouleversera, qui donnera à penser.

02/2012

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Poésie

Pour parler. 115 sonnets avec des dessins

" Frank Smith écrit. Et dessine aussi. Julien Serve dessine. Et écrit aussi. Tous deux sont constamment inspirés par le monde, par ce qui s'écrit en continu sur lui, par l'information. Pour parler est né de leur rencontre. Frank Smith a écrit 115 sonnets. Il voulait s'attaquer à cette forme, une forme fixée, très précise, et la revisiter, la déconstruire, la détourner. Se contraindre soi-même. Voir comment il pouvait faire des " anti-sonnets ", sans rimes, sans la dimension lyrique, sans faire appel aux sentiments, mais en creusant des questions dans cette forme très fixée, très précise : qu'est-ce que c'est que parler, comment peut-on dire ? Dans ce recueil, le vent du lyrisme classique est remplacé par une tempête de questionnements ; l'expression d'un moi tourmenté par la révélation que la pensée n'existe qu'à travers les mots ; l'effusion par la grammaire, la sublimation des sentiments par une opération chimique pratiquée au cutter sur les brèches et les failles ; la musique par la simplification et Schubert par Feldman. Julien Serve se découvre fasciné par " la capacité de Frank Smith à se saisir d'une réalité au travers du vocabulaire, du langage qu'elle produit. La rejouer, l'amener à un point de lisibilité plus pertinent, plus sensible. J'ai eu envie de lui voler ses écrits. Mais je me suis fais attraper. " Et Julien Serve se met à dessiner, " sur " les sonnets, ou plutôt autour. Plutôt que de parler des sonnets, il dessine. Et pour Serve, la main produit de la pensée. Sa pensée est dans le geste. L'écriture comme le dessin lui semblent des exercices d'équilibriste au dessus du vide. Mais ce qui lie peut-être le plus intimement Julien Serve et Frank Smith, c'est que tous deux, qui par le dessin, qui par les mots, cherchent à reformuler une réalité non admissible. " Je ne voulais pas, écrit Julien Serve, illustrer les sonnets de Frank Smith. Je voulais être en immersion totale. Me perdre dans leurs structures éclatées. Perdre le sonnet. Que les sonnets se lisent sans discontinuer me permettaient de perdre prise. L'imprévu devenait alors envisageable. Je me suis donc contraint à ce dispositif avec des règles simples et strictes : 24 heures de dessins en direct à la lecture d'une voix numérique. " Le nombre de dessins est le résultat de la durée du dispositif mis en place ; il n'y a pas de dessin A pour un sonnet A, ni de nombre de dessins par sonnets. Pour le livre, il y a lieu d'inventer une nouvelle forme. Les sonnets et les dessins, les dessins et les sonnets, oui, mais comment ? Il s'agira d'injecter les dessins dans les sonnets, de fondre textes et images pour échapper à la formule texte/illustration et créer la parfaite co-errance/cohérence que nécessite tout travail en duo. " (Barbara Polla, écrivain-galeriste) Par un habile et original façonnage, textes et dessins sont mêlés, feuille par feuille, dans une superposition transparente, formant des " collisions " et des fusions, qui incite à une lecture aléatoire et diverse, de gauche à droite, de droite à gauche, à l'endroit, à l'envers.

03/2019