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Palimpsestes recrayonnés

Extraits

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Théâtre

Ushuaia

Ushuaia. Située aux confins du monde, la ville d'Ushuaia abrite en son sein Mateo, reclus et isolé au coeur de ce paysage de glace. Il convoque une jeune femme pour s'occuper des tâches quotidiennes. Introduite dans l'univers de cet homme étrange et mystérieux, Nina tente de retrouver les traces du passé nazi de Mateo, afin de venger l'histoire. Mais sous un voile de vérité, toute certitude n'est pas inaliénable, et l'Histoire cache plus qu'elle ne dévoile. La véritable identité de Mateo se dessine au fil des scènes au sein des décombres d'un triangle amoureux, tissé par des voix réelles et fantasmagoriques, fantômes du passé. La recherche historique devient un palimpseste où la mémoire, à travers les limbes du temps, fait ressurgir l'horreur mêlé à l'universalité du sentiment amoureux. Entre mensonge et vérité, le texte devient le porte-parole de voix disparues, notamment celle de Róza Eskenázi, chanteuse juive séraphade et figure active de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais l'amour n'est-il pas rédempteur comme dans La vie est un songe, le texte phare du grand Siècle d'or espagnol, dans lequel réel et fiction font de la langue le moteur central de la vie ?

11/2016

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Romans historiques

Les mémoires secrets d'Alexandre

Babylone, premier jour du mois de Daisios : malgré la chaleur et les fièvres qui l'ont cloué au lit, Alexandre dicte en secret ses mémoires dans l'espoir de corriger les idées fausses qui circulent sur son compte. Le temps presse. La pensée vagabonde, s'obscurcit par instants. Le fils du grand dieu va perdre sa course contre la maladie, et la mort interrompre la rédaction, mais l'essentiel aura été dit. Le scribe Antéphilarsès d'Ecbatane, protégé et ultime confident d'Alexandre, a respecté les instructions de son maître. Il a attendu pour publier ce texte subversif que les généraux macédoniens soient occupés à se disputer les dépouilles de l'empire. Antéphilarsès avait pris en note la moindre phrase du conquérant, la moindre de ses divagations d'agonisant. Il est certain que le manuscrit y perd en cohérence mais on se réjouit de cette absence d'initiative et de sens critique, car le palimpseste de Syracuse nous restitue un personnage bien différent de sa légende. Ce n'est plus Alexandre le Grand, c'est ALEXANDRE LE PETIT, un homme souvent injuste, grincheux parfois, avare même, attachant aussi par ses accès de spontanéité et sa douloureuse humanité, un homme blessé qui balance entre l'aigreur et l'ironie sans parvenir à se libérer de l'influence oppressante de son père Philippe.

02/1999

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Thèmes photo

Tarifa. Tanger

Tarifa, tout au bout de l'Europe. Une blancheur secouée par les vents, une pointe avancée dans les eaux, remuée par des courants contraires. Partout, le vent et la mer, la mer et le vent, l'océan, les vagues puissantes, le printemps qui explose en couleurs vives sur les collines... Toutes proches, les côtes majestueuses de l'Afrique, dont on pourrait presque caresser les contours. Là bas, Tanger. Une plongée obsédante dans les mille visages de la ville. La trace de sa poussière sur ma peau, le parfum de ses matins lumineux, la course folle de ses chiens errants, l'entrelacement de ses ruelles, la violence de ses contradictions, l'évidence de nos rencontres. Et ces silhouettes immobiles, qui regardent la mer, tournées vers l'horizon flou d'un départ impossible. Entre les deux, les eaux profondes du détroit de Gibraltar, à la fois lien, frontière et sépulture. Un mystère bleu, entier, qui porte des milliers de récits d'exils, de pertes, de rencontres et d'espoirs secrets. Tarifa - Tanger est le fruit de mon exploration sensible et poétique de ces deux territoires. Ici, deux photographies dialoguent au sein d'une même image. L'une est prise du côté européen, la seconde du côté africain. Une image palimpseste en léger décalage avec le réel, superposant l'ici et l'ailleurs, comme un pont entre deux rives".

06/2021

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Littérature française

Là où les tigres sont chez eux

Eléazard von Wogau, héros inquiet de cette incroyable forêt d'histoires, est correspondant de presse au fin fond du Nordeste brésilien. On lui adresse un jour un fascinant manuscrit, biographie inédite d'un célèbre jésuite de l'époque baroque. Commence alors une enquête à travers les savoirs et les fables qui n'est pas sans incidences sur sa vie privée. Comme si l'extraordinaire plongée dans l'univers d'Athanase Kircher se répercutait à travers les aventures croisées d'autres personnages, tels Elaine, archéologue en mission improbable dans la jungle du Mato Grosso, Moéma, étudiante à la dérive, ou bien Nelson, jeune gamin infirme des favelas de Pirambû qui hume le plomb fondu de la vengeance. Nous sommes au Brésil, dans le pays des démesures. Nous sommes aussi dans la terra incognita d'un roman monstre, dont chaque partie s'ouvre sur un chapitre de la biographie de Kircher, " le maître des cent arts ", ancêtre de l'égyptologie et de la volcanologie, inventeur du microscope ou de la lanterne magique. On songe au réalisme magique des Borges et Cortazar, à Italo Calvino ou Umberto Ecco, ou encore à Potocki et son Manuscrit trouvé à Saragosse, sans jamais épuiser la réjouissante singularité de ce roman palimpseste qui joue à merveille des mises en abyme et des vertiges spéculaires.

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Littérature étrangère

Foe

Quand Susan Barton est abandonnée sur une île au milieu de l'Atlantique, elle pénètre dans l'univers de deux hommes. L'un est un Nègre appelé Vendredi ; l'autre est Robinson Cruso. L'île est une société déjà à l'oeuvre. Ses règles sont simples et strictes : survie, travail, ordre. Cruso est le maître et Vendredi est l'esclave. Susan observe la création d'un monde stérile - architecture de terrasses pierreuses dominant des plages mornes et désolées - et attend d'être secourue. De retour à Londres avec, sur ses talons, Vendredi comme preuve de son étrange aventure, elle s'adresse à l'écrivain Daniel Foe. Mais Foe s'intéresse moins à l'histoire de lîle qu'à celle de Susan, et des lignes de combat sont tracées entre l'auteur et son sujet. Seul témoin de leur lutte, comme il le fut du mystère de l'île, Vendredi qui ne peut parler. Fable, allégorie, palimpseste littéraire, ce roman à la fois brillant et austère explore et interprète les extrêmes vers lesquels nos vies sont poussées. Mais entre ces extrêmes - verbe et silence, raison et folie, vérité et mensonge - résident ces tensions que J. M. Coetzee sait rendre si riches et si lumineuses, et qui se nomment l'art, le rêve et l'imaginaire. L'oeuvre de J. M. Coetzee a été récompensée par le prix Nobel de littérature en 2003.

12/1988

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Critique littéraire

Le mariage raté de Marcel Proust et ses conséquences littéraires

Entre 1888 et 1892, Proust et Lyautey fréquentent le salon des Baignères. Proust y est le témoin de la rupture entre Louise Baignères et Hubert Lyautey, coureur de dot. En 1904, Proust, qu'on complote de marier, effectue une croisière en compagnie d'Inès de Bourgoing, veuve Fortoul. En 1907, également sur un bateau, Lyautey rencontre la même veuve, qu'il épouse en 1909. La coïncidence déclenche la logorrhée de la Recherche, palimpseste semé de calembours, féerie raillant sous mille travestissements les amours d'Hubert, le thème du " Mariage de Lioté " dans la logique de celui du Mariage de Loti. Mme Forte-Houle inspire Mme de Cambre-mer, la duchesse de Guermantes (Tangue-mer) ou Albertine Simonet (Inès Liot bat-mer). Le maréchal Li-Haut-Té donne des traits à Legrandin (Le Grand Un), Bréauté (Braies ôtées valant Lit ôté), Vaugoubert (Avait le goût d'Hubert), le roi Théodose (Dose de ôté), etc. La famille Baignères se retrouve dans les Swann (de : to swam, déclinaison de nager) ; et, du thé au lit de la tante Léonie naît le lit au thé puisque Combray signifie : Maroc-bis. Donnant une cohérence unificatrice à l'ensemble de l'œuvre, la démonstration pulvérise tout ce que l'on a écrit jusqu'à présent sur la genèse et l'architecture de la Recherche.

11/2001

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Policiers

Repentir(s)

Un double meurtre a été commis à la galerie Arts Visuels Actuels. Outre Gaston « Faby » Lessard, le propriétaire des lieux, Frédéric Fortier, lieutenant de police à la Ville de Montréal, fait partie des victimes et c'est pourquoi le sergent-détective Francis Pagliaro, de la Sûreté du Québec, est chargé de l'enquête. En interrogeant les personnes avec lesquelles Lessard avait rendez-vous dans la journée, Pagliaro réalise que le galeriste était loin d'être un enfant de chœur. De fait, les arnaques et les fraudes dont l'enquêteur apprend l'existence au fil des jours le laissent pantois, lui qui avait toujours cru en la noblesse du monde des arts visuels. Or, si les mobiles pour tuer Lessard abondent, c'est l'inverse pour Fortier, un policier près de la retraite et à la carrière irréprochable. Dès le début, Pagliaro a pris l'habitude de venir chaque soir sur les lieux du crime pour admirer les tableaux de l'exposition d'Andrew Garrison, intitulée Repentirs, ensemble de paysages et de personnages fugaces qui surgissent des palimpsestes picturaux de l'artiste peintre, mais aussi pour réfléchir sur son enquête, dont un des indices ne cesse de l'étonner : pourquoi donc l'assassin a-t-il pris soin de replacer dans son écrin la somptueuse dague, création d'une joaillière représentée par la galerie, dont il s'est servi pour semer la mort ? Le titre fait référence à une technique utilisée par les peintres lorsqu'ils veulent modifier un trait ou certains éléments d'une toile. Mais peut-on, dans la réalité, corriger les erreurs du passé ?

04/2015

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Littérature française

Le Dasein de Máire aux îles Dixie et Dorval

Le présent ouvrage fait le pari de délinéer une part de l'anthropologie de ces deux villes voisines que sont Dixie et Dorval et leur île respective. Un road movie à travers les yeux de Màire, une jeune femme un jour en exil d'elle-même, parce qu'elle n'a guère choisi le lieu de sa présence au monde. Même si elle met le cap sur l'entier bénéfice d'une bonne fortune, qu'elle sait prélever à la pointe de son Dasein, dans chacune de ses paroles, chacun de ses gestes. Le Dasein de Màire, comme une méthode, un sauf-conduit qui la met au défi de composer cette légitimité, qui n'est rien d'autre qu'un alibi et ses ancrages dans la psyché, condition de toute expression de soi, de toute vanité, de toute repaisance. Ces villes de Dixie et Dorval lui donnent carte blanche en géopoésie, pour une lecture de palimpsestes, dédouanés de leurs gangues des siècles et de leurs schémas ataviques. Màire pourra saisir ainsi les motifs du fleuve Saint-Laurent de venir s'épancher tout au long de son sentier. Pendant que s'embusquent les meilleurs assouvissements de sa pensée intime, le vent tourne sur toute l'étendue du lac Saint-Louis. Tout en haut des rivages, les oiseaux de mer dessinent le nuage de leurs ailes apprivoisées. Leurs chorégraphies viennent toucher la voile des planchistes que l'oeil des promeneurs insouciants inscrit aussitôt dans l'expérience. Les éléments convoqués, et les sens. L'esprit des lieux est sylphide, nymphe et fée, des écoliers fureteurs dans l'herbe des pistes les débusquent en courant et les font s'élever dans la rumeur.

02/2022

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Littérature française

Nos anges

Ce matin-là, un employé municipal, Augustin, découvre un nourrisson sur la décharge publique d'un quartier de Borgu-Serena. Dans ce faubourg déshérité où l'on prie Notre-Dame de la Miséricorde et raille avec volupté la police, l'ange miraculé s'installe bientôt dans les conversations, chacun commentant avidement le mystère de cette apparition, tandis que l'événement attise la curiosité de la presse, la justice diligente une enquête que les solidarités ancestrales à l'oeuvre au sein de la petite communauté locale ne tardent pas à condamner à l'échec. Loin de la ville qu'il a fuie le jour même, Augustin dresse, dans son refuge, l'amer bilan du combat indépendantiste auquel il a dédié sa vie : vingt ans ont passé et les ardents jeunes hommes jadis voués à la cause ont sombré dans la violence gratuite ou de mortifères luttes intestines. Pour le vieux militant comme pour le substitut du procureur ou les journalistes, également dépassés, l'enfant abandonné semble, de son anonyme main innocente, être venu désigner les plaies mal refermées et les abcès de fixation auxquelles un Etat impuissant et des institutions nécrosées sont incapables de porter remède. Mais ce roman incantatoire construit comme un palimpseste fait avant tout entendre le chant douloureux qui monte de ceux qu'une faillite collective condamne à subir leur existence de vivants sur le mode d'une autopsie permanente de tous leurs rêves de rédemption.

02/2014

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Psychologie, psychanalyse

Voleurs de mots. Essai sur le plagiat, la psychanalyse et la pensée

Etrange passion que celle de Freud et de ses disciples aspirant au "communisme des idées" et finissant par s'entre-déchirer pour des histoires de propriété de mots et de transmission de pensées. Surpris de rencontrer dans la psychanalyse comme chez les écrivains ces mêmes jeux avec les mots de l'autre - plagiat, palimpseste, pastiche - et ce même rêve nostalgique des greffiers du déjà dit - "copier comme autrefois" -, Michel Schneider dévoile ce qui pourtant devrait être l'évidence : le propre des mots est d'être impropres ; leur destin, d'être volés. Ou de vous voler : ne vous dérobent-ils pas à vous-même, déposant en vous des pensées insues, des réminiscences involontaires ? Sur la carte, des mots sans pays ; on laisse derrière soi la propriété littéraire - contradiction dans les termes - pour arriver à la propriété psychique, elle aussi faite de colonies, de frontières, d'invasions étrangères, de reconquêtes. Vous parlez, pensez, écrivez, vous créez ; mais ces mots que vous utilisez, à qui les avez-vous volés ? Comment dès lors situer dans une relation à deux - le transfert analytique, la passion amoureuse, l'influence intellectuelle - la propriété des mots et des pensées ? Comment discerner dans le propre de celui qui écrit, dans son identité de papier, la possession démoniaque et l'appropriation créatrice ? Le parcours, ici, est buissonnier, parfois égaré. Les questions changent en chemin, à force d'être répétées. Commençant par "peut-on être original ? " , on en vient à "de qui tenir son être, son style ? "

04/2011

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Témoins

Le Livre des trois imposteurs. Moïse, Jésus-Christ, Mahomet

"De tribus impostoribus" ou "Traité des trois imposteurs" est un ouvrage mythique parmi les classiques athéistes. Véritable palimpseste consacré aux fondateurs des trois grandes religions monothéistes – les prophètes et messies juif, chrétien et musulman Moïse, Jésus-Christ et Mahomet – il a défrayé la chronique religieuse du Moyen Age et de la Renaissance avant d'apparaître au grand jour au XVIIIe siècle sous diverses versions clandestines. Alimentant les fantasmes des inquisiteurs comme ceux des libertins, il a été attribué à de nombreux auteurs accusés d'impiété, de blasphème ou d'hérésie tels Averroès, L'Arétin, Machiavel, Erasme, Boccace, Rabelais, Simon de Tournai, Christopher Marlowe, Frédéric II de Prusse, le baron d'Holbach, Spinoza, Hobbes et bien d'autres. L'auteur anonyme, présumé être Jan Vroese, qui fit imprimer la version reproduite dans cette édition, renvoie dos à dos Yahveh, Dieu et Allah, accusant leurs disciples d'avoir purement et simplement abusé de la crédulité de leurs contemporains. Dénonçant les croyances irrationnelles et les dogmatismes des églises, il s'attache à démontrer que toutes les preuves de l'existence de Dieu sont fausses ou ridicules. Même si certains de ses arguments peuvent aujourd'hui paraître dépassés par les progrès de l'exégèse et de l'archéologie biblique, le "Livre des trois imposteurs" n'en reste pas moins un témoignage précieux sur la libre-pensée et la critique de l'oppression religieuse du Moyen Age à nos jours. Son audace sent encore le soufre.

02/2024

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Critique littéraire

Âmes et visages Tome 1 : Âmes et visages, XIIIe-XVIIIe siècle

Le portrait, tel que l'entend Suarès doit rivaliser avec le roman ou le drame. "Le premier, j'ai traité les paysages et les villes comme des caractères ; et j'en ai fait des portraits analogues aux portraits d'hommes". "Caractères", le mot revient sans cesse, pour susciter l'élan créateur. Un portrait de Suarès est une peinture en mouvement. Il s'agit d'exercer un pouvoir de résurrection à la manière d'un Michelet ou d'un Balzac, deux sources de sa "mise en scène". Pour nourrir sa fresque, Suarès puise dans une culture admirable, l'une des plus complètes de sa génération, y compris les sciences. Voilà les règles pour "vivre en abeille sur les pentes du Parnasse", tout en gardant l'instinct, miraculeux, d'une lecture fraîche des oeuvres, débarrassées des systèmes et des dogmes. Suarès paraît même un ancêtre de la critique textuelle ! "Nature, infini palimpseste : mais il doit y avoir un texte là-dessous. Il doit y avoir un sens à ce texte, Quel doute est-ce là ? Un sens, tu veux un sens ? Donne-le lui". Les options de Suarès sont toujours d'un poète : "Dans un artiste réellement vivant, il y a dix et vingt hommes, cent même s'il dure, tout divers, plusieurs contraires entre eux, fussent-ils parents, qui viennent au jour les uns après les autres". Ne croirait-on pas lire déjà Pessoa ? "J'ai cent vies à tenter", et cent vies sont nécessaires pour visiter toutes ces âmes auxquelles Suarès prête à profusion les multiples facettes d'un génie protéiforme.

11/1989

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Littérature étrangère

Les vertus de l'oiseau solitaire

Après une parenthèse autobiographique (Chasse gardée en 1987 et les Royaumes déchirés en 1988), Juan Goytisolo revient au roman avec les Vertus de l'oiseau solitaire. S'appuyant sur l'oeuvre de saint Jean de la Croix et des poètes soufis, l'auteur-narrateur entreprend, à travers époques et espaces discontinus, une quête qui le mène du paradis perdu à l'Eden retrouvé. Sans cesse fluctuant, entre de multiples niveaux référentiels - depuis les affinités de la mystique d'Espagne et d'Orient jusqu'au tableau visionnaire de l'Inquisition et des dogmatismes à travers les siècles, en passant par l'évocation de la maladie-" fléau " de notre monde actuel -, le texte de Goytisolo se veut transgresseur, hérétique. Car dans le langage de cet " oiseau solitaire ", comme dans celui du " Cantique Spirituel ", la transparence du mot cache une énigme insoluble. Le sauna d'une impasse parisienne délabrée est-il le Saint des Saints ? Les lutteurs turcs dans une clairière figurent-ils l'extrême jouissance ou l'union de l'âme avec Dieu ? L'hôpital-prison psychiatrique serait-il le plus court chemin pour parvenir au Lotus du Terme et ses doux rivages ? Porté par cette narration sinueuse et simultanéiste, le lecteur accède ainsi aux mystères du sens et des sens, conjonction du sacré et de l'érotisme dans l'écriture. Grâce à ces vertus traumatisantes où se mêlent à la manière d'un palimpseste poésie, satire et ironie, l'Oiseau solitaire de Juan Goytisolo constitue un apport de premier plan à la révolution permanente du roman contemporain.

09/1990

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Histoire régionale

Le peuple du Larzac. Une histoire de crânes, sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, ouvrières, militants, touristes et brebis...

En 1971, un plateau du sud de l'Aveyron inconnu de la majorité des Français, le Larzac, surgit dans l'actualité. Un projet d'extension du camp militaire est alors le théâtre d'une contestation menée par une centaine de paysans. Formidable laboratoire de nouveaux modes d'action, objet de convergence de luttes pendant une décennie - celles des agriculteurs, celles de la non-violence et de l'autogestion, celles également de l'Occitanie et de l'écologie - le Larzac devient un symbole de la résistance contre l'arbitraire politique. Ces événements ne constituent pour autant qu'une partie de l'histoire de ce lieu désertique. En proposant une approche de longue durée de ce plateau calcaire, qui s'ouvre par les traces des premiers peuplements, progresse de siècle en siècle, de l'occupation romaine à l'installation des Templiers, du développement de l'industrie du cuir à celle du fromage de Roquefort, du campement des soldats réservistes au camp d'internement des membres du FLN pendant la guerre d'Algérie, c'est un peuple du divers qui apparaît au fil des pages. Un peuple composé d'humains et de brebis, de sorcières et de potiers, de bergers et de paysans, d'ouvrières et de soldats, de prisonniers et de militants... La perspective d'histoire profonde adoptée ici montre que ce territoire-palimpseste fut tout au long de son histoire un lieu d'invention collective, une invention nécessaire pour habiter le monde et faire communauté, pour garder intacte la perspective d'une vie plus libre, solidaire et égalitaire.

05/2021

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Littérature étrangère

Le livre des paraboles. Un roman d'amour

Vient un âge où ce qu'on a gardé secret réclame d'être exprimé, où ce qu'on avait promis de taire est libéré de toute contrainte, où la proximité de la mort vous rapproche de vos devanciers, où les vieux amis - ceux de votre génération - un à un traversent le fleuve et, tel un choeur antique, vous pressent : "Raconte-nous la vie ! raconte l'essentiel !" De quoi leur parler, sinon d'amour ? "Ecris une lettre quand je serai morte", lui avait enjoint cette femme par qui il accéda au lieu intime et éprouva soudain sa liberté face aux prescriptions naïves ou coercitives du Livre saint. Mais écrire sur cette rédemption personnelle, c'est aussi faire surgir d'autres énigmes dans le sillage desquelles le chien renifle sa propre odeur. Voilà pourquoi ce récit, autant qu'une autobiographie prolongeant Une autre vie (Actes Sud, 2010), semble un palimpseste de questions posées à la mémoire, un texte hanté d'obsédants souvenirs baignés d'une clarté hallucinatoire et interrogés avec toute la sincérité d'une confession sans faute. En tout cas sans celle d'écrire qui, plus encore que le désir, aura sans doute été, aussi loin qu'on remonte, la plus dangereuse. Au carnet à demi brûlé qui recelait les poésies d'amour inventées ou copiées par le père mort manquent les neuf premiers feuillets. Et peu importe de ne pas savoir ce qu'ils contenaient, ni par quelle main et en vertu de quel interdit ils ont été arrachés. Il faut ici neuf paraboles pour aimer ce qu'on ne lira jamais.

09/2014

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Poésie

Ciel et lacs. Anthologie de poètes de Varmie-Mazurie

L'anthologie présente plus largement des poètes nés dans les années 50 et au début des années 60, poètes qui dans les années 90 ont entrepris d'écrire une nouvelle poésie humaniste, car ce sont eux qui montrent le mieux le palimpseste des vies humaines et les aspects multiculturels de la région désormais appelée Varmie et Mazurie dans le contexte de leur l'histoire, de leurs existences individuelles et collectives, dans les représentations de la nature. Cette sensibilité au multiculturalisme comme héritage a invité la plupart d'entre eux à des voyages et des expéditions suprarégionaux (c'est le cas de Miroslaw S?apik, de Wojciech D. Darski, K. Brakoniecki). Cette poésie a toujours conservé une dimension humaniste, ouverte sur le monde : elle est fortement marquée par l'esprit du lieu, par la petite et la grande histoire, mais néanmoins par la culture universelle et toute la sensibilité qu'elle véhicule (par exemple, Tamara Bo?dak-Janowska, Wojciech Kass, Marcin Cielecki). Certes, il y a dans l'anthologie et d'autres tempéraments poétiques, plus lyriques et subjectifs (Marek Bara?ski, Krzysztof D. Szatrawski, Piotr Piaszczy?ski), mais la caractéristique générale de la présente anthologie, selon nous, est l'authentique voix d'un homme qui se situe dans un monde concret, géographique et historique, un monde mental qui contribue à éclairer sur ce qui constitue l'essence de l'Homme, du Pays, de la Terre, du Cosmos. Le véritable voyage est aussi un voyage vers l'intérieur et l'extérieur à la fois, fondement de la richesse de l'Homme ouvert à l'Autre, à ce qui est lointain et proche à la fois.

10/2019

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Poésie

Oeuvres Poétiques. Tome 1, Voir est vivre - Poèmes et petites proses (1985-2021)

Suffira-t-il avec la poésie d'inventer une langue nouvelle qui dira les hommes égaux ? L'enchaînement des poésies et des petites proses de ce premier volume est un parcours dans la langue du poète, une manière de marcher à ses côtés, à travers les pays du monde. Ce premier volume des Ouvres Poétiques de Joël Vernet contient des textes inédits et une édition révisée des ouvrages suivants parus entre 1985 et 2009 qui inaugurent sa langue de poète au rythme et à la musique singuliers découverts par le grand public dans ses Carnets du lent chemin en 2019 : - J'ai épuisé la ville, Laurent Debut, 1985 ; - Rendu au jour, collection Le Portefaix, Poésie-Rencontres, 1991 ; - A demeurer ainsi au bord d'un soir, accompagné de six gravures originales de Marie Alloy, Editions du Palimpseste, 1991 ; - Cri de pierre, Jean-Marc Scanreigh, 1997, réédité aux Editions La Part des Anges, 2003 et La Part commune, 2008 ; - Fatigue éblouissante, avec des dessins de Jean-Gilles Badaire, Les Editions du frau, 2019 ; - La mort est en feu, La Peur et son éclat et L'enfance est mon pays natal, avec des peintures de Jean-Gilles Badaire, Cadex, 1995 ; - Quand la mer roule vers le soleil, accompagné de six photographies de Julie Ganzin et d'une partition de Xu Yi, Editions de l'eau, 1998 ; - Gao sans retour, Librairie française de Venise, 2004 ; - A qui appartient le soleil ? , accompagné de dessins et de gravures d'Anne Petrequin, Les Petits classiques du Grand pirate, 2005 ; - Voir est vivre, avec un frontispice de Jean-Gilles Badaire, collection Carnet des sept collines, Jean-Pierre Huguet, 2009.

03/2023

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Esotérisme

Les Secrets Alchimiques de Montpellier

Chaque ville est bâtie sur le mystère de sa fondation. Une donation, ou une fausse donation comme les moines en fabriquaient par centaines, nous apprend que Montpellier aurait été créé en 985. En effet, le comte de Melgueil aurait fait un don au sieur Guilhem d'un lieu où demeurait un certain Amalbert. Depuis lors, ce sieur Guilhem, jusque-là parfait inconnu de tous, n'ayant ni titre ni conjoint devint l'ancêtre de tous les seigneurs de Montpellier. Était-il apparenté à Guihem, comte d'Orange devenu saint Guilhem ? Qui était ce premier habitant, le nommé Amalbert? Nul ne le sait. Après cet acte capital, cette origine obscure, les documents sont devenus rares et toujours incertains dans la mesure où fleurissaient les palimpsestes. Devant l'incertitude des écrits, on ne saurait déceler le secret de la ville qu'en interrogeant ses vieilles pierres... Où en faisant parler les sculptures à partir de l'analogie. Par exemple, un corps nu féminin désigne en réalité une cornue... De la matière œuvrée par l'alchimiste s'élève alors un langage étincelant qui éclaire sourdement le fond des âges, où se profilent les ombres séculaires des mythologies et les silhouettes courbées des vieux maîtres médecins et alchimistes. Ainsi défilent dans ce clair obscur auréolé de l'énigme alchimique, Arnaud de Villeneuve, François Rabelais, Nostradamus, Jacques Cœur, Pierre-Jean Fabre et bien d'autres encore...L'empreinte de ce savoir fut confiée à la pierre. Livre ouvert mais invisible aux yeux des Montpelliérains devenus inattentifs par l'accoutumance et aussi une certaine méconnaissance liée à la mentalité de notre siècle. Cet ouvrage vous guide, vous révèle et vous décrit l'esprit le plus intime de la ville, son expression dans la matière animée. Partez à la découverte du message immortel de la vieille citée Languedocienne, message qui dépasse la seule ville pour rayonner sur toute l'Europe comme le fit jadis Prague sous le règne de l'Empereur alchimiste Rodolphe II.

10/2009

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Beaux arts

Webern, Fourier et Butor selon Pousseur

Prendre l'utopie comme clé de lecture de la polétique du compositeur belge Henri Pousseur (1929-2009) permet de pointer un aspect trop souvent absent des commentaires habituels à son propos, et qui, pourtant, ne pouvait qu'interpeller l'observateur : la récurrence de l'association des modèles wébernien et fouriériste. Ma démarche, moins musicologique qu'anthropologique, s'appuie sur les éléments inédits recueillis lors du séjour d'Henri Pousseur en Corse, à mon invitation à l'Université en 1987, et associe étroitement Michel Butor, avec qui il a partagé une certaine conception de la création et du rôle politique de l'art. La création est politique parce qu'utopique ou bien politique parce qu'utopique, dès lors qu'il y analogie entre les systèmes d'oppression et de subordination, qu'il s'agisse de peuples, d'expressions ou de productions artistiques. On ne peut pas prôner une démocratisation de l'art sans militer pour une société dé-chaînée. Et inversement. Formulée sous cet angle, la question du faire rendait indispensable une relecture de l'histoire de la musique de l'après-guerre dans sa relation très ambiguë à l'héritage, l'histoire, bien sûr encombrée de chefs-d'oeuvre, étant surtout un process auquel chacun d'entre nous peut prendre part, où qu'il soit, puisqu'elle est à la fois palimpseste et palindrome. En même temps, elle exigeait une autre approche esthétique du musical, plus anthropologique que musicologique - puisqu'elle incluait désormais d'autres identités culturelles -, en tout cas utopique, parce que profondément politique. Quatre personnages sont désormais interactifs dans le parcours ici proposé, où l'utopie est envisagée non comme système, mais comme quelque chose qui n'a pas eu lieu pour l'instant, quelque chose de non-encore-advenu.

06/2019

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Histoire ancienne

Corpus Christianorum - Lingua Patrum. Volume III : Les traités orthographiques grecs antiques et byzantins

Ce livre donne, en trois parties chronologiquement ordonnées, une description historique des traités orthographiques byzantins. La première partie est consacrée aux ouvrages paléobyzantins. On y met en évidence la tradition complexe des traités de Timothéos de Gaza et de Jean Charax. La comparaison des quatre traités identifiables permet d'apprécier leur homogénéité, et d'y reconnaître le reflet des traités antiques perdus. La deuxième partie étudie divers ouvrages qui figurent parmi les sources de l'Etymologicum Genuinum. L'auteur montre que les Canons de Théognostos constituent bien pour l'essentiel une adaptation du traité prosodique d'Hérodien. Il a pu repérer deux nouveaux manuscrits de l'Orthographe de Choiroboscos, et apprécier l'importance de cette oeuvre parmi les sources de l'Etymologicum Genuinum. Dans la troisième partie sont étudiés les répertoires qui utilisent l'Etymologicum Genuinum (ou Etymologicum Magnum) et ces deux avatars du lexique de Diogénianos que sont le lexique d'Hésychios et le Lexicon Ambrosianum. L'auteur a reconnu l'importance de deux manuscrits des Herodiani Partitiones négligés jusqu'à présent, montré la permanence dans les Herodiani Partitiones et dans les répertoires qui leur sont apparentés de la tradition analogique antique, et aussi étudié des ouvrages moins scientifiques et plus pédagogiques encore inédits. La conclusion récapitule ce qu'on peut dire aujourd'hui des traités antiques perdus, en particulier de celui d'Hérodien, et on y récuse l'attribution à Hérodien du palimpseste de Leipzig. L'index des manuscrits ne se borne pas à reprendre les manuscrits utilisés dans le livre, puisqu'il mentionne plusieurs ouvrages orthographiques exclus de la présente étude, et que pour les ouvrages étudiés il apporte des compléments. Les manuscrits consultés, directement et en reproductions, sont au nombre de cent cinquante.

03/1999

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Critique littéraire

Alexis Léger dit Saint-John Perse

Cette première véritable biographie de Saint-John Perse réunit enfin ce qui a été séparé par Alexis léger lui-même, la vie du diplomate et celle du poète. le lecteur qui ouvre sa Pléiade ne peut en effet qu'être fasciné par une série de contradictions. le poète y affirme l'irréductibilité de l'œuvre au fait historique, mois multiplie les confidences biographiques. II se targue de son premier rifle dans la conduite de la politique étrangère de son temps, mois s'exonère du naufrage à quoi elle a abouti. Le lecteur découvre une vie dont il pressent Io port romanesque et qui méritait d'être réécrite. Il a fallu, pour relever ce défi, mener une longue enquête, rétablir les faits dissimulés, reconstituer le perpétuel palimpseste du diplomate, qui effaçait ses traces à mesure qu'il révisait sa politique pour donner le sentiment qu'elle était immuable. Les mystifications d'Alexis ne sont pas seulement un rideau de fumée à dissiper. Elles permettent de plonger l'individu dans le bain de son époque et offrent la garantie, en s'intéressant à une personne, de connaître une société. Épris de puissance et de gloire, le secrétaire général du Quai d'Orsay a voulu la conférence de Munich, pour le bien de la France et celui de sa carrière. II a bataillé secrètement contre de Gaulle, en espérant rafler la mise, à la libération, ove( le soutien de l'Amérique, où il s'était réfugié. Le poète a œuvré avec sa science de diplomate, fort de ses réseaux, pour obtenir le prix Nobel de littérature. Renaud Molli, avec cette biographie totale, offre une relecture passionnante d'un destin qui se voulait exemplaire sans se dévoiler, et d'un prophétisme qui se prétendait infaillible malgré le désastre de 1940.

10/2008

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Littérature française

Des nouvelles de l'amour ?

On dit que l'amour gouverne le monde, ou bien on veut le croire, mais qu'est-ce qu'il s'y prend mal ! On tangue, on roule, on a le mal de mer, le vertige des profondeurs, l'ivresse du voyage. On est coulé, on se noie ou on surnage, nos vies sont des croisières et des naufrages... Bref, c'est l'amour dans toutes ses dispositions qu'on lira ici. Celui qui s'écrit en testament ou palimpseste, en cyrillique et calligraphes, au goût du jour pour des vedettes, ou « des histoires comme la nôtre, de celles qu'on n'écrira jamais », le coup de folie-feu de paille ou le platonique qui s'entête... Que l'on soit sage ou fou, gamin ou tête blanche, consentant ou réfractaire, bête ou poète, c'est le même sentiment qui donne à la vie la couleur que l'on aime tant. Et pour respirer ce parfum subtil ou entêtant, cette musique légère ou dramatique, ces couleurs vives, leurs transparences... De l'Amour, en voici des... nouvelles ! Tout le monde a quelque chose à dire sur l'amour, mais l'écrire peut être un défi, relevé avec humour ou sérieux, dans ce recueil polyphonique, qui, évidemment, n'épuise pas le sujet ! Douze auteurs, douze variations sur un même thème, et autant de sensibilités et d'approches pour tenter de cerner ce qui fait de nos vies des montagnes russes, pour le pire comme pour le meilleur. Exploratrice de l'écriture, ex-professeur de lettres, l'auteur aborde différents types d'écrits : témoignage, nouvelles, roman. Ici, elle cède aux muses de la poésie contemporaine sans règles fixes, facile… à lire, et au dessin d'aquarelles figuratives à feuilleter.

09/2014

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Littérature française

Zone

Par une nuit décisive, un voyageur lourd de secrets prend le train de Milan pour Rome, muni d'un précieux viatique qu'il doit vendre le lendemain à un représentant du Vatican pour ensuite - si tout va bien - changer de vie. Quinze années d'activité comme agent de renseignements dans sa Zone (d'abord l'Algérie puis, progressivement, tout le Proche-Orient) ont livré à Francis Servain Mirkovic les noms et la mémoire de tous les acteurs de l'ombre (agitateurs et terroristes, marchands d'armes et trafiquants, commanditaires ou intermédiaires, cerveaux et exécutants, criminels de guerre en fuite...). Mais lui-même a accompli sa part de carnage lorsque la guerre en Croatie et en Bosnie l'a jeté dans le cycle enivrant de la violence. Trajet, réminiscences, aiguillages, aller-retour dans les arcanes de la colère des dieux. Zeus, Athéna aux yeux pers et Arès le furieux guident les souvenirs du passager de la nuit. Le train démarre et, avec lui, commence une immense phrase itérative, circulatoire et archéologique, qui explore l'espace-temps pour exhumer les tesselles de toutes les guerres méditerranéennes. Car peu à peu prend forme une fresque homérique où se mêlent bourreaux et victimes, héros et anonymes, peuples déportés ou génocidés, mercenaires et témoins, peintres et littérateurs, évangélistes et martyrs... Et aussi les Parques de sa vie intérieure : Intissar l'imaginaire, la paisible Marianne, la trop perspicace Stéphanie, la silencieuse Sashka... S'il fallait d'une image représenter la violence de tout un siècle, sans doute faudrait-il choisir un convoi, un transport d'armes, de troupes, d'hommes acheminés vers une œuvre de mort. Cinquante ans après La Modification de Michel Butor, le nouveau roman de Mathias Enard compose un palimpseste ferroviaire en vingt-quatre "chants" conduits d'un seul souffle et magistralement orchestrés, comme une Iliade de notre temps.

08/2008

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Sociologie

La division du travail revisited. Vers une théorie sociologique de la justice

Avons-nous (vraiment) bien lu Durkheim et bien saisi toute la radicalité de son geste fondateur de la discipline sociologique ? A lire Anne Rawls, et relire avec elle De la division du travail social, rien n'est moins sûr. Peut-être alors le temps est-il venu, cent ans après la mort de Durkheim, de faire revivre ce texte inaugural. Telle est l'invitation du présent ouvrage. Textes à l'appui. La contribution de la sociologue américaine peut être lue comme une nouvelle préface à l'édition originale de La division du travail social. A ce titre, Durkheim lui aussi et tout autant l'auteur du présent livre, notamment par la publication de sa longue introduction oubliée de 1893. Plus encore, tel un palimpseste, orage convoque tout un ensemble d'auteurs contemporains pour esquisser à l'ombre de l'histoire officielle, une histoire en quelque sorte clandestine de la sociologie, attentive à la créativité des pratiques sociales et à la morale propre aux interactions. Pour autant, cette invitation à découvrir un autre Durkheim, jamais lu (ou presque) - à relire cette Division du travail social revisited -, n'intéressera pas seulement les sociologues, mais aussi les philosophes. En effet, un autre texte s'enchâsse dans cette intrigue, la fameuse Théorie de la justice de John Rawls, le père de l'auteur. Car ce qui est avant tout en jeu dans cette relecture de l'ambition sociologique durkheimienne, c'est aussi et surtout sa dimension politique et toute sa pertinence aujourd'hui pour penser les formes et les conditions d'une société juste. Cette audacieuse lecture de l'oeuvre de Durkheim ne manquera pas de susciter des réactions contrastées tant elle bouscule bien des interprétations convenues de la sociologie durkheimienne. Voire de la sociologie tout court. Elle invitera par ailleurs les philosophes à nouer un dialogue renouvelé entre science sociale et philosophie morale et politique.

03/2019

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Littérature française

Jusqu'où va ta nuit

La poésie est cette effraction du Poète en direction de ce qui le dépasse : pur geste de donation, constante oblativité. Et de quoi nous fait-il l'offrande ? Mais de son propre corps en même temps que de celui de la poésie : sang, lymphe, larmes, chair ductile infiniment disponible. Car il ne saurait y avoir d'œuvre sans cet arrachement à soi du Voyant, sans cette participation des Voyeurs au banquet auquel ils sont conviés. La chair, les Voyeurs la manduquent jusqu'à sa dernière fibre, les mots ils les déglutissent, les métabolisent afin que ces derniers fassent sens, qu'ils parlent à l'intérieur de leur âme, fécondent leurs esprits, insufflent dans leurs corps l'espace de compréhension dont leur existence doit se tisser afin de se soustraire au silence, à l'occlusion, à la perte qui, toujours menace et frôle l'abîme. Oui, l'essence du poème est tragique, pareillement à la solitude de l'homme. Voyez les poètes maudits, Rimbaud, Verlaine, Baudelaire. Le poème est un cri en direction du ciel qui, longtemps retentit sur l'arc de la conscience. Le poème est une urgence à dire ce qui tisse, en soi, la toile du vertige, qui fait éclater la bogue des affects, se distendre la peau vive de l'intellect. Il y aurait douleur à trop longtemps contenir tous ces flux, ces rythmes, ces tensions dont on est habité et qui fusent à la vitesse des comètes. Alors on écrit les ronces floues oblitérant le regard, le frémissement des déraisons, les errances sur des chemins d'abandon, les corps devenus fragiles, les heures brisées des silences. On écrit son corps-palimpseste comme si, jamais, il ne devait revenir de cet exil qu'est l'écriture. "Jusqu'où va ta nuit", identique à une subtile métaphore ouvrant les rives de l'art nous convie à un tel voyage. Un enchantement !

06/2014

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Photographie

Fisheye n°58 : Équilibre - Mars 2023

Ce numéro de printemps célèbre plusieurs anniversaires et met en avant un cahier central entièrement en noir et blanc. Si les 10 ans de Fisheye s'affichent en quatre par trois dans les couloirs du métro parisien en exposant une dizaine d'artistes publiées dans le magazine depuis le début de l'aventure, on trouvera aussi, en avant-première, un focus sur le quotidien Libération qui, lui, fête ses 50 ans avec un superbe livre et une exposition à venir. On célèbre un autre cinquantenaire avec l'édition d'un ouvrage sur Diane Arbus, disparue il y a un demi-siècle. Enfin, ce 24 février - alors que ce numéro est en impression - marque le premier anniversaire de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Michel Slomka et ses images satellites en noir et blanc nous conduisent à réexaminer les Topographies de ce pays scarifié. Le noir et blanc s'étend à l'ensemble des portfolios de ce numéro, avec une sélection particulièrement éclectique. Outre les "paysages inversés" dudit Michel Slomka, on découvrira les Humeurs belges de Jacques Sonck qui croque depuis des années ses compatriotes dans les rues de Bruxelles, Namur et Gand avec une malice teintée de surréalisme. Sur un tout autre registre, Bastiaan Woudt compose de superbes images de mode dans lesquelles la lumière lui sert à cacher pour mieux révéler. Lucie Hodiesne Darras s'est, elle, attachée à rendre compte au plus juste de la vie quotidienne de son frère Lilou, atteint d'autisme, dont elle fait une rockstar. Un travail qui s'accompagne d'un livre aux éditions Fisheye. On trouve chez Sophie Gabrielle un univers intriguant qui explore ses peurs indicibles sur le cancer et la maladie, une manière "intime et universelle" de traduire ce qu'elle ressent. Enfin l'Histoire est de nouveau présente à travers le Palimpseste bulgare de Martin Atanasov qui n'hésite pas, à travers ses collages, à composer des télescopages critiques qui nous questionnent notamment sur le matérialisme et l'amnésie de notre époque. Sans oublier nos autres rubriques, nos coups de coeur ainsi que nos sélections de livres et d'expositions qui devraient vous aider à garder l'oeil ouvert, vif et curieux.

03/2023

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Thèmes photo

Natures

Entre l'homme et la nature se tissent des liens indicibles, mystérieux, puissants. Le paysage, plan large ou plan serré, en présente d'innombrables traces, que la photographie révèle. Elle nous aide à déchiffrer le palimpseste du visible, à déceler dans le fouillis de la forêt de symboles chantée par Baudelaire un sens, une harmonie, une écriture. Le livre se présente comme une succession d'univers (la rivière, le marais, l'arbre, la terre, la mer, la montagne) dont l'exploration sollicite non seulement le regard, mais la mémoire la plus intime de chacun. Les photographies de Jean-Luc Chapin se construisent dans la contemplation des lumières d'hiver, des berges qui s'étirent sous le ciel plombé, des flaques lumineuses dans des crépuscules de suie, des plages de vase où des oiseaux ont laissé leurs empreintes, des marnes incertaines dans les lueurs de fin - ou de début - du monde : l'aube des formes. Elles cherchent les premiers tremblements de la vie, le contact avec la matière. L'anecdote n'y a pas sa place. Dans chaque partie alternent les visions larges et les détails dont sont faits les vastes paysages : végétaux, animaux, traces dans la terre molle, écorces, reflets... La marque du vivant recherchée dans l'inerte, la photographie faisant apparaître les indices de son émergence. La marque nette d'une patte d'oiseau peut être lue comme un idéogramme, de même que les graffiti gravés voici deux siècles dans l'écorce des hêtres, déformés par le temps, dessine sous nos yeux une écriture nouvelle. Les photographies sont en noir et blanc, travaillées en argentique. Les pages s'ouvrent sur le secret de correspondances imprévues. Le livre propose un récit, indique des passages d'une photo à l'autre, d'une page à l'autre, d'un chapitre à l'autre : le langage du monde. Les textes de Jean-Marie Laclavetine accompagnent cette méditation en images, sans les commenter mais en proposant un rythme, une musique, suivant l'itinéraire rêveur jalonné par les photographies - la "voix native" dont parle Muriel Barbery dans sa préface, où elle compare natures aux rouleaux de la Chine ancienne qui illustrent " la profonde solidarité de la nature et des signes".

11/2017

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Revues Ethnologie

Études corses n°86-87. Du foncier pour quoi faire ? Les enjeux fonciers contemporains de la montagne méditerranéenne

Revue de l'Association des chercheurs en sciences humaines (domaine corse) Extrait de l'introduction : [... ] les chercheurs sont appelés à élargir leur regard pour passer d'une approche strictement agronomique des réalités montagnardes (le fameux système agro-sylvo-pastoral, qui est fortement rappelé dans certaines approches proposées dans ce numéro) à une vision plus large, où la question du contrôle de l'espace et de ses aménités tient compte à la fois de l'histoire agraire et des potentialités, voire des tensions, nées des nouveaux usages. Sommaire Du foncier pour quoi faire ? Les enjeux fonciers contemporains de la montagne méditerranéenne - Introduction - J. Ch. Paoli, G. Vianey, S. Koutsou I - Délaissement des espaces montagnards et rupture de la complémentarité pentes/plaine - Les zones "? montagneuses ? " dans les espaces littoraux : l'exemple de la Balagne) fin XVIIIe - début XXe ? siècle) - L. Castellani - Entre montagne et espace méditerranéen, un entre-deux à l'origine de la "? théorie du piémont ? " - E. Fabre - Dynamique et palimpseste des droits de propriété et d'usage des terres pastorales en Albanie, l'exemple de Dukat - A. Garnier, O. Crouteix - La place de la montagne dans le développement du pastoralisme corse : l'action publique en faveur des territoires d'estive- J. -P. Dubeuf, J. -M. Sorba II - Perméabilités des droits fonciers, imbrication des droits. - Indivisions et micro-parcellaires : désordre ou opportunité pour l'agriculture de pente ? -G. Vianey, J. Ch. Paoli, P. Santucci - Politique foncière et mobilisation territoriale dans le Verdon : un exemple de recomposition du pouvoir local autour des enjeux fonciers - J. -B. Chabert - Participation sociale dans des espaces communautaires en régression. Le cas des forêts de voisinage en main commune en Galice - R. C. Lois-González, D. Cidrás, V. Paül - Les enjeux des pratiques foncières dans la montagne libanaise - R. Chidiac - Dynamiques foncières et problématiques de développement des territoires ruraux de montagne en Tunisie. Une analyse géohistorique depuis le jbel Bargou - N. Rebaï et M. Swayhi III- Reconquérir des espaces pour restaurer des usages agricoles. - Dynamique des systèmes ovins et caprins laitiers corses et "? problème ? " foncier corse - J. Ch. Paoli, M. Oberlin, M. Serpentini - Exploration des conditions de remise en culture d'un espace morcelé et délaissé : le cas des Granges Saint-Paul à Menton (France) - F. Lorenzi - Conjuguer dynamique de filière et projet de territoire au service de la mobilisation foncière. L'exemple de la reconquête de la châtaigneraie ardéchoise - O. Audibert, C. Demene, G. Vianey - Mieux caractériser les espaces vides : un enjeu pour un aménagement durable du territoire. - Application à la commune de Corte, Centre Corse - C. Tafani, S. Diaz, V. Venturini - Dalla capanna all'azienda. Nuovi dispositivi per lo spazio rurale in

01/2023

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Poésie

Habiter bouche bée

Une fenêtre ouvre ce livre et en accompagne le cours, tout au long des cinq variations qui le composent ; ou le mettent à jour. Fenêtre d'une salle de classe ouverte sur la cour de récréation, d'où parviennent les voix du dehors, les cris, les hautes branches des arbres dans l'ouverture. Entre engourdissement et brusques échos monte ici le sentiment de présence au monde, au langage des autres et à la sensation "d'être en multitude" reprise au poète américain George Oppen. Fenêtre-cadre, qui ouvre sur les lieux de partage des jeux et des souvenirs, des images et des oiseaux, des mouvements de l'eucalyptus dans le jardin. Cette idée d'habiter par le langage et la sonorité, d'habiter aussi bien le temps que les esapces porte cet Habiter bouche bée, qui en étudie la desquamation dans la mémoire à travers les écorces détachées des arbres. Fenêtre numérique d'une image en fond d'écran qui, à force de réactiver le présent par l'observation de ses détails - le jour, le jardin, la terrasse, la chaise, le pin - se fait aussi fond d'écran d'une vie. Le regard dérive de point en point, réinvente un mouvement à partir d'une image immobile, en recrée la fluidité temporelle par la fluidité du langage. L'homme est pour Yann Miralles une "interface" , "incrustée d'images de paroles" , c'est-à-dire un support sensible aux stimulations du monde dont l'auteur oeuvre à rendre sa profusion de voix familières, d'odeurs de vacances, de châteaux de sable sur la plage et de nuits d'été. Geste d'une épopée intime que chacun traverse de façon réversible et une façon d'habiter "indéfiniment" les instants. Livre porteur de "tas de trajets possibles" , qui porte la nécessité d'être présent à sa propre vie, par "association, surimpression, palimpseste" , mouvements chers à l'auteur qui laisse dans ses livres toujours une place au surgissement du réel. Réel comme barrage d'abord, barrage d'hommes et de femmes aux ronds-points, et cette fenêtre de voiture que l'on hésite à fermer au passage. Sorti de la fluidité des images intimes on achoppe sur le réel, la dimension collective du monde, l'histoire qui nous traverse, à laquelle on appartient et dans laquelle on doit malgré tout avancer bouche bée, le corps devenant en fin de course plus qu'une interface, un "carrefour" . Yann Miralles s'essaie ici à une parole glissée dans le flot du monde, qui essaie de "parler avec tout ça" : les images, les souvenirs, les mots, les arbres, les cris, le coeur, et tout ce qui reste hors champ, la vie même, "la vie qu'on ne voit pas et qui donne des yeux" .

03/2023

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Musées français

L'oeil vérité. Le musée au second degré

L'oeil vérité Le musée au second degré Parcours de la collection du MAC VAL 256 pages 190 reproductions Format : 21 x 17 cm Broché, sous jaquette toilée Textes : Marie Castaing, Florence Cosson, Béatrice Joyeux-Prunel, Céline Latil, Anaïs Linares, Ilan Michel, Margaut Segui, Nicolas Surlapierre Graphisme : Lisa Sturacci Editions du MAC VAL ISBN : 978-2-900450-17-8 Office : 18 août 2023 15 euros Sous le signe de Gérard Genette et de son ouvrage Palimpsestes. La littérature au second degré (1982), cette nouvelle présentation de la collection du MAC VAL a souhaité répondre à une demande : l'envie de retrouver des oeuvres qui, pour la plupart, n'avaient pas été montrées depuis l'ouverture du musée en 2005. Il est rapidement apparu qu'il était possible d'écrire à partir d'elles, selon une unité de temps et de lieu, une histoire de l'art contemporain en France. Tous les artistes qui ont participé de cette histoire ne sont pas forcément conservés au musée, toutefois les principaux s'y retrouvent. Entre la première oeuvre de ce parcours et la dernière, il est également possible de voir que la distinction entre art moderne et contemporain ne s'est pas faite immédiatement, contrairement à ce que les historiennes et les historiens de l'art ont pu dire en avançant la date un peu trop commode de 1945. Cette nouvelle présentation est aussi le récit d'une distinction et d'une construction critique et historienne. Il s'avère qu'en suivant les mouvements, cet accrochage relate les différents débats qui ont servi pour établir des signes distinctifs entre moderne et contemporain. Ce nouvel opus offre une réflexion sur le passage entre un art moderne, traditionnellement défini en rupture, et un art contemporain qui ne se satisfait pas simplement de ce prérequis. Ce n'est donc plus simplement des notions historiques ou chronologiques, mais une nouvelle relation aux problématiques. Dans le sillage de l'exposition mythique Responsive Eye (1965) ou plus proche de celle L'oeil moteur (2005), plutôt que de structurer l'accrochage de la collection en donnant le nom des mouvements, l'oeil a été choisi comme dénominateur commun : l'oeil retors, l'oeil abusé, l'oeil imprévisible, l'oeil attendri, l'oeil pilote... Chaque partie de l'exposition sera ponctuée de contrepoints qui, parallèlement au profil historique, affirmeront que ce ne sont pas les oeuvres qui sont post-modernes mais l'accrochage qui assume son caractère presque citationnel. Il essaye de reconstituer ce que pourrait être désormais un musée d'art contemporain modèle, une sorte de "musée témoin" , vestige d'une histoire de l'art clé en main. Commissariat général : Nicolas Surlapierre. Exposition au MAC VAL à partir du 8 juin 2023. Avec les oeuvres de Gilles Aillaud, Arman, Geneviève Asse, Martin Barré, Robert Breer, Anne Brégeaut, Joël Brisse, Camille Bryen, Marie-Claude Bugeaud, Pierre Buraglio, Daniel Buren, Pol Bury, César, Jacques Charlier, Roman Cieslewicz, Delphine Coindet, Emile Compard, Olivier Debré, Jean Degottex, Despatin et Gobeli, Daniel Dezeuze, Erik Dietman, Robert Doisneau, Jean Dubuffet, François Dufrêne, Erro, Sylvie Fanchon, Jacques Faujour, Philippe Gronon, Raymond Hains, Jean Hélion, Christian Jaccard, Alain Jacquet, Asger Jorn, Raymond Hains, Hans Hartung, Ladislas Kijno, Jacqueline Lamba, Alberto Magnelli, Robert Malaval, Alfred Manessier, Bernard Moninot, Jacques Monory, Bernard Pagès, Gina Pane, Pavlos, Bruno Peinado, Daniel Pommereulle, André Raffray, Bernard Rancillac, Martial Raysse, Judit Reigl, Germaine Richier, Willy Ronis, François Rouan, Sarkis, Peter Saul, Jean-Claude Silbermann, Jesus Rafael Soto, Daniel Spoerri, Peter Stämpfli, Takis, Marino di Teana, Hervé Télémaque, Luis Tomasello, Geer van Velde, Claude Viallat, Jacques Villeglé, Sabine Weiss...

07/2023