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Littérature française

Dans l'intervalle

A propos de Teste, qui est comme la figuration et le nom d'un écart, Valéry observe que l'existence d'un tel monstre "ne pourrait se prolonger dans le réel pendant plus de quelques quarts d'heure" . Personnage essentiellement lacunaire, Edmond Teste est peut-être en effet, parce que nous ne connaissons de lui qu'une soirée et quelques instantanés, le personnage par excellence de la narration impossible, celui qui ne parvient pas à devenir biographique. Mais Teste ne serait-il pas aussi le héros le plus réaliste d'une narration ouverte à tout vent, où nous pourrions glisser nos lapsus et nos amnésies pour entrer dans une digression infinie, une sorte de roman picaresque de l'esprit ? Quant à cette biographie en perpétuel déplacement dans le temps et dans l'espace, où s'introduisent les figures imaginaires de Mallarmé ou Rimbaud, Proust ou Bergotte, Huysmans ou Adrien Sixte, Valéry ou Pierre Ménard, Italo Svevo ou Thomas Mann, et bien d'autres, qui l'écrit vraiment ? de quelle intimité est-elle l'alibi ? de quelle autobiographie l'avatar ? Un soir de juillet 1918, Teste fut informé que son fils unique avait été tué sur la Marne. Teste avait aimé l'enfant plus que lui-même, mais lui-même qui était-il ? La mort de l'enfant, le suicide de Teste, ne mirent pas fin à la question, n'épuisèrent pas l'intervalle.

03/1987

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Essais

11 films pour comprendre la psychanalyse

Comprendre un champ de la psychologie grâce au 7e art ! Dans chaque champ, une dizaine de films illustrent les concepts clés. Et la psychanalyse n'aura plus de secret pour vous ! Emergence du XIXe siècle, la psychanalyse regroupe 3 dimensions distinctes et complémentaires. Indissociable de son fondateur Sigmund Freud, la science désignée " de l'inconscient " révolutionne l'exploration du monde dans ses paradoxes et contradictions. Il s'agit en second lieu d'un langage organisé au-delà du clivage corps-esprit qui vise d'une part à révéler au sens photographique du terme et, d'autre part, interpréter ce qui se joue, se rejoue et, donc, se répète au coeur de la relation dite transféro-contre-transférentielle. Enfin, ce corpus théorique a légué une série de conceptions psychologiques pour aborder tant genèse qu'élaboration des restes mnésiques non accessibles/non advenus : rêves, actes manqués, lapsus... autant de formations qui soulèvent l'hypothèse d'un conflit psychique qualifié d'inaccessible. Ce premier volume clarifie de manière ludique auprès du plus grand nombre les fondements mêmes de la psychanalyse. Et si on (re)découvrait : Le sexuel et la pulsion avec le drame L'inconnu du lac. La seconde topique à partir du suspense de Les dents de la mer. Le complexe de la Mère Morte en appui à la science-fiction des Bodysnatcheurs. La compulsion à la répétition au travers de la comédie Un jour sans fin.

02/2024

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Littérature étrangère

Bruits dans la montagne. Et autres nouvelles

Deux fois en dix ans, Wei reçoit la visite de Zhuqing, dont il se serait occupé durant la Révolution culturelle. Il n'a aucun souvenir de lui. Un jour, pourtant, il le retrouve sous les traits d'un personnage d'un roman qu'il avait laissé inachevé...Terrorisé à l'idée de ne pas pouvoir pleurer lors des cérémonies célébrant la mort du «dirigeant», l'instituteur Changke commet un lapsus «réactionnaire» en présence de Mingxi, secrétaire du Parti. Mingxi l'a-t-il entendu ?...Le «lettré» Fusheng, qui transporte du bambou, est pris par erreur pour un cadre du Parti, et rédige une «ratification» qui permet à une jeune femme d'accoucher dans un hôpital. Vingt ans après, Fusheng est vice-président d'une banque et s'aperçoit que la même note sert aux mêmes fins...A la Porte nord, le très compétent bourreau Zhou avait autrefois exécuté le bandit Wang, qui volait pour les pauvres. Or, parmi les statues millénaires découvertes lors de travaux exécutés bien des années plus tard sur la place, figure celle de Wang...Dans ces nouvelles, dont la singularité et l'unité sont toutes dans le style, fluide, poétique, dans le ton, ironique et un peu désespéré, et l'atmosphère de trouble subtil, Han Shaogong s'intéresse particulièrement à la place - délicate - que l'intellectuel, après son expérience de la Révolution culturelle, occupe actuellement dans la société chinoise, marquée contradictoirement par l'idéologie communiste, la fièvre commerciale, mais toujours par les traditions ancestrales.

03/2000

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Freud

Agir et penser comme Freud

La collection "Agir & penser comme. . ". accueille le grand Sigmund Freud ! - Après les succès de Dark Vador, du Chat ou de Coco Chanel - L'inventeur de la psychanalyse devient votre nouveau coach ; -) - Du développement personnel accessible ! - Une collection traduite dans plus de 30 pays " Le bonheur est un rêve d'enfant réalisé à l'âge adulte". Freud Freud écrit sans tabou, nous prend à contrepied, fait tout à l'envers. Voilà le secret de sa méthode. Ce qui nous paraît sans importance, Freud le prend avec la plus grande attention. Ce que nous considérons comme mineur, Freud le regarde comme majeur. Lapsus, actes manqués, fantasmesn transferts, refoulements... Sigmund Freud est le coach parfait pour nous aider à éviter les faux pas, interpréter nos pensées et surtout mettre en harmonie nos actes et nos désirs. En s'inspirant de ses travaux et de ses réflexions, il vous sera plus facile de comprendre vos pulsions, de vous raisonner (ou pas), de mieux vous connaître et de vous accepter plus facilement. Et si Freud devenait votre coach pour enfin assumer nos choix et éviter les faux pas ? Pierre Varrod, auteur de Freud chez les Grecs ! , nous ouvre les portes de l'oeuvre de Freud pour en faire un compagnon de route fascinant, capable d'éclairer nos choix de vie, même les plus risqués. Un livre aux pouvoirs libérateurs étonnants. Pierre Varrod nous propose de partir à la découverte de notre moi le plus secret. Tests, défis, objectifs et solutions... Il nous donne ici les clés pour bénéficier de la psychanalyse au quotidien.

09/2021

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Musique, danse

Les airs mythiques

Qui ne se plaît pas à fredonner avec une émotion toute personnelle, le Boléro de Ravel ou la mélodie de Tonight provenant du film culte West Side Story ? Ou d'entonner à tue-tête dans la rue, le fameux refrain Singing in the rain... Cette présentation d'une quarantaine d'airs se propose d'accroître la joie à les reconnaître et à les chanter en apportant des éclairages pertinents sur leur facture ainsi que sur le contexte de leur composition, comme sur les modalités de leur réception et de leur diffusion. Les airs qui constituent cette culture partagée, source de lien social, sont classés en quatre catégories : les airs politiques ; les airs populaires, souvent pour des raisons grivoises ; les airs intimes, berceuses comme airs d'amour ; et les airs à connotations spirituelles et dévoilent les aspirations les plus secrètes de tout être humain, bridé de facto par la bienséance et par le respect dû à l'autre, ces fondements indispensables de toute vie en société. Chanter ces airs permet ainsi d'exprimer, sous une autre forme que le mot d'esprit, l'acte manqué ou le lapsus, ou également le rêve ou encore le fantasme, les désirs illicites qui font pression et bouillonnent chez chacun. Ces airs sont devenus mythiques parce qu'ils mettent en scène de manière elliptique ce qui se joue d'essentiel dans tout être humain et qui ne peut se dire autrement que sous forme de mélodie, de bref récit, d'allusion et d'organisation formelle.

06/2014

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Développement personnel

Guerre et paix chez les psys. Comprendre, choisir

Mais de qui se moque-t-on avec cette " guerre des psys ", cette " invasion des psys ", ce " pouvoir des psys " ? Des gens, tout simplement. C'est donc à tout le monde que ce livre s'adresse. " Guerre des psys ", tout d'abord, avec un conflit qui va crescendo, chaque belligérant défendant sa propre méthode avec violence. Or, un " psy guerrier ", c'est comme une diététicienne obèse ou un policier cambrioleur, cela n'a aucun sens ! " Invasion des psys ", ensuite : le " tout psy " s'empare de notre vie privée comme de notre vie sociale ; rien ne nous est épargné, de Super Nanny aux cellules psychologiques tous azimuts, en passant par les lapsus de chacun interprétés sauvagement par tous. " Pouvoir des psys ", enfin, avec ces nouveaux prédicateurs dont la puissance s'exerce aussi bien dans les médias, dans lesquels ils frisent le charlatanisme ou cautionnent des manipulations honteuses, qu'auprès de leurs patients, à qui ils imposent leur protocole unique, strict et rigide, à l'exclusion de tout autre. Mépris des individus, donc, mais aussi mépris des psys " normaux " (heureusement les plus nombreux), en paix avec eux-mêmes et avec les autres, qui exercent leur métier avec éthique, déontologie et efficacité... quel que soit le courant auquel ils appartiennent. Dans un langage clair, imagé et pédagogique, Hélène Vecchiali nous démontre l'incongruité de cette bataille, de cette invasion, de ce pouvoir. Elle nous éclaire avec pragmatisme et équité sur les différents courants psys. Enfin, répondant à de nombreuses questions recueillies auprès d'un panel de gens pertinents, curieux, souvent drôles, elle nous révèle " tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur les thérapies et les thérapeutes sans jamais oser le demander " !

04/2006

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Sciences politiques

Dictionnaire des petites phrases des politiques. 7 500 Citations

Le "Dictionnaire des petites phrases des politiques" réunit dans un format pratique 13, 5 x 21, 5 cm - 430 pages - 7500 citations de 265 personnalités politiques (présidents de la République, Premiers ministres, ministres, députés, sénateurs, maires, élus). Toutes ces petites phrases sont classées selon l'ordre alphabétique de leurs auteurs. Ce dictionnaire offre un florilège de petites phrases politiques glanées au hasard sur la toile. Des phrases de la parole politique, des réparties extraites de leur contexte, visant à frapper l'opinion, à faire le buzz, à marquer les esprits, les carrières, et donc la vie politique. Des propos parfois jugés maladroits, déformés et tronqués, des formules chocs souvent assassines ou du langage fleuri résumant le contexte politique du moment. Les responsables politiques n'hésitant plus à user de ces formules ciselées, de ces réactions à chaud, de ces piques empreintes d'ironie qui font mouche, afin de retenir l'attention et de marquer la postérité. Armes de communication redoutables dans le discours politique, les petites phrases, les bons mots, les slogans, les blagues, l'humour, les gaffes, les bourdes, les lapsus, les scoops occupent plus que jamais une place à part entière dans le jeu médiatique pour peu qu'ils tombent juste. L'heure est aujourd'hui aux punchlines, aux surrassertions, aux métaphores et autres attaques verbales afin de prendre le leadership et d'espérer accrocher d'innombrables réactions, inonder l'espace public, être visible, laisser une trace et entrer dans l'histoire. Des phrases-choc devenues culte, prononcées lors de campagnes électorales, ont porté ou fait chuter, des présidents ou candidats à la présidentielle. Un bon mot permet de disqualifier un adversaire politique. La politique est un sport de combat. Et, la plupart du temps, il n'est pas nécessaire de posséder un flingue pour tuer. Certains mots et des phrases bien affûtées suffisent.

04/2022

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Essais

Sur le divan de mes patients

Un ouvrage rythmé, plaisant à lire et non dénué d'humour, écrit par un psychologue passionné quivient en aide à ses patients par un processus d'auto-diagnostic, les invitant à analyser ce que leurs propos révèlent de leur inconscient. " Je consulte pour vivre aux côtés de ceux qui devraient vous consulter " " Si tu continues d'agir comme ça, tu vas finir comme une clocharde ! m'a toujours dit mon père. " Je m'épuise à I'aider et me demande s'il lui Ie veut vraiment ? " Diverses phrases qui, sorties de la bouche de ses patients en consultation, ont attiré I'attention de Jérémie Gallen. Sa passion pour I'analyse et le décryptage de la personnalité I'ammène aujourd'hui à écrire ce livre, ouvrage parfait pour les personnes souhaitant saisir les mécaniques de pensées et de comportements qui sont les leurs ou comprendre celles des autres. Surcharge mentale, phobies, mauvaise estime de soi, jalousie, procrastonation, manque de distance par rapport aux autres en général, tout ou presque est passé en revue. Le credo deJeremie Gallen : ilfaut être actif pour aller mieux. Rien ne vaut donc la prise de conscience du patient à travers ses dires pour entamer un changement salvateur. Jérémie Gallen s'attache à vulgariser ses observations tout en restant rigoureux dans ses propos. Au travers de ses réflexions, il ouvre la discussion sur les difficultés psychiques et les pathologies mentales, tout en s'appuyant sur les exemples concrets et variés de ses patients qui, au travers d'un mot ou d'un lapsus, parfois, ont révélé des détails précieux sur leur trouble. Grâce à ce livre très vivant, ceux qui traversent une étape difficile de leur vie (deuil, licenciement, rupture ou tout autre détresse existentielle) pourront trouver des solutions et des éclairages inédits sur leurs problèmes. L'ouvrage pourra également inspirer les thérapeutes puisque l'auteur ose parler de ses méthodes (pas conventionnelles) de travail.

02/2022

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Littérature française

Choses vues. Souvenirs, journaux, cahiers, 1830-1885

Choses vues, entendues, notées sur le vif en forme de brèves, de caricatures ou de longs portraits, de récits bouleversants, d'enquêtes, de grands moments qui appartiennent désormais à l'histoire nationale, mais aussi de mots d'esprit d'expressions glanées dans la rue - voici le siècle de Hugo. Cet extraordinaire recueil, constitué après la mort de Victor Hugo et sur sa recommandation, est fait de pièces et de morceaux recousus à partir de ses Carnets, de son Journal, de ses livres de comptes, de ce qu'il appelait lui-même " Pierres précieuses tombées de la tribune " - autant de lapsus qui plongent l'Assemblée dans le fou rire -, de Feuilles volantes, de Souvenirs personnels, de " Faits contemporains " que les éditeurs successifs se sont employés à classer, ici dans l'ordre chronologique. Dans ce livre, le XIXe siècle court de 1830 à 1885, sous l'œil acéré et sans complaisance du chroniqueur. Une traversée du siècle politique et littéraire, cocasse ou bouleversante, mais qui laisse souvent la place à l'homme intime, père passionné, déchiré en amour, plus tard vieux monsieur d'une sensualité débridée, lutteur infatigable contre la peine de mort, exilé irréductible aux séductions de l'Empire - Victor Hugo y apparaît comme un grand homme politique à la popularité inégalée... Des pages où le pétillement de l'esprit se mêle sans cesse aux plus terribles tragédies. " J'aime la proscription, j'aime l'exil, j'aime mon galetas de la grande place, j'aime la pauvreté, j'aime l'adversité, j'aime tout ce que je souffre pour la liberté, pour la patrie et pour le droit ; j'ai la conscience joyeuse ; mais c'est toujours une chose douloureuse de marcher sur la terre étrangère. Hier un chien qui m'aime ici était sauté sur mes genoux ; il y était mal à l'aise, pourtant il voulait y rester Je disais : le cœur est content, mais les pattes sont malheureuses. Telle est ma situation en exil. " VICTOR HUGO, 22 janvier 1852.

01/2002

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Freud

Les actes manqués. Introduction à la psychanalyse

" Nous désignons par actes manqués les phénomènes qui se produisent lorsqu'une personne prononce ou écrit, en s'en apercevant ou non, un mot autre que celui qu'elle veut dire ou tracer (lapsus) ; lorsqu'on lit, dans un texte imprimé ou manuscrit, un mot autre que celui qui est réellement imprimé ou écrit (fausse lecture), ou lorsqu'on entend autre chose que ce qu'on vous dit, sans que cette fausse audition tienne à un trouble organique de l'organe auditif. Une autre série de phénomènes du même genre a pour base l'oubli, étant entendu toutefois qu'il s'agit d'un oubli non durable, mais momentané, comme dans le cas, par exemple, où l'on ne peut pas retrouver un nom qu'on sait cependant et qu'on finit régulièrement par retrouver plus tard, ou dans le cas où l'on oublie de mettre à exécution un projet dont on se souvient cependant plus tard et qui, par conséquent, n'est oublié que momentanément. Dans une troisième série, c'est la condition de momentanéité qui manque, comme, par exemple, lorsqu'on ne réussit pas à mettre la main sur un objet qu'on avait cependant rangé quelque part ; à la même catégorie se rattachent les cas de perte tout à fait analogues. Il s'agit là d'oublis qu'on traite différemment des autres, d'oublis dont on s'étonne et au sujet desquels on est contrarié, au lieu de les trouver compréhensibles. A ces cas se rattachent encore certaines erreurs dans lesquelles la momentanéité apparaît de nouveau, comme lorsqu'on croit pendant quelque temps à des choses dont on savait auparavant et dont on saura de nouveau plus tard qu'elles ne sont pas telles qu'on se les représente. A tous ces cas on pourrait encore ajouter une foule de phénomènes analogues, connus sous des noms divers. De tous ces exemples se dégage une seule et même conclusion : les actes manqués ont un sens et indiquent les moyens de dégager ce sens d'après les circonstances qui accompagnent l'acte".

01/2023

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Philosophie

PHENOMENOLOGIE ET PSYCHANALYSE. Etranges relations

Bien que contemporaines - les dates d'exercice intellectuel de leur maître respectif, Husserl et Freud, sont à peu près identiques - la phénoménologie et la psychanalyse ne se sont guère rencontrées. Il y a certes quelques ponts éphémères, quelques velléités sans lendemain mais tout se passe comme si elles s'ignoraient, se " tournaient le dos ". Pourquoi en est-il ainsi - et d'abord en est-il vraiment ainsi ? Telle est évidemment la première question que veut poser ce colloque - sans prétendre la résoudre sans doute mais en ménageant à sa formulation le maximum d'ouvertures possibles. Or des dialogues, il y en a - même sournois ou sans espoir la philosophie, le théâtre de Sartre ou de Beckett pourraient en dire quelque chose. L'homme en attente, l'individu nauséeux ont puisé dans l'angoisse husserlo-heideggérienne et celle-ci, on le sait, remonte bien à son tour sans doute aux difficultés que l'homme-esprit éprouve à s'accepter comme corps. C'est ce que la philosophie nous enseigne, que l'on soit cartésien, mécaniste au sens du XVIIIe siècle, romantique ou même nietzschéen : mais ce sont la philosophie du XXe siècle et les sciences humaines de cette époque qui récupèrent, à leur dépit parfois, cette destinée d'une vérité physique appliquée à l'homme qui s'écroule et d'une humanité balbutiante qui ne parvient pas à parler. Au-delà des solutions esthétiques et hellénistiques que l'idéalisme s'est ménagées pour refuser de se voir malade, en deçà également des hésitations d'un mathématicien qui abandonne son art pour mieux comprendre sa vie, on distingue bien quelques velléités d'échange, en tout cas un pont élémentaire. Husserl, Freud et leurs écoles sont toujours à la pointe de l'actualité : la condition de l'homme moderne se nomme d'abord " angoisse " - les regards phénoménologique, médical, littéraire et autres pourraient-ils la conjurer ? C'est la seconde question et on ne peut sans doute que tracer quelques pistes pour la saisir un peu mieux. Lorsque deux colosses refusent ainsi de se voir, ce n'est pas par hasard - c'est qu'ils sont aveugles ou que le labyrinthe est trop vaste pour eux. Dans tous les cas, il nous appartient d'en tirer des conséquences pour nous-mêmes - et pour le monde. De retrouver dans ces démarches impitoyables une double image capable, par réaction ou différence, de nous rendre quelque rêve du retour aux " choses mêmes " : le sens de celles-ci que l'angoisse, le lapsus, l'autisme ont trop longtemps évacué.

01/1998

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Photographie

Abstract

Une fissure noire sur un sol ou un mur gris. Dessine-t-elle un soleil ? Un ballon qui laisse pendre son fil ? Un soleil qui ne tient qu'à un fil ? Nous conduit-elle dans le poêle de Descartes ? Ou dans la faille obscure qui se niche au coeur des images ? ABSTRACT : un résumé, mais aussi une abstraction. L'abstraction de l'image n'est-ce pas une façon de faire apparaître sa structure masquée, celle qui règle sa composition, l'ordonnancement géométrique secret de ce qui nous est donné à voir ? Abstraire, c'est viser le concept, ou plutôt, ici, l'idée en bousculant l'écran. To abstract c'est soustraire, soit faire apparaître ce qui est soustrait, implicite dans l'image. ? Le cadre, qui sous-entend mais aussi fait oublier ce qui le déborde, car la perspective, immanente à la photographie, l'implique comme l'avait montré Panofsky pour la peinture ; le noir et blanc qui magnifie les couleurs en les absentant ; 4 le silence assourdissant des images. Mais en dé-figurant la photographie, Olivier Degen ne nous indique-t-il pas ce qui nous aveugle dans l'image pour essayer de nous faire voir ce que l'écran des formes où nous nous identifions, où nous nous logeons, rend invisible. Le regard est ce qui manque à ce que nous voyons, c'est pourquoi, sans doute, je regarde pour ne pas le voir. To abstract c'est aussi extraire. En effet, à proprement parler, il ne s'agit pas de photographies abstraites comme il en existe, mais de transitions, d'images s'abstrayant comme lorsque le crépuscule ou la lente clôture des yeux nous les dérobe. L'image saisit-elle alors le silence qui se déroule inlassablement dans l'écoulement du temps, l'instant que masque le mouvement ? Ne nous oriente-t-elle pas, par un clin d'oeil, en déjouant la fixation intemporelle de ce qui est absolument éphémère, vers ce qui est au-delà de l'apparence et qui se tient dans le silence, innommable ? Ou encore est-ce une vue myope dans la pénombre qui rend les images inquiétantes comme l'astigmatisme hypothétique du Gréco en son temps ? Ou, supposons, une image que le photographe voudrait nous faire croire aussi involontaire que le lapsus de Portia qui n'avait pas échappé à Freud, un appui comme imprévu sur le déclencheur, une pellicule qu'on 5 n'aurait pas remontée, un acte manqué du photographe qui réussirait à saisir ce qui ne se voit pas, ce que le cliché se doit d'ordinaire effacer. Dans ce cas s'agit-il, en présentant ces images, qui sembleraient des rebuts, de contester. Alain Vanier -Psychanalyse

09/2021

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Théâtre

Théâtre

Que l'oeuvre de Feydeau soit rattachée, non sans raison, mais un peu paresseusement, à un genre léger, populaire et aussi décrié qu'il est goûté n'a pas aidé à sa reconnaissance. Il reste que l'on ne dit pas grand-chose de l'oeuvre quand on se contente de mentionner ce genre - le vaudeville - ou de parler d'amants dans le placard et de portes qui claquent. Pas d'erreur pourtantoe : les portes claquent bel et bien. Mais elles claquent de telle façon que ce genre, le vaudeville donc, s'en trouve renouvelé, énergisé, accéléré (bien des scènes semblent des odes à la vitesse), poussé à son paroxysme et, en définitive, conduit à l'implosion. L'implacable mécanique souvent évoquée existe bien, et les rouages de la machinerie mise au service du comique sont admirablement huilés. Ce que l'on évoque moins souvent, c'est l'arrière-plan de l'univers de Feydeau. Or la manière dont ses pièces traduisent et véhiculent les engouements, préoccupations et inquiétudes d'une époque qui voit, ou ne voit pas, arriver la guerre mondiale et la fin d'un monde mérite d'être soulignée. La gaieté de Feydeau est indéniable, mais elle n'est pas séparable d'une sorte de folie, dont l'écriture, aussi bien que les situations, porte la marque. Car Feydeau n'est pas (seulement) un brillant entrepreneur de spectacles : c'est un écrivain. La qualité de son dialogue, tout en apparente spontanéité, résulte d'un travail opiniâtre. Les indications scéniques parfois fascinantes qui émaillent le texte de ses pièces et décrivent avec une précision horlogère, jusqu'au vertige, la disposition des lieux et l'attitude des personnages témoignent d'une passion de la description que l'on ne rencontrera plus avant le Nouveau Roman. Pourtant, même ainsi "programmés", les personnages ne sont ni des pantins ni des automates. Autant que des intrigues trop convenues, Feydeau se défie des "types" trop conventionnels mis en scène par les vaudevillistes de son temps. Ses personnages, il va les chercher, de son propre aveu, dans la réalité ; peu désireux de faire d'eux des fantoches, il leur conserve leur personnalité, leur vitalité - et tout soudain les plonge dans des situations burlesques. On a pu les comparer à des cobayes, et leur créateur à un expérimentateur non dénué d'une certaine cruauté. Mais c'est à l'égard du langage, des langages, qu'il met à la disposition de ses créatures ou dont, par moments, il les prive, que Feydeau se montre le plus audacieusement expérimentateur. A force de répétitions, de déformations, de mélanges babéliens, de lapsus, de mal-entendus, la langue perd tout ou partie de sa fonction de communication. Les liens logiques se desserrent, ils se dissolvent, on ne s'entend plus, l'absurde triomphe. Loin de prolonger un genre réputé poussiéreux, Feydeau ouvre la voie au théâtre qu'illustreront bientôt Ionesco ou Beckett.

11/2021