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Démiurge

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Littérature étrangère

Notre Père la Forêt

Le Père de la Forêt, c'est le démiurge créateur aux multiples masques, l'Adam orphelin d'un Dieu absent, être de solitude dialoguant avec lui-même dans un temps aboli à travers ses avatars rebelles, le grand-père, le fils et le petit-fils Touraev, une famille d'aristocrates terriens : Nikolaï l'ermite philosophe, chassé de sa propriété par la révolution ; Stépan, le survivant des camps de la mort ; Gleb, enfin, notre contemporain, qui met fin à ses jours après avoir contribué à l'élaboration d'une nouvelle arme biologique. L'écriture polyphonique et musicale de ce "roman parabole" reflète le choeur panthéiste de la verte Forêt des arbres et des hommes. Le lecteur est emporté dans une symphonie de récits imbriqués qui n'est autre que le chant d'un siècle de souffrances et de turpitudes humaines — souffrances des victimes de la révolution, des koulaks réduits à la famine, des Russes prisonniers des Allemands aussi bien que des Allemands mourant lentement dans un camp soviétique, souffrance enfin de Déméter, la Terre menacée par un siècle de progrès techniques triomphants. Dans ce monde promis à la destruction et où l'énergie du vide est toujours supérieure à celle de la vie, les fils et les filles du Père-forêt se débattent entre folie meurtrière et suicide, et le Père-forêt lui-même, las de son immortalité et de ses jeux cruels, se prend à rêver à une mort impossible.

03/2020

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Décoration

Poupées

"Le choix d'une poupée est essentiel pour lui donner la vie. Mais pour l'enfant ce choix échappe à toute justification, d'où la liberté de rêver, d'où la puissance des jeux. Profondément, la poupée existe dans l'indicible ; elle est au coeur de ce qui nous inspire le désir de créer, rêver, jouer, voire écrire. Comme ce qui lie l'enfant à sa poupée, ce livre se veut hors de tout didactisme. C'est pourquoi il donne à voir poupées rituelles, poupées d'artistes et d'écrivains, sans les présenter dans un rapport réflexif ou de commentaire, selon des choix à la fois intimes et hétérogènes ; ils sont forcément dissociés, puisque chacun vient d'un univers différent. Nous ne nous sentons pas démiurges ; nous sommes, simplement, des passeurs de poupées et des révélateurs de fantasmes. Qu'elles soient éternelles ou éphémères, nous prenons le parti des poupées, pour pénétrer certains de leurs lieux secrets et subir l'épreuve de leur magie et de leur mystère. Idoles et icônes, monstres et merveilles, chaque poupée prouve l'existence des mondes parallèles. A leur suite, entrons dans ces mondes. ". . Allen S. Weiss.

01/2004

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Beaux arts

L'art d'un homme libre

"Depuis qu'il écrit poèmes, romans, nouvelles, pièces de théâtre, livrets d'opéra, depuis qu'il peint, à l'encre de Chine, sur papier ou sur toile, des tableaux de toutes les tailles, mais jamais avec des couleurs, seulement avec les multiples nuances qui vont du blanc au noir, depuis qu'il filme, en plein air ou en studio, en couleur ou en noir et blanc, et crée des films muets ou parlant, depuis qu'il prononce des discours à l'invitation des musées, universités, associations artistiques et littéraires du monde entier, Gao Xingjian s'exprime en son nom propre, sans suivre les modes, en livrant son témoignage au sujet des difficultés existentielles que rencontrent les hommes depuis des temps immémoriaux, sans jamais penser que l'avenir pourrait être radieux, sans jamais croire aux discours des hommes politiques, des philosophes radicaux, des prophètes et des démiurges. C'est un homme seul, qui n'appartient à aucune chapelle et qui se contente de livrer aussi bien sa vision du monde passé et du monde actuel que sa propre expérience artistique." ND préface et traduction du chinois par Noël Dutrait

10/2017

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Science-fiction

La science du disque-monde Tome 3 : L'horloge de Darwin

Le Globe-monde est à nouveau dans la mouise et l'affaire est grave. La planète et son humanité vont disparaître à terme. Vu qu'ils en sont les démiurges, les mages du Disque-monde s'estiment impliqués. Ce ne serait d'ail leurs pas la première fois qu'ils interviendraient. Et pourquoi donc l'histoire du Globe-monde a-t-elle enfilé la mauvaise jambe du Pantalon du Temps ? Celle où un obscur pasteur de campagne du nom de Darwin a publié un livre qui interdit de réfuter la conception créationniste des êtres vivants, lui qu'on croyait l'auteur de L'Origine des espèces. Les mages ont du pain sur la planche : changer l'histoire n'est pas une entreprise de tout repos ; l'histoire résiste. Faudra-t-il en appeler au dieu de l'Evolution, ce bricoleur invétéré, pour que Charles Darwin rédige l'ouvrage qu'on lui connaît ? Mais mieux vaudrait d'abord identifier le responsable du fiasco. Comme dans les deux premiers livres, les hauts faits des mages de l'Invisible et le commentaire scientifique s'entrecroisent, sous la forme ici d'une histoire de la théorie de l'évolution.

04/2014

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Sports

Le temps des légendes

Les héros de ce livre sont des enfants de al guerre et les démiurges des Trente Glorieuses. Le récit commence en 1942, au Vél' d'Hiv', quelques semaines après la rafle, par un combat de Cerdan contre un boxeur franquiste, où La Marseillaise résonnera dans un Paris meurtri. Il se poursuit avec la vie de ces champions qui, venus d'ici ou d'ailleurs, de Pologne, d'Algérie, d'Italie ou d'Espagne, ont redonné au pays le goût perdu de la victoire et, pour les premiers d'entre eux, une forme d'honneur. Les temps étaient rudes mais ils ont introduit l'exaltation dans nos vies ordinaires. Bobet transformant le Tour de France en géographie intime, Ostermeyer, double championne olympique et pianiste concertiste, le grand Mimoun et ses simples rêves, Kopa mineur de fond à quatorze ans, Anquetil et son invincible grâce, Albaladejo statufié, Jazy enfant pieds nus dans la neige, Killy à la conquête de l'Amérique... Tous ont écrit une autre histoire nationale, légendaire. L'existence de cette femme et de ces hommes est un matériau vivant qui dit la France telle qu'elle était et telle qu'ils ont contribué à la faire.

11/2017

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Monographies

Croyances. 1e édition

La 5e Biennale de l'Art Brut proposera une nouvelle facette des fonds de la Collection de l'Art Brut. Consacrée au thème des croyances, elle révélera autant le lien particulier que les auteurs d'Art Brut entretiennent avec la religion que les sciences occultes. Plusieurs créateurs illustrent des sujets mystiques en les réinterprétant ou en s'appropriant des rites religieux. D'autres inventent une doctrine toute personnelle pour leur propre usage et, tels des démiurges tout-puissants, ils intègrent leurs productions à leur nouvelle confession, en les utilisant comme support à des prophéties ou pour conjurer le mauvais sort. Quant aux nombreux spirites ou médiums inspirés qui affirment être en relation avec l'au-delà, ils créent sous la dictée de défunts, d'esprits ou de forces surnaturelles et se soustraient à la paternité de leurs travaux. Par leur croyance diverse et originale, tous transcendent à leur manière des conditions de vie souvent difficiles. La sélection des oeuvres présentera aussi bien des illustrations de divinités, de saints ou de personnages religieux, que des compositions abstraites d'un grand raffinement, des peintures de caractère symboliste et des objets rituels.

01/2022

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Histoire de France

"Mirabeau criait si fort que Versailles eut peur"

Pourquoi se risquer, aujourd'hui, dans un éloge vibrant de Mirabeau ? Et pourquoi célébrer, à l'heure des déferlantes populistes, un tribun réputé pour son tempérament, sa petite vérole et son jeu  plus ou moins trouble entre une monarchie agonisante et une Assemblée Constituante découvrant les vertus du parlementarisme ? Sans doute parce que Mirabeau fut, en son temps, le seul homme politique qui aurait pu "arrêter la révolution" (l'expression est de François Furet) ; qui aurait pu, par son talent de démiurge et sa position d'aristocrate rallié aux principes nouveaux , prévenir la Terreur et  réconcilier l'Ancien Régime avec la Révolution. Sa mort prématurée (en avril 1791) coïncida avec le basculement de la France dans une tourmente - qui fut, en même temps, la matrice du pire et le creuset de notre modernité politique. C'est cet homme-là qu'Alain Minc fait ici revivre : de sa folle jeunesse à sa passion interdite pour Marie-Antoinette, des vaines réformes de Necker à celles de Calonne, de ses dettes ruineuses à l'invention de la Monarchie Constitutionnelle, de sa prétendue "corruption" à son amour de la vie, de ses séjours en prison à son rôle majestueux lors de la réunion des Etats Généraux. Au fil de cette évocation, se dessine, en filigrane, un idéal politique : que se serait-il passé si cet homme avait pu poursuivre son oeuvre ? La France serait-elle devenue une sorte d'Angleterre ? Et les Français auraient-ils alors pris goût à ce "réformisme" auquel ils semblent, hélas, allergiques ?

02/2017

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Théâtre

Boxon(s) jusqu'à n'en plus pouvoir. Grand manège

Dans Boxon(s) jusqu'à n'en plus pouvoir, Stéphane Jaubertie présente la vie comme une succession de rounds au cours desquels les individus reçoivent davantage de coups qu'ils n'en donnent. Cependant, tant dans la sphère intime que dans la sphère de l'entreprise et à tous les échelons du pouvoir, par contamination ultralibérale ou "servitude participative", les coups bas fusent, les perfidies sont légion... Tout cela aux dépens de l'estime de soi et du bien-être de chacun, quand la société nous commande d'aller à l'encontre de notre humanité profonde et de devenir le bourreau de l'autre. Et comme dans un carrousel infernal, la situation empire dans Grand manège, pièce d'anticipation où l'auteur s'amuse à jouer les démiurges en attribuant tous les matins de nouveaux rôles sociaux à chacun : qui l'amoureuse ou l'enseignante déprimée ; qui le suicidaire ou le commercial sûr de lui... Avec un humour glaçant et une saisissante maîtrise des situations théâtrales, Stéphane Jaubertie offre aux acteurs un terrain de jeu foisonnant et des figures aux nuances burlesques, absurdes et cyniques. Deux textes aux métaphores éminemment politiques qui nous mettent face à cette société du spectacle où le "vrai est un moment du faux".

01/2018

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Théâtre - Pièces

Boxon(s) jusqu'à n'en plus pouvoir. Grand manège

Dans Boxon(s) jusqu'à n'en plus pouvoir, Stéphane Jaubertie présente la vie comme une succession de rounds au cours desquels les individus reçoivent davantage de coups qu'ils n'en donnent. Cependant, tant dans la sphère intime que dans la sphère de l'entreprise et à tous les échelons du pouvoir, par contamination ultralibérale ou "servitude participative", les coups bas fusent, les perfidies sont légion... Tout cela aux dépens de l'estime de soi et du bien-être de chacun, quand la société nous commande d'aller à l'encontre de notre humanité profonde et de devenir le bourreau de l'autre. Et comme dans un carrousel infernal, la situation empire dans Grand manège, pièce d'anticipation où l'auteur s'amuse à jouer les démiurges en attribuant tous les matins de nouveaux rôles sociaux à chacun : qui l'amoureuse ou l'enseignante déprimée ; qui le suicidaire ou le commercial sûr de lui... Avec un humour glaçant et une saisissante maîtrise des situations théâtrales, Stéphane Jaubertie offre aux acteurs un terrain de jeu foisonnant et des figures aux nuances burlesques, absurdes et cyniques. Deux textes aux métaphores éminemment politiques qui nous mettent face à cette société du spectacle où le "vrai est un moment du faux".

12/2023

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Littérature française

La double vie d'Anna Song

Anna Song, `la plus grande pianiste vivante dont personne n'a jamais entendu parler", laisse derrière elle une œuvre discographique sans précédent. Malgré la maladie, et clans un engagement du corps et de l'âme proche de la ferveur, elle a voué ses dernières années à arpenter, avec une indéfectible justesse, un territoire musical des plus vastes. Gardien du temple et architecte de la légende : Paul Desroches, son mari et producteur. Mais tandis que celui-ci raconte la femme aimée, de l'émerveillement enfantin aux patientes années d'une vie partagée dans une sorte de culte de la beauté, le scandale éclate. Anna Song n'aurait pas enregistré une seule note de sa discographie, pillée ail-leurs par l'amoureux démiurge. Imposture, falsification, trahison : au concert de louanges nécrologiques succède le tapage de l'opprobre, relayé par des médias d'autant plus féroces que bernés. C'est un fascinant jeu de miroirs qu'orchestre ici Minh Tran Huy dans un deuxième roman qui confirme l'avènement d'un univers d'une impressionnante cohérence. Où l'on retrouve l'omniprésente absence du pays des origines, le Viêtnam, dont la réalité floutée par le temps et l'éloignement s'enracine clans un silence peuplé de contes. Et aussi cette petite musique envoûtante, cette opacité impavide plus généreuse qu'elle ne s'affiche, qui évoque irrésistiblement les eaux calmes d'un lac, sous lesquelles se jouent - et demeurent - les plus violentes tragédies. Tombeau du premier, du grand, de l'unique amour, entre ode et plaidoyer, La Double Lie d'Anna Song révèle et défend la folie d'aimer, mais aussi le droit à inventer des vies à la hauteur de cette folie.

08/2009

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Ethnologie

Initiations et sociétés secrètes au Cameroun. Essai sur la religion beti

La Nuit, telle est l'appellation paradoxale que les anciens Beti du Cameroun donnaient aux moments les plus mystérieux de leurs rituels et au champ d'action de leurs sorciers. A partir des vestiges existants et des témoignages des vieillards, l'auteur s'efforce de retrouver l'architecture d'une antique religion africaine où s'imbriquaient - avec les croyances en un Dieu cosmique lointain et en un démiurge plus proche, garant de la morale - le respect de "forces" diverses, telles le ciel et la terre, le soleil et la lune, la foudre et le nombre neuf, l'action des ancêtres ou la crainte de l'animal évou qui habite les entrailles des hommes en leur donnant les pouvoirs de la sorcellerie cannibale. Les interdits, les talismans, les connaissances médicales, la divination, les rites de passage pour la naissance, l'adolescence ou le deuil, permettaient de se protéger de ces forces ou de se les asservir. A part la citadelle constituée par la croyance en la sorcellerie, ces pratiques se sont effondrées avec la modernisation rapide du Cameroun méridional. Mais la vision du monde sous-jacente, riche de sa poétique originale et de sa rationalité propre, influe encore aujourd'hui sur la vie quotidienne et même sur la conception locale des religions contemporaines. Cet ouvrage constitue le second de la série Minlaaba, d'un nom du village, centre de l'enquête. Le premier volume, intitulé Les Seigneurs de la Forêt, traitait des traditions historiques et de l'organisation sociale des anciens Beti. Le troisième abordera le problème complexe de leur conversion massive au christianisme en l'espace de trente ans.

11/1985

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Fantasy

Mordew

Mordew est le premier volume d'une trilogie (Cities of the Weft) pouvant s'apparenter, à première vue, à de la "dark fantasy" . Ce roman ambitieux narre les aventures d'un jeune garçon, Nathan Treeves, né dans les bas-fonds de l'énigmatique Mordew, qui se découvre d'étranges pouvoirs (dont celui de la Foudre, sorte d'étincelle qui jaillit de lui quand il sort de ses gonds et peut réduire en cendres tout ce qui s'interpose). Sorte d'anti-Harry Potter, le jeune Nathan, qui au début du roman, tente de sauver son père souffrant d'une horrible maladie (des vers pulmonaires...), va se lier d'amitié avec une bande de jeunes voleurs planquant dans les égouts (une bande pittoresque et très dickensienne...) avant de retourner - apparemment - sa veste et de conclure un accord avec "le Maître" , sorte de démiurge faussement philanthrope qui règne sans partage sur l'industrieuse cité de Mordew, où les larmes des enfants servent de noirs desseins. L'une des originalités de Mordew consiste à pousser les curseurs du roman de formation, et du roman fantastique dans de sombres et inquiétants recoins - le lecteur se demande sans cesse si le héros ne va pas basculer du côté d'une terrible force obscure. Doutes, trahisons, suspens, morts atroces, émois contrariés : l'auteur reprend les codes du roman populaire et leur insuffle une magie troublante qui ne cesse d'attiser la curiosité du lecteur et de déjouer ses attentes. (Note : Les éditions Inculte comptent publier par la suite les deux autres volumes de cette étonnante trilogie. Le deuxième volume devrait bientôt paraître chez son éditeur anglais.)

09/2022

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Architecture

Taa

Fondée voilà déjà un peu plus d'un quart de siècle, l'agence d'architecture toulousaine Sutter + Taillandier a opéré sa mue en 2012 pour devenir TAA. Pierre-Louis Taillandier est, aujourd'hui, à la tête d'une entreprise dynamique constituée de plus de quatre-vingt-dix collaborateurs dont sept associés. Si l'agence-mère est toujours domiciliée à Toulouse, elle dispose désormais de trois autres adresses dans l'hexagone : Bordeaux, Montpellier et Paris. Mais ce n'est pas sa seule spécificité. En effet, son fondateur n'a eu de cesse d'adapter sa structure à l'évolution de la profession d'architecte et à celle du secteur du bâtiment, tous deux frappés par deux crises sévères durant ces vingt-cinq dernières années. Ce serait une erreur de n'y voir qu'une volonté de survie professionnelle. La ténacité tactique de l'ancien champion de boxe anglaise que fut Pierre-Louis Taillandier dans sa jeunesse pourrait certes l'expliquer, mais il faut surtout y lire sa volonté de se doter des outils de production nécessaires à satisfaire son aspiration profonde à faire de l'architecture une discipline professionnelle (ré)conciliant l'urbain et l'humain. Pour lui, l'architecte n'a rien d'un démiurge ; c'est un médiateur sachant écouter sans a priori l'ensemble des acteurs - utilisateurs et usagers compris - afin d'élargir le champ des possibles et en projeter une synthèse optimale. Il en est de même au sein de son agence où chaque collaborateur est perçu comme une ressource concourant à la mise au point de réponses chorales et responsables.

11/2021

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Beaux arts

Les créateurs

Conçu comme une véritable épopée, cet ouvrage traverse plus de trois mille ans de création artistique dans chacun des genres - sculpture, architecture, musique, danse, littérature, théâtre, cinéma - où s'est illustré le génie humain. Des pyramides aux gratte-ciel, des bâtisseurs de cathédrales aux peintres de la lumière, Daniel Boorstin souligne la dimension à la fois singulière et universelle d'oeuvres qui se sont inscrites durablement dans l'histoire des hommes et continuent d'habiter leur imaginaire. Au fil de cette entreprise monumentale, il évoque tout ce que Michel-Ange, Dante, Cervantès ou Shakespeare, comme Victor Hugo, Marcel Proust, Kafka ou Picasso, ont apporté de révolutionnaire ou de novateur à l'histoire de l'art. Remontant jusqu'à la préhistoire, l'auteur montre comment les hommes ont pris conscience de leur pouvoir créateur, souvent indissociable d'une quête spirituelle gravitant elle-même autour de l'énigme d'un Dieu démiurge. Des vallées de l'Indus et du Nil jusqu'aux côtes bretonnes ou aux jungles du Yucatàn, partout l'humanité, écrit-il, "témoigne de l'effort qu'elle a fait pour se survivre et créer quelque chose qui durerait éternellement". Cette volonté, qu'elle s'inscrive dans la pierre, les images, le verbe ou la musique, est restée la même à travers les âges. Mais au besoin de transcender la précarité de la destinée humaine puis celui de raconter le monde a succédé, de Montaigne à Joyce, le désir de "création de soi" qui fait de chaque individu un sujet en puissance. Autant de façons, conclut l'auteur, de retracer "l'histoire tout entière de la race humaine".

01/2014

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 5, L'Homme foudroyé suivi de Le Sans nom

A quoi tiennent, dans L'Homme foudroyé, cet air de fête, cette jubilation de l'écriture dont rendent mal compte un titre aux couleurs tragiques et tant d'épisodes marqués par la guerre, l'échec ou la mort ? Qu'est-ce qui pousse Blaise Cendrars à écrire à son ami Jacques-Henry Lévesque que c'est là ce qu'il a fait de meilleur à ce jour, et à Raymone, sa compagne, que c'est "le meilleur livre du monde" ? C'est dans le traitement du temps qu'il faut sans doute chercher les éléments d'une réponse. Le désordre savamment rhapsodique de ce livre à la composition fascinante répond à une ambition de démiurge : créer en secret l'écriture de l'éternel retour. Pour retrouver le temps perdu, Cendrars invente la prochronie. La collection "Tout autour d'aujourd'hui" présente, en quinze volumes, les oeuvres complètes de Blaise Cendrars (1887-1961) dont elle propose la première édition moderne, avec des textes établis d'après des sources sûres (manuscrits et documents), accompagnés de préfaces et suivis d'un dossier critique comprenant des notices d'oeuvres, des notes et une bibliographie propre à chaque volume. Après la débâcle de 1940, Cendrars s'est retiré à Aix-en-Provence où, pendant trois ans, il cesse d'écrire. Il sort de son silence de guerre en publiant L'Homme foudroyé (1945), le premier de quatre volumes de Mémoires qui bouleversent les règles du genre et sont considérés aujourd'hui comme son grand oeuvre. A l'origine de ce renouveau, prend place un récit longtemps inconnu, Le Sans-Nom.

03/2023

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BD tout public

Les sales gosses

Un été, quelque part en France, avant les réseaux sociaux et les téléphones portables. Il fait beau, il fait chaud, les vacances sont longues, les journées surtout. Où aller quand le décor mélange si peu de verdure et tant de béton, que faire quand on n'a rien à faire. C'est dans cette ambiance de désoeuvrement que l'on rencontre ces sales gosses ; souvent livrée à elle-même, à la recherche du moindre divertissement, la petite troupe se cherche et se tourne autour, se provoque et s'affronte, et petit à petit, se frotte au monde – bref, fait les quatre cents coups. Fumer une première cigarette ? Fait. Un pétard dans une crotte chien ? Fait. Se planquer dans la cave ? Fait. Et après ? Par petites touches, à travers ces portraits d'enfants, c'est le chaos du monde que l'on devine : l'apprentissage de l'amour, la complexité des sentiments et des relations, la violence physique comme psychologique. Tout est déjà là, mais il manque encore l'indignation, et la révolte est bien timide. Car chaque enfant aborde son quotidien avec ses propre fêlures, ses propres tourments, et derrière, il y a la famille, absente, décomposée ou envahissante, et aussi, parfois, réconfortante, aimante. Peggy Adam se place ici en observatrice amusée de tout ce bruit et cette fureur, mais en démiurge bienveillant, ne tente de faire le procès ni des enfants, ni des parents. A l'instar de Plus ou moins..., Les Sales Gosses est une oeuvre drôle et emportée, qui décrypte avec humour et finesse les relations humaines dans ce qu'elles ont de plus délicat mais aussi de plus compliqué.

10/2019

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Littérature française

Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive

Qui se souvient de cette folle ambition : le cinéma va changer le monde ? Démiurges au centre de l'intrigue, un trio de meilleurs amis qui vont devenir les beaux-frères ennemis : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. La soeur du premier, Anne-Marie, épouse le deuxième, dont la soeur, Arlette, vit avec le troisième. Ils ne vieilliront pas ensemble. Autour d'eux, Christophe Donner fait tourner la ronde non autorisée des seventies : Raoul Lévy, Brigitte Bardot, Jean Yanne, Macha Méril, Jean-Louis Trintignant, Eric Rohmer, Sami Frey... La grande histoire crève le grand écran : Mai 68 terrorisant le festival de Cannes ; Rassam et Berri à bord de la Mercedes de Truffaut allant sauver les enfants de Milos Forman dans une Prague envahie par les chars soviétiques ; l'improbable épopée de Godard dans les camps d'entraînement palestiniens. Et puis, gueule de bois : après la grande bouffe des utopies, tous y en ont vouloir des sous ! Cinéastes grandioses, producteurs têtes brûlées, alcool à haute dose, parties de poker, de sexe et de drogue : des vies qui sont des films, des films qui mettent la vie en danger. Car on se tue beaucoup en ce temps-là, quand on joue encore vraiment sa peau avec l'art... Orson Welles peut lâcher sa malédiction ironique : "Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive".

08/2014

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Critique littéraire

FRANCOIS RABELAIS. Pantagruel, Gargantua

Michelet voyait en Pantagruel et Gargantua l'Iliade et l'Odyssée du patrimoine littéraire français. De fait, la saga des géants ne peut guère se comparer qu'aux grandes épopées fondatrices dont la démiurgie homérique offre le modèle universel. Suscités par une époque qui voit notre jeune langue affirmer ses titres de noblesse, les récits jumeaux du père et du fils bénéficient dans la conscience collective d'une image de renouveau, d'insolente surabondance et de subversion gaillarde. Reste que toutes les qualités dont on crédite spontanément Rabelais ne sont peut-être que le paravent d'une perplexité ou d'une esquive. Il faut reconnaître, d'une manière générale, que le couple de géants intimide, et que l'on ne confronte guère Pantagruel et Gargantua aux questions de notre siècle. Par la profusion souvent rebutante de son lexique, par la complexité de son outillage intellectuel, l'univers de Rabelais risque de s'éloigner irrémédiablement du nôtre. Pourtant, la problématique rabelaisienne devrait trouver une résonance maximale dans les incertitudes de notre époque. Comment s'articulent le langage et l'action ? Est-il possible, de s'entendre par-delà la disparité des systèmes de valeurs ? La parole peut-elle conjurer les jaillissements de la violence ? Telles sont, parmi d'autres, les questions que soulève la double épopée bouffonne.

05/1994

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Sciences historiques

Rêves d'histoire. Pour une histoire de l'ordinaire

Philippe Artières, historien passionné d'art contemporain et de littérature fragmentaire, laisse dans cet ouvrage libre cours à ses désirs secrets de chercheur, dans une approche de l'Histoire joyeusement savante, personnelle et insolite. Réunissant de courts textes très divers, Rêves d'histoire propose une anthologie de rêveries ou, plus exactement, de " désirs d'histoire " encore non explorées. On y trouvera donc des idées brutes, des pistes incongrues, des domaines de recherche à arpenter, parfois nées à la lecture d'une source ou d'une archive qui révèle son imaginaire potentiel, ces îlots encore vierges qu'aucune carte n'avait encore répertorié. Mais l'historien n'est pas romancier à proprement parler, plutôt collecteur de détails, explorateur du plus simple ordinaire. Et s'il ne prétend pas plus emprunter la posture du demiurge que renoncer à l'honnêteté intellectuelle du chercheur, il se fait ici résolument homme de récits. Ou comment raconter l'histoire de la ceinture, des ordonnances médicales, de la tombe de Pétain (le " salaud de Yeu "), des routes, de la banderole, etc. Brièvement développées, agrémentées d'allusions autobiographiques et organisées en trois parties (Objets/Lieux/Traces), ces échappées ouvrent autant de champs de recherche dont on se plaît à imaginer la fécondité, parfois vertigineuse - mais souvent à l'état d'ébauche, elles sont inscrites dans la frustration de l'inachèvement. Un exemple parmi d'autres : autour d'une réflexion sur la cloison, procédant par digressions successives, l'auteur propose une histoire croisée du confessionnal, du parloir et de l'hygiaphone - de quoi faire apparaître toute une géographie de la parole dans nos sociétés, ce qui ne nous étonnera pas chez ce foucaldien de la deuxième génération. Au terme de ce recueil, Philippe Artières revient dans une postface-manifeste inédite sur toutes ses tentations d'écriture et interroge " cet hybride objet qu'est le récit historique ".

10/2014

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Religion

Abdus Salam Un physicien. Prix Nobel de Physique 1979

C'est dans un monde fascinant que nous entraîne Abdus Salam, un des grands théoriciens de la physique moderne, nous faisant revivre son parcours scientifique depuis Jhang, sa ville natale au Pakistan, jusqu'à l'Imperial College de Londres, et rencontrer, à travers lui, de grands physiciens, d'Einstein à Feynman en passant par Pauli. Mais au delà du savant, Prix Nobel de Physique en 1979, membre de l'Académie pontificale des Sciences de Rome, se dessine l'homme de foi, d'une foi musulmane dont il affirme la tolérance et l'exigence pour la mise en place d'une recherche scientifique. Face à l'échec de la science en pays musulman, il fonde le Centre international de Trieste pour former l'élite des pays du Tiers Monde, suivi par la création de l'Académie des Sciences pour le Tiers Monde. Les grandes interrogations du monde contemporain l'ont amené à une prise de position très ferme : si le savant ne veut pas devenir un démiurge inconscient, il doit être soumis à un autre serment d'Hippocrate. Ainsi, cet entretien s'inscrit-il dans une collection où se noue un dialogue oecuménique entre les grandes religions et la science. Le musulman qu'est Abdus Salam montre que, même si sa foi ne l'a pas particulièrement guidé dans ses recherches, elle le conduit néanmoins à une exigence éthique très forte. Les questions métaphysiques le touchent profondément : le paradis où il espère retrouver son père, mais surtout la rencontre du Tout Autre, celui que toutes les religions monothéistes appellent Dieu. Un grand avant, un grand musulman, un homme à découvrir tout au long d'un entretien puissant, vivant, et plein d'humour.

04/1990

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Thématiques

Un systeme politique fractal et querelle

Les utopies consacraient encore l'enchantement quoique le monde fût porté par des fractures et des convulsions multiples. Elles donnaient à lire la plausibilité d'un idéal et l'onirique de la vie. L'absurde qui accompagne notre contemporanéité se fonde sur la croyance de l'homme démiurge et thaumaturge. D'une part, cette temporalité est le réceptacle d'un univers désenchanté qui se déchaîne dans la postmodernité et le posthumanisme ; précurseurs d'une post crise comme si elle portait le néant. Elle est façonnée par un déclinisme politique qui édifie les avatars démocratiques dont le dévoiement s'établit à partir d'un illibéralisme et d'une datacrasie débouchant sur des mutations radicales de l'essence du politique. Elle dévoile aussi les artéfacts de la pensée, l'imposture de l'ethos ultralibéral, les ambitions ubuesques d'un monde projeté dont la virtualisation et l'illusion de la fabrique d'une vie humaine dans des territoires spatiaux font sens. D'autre part, institué comme sa propre immanence face à la solitude des déités, inséré dans la néguentropie, l'homme se déploie dans l'impuissance et l'imaginaire de son autofondement qui éclaire le kairos dont les séquences s'interprètent à partir de l'anthropocène, l'entropie, la collapsologie, la dystopie, le nihilisme, la chaocratie et l'eschatologie. Enfin, elle est marquée par la rupture d'une postmodernité à peine naissante dont la déconstruction est l'ontologie et la collision civilisationnelle mâtinée à une finitude imminente, interpellent l'ipséité de l'Etre dans sa capacité à se repenser, à construire un monde nouveau basé sur la fin de son outrecuidance et de son action anthropique, l'assomption des autres "étants" de l'univers, in fine l'édification d'un contrat sociopolitique et cosmopolitique.

02/2023

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Histoire de la philosophie

Le dieu, le mouvement, la matière. Atticus et ses critiques dans l'Antiquité tardive

Les débats sur la génération du monde à la fin de l'Antiquité constituent un chapitre majeur de l'histoire de la métaphysique. Le projet de cet ouvrage est de montrer que, derrière cette question bien connue, et posée par Platon dans le Timée, se joue un débat plus profond. Prenant comme perspective la réception des doctrines du platonicien Atticus (IIe siècle), il se propose de retracer l'histoire des interprétations du grand dialogue cosmologique de Platon aussi bien dans le néoplatonisme païen qu'au sein de la pensée philosophique chrétienne. Porphyre (IIIe siècle), figure fondatrice du néoplatonisme, révèle que si la question de la génération du monde est devenue centrale, c'est parce qu'elle témoigne de divergences entre deux manières d'interpréter la doctrine de Platon concernant le mouvement désordonné dont s'empare le démiurge pour façonner l'univers. Tandis que les uns y voient la preuve de l'existence d'une matière précosmique, les autres l'interprètent comme une hypothèse donnant à voir la nature des corps en l'absence de la cause divine. L'ouvrage examine comment la théorie principielle d'Atticus, justifiant l'interprétation de la génération temporelle de l'univers, sert de support aux apologistes chrétiens tandis qu'elle est comprise par Porphyre comme l'emblème d'une interprétation à contre-sens de Platon. En soutenant que Platon traite non pas de la matière mais des corps, Porphyre affirme que le monde est engendré non parce qu'il aurait un commencement temporel, mais parce qu'il est une réalité composée, adaptant en contexte platonicien plusieurs éléments-clés de l'aristotélisme. Le dernier chapitre analyse l'influence de Plotin dans l'élaboration de cette interprétation, à partir de l'étude des témoignages concernant son enseignement oral.

04/2024

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Critique littéraire

Sony Labou Tansi. Naissance d'un écrivain

Qui est Sony Labou Tansi ? Celui que l'on considère aujourd'hui comme l'un des plus grands auteurs africains d'expression française n'est pas né en un jour. Il lui a fallu s'imaginer, se fabriquer, se faire connaître et reconnaître par un Congo en proie aux convulsions de l'Histoire. Tout s'est décidé pour lui à la fin des années 1960, quand son goût de l'expérience créatrice s'est changé en un besoin, toujours plus impérieux, de construire son propre univers, dense et homogène. L'anonyme Marcel Ntsoni invente la figure flamboyante de Sony Labou Tansi, écrivain explosif qui, en marge de l'ordre littéraire, ne craint rien ni personne, dans son projet hyperbolique de fonder une nouvelle littérature. Entre les coups d'Etat et les fièvres révolutionnaires, le Congo a beau traverser des tempêtes, l'apprenti grand écrivain ne désarme pas. La société devient paroxystique ? A l'écriture d'aller plus loin encore en lui administrant son paroxysme à elle, jusqu'à faire voler en éclats ses normes et ses institutions. Scénarios existentiels et fictions compensatoires aident le jeune Sony à modeler son oeuvre et son identité, mais l'exposent aussi à de multiples contradictions : affirmer publiquement son statut d'écrivain et assouvir sa haine du régime au pouvoir ; s'attaquer à une France taxée de néocolonialisme et tenter d'y diffuser ses écrits ; démolir les figures d'autorité et partir en quête de conseillers, d'intercesseurs et de pères littéraires. Pour l'essentiel inédits, les premiers écrits donnent l'image d'une création débondée, véritable geyser de lave, de boue et de sang. Dans l'espace privé des manuscrits, tout peut se dire, des folies les plus intimes aux visions les plus impitoyables. Vivre l'écriture comme le seul absolu, au-delà des tabous, telle est l'expérience hors norme sur laquelle Sony Labou Tansi cherche à édifier la destinée qu'il s'est choisi : devenir écrivain, au sens radical du terme, c'est-à-dire démiurge.

01/2019

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Chanson française

Brassens l'appelait Socrate

Capitaine d'industrie à l'âme d'artisan, Jacques Canetti a su déceler et révéler les talents immortels de la chanson française : Piaf, Trenet, Brassens, Brel, Vian, Félix Leclerc, Béart, Anne Sylvestre, Higelin... Françoise, sa fille, raconte l'histoire - digne d'une aventure - d'un pionnier de la production musicale. Jacques Canetti, un producteur musical au flair infaillible Georges Brassens l'appelait " Socrate ". Et pour cause : Jacques Canetti, " accoucheur " de talents, a dessiné les contours du métier de directeur artistique et producteur musical indépendant ! Capitaine d'industrie à l'âme d'artisan, Jacques Canetti a su rencontrer les monuments de la chanson française, bien avant qu'ils ne le deviennent : Piaf, Trenet, Brassens, Brel, Vian, Félix Leclerc, Guy Béart, Anne Sylvestre, Jacques Higelin, Serge Reggiani... Dans tous ces artistes encore inconnus du grand public, il a su déceler l'incroyable talent à venir - futurs points de repères de toutes les générations françaises. Loin des considérations marchandes, Canetti a mené sa barque en fonction de trois mots-clefs : joie, confiance et enthousiasme. Jeanne Moreau fut d'ailleurs la première à s'en remettre à son flair. " Mais quand Canetti dort-il ? ", se demandait Boris Vian. A juste titre : ce démiurge a créé un théâtre parisien, Les Trois Baudets, construit le catalogue discographique de Polydor et Philips, lancé les " Tournées Canetti " sur les routes de France, mis sur pied une " coopérative d'artistes " pendant la guerre et, plus tard, sa propre maison de production. Mais ce pionnier fut aussi l'un des grands artisans de l'économie naissante de l'entertainment, porté par la radio et les techniques nouvelles de pressage de disques et de communication. En somme, la vie de Jacques Canetti (1909-1997) fut une incroyable aventure, ici racontée par sa fille Françoise, témoin dès sa prime enfance de l'enthousiasme de son père - et du défilé ininterrompu d'artistes dans le salon familial.

09/2022

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Ouvrages généraux

La puissance et la peur. La civilisation européenne : un renouveau est-il encore possible ?

La civilisation européenne a perdu son ascendant sur le monde. Des peurs l'assaillent. Son alliance millénaire avec les savoirs, les sciences expérimentales et les technologies avaient porté sa puissance au zénith. Ses deux matrices constitutives, gréco-romaine, judéo-chrétienne, et les Lumières, avaient nourri la recherche du progrès scientifique et technique. Universalistes, elles en faisaient le moyen du Progrès qui offrait à tous les êtres humains une raison d'être, donnaient un sens à la vie, aux souffrances, à la mort. Ce Progrès a fait naufrage. Le moyen est devenu la fin. L'Europe est orpheline de sens. Des interrogations pèsent sur la pérennité des conditions de vie sur notre planète, les évolutions technologiques imposent des choix. Et l'Europe se mettrait en retrait ? N'a-t-elle plus rien à proposer ? Rien, sur la poursuite effrénée de l'ère technologique ? Rien, sur la nécessité d'une ère symbiotique qui nous réconcilierait avec la nature, sans sombrer dans l'idéologie désastreuse de l'écologisme punitif ? Rien sur le maintien en jachère de milliards de jeunes cerveaux, en Afrique en particulier, pendant que des démiurges, à l'hubris délirante, financent trans et post-humanismes, au risque de briser l'unité de notre espèce ? Par le niveau de ses compétences, l'Europe reste dans la course des technologies d'avenir. Mais elle doit organiser sa puissance pour peser sur des choix qui deviennent pressants et retrouver dans ses matrices fondatrices le sens qui lui fait défaut. Sinon, les fracas de l'histoire sanctionneront bientôt ses hésitations entre reniement et renouveau.

11/2021

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Poésie

A la vitesse des nuages. Précédé de Un champion de mélancolie

La ville, chez Daniel Fano, est "sale comme un rêve inachevé" . Le monde aussi, et le lecteur ne sait pas sur quel pied danser. Pas plus que les personnages d'ailleurs, fragments imaginaires d'histoires plus grandes, désossés des vieux polars américains, qui confondent la fin du monde avec la prochaine danse. On navigue entre le crime et le cartoon, la vivacité de la bande-dessinée et la profonde mélancolie des closing-times. On saute d'un continent et d'une époque à l'autre, en changeant de vers, on fait de grands voyages, dictés par la seule logique de la fantaisie, dans une forme de tendresse poétique ; le décousu comme une approche du monde. Et tout semble se passer au même moment, dans une tranquille équivalence, les drames comme les broutilles, l'extinction des espèces et une robe froissée ; on sait maintenant "que la mémoire est une folie de plus" . Fano déploie des dizaines de narrations simultanées, où apparaissent brièvement, parfois en souvenir, parfois en ricochets d'évocation, parfois en figures clownesques de carton-pâte, les visages de Catherine de Médicis, Cy Twombly, Barack Obama, Serge Gainsbourg, Steve Reich, Eric Dolphy, Usain Bolt ou Claude Debussy. C'est un bombardement de flegme, de soie, puisé dans la mythologie des films noirs et des romans d'espionnages. Ces poèmes sont des coffres à jouets débordants de femmes fatales, de détectives un brin ratés, d'hommes d'affaires et de dictateurs, dans un bazar de révolutionnaires et de sex-symbols. C'est plein de pierres précieuses, de feutres mous et de Berreta, de Cadillac et de films pornos. Tous ces personnages soudain pris sous les projecteurs des télévisions, en flagrant délit de crime irrésolu : celui de la condition humaine. Car le monde tourne rond, mais à une allure folle, à la vitesse des nuages, et toutes les histoires se valent : ce n'est pas un parc d'attraction, c'est la vie même, mais éclairée par une lumière de dancing et on ne sait plus très bien qui appartient vraiment à la fiction. C'est la vie avec ses personnages découpés dans les journaux à scandale, et rassemblés dans un collage géant, par un démiurge facétieux qui s'accroche à ses fantaisies avec une joie féroce, sur le tableau d'une époque de la mémoire totale qui a "tué l'histoire" .

09/2019

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Littérature française

Fraternels

En cette nuit du 18 juin, sur le mont Valérien, l'Ifon 11 du jeune François-Joseph de la Fistinière est fin prêt à filmer son propriétaire dans une position attentatoire à l'honneur de sa famille de militaires. Afin d'enrayer la propagation virale de la vidéo, le patriarche appelle au secours son fils illégitime, patron de la firme Opié, elle-même conceptrice de l'Ifon et numéro un européen de l'énergie. A La Défense, la tour Opié s'éveille : Samia, l'hôtesse d'accueil, prend son poste au rez-de-chaussée ; au trente-sixième étage, le technocadre Kevin Klein convoque toute son habileté informatique pour maquiller la baisse dangereuse des stocks de tantale nécessaires au grand dessein de l'entreprise. A l'autre bout de la planète, en Iamalie, d'étranges aurores boréales plongent dans l'inquiétude une tribu de Kètes. A Cuzco, Pérou, on inaugure l'Horloge du Sud : il s'agit d'en finir avec l'impérialisme occidental et de s'approprier le temps qui, à l'image des saisons, s'égrènera désormais à l'inverse de l'hémisphère nord. Plutôt que de se lamenter sur ce monde qui va à sa perte, sur fond de course effrénée au profit, d'inégalités sociales vertigineuses et de désastres écologiques, le romancier s'invente démiurge. Décidant, lui aussi, d'inverser le processus, il embarque son lecteur éberlué dans une ébouriffante utopie. Les victimes d'hier se réapproprient leur destin : tandis que, dans les Andes, les terres minières reverdissent, deux licenciés d'Opié (dont notre Franjo), ayant rejoint la ZAD de Cadarache, trouvent le moyen de faire imploser la toute-puissance capitaliste ; la vie de Samia, elle, a changé depuis sa rencontre, lors de la Gay Pride, avec Yaqut, dont la défense d'un islam de paix et de lumière l'a convaincue de s'engager à ses côtés dans un djihad... de l'amour ; quant à Tyapsa, la seule survivante de la tribu de Kètes, on la retrouvera, après bien des tribulations, figure centrale d'un final libertaire, burlesque et transgressif. C'est un vibrant éloge au pouvoir de la fiction que cet éblouissant roman-monde, mené tambour battant par un écrivain qui jamais ne doute de la capacité de ses personnages d'aller au bout de leurs désirs.

08/2016

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BD tout public

Brassens et Tintin. Deux mondes parallèles

Au premier abord, tout semble opposer le monde créé par Brassens à travers quelque 300 chansons et celui où évoluent Tintin et ses compagnons au long des 24 albums. L'univers des chansons est rèvé, légendaire, celui des Aventures est concret, comme une copie du réel. La poésie et la folie planent sur l'oeuvre du premier tandis que le petit reporter est immergé dans l'action. Brassens est un spectateur distancié, Tintin un aventurier engagé. L'un, amoureux des femmes, parle cru, l'autre, asexué, ignore le désir. Anticonformisme et anticléricalisme d'un côté, valeurs boy-scouts chrétiennes de l'autre. Et pourtant... Ces deux créations majeures du XXe siècle séduisent des pu­blics communs. Est-ce seulement dù à l'immense talent de leurs démiurges ou à leur contemporanéité - 1921-1981 pour Brassens, 1907-1983 pour Hergé - qui suffirait à engendrer une connivence générationnelle et culturelle ? Ce livre démontre qu'une telle explication ne suffit pas : il existe des analogies, voire des affinités entre ces oeuvres apparemment si dissemblables. Contrairement à ce que pourrait laisser penser une approche superficielle, les "philosophies de vie" des personnages mis en scène par Georges Brassens et Georges Remi sont loin d'ètre incompatibles. Grâce à une analyse approfondie des récits du poète sétois et du dessinateur belge, Renaud Nattiez met en évidence des correspondances surprenantes, des similitudes insoupçonnées. Deux mondes parallèles, au double sens du mot : ils ne se confondent pas, ils ne se rejoignent pas, mais ils évoluent dans la mèmc direction comme si, au fil des ans1 Brassens s'était rapproché de Tintin et Tintin de Brassens. Renaud Nattiez est né entre Mouhnsart et Sète, lorsque Tintin s'apprétait a marcher sur la Lune et Brassens à enregistrer son premier disque. Le premier lui a donne le gout de l'ailleurs, le second celui du jeu avec les mot, de la langue française. L'auteur a publié Le Mystère Tintin (2016), Le Dictionnaire Tintin (2017), Les Femmes dans le monde de Tintin (2018). Ancien élève de l'ENA, ex-diplomate, il est docteur en économie.

02/2020

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Cinéastes, réalisateurs

Correspondance 1918-1955

Ces 210 lettres inédites nous mettent face à deux personnages de l'histoire du cinéma, que tout paraît opposer : Abel Gance est un metteur en scène pour qui l'expression " septième art " semble inventée, Charles Pathé est un industriel soucieux de réunir le grand public. Leurs âges (Charles Pathé est de vingt-six ans l'aîné), leurs métiers et façons de faire des films sont a priori différents. C'est pourtant cette opposition, nourrie d'espérance, de partage, de fidélité, parfois de désillusion et de colère, qui fait la singularité et la richesse de leur relation - entretenue durant près de quarante ans. Leurs échanges débutent à la fin de la Première Guerre mondiale, alors que l'hégémonie du cinéma français est fortement ébranlée par l'extension des studios américains. En 1918, Abel Gance, fort du succès de ses premières réalisations, commence à être reconnu par ses pairs. Charles Pathé est quant à lui un industriel renommé, mais sa multinationale, créée en 1896, a essuyé d'importantes pertes de marchés. Tandis que l'un est au début de sa carrière, l'autre cherche le moyen de conserver sa place. Cependant, les vues de l'industriel et du cinéaste ne sont pas si éloignées. Charles Pathé trouve en Gance un auteur qui lui permettra de poursuivre ses réflexions et même de les appliquer. Quant au metteur en scène, chef de file de l'avant-garde française, il n'oppose pas création et cinéma commercial et s'appuie sur celui-ci pour trouver des capitaux. De J'accuse (1919) à La Roue (1923) puis Napoléon (1927), les projets naissent et s'accomplissent avec ferveur. Mais les réalisations pharaoniques de Gance, en pleine crise du cinéma, ne sont pas sans créer de frictions. Les ressentiments éclatent quand l'heure des comptes arrive. Le passage au cinéma sonore, marquant la fin de la démiurgie de Gance ainsi que le retrait des affaires de Charles Pathé, laisse place aux écrits mélancoliques. C'est dans l'expression mouvante de leur sensibilité et de leur pensée du cinéma que cette correspondance, miroir des enjeux de son temps, prend tout son intérêt.

06/2021

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 1

"C'est à Paris que j'ai écrit mes premiers romans, découvert l'Amérique latine et commencé à me sentir latino-américain ; j'y ai vu la publication de mes premiers livres ; j'y ai appris, grâce à Flaubert, la méthode de travail qui me convenait et su quel genre d'écrivain je souhaitais être. La France m'a enseigné que l'universalisme, trait distinctif de la culture française depuis le Moyen Age, loin d'être exclusif de l'enracinement d'un écrivain dans la problématique sociale et historique de son propre monde, dans sa langue et sa tradition, s'en fortifiait, au contraire, et s'y chargeait de réalité. "Fraîchement arrivé à Paris, en août 1959, j'ai acheté Madame Bovary à la librairie La Joie de Lire, de François Maspero, rue Saint-Séverin, et ce roman, que j'ai lu en état de transe, a révolutionné ma vision de la littérature. J'y ai découvert que le "réalisme" n'était pas incompatible avec la rigueur esthétique la plus stricte ni avec l'ambition narrative. . ". Extrait de l'Avant-propos de l'auteur, inédit. Débrider l'imaginaire et rivaliser avec la réalité, "d'égal à égal" : tel est le programme du romancier Vargas Llosa. Il reflète un appétit qui pourrait passer pour démesuré. Julio Cortázar comparait l'énergie de son ami Mario à celle de ce rhinocéros du zoo de Buenos Aires qui renversa les barrières de son enclos quand l'envie lui prit d'aller se baigner dans l'étang voisin. L'anecdote fait d'ailleurs écho à la manière dont Vargas Llosa lui-même évoque l'exorbitant pouvoir de l'écrivain, capable de saccager le monde, de le décortiquer, voire de le détruire, pour lui opposer une image littéraire née de la parole et de l'imagination. Cette radicalité, que partagent les modèles de Vargas Llosa - Flaubert, Faulkner -, est à la source d'un univers imaginaire qui nous entraîne (Cortázar avait raison) avec la force irrésistible des grands mammifères. Il y a du démiurge chez l'auteur de Conversation à La Catedral. Et de l'architecte : ses livres sont des édifices minutieusement équilibrés, chacun a sa forme propre, ses audaces, son rythme, ses voix. Vargas Llosa gouverne en sous-main un monde polyphonique, violent, généreux, extraordinairement séduisant, auquel le public est fidèle depuis un demi-siècle. Voici, en deux volumes, huit romans publiés entre 1963 et 2006, choisis par l'auteur et proposés dans des traductions révisées. Ils sont accompagnés d'un appareil critique qui a bénéficié du dépôt par Mario Vargas Llosa de ses archives littéraires à l'université de Princeton, où sont désormais conservés les manuscrits de ses livres, les carnets dans lesquels il consigne ses projets, mais aussi de la correspondance, des notes personnelles, des coupures de presse, d'autres documents encore qui autorisent, pour la première fois, une plongée dans l'atelier de l'écrivain.

03/2016