Recherche

Michèle Le Bris, Jean Rouaud, Nathalie Skowronek

Extraits

ActuaLitté

Critique littéraire

Le défi romantique

Paru en 1981 chez Skira, traduit en cinq langues, couronné par de nombreux prix, français et étrangers, le Journal du Romantisme fut salué en son temps comme un événement. Le livre était devenu introuvable : le voici enfin réédité, revu et augmenté d'une importante conclusion, on ne peut plus actuelle " Contre le nihilisme ". Le romantisme, donc, comme on ne l'avait jamais donné à voir. A mille lieues des clichés sous lesquels on le dissimule. Plus radical encore que le surréalisme : devant la catastrophe d'un rêve de Révolution se renversant en Terreur, devant le rouleau compresseur des idéologies déjà en marche, le pari fou d'une dissidence radicale - en jouant jusqu'à sa vie sur les puissances de ruptures de littérature. Contre l'arrogance des dogmes, la liberté foisonnante de la fiction. Ou, pour reprendre la belle expression de Paul Rozenberg, contre les diktats des Infaillibles, le grand défi des Vulnérables. Pas étonnant, donc, que les Maîtres penseurs, aussitôt, se soient acharnés à le rendre invisible : leur projet n'a-t-il pas toujours été de tuer le poème en chacun de nous ? On comprend dès lors que, les doctrines s'effondrant, alors que nous hésitons, incertains, au seuil d'un nouveau monde, et que se repose de manière angoissante la question du sens, du sens de l'art, et du sens même de l'humain, nous puissions de nouveau retrouver ce que mit en jeu le défi romantique. Actuel, donc, absolument.

04/2002

ActuaLitté

Romans historiques

Les flibustiers de la Sonore

"Je retiens mon souffle - Comment lui dire ces années de ténèbres et de feu, l'or jeté à poignées sur les tables de monte, les filles enlevées sur les côtes de Chine, du Pérou, du Chili, et vendues aux enchères sur le wharf de Clarks Point, San Francisco brûlant comme une torche sous les acclamations des fêtards ivres morts, et reconstruite le lendemain sur les cendres brûlantes, et tous ces malheureux qui mouraient par milliers, dans la Sierra lointaine, de faim, de froid, de maladie, fouillant toujours plus loin, à la recherche du mother Iode, avec dans les yeux des rêves de terre promise : tant de misères, et tant de démesure ! Oui, comment lui dire le vent du désert, la course des chevaux, le "you you" des Indiens, et cette fièvre, aussi, cette fureur qui nous précipita, la tête embrasée de chimères, dans le Sonora inconnu ? Des montagnes d'or en plein royaume apache, divaguaient les soldats, un monde à conquérir, où tout recommencer ! Et nous, pauvres fous, si sûrs que l'univers entier tenait dans le cieux de nos mains..." 29 octobre 1850 : la Californie de la ruée vers l'or fête son entrée dans l'Union. Un volcan en éruption, où se mêlent hors-la-loi, mystiques rêvant de Nouvelle Jérusalem, et révolutionnaires en déroute, venus de toute l'Europe. ... Parmi eux, des milliers de quarante-huitards, fuyant la répression ou tout simplement déportés. Les Américains s'inquiètent : s'agit-il d'une invasion ? Les Français tenteront de prendre la Sierra Nevada et d'y faire vivre leur utopie, avant de partir à la conquête de la Sonore mexicaine, sous la direction d'un comte romantique et dandy. Une formidable épopée, restée jusqu'ici inédite, et, avec elle, le retour au vrai roman d'aventures !

10/1998

ActuaLitté

Littérature française

Pour l'amour des livres

"Nous naissons, nous grandissons dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leurs échos éveillés en nous, ne resterions-nous pas tels des enfants perdus dans les forêts obscures ? Donnant mots, visage à l'inconnu du monde, nous révélant à nous-mêmes, ils sont, si l'on y réfléchit, notre première, notre véritable demeure. Je leur dois tout. Mon enfance fut pauvre et solitaire, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis. Par la grâce d'une rencontre avec un instituteur, engagé, sensible, qui m'ouvrit sans retenue sa bibliothèque et me laissa libre de mes rédactions, j'y ai découvert la puissance de libération des livres, et que, par eux, nous pouvions nous arracher à tout ce qui prétend nous déterminer et nous contraindre. J'ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde : il est en chacun de nous un royaume, une dimension d'éternité, qui nous fait humains et nous fait libres. Tel est son grand message : que, tous, nous sommes plus grands que nous." M. L. B.

01/2019

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Un hiver en Bretagne

Le vent, l'hiver s'engouffrent en hurlant dans la baie, les falaises de Samson se couronnent d'écume ; au large, une voile brune hésite, faseye... Michel Le Bris est né à Plougasnou, d'une " histoire inachevée entre terre et mer ", dans une odeur de sel et d'iode mêlés, sous la lumière rase des hauteurs de Ti Louzou. C'est cette histoire qu'il reprend, au point de départ de l'enfance et au tamis des expériences de l'âge adulte. " J'ai voulu simplement, ici, tendre un peu l'oreille à la musique des vents, certains jours, dans la baie de Morlaix, explorer l'énigme de cet appel qui sans cesse me ramène à ce coin de Bretagne... "

05/1997

ActuaLitté

Littérature française

Kong

Deux jeunes gens sortent sonnés de la Grande Guerre. L'un, Ernest Schoedsack, a filmé l'horreur dans la boue des tranchées ; l'autre, Merian Cooper, héros de l'aviation américaine, sérieusement brûlé, sort d'un camp de prisonniers. Ils se rencontrent dans Vienne occupée, puis se retrouvent à Londres où naît le projet qui va les lier pour la vie. Comment dire la guerre ? Comment dire ce puits noir où l'homme s'est perdu - et peut-être, aussi, révélé ? Pas de fiction, se jurent-ils : le réalisme le plus exigeant. S'ensuivent des aventures échevelées : guerre russo-polonaise, massacres de Smyrne, Abyssinie, épopée de la souffrance en Iran, tigres mangeurs d'hommes dans la jungle du Siam, guerriers insurgés au Soudan... Leurs films sont à couper le souffle. On les acclame : " Les T. E. Lawrence de l'aventure ! " lance le New York Times. Eux font la moue. Manque ce qu'ils voulaient restituer du mystère du monde. Déçu, Cooper renoncera quelque temps - pour créer avec des amis aviateurs rien moins que... la Pan Am ! - avant d'y revenir. Ce sera pour oser la fiction la plus radicale, le film le plus fou, pour lequel il faudra inventer des techniques nouvelles d'animation. Un coup de génie. Une histoire de passion amoureuse, mettant en scène un être de neuf mètres de haut, Kong, que l'on craint, qui épouvante, mais que l'on pleure quand il meurt... Le film est projeté à New York devant une foule immense, trois semaines avant qu'Hitler ne prenne les pleins pouvoirs. Sur un air de jazz mélancolique ou joyeux, entre années de guerre et années folles, Michel Le Bris nous offre une fresque inoubliable. On y croise des êtres épris d'idéal, des aventurières, des héros, des politiques, des producteurs, des actrices, et bien sûr un immense singe que l'on aime craindre et aimer, moins sauvage que l'homme...

08/2017

ActuaLitté

Littérature française (poches)

La porte d'or

Dans les montagnes derrière San Francisco, dans les villes fantômes de la Sierra Nevada, dans les portraits de brutes exquises et de femmes étonnantes, se dessine l'horizon envoûtant de la Californie à l'époque de la ruée vers l'or. Où l'on découvrira des pionniers forbans et traqueurs d'absolu, se consumant au feu brûlant de leurs chimères...

04/2010

ActuaLitté

Récits de voyage

Anthologie des écrivains de Gulliver

Nicolas Bouvier, Bruce Chatwin, James Crumley, Jim Harrison, Jacques Lacarrière, Jacques Meunier, Redmond O'Hanlon, Hervé Prudon, Salman Rushdie... Quelques noms parmi tant d'autres, pour un exceptionnel panorama de la littérature voyageuse. Quelques noms et une formidable aventure initiée par Michel Le Bris en 1990, avec la création du festival " Etonnants Voyageurs ", à Saint-Malo, puis de la revue Gulliver. " Un jour, parce que j'étouffais dans les modes de l'époque, qu'il me fallait un autre espace, où respirer un peu plus large, je décidai que c'était trop, et qu'il fallait se battre, pour une littérature plus aventureuse, plus voyageuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire. En rassemblant les petits enfants de Stevenson et de Conrad partout, de par le monde. " Tout grand livre, écrivait Stevenson, est quelque part un récit de voyage. " Nulle école, nul dogme, nulle forme obligée, mais la conviction affirmée que c'est l'épreuve de l'autre, de l'ailleurs, du monde, qui, seule, peut empêcher la littérature de se scléroser en modes, en formes vides. La quête de cette parole vive, portée à incandescence par les artistes, les poètes et les écrivains, en nommant le monde, nous le donne à voir et l'invente, le revivifie. Un lieu, un texte, et le regard croisé d'un(e) inconnu(e) au bout du monde dans le voyage se joue peut-être le retour à une vérité un peu trop oubliée de la littérature : écrire, c'est toujours s'en aller.

05/1999

ActuaLitté

Littérature française

Pour l'amour des livres

"J'ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l'oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture : qu'il est en chacun de nous un royaume, une dimension d'éternité, qui nous fait humains et libres." M. L. B.

06/2020

ActuaLitté

Récits de voyage

L'homme aux semelles de vent

"Nous irons quelque jour par-delà l'horizon, à la recherche de nos Irlandes." Que serait un voyage sans le livre qui l'avive et en prolonge la trace - sans le bruissement de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route ? Samarcande, Trébizonde, tant de mots, dès l'enfance, qui nous furent comme des portes, tant de récits, tant de légendes ! A sa parution, en 1977, L'Homme aux semelles de vent fut salué comme un livre en rupture avec les idéologies du temps. Mais il était bien plus que cela : l'annonce d'un grand retour de la fiction, le premier manifeste pour une "littérature aventureuse".

02/2021

ActuaLitté

Critique

Rêveur de confins

" Dans la salle enfumée du bistrot de marins, des noms passaient, que l'on aurait dit des soupirs portés par le vent battant les volets clos : Mascareignes, Terre de Feu, Veracruz - et c'était comme si les murs, alors, se reculaient jusqu'au bout de la terre. Le jour revenu, je courais de rocher en rocher, tandis que les cargos s'éloignaient vers le large, et je restais des heures à fixer l'horizon : là-bas, derrière la ligne bleue où ils disparaissaient, il y avait des mondes, effrayants et splendides, et, à n'en pas douter, des îles de corail sous les cieux sans nuage. Un jour, moi aussi, je m'en irais ! Je m'en allais déjà, le nez dans la poussière de mon grenier, avec pour seul témoin le ciel, par l'étroite lucarne, pour seuls complices les grands chevaux de l'empire des nuages, tandis que je tournais les pages de mes trésors, Curwood, Stevenson, Jack London, le Journal des voyages - et chaque livre, alors, m'était comme une porte qui ouvrait sur des mondes. Je suis parti. Du moins j'ai essayé. Voici quelques fragments de ce qui m'attendait, derrière la ligne d'horizon. "

09/2011

ActuaLitté

Critique

Abécédaire intime

"Est-il plus grand bonheur qu'une rencontre imprévue, un livre, un poème, quand il vous semble qu'en cet instant, qui peut-être vaudra pour votre vie, quelqu'un vous a fait signe et que vous vous y êtes reconnu ? Vagabonder, courir de livre en livre au bonheur des rencontres, j'y ai consacré ma vie, avide de découvertes, toujours pressé de les faire partager, multipliant les collections, pressant les éditeurs comme s'il s'agissait de cartes au trésor à découvrir de toute urgence". Michel Le Bris a bien souvent passé la ligne d'horizon. Tous ces fragments d'ailleurs composent ici l'autobiographie d'un rêveur éveillé. De sa Bretagne natale aux lointaines tavernes du bout du monde, il égrène ses souvenirs et ses rencontres, évoque les oeuvres qui l'ont façonné, les peintres et les musiciens qui l'ont habité. Chemin faisant, il nous ouvre les portes de son royaume intérieur.

04/2021

ActuaLitté

Récits de voyage

Dictionnaire amoureux des explorateurs

Que cherchaient-ils, ceux-là qui, au fil des siècles, se risquèrent par-delà l'horizon ? Face à l'inconnu, il est deux attitudes qui séparent ceux que l'on rassemble sous le seul nom d'explorateurs : ceux qui le traquent pour l'éradiquer, comme s'ils lui en voulaient, et devant l'obscur d'une foret calculent déjà les stères de bois qu'ils y débiteront, et puis ceux qui s'y enfoncent dans l'espoir de s'y perdre et que "l'ailleurs" promis ne se transforme pas en un nouvel ici. On aura compris vers lesquels vont mes préférences... Voici donc quelques-uns des songe-creux, forbans, risque-tout, rêveurs de royaume, escrocs chimériques qui m'ont accompagnés depuis l'enfance. porteurs d'histoires héroïques, bouleversantes, hilarantes - comme Rob Roy MacGregor qui réussit l'exploit de descendre le canal de Suez en canoë un an avant qu'il soit ouvert. Mary Kingsley, tenante du "christianisme athlétique" qui attaquait les crocodiles à coup d'ombrelle, James Holman et Jacques Arago, assurément les plus grands voyageurs aveugles, Percy Fawcett traquant le secret des Atlantes en pleine Amazonie, ou l'immense Richard Burton, dom le rire satanique nous fascine encore...

05/2010

ActuaLitté

Littérature française

La Beauté du monde

Ils furent, dans les années 20, les grandes stars de l'aventure. Lui, Martin Johnson, compagnon dans sa jeunesse de Jack London, inventa le cinéma animalier. Elle, Osa, la plus glamour des risque-tout, inspira l'héroïne du film King Kong. D'eux, Hemingway écrivit qu'ils furent les premiers à briser les clichés sur " l'Afrique des ténèbres ". Martin et Osa étaient, pour toute l'Amérique, les " amants de l'aventure ". En 1938 Winnie, écrivaine débutante, est chargée d'écrire la biographie d'Osa, veuve désormais, beauté flétrie réfugiée dans l'alcool, toujours hantée par le mystère de la beauté du monde... Du New York des " roaring twenties " à la splendeur d'un Kenya des premiers âges de la Création, de la Table Ronde de l'Algonquin, où Dorothy Parker fut la marraine d'Osa, aux clubs de Harlem où s'inventait le style " jungle " quand la modernité la plus radicale flirtait avec notre " part sauvage " : à travers le destin d'une femme, c'est toute la fièvre d'une époque que Michel Le Bris nous fait revivre dans ce roman au souffle exceptionnel.

08/2008

ActuaLitté

Beaux arts

Jean-Michel Coulon (1920-2014). Edition bilingue français-anglais

Jean-Michel Coulon a passé sa vie à créer, dessiner et peindre... dans un secret quasi-absolu. Il ne laisse personne entrer dans son atelier et à sa mort, en 2014, sa famille découvre une oeuvre structurée, intacte et inédite qui compte plus de 800 peintures et collages. Dès 20 ans, il décide de se consacrer entièrement à la peinture. D'emblée ses oeuvres sont toutes abstraites. Au cours des années d'après-guerre il est introduit dans les cercles artistiques comme la seconde Ecole de Paris et devient proche de peintres tels que Nicolas de Staël, André Lanskoy, Maria Helena Vieira da Silva et Arpad Szenes. Ses débuts sont prometteurs puisqu'à 30 ans il expose seul à la galerie Jeanne Bucher dont le livre d'or témoigne de la présence d'artistes qui connaitront bientôt la célébrité. Parmi eux, Rothko, Vieillard, Deyrolle ou Arnal. L'année suivante, en 1950, il participe à une exposition de groupe à New York. Ensuite, cependant, sans jamais cesser de créer, il refusera presque toutes les propositions d'exposition. Cet ouvrage propose de découvrir le travail d'un artiste qui a refusé la reconnaissance du grand public de son vivant, alors qu'il a dédié sa vie à son oeuvre.

06/2018

ActuaLitté

Lecture 6-9 ans

Tout feu tout glace. Avec Nathalie Péchalat

Un sac de billes de perdu pour Jo, c'est un sac de billes de trouvé pour Nils. Une seule condition pour les récupérer : chausser les patins ! Grâce au concours de Nathalie, Jo va tenter de faire fondre le jury. Saura-t-il maîtriser ses émotions et relever le pari ?

02/2020

ActuaLitté

Littérature française

La femme promise

"Normalement, voir débarquer un homme en tenue de plongeur sous-marin, encadré comme un prévenu, dans une gendarmerie de Basse-Normandie, inciterait plutôt à la méfiance. Seulement voilà, la normalité, le plongeur qui a tout perdu et la jeune femme venue déposer plainte pour le cambriolage de sa demeure en ont visiblement fait le tour. Que le sort se soit ainsi acharné sur eux, c'est sans doute à leurs yeux un signal d'alerte, l'occasion d'affronter enfin les ombres du passé. Le passé, pour Daniel, chercheur en physique nucléaire, c'est une enfance orpheline désastreuse, entre un réparateur de cycles mutique et une grand-mère comateuse. Pour Mariana, artiste plasticienne, qu'on pourrait dire de bonne famille si son grand-père collaborateur n'avait été exécuté par la Résistance, c'est un désir de création dont elle semble aujourd'hui douter. Mais il y a l'éblouissement de la rencontre, mais il y a le père de Mariana, enfermé dans sa grotte qui attend de la contemplation des fresques paléolithiques la révélation de son identité, mais il y a madame Moineau et ses intuitions à l'emporte-pièce, mais il y a ce portrait inachevé qu'il va bien falloir faire parler, mais il y a l'auteur qui poursuit un rêve semblable, et à qui cette même Mariana aurait demandé quelques lignes pour sa prochaine exposition", Jean Rouaud.

01/2009

ActuaLitté

Littérature française (poches)

La vie poétique Tome 1 : Comment gagner sa vie honnêtement

Une vie poétique ? Disons une vie dont la poésie est le guide-fil. On embarque avec un héritage (des valeurs pieuses, un père mort, une enfance pluvieuse), avec un désir d'écriture, un rêve d'amour, et puis, son maigre bagage sur le dos, on traverse un territoire marqué par des événements, ici l'onde de choc de mai 68. Ce qui oblige à répondre à la question : qu'est ce que l'époque m'a fait ? Elle m'a fait qu'à vingt ans, par exemple, il n'était pas envisageable de penser sérieusement à travailler - ce qui allait bien avec l'idée poétique - et encore moins honnêtement quand, dans les milieux marginaux qui quittaient la ville pour s'installer en communauté à la campagne, on vivait surtout de combines et de rapines. Elle m'a fait que, dans ce juste refus du règne de l'argent et des mirages consuméristes, il ne restait plus que les petits boulots pour survivre. Et ce qui devait être une vie insouciante, libre et joyeuse se transformait, les années passant, d'une enquête sur un apéritif à la gentiane à la vente d'une encyclopédie médicale au porte-à-porte, en un sentiment de gâchis.

11/2012

ActuaLitté

Littérature française

Des hommes illustres

Du père, on ne savait que peu de choses, sinon que sa mort, à quarante et un ans, un lendemain de Noël, avait entraîné, par une sorte de " loi des séries ", celles de la petite tante Marie et du grand-père maternel. Quel était donc cet homme qui avait ce pouvoir de faire le vide derrière lui ? Un homme illustre ? Comme il en existe des millions. De ceux qui se tuent à la tâche pour assurer un semblant de bien-être à leur famille et qui, rattrapés par un quotidien dévorant, ont enterré prématurément les aspirations de leur jeunesse. Tout comme ce " grand jeunes homme ", orphelin, aux talents multiples, aimant le théâtre et la compagnie, qui n'eut que le tort d'avoir vingt ans au moment où l'Europe rejouait un " remake ", plus sanglant encore, du premier conflit mondial.

09/1993

ActuaLitté

Littérature française

Le monde à peu près

Après le vertigineux succès des Champs d'honneur, la source ne s'est pas tarie : Le monde à peu près nous inonde de bonheur. Jean Rouaud peint en virtuose les faux départs, les contretemps, les dérapages de son myope gaffeur. Il y a un style Rouaud qui nous entraîne d'emblée dans l'univers qui lui est propre. Un libre plein, qui s'impose à vous dès la première ligne et ne cesse plus ensuite de vous tenir sous le charme. Le roman magnifie l'ordinaire tristesse des vies moyennes à force de précisions dans la désolation et l'humour. Est-ce l'intrication de la verve comique et du drame ? Le monde à peu près ne ressemble à aucun autre roman. Qui a osé écrire que le roman français était mort ?

04/1996

ActuaLitté

Développement durable-Ecologie

L'avenir des simples

"On a bien compris que l'objectif des "multi-monstres" (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l'exercice d'une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d'avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l'art savant de l'aiguille et du tricot et la pratique d'un instrument de musique au lieu qu'on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l'emprise des "multi-monstres" , utiliser toutes les armes d'une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : "votre appareil ne nous intéresse pas" , graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l'agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d'agro-écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l'immense solitude des campagnes et l'encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l'arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d'habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c'est refroidir l'atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, "c'est un éternel Treblinka". J.R.

03/2020

ActuaLitté

Littérature française

Comédie d'automne

" Comédie d'automne constitue le sixième et dernier épisode de " La vie poétique " . Je travaillais au kiosque quand " le tournant de la rigueur " nous a précipités dans une course à l'argent. Parmi les habitués se trouvait un homme d'une soixantaine d'années, Albert, dont j'appris au fil du temps qu'il était rentier, d'où son intérêt pour la seconde édition du Monde et des cours de la bourse. Spécialiste de Stendhal, il sera mon premier lecteur, et un conseiller avisé. Il est un des trois personnages centraux du livre. Avec ma mère qui ne vit pas d'un bon oeil la parution des Champs d'honneur, et encore moins l'attribution à son fils du prix Goncourt. Ce qui nous amène à cette " comédie d'automne " . On pourrait croire que le prix récompense le seul mérite d'un livre. Ô naïveté, les arcanes de l'édition ne fonctionnent pas sur des critères aussi élémentaires. C'est oublier les intérêts économiques, les rivalités, les ambitions, de sorte que les jurés du prix, dont la probité aux yeux de la presse était sujette à caution, furent très contents de pouvoir l'attribuer à un innocent n'ayant rien à voir avec le milieu, qui plus est auteur d'un livre paru aux très austères et vertueuses Editions de Minuit. L'entreprise de blanchiment était parfaite. Le troisième personnage crucial, car c'est par lui que le livre existe, c'est l'éditeur. Moins détaché qu'il n'y paraît. Et le narrateur ? Tout d'abord spectateur, venant d'une époque où ce genre de prix était discrédité, il assiste depuis son kiosque à cet étrange ballet de journalistes, de curieux, de rumeurs, de caméras de télévision, sans se sentir vraiment concerné. Le moment venu, ce ne sera pas aussi simple. Mais c'est bien grâce à ce livre qu'il fit la connaissance de deux hommes merveilleux : Bernard Rapp et Robert Doisneau. Ensuite, ce n'est plus la même histoire. " J. R.

08/2023

ActuaLitté

Littérature française

L'invention de l'auteur

Un auteur, ça invente, c'est bien le moins. Par exemple cette histoire sur un cédérom intitulé Le Vol de Nils, à travers laquelle une ex-petite fille d'extraterrestre rend hommage à son alpiniste de père, disparu en montagne, la privant ainsi de connaître la suite des aventures de Nils Holgersson qu'il lui lisait le soir et dont il avait l'habitude d'enregistrer un épisode avant de partir sur le toit du monde. Et puis un auteur ça s'invente, au sens traditionnel du terme, c'est-à-dire qu'on ne demande pas à l'inventeur d'une grotte de la fabriquer de toutes pièces en creusant la roche, non, un inventeur trouve ce qui est. Alors comment un auteur se trouve-t-il ? D'où lui vient cette étrange idée de se reconnaître auteur quand personne ne lui a rien demandé ? Personne, vraiment? Hum, il semblerait qu'on ne s'invente pas tout seul. Alors comment ça s'est fait ? L'auteur mène son enquête, à sa manière, en lançant devant lui sa phrase dérivante qui ramène dans ses filets un tableau de Georges de La Tour, Bernadette Soubirous, des anciens et des modernes, Jeremiah Johnson, le chevalier Taylor qui aveugla définitivement le vieux Bach, et tiens, son père avec lequel il pensait en avoir fini.

02/2004

ActuaLitté

Littérature française

Les Champs d'honneur

Dans ce récit récompensé par le prix Goncourt en 1990, Jean Rouaud livre une histoire intime et familiale des êtres qui lui sont chers. Marqué par les décès successifs de trois d'entre eux, il se remémore des anecdotes du passé, qui surgissent au gré d'objets retrouvés : lettres, photos, images pieuses, et même un dentier en or, legs insolite de la grand-mère Aline. Sans oublier le carnet du grand-père Pierre, auréolé de mystère... Au fil des pages, c'est un portrait de la France d'hier qui se dessine, avec pour toile de fond la Grande Guerre, où l'histoire individuelle se mêle à l'Histoire collective dans des circonstances douloureuses. Microlectures ; Vers le bac ; Parcours en ligne ; Groupements de textes : d'autres regards sur la Grande Guerre, le récit autobiographique, ou la quête des origines ; Cahier photos : la guerre de 1914-1918 en BD, se raconter avec des objets.

05/2019

ActuaLitté

Romans historiques

Eclats de 14

« Tout a été dit et redit » – cette folie par laquelle des vieillards qui ne combattront pas décident d'envoyer leurs fils à la mort, la stratégie suicidaire de l'état-major prônant l'offensive qui mène des centaines de milliers d'hommes à l'abattoir : « cet ajustement des temps, en catastrophe, c'est ce qu'on appelle la guerre. » Tout a été dit, mais personne ne l'a dit comme Jean Rouaud. Personne n'a dit l'absurde, l'horreur, l'inhumanité, le gâchis, avec cette précision de la langue qu'on lui connaît. Avec acuité. En un texte court, l'auteur des Champs d'honneur décline la guerre sous les quatre éléments de l'univers : la terre, le feu, l'eau, l'air. Guerre mondiale, guerre démesurée. Que l'écriture enveloppe d'un éclat poétique. À quoi s'ajoute celui des dessins sur le vif – le mort saisit le vif – de Mathurin Méheut. Un beau livre en hommage.

11/2014

ActuaLitté

Littérature française

La vie poétique Tome 3 : Un peu la guerre

"Après un bac scientifique j'avais bifurqué vers des études de lettres avec une idée derrière la tête. Nous sommes deux trois ans après mai 68, nous avions l'habitude des bouleversements mais ce que j'apprenais à l'université avait de quoi décourager. On m'annonçait que le roman était mort, ce qui n'était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Mais mort de quoi ? Le siècle n'avait pas été avare en exterminations massives, ce dont on ne prenait pas encore pleinement conscience, alors face à ces montagnes de cadavres on n'allait pas se lamenter pour la mort d'un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une autre mort qui était passée inaperçue, sinon de ses proches et de ses amis, celle brutale de mon père. Est-ce que de cette mort du roman on ne pourrait pas faire le roman de la mort ? Le roman du mort ? Vingt ans plus tard j'amenais à l'éditeur le manuscrit qui glissait cette disparition d'un homme de quarante-et-un au milieu des massacres de la première guerre. Lequel éditeur s'alarma d'une autre disparition, celle du narrateur. Au bilan du siècle il convenait de rajouter deux victimes collatérales : le roman et moi".

01/2014

ActuaLitté

Littérature française

La vie poétique Tome 2 : Une façon de chanter

Une façon de chanter constitue le deuxième volet de l'autobiographie poétique entamée par Jean Rouaud avec Comment gagner sa vie honnêtement. Alors que le premier tome racontait les années d'après mai 68, les voyages en auto-stop, les petits boulots et les expériences hasardeuses des jeunes adeptes de la vie en communauté, Une façon de chanter, à l'occasion de la mort d'un proche, remonte vers l'enfance et l'adolescence. Comme le disparu est ce même cousin qui a offert à l'auteur sa première guitare, ce dernier en profite pour tendre l'oreille vers les lointains de sa jeunesse. Et le moins qu'on puisse dire c'est que la bande-son du village natal était rudimentaire : les cloches de l'église, le marteau du maréchal-ferrant, le cri d'un goret égorgé par le charcutier, et derrière le mur du jardin la seule musique d'un piano sous les doigts de l'oncle Émile. On comprend pourquoi l'arrivée brusque, par l'entremise du transistor, des groupes anglo-saxons, va bousculer ce monde ancien où l'on chantait encore Auprès de ma blonde. Et pour accompagner cette prise de pouvoir par la jeunesse, pas de meilleur passeport que l'apprentissage de la guitare. L'intime et le collectif se mêlent dans le flux d'un récit mouvant et drôle, où l'on croise certaines figures déjà rencontrées comme celles de la mère et du père, mais aussi une charmante vieille dame professeur de piano, un naufragé volontaire, une famille allemande accueillante et le jeune Rimbaud plaquant des accords sur un clavier taillé dans sa table de travail. Autant d'évocations que ponctue la très riche bande musicale : Dylan, les Byrds, Graeme Allwright, les Kinks et bien d'autres sont convoqués pour raconter en musique ce changement de monde, sans oublier les refrains balbutiants, composés par un jeune homme sombre derrière lequel on reconnaît Jean Rouaud lui-même gagner sa vie honnêtement (collection blanche, 2011).

03/2012

ActuaLitté

Littérature française

L'imitation du bonheur

En 1871, une Constance Monastier, jeune épouse d'un maître soyeux des Cévennes, n'a a priori rien à partager avec un Octave Keller, proscrit de la Commune de Paris, réchappé de la semaine sanglante et de ses 30 000 morts. Tout les oppose : leur milieu, leurs convictions, et cette interprétation de l'insurrection parisienne au sujet de laquelle la jeune femme, dans la diligence qui la ramène à Saint-Martin-de-l'Our, en aura entendu des vertes et des pas mûres. Tout les oppose, et pourtant c'est bien cette Constance qui profitera d'un incident de parcours pour fausser compagnie aux autres voyageurs, et fuir à travers les monts cévenols avec ce vagabond fiévreux trouvé blessé sur le chemin. Octave aura trois jours pour donner à la jeune femme une autre image de ceux qu'on appelle les communeux. De quoi évoquer la haute figure de l'Admirable, autrement dit d'Eugène Varlin, de quoi la convaincre que la justice et la générosité font un très honnête programme, de quoi le réconcilier, lui, hanté par les visions du massacre, avec le meilleur de la vie, de quoi découvrir ensemble que l'amour n'a pas déserté, alors que tout autour le monde ancien bascule dans la modernité, que le cheval cède devant le train, que le cinéma s'annonce, et que le roman en aura bientôt fini avec ce genre d'histoires. Mais Constance Monastier, la plus belle ornithologue du monde, dont une pierre gravée sur le mont Lozère porte le souvenir, valait bien qu'on renoue avec certaines pratiques romanesques...

01/2006

ActuaLitté

Poésie

Etre un écrivain

"Le jeune narrateur de la Recherche du temps perdu résume assez bien la situation : "Puisque je voulais un jour être un écrivain, il était temps de savoir ce que je comptais écrire". Ce qui semble tomber sous le sens. Mais quand l'époque assimile le Texte à la Révolution et le Roman à la Réaction, la question ne devient plus quoi écrire, mais comment. Et là, après avoir retourné en vain la phrase dans tous les sens comme "Belle Marquise vos beaux yeux d'amour mourir me font", mieux vaut jouer mal du violon folk et s'intéresser au Guignolo de Saint-Lazzo. Quand se présente l'opportunité d'écrire un billet d'humeur dans un quotidien régional, c'est le moment de prendre conscience que le réel existe bel et bien, et qu'il serait temps de s'y confronter. Et pas seulement par l'écriture. Quoi faire de sa vie mérite aussi qu'on se pose la question." J.R.

03/2015

ActuaLitté

Littérature française (poches)

La désincarnation. Edition revue

C'est sur le principe de la comptine " Yen a marre, marabout, bout de ficelle... " que ce livre est construit. De détours imprévisibles en digressions malicieuses, Jean Rouaud explore les secrets de la création littéraire. Les héros ? Flaubert et Louis Bouilhet, Balzac et surtout la littérature. Le conflit entre réalisme et lyrisme, c'est la question de la guerre secrète qui oppose depuis toujours, et sans doute pour longtemps encore, la loi d'airain du réalisme aux " mouvements, désordonnements, éperduments de style ", au lyrisme que Flaubert aime tant évoquer, où Jean Rouaud lui aussi se retrouve, subtil lecteur, audacieux écrivain.

11/2002

ActuaLitté

Critique littéraire

Misère du roman

"C'est une énigme de ce pays : pourquoi, après avoir inventé le roman réaliste et en avoir fait un genre dominant, s'est-il acharné à le détruire ? Au point qu'à la fin des années soixante, on enregistrait un double avis de décès : non seulement le roman, mais l'auteur étaient annoncés morts. En tenir responsable une seule convulsion littéraire organisée par des linguistes et autres sémiologues ce serait ne pas voir plus loin que le bout de la phrase. En se retournant, à présent qu'on en a fini avec la "table rase du passé", on peut mieux juger de la composition du cocktail létal, qui mêle littérature, idéologie et histoire. Et ce qu'il raconte, c'est que la fameuse marquise, interdite de sortie à cinq heures par Valéry, a traversé le XXème siècle escortée d'une armée de fantômes." J. R.

03/2015