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Abyssinie

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Récits de voyage

Obock. Rimbaud et Soleillet en Afrique

Il y a des noms de villes qui semblent condenser tout le pouvoir attractif d'un lieu, toute la mythologie sur quoi se fonde notre désir de voyager. Ainsi Tombouctou, Zanzibar, Vancouver, Valparaiso... C'est le nom d'Obock, celui d'une ancienne colonie française devenue aujourd'hui port de la République de Djibouti, qui est à l'origine de ce récit et du voyage que Jean-Jacques Salgon entreprend en février 2016 pour, selon ses mots, aller "visiter ce qui n'existe plus". Que Rimbaud et l'explorateur nîmois Paul Soleillet s'y soient un jour croisés, aient pu s'y entretenir de leurs projets commerciaux et des périls encourus sur les pistes qui conduisaient leurs caravanes vers le royaume du Choa, que leur vie aventureuse ait trouvé, sous ces climats hostiles, chacune à sa façon, sa fin précoce, voilà qui donne un relief particulier aux évocations dont ce livre est tissé. Une exploration de la vie de Soleillet, infiniment moins connue que celle de Rimbaud (alors qu'une situation inverse prévalait de leur vivant), constitue le fil d'Ariane qui nous guide vers ces contrées éloignées à la fois dans l'espace et le temps. Pour les deux trafiquants, l'Abyssinie fut un rêve, un rêve commercial, obstiné, dévorant. C'est vers ce rêve "où filtraient les élans d'une véritable passion géographique" que ce livre nous entraîne.

01/2018

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Récits de voyage

Nouvelles du bout du monde

Qui n'a pas rêvé un jour de tout abandonner pour partir au bout du monde ? Mais chacun a sa propre idée du bout du monde. Est-ce un port, un village perdu, un sanctuaire inaccessible, la fin d'un chemin, une taverne fantôme ? Un lieu où l'on vient se perdre ou, au contraire, se retrouver ? Est-il éloigné ou proche, magique ou sordide, bien réel ou imaginaire ? Est-ce un endroit où les rêves naissent ou celui où ils se fracassent ? Dix-neuf écrivains, tous amateurs des lointains, se sont pris au jeu et nous dévoilent dans cette anthologie leur " bout du monde ". Avec eux, on voyage des tropiques à l'Arctique, des bouges de Jerez de la Frontera au mythique hôtel Oloffson de Port-au-Prince. On navigue de Mangareva, la " montagne flottante " de Polynésie, à un îlot inconnu de l'océan Indien. On se dépouille de l'inutile de l'existence dans l'Écosse des abîmes avant d'en grimper les cimes, on se perd dans les pampas d'Uruguay avant de fréquenter les hyènes d'Abyssinie, de déguster un alcool de serpent en Chine, de faire la guerre en Afghanistan et l'amour dans le Grand Nord après avoir acheté une femme aux enchères. Mais il arrive aussi que la mort soit à l'arrivée, au bout du périple. Un véritable tour du monde des bouts du monde...

05/2011

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Histoire de France

Bortaï. Journal de Campagne

Le 6 février 1941 à 3 h 30, une colonne de véhicules militaires franchit le pont sur la Dungu et s'enfonce dans la nuit. Le colonel Edmond Van der Mersch, commandant le 5e régiment des troupes belgo-congolaises, venait de donner le signal de départ du premier contingent. Le XIe bataillon d'infanterie devait rejoindre les forces britanniques échelonnées le long du Nil entre Juba et Karthoum. Cette première mission de protection de la voie de ravitaillement du Cap au Caire devient rapidement offensive. Pour ce premier corps expéditionnaire, ce sera l'escalade des monts Kirin et la prise d'Asosa, le retour vers le sud et le tragique " Killing round " du glacis devant Gambela, les combats de la Bortaï, la victoire finale de Saïo (Dembidollo), fin des hostilités en Abyssinie par la reddition des dernières divisions italiennes repliées dans la province du Galla-Sidamo. L'auteur nous plonge dans son journal de campagne, raconte les péripéties journalières des troupes belgo-congolaises. Sans connaître l'issue de ces moments authentiques, ce récit africain aboutit à la première victoire alliée sur les forces de l'Axe, présentant la Deuxième Guerre mondiale sous un angle encore peu connu. De nombreux documents inédits relatent divers aspects de son action au profit de ses anciens frères d'armes. Ils sont joints à l'attention d'historiens ou de chercheurs soucieux de fixer la mémoire des évènements passés.

02/2011

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Cuisine

Petit traité du haricot

Vieux comme le monde, le haricot ne fait pas son âge ! Sans une ride, il porte plutôt beau malgré ses heures de vol qui en font un vieux briscard de la gastronomie ayant vu du pays. Il ne fayote pas pour autant mais, la mode étant au vintage, il peut s'esbaudir dans les assiettes sans paraître falot. L'entrée du haricot sur la scène des petits traités commence par la dissipation du malentendu qui tend à mettre dans le même panier deux plantes différentes : d'un côté, le haricot d'Amérique, introduit en Europe au XVIe siècle par les conquérants du Nouveau Monde ; de l'autre, le dolique, cultivé en Abyssinie il y a 5 000 ans. Les présentations historiques faites, commence le voyage dans l'Hexagone — Paimpol, Soissons, Arpajon, Castelnaudary, Tarbes, en passant par la Vendée, les Charentes, la Meuse — pour savourer les cocos, lingots, mogettes, rognons et bien d'autres variétés... Un voyage qui se poursuit dans toute l'Europe, en Asie, en Afrique et sur le continent américain, à la découverte d'histoires et de recettes savoureuses. Marie-France Bertaud, auteur de plusieurs ouvrages de cuisine et de fiction, traite ici le haricot dans une approche globale — historique, linguistique, littéraire, argotique... — tout en inscrivant au menu de nombreuses recettes, traditionnelles ou inédites, salées et même sucrées, accompagnées de leurs accords vins. Un Petit traité du haricot délicieux pour tous les becs fins !

10/2018

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Critique littéraire

Sur Arthur Rimbaud. Correspondance posthume (1901-1911)

Ce volume fait suite à deux précédents : le premier a été l’édition de la Correspondance d’Arthur Rimbaud (2007), le deuxième a été l’édition de sa correspondance "posthume" (2010), qui regroupait les lettres échangées à son sujet au cours des dix années qui ont suivi sa disparition, en même temps que les articles ou ouvrages qui lui étaient consacrés. Ce nouveau tome couvre la période 1901-1911, au cours de laquelle le nom de Rimbaud est encore loin d’avoir la célébrité mondiale qui sera la sienne quelques décennies plus tard, mais la connaissance de son œuvre dépasse désormais, et de beaucoup, les milieux littéraires d’avant-garde. Le poète reçoit même, dans sa Charleville natale, l’hommage officiel d’un buste, œuvre de son beau-frère Paterne Berrichon. C’est l’époque où des écrivains qui vont compter dans le siècle — Jacques Rivière, Paul Claudel, Alain-Fournier, André Gide, Victor Segalen — mentionnent Rimbaud dans leur correspondance. Paul Valéry écrit ainsi à Gide: "Vraiment ce bougre-là a deviné et créé la littérature qui reste toujours au-dessus du lecteur." Tandis que le sonnet des Voyelles poursuit son bonhomme de chemin, des inédits du poète sont retrouvés et publiés avec ferveur. Paterne Berrichon et Georges Izambard, le beau-frère et l’ancien professeur de rhétorique, s’invectivent dans le Mercure de France sur leur vision du poète. Et le mythe va bon train, se solidifiant d’année en année : l’adolescent de génie, le déserteur de la poésie, l’explorateur de l’Abyssinie, autant de figures de Rimbaud que le public d’avant la Première Guerre mondiale apprend à connaître et à admirer.

10/2011

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Histoire internationale

Ethiopie à la une. Journaux et publicirés 1865-1935

De 1865 à 1935, l'Ethiopie fait la une de l'actualité dans la presse française. Ses empereurs surgis de la nuit des temps, son farouche irrédentisme face aux appétits coloniaux des nations européennes, ses élans paradoxaux vers la modernité et l'enjeu diplomatique qu'elle représente dans l'antagonisme franco-britannique peuplent les colonnes des quotidiens et des hebdomadaires. Théodoros, Ménélik, Hailé Sélassié, la bataille d'Adoua, l'incident de Fachoda, autant de noms exotiques qui pénètrent les foyers français et marquent les esprits jusqu'à devenir des figures familières pour les lecteurs d'avant la radio et la télévision. Au moment où l'Ethiopie (on disait alors plus volontiers l'Abyssinie) accède aux honneurs médiatiques, le paysage industriel et commercial français est en profonde mutation. La production de masse inonde rapidement le marché. La grande distribution impose les premiers grands magasins. C'est le début de l'ère de la réclame. Il faut absolument accrocher le consommateur, graver le nom des marques dans sa mémoire à coup d'images publicitaires. La découverte du procédé chromolithographique et la récente notoriété de l'Ethiopie sont une aubaine pour les pionniers du message publicitaire. Les visages des dirigeants éthiopiens et de leurs familiers, les scènes de la vie quotidienne, les faits d'armes de l'armée du roi des rois envahissent les albums où chacun range les belles images colorées offertes pour l'achat de chocolats, de biscuits ou de tant d'autres produits désormais indispensables. Ce livre redonne la parole aux journaux et aux publicités de l'époque, afin de rappeler aux lecteurs d'aujourd'hui à quel point l'Ethiopie fut familière à leurs prédécesseurs.

04/2010

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Histoire internationale

La grande traversée de l'Afrique 1896-1899. Congo Fachoda Djibouti, édition bilingue français-anglais

A Lire ou à entendre diverses communications sur la colonisation du continent africain au XIXe siècle, on pourrait croire qu'elle a obéi à un plan déterminé, soigneusement élaboré en fonction des intérêts conjoints des politiques, de l'armée, des églises et des sociétés commerciales, sur fond de complicité entre les grandes nations européennes. L'extraordinaire mission, baptisée " Congo-Nil ", " Marchand " ou " de l'Atlantique à la mer Rouge ", en démontre au contraire tout le caractère hasardeux, chaotique et controversé et la part décisive prise par une poignée d'hommes, à commencer par son initiateur, le capitaine Marchand. Monter l'expédition fut presque aussi long et difficile que la traversée d'ouest en est du continent. Un immense périple, qui de juillet 1896 à mai 1899, sur près de 6000 km, conduisit un groupe d'officiers français des rives du Congo vers le Haut Nil, puis à la côte abyssine. Entre-temps, un fortin inconnu avait failli déclencher une guerre entre la France et la Grande-Bretagne : Fachoda. Récemment retrouvés et restaurés, les albums photographiques du capitaine Baratier, très proche de Marchand, publiés ici pour la première fois dans leur intégralité, permettent de suivre jour après jour, en images, l'épopée de la " grande traversée ", tandis que de nombreux autres documents inédits, issus des fonds Largeau, viennent en éclairer des aspects peu connus.

10/2010

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Romans historiques

L'ABYSSIN. Relation des extraordinaires voyages de Jean-Baptiste Poncet, ambassadeur du Négus auprès de Sa Majesté Louis XIV

A l'origine de ce livre, un fait historique : Louis XIV, le Roi-Soleil, est entré en relation avec le plus ténébreux, le plus mythique des grands souverains de l'Orient, le Négus. L'Abyssin est le roman de cette fabuleuse ambassade. Jean-Baptiste Poncet, jeune médecin des pachas du Caire, sera, par une extraordinaire réunion de circonstances, le héros de cette épopée baroque et poétique à travers les déserts d'Egypte et du Sinaï, les montagnes d'Abyssinie, de la cour du Roi des Rois à celle de Versailles et retour. L'aventure, l'amitié, l'amour, la découverte joignent leurs forces pour captiver le lecteur et lui faire faire le chemin à une allure palpitante. Mais qu'on y prenne garde : derrière sa simplicité, sa tendresse, son humour, ce roman d'aventures recèle une fable tragique. Jean-Baptiste est l'homme qui, ayant découvert un nouvel empire et sa civilisation, fera tout pour déjouer les tentatives de ceux qui veulent le convertir : les jésuites, les capucins et tant d'autres. Grâce à lui, l'Ethiopie échappera à toute conquête étrangère et gardera jusqu'à nos jours sa fierté et son mystère. Le voyage initiatique de Jean-Baptiste et d'Alix, sa compagne, l'histoire de leur amour constituent la trame de ce périple casanovien dans les marges du Grand Siècle, qui donne à penser ce que l'Occident aurait pu être s'il s'était contenté d'aller vers les autres, sans vouloir les conquérir. L'Abyssin, tout en empruntant sa langue à Diderot et son rythme à Dumas, est un roman bien actuel, une parabole sur la haine du fanatisme, la force de la liberté et la possibilité du bonheur.

11/1998

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Histoire internationale

L'Afrique ancienne. De l’Acacus au Zimbabwe. 20 000 avant notre ère-XVIIe siècle

L'Afrique : un continent géographique, plusieurs continents d'histoire. Depuis la mise en place de son peuplement, il y a quelque vingt mille ans, jusqu'au XVIIsiècle, quand l'Afrique bascule dans un nouvel ordre global, cette histoire millénaire et plurielle est celle d'empires et de villes, d'innovations techniques et artistiques, de vies nomades ou sédentaires, de mouvements de populations et de circulations d'idées. Kerma, Aksum, Mâli, Kanem, Makouria, Abyssinie, Ifât, Ifé, Kongo, Zimbabwe... Combien de sociétés africaines ont, bien avant l'emprise de puissances étrangères, exercé leur rayonnement et conversé avec les autres formations politiques du monde ? Cet ouvrage propose, de manière inédite, de découvrir l'histoire ancienne du continent africain. Il nous emmène sur les routes qui ont attiré les marchands grecs ou arabes dans les grandes capitales africaines, qui ont conduit les pèlerins sahéliens de Tombouctou à La Mecque, les diplomates nubiens de Dongola à Bagdad. Voisinant avec cette Afrique en mouvement, apparaissent les singularités sociales des pasteurs de vaches ou de dromadaires, des chasseurs-cueilleurs, des forgerons et des potières. L'histoire de l'Afrique est le fruit de ce balancement entre le temps court des acteurs et le temps long des profondeurs culturelles. Loin des clichés, L'Afrique ancienne, dirigée par François-Xavier Fauvelle, relève un défi : faire de toute trace une source d'histoire et nous présenter à la fois des sites archéologiques grandioses ou ténus, des écrits de moines ou de scribes royaux, des gravures et des peintures rupestres, des vestiges d'outils, des parures, des objets du culte ou de la vie quotidienne, des fragments de langues, des robes d'animaux domestiques ou encore des génomes de plantes, des paysages façonnés par l'homme, des événements remémorés. Illustré par plus de 300 documents – photographies, cartes, relevés et dessins archéologiques –, ce livre invite à partager le désir d'étonnement autant que le plaisir de la rencontre. Cette somme unique réunit les meilleurs spécialistes au monde, quelquefois les seuls de leur domaine.

10/2018

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Littérature française

Kong

Deux jeunes gens sortent sonnés de la Grande Guerre. L'un, Ernest Schoedsack, a filmé l'horreur dans la boue des tranchées ; l'autre, Merian Cooper, héros de l'aviation américaine, sérieusement brûlé, sort d'un camp de prisonniers. Ils se rencontrent dans Vienne occupée, puis se retrouvent à Londres où naît le projet qui va les lier pour la vie. Comment dire la guerre ? Comment dire ce puits noir où l'homme s'est perdu - et peut-être, aussi, révélé ? Pas de fiction, se jurent-ils : le réalisme le plus exigeant. S'ensuivent des aventures échevelées : guerre russo-polonaise, massacres de Smyrne, Abyssinie, épopée de la souffrance en Iran, tigres mangeurs d'hommes dans la jungle du Siam, guerriers insurgés au Soudan... Leurs films sont à couper le souffle. On les acclame : " Les T. E. Lawrence de l'aventure ! " lance le New York Times. Eux font la moue. Manque ce qu'ils voulaient restituer du mystère du monde. Déçu, Cooper renoncera quelque temps - pour créer avec des amis aviateurs rien moins que... la Pan Am ! - avant d'y revenir. Ce sera pour oser la fiction la plus radicale, le film le plus fou, pour lequel il faudra inventer des techniques nouvelles d'animation. Un coup de génie. Une histoire de passion amoureuse, mettant en scène un être de neuf mètres de haut, Kong, que l'on craint, qui épouvante, mais que l'on pleure quand il meurt... Le film est projeté à New York devant une foule immense, trois semaines avant qu'Hitler ne prenne les pleins pouvoirs. Sur un air de jazz mélancolique ou joyeux, entre années de guerre et années folles, Michel Le Bris nous offre une fresque inoubliable. On y croise des êtres épris d'idéal, des aventurières, des héros, des politiques, des producteurs, des actrices, et bien sûr un immense singe que l'on aime craindre et aimer, moins sauvage que l'homme...

08/2017

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Littérature française

Retour parmi les hommes

En 1916, à la mort d’Arthur, son jeune amant tué au combat, Vincent de l’Etoile, héros d’ En l’absence des hommes, s’est enfui. En Italie, d’abord, puis au Moyen Orient, en Egypte, au Soudan, en Abyssinie sur les traces de Rimbaud, en Syrie, au Liban ; errance de vagabond inconsolable, miséreux et rêveur ; puis c’est la traversée de l’Atlantique dans un bateau d’émigrants, l’Amérique, le New-York des années vingt. Après quelques années de dérive à traîner son deuil à travers le monde, Vincent retourne en France en 1923 ; c’est un peu comme s’il acceptait enfin la mort d’Arthur. Quand il retrouve sa ville natale, il ne reconnaît rien et peine à trouver sa place dans ce Paris des années folles. Son mentor, l’écrivain Marcel Proust, est mort lui aussi. Mais le hasard va le mettre en présence de Raymond Radiguet qui vient de publier Le diable au corps. C’est un très jeune homme, talentueux, brillant, charismatique qui séduit profondément Vincent. L’attrait est réciproque bien que Radiguet soit hétérosexuel. Avec cette énergie et cette joie de vivre qui est la sienne, l’écrivain en vogue, protégé de Cocteau, entraîne son nouvel ami dans les milieux intellectuels parisiens et les folles nuits de Montparnasse. Mais il existe une face sombre de Radiguet. Une fêlure chez ce garçon de vingt ans qui malgré sa gloire éclatante et brutale semble pressentir le sort tragique qui le guette et cette fièvre typhoïde qui va le tuer en décembre 1923. Déambulation hypnotique à travers le monde, qui convoque les fantômes de Kafka, Rimbaud, Nizan ou Dos Passos, voyage solitaire où le héros se perd et se dissout plus qu’il ne se reconstruit, où le déracinement demeure même une fois retrouvées ses racines, ce très beau livre à la fois grave et lumineux, est un chant d’amour déchirant à la gloire des êtres aimés à jamais disparus, un livre sur la douleur vécue comme exil intérieur.

01/2011

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Sociologie

Les états de paix

Il y avait eu la guerre de Cent Ans et la guerre de Trente Ans et la guerre de Sept Ans. Il y avait eu les guerres de Religion, celles de Louis XIV et celles de la Révolution. Mais, après 1815, un moment insolite avait commencé pour l'Europe : une paix de cent ans. Des guerres de la Révolution et de l'Empire à la Première Guerre mondiale, il y eut bien quelques batailles - Sébastopol, Solferino, Sadowa, Sedan -, mais rien qui n'égalât ce qui se passait en d'autres lieux du monde, de la guerre de Sécession aux Etats-Unis à cette révolte des Taiping qui fit en Chine peut-être vingt millions de morts. Pendant un siècle, la plupart des hommes et des femmes qui vécurent sur le sol de l'Europe ne connurent pas la guerre. Le XIX ? siècle à leurs yeux passait pour un siècle de paix. Pour les historiens, il est devenu pourtant difficile de le considérer comme tel. Les guerres étaient lointaines, mais elles étaient bien là. Les Espagnols en Amérique du Sud, au Maroc, à Cuba, aux Philippines ; les Hollandais en Indonésie ; les Britanniques aux Indes, en Afghanistan, en Birmanie, en Afrique du Sud, en Chine, en Nouvelle-Zélande, sur les côtes occidentales de l'Afrique, dans le golfe Arabo-Persique, en Abyssinie, en Egypte, au Soudan ; les Français en Algérie, en Afrique de l'Ouest, au Mexique, en Indochine, en Tunisie, à Madagascar, au Maroc ; les Portugais en Angola et au Mozambique ; les Allemands au Togo, au Cameroun, dans le Sud-Ouest africain, au Tanganyika ; les Italiens dans la corne de l'Afrique et en Tripolitaine. Ces guerres lointaines d'une Europe en paix donnèrent lieu, dès leur époque, à de très vifs débats. L'avènement des journaux quotidiens, l'apparition des correspondants de guerre, la mise en place du réseau télégraphique, l'invention de l'illustration et de la photographie, le triomphe du roman, l'immense succès du théâtre et des expositions universelles bouleversèrent leurs représentations. Elles ont fait de nous, bien avant les guerres mondiales du XX ? siècle, les spectateurs fascinés et velléitaires des souffrances des autres.

01/2023

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Histoire des mentalités

Du steak de mammouth au yaourt. Histoire des 30 aliments qui ont bouleversé nos vies

Les premiers aliments qui ont marqué la vie des Hommes sont ceux qui ont permis la survie et le développement biologique de nos lointains ancêtres, comme la viande et la moëlle des animaux sauvages, les ressources aquatiques, le miel... Puis, à partir de - 10 000 av. J. -C. , les hommes ont cultivé les blés, l'orge, le maïs, le riz... Riches en amidon et pouvant se conserver longtemps, ces céréales ont fondé les grandes civilisations de l'Antiquité. Les aliments ont également changé la façon de "penser" le monde. Pour les Mayas, le maïs était à l'origine de l'humanité ; les Mésopotamiens, les Grecs et les Romains voyaient dans certains produits "transformés" comme le pain, la bière, le vin et le fromage, le passage du sauvage au civilisé. Chez les Peuls et les Hindous, le lait est l'élément primordial à partir duquel a été créé tout l'univers. Certains aliments ont joué un rôle marquant dans la vie spirituelle des Hommes : le pain et le vin sont pour les chrétiens le corps et le sang du Christ... plan du livre 1. Aliments des origines (les aliments "sauvages" du Paléolithique) Mangeurs de viande (steak de renne ou de mammouth ? ) / Des montagnes de coquilles d'huîtres / Cueilleurs de plantes sauvages / Le miel et l'irrépressible attrait du sucré 2. Les nourritures essentielles de l'humanité (aliments cultivés ou exploités au Néolithique) Blés civilisateurs / Le riz, grain de vie de la moitié de l'humanité / Le maïs, fils du dieu soleil / le lait primordial / Le sel : sur les routes de l'or blanc 3. Au menu des premières civilisations (Egypte, Mésopotamie, Grèce, Rome) Le pain des civilisés / L'huile d'olive, un or liquide / Bière populaire et vin des élites 4. Tables médiévales Très chères épices / Harengs et morues des jours maigres / Fromages monastiques / La châtaigne, don de "l'arbre à pain" / Le "blé noir" des terres pauvres 5. Aliments et breuvages du Nouveau Monde et de l'époque moderne La tomate à la conquête du monde / L'épopée de la pomme de terre / Haricots américains / Chocolat, le breuvage des dieux / Une petite fève blanche d'Abyssinie (le café) 6. Produits des colonies, de la révolution industrielle et de la mondialisation alimentaire Aliments des colonies (ananas, bananes, huile d'arachide...) / Sardines et autres conserves en boîte / De la baguette au sandwich / La modernité industrielle : de l'extrait de viande Liebig au bouillon Kub et à la margarine / La révolution du yaourt / Nouveautés américaines (Ketchup, Coca-Cola, corn flakes...) / Nourritures d'ailleurs : kebabs et sushis Conclusion Les aliments du futur (algues et insectes, viande cellulaire et alternatives végétales, aliments santé personnalisés...)

09/2023

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Poésie

Abrupte fable

Du surréalisme sous l'occupation allemande à l'aventure expérimentale de Cobra initiée en 1948, Christian Dotremont a traversé son temps en poète qui s'émerveille et s'inquiète à chaque fois du mystère consistant à "? aller et venir ainsi dans la réalité? ". Ses incessantes allées et venues, dont témoigne l'anthologie Ancienne éternité qu'il avait ébauchée sans pouvoir l'achever, le menèrent de Tervuren en Belgique, où il est né, à Zandvoort et à Bruxelles, à Paris et à Copenhague, jusqu'aux confins de la Finlande, dans les villages reculés d'Inari, d'Ivalo, de Sevettijärvi. Au sortir des pensionnats jésuites où il avait reçu son éducation, qui avaient été pour lui des bagnes, il se mit à écrire des vers inspirés par la poésie d'André Breton et de Paul Eluard. Mais surtout, il vouait une admiration fervente à Arthur Rimbaud, dont les poèmes l'accompagneront toujours, même si l'"? ancienne éternité? " qu'il invoque tient plus d'une éternité perdue que d'une éternité retrouvée. Dans un de ses premiers poèmes, il s'adressait d'ailleurs à tous les poètes de seize ans qui vivent et écrivent dans l'obscurité? : "? La poésie est votre forêt, votre chaumière, votre capitale. ? " La poésie fut en effet, pour Christian Dotremont, tout au long de sa trajectoire, un lieu où à la fois on se perd et on se retrouve ? ; un lieu par-delà les oppositions entre étrange au familier, vie et mort, visible et invisible, présence et absence. Ce sont des figures féminines entrevues dans ses rêveries qui l'initièrent d'abord à ces paradoxes, telle Oleossoonne, son "? soleil d'obscurité? ", ou la Reine des murs, personnage qu'il invente pour revoir "? le petit peu d'invisible qui reste ? " de son amour incandescent pour la poétesse Régine Raufast. Après la guerre, une rupture a lieu cependant avec le surréalisme moribond. Sa volonté d'explorer les étendues du rêve se double d'une volonté d'explorer les territoires de la réalité. La découverte des contrées lapones, qui apparaissent sous sa plume aussi envoûtantes qu'hostiles, est alors déterminante. Il éprouve là-bas "? la peur salvatrice de heurter du réel ? "? ; à force de froid mordant, de neiges aveuglantes, de nuits qui durent des mois, "? à force de tant de réel et de route ? ", il en vient à une lucidité nouvelle qui ébranle ses anciens repères. Les grandes étendues qu'il contemple brouillent peu à peu la frontière entre le lisible et l'illisible, ce dont il cherche à témoigner dans ses logogrammes, à la croisée de l'écriture et du dessin, comme dans ses poèmes à thèses, disloqués, qu'il détraque moins pour défigurer ses expériences que pour rendre à son évidence énigmatique ce à quoi elles se heurtent. Sur un autre mode, certains fragments de prose poétique racontent aussi les tourments et les émerveillements de ses voyages, en mêlant notations quotidiennes et étincelles d'inconnu. Au contraire de Rimbaud, qui s'était aventuré toujours plus au sud, jusqu'en Abyssinie, Dotremont s'engage quant à lui toujours plus au nord, jusque dans les climats glacés de Laponie. Il fait preuve cependant d'une volonté semblable à celle du poète revenu des enfers, volonté d'affronter et d'étreindre la "? réalité rugueuse ? ". Apprenant à affronter et à aimer l'hiver absolu, il accumule brouillons, poèmes, dessins, pour approcher l'énigme illisible des étendues blanches, et tenter "? de faire un peu de feu pour quelques autres ? ".

05/2022