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Psychologie, psychanalyse

Psychanalyse de l'hypocondrie

Hypocondrie : ce mot ancien désigne la crainte — maladive - de contracter des maladies. Le malade imaginaire vit dans un univers d'appréhension morbide, qui va de la préoccupation anxieuse à "l'inquiétude mortelle". Alors mime que l'imagerie médicale ne lui découvre aucune lésion, il souffle réellement en son corps. Aucun diagnostic médical ne le rassure pour de bon, le sujet hypocondriaque étant chroniquement défiant envers ses propres organes. Cet ouvrage s'emploie donc à dégager en trois temps cette maladie de l'imaginaire, moment de vérité du rapport du sujet à son corps propre qui se révèle foncièrement étranger. D'abord quant à la signification inconsciente de l'hypocondrie : l'examen précis de la théorie freudienne de l'hypocondrie montre qu'il y a bien des changements dans le corps, qui ne se comprennent que par recours au narcissisme et au " langage d'organe n, ce qui mène aux effets physiques de la pulsion de mort. Ensuite, sur le plan psychopathologique, le symptôme hypocondriaque s'avère un index majeur de la structure inconsciente. De la névrose d'angoisse, où la frustration pulsionnelle produit une macération interne, au moment hypocondriaque dans l'hystérie, la névrose obsessionnelle et la phobie. Surtout l'hypocondrie grave s'avère régulièrement l'élément précurseur de la psychose, de la paranoïa à la schizophrénie, de la mélancolie au syndrome de Cotard — les "maladies factices" interrogeant la dimension de perversion. Enfin, c'est l'occasion de saisir le lien entre le corps organique, celui de la médecine et le corps pulsionnel. Cela requiert une lecture anthropologique, l'hypocondrie étant en quelque sorte une forme de "possession" au coeur de la modernité scientifique, ce qui permet d'entendre concrètement, avec les ressources de la théorie analytique, le propos de Lacan, que l'homme s'angoisse foncièrement de son corps.

10/2019

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Sciences historiques

Pierre Vidal-Naquet. Une vie

Pierre Vidal-Naquet a été cet enfant qui en mai 1944, à l'âge de quatorze ans, a vu disparaître à jamais ses parents, déportés par la Gestapo vers Auschwitz. Il lui a fallu une force vitale exceptionnelle pour transformer cette rupture existentielle en pulsion d'engagement, ancrée chez lui jusqu'à sa disparition en 2006. Animé d'un souci constant de défense de la justice et de la vérité contre les mensonges d'Etat, il aura été le dernier grand intellectuel dreyfusard du XXe siècle. Incarnant un certain mode d'intervention dans la Cité, il a d'abord cherché à faire la lumière sur la disparition de Maurice Audin en 1957, s'insurgeant avec rigueur contre l'usage de la torture en Algérie — prélude à tant d'engagements ultérieurs. Mais il fut tout autant un grand savant, s'affirmant comme l'un des éminents représentants de l'école d'anthropologie historique qui, avec Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne notamment, a renouvelé le regard sur la Grèce antique. C'est ce parcours hors norme que restitue ici au plus près François Dosse, en mobilisant une documentation considérable et des dizaines de témoignages originaux, souvent émouvants, toujours instructifs. Au fil de cette traversée du second XXe siècle, on découvrira les multiples facettes d'un intellectuel attachant, parfois lunatique, toujours passionné. Il s'est notamment engagé contre l'émergence du négationnisme, pourfendant les arguments de ceux qu'il appelait les "assassins de la mémoire". Taraudé par son identité d'intellectuel français et juif, soucieux à la fois de l'existence d'Israël et condamnant sa politique au nom d'une conscience diasporique, il a vécu sa judéité comme un conflit intérieur. Sa vigilance nous manque. Revivre son parcours dans cette biographie est une leçon de vie pour le présent.

01/2020

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Monographies

Arnaud Rabier Nowart

Une nouvelle collection presentant des monographies sur les artistes les plus emblématiques du Street Art. Arnaud Rabier Nowart est un artiste audacieux et aux idées foisonnantes tout en étant un homme libre. Cette monographie est une introspection du street artiste atypique Arnaud Rabier Nowart, à la fois sculpteur, plasticien, poète et vidéaste. Depuis trois décennies (son premier mur à 17 ans) il produit une oeuvre fascinante, avec Van Gogh au coeur de sa création, véritable moteur de son travail. Associant cubisme et lettrage, les images de ce guerrier moderne, en quête de vérité, foisonnent d'idées, d'expériences et d'audace, qui jamais ne laisseront le spectateur indifférent tant elles sont au coeur de l'humain. " Il n'y a rien de plus beau pour un artiste que d'aimer les gens et vouloir les aider. " Les centaines de portraits de Van Gogh et ses " superflowers " rayonnent dans le monde entier. Il peint des fleurs " symbole universel d'amour et de paix qui apportent du bonheur. " Artiste multi styles à l'énergie atomique, Arnaud Rabier Nowart est un homme libre qui crée selon ses envies, avec des bombes aérosol, des posca, du bois, du plâtre, de la toile, des images en 3 D... Fuyant les mondanités et courbettes de toutes sortes, il est plus à l'aise lorsqu'il peint dans la rue devant les passants et dans son atelier, que lors du vernissage de ses expositions. Ce livre explore le cheminement de ce génie passionné, devenu l'une des personnalités reconnue dans ce courant artistique moderne et contemporain qu'est le street art. Un ouvrage magnifiquement illustré d'une centaine de photographies qui permet de découvrir la pulsion créatrice dans toute sa diversité de cet artiste pour qui " L'amour n'est pas un pêché. "

11/2022

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Autres

L'élan du désir. Pour une éthique de la volupté

Cet essai trouve sa source dans une idée élémentaire - si simple, pensera-t-on, qu'elle coule de source : quoique distinct du besoin, le désir est vital. Dès lors qu'il s'agit de la vie humaine, et de ce que vivre signifie pour nous, il doit être question du désir. Non au sens d'un simple " instinct " par lequel nous nous efforcerions de conserver notre être, et encore moins, comme a pu et continue de le croire la psychanalyse, comme une " pulsion de mort ", mais comme la tendance profonde de celle-ci à se dépasser. Le désir est élan et source de vie, et la vie jaillit (et jouit) d'être désir. Le désir n'est pas l'indice d'un défaut que la vie tendrait à surmonter. Il est l'expression même de l'élan de la vie, de son intensité immanente qui déborde vers différents horizons - la pensée, l'art, l'amour, l'amitié, la politique parfois - où se joue le bonheur humain. Alternant descriptions littéraires et discussion philosophique, traçant un chemin original de Spinoza à Blanchot, et récusant les lectures qui, de Kant à Levinas en passant par Lacan, ancrent le désir dans le négatif ou veulent le faire déboucher sur une transcendance, Miguel de Besteigui revisite brillamment ce concept classique. Il en montre le caractère toujours décisif, à l'heure d'une certaine manipulation des désirs dans le cadre d'un capitalisme numérique qui revêt un caractère largement " libidinal " mais exploite, normalise et banalise par là-même un désir commercialisé. Miguel de Beistegui enseigne la philosophie à l'université de Warwick. Spécialiste de Heidegger et de Proust, commentateur de Foucault, il est par ailleurs l'auteur de Government of Desire : A Genealogy of the Liberal Subject (Le Gouvernement du désir. Une généalogie du sujet libéral, 2018, University of Chicago Pess).

09/2021

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Critique littéraire

Pourquoi le XXe siècle a-t-il pris Sade au sérieux ?

Après la prison et l'internement, après l'oubli au XIXe siècle, Sade apparaît, au XXe siècle, comme une référence majeure, jusqu'à devenir, à partir des années cinquante, dans une sorte d'évidence partagée par l'ensemble de la Modernité, l'objet d'une véritable passion intellectuelle. " Pourquoi le XXe siècle a-t-il pris Sade au sérieux ? " À cette question, on pourrait répondre par une autre. Par exemple : d'où vient qu'au XXe siècle, le sujet pervers, celui de la transgression extrême, fascine les Modernes, et semble leur fournir une issue aux impasses de l'Histoire et un modèle culturel, esthétique, philosophique, politique pour penser ces impasses et s'en affranchir ? Ou encore : si, au XXe siècle, la pulsion de mort se manifeste comme une tendance fondamentale de l'humanité moderne, Sade, ne peut-il pas alors apparaître comme l'annonciateur, le prophète et le récitant de cette rupture décisive dans l'Histoire ? Ou enfin : jusqu'à quel point peut-on être sadien ? Qu'est-ce qui retient certains, après l'avoir été passionnément, de l'être tout à fait ? En quoi le fait de le prendre au sérieux peut provoquer l'insoutenable jusqu'à retourner la fascination en abjuration ou en oubli ? Au milieu des années 70, Pier Paolo Pasolini sonne la fin de cette singulière fête sadienne avec son terrible Salò ou les 120 journées de Sodome. Auparavant, Adorno, Klossowski, Bataille, Blanchot, Foucault, Lacan, Deleuze, Sollers, Barthes et d'autres, ont donné leur vision et leur lecture de Sade, faisant de lui un personnage fondamental de leur aventure intellectuelle qui est aussi une aventure personnelle. Le temps est venu, avec le recul, d'interroger cet engouement qui nous concerne profondément et peut-être plus que jamais.

03/2011

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Sociologie

L'enfer des écrans

« Je connais de l'intérieur cet univers totalitaire, exterminateur. Je suis un naufragé, entouré d'ordinateurs. Je m'accroche à ce poème de Charles Juliet qui me laisse un peu d'espoir : « Si tu n'as pas/ connu/le naufrage/impossible/de gagner/la haute mer/le naufrage première porte de la connaissance ». Je suis devenu dépendant de mon smartphone, mon bras armé, ma croix, ma brûlure intérieure. Je me sens un exilé. Je ne joue pas Victor Hugo persécuté par l'empereur, prenant la route de Jersey puis de Guernesey. Mais je choisis la force océanique contre le nuage informatique. Nous vivons désormais en territoire occupé. J'ai l'impression d'être un collabo, un criminel envers mes enfants : je les ai laissés se faire contaminer. J'aurais dû leur apprendre ce que nous pouvons faire de nos mains et nous contenter du grec, du latin car depuis rien de nouveau sous le soleil. Tout clic informatique est une pulsion de mort. Et moi, je choisis la vie. Nous savons qu'un complot mortifère sape nos sociétés. Je dis et redis à mes enfants : les écrans ce n'est pas la vie. Ils détruisent le plus beau divertissement, l'ennui, le temps perdu, la rêverie. Le numérique ce n'est pas un changement technique, c'est le global déshumanisé. Il y a comme un hic. Où sont les siestes dans la chaleur grésillante de l'été et le blé en herbe, les yeux vers le grand ciel ? » Dans cet essai d'humeur, ce pamphlet contre le totalitarisme des écrans, Olivier Frébourg oppose le temps de la poésie, la beauté et la lenteur pour sortir de l'accélération du temps et de l'enfer des écrans.

01/2019

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Poésie

Un si beau siècle. La poésie contre les écrans

"Je connais de l'intérieur cet univers totalitaire, exterminateur. Je suis un naufragé, entouré d'ordinateurs. Je m'accroche à ce poème de Charles Juliet qui me laisse un peu d'espoir : "si tu n'as pas/ connu/le naufrage/impossible/de gagner/la haute mer/le naufrage première porte de la connaissance" Je suis devenu dépendant de mon smartphone, mon bras armé, ma croix, ma brûlure intérieure. Je me sens un exilé. Je ne joue pas Victor Hugo persécuté par l'empereur, prenant la route de Jersey puis de Guernesey. Mais je choisis la force océanique contre le nuage informatique. Nous vivons désormais en territoire occupé. J'ai l'impression d'être un collabo, un criminel envers mes enfants : je les ai laissés se faire contaminer. J'aurais dû leur apprendre ce que nous pouvons faire de nos mains et nous contenter du grec, du latin car depuis rien de nouveau sous le soleil. Tout clic informatique est une pulsion de mort. Et moi, je choisis la vie. Nous savons qu'un complot mortifère sape nos sociétés. Je dis et redis à mes enfants : les écrans ce n'est pas la vie. Ils détruisent le plus beau divertissement, l'ennui, le temps perdu, la rêverie. Le numérique ce n'est pas un changement technique, c'est le global deshumanisé. Il y a comme un hic. Où sont les siestes dans la chaleur grésillante de l'été et le blé en herbe, les yeux vers le grand ciel ? " Dans cet essai d'humeur, ce pamphlet contre le totalitarisme des écrans, Olivier Frébourg oppose le temps de la poésie, la beauté et la lenteur pour sortir de l'accélération du temps et de l'enfer des écrans.

06/2021

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Poésie

Hautes-Huttes

Après le triptyque de La Représentation des corps et du ciel composé de : Le grand silence (2011), Le temps ouvre les yeux (2013) et Présent absolu (2014), les mille poèmes de Ce qui n'a pas de nom (2019) constituaient une telle somme poétique et philosophique qu'elle semblait ne pas laisser de place à un second volume. Hautes Huttes est cette suite inattendue et pourtant évidente. Les deux livres se complètent comme le Yin et le Yang, le sans-nom et le nom, la vie et la mort. A l'épigraphe du poète-philosophe majeur de l'Occident, Lucrèce, répond ici l'épigraphe du plus admirable poète-philosophe de l'Orient, Li Po, quatre vers écrits sur la Montagne des Huttes : " Las d'agiter l'éventail de plumes blanches, / torse nu dans l'ombre verte de la forêt, / j'ai laissé mon bonnet au creux d'un rocher, / doucement sur mon crâne s'écoule le vent des pins. " Cet homme seul sur la montagne des Huttes, comme abandonné au bord du vide, c'est nous. Cet être sans cesse en déséquilibre, effrayé par la mort et comme incapable pourtant de vivre. " Que peut l'homme, interroge le poème / toujours absent // que cherche-t-il / de son grand pas bancal ". La vie est là, à portée de main, et sans cesse il la fuit. Pire, il la souille, il la détruit, comme si, de ne pas savoir en jouir, il l'avait prise en haine. " Qu'est-il arrivé / à cette vie // qu'on ne sache plus / l'aimer ", interroge le poème. Pourquoi cette pulsion de mort a-t-elle ainsi dévoré nos existences, nous entraînant et le monde avec nous vers l'abîme ?

06/2021

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Allemagne

Les suicidés de Demmin. 1945, un cas de violence de guerre

30 avril 1945 : Hitler se suicide dans son bunker de la chancellerie de Berlin. Au même moment, au nord de la capitale du Reich, des unités de l'Armée rouge s'apprêtent à investir Demmin, une petite ville de Poméranie-Occidentale à la confluence de trois cours d'eau : la Peene, la Trebel et la Tollensee. En faisant exploser les trois ponts qui enjambent la ville hanséatique, les dernières unités de la Wehrmacht rendent impossible tout repli des habitants vers l'ouest de l'Allemagne. Pris au piège, terrés dans leurs caves, ces derniers attendent anxieusement l'arrivée des Soviétiques, présentés depuis des mois par la propagande nazie de Goebbels comme des "bêtes bolcheviques" . Et puis tout bascule en quelques heures... Les Soviétiques transforment Demmin en un espace de violence, se livrant à des pillages et à des viols dans une ville en proie aux flammes d'un gigantesque incendie. Ce drame qui se joue à Demmin entre le 30 avril et le 4 mai 1945 est très particulier dans la mesure où ce déchaînement de violence conduit des centaines de personnes, à commencer par des femmes et des enfants en bas âge, à se suicider. Comment cette ville a-t-elle pu être le théâtre de cette "orgie de suicides" ? Ce suicide collectif a-t-il été le résultat d'un "mouvement de panique" ? A-t-il constitué de manière consciente une stratégie de sortie de guerre ? Dans quelle mesure le discours idéologique de fin du monde diffusé par les nazis a-t-il pu influencer le comportement collectif des habitants de Demmin ? En s'appuyant sur de nombreux témoignages, cette enquête historique cherche à comprendre et à donner du sens à cette "pulsion suicidaire allemande" en sortant des schémas interprétatifs globaux sur la violence de guerre.

11/2021

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Psychologie, psychanalyse

Oeuvres. Tome 7, Trois essais sur la théorie sexuelle

Voici un livre qui fit scandale au début de ce siècle. On le jugea obscène, on cessa de saluer son auteur dans la rue. Que contenait-il donc de scandaleux ? Rien, en un sens, qu'on ne eût déjà, surtout à Vienne : que la pulsion sexuelle n'attend pas la puberté pour se manifester, que l'amour prend mille formes, que la sexualité n'a pas pour fin l'union et la procréation. Seulement, de tous ces faits connus, les Trois essais tiraient les conséquences, avec la sécheresse de style d'un précis, et d'abord celle-ci : la sexualité humaine est par essence aberrante. Que reste-t-il aujourd'hui du scandale ? Apparemment les idées avancées ici par Freud sont devenues des idées reçues. La sexualité, serinent nos journaux, n'est plus refoulée mais libérée. Et non docteurs du sexe prêchent : elle est obligatoire. Qu'on veuille bien pourtant lire les Trois essais comme pour la première fois - et cette traduction qui leur donne tout leur relief en fourbit l'occasion - et l'on découvrira que ce petit livre, que Freud n'a cessé d'enrichir au cours de ses éditions successives, reste celui qui nous conduit au plus près de l'énigme, effectivement scandaleuse, d'une vie de l'esprit parcourue de part en part par une libido assez divaguante pour prendre aussi bien pour objet la science qu'un fétiche. Entre les "théories sexuelles" que construit secrètement l'enfant-chercheur et la théorie scientifique qu'exposent au grand jour les Trois essais, la différence tient dans les réponses données, non dans l'énigme, d'autant plus difficile à penser qu'elle est au coeur de toute pensée.

03/1987

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Résilience

Guérir des traumas de la guerre. Histoire et clinique

Conflits internes aux Etats ou entre Etats, conflits meurtriers qui touchent de plus en plus les sociétés civiles, terrorisme mondialisé aux formes de violence éruptives qui visent un accroissement de l'effet de terreur sur les personnes et sur les sociétés, qu'elles soient totales, interétatiques, asymétriques ou civiles, les guerres sont révélatrices de ce qu'il y a de plus sombre dans l'humanité. Elles peuvent aussi, constituer une épreuve de vérité pour tous ceux qui vont se révéler être capables de lucidité, d'engagement et d'abnégation, notamment pour réparer, soigner, réinsérer et juger. Toute guerre impacte durablement les vies psychiques et infléchit les destins, souvent sur plusieurs générations. Faire face au désordre, guérir les traumatismes, restaurer les liens sociaux et juguler les traces, soigner les traumatismes de la guerre mobilise des savoirs précis et des actions inédites, les personnes jetées sur les chemins de l'exode ou dans les camps de réfugiés, sont des mères et des bébés, des enfants et des adolescents dont certains sont contraints de prendre part aux violences, des adultes et des familles toutes entières. Soigner, prévenir et reconstruire nécessitent un positionnement à l'interface de l'intime et de l'histoire collective, ainsi qu'une vision transnationale. Sans oublier de faire front à la pulsion du silence et de lutter contre les effacements mémoriels en témoignant. Cet ouvrage, fruit d'une rencontre pluridisciplinaire et d'une réflexion menée dans le cadre de la revue L'autre convoque l'histoire, les sciences politiques, la médecine et la psychiatrie, la psychologie, la sociologie, le travail social ou l'anthropologie... Le livre vise l'instauration d'un dialogue entre les différents points de vue, tous nécessaires pour comprendre et soigner.

05/2022

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Empire colonial

Colonisation & Résistance. Algérie (1830-1871)

La colonisation française de l'Algérie est sans doute l'un des épisodes historiques les plus polémiques des débats de notre époque ; souvent évoquée à tort et à travers – en bien comme en mal -, sujette à toutes les manipulations, elle reste pourtant singulièrement méconnue. De la chute d'Alger (1830) à la grande insurrection de 1871 et sa terrible répression, cet ouvrage nous dresse donc le tableau de ces sanglantes campagnes militaires, de Constantine à la frontière marocaine, mais aussi et surtout de la guerre d'anéantissement menée par le maréchal Bugeaud, pour ne citer que lui, et ses frères d'armes. A l'aide de moult citations d'officiers coloniaux qui s'épandent eux-mêmes largement sur leurs actes, c'est ainsi le véritable visage de la " pacification " de l'Algérie qui apparaît dans toute sa brutalité : les enfumades et la terre brûlée, les massacres de masse et la spoliation des terres, la désolation de l'environnement et l'annihilation des moyens de subsistance économiques – en bref, la destruction systématique de la société algérienne sous tous ses aspects. D'un regard vif et tranchant, ce livre explore aussi l'état d'esprit des coupables de ces atrocités, la propagande coloniale et les justifications intellectuelles de l'invasion du pays, entre mythe de la piraterie, " mission civilisatrice ", " droit des races supérieures " et expansionnisme chrétien. Face à cette violence coloniale à l'état brut, l'auteur met enfin en évidence l'héroïque pulsion de vie des indigènes voués à la soumission ou à l'extermination, en un hommage à l'extraordinaire résilience du peuple algérien et à ses porte-étendards : la figure emblématique de l'émir Abd al-Kader, évidemment, mais aussi Hadj Ahmed Bey, Bou Ma'za ou al-Mokrani – sans parler des incessants mouvements de résistance qui devaient animer le pays des montagnes de la Kabylie aux portes du Sahara...

12/2022

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Littérature française

Les musiques de l'âme

Au cours de ce monologue intérieur, Annie Cohen se livre et revient sur le processus créatif qui a marqué toute sa vie, à la fois pictural et scriptural. Peinture et littérature s'entremêlent dans un geste passionné, véritable pulsion de vie, qui pourrait tenir la mort à distance. La création devient alors éminemment intense, sexuelle, organique. C'est à travers son corps de femme entravé par la maladie qu'Annie Cohen ressent, invente et produit. Différentes thématiques personnelles et artistiques s'interpénètrent afin d'ouvrir une fenêtre sur son intimité profonde et tourmentée. Les souvenirs de jeunesse, l'évocation de la mère, l'Algérie de son enfance, Paris, se mêlent aux éléments du quotidien de l'autrice, et permettent de mieux comprendre la genèse de ses écrits. La vie est là, toujours, incandescente et inaliénable. Par son écriture magnifique et singulière Annie Cohen nous emporte dans un passionnant flux de mots et de pensées. Une puissante ode à l'existence. " Nous ne sommes qu'un, acharné à rendre droit ce qui ne demande que cela. Le silence additionné à la quête d'exprimer l'inexprimable. C'est la gouache qui connaît le chemin, qui se fait plus que je ne la fais. Elle soulève des mystères, elle dévoile des formes inédites, elle prend tournure, elle s'impose au point d'éliminer tout geste supplémentaire. L'écriture n'est jamais loin du poignet de celle qui peint. Toujours le noir et le blanc. [...] Avec des pinceaux extrêmement fins, comme des plumes. On n'attend rien, on se laisse faire, on jubile à la montée d'une apparence, on voit qu'elles sont solidaires et actives dans la construction d'un dessin autonome toujours prêt à accueillir d'autres apparences " A.C.

05/2022

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Revues de psychanalyse

Savoirs et clinique N° 30 : Envies d'enfants. La complexite psychanalytique chez l'enfant

L'envie apparaît tôt dans la psychanalyse lorsque Freud met l'envie du pénis (penisneid) de la petite fille, préliminaire à sa future envie d'enfant, au centre du complexe de castration féminin. Il sera contesté d'abord par ses élèves femmes, comme Karen Horney qui considère que l'envie concerne les deux sexes, puis critiqué par les féministes. Pour Melanie Klein, l'envie est articulée à la pulsion de mort et ronge d'emblée le rapport du bébé à sa mère : il veut détruire les " mauvais objets " qu'elle possède et lui voler les " bons ". Lacan, qui l'a lue, met l'envie au coeur du complexe fraternel qu'il articule au Stade du miroir dès les années 30. S'appuyant sur un passage de Saint Augustin qui se remémore son invidia de son petit frère au sein de sa nourrice (" il ne parlait pas encore et déjà il contemplait, pâle, d'un regard amer son frère de lait "), Lacan évoque la rivalité et l'agressivité liées à l'identification imaginaire qui constitue le moi, et forge le terme de " jalouissance " pour exprimer la haine qui vise la jouissance de l'autre, dont le sujet s'estime privé. Il en différencie la jalousie, plus sociale, où le sujet redoute d'être dépossédé de son objet par un tiers. Si l'envie et la jalousie sont au coeur de la clinique quotidienne de l'enfant et de l'adulte, elles peuvent aussi conduire au crime. Différentes analyses de cas et d'oeuvres littéraires ou cinématographiques déclineront les variations de l'envie des enfants et leur articulation avec l'envie de leurs parents. A côté du dossier " Envies d'enfants " qui donne son titre à ce numéro, figurent des compte-rendu de livres ou de films actuels, un entretien avec un artiste, une présentation clinique et des articles sur d'autres thèmes.

11/2023

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Notions

De la liberté. Quatre chansons sur le soin et la contrainte. Quatre chansons sur le soin et la contrainte

"Pourquoi ne pas accepter que la longue et glorieuse carrière de la liberté touche à sa fin, que notre obsession continuelle à son égard reflète plutôt une pulsion de mort ? "Ta liberté me tue ! " proclament les pancartes des manifestants pendant la pandémie ; "Ta santé n'est pas plus importante que ma liberté! "s'égosillent en retour les militants anti-masques.". Dès l'ouverture de son livre, Maggie Nelson souligne cette contradiction au centre de tous les débats actuels entre le soin (care) et la liberté. Quelle notion plus caractéristique des oppositions à l'oeuvre dans nos sociétés que celle de liberté, idéal revendiqué comme un cri de ralliement, par des camps que tout oppose ? La liberté reste-t-elle la clé de notre autonomie, de notre justice, de notre bien-être, ou représente-t-elle la fin d'une étoile qui a trop longtemps brillé? L'obsession collective pour la notion de liberté est-elle toujours synonyme d'émancipation, ou d'un nihilisme de plus en plus profond (ou les deux)? Comment expliquer que la liberté soit désormais l'étendard du populisme et du puritanisme ? Dans son nouvel essai, De la liberté, Maggie Nelson nous offre, en s'appuyant sur un vaste corpus, de la théorie critique à la culture populaire, une manière de penser et d'interroger notre propre liberté. Dans la lignée des Argonautes et de son écriture à la fois réflexive et intime, nous retrouvons toute la singularité de celle qui est devenue, au fil des années, une icône de la pensée. Elle convoque et déconstruit les débats du monde de l'art, l'héritage complexe de la libération sexuelle, les douloureux paradoxes de l'attrait du désespoir face au changement climatique. Passionnant, déroutant, nuancé et courageux, De la liberté confronte le lecteur à ses propres contradictions.

03/2024

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Critique littéraire

VICTOR SEGALEN. L'origine et la distance

Sur les raisons qui le portent à écrire, l'écrivain reste muet. Non qu'il veuille taire une vérité, ou cacher un sens : la vérité, le sens de ce qui le constitue dans son état lui demeurent sans doute impénétrables. " Le secret est intime à l'œuvre, écrit Pierre Jean Jouve, car il n'y a pas une œuvre de quelque importance qui veuille livrer son fond, et expliquer son but avec son origine ". Interrogeant inlassablement le monde tel qu'il se livre à notre instinct de déchiffrement, les textes de Victor Segalen nous reconduisent sans cesse à la question de leur propre raison. Raison entendue ici à la fois comme le mobile, ou la pulsion intarissable d'une entreprise de langage, et comme le compte rationnel de ses enjeux spécifiques. L'étude de Christian Doumet traverse ainsi quelques-uns des grands motifs de l'œuvre. Chaque fois, c'est un parcours qui s'offre, non pas autour d'un centre défini, toujours absent, mais entre deux objets illustrant la tension - l'inquiétude, l'urgence, mais aussi le plaisir - de l'écriture de Segalen : altérité et exotisme, et détection, fiction et vision. Un premier chapitre - " la distance intérieure " - pose les conditions spatiales de cette dialectique. Le dernier - " l'œuvre et les signes " - en présente les perspectives séméiologiques. A un moment où le poète-voyageur commence à être reconnu comme l'un des auteurs les plus importants de la première moitié de ce siècle, Victor Segalen : l'origine et la distance se présente comme une des premières réflexions synthétiques consacrées à l'ensemble de ce massif. Chemin faisant, l'ouvrage tisse, dans le prolongement des préoccupations de Segalen, un réseau de questions qui situent l'œuvre étudiée au cœur des grandes interrogations modernes sur la littérature.

10/1993

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Littérature française (poches)

Strangulation

On peut avoir grandi dans le confort feutré de l'aristocratie bordelaise, avoir un père célèbre dans le petit cercle des études cicéroniennes et une mère à l'affection débordante qui archive inlassablement les courriers de son fils, on peut avoir passé son enfance à rêver de grands départs, le regard porté sur les bateaux s'élançant vers l'Atlantique, et ne rien faire de sa vie. Ou si peu. Jean a quitté Bordeaux à vingt ans pour aller flâner sur les quais de Paris, faute d'avoir osé partir plus loin. Lui qui se pique de littérature en ses heures de loisir, qui compose des vers et s'apprête à publier un roman, pourrait croiser les illustres acteurs de la bohème de la Belle Epoque, pourtant son destin semble être de passer à côté des choses et des gens. Il écrit des lettres à sa mère, dans lesquelles il lui raconte ses journées de petit fonctionnaire à la préfecture, évitant de mentionner ses heures d'errance vaine, mentant parfois pour ne pas l'inquiéter. Il apprécie la compagnie d'animaux qui le distraient un temps de sa solitude et de son désoeuvrement. Quand ce dernier devient trop pesant, Jean est sujet à d'étranges pulsions lors desquelles il exécute l'ami domestique du moment avant de porter son deuil, presque heureux d'avoir su ainsi se fabriquer un semblant d'émotion. C'est avec une plume précise et baroque, trempée dans l'humour noir, que Mathieu Larnaudie relate les fantaisies et démystifie les fantasmes de son jeune dandy impuissant à rencontrer son époque comme sa propre existence. Il n'est pourtant pas question d'échec ici, car l'échec supposerait une ambition, une entreprise : Jean rate sa vie comme on rate un train, avec une telle conscience de ce non-avènement que les seuls projets lui semblant réalisables ressortissent à la mort - bientôt à la sienne propre, que d'une certaine manière il orchestrera. S'inspirant librement de la biographie du poète Jean de La Ville de Mirmont, Strangulation compose une fiction originale, à la fois détournement et hommage des romans décadents de la fin du XIXe siècle, jouant des mises en abyme et des voix (celle du héros dans sa correspondance, celle d'un narrateur à la connivence ironique) pour interroger brillamment l'art du roman.

08/2015

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Littérature française

L'orgie

Orgie... C'est fatal, les malentendus commencent avec le mot lui-même... Un mot qu'on se devrait de tenir à l'écart de tout usage vulgaire, n'énoncer qu'à voix basse sous ombre de mystère, ou hurler comme un cri au plus fort de la transe. Dès la première ligne de cet essai, Georges Marbeck s'attaque à ces malentendus pour redonner à la notion d'orgie toute l'ampleur originelle qu'elle a perdue en devenant dans le langage courant synonyme de " partie de débauche, d'excès de table et de boisson ". D'une plume ardente, l'auteur fait entrer en résonance l'orgie et l'orgiaque avec toutes les manifestations extrêmes de la vitalité humaine et la multiplicité de ses formes d'expression dans l'histoire des sociétés, des religions, des cultures et des moeurs. Des innombrables rituels orgiastiques des sociétés animistes, polythéistes jusqu'à leurs prolongements dans les sociétés à dominante monothéiste, des orgies impériales, royales, papales jusqu'aux grandes manifestations festives contemporaines, c'est toute l'histoire universelle des orgies que Georges Marbeck fait défiler de chapitre en chapitre. Un ouvrage de " gai savoir " qui rompt définitivement avec l'idée que, d'ordinaire, l'on se fait de l'orgie et qui montre, exemples à l'appui, que les pulsions orgiaques sont une composante universelle du lien social. Le livre de référence sur le sujet. son livre est une histyde l'orgie. Mais c'est en même temps un essai très personnel Georges Marbeck. Des représentations rupestres aux célébrations des matchs de foot en passant par les saturnales ou les bacchanales, des banquets du moyen-âge ou le sexe libre des sixties. La profusion ou l'excès qu'ils soient sexuels ou alimentaires ne sont pas réservés à notre civilisation occidentale, mais bien au contraire présents dans de nombreuses civilisations. De l'Amérique précolombienne aux Inuits du grand Nord qui pratiquent des orgies au plus noir de l'hiver ou plus près de chez nous, la Saint Jean dans les pays scandinaves, les fêtes des moissons ou des vendanges qui marquent le retour du printemps et de l'abondance. Où il est question ici du sacré et du païen, de transcendance et d'extase mystique, de fêtes officielles et de rituels saisonniers.

09/2014

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Littérature étrangère

Les rêves perdus ne marchent jamais

Aujourd'hui, en Nouvelle-Zélande, pays maori. Poi est un jeune Maori de dix-sept ans, élevé par ses grands-parents maternels, Pop et Nanny Mei, près d'un marae, lieu sacré de réunion pour les Maoris. Il ne connaît pas son père et sa mère l'a abandonné à sa naissance. Le jeune homme évolue dans le Paa, univers grégaire, chaleureux mais violent, entouré de ses oncles et cousins. Il aimerait connaître des détails sur l'identité de son père mais personne ne daigne assouvir sa curiosité ; pas même Pop, dont il est pourtant très proche. Tout en prenant conscience de l'importance de cultiver son identité tribale traditionnelle, Poi, depuis l'enfance, rêve d'entrer dans l'armée. Il est convaincu qu'il a la vocation, que les Maoris font de bons soldats et que l'armée lui permettra d'échapper à sa communauté qu'il aime profondément mais qui est sous tension, sous l'influence de pulsions destructrices. Ses membres sont déchirés par des querelles liées au chômage, au manque de repères et de valeurs. Comme beaucoup d'Indiens d'Amérique dans les réserves, auxquels Ormsby fait allusion, les Maoris, déracinés sur leur propre terre boivent, violent, sont exclus d'un monde qui prétend les accueillir et parfois, comme ils le peuvent, misérablement, arnaquent le système. Après le refus de l'armée d'engager Poi pour des problèmes d'audition, le jeune homme ne se laisse pas abattre et entreprend de travailler dans l'humanitaire et le social au sein de la communauté dans le but implicite de restaurer les identités maoris. Cependant, le jour où il doit s'occuper d'une affaire de viol sur ses voisines Brenda et Hera, par un de ses cousins secondé par des brutes épaisses, Poi apprend qu'il est lui-même le fruit d'un viol jugé des années plus tôt dans le marae de façon extrêmement barbare. Un événement insupportable pour sa mère qui, traumatisée selon l'aveu de Pop, se donna la mort. Poi devient alors le lien entre la raison et les passions sans freins. Il saura désormais faire la part des choses et bien analyser la notion de respect d'une tradition et certaines croyances erronées qui les maintenaient dans un monde de clichés et d'irresponsabilité.

01/2007

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Beaux arts

Vermeer. L'oeuvre complet

L'attrait pour l'art de Johannes Vermeer de Delft (1632-1675), dont la brève existence n'est guère (mais toutefois précisément) documentée et dont l'oeuvre se limite à quelques dizaines de toiles, s'est accentué au cours du siècle dernier, au point de devenir un phénomène culturel presque unique en son genre, donnant lieu à des films, à des romans, et bien sûr à des expositions qui connurent un immense succès. Quant à la critique, elle se pencha sur cet oeuvre avec une attention extrême. La peinture de Vermeer, d'une qualité absolue, et fruit d'un travail de très longue haleine, se caractérise par une apparente objectivité photographique, associée à la capacité d'engendrer, chez l'observateur, des sensations et des pulsions, des inquiétudes, des questions et des attentes constamment renouvelées et insondables. Ses figures, indifférentes à notre regard captivé, ainsi que ses intérieurs préparés tels des plateaux de cinéma, où chaque objet semble doté d'une matérialité qui lui est propre et d'une vie autonome, exercent sur l'observateur un total et étrange pouvoir de séduction. Vermeer doit cependant être replacé dans son temps, dans le monde du collectionnisme hollandais du "siècle d'Or". Certains aspects de la peinture de Vermeer, comme la composition extrêmement soignée de ses représentations, la disposition des tentures, des fenêtres et des chaises, la figuration des habits et des colliers de perles, le goût pour les allégories, peuvent alors être lus sous un jour nouveau. Et il en va de même pour l'étude des phénomènes optiques ou de la réfraction de la lumière, lors d'une contingence philosophique et scientifique décisive, puisque le maître de Delft vivait à quelques pas du naturaliste Antoni van Leeuwenhoek (du même âge que lui) et à quelques encablures d'un autre contemporain : Baruch Spinoza. Vermeer construisit pour l'essentiel un discours éthique et géométrique, d'une subtilité et d'un raffinement inégalés, sur "l'art de la peinture" en tant que pratique de la dissimulation et de l'allusion. Cet ouvrage se penche sur les différentes déclinaisons de l'extrême complexité de l'art de Vermeer, à travers l'analyse de tout son oeuvre autographe et des tableaux qui lui sont attribués, en cernant tour à tour les liens avec la peinture et la culture de son temps.

10/2012

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Psyhologie sociale

Pensée de la foule, pensée de l'inconscient. Généalogie de la psychologie des foules (1875-1895)

Le sujet de ce livre est la naissance de la psychologie des foules dans le contexte des échanges intellectuels franco-italiens, à la fin du xixe siècle. Entre autres thèmes, il met en évidence l'importance de l'inconscient, à la fois individuel et collectif, tel qu'il était conçu à la fin du xixe siècle, avant la systématisation freudienne. Dans la foule, la personnalité de l'individu se dissout, ce qui permet l'émergence de ses pulsions inconscientes. La violence de cette éruption porte en elle le risque d'une déstabilisation des structures sociétales, ce dont les contemporains prenaient déjà conscience. Cet ouvrage veut éclairer le contexte dans lequel est née la psychologie des foules. Le fait qu'elle soit le résultat d'un dialogue sans concession entre intellectuels (sociologues, juristes, psychologues, médecins, philosophes) français et italiens a été peu étudié. Le succès de Gustave Le Bon, peu enclin au partage de la célébrité, a, par ailleurs fini par éclipser les autres acteurs d'un mouvement qui fut fondamentalement collectif et dialogique. La généalogie conceptuelle montre qu'en réalité la Psychologie des foules (1895) de Le Bon, n'ouvre pas, mais referme au contraire l'époque de la pensée de la foule. Et il la referme parce qu'il a ordonné sa pensée de la foule à sa pensée de la race, et par là même dissous l'objet "foule" dans l'objet "race" . Dès lors, contrairement à la vulgate qui réduit la psychologie des foules à une idéologie conservatrice voire réactionnaire, voulant dépolitiser pour mieux neutraliser les mouvements contestataires des foules, il s'avère que les théoriciens italiens, avant Le Bon, ont tenu ensemble, sans jamais les confondre l'un dans l'autre, et au prix de fortes tensions théoriques, un discours déterministe sur la foule et un discours politique progressiste, le plus souvent proche du socialisme, militant en faveur de l'émancipation des classes dominées. Les événements récents ont donné à ce travail une actualité à laquelle je ne pouvais songer lors de son élaboration : les manifestations des gilets jaunes, mais aussi, paradoxalement, le confinement, qui a causé la disparition momentanée des foules physiques, mais révélé la puissance d'une foule imaginaire et virtuelle. L'effet de surprise provoqué par ces phénomènes tient beaucoup au fait que, dans un monde de plus en plus centré sur l'individualisme, on avait oublié le rôle spécifique de la foule comme acteur de l'histoire.

09/2021

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Littérature française

Le dernier verre

C'est un nouveau début. J'ai intérêt à me rénover d'urgence. Mais c'est toujours comme ça, les débuts? ; ça recommence. Elle vient de me virer. Mais elles finissent toutes par me virer, trop de ceci, pas assez de cela. Trop de sky, surtout. Ca, je le sais. Je jure souvent que c'est le dernier verre, mais c'est toujours l'avant-dernier. Alors, je pars souvent à la pêche. Le choc que j'ai ressenti n'a pas dû être perceptible du dehors, car je pense qu'elle ne m'aurait pas délaissé pour reprendre sa marche vers son amant. J'ai décidé de jeter l'éponge. Elle devait se dire " laisse tomber, ma fille, pourquoi une trentenaire comme toi baise-t-elle un homme plus vieux?? " J'étais tellement humilié que je suis resté à l'écart de toutes les femmes, me consacrant plus que jamais à mes parties de pêche et au whisky. Du moins jusqu'avant d'être collé en hôpital psychiatrique après l'ennui de santé qui avait failli avoir ma peau. Comme j'avais besoin d'affection, j'ai eu quelques histoires avec des femmes. Oh, pas beaucoup?! Je ne suis pas un Don Juan. Charlotte, même prénom que ma femme (tiens, quelle coïncidence?! ), je l'avais rencontrée lors de mon second passage en psychiatrie. Elle était bisexuelle, très belle, très jeune et affranchie de tout, je crois surtout qu'elle était homo. Le piège était tendu et bien entendu, je me jetais dedans. Elle me quitta pour rejoindre son ex en Amérique du Sud. Je portais désormais mon âge comme une enclume. Cette simple évocation me pétrifie. Comment ai-je pu rester à ce point absorbé par moi-même, enterré dans ce que je considérais comme mon déclin?? L'esprit est une cage, parfois. Comment réussirai-je désormais à séduire?? Etais-je irrésistible?? Etais-je une force brute?? Un charme subtil?? Eh bien non, pas vraiment. Je connaissais les pulsions les plus basses des hommes et n'en usais qu'avec parcimonie. Beaucoup de gens essaient toutes les combinaisons possibles, moi, je n'en voyais qu'une pour ouvrir ma cage. J'avais par le passé publié quelques livres de poésie. Je décidais d'écrire mon histoire, la vraie, le roman de ma vie, de bosser dur pour me mettre ailleurs. Pourtant, je n'ignorais pas que la littérature, comme la vie, est pleine d'injustices.

08/2019

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Littérature française

Crépuscule

Aux marches de l'Empire " à cent têtes et cent corps " , sommeille une province minérale et nue où le froid, le givre, les bourrasques semblent ankyloser les habitants d'une bourgade qui ne signalait jusque-là ni notoriété historique, ni intérêt géographique, si ce n'est d'être placée à la frontière " d'un pays dont la bannière se frappait d'un croissant d'or " , et dont la vitalité contraste avec l'épuisement ranci du village aux passions tristes. Un jour, le curé est découvert mort. La tête fracassée par une pierre. De quelle nature est le crime ? Qui pouvait en vouloir à ce curé d'une terre où les chrétiens et les musulmans vivaient depuis toujours en bonne entente ? Que faire, qui accuser, et qui entraver dans son action si, à partir de ce meurtre, s'ordonne toute une géométrie implacable d'actes criminels et de cruautés entre voisins ? Il y a un heureux : le Policier, Nourio, car " c'était fabuleux pour lui d'avoir une pareille affaire, dans ce lieu abandonné de toute fantaisie, de tout grain de sable, roulé dans l'ordinaire des jours " . Le voilà lancé dans d'inutiles recherches. A quoi sert de s'opposer au cours impétueux des choses ? Dans ce vieux monde de l'Empire qui s'affaisse, " dans un sommeil épais, s'enroulait dans sa léthargie comme un escargot fainéant bâille dans sa coquille " , il y a tous les personnages, en chairs et en vices, qui conviennent au déroulement de la tragédie : chacun joue à merveille sa partition. Nourio, le Policier au teint olivâtre et aux pulsions incontrôlables. Baraj, l'Adjoint dont l'apparence de bête placide et musculeuse dissimule l'âme d'un enfant poète. Lémia, la fillette aux formes adolescentes dont les ombres et les pleins agacent les nerfs du Policier. Tant d'autres, et même les fantômes des temps passés, qui n'ont en commun, dans leur médiocrité âpre et satisfaite, dans le secret de leurs âmes, que d'agir en comparses du grand Effondrement de l'Empire. De suspens en rebondissements, l'intrigue haletante se double d'une grande réflexion sur nos errements contemporains, la volonté de quelques-uns de réécrire l'Histoire, la négation de certains crimes de masse et autres arrangements avec la réalité.

01/2023

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Philosophie

La fin de l'histoire, épiphanie des religions. Acte psychanalytique et acte philosophique

L'intention est de montrer la portée décisive, pour le monde actuel comme fin de l'histoire, de toutes les grandes religions, au premier chef du judéo-christianisme. Et de montrer cela en faisant, de l'acte qu'accomplit le psychanalyste avec l'analysant, le modèle de l'accomplissement de l'acte historique qu'a engagé la philosophie depuis les Grecs et qui vise à l'institution de la société juste. On part de l'acte qu'accomplit le psychanalyste en libérant le sujet individuel et en lui permettant de devenir individu véritable (chap. I). De là on envisage l'obstacle auquel s'est heurtée la philosophie quand elle a voulu, depuis son commencement en Grèce, instituer, c'est son acte à elle, la société juste où l'individu ait toute sa place — obstacle qui est l'entraînement du sujet social, du peuple, au mal social irréductible (pulsion de mort), à la violence sacrificielle empêchant l'individu d'advenir (chap. II). On établit ensuite que cet acte s'accomplit aujourd'hui, quand la philosophie en est venue à affirmer, outre l'existence proclamée depuis Kierkegaard, l'inconscient introduit par Freud (chap. III). On voit alors que la philosophie ne peut pas, par elle seule, faire admettre un tel accomplissement au sujet social (chap. IV). On soutient que cela ne lui est possible que dans la mesure où elle reconnaît, la déployant en rationalité pure, la vérité première de la révélation par laquelle l'homme est appelé à devenir individu (c'est ce qu'impliquent les commandements du Sinaï) et par laquelle Dieu se donne dans sa vérité trinitaire (chap. V). On conclut en montrant que cette révélation, qui est théologiquement celle du christianisme, doit commencer par le judaïsme et s'achever par l'islam, chacune des religions révélées ayant sa légitimité, comme, à partir de là, chacune des grandes religions humainement instituées (chap. VI).

09/2019

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Critique littéraire

Les voies de la paix dans les récits d'Andrée Chedid

Une terre sans frontières, en laquelle toute l'humanité pourrait se reconnaître, c'est ce qu'évoque sans trêve Andrée Chedid tant à travers le poème, le roman que la nouvelle et le théâtre. Elle tente sans cesse de sonder par l'écriture l'énigme de la vie et de la nature humaine, ce qui la conduit à explorer des états diamétralement opposés comme l'espoir et le désespoir, la vie et la mort, la plénitude et la perte. D'une famille libanaise, Chedid est née en Egypte, au Caire en 1920. Elle a vécu à Paris de 1946 jusqu'à sa mort en 2011. Ses écrits ont été couronnés de nombreux prix littéraires, dont le Prix Albert Camus, en 1996, pour son autobiographie, Les Saisons de passage, et pour l'ensemble de son oeuvre. Ayant grandi dans un monde où s'entremêlaient Orient et Occident, elle a vécu cet univers composite non pas comme une aliénation, mais comme un enrichissement. C'est avec les sensations et les images de l'Egypte, du Liban et de la France qu'elle a bâti son oeuvre. Convaincue que l'essentiel est l'interrogation sur le fond de l'être humain, elle relance sans relâche la recherche de ce qu'elle appelle le "visage premier de l'être". "N'oublie pas que vivre est gloire". Cette citation de Rainer Maria Rilke pourrait servir de phrase emblématique de toute l'oeuvre chedidienne. Lucide face à la pulsion destructrice inhérente à l'être humain, elle ne cesse pourtant de donner voix à un énorme instinct de vie. Les récits de Chedid sont en effet des lieux de combat et de transcendance où résonnent autant son indignation que son élan vital. Ils portent aussi sur des thèmes comme l'identité, l'hybridité et l'exil, la figure de l'orphelin et la figure obsédante de la mère. L'ouvrage se termine par un questionnement sur l'origine de l'espoir chez Andrée Chedid. Il est enrichi de deux entretiens que l'auteure a eus avec l'écrivaine.

11/2017

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Poésie

Black-Label. Suivi de Graffiti et de Poèmes nègres sur des airs africains

Avec ses amis Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas est considéré comme le troisième « père fondateur » du mouvement de la négritude. Né à Cayenne en 1912, il connaît une enfance chaotique, et son parcours scolaire puis universitaire le mène successivement à Fort-de-France, à Meaux, à Paris. C’est là qu’il prend pleinement et douloureusement conscience de son identité « nègre », celle-ci s’exprimant dès ses premiers poèmes avec le soutien des surréalistes, notamment de Robert Desnos, en 1937, sous le titre de Pigments. Animateur du « Mouvement de la renaissance guyanais », il se lance dans l’action politique. Il est élu député de 1948 à 1951, puis opte pour une carrière de journaliste. Il multiplie les conférences à travers le monde, compose une anthologie des littératures francophones d’outre-mer et, finalement, accepte un poste d’enseignant à l’université Howard de Washington où il meurt d’un cancer de la gorge en 1978. L’oeuvre poétique de Léon-Gontran Damas exprime, clame, revendique un profond sentiment d’appartenance raciale, mais sans éclats lumineux ni accents triomphants. Le malaise existentiel de l’être noir est ici un mal-être torturant qui ne connaît de répit que dans la dérision et la lucidité conquise d’une parole directe, en crochets courts et uppercuts dirait-on, puisqu’elle adopte souvent un rythme de boxeur au combat. Black-Label, le long poème lamento de Damas, est devenu au fil des ans comme l’hymne blessé de l’âme nègre. Là, les désirs, les frustrations, les errements de l’âme d’Afrique surgissent en plaintes, chansons, rêveries et révoltes. On a fréquemment évoqué le cousinage des complaintes de Damas avec les Paroles de Jacques Prévert, le rapprochement tient à la simplicité de l’expression et à la qualité émotionnelle, mais les mots qui déferlent chez Damas ont un goût de sang fauve, une pulsion de sang noir qui mêle la fureur au désenchantement.

09/2011

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Religion

Amour, sexe et chasteté

Krishnamurti n'hésite pas, dès les années 1950, à jeter un regard lucide sur des institutions telles que le mariage ou le célibat des moines. Selon lui, le noeud de toute société tient dans la relation qu'établissent les hommes entre eux au niveau le plus élémentaire ; celui du couple. Ce qui pose la question des rapports de domination, du rôle de l'amour et du sexe dans la relation. Le sexe, loin d'être diabolisé, est soumis à l'analyse, il s'agit pas de nier la pulsion sexuelle, mais d'éviter que l'assouvissement d'un besoin naturel tourne à un rapport de domination ou à une obsession. Seul l'amour lui permet de s'exprimer de façon pleine et entière. L'amour est défini à partir de ce qu'il n'est pas : la dépendance affective, le désir, le mariage - qui n'est rien moins qu'un contrat social. L'amour suppose la responsabilité entre ceux qui s'aiment, qu'il s'agisse du conjoint ou du partenaire amoureux, des enfants, du voisin, de la nation et, finalement, de la société. Le problème de la chasteté concerne d'abord ceux qui, dans le cadre d'une religion, ont fait voeu d'abstinence sexuelle. Faire ou ne pas faire l'amour ne devrait pas être une question de contrainte mais de contexte. L'essentiel est d'observer simplement les fait et non une réalité idéalisée par la pensée. Car c'est en définitive la pensée qui est à l'origine de nombreux clivages. Réaliser cela offre un accès à la perception directe de ce qui est. Et les questions ,s'éclairent d'autant mieux que nous leur donnons le temps de faire écho dans le silence. C'est de ce silence, qu'entend proposer l'inédit Amour, sexe et chasteté, de cette "conscience sans choix" qui ne juge ni ne condamne que jaillit l'amour.

06/2010

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Psychologie, psychanalyse

Quarto N° 124, printemps 2020 : Noces avec l'Un

L'oeuvre de Gabriel Belgeonne, artiste peintre et graveur belge, est tissée de ses gestes "libres et sauvages" . Il la décrit comme une "sorte d'écriture1" au service de sa peinture du monde où il souhaiterait vivre, rêver, voyager, et se tenir à distance de l'insupportable. Nous avons choisi l'une de ses toutes premières oeuvres pour illustrer le numéro de Quarto que vous tenez entre vos mains. G. Belgeonne en évoque la genèse avec précision : "A la côte bretonne, j'avais été frappé par la manière dont l'eau s'engouffrait sauvagement dans les rochers, sa façon de s'écraser et de se transformer en gouttelettes. C'est sauvage et imprévi-sible. [... ] Ce n'est pas directement l'eau qui m'avait fasciné, mais son oeuvre. Ce qui explique le titre : ressac, le retrait de l'eau qui dénude son oeuvre. 2" Lacan use, lui aussi, de la métaphore de l'eau, dans sa "Conférence à Genève sur le symptôme" , pour parler du langage : "Le fait qu'un enfant dise peut-être, pas encore, avant qu'il soit capable de vraiment construire une phrase, prouve qu'il y a en lui quelque chose, une passoire qui se traverse, par où l'eau du langage se trouve laisser quelque chose au passage, quelques détritus avec lesquels il va jouer, avec lesquels il faudra bien qu'il se débrouille. 3" C'est avec ces débris de l'eau du langage que chacun se construit sa lalangue dont le noyau inaltérable d'inconscient réel porte les traces. Cet inconscient où se rejoue inlassablement l'itération brute du symptôme, que Jacques-Alain Miller a inscrit au fondement même de l'existence, se lit dans l'analyse et se dénude à sa fin. Il conduit celui qui s'y voue à un nouveau rapport au vivant qui l'habite, à un nouvel amour, qui, loin d'une nouvelle exaltation fantasmatique, se révèle être, selon la belle formule d'Eric Laurent "l'amour du nouveau mariage avec la pulsion, en tant qu'elle accroche aussi l'Autre"

04/2020

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Garder la forme

De l'ombre à la lumière. Et si nous aussi, nous changions notre regard sur les épreuves et sur la vie ?

Et si les épreuves servaient à nous accomplir ? Les échecs à nous construire ? A trouver le bonheur ? " Les obstacles sont des révélateurs de l'âme. " Bernard Werber " L'échec a été la chance de ma vie. " Laurent Gounelle " J'étais traversée par des questions existentielles terribles. " Raphaëlle Giordano Au fil des ans, ces personnalités inspirantes nous éclairent, accompagnant nos pas, comme ceux de millions de lecteurs, vers plus de compréhension de soi et de l'existence. Chacun d'entre eux nous invite à porter un autre regard sur la vie, à prendre de la hauteur, à transformer nos fragilités en force ou dépasser nos peurs pour vivre la vie dont nous rêvons. Leurs livres font du bien. Soignent l'âme et éveillent nos consciences. Et si tout cela était aussi le fruit de tempêtes et de vents contraires qu'ils ont su traverser ? Qui sont-ils vraiment ? Quels ont été leurs tourments ? Leurs déserts ? Leurs vertiges ? Quelle est leur vision de la vie ? De la mort ? De l'amour ou du bonheur ? Comment sont-ils passés de l'ombre à la lumière ? Passionnée d'histoires de vie, Sandrine Chopin est alle ? e a ? la rencontre de Bernard Werber, Raphaëlle Giordano, Laurent Gounelle, Maud Ankaoua, Anne Goscinny, Guillaume Néry, Harry Roselmack, Lorraine Fouchet et Laetitia Colombani. A coeur ouvert, tous lui ont offert une partie d'eux-mêmes, livrant des bribes de vie intimes, leurs facettes les plus secrètes, leurs doutes les plus profonds ou leurs épreuves de vie. Ils lui ont confié comment de désillusions en rebonds, de dépression en pulsion de vie, ils ont su transformer les coups du sort en chemin initiatique pour devenir pleinement qui ils sont. Et trouver ainsi leur juste place. De rencontres providentielles en expériences troublantes, ils nous invitent à revisiter nos croyances, balayer nos certitudes, élargir nos perceptions, nous laissant entrevoir également qu'une autre réalité pourrait peut-être bel et bien exister... aux frontières de l'invisible. Des témoignages sincères et touchants, aussi émouvants qu'éclairants

03/2024

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Psychologie, psychanalyse

La portée du désir ou La psychanalyse même

Avec cette approche visant la spécificité du désir il importait d'abord de le libérer d'une réduction qui n'y verrait qu'une force, une énergie, au seul repérage économique, ou qu'une pulsion biologique, de vie ou de mort, en marge des mécanismes mentaux et de sens. Car le désir est fondamentalement lié aux représentations, aux signifiants qui les constituent, à leurs articulations menant au sens dans la pensée et le langage. On sait depuis Freud que le rêve représente le désir et son accomplissement, et selon la double potentialité de l'inconscient, d'oubli, de refoulement, ou au contraire de résurgences signifiantes. Si le désir mène certainement à la satisfaction des plaisirs, il vise, essentiellement, un dépassement, grâce aux effets de la négation, vers un inconnu, à condition que celui-ci soit identifiable, accepté, et puisse ainsi conduire à des questions, sources de toutes recherches et de découvertes, au-delà des illusions, des fantasmes, dans la réalité même. Le désir atteint toute sa portée d'inconnu quand se manifeste la finitude, celle du savoir, du pouvoir. L'" objet de perspective ", cause et objet du désir, centre la liaison active à l'inconnu, où s'orientent les cinq champs des idéaux humains et leurs sublimations tant de la haine que de l'amour sexuel. Ainsi le désir anime les fantasmes originaires qui eux-mêmes organisent les axes des grands mythes servant à saisir et dominer l'inconnu, et surtout celui de la mort. Il y a lieu cependant de cerner une idéalisation du désir lui-même lorsqu'une surenchère narcissique pousse aux excès de l'austérité et du masochisme, au retrait de la solitude, ou aux confins de la passion ou des délires, avec la mort comme enjeu dans les violences sociales ou le suicide. Enfin les rapports entre le désir et la Loi impliquent un franchissement réciproque : la Loi surmonte le désir, mais en est le produit ; et le désir a le pouvoir de transgresser la Loi qui lui donne les moyens de se réaliser.

12/1996