Recherche

intellectuels migrants europe

Extraits

ActuaLitté

Critique littéraire

Berl, un juif de France

" Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal... La terre, elle, ne ment pas... " : cette sentence lapidaire qu'Emmanuel Berl (1892-1976) cisela pour le compte du maréchal Pétain, en juin 1940, est inscrite dans l'Histoire. Et elle se dresse, comme un emblème infamant, au-dessus de l'existence d'un écrivain qui, pourtant, reste le symbole de l'intelligence et de la liberté de l'esprit. Comment, en effet, un brillant intellectuel juif, parent et disciple de Bergson, interlocuteur privilégié de Proust, ami de Barbusse, confident d'Edouard Herriot, intime de Malraux autant que de Drieu La Rochelle, en vint-il à accompagner le pétainisme et à lui donner ses lettres de noblesse ? Ce même Berl avait pourtant étonné Paris avec un pamphlet " révolutionnaire ", Mort de la pensée bourgeoise, puis dirigé Marianne, hebdomadaire iconoclaste de centre gauche. Et n'était-il pas, avant guerre, de toutes les provocations, de tous les modernismes ? Ce sont donc la genèse et l'histoire de cette " dérive " - dont il est d'autres exemples - qui sont revisitées dans cette biographie. Louis-Albert Revah s'y est efforcé de saisir, d'un même mouvement, l'homme charnel - amoureux de " Sylvia ", mari de la chanteuse Mireille - et l'idéologue mêlé aux grands débats de son temps. Et il suit, pas à pas, ce " juif de France " qui, instruit par les épreuves, céda, sur le tard, la place à un sage voltairien et à un écrivain aussi audacieux que classique.

02/2003

ActuaLitté

Philosophie

De quoi demain... Dialogue

" De quoi demain sera-t-il fait ? " interroge Victor Hugo. Un philosophe, une historienne répondent au long d'un dialogue serré, exigeant. Pourquoi ont-ils choisi de faire ce livre ensemble ? En raison d'une longue amitié, au nom d'une histoire commune, en vertu de la qualité d'un débat qui n'a jamais cessé entre eux depuis qu'à la fin des années soixante la jeune étudiante découvrit l'importance de ce penseur de quinze ans son aîné qui, avec d'autres, réveillait l'esprit critique de toute une génération. Si les points de vue sont différents, l'héritage intellectuel est commun. Et c'est cet héritage qu'ils s'attachent à inventorier avant de circonscrire des enjeux majeurs de notre temps : comment penser la différence dans l'universel ? La famille a-t-elle encore un avenir ? La liberté se réduira-t-elle demain pour l'homme à l'intelligibilité des contraintes qui pèsent sur lui, ou le désir et l'imprévisible auront-ils encore leur place ? Que nous dit la souffrance des animaux que nous massacrons ? La page de la révolution est-elle définitivement tournée après l'échec du communisme ? Est-il envisageable d'en finir une fois pour toutes avec la peine de mort ? Quelles seront demain les formes nouvelles de l'antisémitisme et comment les combattre ? L'échange s'achève sur un éloge de la psychanalyse, référence commune tout au long du dialogue.

ActuaLitté

Histoire internationale

La Wehrmacht. La fin d'un mythe

Une histoire totale de l'armée d'Hitler. De la Wehrmacht, on croyait tout connaître. Vivant sur un mythe formé par Jacques Benoist-Méchin et relayé par des dizaines d'historiens pas tous fantaisistes, le public croit en la légende " dorée " de la première armée du monde demeurée invincible avant de crouler sous le nombre tout en combattant héroïquement jusqu'au bout sans trop se compromettre avec le nazisme. Si, comme toute légende, celle-ci s'appuie sur une part réelle - le Blitzkrieg, la pulvérisation des adversaires successifs jusqu'en décembre 1941, une capacité d'innovation forte notamment dans les chars et l'aviation -, elle n'en est pas moins largement outrée et souvent mensongère. Pour rétablir les " vérités ", Jean Lopez et son équipe habituelle de rédacteurs nous offrent une histoire globale sans précédent. Cette somme raconte toutes les grandes opérations, campagnes et batailles (Dunkerque, batailles d'Angleterre, " Barbarossa ", Stalingrad, Koursk, Débarquement, " Bagration ", " Market Garden ", Ardennes, bataille de Berlin, etc.) et offre de surcroît de riches chapitres disséquant notamment l'héritage intellectuel et opérationnel depuis Frédéric II, les stratégies en vigueur, les logistiques déployées et la qualité véritable des hommes et du matériel. Fidèle à sa méthode, qui a fait le succès de sa revue Guerres & Histoire et celui de l'Infographie de la Seconde Guerre mondiale, Jean Lopez illustre largement cet ouvrage par une iconographie abondante mais choisie associant cartes, schémas, photographies, reproductions d'armes et d'uniformes sans oublier plusieurs infographies.

ActuaLitté

Sciences politiques

Mélenchon. A la conquête du peuple, Edition revue et augmentée

Avec Mélenchon, on espère ou on désespère. Mais le connaît-on vraiment ? Est-il un populiste mégalomane au parler "cru et dru" ou incarne-t-il plutôt la version moderne du plébéien, défenseur du peuple contre l'oligarchie ? Cette biographie rythmée d'anecdotes savoureuses revient sur la vie de ce natif de Tanger happé par la politique en Mai 68 dans son lycée de Lons-le-Saunier. Elle nous emmène dans le sillage de l'étudiant lambertiste, passé par la très secrète Organisation communiste internationaliste (OCI), puis auprès du jeune journaliste socialiste qui partira "faire de la politique" à Massy, devenant un fidèle de Mitterrand. Suivront vingt années au Sénat, un poste de ministre auprès de Lionel Jospin, le soutien victorieux au "non" à la Constitution européenne... Les auteurs racontent aussi la première campagne présidentielle en 2012, les relations compliquées avec les communistes au sein du Front de gauche et enfin les espoirs suscités lors de l'élection présidentielle de 2017 par le candidat de la France insoumise, qui frôle la qualification au second tour. Au fil de cette enquête fouillée se dessine la personnalité de l'orateur hors pair qu'est Jean-Luc Mélenchon. Un homme affectif, angoissé, marqué par le "déracinement" de sa terre marocaine. Un intellectuel autodidacte déterminé à faire vivre le socialisme historique contre le libéralisme d'un Hollande ou d'un Macron et qui a choisi d'aller, avec ses insoumis, à la conquête du peuple.

04/2018

ActuaLitté

Sociologie

Le bûcher des vérités. Quelles stratégies dans un monde de fake news ?

Comment bâtir une stratégie efficace à l'époque de la désinformation et de la défiance permanentes ? La multiplication des faits alternatifs (fake news), l'hystérisation des débats, l'emprise croissante des dispositifs numériques et le culte de la disruption fragilisent la prise de parole et la capacité d'action des décideurs. L'écosystème médiatique a définitivement basculé dans l'ère du "bûcher des vérités". Pour tous les décideurs et responsables, cela signifie qu'il est temps de changer de logiciel. L'écosystème technologique et idéologique impose des choix iconoclastes qui déjouent les illusions médiatiques, les mirages de la transformation permanente et les écrans de fumée du prêt-à-penser. Plus que jamais, il faut se donner les moyens d'analyser des tendances lourdes, porter un regard lucide sur le monde, définir une vision claire, la verbaliser et la faire partager. La communication est devenue avant tout une quête de sens, d'éthique et de leadership intellectuel. Au travers d'exemples empruntés à la politique (Trump, DSK), au sport (Griezmann, Benzema), à la pop culture (Game of Thrones, Batman), à l'univers économique et au digital, ce manuel présente les mécanismes qui régissent nos sociétés de communication, et en analyse les bonnes et les mauvaises pratiques. Mais ce livre n'assène pas des certitudes d'experts : il réfléchit aux moyens à mettre en oeuvre pour réenchanter la parole publique et combattre la défiance commune.

11/2019

ActuaLitté

Sciences politiques

Les partis politiques de l'opposition en Afrique. La quête du pouvoir

"L'ouvrage d'Issaka K. Souaré est un véritable tour de force intellectuel sur un sujet important, mais paradoxalement peu étudié. En adoptant une perspective théorique alliant jeux d'acteurs et cadres institutionnels, il retrace l'histoire des partis politiques africains depuis la période coloniale tout en offrant une analyse documentée et contextualisée des dynamiques électorales récentes, avec un accent particulier sur les partis d'opposition." Mamoudou Gazibo, professeur de science politique, Université de Montréal. "Issaka K. Souaré a écrit un ouvrage incontournable pour ceux et celles qui s'intéressent à la démocratisation et aux partis politiques en Afrique, ainsi qu'à la question épineuse de l'alternance des partis au pouvoir. Qui plus est, l'analyse qu'offre l'auteur pourrait aider les partis d'opposition à développer des stratégies qui augmenteraient leurs chances de gagner des élections, malgré des conditions qui favoriseraient le régime en place." Stephen Brown, professeur de science politique, Université d'Ottawa. "L'ouvrage d'Issaka K. Souaré montre, avec le soutien d'un appareil scientifique rigoureux, que les partis politiques africains - qu'ils soient du pouvoir ou de l'opposition - sont des partis comme les autres. L'auteur déploie une grande connaissance de leur historicité spécifique qui nous permet de mieux comprendre la politique en Afrique." Ismaila Madior Fall, professeur agrégé de droit public et de science politique des Universités, ministre, conseiller juridique du président de la République du Sénégal.

10/2017

ActuaLitté

Histoire ancienne

Tout César. Discours, traités, correspondance et commentaires, Edition bilingue français-latin

Ce volume rassemble, intégralement traduits pour la première fois et présentés en édition bilingue, tous les écrits de Jules César : les Commentaires, mais aussi les extraits des discours, des traités et de la correspondance conservés par les Anciens. Il offre une lecture complète de son oeuvre, qui permet de mieux comprendre à quel point César a été un protagoniste majeur de l'histoire romaine dans son exercice du pouvoir, fondé sur l'idée d'une magistrature suprême au sommet de l'Etat, et son action réformatrice dans tous les domaines de la vie publique. Il éclaire aussi son influence décisive sur la vie culturelle de son temps, à laquelle il a fourni des apports tout aussi originaux que trop souvent ignorés. Soucieux de préserver le rayonnement de la langue et du patrimoine latins, César fit de Rome un grand centre intellectuel, mû par l'ambition d'ouvrir la connaissance au plus grand nombre et non de la réserver à une seule élite. Enfin, loin de se réduire à une simple reconstitution des dernières décennies de la République romaine, cet ouvrage met en valeur la dimension littéraire de César. L'ensemble de ses lettres, les citations qui subsistent de ses discours, et la somme tout aussi riche des fragments de ses traités, révèlent les spécificités de l'éloquence césarienne. Un modèle du genre par sa rigueur et sa sobriété, qui font toute son excellence stylistique.

05/2020

ActuaLitté

Littérature étrangère

En quête d'une terre à soi

En 1956, Gao Ertai a vingt ans, il enseigne le dessin dans un lycée de Lanzhou, dans l'Ouest de la Chine. C'est à cette époque qu'il compose et publie son essai intitulé Sur le beau, qui ne cadre pas avec l'idéologie officielle et lui vaudra l'année suivante d'être étiqueté droitiste. S'ouvre alors une période de vingt ans au cours de laquelle alterneront les séjours de rééducation, notamment dans le terrible camp de Jiabian-gou, et les périodes de semi-liberté où il exerce son métier de peintre, participant à la restauration des célèbres fresques de Dunhuang. Mais en 1989, sa mauvaise réputation le rattrape et il est à nouveau détenu, avant de parvenir à quitter la Chine grâce à l'aide de militants hongkongais. Récit de toute une vie, depuis l'enfance jusqu'à l'exil aux Etats-Unis, testament intellectuel d'un fin lettré amoureux de l'art et de la poésie, cette autobiographie est aussi un bouleversant témoignage et un hommage rendu à d'autres destins brisés, dont celui de la propre fille de l'auteur. Poétique par moments, émouvant à d'autres, d'une constante retenue face aux réalités les plus choquantes, cet ouvrage d'une force exceptionnelle est un véritable condensé de l'histoire et de la culture chinoise contemporaine, autant qu'une analyse remarquablement lucide du mécanisme des mouvements politiques. Le texte a été traduit d'après la version taïwanaise intégrale et non censurée.

04/2019

ActuaLitté

Santé, diététique, beauté

Une vie politique. Entretiens avec Philippe Artières et Eric Favereau

En 1984, le sida entre tragiquement dans la vie de Daniel Defert avec la mort de Michel Foucault. En hommage à celui qui fut son compagnon de vie pendant près de vingt-cinq ans, le sociologue crée Aides, la première association française de lutte contre le sida, dont l'action sera déterminante dans la gestion de l'épidémie. En plaçant le malade au centre, Aides redéfinit la façon de penser la santé publique et convoque la sexualité, l'affect et l'intime au coeur de la lutte. Une nouvelle forme de militantisme voit le jour, dont Daniel Defert est l'un des artisans. Mais cette histoire s'inscrit dans la continuité d'une vie d'engagement : le combat en faveur de la décolonisation, Mai 68 et l'aventure de la Gauche prolétarienne, la création avec Foucault du Groupe d'information sur les prisons (GIP)... A chaque fois, Daniel Defert s'attache à partir des besoins et de la parole des premiers concernés, qu'ils soient ouvriers, détenus, homosexuels, usagers de drogues ou porteurs du VIH. Sous la forme d'un entretien accordé par l'auteur à Philippe Artières et Eric Favereau et d'une sélection de textes d'intervention, ce livre restitue le parcours d'un intellectuel qui a pris part aux grandes mutations sociales et politiques de la seconde moitié du XXe siècle et qui a su mettre ses expériences antérieures au service de la lutte contre le sida.

04/2014

ActuaLitté

Littérature étrangère

La liste de Freud

Récompensé par le prix européen pour la Littérature, un roman fascinant qui donne à voir un épisode peu évoqué de la vie de Freud : en 1938, alors que des visas sont attribués pour l'Angleterre, le père de la psychanalyse dresse une liste de ceux qu'il souhaite emmener avec lui, liste excluant ses quatre soeurs qui finiront déportées au camp de Terezin. Dans une Vienne en pleine effervescence, une oeuvre vibrante en forme d'hommage à Adolfina Freud, enfant mal aimée condamnée à la solitude. 1938 : l'Allemagne nazie s'apprête à envahir l'Autriche, les Juifs cherchent à fuir par tous les moyens. Alors qu'on lui délivre des visas pour l'Angleterre, Sigmund Freud est autorisé à soumettre une liste de ceux qu'il souhaite emmener avec lui. Figurent sur cette liste, entre autres, son médecin et ses infirmières, son chien, sa belle-soeur, mais pas ses propres soeurs. Tandis que le père de la psychanalyse finira ses jours à Londres, toutes les quatre sont déportées dans le Camp de Terezin. Adolfina, la soeur préférée de Freud, âme sensible et douée, enfant mal aimée, femme condamnée à la solitude, raconte : l'enfance complice avec son frère adoré, ses aspirations dans cette Vienne de fin de siècle, pleine du bouillonnement artistique et intellectuel, son amour déçu pour un camarade d'université, l'éloignement d'avec son génie de frère, sa rencontre avec Klara Klimt dans un hôpital psychiatrique, son rêve de Venise, sa blessure familiale...

09/2013

ActuaLitté

Littérature étrangère

La capitana

Il y a des vies qui sont des romans qu'aucun romancier n'oserait écrire par crainte d'être taxé d'invraisemblance. Mika, Micaela Feldman de Etchebéhère, a réellement vécu en Patagonie, à Paris, à Berlin, en Espagne, elle a tenu toute sa vie des carnets. À partir de ces notes, des rencontres avec ceux qui l'ont connue, des recoupements de l'Histoire, Elsa Osorio transforme ce qui pourrait n'être qu'une biographie en littérature. participé, avec son mari, au mouvement intellectuel dans les années 30. Puis ils sont allés vivre à Berlin dont les ont chassés le nazisme et les manipulations du mouvement ouvrier par le stalinisme. Enfin ils sont allés rejoindre les milices du poum dans la guerre civile en Espagne. Dans des circonstances dramatiques, elle, qui ne sait rien des armes et des stratégies militaires, se retrouve à la tête d'une milice. Son charisme, son intelligence des autres, sa capacité à prendre les décisions la rendent indispensable et ce sont les miliciens eux-mêmes qui la nomment capitaine. Poursuivie par les fascistes, persécutée par les staliniens, emprisonnée, elle sera sauvée par les hommes qu'elle a commandés. Elle a fini sa vie d'inlassable militante à Paris en 1992. Elsa Osorio, portée par ce personnage hors du commun, écrit un roman d'amour passionné et une quête intellectuelle exigeante en mettant en ouvre tout son savoir-faire et son talent littéraire pour combler les trous de l'Histoire.

ActuaLitté

Pléiades

Souvenirs et voyages

Ce volume rassemble deux types d'écrits apparemment distincts, mais tous deux expression d'un passé recomposé, vécu sur-le-champ ou après coup comme un présent mémorable, comme la découverte d'une vérité dont Gide se sent le devoir de témoigner. D'une part, les ouvres proprement autobiographiques. Si le grain ne meurt d'abord, mise en lumière des composantes du roman familial et individuel de Gide, chronique de l'itinéraire initiatique de son enfance et de son adolescence, qui le mène conjointement à la découverte de son homosexualité et à son mariage avec sa cousine, et aussi texte-clef pour la compréhension de ses romans. Puis, au fil de textes à redécouvrir, l'évocation d'anecdotes ponctuelles, d'expériences particulières, de rencontres marquantes. D'autre part, les récits de voyage à proprement parler : Voyage au Congo, Le Retour du Tchad, Retour d'U. R. S. S., etc., livres qui donnèrent à Gide toute sa stature d'intellectuel engagé. Ainsi soit-il, enfin, ouvrage posthume auquel Gide travaillait encore quelques jours avant sa mort, vagabonde au gré de l'affleurement des souvenirs de toute une vie, librement associés et traduits dans une langue qui, au moment même où le corps fait défaut, échappe, comme en se jouant, à l'emprise du temps : « Ma propre position dans le ciel, par rapport au soleil, ne doit pas me faire trouver l'aurore moins belle. »

02/2001

ActuaLitté

Histoire de France

Notre histoire intellectuelle et politique. 1968-2018

Comment les enthousiasmes de Mai 68 ont-ils cédé le pas au désarroi des années 1980 et 1990 puis au fatalisme qui, depuis les années 2000, barre notre horizon politique et intellectuel ? Pourquoi la gauche s'est-elle enlisée dans un réalisme d'impuissance ou dans des radicalités de posture, au point de laisser le souverainisme républicain et le national-populisme conquérir les esprits ? Pierre Rosanvallon se confronte ici à ces questions d'une double manière. En tant qu'historien des idées et philosophe politique, il s'attache à réinscrire les cinquante dernières années dans l'histoire longue du projet moderne d'émancipation, avec ses réalisations, ses promesses non tenues et ses régressions. Mais c'est également en tant qu'acteur et témoin qu'il aborde la lecture rétrospective de la séquence dont Mai 68 a symbolisé l'amorce. Son itinéraire personnel, les entreprises intellectuelles et politiques qui l'ont jalonné et les personnalités qui l'ont accompagné renvoient plus largement à l'histoire de la deuxième gauche, avec laquelle sa trajectoire s'est pratiquement confondue, et, au-delà, à celle de la gauche en général, dont l'agonie actuelle vient de loin. A travers le retour sincère et lucide sur son cheminement, avec ses idées forces et ses doutes, ses perplexités et ses aveuglements, c'est une histoire politique et intellectuelle du présent que Pierre Rosanvallon retrace, dans des termes qui conduisent à esquisser de nouvelles perspectives à l'idéal d'émancipation.

08/2018

ActuaLitté

Littérature étrangère

Inferno.com

Trois amis ont fait fortune grâce à un projet révolutionnaire : un cimetière pour animaux de compagnie, qui est aussi un lieu de mémoire et de spiritualité pour leurs maîtres, étroitement lié à un site Internet et à un vaste monde virtuel. Pour ces quadragénaires qui sont nés et ont grandi dans un Frioul agricole et montagnard, tout a changé en peu de temps : en l'espace de quelques années, ils ont assisté à l'industrialisation rapide de la région et du nord-est de l'Italie, au pullulement de petites entreprises familiales prospères et exportatrices, mais surtout à la transformation de la société, au crépuscule des valeurs traditionnelles et à leur remplacement par l'argent, le sexe et la célébrité comme nouveaux totems. Témoin et acteur de ces bouleversements, le narrateur est un intellectuel, qui raconte avec un humour parfois douloureux ses péripéties et celles de leur entreprise commune : il dresse ainsi le portrait d'un monde qui change, vacille sur ses fondations et avance sans le savoir vers l'abîme, un abîme qui l'engloutira, lui, le premier. Grand roman à l'américaine dans la lignée des Franzen, Cunningham, Powers et DeLillo, inferno.com est un récit ambitieux et virtuose, qui joint une réflexion approfondie sur notre modèle de civilisation et sur la conscience de l'homme moderne à un vrai plaisir de raconter une histoire, avec savoir-faire et talent.

11/2016

ActuaLitté

Littérature étrangère

Trio sublime. Headlong Hall, Nightmare Abbey, Crotchet Castle

Pétillant d'autant d'éclats de rire qu'une bouteille de Clicquot qui eût été secouée pour la soulager de toutes les fusées de ses gaz, c'est l'impression qui demeure quand, les yeux fermés sur le livre ouvert, ou levés devant les vastes fenêtres d'une bibliothèque manoriale, on songe et se remémore ces trois romans. Trio sublime, en effet, que ces textes dotés d'une structure identique. Dans Headlong Hall, un châtelain amoureux des idées claires et des enchaînements logiques, lecteur de Rabelais et d'Aristophane, grand buveur de hock et de Médoc, invite une compagnie d'hôtes dans sa maison de campagne dont les silhouettes se dessinent dans le clair de lune qui la baigne ou dans les ombres que les flammes d'un feu de cheminée projettent sur les murs lambrissés d'une bibliothèque. Pures fantaisies où Thomas Peacock expose et dénonce avec une verve rare les toquades, manies, engouements sociaux, politiques, philosophiques, économiques de ses contemporains, ces romans de conversation mêlent le sel attique et l'urbanité latine à l'excentricité britannique. Il y a là du conte philosophique à la Voltaire, de la sotie telle qu'Anatole France l'a illustrée et du roman parlé à la Diderot. Une ressemblance plus intime est celle qui harmonise l'arôme intellectuel de ces comédies avec le théâtre de Congreve, les œuvres de jeunesse de Meredith et de Huxley, et les romans de Ronald Firbank.

07/2004

ActuaLitté

Beaux arts

Penser l'art et le monde après 1945. Isidore Isou, essai d'archéologie d'une pensée

La présente réflexion a pour ambition de comprendre les modalités de fonctionnement théorique du lettrisme au travers d'une étude du substrat intellectuel d'Isidore Isou entre 1945 et 1968. L'activité artistique et intellectuelle d'Isou s'inscrit complètement dans le contexte de ces années. Mais au moment important d'une reconsidération et d'une remise en question des valeurs universalistes occidentales, le lettriste montre une filiation intellectuelle claire avec celles-ci. Le but d'Isou fut clairement de mettre au jour des lois d'analyse et de fonctionnement universelles, tant en ce qui concerne les choses de l'art que de chaque domaine de la connaissance, lois de fonctionnement issus d'une lecture téléologique et évolutionniste de l'"Histoire", permettant la mise au point de critères, notamment formels, de la nouveauté. Dans le champ global des avant-gardes de l'après-Seconde-Guerre, Isidore Isou est un restaurateur d'un certain type de valeurs et de certaines traditions qui ont forgé la culture de l'humanisme occidental. Mais tout en étant dans la prolongation des "traditions", il fut connecté aux problématiques de son temps. Celle de la communication, nouvelle utopie du XXe siècle. Celle de la sécrétion d'une esthétique permutationnelle. D'une esthétique du signe et davantage du signe linguistique. L'hypergraphie étant elle-même connectée aux recherches contemporaines sur le langage, sur la sémiotique, en tant que nouvelle grande utopie de la communication intégrale.

08/2017

ActuaLitté

Sociologie

Choses dites

A travers de très longs entretiens avec des chercheurs français et surtout étrangers, et des confrontations scientifiques avec des groupes de spécialistes, ethnologues, économistes et sociologues - de l'art, de la religion, de la littérature, etc. -, Pierre Bourdieu, dont l'œuvre a fait l'objet, au cours des dernières années, de nombreuses interpellations, s'explique : il éclaire certains aspects mal compris de son travail, explicite les présupposés philosophiques de ses recherches, évoque la logique concrète de ses investigations, en même temps qu'il discute ou réfute les objections qui lui sont le plus souvent opposées. La vivacité du discours improvisé permet de voir à l'œuvre un mode de pensée qui, comme le montrent bien certaines interventions, peut être aussi un instrument, libérateur, de socioanalyse. En s'appliquant à lui-même la méthode d'analyse des œuvres culturelles qu'il défend, ce qui le conduit à évoquer l'espace des possibles théoriques tel qu'il se présentait à différents moments de son itinéraire intellectuel, Pierre Bourdieu offre les moyens de se donner une connaissance à la fois objective et compréhensive de son travail. Et du même coup, c'est tout le débat entre les sciences de l'homme et la philosophie qui, échappant aux insinuations obscures de la dénonciation sournoise ou aux faux éclats de la polémique publique, se trouve placé sur son véritable terrain, celui de la confrontation rigoureuse et loyale.

04/1987

ActuaLitté

Philosophie

Anton Wilhelm Amo : une philosophie de l'implicite

Le philosophe Anton Wilhelm Amo (c.17O3-c.1759), qui a grandi en Allemagne où il a enseigné sa discipline dans les universités de Halle et d'lena avant de retourner en Afrique et de mourir en sa terre natale du Ghana, a très tôt été célébré comme un exemple. Ou plutôt un contre-exemple portant un démenti au préjugé que la philosophie, cette manifestation par excellence d'une humanité accomplie, ne pouvait concerner les Africains. C'est ainsi que l'Abbé Grégoire parle de lui au début du XIXe siècle tandis qu'aujourd'hui le philosophe ghanéen Kwasi Wiredu invite à voir en lui un auteur qui a apporté une perspective africaine au problème philosophique de la relation du corps à l'esprit. Il s'imposait, pour celui qui est devenu une figure majeure de la philosophie africaine, de revenir à son principal ouvrage pour étudier avec soin la relation que sa réflexion entretient avec les philosophes mais aussi et surtout les médecins de son temps. Car montrer que sa pensée s'inscrit dans le climat intellectuel allemand de son époque et l'éclaire est un préalable nécessaire à l'étude du sens qu'elle donne à l'expression "philosophie africaine". C'est ce que réalise ici Daniel Dauvois, un historien de la philosophie en France et en Allemagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec la précision et la minutie requises. Illustration de couverture : dessin de Marcelin Dabo inspiré du symbole Adinkra représentant notamment la sagesse.

12/2020

ActuaLitté

Droit

Naissance de la Cinquième République. Analyse de la Constitution

Ce numéro spécial de la Revue française de science politique a fait autorité dans les années qui ont suivi sa publication. Sa réédition n'a pas pour seul objet de satisfaire la curiosité historique de ceux qui liront, trente ans après, les articles rédigés "à chaud" par les meilleurs spécialistes. Il sera précieux aussi pour ceux qui voudraient aujourd'hui mieux comprendre le contexte intellectuel et politique dans lequel est née la Cinquième République. La majorité des analystes ne croyait pas que des institutions taillées, disait-on, à la mesure d'un homme, lui survivraient sauf à être profondément remaniées. Ce point de vue sur la fragilité du nouvel ordre constitutionnel était très largement partagé par les spécialistes anglo-américains, comme le rappelle Nicholas Wahl dans une introduction à cette réédition. Mais, comme le soutient Michel Debré dans la nouvelle préface, "l'expérience a montré la souplesse d'une Constitution qui, non seulement a supporté les changements de majorité présidentielle, mais également la cohabitation. Cette Constitution forme un tout, et c'est pourquoi toute modification, sous prétexte de toilettage, ne peut que préoccuper ceux qui souhaitent que la France soit une démocratie gouvernée" . Cet ensemble d'analyses, accompagné d'une bibliographie mise à jour, s'insère ainsi dans un débat toujours renouvelé. ONT CONTRIBUE A CET OUVRAGE : Georges Burdeau, Michel Debré, Maurice Duverger, François Goguel, Marcel Merle, René Rémond, Nicole Richard, Nicholas Wahl.

01/1959

ActuaLitté

Littérature française

En pèlerin et en étranger. Essais

Les essais rassemblés ici par Marguerite Yourcenar sont le reflet fidèle et saisissant d'un parcours intellectuel extrêmement varié, qui va des années 1930 aux derniers jours de 1987. Dans la première moitié du recueil, un important ensemble sur la Grèce montre combien les personnages de l'Antiquité grecque ont été pour elle vivants, et pour ainsi dire contemporains. Des pages d'une rare originalité et d'une violence juvénile font apparaître Apollon meurtrier et Cassandre sa victime : atroces, irrécusables. D'autres pages nous arrêtent devant les mosaïques de Ravenne. Partout à travers le temps et la mémoire voici la mort inlassable : les tombeaux des princes à Innsbruck, le grand ange ailé de Dürer, L'Ile des Morts de Böcklin. Il faut compter avec les peintres : ses préférés furent peut-être Poussin, Rembrandt, Ruysdael. Lorsqu'elle évoque leurs toiles elle fait voir le brin d'herbe le plus ténu, et saisit l'âme insaisissable. Les écrivains offrent une approche moins tragique : Virginia Woolf et Henry James (qu'il lui est arrivé de traduire), Oscar Wilde, sa gloire et sa déréliction, Roger Caillois, qui la précéda à l'Académie française, et le grand poète aveugle d'Argentine Jorge Luis Borges. Ce sont autant de superbes hommages d'un grand écrivain à ses pairs, mais à qui donc, en tant de pages, dédier toute tendresse et douceur, sinon au jeune Mozart à Salzbourg, sinon - seul poème du recueil - au souvenir de Kou-Kou-Haï, petit pékinois très aimé ?

10/1989

ActuaLitté

Littérature étrangère

Tourbillon. 1910

Traduction française inédite et annotée du roman de UEDA Bin : Uzumaki (1910), avec essais de la traductrice sur l'auteur et le roman' - Tourbillon "traite, à travers son personnage principal - un jeune Japonais fort cultivé, curieux & épris de belles choses -, du rapport, encore problématique à cette époque, de son pays avec la culture européenne". Livre tiré de la thèse soutenue en Sorbonne (2002) par Hiroko Ogawa : Dilettantisme et spiritualité chez l'écrivain japonais UEDA Bin (1874-1916) : influence de l'Occident, avec une traduction inédite & annotée de son roman Tourbillon (Uzumaki 1910) / En 4e de couv. : "Ueda Bin (1847-1916) peu connu à l étranger, était célèbre au Japon en tant que traducteur de poèmes européens en langue japonaise & poète lui-même, initiateur du symbolisme français dans la poésie japonaise, notamment dans son uvre représentative : Kaichô-on (Résonnances de la marée, 1905), recueil de traductions en japonais de 57 poèmes européens choisis. Mais Ueda a également joué un rôle important de guide intellectuel & culturel dans les milieux académique, littéraire & artistique des ères Meiji-Taishô, époque de développement du nouveau Japon après la restauration de Meiji 1868. C est ce bouillonnement d idées, voire cette confrontation entre certaines cultures japonaises traditionnelles, qu exprime Ueda Bin dans son unique roman : Uzumaki (Tourbillon 1910). Dans le Tôkyô natal de l auteur, les jeunes élites intellectuelles, fières de leur culture, s imprégnaient de civilisation occidentale, non sans élever de contestations envers le courant social qui régnait à l époque au Japon

02/2010

ActuaLitté

Critique littéraire

La faute à Mallarmé. L'aventure de la théorie littéraire

La théorie littéraire se constitue à partir des années 1950 au carrefour de la nouvelle critique, de la mouvance structuraliste et de pratiques littéraires avant-gardistes (du Nouveau Roman à Tel Quel). Elle est avant tout le projet de défendre l'autonomie et la spécificité de l'espace littéraire. Dans quels contextes culturels la théorie littéraire est-elle née ? Quels en étaient les enjeux ? Et pourquoi, encore vingt ans après son effacement du paysage intellectuel, continue-t-on de dénoncer le " démon de la théorie " et ses effets délétères, notamment à l'école ? Ce livre ambitieux tente de répondre à ces questions, en proposant une histoire raisonnée et personnelle de la théorie littéraire. Eclairant des notions aussi centrales que la " réflexivité " ou la " mort de l'auteur ", souvent mal comprises, Vincent Kaufmann montre aussi que son imaginaire révolutionnaire a fait de la " théorie " un lieu incontournable de résistance et d'anticipation : résistance au déclassement progressif de la chose écrite et anticipation des transformations des pratiques d'écriture et de lecture dans le nouveau monde numérique. Une manière de dire que les outils de la théorie littéraire n'ont jamais été aussi utiles qu'aujourd'hui. Dans une dernière partie, l'auteur a voulu donner la parole à ceux qui furent parmi les principaux acteurs de cette aventure (G. Genette, J. Kristeva, J. Ricardou, P. Sollers, T. Todorov, etc.), afin de comprendre le rapport qu'ils entretiennent aujourd'hui avec cette histoire.

03/2011

ActuaLitté

Sciences politiques

Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary. 3e édition revue et augmentée

Avant de mourir, à 41 ans, Guy Hocquenghem a tiré un coup de pistolet dans la messe des reniements. Il fut un des premiers à nous signifier que, derrière la reptation des "repentis" socialistes et gauchistes vers le sommet de la pyramide, il n'y avait pas méprise mais accomplissement. On sait désormais de quel prix chômage, restructurations, argent fou, dithyrambe des patrons fut payé un parcours que Serge July résuma en trois mots : "Tout m'a profité". Cet ouvrage qui a plus de vingt-cinq ans ne porte guère de ride. L'auteur nous parle déjà de Finkielkraut, de BHL, de Cohn-Bendit, de Bruckner. Et déjà, il nous en dit l'essentiel. Renonçant aux apparences de la bienséance, Guy Hocquenghem a usé de la truculence, de la démesure. Son livre éclaire le volet intellectuel de l'ère des restaurations. Les forces sociales qui la pilotaient tiennent encore fermement la barre ; les résistances demeurent éparses et confuses. Nous ne sommes donc pas au bout de nos peines. Les repentis ont pris de l'âge et la société a vieilli avec eux. L'hédonisme a cédé la place à la peur, le culte de l'"entreprise" à celui de la police. Favorisés par l'appât du gain et par l'exhibitionnisme médiatique, de nouveaux retournements vont survenir. Lire Guy Hocquenghem nous arme pour y répondre avec ceux qui savent désormais où ils mènent.

05/2014

ActuaLitté

Sociologie

Québéqueer. Le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécois

En plus d'offrir un portrait des productions culturelles queer au Québec tant francophones qu'anglophones, dont certaines autochtones, cet ouvrage s'attarde à révéler le caractère queer de celles qui ne le sont pas de facto. Il se présente comme un manuel de référence sur le sujet, avec des essais critiques — qui portent autant sur la littérature et le monde du spectacle que sur les arts médiatiques ou la presse gay — et des textes expérimentaux — fictions, dessins, récits autobiographiques. Plus de 27 oeuvres de fiction publiées entre 1965 et 2017 y sont analysées sous différents aspects, avec des méthodologies diverses, mais toujours sous l'éclairage queer (un terme à la nature instable, paradoxale, que calque la forme éclatée de l'ouvrage). Du polyamour à l'inceste, en passant par le racisme, l'urbanité, le suicide, le non-désir d'enfant, l'alimentation ou les processus de production, le queer met en scène des personnages hétéros ou homosexuels, intersexués, cis, trans, travailleur.euse.s du sexe, gros et plusieurs autres... Cette juxtaposition d'états, de genres, de thèmes, de formes et de pratiques constitue l'une des forces de ce livre qui intéressera bien sûr un lectorat d'intellectuel.le.s et de personnes issues des communautés LGBTQIA2S+, mais pas seulement. Il deviendra, sans nul doute, une ressource indispensable pour l'enseignement de nouvelles perspectives dans le cadre des sciences humaines et sociales.

09/2020

ActuaLitté

Littérature française

Journal 1966-1974

" Jeudi 29 décembre 1966. Aujourd'hui, ces temps-ci, je ne suis probablement sain tout à fait ni de corps ni d'esprit. Je mesure quelque chose comme 1 mètre 75, je pèse à peu près 60 kilos. Je suis fatigué, j'ai une crise de foie permanente par manque de sommeil et abus de la bière. Les soucis d'argent, et ceux de Mélissa, que je ressens, me pèsent. Je lis Les Pléiades de Gobineau, je trouve ça très agréable, je projette de l'adapter pour la télévision. " En 1966, à l'âge de vingt-quatre ans, Jean-Patrick Manchette commence à écrire son journal. Il le tiendra régulièrement jusqu'à sa disparition en 1995. Ce volume regroupe les quatre premiers cahiers couvrant la période déterminante du 29 décembre 1966 au 27 mars 1974 où Manchette décide de vivre de sa plume et y parvient au prix d'efforts sans cesse renouvelés. A la lecture de ces pages, qui nous installent d'emblée dans le secret de son atelier, ce sont les faces cachées du grand écrivain qui se révèlent peu à peu : le travailleur perpétuel, l'intellectuel subtil, le lecteur dévoré par la passion de la connaissance, même sous ses formes les plus impures. Totalement inédit jusqu'à ce jour, le journal de Jean-Patrick Manchette est un texte exceptionnel, non seulement par son ampleur mais par la férocité de son écriture.

05/2008

ActuaLitté

Littérature française

Un maranne d'aujourd'hui. Juif, mais pas simplement

" Je ne suis qu'un petit garçon qui s'amuse - doublé d'un pasteur protestant qui l'ennuie " (André Gide). Remplacez " pasteur " par rabbin, rajoutez une pincée de tragique et vous obtenez la tonalité de ce récit autobiographique, dont le héros a longtemps été partagé entre la quête du plaisir et la nostalgie de la vérité. Une condition juive subie, sans être expliquée, qui complique les difficultés familiales, favorise un violent refoulement sexuel et affectif. S'ensuivent des études brillantes mais déconnectées de la réalité. Au cœur du microcosme intellectuel parisien des années 60, ni Deleuze, ni Althusser, ni Barthes, ni Foucault, approchés de près, ne répondent à l'angoisse existentielle du jeune homme, indifférent, quoique le cœur à gauche, aux problématiques marxisantes. Autre particularité, la rue d'Ulm fut pour lui le terrain de son éducation sentimentale. Sa solitude resta entière au milieu du tumulte de l'Assemblée Nationale, où il fit carrière de fonctionnaire. Spectateur de la vie politique, il se montra surtout préoccupé de culture, notamment musicale, et de satisfaire ses passions. Seul le long, austère et douloureux travail dans un cabinet de psychanalyste - dont nos contemporains n'ont guère idée - permit de séparer les espoirs légitimes des illusions névrotiques. Ainsi, progressivement réconcilié avec lui-même, l'auteur-personnage peut entrevoir une sagesse qui concilie les acquis de la révolution des mœurs et le respect d'une morale consubstantielle à l'idée même d'humanité.

08/2007

ActuaLitté

Histoire de France

L'école aux colonies. Entre mission civilisatrice et racialisation (1816-1940)

La volonté de "civiliser" les populations colonisées grâce à l'école fut hautement proclamée par les colonisateurs français mais qu'en fut-il réellement ? Cette enquête, effectuée à partir des archives coloniales, restitue les débats et les réalisations de la politique scolaire. Dès 1815, le projet colonial fut durablement établi : les colonies devaient fournir des matières premières mais aussi être des débouchés pour les produits manufacturés de la métropole. La mission de l'école s'imposa : apprendre le français, le calcul et quelques bribes de civilisation nécessaires à la bonne participation des colonisés à l'entreprise coloniale, en faire des producteurs et des consommateurs mais aussi montrer la grandeur de la France et susciter son amour. La conquête morale accompagna la conquête par les armes, les écoles ouvrirent alors que la poudre du canon fumait encore. Très vite, les limites apparurent, il fallait se garder de trop instruire. La volonté de dispenser un savoir pratique, de bannir un savoir trop intellectuel, de freiner la mobilité sociale provoqua les déceptions et la colère des colonisés. Carole Reynaud-Paligot, dans cette étude rigoureuse loin de l'histoire légendaire encore mobilisée aujourd'hui, révèle la pratique quotidienne de l'administration coloniale, les mobiles et la mise en pratique du projet éducatif mais aussi les doutes, les craintes, les obsessions, l'entêtement d'une partie des acteurs politiques à maintenir coûte que coûte un enseignement différencié et à priver les colonisés d'une culture émancipatrice.

01/2021

ActuaLitté

Philosophie

Le traître suivi de Le vieillissement

Nous avons tous commencé par être " trahis " ; ce n'est que très exceptionnellement que nous nous sommes sciemment et délibérément engagés comme nous nous trouvons l'être. La réalité venue à nos intentions " innocentes " nous a conduits à être ce que nous n'avions pas voulu. Nous n'avons jamais fait cela seulement que nous voulions faire, mais encore ce que les autres et l'histoire ont décidé que nous avions fait. Entre l'intellectuel qui, pour échapper à ce risque, s'isole et se veut inagissant, et tous ceux qui s'excusent par leurs pieuses intentions de la réalité qu'en fait ils opèrent mais dont ils se disent prisonniers, une voie doit être trouvée. Il faut vouloir que l'acte déborde son intention, car sa réalité est à ce prix. Il faut vouloir être engagé par les autres plus avant qu'on ne pensait et ne pouvait le faire tout seul. Mais pour être capable de le vouloir réellement (au lieu de produire seulement une volonté imaginaire et vide, masquant le fatalisme) encore faut-il le faire sciemment : connaître la situation globale dans laquelle l'acte lancé va s'inscrire ; le camp et le sens dans lequel on souhaite être engagé. C'est ce que j'ai essayé de faire. C'est dans les limites de cette volonté que j'accepte d'être " trahi " (c'est-à-dire conduit plus loin que je ne peux aller tout seul). A. G.

09/2005

ActuaLitté

Critique littéraire

Une grande génération. Céline, Malraux, Guilloux, Giono, Montherlant, Malaquais, Sartre, Queneau, Simon

L'Histoire fait les générations, au sens intellectuel et artistique du mot, mais ce n'est pas comme dans les familles : le processus n'est pas continu. Dans l'histoire de la littérature, il y a bien des périodes où rien de particulier ne réunit vraiment les écrivains qui sont nés, à peu de chose près, dans les mêmes années. Mais, s'il est un événement de l'Histoire moderne qui, sans conteste, a déterminé une génération en ce sens, c'est la guerre de 1914. Les romanciers qu'elle réunit sont ceux qui ont vécu la guerre à un âge décisif, soit qu'ils l'aient eux-mêmes faite au front, en combattants (Bernanos, Céline, Drieu la Rochelle, Giono, Paulhan, dans une mesure moindre Montherlant), soit qu'elle les ait atteints là où ils étaient (Malraux à Paris, Guilloux à Saint-Brieuc, Queneau au Havre) dans leurs années d'adolescence, c'est-à-dire de formation. Avec le recul d'où nous les regardons aujourd'hui, ils nous apparaissent non seulement comme une seule et même génération, mais, dans l'histoire de la littérature française, comme une grande génération. Leur rouvre est à la mesure des défis de l'Histoire auxquels ils ont été confrontés. Ils sont morts, suivant le cas, depuis vingt, trente ou quarante ans. Ils ont passé victorieusement l'épreuve de la métamorphose qu'impose aux œuvres la mort de leur auteur.

11/2003

ActuaLitté

Sociologie

Etre un chercheur reconnu ? Jugement des pairs, regard des publics, estime des proches

Qu'est-ce qu'un chercheur reconnu ? Quels sont les leviers et les formes de la reconnaissance en sciences humaines et sociales ? En interrogeant la condition du chercheur dans son singulier métier, qu'il soit rattaché à un organisme de recherche ou enseignant-chercheur, l'ouvrage combine de manière originale des témoignages et des analyses, invitant à la réflexivité dans un monde professionnel où la question de la reconnaissance est souvent ignorée. Au-delà de la reconnaissance par les pairs, injonction est faite aujourd'hui aux chercheurs de "valoriser" leurs travaux, de "médiatiser" leurs résultats, au risque de brouiller les frontières qui définissent l'activité scientifique. Volontairement ou non, certains chercheurs se trouvent ainsi confrontés à des formes plurielles, et parfois concurrentes, de reconnaissance, émanant soit des médias et des publics non académiques (voire du "grand public"), soit des institutions intéressées à la recherche et à sa diffusion. La diversité et l'imbrication des cercles de reconnaissance sont interrogées dans cet ouvrage, depuis l'espace quasi domestique du chercheur devant rendre compte à ses proches de son métier, jusqu'à l'espace public le plus large, celui qui vaut à certains la visibilité médiatique et le statut d'"intellectuel". De l'histoire à la gestion, des études littéraires au droit, les ressorts des gratifications (y compris narcissiques) liées à la reconnaissance diffèrent entre chercheurs et entre disciplines, tout comme les coûts d'une reconnaissance parfois plus ambivalente qu'il n'y paraît.

10/2019