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Stéphanie Bouvet, Lucie Becquet

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Littérature française

La chute de Tanger

Tanger 1955. A l'âge de vingt ans le narrateur Robert Vitry regagne sa ville natale qu'il avait quittée tout enfant avec son père, mort entre-temps à Paris : il y est réclamé d'urgence par sa mère qui a besoin de lui pour administrer leur immense fortune. Car la révolution nationaliste éclate en plein coeur de la cité du faste mondain international et de l'affreuse misère du peuple, l'atmosphère étant souillée par le vice, la prostitution et le jeu mais dominée par la splendeur baroque des plus riches émigrés du monde parmi lesquels Barbara, l'Américaine dont le yacht est ancré au large de la côte. Nourri par ses souvenirs heureux de petit garçon, Robert Vitry entreprend l'exploration d'une ville en fureur que les milliardaires fuient les uns après les autres. Il se lie d'amitié avec Paolo le jeune révolutionnaire qui se fait tuer lors d'un attentat. Et c'est à travers le regard extraordinairement lucide de Robert que se compose ainsi, progressivement, l'authentique roman d'une ville en perdition. Un jour, le peuple des exilés s'aperçoit avec frayeur que le yacht de Barbara a déserté le port. Certains organisent alors leur départ. Mais beaucoup vont rester, continuant à parler du vent, des attentats, des arrivées ou des départs. Le narrateur, lui, s'en va à jamais. Il n'a été qu'un témoin, le temps d'un été.

05/1984

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Littérature étrangère

Ecrits de combat. Suivis de Charles Dickens

Bien connu pour ses romans salués comme des classiques, 1984 et La Ferme des animaux, George Orwell est aussi un essayiste hors pair. Dans ces textes d'intervention s'expriment toute son attention et toute son humanité. Le présent volume recueille quelques-unes de ses plus importantes contributions de 1931 à 1946 : "Une pendaison", "Comment j'ai tué un éléphant", "Au fond de la mine", "Souvenirs de la guerre d'Espagne", "L'esprit du sport", "Pourquoi j'écris", "Comment meurent les pauvres". On y trouvera aussi une évocation de Marrakech, ainsi qu'un essai capital consacré à Charles Dickens, un de ses modèles littéraires qui l'inspire également dans le champ politique et social. Comme le rappelle dans sa préface Lucien d'Azay, Orwell "se range toujours, quelles que soient les circonstances, du côté des laissés-pour-compte, des indigents et des êtres vulnérables : prolétaires, ouvriers, mineurs de fond, paysans, clochards, colonisés, immigrés, forçats, fugitifs, victimes de préjugés racistes, proscrits, excommuniés, réfugiés politiques, malades, infirmes, orphelins, veuves, femmes battues ou mises au ban de la société, etc." Orwell fut un écrivain engagé dans son temps. Sa capacité de vision continue d'inspirer notre présent et notre avenir. Nul doute que ce précieux recueil rassemblant ses essais les plus pertinents contribuera à éclairer sa pensée large et démocratique, interprétée par les esprits les plus divers en un temps empreint de profondes interrogations. Plus que jamais la présence d'Orwell s'inscrit dans le débat contemporain.

01/2021

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Poches Littérature internation

Haute enfance

A quarante ans, Kasch l'héritier est de retour dans sa ville natale, avec une seule obsession : se suicider, maintenant qu'il a écrit les quelques livres qu'il avait cru devoir écrire et qui ne l'ont mené qu'à un désespoir plus profond, celui de n'avoir pas su s'abstenir. En attendant de se pendre à sa poutre de chêne apparente, il hante les parkings, épie les ébats des jeunes amoureux. Jusqu'au jour où il délivre, des mais d'une bande de petits malfrats, une adolescente de quatorze ans, Laney. Et c'est, au pays de Haute Enfance, la rencontre du Solitaire qui " aimerait mieux pas " et de la sauvageonne, de l'intellectuel raté et de la " Lilith des champs ". Un cantique de la perversion. Linda Lê. Il y a, d'abord, la formidable galerie de personnages dessinés par Joyce Carol Oates : Laney, l'adolescente trop lucide et qui souffre de la pauvreté comme de l'isolement ; Arlène Hurley, la femme perpétuellement abandonnée par ses amants ; Vale le frère de Laney, aspiré par les charmes obscurs de la délinquance ; Earl Tuller, l'homme brutal qui meurtrit et saccage ; et, pour finir, Kasch, l'intellectuel en rupture de ban, qui devient l'ami-père-amant de Laney. Il y a aussi le rêve fou de recréer, au cœur de la modernité, une minuscule enclave de passé. Il y a, enfin, l'émotion que suscite un texte au lyrisme contenu.

10/2009

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Histoire internationale

Au coeur du Troisième Reich

Les mémoires d'Albert Speer sont un document exceptionnel à plus d'un titre : témoignage d'un des plus hauts dignitaires nazis, il relate en détail le fonctionnement de l'appareil d'Etat vu de l'intérieur, avec le mélange de rationalité bureaucratique et de soumission à l'arbitraire du chef qui le caractérise. Comment les décisions se prennent-elles, à quel niveau, comment sont-elles appliquées ? Mais c'est aussi l'itinéraire d'un homme brillant, architecte de talent, qui est rapidement séduit personnellement par Hitler et qui va progressivement mettre son intelligence et ses compétences au service de la machine de guerre nazie et d'une idéologie totalitaire. Ce n'est que dans les tous derniers mois du régime que ses yeux se dessillent et qu'il manifeste quelques velléités d'indépendance : il aura auparavant, comme ministre de l'armement, organisé la production d'armes et de munitions avec une efficacité redoutable, n'hésitant pas à mettre en oeuvre le travail forcé des prisonniers de guerre, de ceux des camps de concentration et des recrues du travail obligatoire. Ce livre lucide ne cherche ni à justifier, ni à amoindrir la responsabilité de l'auteur qui affirme : " je n'ai pas seulement voulu raconter, mais aussi comprendre ". Rapportant le nazisme à une perversion de la logique technicienne de notre époque il nous livre aussi une interrogation sur l'énigme de l'aveuglement et de la servitude volontaire.

04/2011

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Histoire de France

La Fin du monde antique et le début du Moyen âge

La Fin du monde antique et le début du Moyen Age fut un succès lors de sa parution en 1927. On avait traité jusqu'alors soit de l'empire romain, soit du Moyen Age en scindant les deux époques à la mort de Théodose. Pionnier du concept d'Antiquité tardive, Ferdinand Lot est le premier à consacrer un travail d'ensemble à l'histoire romaine entre le IIIe et le Ve siècle et à affirmer que " le Moyen Age ne peut se comprendre si l'on ne remonte pas au Bas Empire ". Se dégageant du carcan de l'histoire événementielle, il met l'accent sur l'analyse économique et sociale. En ce domaine aussi, Ferdinand Lot innove, deux ans avant la fondation des Annales, la revue de Marc Bloch et Lucien Febvre. Mais il n'oublie pas seulement les faits matériels et les institutions : son véritable objet d'études est l'âme humaine. " Si les apports de l'archéologie ces dernières décennies ont bien changé nos connaissances des temps barbares, Ferdinand Lot reste d'actualité lorsqu'il écrit : " Il est impossible de comprendre quoi que ce soit à l'histoire contemporaine si on ne sait rien de la dislocation du monde ancien, rein du nouveau peuplement de l'Europe du IVe au Xe siècle... " Une bonne raison de se féliciter de la réédition de ce classique que maîtres et étudiants ont lu et relu.

04/1989

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Ouvrages généraux

Strindberg platonicien

Strindberg platonicien ? Le titre a de quoi intriguer. Le rapport à Platon est le plus souvent occulté par ceux, plus manifestes, qu'il entretint avec Schopenhauer et Nietzsche et qui ont fait l'objet de nombreuses études. Strindberg cependant le répète à de nombreuses reprises : nous vivons non seulement dans un monde de représentations mais dans "un monde de représentations de représentations" (Un livre bleu) qui témoignent de la perversion originaire à un monde vrai dont il ne nous reste que des réminiscences fulgurantes. La célèbre pièce Un Songe donnera à la mise en scène de la caverne par Platon un sens particulier : l'homme est le prisonnier d'un monde d'images dont la production reste pour lui une énigme que le philosophe-dramaturge ramène à la condition d'une perception originellement faussée : tout se passe comme si l'oeil prisonnier de la caverne orbitale était condamné à voir les choses à l'envers dans sa "chambre obscure" . Vivant dans un monde de signes ambigus et de faux-semblants à la trame si serrée que toute issue semble elle-même une image dans le décor, l'homme devient le prisonnier qui deviendra le somnambule dont il décrit lui-même les figures et leur évolution dans le temps : d'abord irréfléchi puis de plus en plus lucide et réfléchi pour déboucher sur une sagesse tissée par le chagrin et la résignation vers la fin de sa vie.

11/2022

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Littérature étrangère

Mauricio ou les élections sentimentales

Après des années d'absence, Mauricio, dentiste idéaliste et sans caractère, revient vivre à Barcelone. Une rencontre fortuite l'amène à participer à la campagne électorale du parti socialiste et à nouer une relation amoureuse avec deux femmes : Clotilde, féministe, radicale, qui se donne pour ambition de réussir dans le monde pragmatique des affaires et des tribunaux, et Porritos, militante dans un quartier ouvrier, qui n'écoute que ses sentiments et ses convictions. Entre les deux, le cœur de Mauricio balance. En même temps qu'il découvre avec Clotilde les restaurants branchés de Barcelone, fréquente la nouvelle génération fière de sa réussite sociale et esquisse des projets de mariage, il se sent de plus en plus attiré par Porritos dont le destin tragique éveille en lui des sentiments confus et obscurs. Personnage à part entière de ce roman tendu sur le fil subtil d'une histoire sentimentale, la ville des prodiges " est ici le retable d'une société qui assiste à la fin de ses utopies et à la perte de ses illusions, où quelques-uns assument jusqu'au bout leur engagement d'antan et d'autres troquent, avec ou sans états d'âme, un idéal solidaire pour leur désir égoïste de prospérité. Lucide et caustique, magistral et efficace, Eduardo Mendoza dresse le constat moral et idéologique d'un pays qui pourrait être le nôtre, et démontre une fois de plus qu'il est une des très grandes voix de la littérature contemporaine.

09/2007

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Littérature étrangère

Le silence des eaux

Sur fond de splendeurs tropicales, d'eaux profondes, d'oiseaux bariolés et de vestiges mayas, quatre destins s'entrecroisent dans les forêts du Guatemala. Ernesto, un ancien officier porteur de lourds secrets sur la lutte contre la guérilla, ignore qu'il court à sa perte lorsqu'il décide d'y passer le week-end avec la séduisante Emilia. Celle-ci lui offre un amour qu'elle croit pouvoir maîtriser. Pourtant, pas plus que Lucien Leigh, le vieil écrivain anglais riche d'expériences et de voyages, ils n'échapperont à la violence d'un monde dont la beauté cache souvent les souvenirs d'un passé perverti par le mensonge. Pedro Moran, le fier lieutenant d'infanterie, voudrait voir disparaître ces traces devenues trop encombrantes. Il n'hésitera pas sur les moyens de parvenir à ses fins, car il sait qu'au Guatemala, en temps de paix comme en temps de guerre, un militaire se doit toujours d'être efficace. Dans ce roman noir en trompe l'oeil, aux pistes qui s'enlisent, Rodrigo Rey Rosa manie avec adresse les fils d'une intrigue saisissante. Il a le secret de ces notations délicates qui peignent par petites touches l'état d'esprit des protagonistes et suggèrent toujours plus qu'elles ne disent ; il est maître dans l'art de laisser venir les événements à pas de velours et dans l'art d'amener un dénouement terrible sans cris.

01/2000

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Littérature érotique et sentim

Ressort cassé

"Jusqu'ici, le nom de Marguerite Coppin figurait uniquement dans quelques anthologies de poétesses féminines, associé à des poèmes mièvres, célébrant l'effacement naturel des femmes. On savait aussi que la dame avait été suspectée d'atteinte aux "bonnes moeurs" pour Le Troisième sexe, roman publié sans nom d'auteur, par un éditeur sulfureux. Pour les lecteurs des poèmes, la chose était pour le moins inattendue. Le procureur suspecte Marguerite Coppin, dans Le Troisième sexe, de faire l'éloge des amours saphiques, mais pire encore, de décrire un monde où la ligne qui marque la différence indubitable entre les sexes s'inscrit en pointillés. Le roman mérite donc de retenir l'attention de ceux qui s'intéressent aux indécisions du genre. J'ai choisi de republier le roman qui vient un an avant l'ouvrage incriminé et qui en donne la clef. Ressort cassé est un livre en deux parties : là, une jeune fille séduit son institutrice ; ici, à peine plus âgée, elle analyse la situation des femmes avec une rare lucidité et un cynisme qu'on peut qualifier de politique. Si l'instruction est un handicap pour une femme sans fortune, son corps est son unique capital. Seule consolation : être toujours, à la fois, l'enjeu et la joueuse. Ressort cassé est, à n'en pas douter, un roman féministe et Marguerite Coppin une femme à deux visages. Reste aux chercheurs/euses à les révéler et à les articuler", Mirande Lucien.

12/2011

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Religion

La jument décillée. Cris féminins et regards lucides sur Dieu et les femmes

Ci-dessous, une photo de classe : une école en Algérie en 1953. Vingt-trois fillettes, presque toutes "du pays", sauf une petite blonde, à gauche, faisant pendant à la maîtresse à droite. En première couverture : les symboles religieux des trois monothéismes, juif, chrétien, musulman. Au centre une chaîne et son pendentif : une "main de Fatma", symbolisant la femme en Islam. Au-dessus, un sous-titre pour expliquer le propos. Mais qui donc est cette jument ? C'est celle que chevauchait la jeune Germaine Tillion qui, envoyée en mission à la découverte des habitants des Aurès et de leurs traditions, dialogue avec sa monture et lui apprend à "décrypter" les mécanismes de sa propre société. Elle nous représente nous tous, qui avons gardé les yeux cousus, comme les faucons de dressage dont on ne décousait les paupières qu'au moment de les lancer vers le ciel. M.-F. Houdan. nous révèle ainsi toutes les les clefs que nous apporte l'ethnologie pour une meilleure compréhension de notre monde. A partir de monologues féminins, elle mêle ses réflexions à celles de nombreux chercheurs pour tenter de comprendre : les croyances, l'origine des religions, leur utilisation, la pression sociale... Elle nous aide ainsi à déceler la place à laquelle le Dieu unique des monothéismes a assigné les femmes et la raison des violences contemporaines qui s'expriment en son nom. Une vision lucide et humaine sur des problèmes d'une grande actualité.

11/2019

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Littérature française

Les Allumettes suédoise suivi de Les sucettes à la menthe et Les noisettes sauvages

"Il avait eu l'idée des Allumettes suédoises à New York, qu'il avait visité durant l'été 1968, en découvrant les enfants dans les rues de Little Italy s'arrosant avec l'eau des bouches d'incendie. Il s'était rappelé soudain ses propres jeux d'enfant, rue Labat, à Montmartre et toutes les figures de ce quartier où il avait grandi. De retour à son hôtel, il a commencé à écrire son histoire, sous le pseudonyme pudique d'Olivier, en hommage à Oliver Twist de Charles Dickens. Sous sa plume ont ressuscité les pentes du Montmartre des années 1930, et avec elles les rues vivantes, les gens assis sur les pas-de-porte, les bandes d'enfants jouant dans les caniveaux, Lucien le sans-filiste, Bougras le vieil anar, Gastounet l'ancien combattant, Mac le mauvais garçon, Mado la Princesse, la grosse Albertine et tant d'autres commère, tant d'êtres qu'il a fait revivre et se croiser dans ces pages sous le regard vif, émerveillé, parfois mélancolique, d'un écrivain resté un enfant, comme l'avait d'emblée perçu Albert Camus quand il nota : "Il y a chez Robert Sabatier une belle enfance jusque dans les adultes"" . Francis Esménard A l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivain et poète Robert Sabatier, les trois romans qui composent Les Allumettes suédoises sont réunis pour la première fois en un seul volume. Un chef-d'oeuvre à découvrir ou à redécouvrir.

09/2023

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Sociologie

Mes années folles. Révolte et nihilisme du peuple adolescent après Mai 68

" Les années folles qui ont suivi Mai 68 donnent lieu à des interprétations qui oscillent entre la nostalgie et le rejet. L'état d'esprit de l'époque, les Trente Glorieuses, n'avait rien de dépressif, il était au contraire transgressif et jubilatoire. C'est peut-être cela qu'il est difficile de comprendre pour les nouvelles générations qui vivent dans un présent anxiogène et ont une vision catastrophique de l'avenir. J'avais 20 ans, j'étais étudiant à Caen et j'ai vécu intensément ces années avec d'autres, en croyant que tout était possible, y compris nos rêves les plus fous. Ce récit ne se situe pas en surplomb de l'histoire, mais décrit de l'intérieur des rencontres, des lectures et des violences. L'amour fou y côtoie le militantisme, les idées se mêlent aux passions dans un milieu contestataire et gauchiste en pleine ébullition. Telle est mon hypothèse : Mai 68 n'est pas seulement un remake dérisoire des révolutions passées auxquelles il se réfère, sa singularité tient à une "révolution culturelle' qui a bouleversé le tissu éducatif et sociétal. Les plus enragés d'entre nous entendaient renverser toutes les valeurs en y trouvant un plaisir certain. C'est en ce sens qu'il me paraît fondé de parler de "révolte'et de "nihilisme' du peuple adolescent. " Dans ce livre vivant et lucide, Jean-Pierre Le Goff explore une époque qui a entraîné un glissement anthropologique dont nous continuons de subir les effets.

09/2023

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Sciences politiques

La confiance se fabrique-t-elle ?. Essai sur la mort des élites républicaines

"Plutôt la barbarie que l'ennui ! " En écho à Théophile Gautier, voilà l'acte de résignation qui menace aujourd'hui la France, avec l'inconscience aveugle de ceux qui n'ont jamais connu les épreuves. Avec la mort des valeurs universelles, c'est désormais la violence qui impose en effet son diktat comme une évidence, nous dit Xavier Patier. Crise de la République, de la représentativité politique, effondrement des partis, affaiblissement du discours politique... Le constat est sans appel. Place désormais aux demi-habiles, classe de la morale dominante qui méprise à la fois le peuple et les élites et qui, pour certains, sont ouvertement complices des maux qui secouent la France depuis plusieurs années. Comment surmonter ces écueils ? Comment la France peut-elle retrouver le sens de la civilisation et le goût des siens, des ambitions qu'elle a si longtemps portés ? Xavier Patier ne se résigne pas à ce lent affaissement français, à cette léthargie occidentale secouée de crises périodiques où chacun regarde ailleurs tant qu'il le peut. Pour recréer les conditions de la confiance, il en appelle à renouer avec les vertus et aussi avec l'expérience unique des temps de trouble, inscrite dans la mémoire des moines et des soldats. Un essai lucide autant que salvateur de nature à redonner espoir aux modernes désabusés que nous sommes. Xavier Patier, auteur de nombreux romans et essais, a exercé des fonctions de dirigeant au service de l'Etat et en entreprise.

10/2023

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Espace

Les saccageurs de l'espace. Débris, exploitation, militarisation : comment faire pour sauver notre bien commun

La révolution du " New Space ", célébrée pour avoir remis l'aventure spatiale au goût du jour après des décennies d'errement, c'est avant tout de nouveaux principes empruntés du Far West en vertu de la devise du " premier arrivé, premier servi ". C'est une puissance publique à la traîne, peinant à imposer ses règles face à des entrepreneurs sans scrupules. Ce sont des satellites déployés par dizaines de milliers en orbite basse, au mépris des risques de saturation et de collisions entre objets spatiaux ou d'une dégradation des conditions d'observation du ciel. C'est une glorification du tourisme spatial, lubie absurde dans le contexte de crise généralisée que nous connaissons. C'est une escalade à l'armement d'un nouveau genre, qui n'est pas pour apaiser les tensions sur Terre. Ce sont enfin des fantasmes d'exploitation de ressources extra-atmosphériques, n'ayant d'autre effet que de détourner notre regard de l'urgence de prendre soin de notre planète. Autrefois perçue comme une noble entreprise, l'aventure spatiale se démocratise et laisse la place aux ambitions les plus voraces et décomplexées, celles-là mêmes qui ont provoqué tant de dégâts à la surface de la Terre. Qui sont les nouveaux saccageurs de l'espace mus par des intérêts essentiellement personnels ? Le livre de Raphaël Chevrier offre un panorama complet des problématiques liées à l'exploration spatiale aujourd'hui.

10/2023

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Littérature érotique et sentim

Quand on s'y attend le moins

Sa grand-mère cartomancienne le lui a toujours dit : c'est quand on s'y attend le moins que les rêves se réalisent et que l'amour nous tombe dessus. La blague ! Car à trente-six ans, des rêves, Penelope n'en a réalisé aucun... Attachée de presse chez Pimpax, multinationale reine de la serviette hygiénique, le jour ; grand reporter en point G et rédactrice de tests érotiques, la nuit ; Penelope doit être lucide : le Pulitzer, c'est pas pour demain. Et côté coeur, c'est pire. Elle qui rêve d'amour avec un grand "A" doit se contenter de rares escapades sexuelles avec un petit "s". Jusqu'au jour où elle renverse le beau Alberto avec son vélo et lui casse une jambe. C'est sûr : cet homme lui est destiné ! En plus, ça tombe bien, elle connaît Urgences par coeur et les fractures n'ont plus de secret pour elle ! Un mois plus tard, le prince charmant se représente... chez Pimpax, qu'il doit sauver de la faillite. Mais quelque chose cloche : le bellâtre se fait appeler Riccardo Galanti et ne semble pas se souvenir de son assaillante. Pourquoi cette nouvelle identité ? Quels secrets cache cet homme trop beau pour être honnête ? Encombrée d'une maladresse qui n'a d'égale que son grand sens de l'aventure, Penelope se lance dans une enquête de tous les dangers, aussi loufoque que risquée...

02/2017

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Littérature française

Le Bord des larmes

"Il s'agirait en somme d'une façon de petit traité géographique, d'un guide approximatif pour le touriste ou le curieux, d'une introduction plus ou moins plaisante aux moeurs et coutumes de la région, le bord des larmes, donc, d'un opuscule utilitaire à l'usage de l'amateur benoîtement éclairé comme de "l'adventurous cognoscento" (et nobiscum rusticantur). Ce pourrait être l'oeuvre un peu cavalière d'un voyageur à son retour, ou peut-être plutôt d'un homme du pays, mais préférable encore serait d'avoir pour auteur quelque résident allochtone, un étranger qui de longue date aurait fait de ce territoire son séjour, et, comme il arrive, le connaîtrait bien mieux que ne le connaissent les indigènes. Bord des larmes, bord des larmes, écrirait-il par exemple : c'est sur cette rive que je passe le plus clair, le plus lucide de mes jours. L'air de ce pays, sa lumière, les destins qu'on y mène et l'eau de ses fontaines, sont d'une transparence prodigieuse. A de certaines heures, on y toucherait l'horizon sans aucun mal, rien qu'en tendant le bras sur les campagnes basses et sur les îles ; à d'autres, ou d'ailleurs les mêmes, un objet très proche, au contraire, une lettre, un visage, une simple jarre, un raisonnement, un tableau, paraissent vous y révéler à la fois tous leurs sens, tous leurs angles, toutes leurs implications et toutes leurs épaisseurs".

11/1990

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Critique littéraire

Discours de réception à l'Académie francaise et réponse de Jean-Christophe Rufin

"Mesdames et Messieurs de l'Académie, Quand on a le privilège d'être reçu au sein d'une famille comme la vôtre, on n'arrive pas les mains vides. Et si on est l'invité levantin que je suis, on arrive même les bras chargés. Par gratitude envers la France comme envers le Liban, j'apporterai avec moi tout ce que mes deux patries m'ont donné : mes origines, mes langues, mon accent, mes convictions, mes doutes, et plus que tout peut-être mes rêves d'harmonie, de progrès et de coexistence. Ces rêves sont aujourd'hui malmenés. Un mur s'élève en Méditerranée entre les univers culturels dont je me réclame. Ce mur, je n'ai pas l'intention de l'enjamber pour passer d'une rive à l'autre. Ce mur de la détestation entre Européens et Africains, entre Occident et Islam, entre Juifs et Arabes, mon ambition est de le saper, et de contribuer à le démolir. Telle a toujours été ma raison de vivre, ma raison d'écrire, et je la poursuivrai au sein de votre Compagnie. Sous l'ombre protectrice de nos aînés. Sous le regard lucide de Claude Lévi-Strauss". Ce volume reprend le discours de réception à l'Académie française d'Amin Maalouf, prononcé le 14 juin 2012, suivi de la réponse de Monsieur Jean-Christophe Rufin. Comme le veut la tradition, ces deux textes sont suivis du discours de remise de l'épée, prononcé par Jean d'Ormesson.

10/2014

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Notions

Vertige de l'amour. Aimer au temps de la société liquide

"Un regard lucide et passionnant sur la décomposition de notre civilisation" (Frédéric Lenoir) Un livre de philosophie du quotidien qui replace l'amour au centre de tout, un manifeste intemporel pour construire une société plus humaine. Entre confession et réflexion, Thomas Leoncini explique les transformations de la réalité contemporaine, au-delà de l'évidence. Comment la domination qu'exerce l'internet sur nos vies aboutit-elle à la transformation technologique de nos corps ? Comment l'agressivité qui se déverse sur les réseaux sociaux induit-elle des changements dans les domaines de la sexualité et de l'amour ? Dans cette société liquide, où tout est sans cesse mouvant et éphémère, dans ce monde digital, où tout glisse sans repères, comment la vie et l'amour, ces notions apparemment immobiles et figées, peuvent-elles tenir le choc ? L'auteur nous donne ici des clés pour replacer l'amour au centre de tout, en faire un principe fondateur et central dans la façon dont nous nous percevons, nous, les autres, et le reste du monde. Tour à tour sensible et sage, usant d'érudites références historiques, littéraires et philosophiques, tout en restant limpide, Thomas Leoncini nous offre un manifeste intemporel, pour construire une société plus humaine. Un ouvrage nécessaire pour mieux nous comprendre et mieux comprendre les jeunes dans notre nouvelle vie liquide. Un ouvrage poétique aussi, qui nous permet de renouer avec notre sensibilité et d'entrer dans l'espérance.

11/2021

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Autres philosophes

Critique N° 895, décembre 2021 : Francis Wolff, philosophe hybride

Il y a des généralistes en philosophie comme en médecine. Si Francis Wolff est de cette espèce, il représente à lui seul une variété hybride. Rien de ce qui est humain ne lui est étranger : les techniques de vérité et la démocratie, les fondements de la morale et le rapport à la nature, nos manières de dire le monde et de viser l'universel, mais aussi de vivre et de penser singulièrement l'amour, le mal, la musique, et même la corrida. Généraliste, il l'est surtout par sa manière : un souci cartésien de clarté et de distinction dans les matières les plus délicates et les plus métaphysiques, la volonté d'accueillir toute réflexion sans exclusive, du moment qu'elle permet d'éclairer des questions débattues en défendant des positions avec des arguments. Ce classicisme est le produit d'une hybridation entre la philosophie ancienne, dont il est malgré tout spécialiste, et la philosophie analytique, qu'il mobilise en dehors de tout esprit de chapelle. Son oeuvre a pris, ces dernières années, une ampleur impressionnante. En définissant de manière méthodique les conditions d'un humanisme contemporain, elle porte sur les temps présents un diagnostic lucide qui n'hésite pas à se formuler "à la première personne", pour reprendre le titre d'un livre d'entretiens avec André Comte-Sponville paru cet automne. Ce projet appelait à son tour une évaluation critique. Dont acte.

01/2022

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Littérature étrangère

Epigrammes d'un cynique. Suivies de morceaux choisis, fables fantastiques et lettres

Epigrammes d'un cynique, un livre inédit d'Ambrose Bierce publié en 1911, soit deux ans avant sa disparition définitive au Mexique, un livre qui n'est pas sans parenté avec son fameux Dictionnaire du diable, où règne le même esprit sardonique et pourfendeur de celui qui fut si bien surnommé "Bitter Bierce", le "Tout-puissant Dieu Bierce" ou encore le "philosophe grincheux". De son vivant, la question "qui est Ambrose Bierce ?" faisait déjà couler beaucoup d'encre ! Qu'est-ce donc qu'un cynique ? C'est pour l'acrimonieux lexicographe une crapule à la vue défectueuse qui voit les choses comme elles sont et non pas comme elles devraient être. Autant dire un esprit fâché, voire chagrin, une tête lucide qui ne mâche pas ses mots et quelque peu portée sur la médisance, cette "pente secrète de l'âme à penser mal de tous les hommes" observait La Bruyère. Non seulement de tout homme, mais aussi de ses institutions comme de ses entreprises, de son risible théâtre comme de ses dieux... Ses acerbes aphorismes sont suivis des Rêveries philosophiques et théologiques extraites des Délices d'un monstre ainsi que de divers textes inédits en français, d'extraits de sa correspondance et d'une dizaine de ses Fables fantastiques, qui pour Jacques Sternberg "mettent régulièrement en pièces la morale traditionnelle". De cette noire figure si prolifique de la littérature américaine, il reste encore beaucoup à découvrir...

03/2014

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Sciences politiques

L'introduction du marxisme en France. Philosoviétisme et sciences humaines (1920-1939)

Comment la pensée de Marx, encore largement ignorée parmi les intellectuels français des années 1920, a-t-elle pu s'imposer comme " la philosophie indépassable de notre temps ", selon la célèbre formule de Sartre ? Rendre compte de ce renversement est la visée de ce livre, qui propose une enquête de sociologie historique sur les milieux intellectuels philosoviétiques de l'entre-deux-guerres. En croisant les archives internationales du communisme et les archives des sciences françaises, Isabelle Gouarné analyse ici les ressorts et les modalités de l'engagement en faveur de la Russie nouvelle, et aussi ses effets sur les pratiques de recherche et les courants de pensée. Par les circulations d'idées et les confrontations qu'elle a entraînées dans les années 1930, cette rencontre politico-intellectuelle a abouti, en effet, à de nouvelles lectures de Marx et Engels. Le marxisme fut alors défini comme la version moderne du rationalisme cartésien, devenant ainsi un véritable pôle d'attraction auquel s'associèrent des intellectuels d'horizons divers (Georges Friedmann, André-Georges Haudricourt, André Varagnac, Alexandre Kojève, par exemple), et même, un temps, les directeurs des Annales, Marc Bloch et surtout Lucien Febvre. C'est donc bien sous cette forme rationaliste que la pensée de Marx est venue nourrir les traditions philosophiques et les sciences de l'homme françaises, en quête dans l'entre-deux-guerres d'un nouveau paradigme unificateur, après la dispersion de l'école durkheimienne.

10/2013

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BD tout public

Traquenards et mélodrames. Histoires 1968-1985

En 2007, l'Institut néerlandais de Paris sollicite le parrainage de Willem, jadis condamné pour avoir dessiné la reine des Pays-Bas en pute. L'ancien membre du groupe Provo accepte l'invitation, mais demande à ne pas serrer la main de la souveraine. Pour rendre hommage à cet artiste libre, Cornélius consacre à son oeuvre en bande dessinée ce gros volume qui rassemble quelques-unes des meilleures histoires publiées par Hara-Kiri et les Editions du Square, accompagnées d'une floppée de pages restées inédites en volume. Croisant l'âpreté de l'humour flamand et le non-sens anglais, Willem dépeint l'humanité livrée au chaos et à l'absurde. Ses histoires et ses dessins mettent au grand jour ce que tout le monde cache: l'abattoir malodorant que chaque homme porte en lui. C'est un sale boulot mais il faut bien quelqu'un pour le faire. Et Willem le fait admirablement, grâce à son trait indémodable, et la puissance de son noir et blanc. Son regard corrosif et lucide, ses colères froides contre la réalité sordide de la condition humaine, dissimulent mal une profonde empathie pour ses contemporains. "L'art", écrit Nietzsche, "nous est donné pour nous empêcher de mourir de la vérité." L'oeuvre de Willem, à la fois violente et étrange, blasphématoire et poétique, transforme le dégoût que provoquent l'horreur et l'absurdité de l'existence, en un rire salvateur.

01/2014

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Critique littéraire

Jean Giono, le vrai du faux

Beaucoup de contrevérités ont été proférées sur le comportement de Jean Giono durant la Seconde Guerre mondiale. Il avait, hélas, participé à la Première. Son pacifisme viscéral .l'a conduit à des écarts que certains lui ont reprochés. Quand on repense au massacre universel de 14-18, on peut comprendre qu'il ne tenait pas à ce que la France reprenne les armes. Giono n'a pas collaboré. Certains habitants de Manosque et des écrivains comme André Chamson et Aragon ont alimenté les ragots. Sans apporter la moindre preuve. A contrario, on connaît les témoignages authentifiés de ses amis résistants en sa faveur. C'est d'ailleurs au " Contadour ", propriété de l'écrivain et de son ami Lucien Jacques, qu'a été organisé le premier maquis armé des Basses-Alpes. Ce livre raconte notamment les petites erreurs de Giono qui, pour nourrir sa famille et ses amis, a donné quelques textes romancés à des revues douteuses. Mais sans une seule ligne concernant la politique de l'époque. Ce que révèle ce document, c'est la volonté farouche de l'écrivain de sauver des vies. Grâce à Sylvie Giono, sa fille cadette, et à Jacques Meny qui gère la mémoire écrite de l'auteur dans la maison du " Pares ", Eugène Saccomano tente de reconstituer cette période délicate d'une vie. Pendant les cinq années du conflit, l'écrivain s'intéressera surtout à sa passion : la littérature. Et un nouveau Giono naîtra dans l'après-guerre, celui du " Hussard ".

08/2014

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Littérature étrangère

Tout un livre toute une vie. Aphorismes

"Un aphorisme est le dernier anneau d'une longue chaîne de pensées", écrit Marie von Ebner-Eschenbach en tête du recueil de ses aphorismes, un classique de la langue allemande constamment réimprimé et traduit un peu partout dans le monde depuis cent ans, mais jusqu'ici inédit en français. De 1880 à 1916, cette grande romancière que l'on redécouvre aujourd'hui ne cessa d'augmenter et de remanier ce petit livre où elle concentra le meilleur de ses réflexions : un ouvrage devenu si populaire en édition de poche que certaines de ses sentences sont passées en proverbe. Les phrases de ce genre, si connues qu'on en a oublié l'auteur, la langue allemande aime à les appeler des "paroles ailées". Cette expression s'applique particulièrement bien à la légèreté et à la vivacité de la grande styliste que fut Marie von Ebner-Eschenbach. Son art consommé de la maxime puise autant aux sources de la sagesse populaire qu'à celle des grands moralistes français. Dans leur concision, ses aphorismes révèlent une femme libre, féministe avant l'heure, ennemie des préjugés et lucide sur la difficulté de s'en affranchir, constatant par exemple que "les esclaves heureux sont les ennemis les plus acharnés de la liberté". Un petit livre, grand par les leçons de courage et de vie qu'il rassemble. Nul doute que bien des lecteurs sensibles en feront leur livre de chevet.

11/2017

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Littérature française

Que la guerre vienne !

Vic cherche de vieilles photos au grenier, tombe sur d'anciennes lettres de sa grand-mère Victorine destinées à son amie Amédine. Jamais envoyées. En compagnie d'Amédine, Vic découvre la vie, le calvaire de Victorine : elle attendait la guerre, une autre guerre, celle qui devait la libérer. Et Lucien, son époux est mobilisé en août 1914. Il est soldat dans l'âme, guerrier implacable... il revient honoré. Vic et Amédine comprennent alors bouleversées de quel côté traîne l'horreur et de quel côté bouge le diable déplaçant l'enfer. Avec Patricia Gavoille, l'auteur de cet ouvrage, c'est le talent qui oeuvre partout... Les émotions se nichent dans les moindres recoins. Le temps d'une virgule, un sourire essuie une larme, parce c'est beau le bien écrit. Et bien menée l'histoire et bien posée la question : comment une jeune femme peut-elle prier en 1914 pour "que la guerre vienne ! " On apprend le pourquoi de cette prière grâce à sa petite-fille et Mamie Amédine. Patricia Gavoille, l'auteur de "L'arbre dehors" précédent chef-d'oeuvre, incorrigible rebelle, ne peut s'empêcher de nous bousculer, mélanger les damnés et les victimes, raconter les oiseaux, les fleurs, la mort, les tranchées. Incorrigible romantique, nous faire pleurer, vibrer, batailler et... mais cela le désire-t-elle vraiment : pardonner ? On l'ignore mais c'est toujours l'inévitable issue que ses personnages veulent éclairer... incorrigible humaniste !

08/2012

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Critique littéraire

Les mots de l'enfermement. Clôtures et silences : Lexique et rhétorique de la douleur du néant

Pour Giorgio Agamben " le camp est l'espace qui s'ouvre quand l'état d'exception commence à devenir la règle " ; les camps quels qu'ils soient suscitent aussi les écritures de l'après. L'après n'est jamais facile, il continue, en quelque sorte, la souffrance intérieure qui est née de l'enfermement. Si le point de départ de ce travail était l'oeuvre mémorielle et littéraire du camp à travers le regard aigu et la conscience lucide de quatre écrivains français (Georges Hyvernaud, Henri Calet, Raymond Guérin et Alexandre Vialatte), soldats prisonniers durant la deuxième guerre mondiale, l'auteur n'a pu contourner l'horreur des autres camps, ceux dont la mémoire officialise, de temps en temps et distraitement, le souvenir. C'est de ces camps que surgit la douleur du néant et cet essai tente de décrire la façon dont le témoignage, à travers la poésie, la force des mots et la rhétorique, devient pure littérature. Dans la dernière partie, l'auteur a cherché à montrer comment les mécanismes de la langue du pouvoir et de l'indifférence peuvent générer, à nouveau, l'enfermement et la douleur. Ces clôtures paraissent différentes mais, ici également, la réduction de l'espace et l'intensité de la souffrance se rejoignent dans la perte de la dignité. Encore une fois, la connaissance et l'écriture, produisant la parole de chacun, peuvent offrir, une voie, sinon d'issue, d'espoir.

01/2012

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Sciences historiques

Les grandes compagnies de chemin de fer en France . 1823-1937

L'organisation des chemins de fer en France sous la IIIe République constitue une expérience originale d'économie mixte qu'illustrent les relations entre l'Etat et les grandes compagnies de chemin de fer créées au milieu du XIXe siècle. Les études financières anciennes du Crédit lyonnais, que présente François Caron, retracent l'histoire contrastée de chacune de ces compagnies et l'évolution complexe du régime des chemins de fer jusqu'à la création de la SNCF en 1937. Est mis en évidence le rôle majeur, mais très particulier dans l'histoire de l'épargne française, des obligations de chemin de fer, qui ont dominé les émissions de valeurs à revenu fixe jusqu'en 1900. Une réflexion originale est proposée, qui traite des aspects économiques de la grande dépression et de l'influence des stratégies commerciales des compagnies sur l'évolution de l'économie française dans les années 1870-1900. Des explications sont fournies sur la crise financière subie par les compagnies à partir de 1900, qui se traduit, dans le contexte de hausse de la Bourse, par la chute de leurs cours; pour les années 1920 et 1930, un regard lucide et critique est posé sur la tentative de sauvetage du système à travers la convention de 1921 et sur les incohérences de son application. Ces études ainsi mises en perspective constituent autant d'illustrations du débat toujours actuel sur le rôle de l'Etat et du marché.

01/2013

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Histoire internationale

Le Camp des oliviers. Parcours d'un communiste algérien

William Sportisse, né en 1923 à Constantine, grandit dans le Camp des oliviers, quartier populaire et mixte d'une ville profondément divisée par les barrières coloniales. Élevé dans une famille juive autochtone, française par le droit mais de culture judéo-arabe, et guidé parla trajectoire de son frère aîné, Lucien, pionnier des luttes anticoloniales assassiné par la Gestapo à Lyon en 1944, il choisit très tôt le camp d'une Algérie décolonisée et socialiste. D'une guerre à l'autre, ce camp le mène de l'action souterraine antifasciste sous Vichy à la coordination des réseaux clandestins du Parti communiste algérien à Constantine durant sept années de la guerre d'indépendance, en passant par la direction d'une émission de radio en langue arabe à Budapest, considérée dès novembre 1954 par le gouvernement français comme l'une des responsables du déclenchement de l'insurrection algérienne. Devenu citoyen de l'Algérie indépendante, il connaît à partir de 1965, comme nombre de ses camarades, les tortures et prisons d'un régime autoritaire dont les communistes tentent avec difficultés de réorienter la marche, avant que l'explosion des années 1990 ne le contraigne à l'exil. À travers le prisme d'une personnalité militante confrontée à des documents d'archives jusqu'ici inexplorées, ce livre d'entretiens déploie autour d'un parcours minoritaire des pans méconnus de l'histoire sociale et politique de l'Algérie (post) coloniale.

11/2012

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Critique littéraire

Commynes en ses Mémoires

La pensée de Commynes, qui a inventé le genre des mémoires d'histoire, s'est formée au contact de Louis XI et des ambassadeurs italiens, sans qu'on doive négliger l'influence des chroniques de Chastelain et de Molinet. Mais le fait de s'adresser, par-delà Angelo Cato, aux princes et à leurs conseillers, le souci de rendre intelligible la réalité et de procurer des règles de conduites efficaces, le désir de comprendre et de composer un récit au plus près de la vérité, ont conduit Commynes à faire œuvre de moraliste à la manière de Montaigne qui lui doit sans doute plus qu'il ne le dit expressément. Il nous livre une vision du monde sans complaisance et une analyse lucide de l'humanité qui vit dans une instabilité quasi constante, emportée par les puissances trompeuses que sont l'imagination et la volonté, qui désigne dans les Mémoires toutes sortes de comportements irrationnels. Les hommes, occupés à des marchandages suspects, sont menés par la déloyauté, l'impatience, l'orgueil et la cupidité, en sorte que Dieu intervient pour les châtier, souvent par une mort affreuse. Si le portrait de Louis XI signale les qualités qui font un grand roi, les Mémoires sont une véritable démythification des princes qui sont " hommes comme nous ", et de la guerre où le hasard règne en maître. Commynes, avant Machiavel et Guichardin, a écrit pour les gouvernants une sorte de bréviaire qui privilégie l'action diplomatique.

08/2011

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Faits de société

Itinéraire d'un dealer raconté à une petite bourgeoise

Ils sont partout : dans nos rues, nos journaux, nos discussions politiques. Mais que sait-on vraiment de ces vendeurs de drogue africains dont la présence muette monopolise les débats sur l'asile et sur la sécurité ? Ce livre apporte le témoignage inédit de l'un d'entre eux : son enfance dans une région en guerre, la fuite dans un pays voisin, puis son arrivée en Suisse à 17 ans, son entrée rapide dans le réseau des trafiquants de cocaïne, commerce dont il donne tous les détails, sans jamais se chercher d'excuses. Une vie faite de coups de chance et de mauvais choix, d'espoirs déçus et de fatalisme, de désoeuvrement et de belles rencontres. A l'autre bout du microphone, celle qui enregistre ce parcours voit le sien défiler à l'envers : elle aussi a connu l'Afrique, libre d'y voyager en tant que Blanche, d'abord engagée dans l'humanitaire, puis comme journaliste. Mais plus les images remontent, plus les aspects sombres du passé prennent le dessus, jusqu'à parvenir à de surprenants aveux : elle aussi a frayé avec certaines formes de déviance, alors que rien n'en transparaît plus aujourd'hui. Du croisement de ces deux trajectoires naît un document lucide, sans angélisme ni voyeurisme, sur la nature universelle de la délinquance et l'état des rapports nord-sud. Un récit à deux voix qui traque les faux-semblants et montre l'humanité de ceux que le sens commun adore détester.

03/2010