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Eugene Simon

Extraits

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Histoire de France

Au voleur ! Images et représentations du vol dans la France contemporaine

Quoi de commun entre l'enfant qui chaparde les cerises, l'assassin qui égorge les rentiers, le domestique indélicat, le pickpocket, le rat d'hôtel, la kleptomane, le cambrioleur ? Rien, sinon cette étiquette de voleurs qui recouvre une large variété de types sociaux et d'imaginaires. A des degrés bien différents, tous font l'objet d'une réprobation morale. Car le vol dérange l'ordre social : comme l'écrit Michelle Perrot, le XIXe siècle est animé d'une véritable "obsession propriétaire" qui ne se relâche guère avant les années 1960. Le fait est connu, mais il reste trop souvent vu de loin. Comment prendre en compte les évolutions chronologiques dans une société qui s'enrichit et accède plus massivement à la propriété ? Comment envisager les spécificités géographiques (le voleur des villes n'est pas le voleur des champs, ni le maraudeur de banlieue) ? Comment distinguer, enfin, des groupes sociaux, des genres, des âges ? C'est tout le pari de cet ouvrage qui propose d'examiner, dans leur diversité, les imaginaires et les représentations du vol aux XIXe et XXe siècles, du Code pénal aux blousons noirs. De Jean Valjean aux Valseuses, en passant par Lupin et Bonnot, mais aussi par une foule de petits délinquants obscurs, il s'agit d'éclairer un envers de l'histoire de la France contemporaine.

05/2014

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Histoire internationale

Retour à la vie. L'accueil en Suisse romande d'anciennes déportées françaises de la Résistance (1945-1947)

Entre l'été 1945 et le printemps 1947, environ 500 anciennes déportées, la plupart résistantes, comme Charlotte Delbo, mais aussi quelques juives, telle Simone Veil, passent plusieurs mois de convalescence en Suisse romande. À l'initiative de Geneviève de Gaulle, de l'Association des déportées et internées de la Résistance (ADIR) et d'un Comité d'aide en Suisse, neuf lieux (Les Avants, Château-d'Oex, Crassier, Fribourg, Grandchamp, Le Mont-sur-Lausanne, Montana, Nyon et Villars-sur-Ollon) accueillent ces revenantes de Ravensbrück ou d'Auschwitz. C'est cette page peu connue de l'histoire suisse et française, mais aussi de l'après-déportation, que défriche ce livre, fruit d'une recherche de plus de quatre ans pour en retrouver traces et protagonistes, en Suisse et en France. Malgré des archives lacunaires, les auteurs ont reconstitué les conditions de ces accueils et leur financement par les multiples conférences de Geneviève de Gaulle et une contribution du Don suisse. Par ailleurs, cet ouvrage retrace les destins de quelques-unes de ces femmes, victimes de la barbarie nazie, ou des personnes qui les accueillent, pour les accompagner dans leur retour à la vie. Les auteurs tentent aussi d'appréhender comment ces rescapées de l'enfer ont été perçues, à l'époque, par la population et la presse d'un pays épargné par la guerre.

10/2013

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Littérature française

La vie poétique Tome 3 : Un peu la guerre

"Après un bac scientifique j'avais bifurqué vers des études de lettres avec une idée derrière la tête. Nous sommes deux trois ans après mai 68, nous avions l'habitude des bouleversements mais ce que j'apprenais à l'université avait de quoi décourager. On m'annonçait que le roman était mort, ce qui n'était pas la meilleure nouvelle quand on se promettait de devenir écrivain. Mais mort de quoi ? Le siècle n'avait pas été avare en exterminations massives, ce dont on ne prenait pas encore pleinement conscience, alors face à ces montagnes de cadavres on n'allait pas se lamenter pour la mort d'un genre, le roman, parfaitement bourgeois et réactionnaire. La solution de remplacement ? Le texte, rien que le texte. Mais à la réflexion, il y avait une autre mort qui était passée inaperçue, sinon de ses proches et de ses amis, celle brutale de mon père. Est-ce que de cette mort du roman on ne pourrait pas faire le roman de la mort ? Le roman du mort ? Vingt ans plus tard j'amenais à l'éditeur le manuscrit qui glissait cette disparition d'un homme de quarante-et-un au milieu des massacres de la première guerre. Lequel éditeur s'alarma d'une autre disparition, celle du narrateur. Au bilan du siècle il convenait de rajouter deux victimes collatérales : le roman et moi".

01/2014

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Beaux arts

Paris sur Seine

Paris s'est créée autour de la Seine. Son eau, pour boire, cuisiner ou se laver, activa les moulins accrochés aux arches de ses ponts, alors couverts de maisons, et, par les bateaux arrivés à ses ports, apporta nourriture, bois et autres denrées de première nécessité. En 1991, les rives de la Seine ont été classées parmi les sites mondiaux majeurs de l'humanité pour la qualité et la renommée de leurs paysages. Des millions de touristes s'y pressent tous les ans pour contempler les plus célèbres monuments de la capitale et les ponts historiques qui les relient. Parcourir les berges, c'est aussi comprendre comment la Seine est devenue un des axes majeurs de la capitale. La piétonisation qui en éloigne les voitures en fait une attraction parisienne majeure. Cet Itinéraire conduit le lecteur sur trois circuits qui retracent l'histoire de Paris : le premier couvre le centre et ses îles autour du Pont Neuf, le plus vieux pont de Paris ; le deuxième parcourt la capitale royale et aristocratique jusqu'à la tour Eiffel et le pont Mirabeau ; le dernier va vers Bercy et la passerelle Simone-de-Beauvoir, pont le plus récent ; il visite le nouveau quartier Paris Rive gauche, le plus grand projet urbain depuis Haussmann, construit autour des " livres ouverts " de la BnF, où est valorisé un patrimoine industriel remarquable (Grands Moulins de Paris, usine Sudac).

07/2019

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Littérature érotique et sentim

Anthologie Mystère Tome 1 : Des bruits de pas dans le noir

Une clé dans la serrure. Le grincement de la porte. Le craquement du plancher. Est-ce que ces pas qui approchent sont ceux d'un amoureux ou d'un ennemi ? Retrouvez dans cette anthologie, quatre nouvelles sexy pleines de mystères : Pepper, le chien flic de Z. A. Maxfield. Son voisin a été assassiné. Et maintenant Lonnie Boudreaux va devoir prendre soin du chien du défunt, se lier d'amitié avec un ex-policier et arrêter le tueur... sinon... Un inconnu dans ma maison de Josh Lanyon. Miles Tuesday n'a que de bons souvenirs de Montréal, mais maintenant qu'il a hérité de la maison du 9 Braeside, tout lui paraît différent. La chute qui a causé la mort de Mme Martel était-elle vraiment accidentelle ? Colin-Maillard de L. B. Gregg. Faire une partie de "capture le drapeau" dans un centre commercial abandonné ? Mauvaise idée. Le jeu tourne vite au désastre lorsque Tommy et Jonah tombent sur le terrain de chasse d'un maniaque aux tendances meurtrières. Lumières, camera... meurtre de C. S. Poe. Lorsqu'un producteur télé l'engage pour récupérer un scénario volé, Rory Byrne, détective privé à New York, doit s'infiltrer sur le plateau du drame historique "The Bowery". Mais la mission se voit compliquée par l'attrait inattendu qu'il éprouve pour Marion Roosevelt, un acteur sexy, talentueux et ouvertement gay.

05/2020

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Animaux, nature

L'astrologie de mon chat pour mieux nous comprendre

Le premier guide d'astrologique appliquée à notre vie avec nos chats ! Inoffensive, tolérante et pacifiste, l'astrologie vit un retour en force. Elle offre une alternative, quelque chose qui permet de décrypter sa vie et ses relations dans une époque incertaine. Il en est de même pour nos relations avec les chats. Ce guide astrologique des chats doit permettre de mieux choisir, de mieux comprendre son animal, de mieux le connaître pour l'aimer encore mieux, sinon davantage. L'arrivée d'un animal dans notre vie est " inscrite " dans notre thème astral avec les mêmes indicateurs et au même titre qu'une rencontre amoureuse avec un humain a une visibilité. Pour les amateurs d'astrologie, sachant qu'un thème est constitué de douze Maisons, il en existe une, la Maison VI, régissant les maladies, la santé, le travail et... les petits animaux. Des spécialistes ont déjà, par le passé, déterminé la place des " animaux domestiques " dans la vie de l'homme, les faisant figurer dans nos thèmes par le biais qu'on appelle, dans le jargon astrologique, " une maison dérivée ". Dans ce guide, la présence de l'animal étant signifiée dans le thème de l'humain, l'auteur a envisagé, selon les mêmes règles analogiques du thème de l'humain et/ou de la relation entre deux humains, celle de l'humain avec un chat.

10/2020

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Poésie

Le verger abandonné

[... ] L'Ulysse de Michel Diaz ne reviendra pas, il n'accomplira pas son destin premier de tuer les prétendants et de reprendre sa place au foyer avec son épouse et son fils, proche de son père et de ses arbres. Il n'a pas fait un long voyage avant de retourner "plein d'usage et raison / Vivre entre ses parents le reste de son âge" comme l'a écrit Joaquim du Bellay. Mais peu à peu, au fil du cheminement, les contours de son monde intérieur s'effacent, et bientôt il ne reste rien de son identité première ni même de ses raisons d'être, sinon un renoncement progressif, une volonté de faire de son exil une errance perpétuelle au bord du monde dans la tentation de n'être plus personne. "Le lieu véritable est-il dans l'absence de tout lieu ? Le lieu, justement, de cette inacceptable absence" , nous dit Edmond Jabès. Telle est l'incise du texte de Michel Diaz de laisser dans l'esprit du lecteur un étonnement, un déséquilibre qui en fait tout le prix. Et c'est ce trouble, provoqué par son traitement inédit de l'image du principal héros de L'Odyssée, que Michel Diaz exploite poétiquement pour soulever l'éternelle question, primordiale et inépuisable, de notre relation au monde et du sens de nos existences. Extrait de la préface de David Le Breton

08/2020

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Philosophie

Philosophie africaine, philosophie de la communication. L'universel au coeur du particulier

"Sur l'histoire et les thèmes principaux de la philosophie africaine, on croyait tout savoir depuis les recherches d'A-J Smet, Nkombe Oleko, V-Y Mudimbe, et les travaux du Conseil Interafricain de Philosophie dirigé par P Hountondji. En lisant Jean-Baptiste Malenge, on se prend à penser que presque tout restait à dire. Notamment sur la logique "politique" (au sens fort du terme) qui préside au développement de cette philosophie. Et aussi sur la modernité d'un discours qui ne cessait pas d'intriguer tellement les points de connexion semblaient sinon absents du moins difficiles à saisir. J'appuie tout effort de diffusion de cette pensée neuve", Professeur Célestin Dimandja. "Malenge sonde un réseau complexe du savoir à situer au carrefour des sciences comme la philosophie, la théologie, la politique, la sociologie, la linguistique, la communication, etc. Il réalise une recherche scientifique rationnelle, systématique et spécialisée caractérisée par le passage qualitatif de méthode et d'intelligibilité", Professeur Théodore Mudiji. "Philosophe et spécialiste des sciences de la communication et de l'information, l'auteur s'est placé au carrefour de ces champs du savoir et dans leur interfécondation pour proposer un livre original et novateur, un livre riche en réflexions et digne d'être un socle pour penser à nouveau frais les problèmes de l'Afrique dans le monde d'aujourd'hui", Professeur Kä Mana

06/2012

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Littérature française

Dolfi et Marilyn

Le clone est-il l'avenir de l'homme ? Les progrès des biotechnologies et du clonage peuvent le laisser envisager. L'action de ce roman se situe en France vers 2060. Un pays qui n'a guère changé. Les clones humains sont produits et commercialisés comme des gadgets ou des domestiques. Les sujets clonés sont le plus souvent des célébrités du passé. Le clonage des défunts est autorisé 70 ans après leur mort, celui des vivants est interdit. Tycho Mercier, spécialiste de l'Histoire du XXe siècle, est obsédé par la seconde guerre mondiale. Par suite d'événements indépendants de sa volonté, il devient propriétaire de deux clones problématiques. Le premier, Dolfi, est le dernier exemplaire en circulation d'une série prohibée de clones d'Adolf Hitler, le second un clone de contrebande de Marilyn Monroe. Or un service officieux, sinon secret, appelé Centre de Régulation, est chargé d'éliminer les clones défectueux ou déviants. Du coup, Tycho refuse de livrer Dolfi, en qui il voit son prochain, innocent des crimes de l'archétype Hitler, de même que Marilyn avec laquelle, esseulé, il aura une curieuse liaison ancillaire. Dénoncés, les deux clones doivent s'enfuir, ensemble.L'aventure qui commence entraînera l'historien sur leurs traces, au cour d'une sorte de Disneyland nazi, créé par un milliardaire plus que centenaire, nostalgique du IIIe Reich.

01/2013

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Economie

L'arnaque. La finance au-dessus des lois et des règles

Il est un aspect de la crise financière qui a été peu abordé, sinon à la marge, lors de scandales ponctuels comme l'affaire Maddoff : les rapports du capitalisme financier avec la fraude et la délinquance. Or ils sont des plus troubles. Magistrat, auteur de plusieurs livres sur l'évolution contemporaine de la criminalité, en particulier économique, Jean de Maillard apporte un éclairage nouveau sur le développement du capitalisme dérégulé depuis une trentaine d'années. À rebours des idées reçues, il rattache l'écroulement de l'économie de l'automne 2008 à une histoire longue, où la fraude a servi de variable d'ajustement et de mode de gestion de l'économie depuis le triomphe des idées néolibérales. La sphère financière s'est en effet déployée autour du brouillage de plus en plus prononcé des critères du légal ou de l'illégal. Aussi les incantations sur les thèmes de la moralisation et la régulation ne risquent-elles guère d'avoir de prise sur une activité qui s'est constituée précisément pour contourner les normes. De lecture obligatoire pour les politiques en charge de remédier à la crise, l'ouvrage sera utile aussi au citoyen confronté aux retombées de pratiques qui lui restent incompréhensibles à s'en tenir aux discours officiels ou autorisés. Il fournit des clés pour déchiffrer un domaine particulièrement opaque.

01/2010

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Cinéma

Le film de ma vie. Avec 1 DVD

« J’aurais dû être fusillé ce jour-là… » Par un heureux concours de circonstances, Jean Blum, résistant dans le massif du Vercors, échappe de justesse aux balles de l’armée allemande. Sa vie a basculé pendant la guerre. Adieu les années d’insouciance à Paris. Comment croire en son étoile lorsqu’on en porte une jaune, offerte à la haine aveugle ? Avec la traversée de la résistance, Jean Blum devient Jean Valère. Aux lendemains de la guerre, il éprouve un sentiment de vide que le cinéma vient combler. Il en gravit peu à peu les échelons. Marcel Carné, André Cayatte, Max Ophuls… Il côtoie les plus grands, dont il devient l’assistant. En acteur ému et en observateur amusé, il croise Arletty, Jean Gabin, Simone Signoret, Roger Nimier, Julien Gracq, Cocteau, Morand et Giono. Une fois devenu metteur en scène, sa vie devient une succession de films. Son cinéma explore la condition humaine dans le registre dramatique, et avec quelques incursions dans la comédie. Il dirige des acteurs aussi différents que Maurice Ronet, Jean Seberg, Monica Vitti, Jacques Brel, Emmanuelle Riva… Entre souvenirs et anecdotes, entre gravité et légèreté, le récit de Jean Valère nous restitue des pages entières de l’histoire du cinéma français, de l’après-guerre à aujourd’hui, avec un éclairage particulier, sur l’histoire de la Nouvelle vague notamment.

01/2011

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Philosophie

Entretiens avec Sartre

De 1970 à 1974, Jean-Paul Sartre, qui s'y était jusqu'alors toujours refusé, accepta de se confier en vue d'une biographie. Celle-ci ne vit jamais le jour, mais donna lieu à une extraordinaire série d'entretiens entre le philosophe au faîte de sa gloire et John Gerassi, fils d'un couple d'amis de longue date. C'est un homme âgé et malade qui parle, mais ses capacités d'analyse, sa franchise, ses convictions, et surtout son humour, sont intacts. Sartre, saisi dans la vérité et le grain inimitable de sa voix, se montre tour à tour facétieux, percutant, catégorique ou rongé de doutes, enthousiaste ou mélancolique, toujours brillant. Il s'y révèle sans tabou, par-delà la légende, et aborde tous les sujets : l'enfance, la mère, la guerre, le "pacte" avec Simone de Beauvoir et les "amours contingentes", l'écriture, la drogue, l'engagement. Demeuré inédit pendant près de quarante ans, ce document unique - plusieurs dizaines d'heures de conversation, retranscrites sur plus de 2 000 pages, dont John Gerassi a tiré les moments les plus forts - esquisse ainsi, en filigrane, l'autobiographie que Sartre n'écrivit jamais. Bilan d'un destin d'exception, c'est aussi la radiographie d'un siècle dont il fut l'un des acteurs et témoins majeurs.

04/2011

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Littérature étrangère

L'heure du choix

Avoir vingt ans à Barcelone au milieu des années soixante, c'est chercher sa voie dans un pays éteint, soumis à l'ordre franquiste, où la tragédie de la guerre civile n'en finit pas de traîner sa cohorte de vainqueurs et de vaincus. Les héros se sont tus depuis longtemps. Certains comme Juan et Lena n'attendent rien, sinon d'hériter l'aisance de leurs parents. Alberto, lui, aspire à devenir un immense artiste. Sa famille est pauvre, ses amis distingués, ses camarades d'université partagent leur temps entre flirts et militantisme révolutionnaire. En ces années indéfinies, opaques, émerge cependant une société nouvelle où, peu à peu, s'opère une transformation radicale qui va bouleverser toutes les sociétés. Certains la sentent et sont poussés à faire des choix. Dans la vie d'Alberto, comme dans celle de tout homme, viendra un moment décisif qui, fatalement, infléchira le cours du futur en lui faisant prendre un chemin auquel il n'était pas préparé. Dans ce roman de l'apprentissage de l'artiste, la trame réaliste, l'abondance des personnages, le panorama social, politique et esthétique servent de décor aux thèmes qui jalonnent l'œuvre de Félix de Azua : la place de l'artiste moderne à l'ère de la barbarie des images et de la société du spectacle.

11/2004

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Littérature française

Le jardin d'agrément

Deux narratrices parlent à tour de rôle. La première grandit en Belgique parmi les siens, rêveuse, féroce et gaie mais saisie, dès l'adolescence, par les drames ordinaires de l'espèce. Ecrire est sa vocation. Un mariage destructeur la force à fuir à Paris au lendemain de la guerre. Elle publie son premier livre, se croit perdue, erre en pleurant dans les rues, frappe le regard d'une inconnue qui, d'autorité, l'emmène chez elle. La seconde a réalisé son oeuvre de romancière. Elle vit depuis longtemps auprès de Jim, l'écrivain célèbre et caché : ils sont heureux. Qu'est-ce que l'amour sinon l'élaboration et le lucide entretien d'un jardin d'agrément ? Il y faut un commun génie de paysagiste : ronds-points, allées, bosquets, pavillons de rires, discipline de fer, complicité dans la sagesse et la folie, silence et musique, bancs de repos ombragés. Le trajet de la première narratrice est montant, marqué par les curiosités, les chagrins, les espoirs. Celui de la seconde obéit à l'horizontalité vibrante, orgueilleuse et modeste de la sérénité. La rencontre de ces deux femmes apparemment contradictoires donne à penser qu'un principe d'équilibre, coupant l'espace et le temps de chacune, va les amener à se confondre grâce aux jeunes prémonitions de l'une et à l'ancienne mémoire de l'autre.

02/1994

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Psychologie, psychanalyse

Les influences inconscientes. De l'effet des émotions et des croyances sur le jugement

Évaluer un élève, recruter un employé, prendre un crédit, décider de rompre une relation... Autant de conduites dont nul n'ignore qu'elles prêtent aux risques du subjectif, de l'affectif, voire de l'absurde, mais dont on estime qu'elles peuvent, pourvu qu'on en ait la volonté et la compétence, être soumises à des procédures et impératifs rationnels. Or, cette part même du conscient, du réfléchi et du " garanti sur facture " sur laquelle nous faisons fonds est parfaitement sujette à caution, et masque souvent les facteurs véritables qui motivent les conduites et les décisions individuelles et collectives. Les mécanismes par lesquels les émotions et les croyances " toutes faites " déterminent les comportements que nous estimons les plus fiables sont ici mis au jour. L'enquête, passionnante, appuyée sur les travaux et réflexions menés en psychologie sociale, offrira bien des surprises au lecteur. Fort de ces acquis, l'auteur s'interroge sur la manière, sinon d'éviter les influences inconscientes négatives, mission sans doute impossible, du moins de limiter leur portée par une véritable vigilance individuelle et collective. L' ouvrage profitera aux étudiants, enseignants et chercheurs ayant à traiter des relations interpersonnelles ou intergroupes, aux professionnels impliqués dans l'évaluation d'autrui et, au-delà, à toute personne s'interrogeant sur l'influence exercée par la publicité, la télévision ou les médias en général sur nos opinions et jugements.

04/2004

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Histoire internationale

Comment la France a perdu l'Afrique

La crise en Côte d'Ivoire est le symbole de la fin de la présence française en Afrique. La France a rapatrié ses ressortissants sous les huées, sinon sous les balles. Ailleurs, elle est déjà partie en catimini, à la fin de la guerre froide, quand l'Afrique a été abandonnée à son sort: effondrement de l'Etat, guerres, sida... L'aide a été amputée; les coopérants ont été retirés. Seule l'armée française est restée enfermée dans ses bases, garde prétorienne de régimes indéfendables. Après avoir été pendant plus de quarante ans le " gendarme de l'Afrique ", la France s'est recyclée en " gardien de la paix ". De plus en plus souvent, les Etats-Unis et la Chine dament le pion à une " vieille " France gênée aux entournures par le génocide au Rwanda, le scandale Elf, les turpitudes de la " Françafrique "... Insensiblement d'abord, puis à un rythme qui est allé s'accélérant, la France a perdu " son " Afrique, celle où, de Dakar à Libreville en passant par Djibouti, N'Djamena, Brazzaville et Antananarivo, elle se plaisait à penser qu'elle était aimée. Dans ce livre sans concessions, Stephen Smith et Antoine Glaser pointent les erreurs, les lâchetés et les ambiguïtés qui ont émaillé la politique africaine de la France, et lui ont fait perdre ce " pré carré " quelle rêvait de façonner à son image.

09/2006

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Littérature française

Toujours une femme de retard

Urbain Azbine est un enfant du Marais. La tête dans les nénuphars, les pieds dans le limon. Né au milieu d'un bouquet de fleurs coupées à l'étal d'un pavillon Baltard. Dès ses premiers langes, il connaît un épisode de la guerre des Deux-Roses. Une de ses grands-mères vend des baccarats, l'autre des œillets... Le couple de ses parents recèle plus d'épines que de pétales. Lentement l'insidieuse terreur des fleurs se propage. Une émeute intime envahit son corps et ses émotions. Les femmes lui apparaissent comme une horde de calices inversés. Jamais il ne sera synchrone avec ses histoires d'amour, toujours en retard d'un baiser, d'une étreinte, d'une volupté. Solitaire et désemparé, Urbain prend de manière inexorable la fleur en grippe. Il saccage les éventaires, sape les parterres. Jusqu'à vouloir exterminer tout ce qui ressemble à un bourgeon en un gigantesque génocide végétal. Ce récit au sécateur du monde du commerce, saga réaliste du " tertiaire ", est autant un hommage au cadastre parisien des années soixante qu'au petit peuple des mandataires, ceux qui, selon Boris Vian, " s'en foutaient plein la dalle ". Patrice Delbourg nous prouve une nouvelle fois que l'humour à fleur de peau, même le plus noir, demeure le meilleur antidote à la mélancolie de vivre.

10/2005

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Psychologie, psychanalyse

Le silence des émotions. Clinique psychanalytique des états vides d'affect

"Comment reprendre une étude psychopathologique des sentiments, soit en se fondant sur des états (émotions) soit sur des moments de la vie psychique (affects) ? Et comment répondre à la demande d'une pratique clinique tout autant sollicitée aujourd'hui qu'hier, sinon plus, par le "mal-être" qui occupe tant de patients ? Pour relever ce défi les auteurs de cet ouvrage ont habilement choisi une voie qui leur a permis de contourner les obstacles en se penchant non sur la vie émotionnelle en général, mais sur son négatif; non sur les affects mais sur leur absence, ou sur leur répression. [...] Un mot sur la structure de l'ouvrage. Il s'agit moins de trois parties distinctes traitant de trois thèmes distincts que de trois monographies qui chacune à sa manière reprend l'ensemble de la question en prenant appui sur une pathologie particulière. Chaque auteur peut ainsi allier une réflexion générale à son expérience personnelle, celle de la pathologie dépressive pour Solange Carton, celle des états-limites pour Catherine Chabert et celle de l'alexithymie pour Maurice Corcos. Mais au bout du compte c'est à un véritable débat que les trois auteurs nous invitent. Aux passions collectives qui nous entourent ne sommes-nous pas dans la clinique de l'individuel confrontés à ce silence des affects et à ses conséquences néfastes ?" Daniel Widlöcher.

10/2013

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Actualité et médias

Comment se dire adieu

La mort fut l'exactitude du quinquennat de François Hollande, son excuse et son répit. Sans le terrorisme, il ne serait rien resté de cette présidence, sinon un glissement vers la vérité du socialisme : n'être qu'une droite civilisée. Les suppliciés de Daech ont distrait le pouvoir de son indécence. Devant leurs cercueils, François Hollande s'inventa un discours, un instant fondateur, une raison d'être. Le socialisme est devenu ceci : une adhésion salvatrice à la raison d'Etat, une adéquation avec les forces armées, une détestation des contestations, un assentiment aux banalités gestionnaires, un ralliement à l'identitarisme ambiant, tout ceci habillé et masqué de commémorations, emphases et ritournelles. Ces hommes ne sont pas détestables. Ils font de leur moins mal. Aux prises avec un pays que d'autres poussent vers un fascisme ronronnant, les socialistes louvoient, arrangent, préservent, compromettent, et attendent de l'adversaire qu'il soit pire, pour jouir un peu plus longtemps de la morale et des palais. L'auteur les aime, comme on aime ses semblables, et ce livre est un arrachement à lui-même. Tout ce qu'on racontait, jadis, sur les lendemains qui chantent étaient une plaisanterie saumâtre. Ce livre n'est pas d'anecdotes. Il n'y a rien à révéler. Tout est là. C'est arrivé. Ca nous est arrivé.

01/2017

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Poésie

La proximité de la mer. Une anthologie de 99 poèmes

Malgré une éclipse considérable de trente ans entre son troisième recueil - Cuaderno San Martin (1929) - et son quatrième - L'Auteur (1960) -, durant laquelle il a composé ses proses les plus mémorables, Borges n'a cessé, sinon (le publier, du moins d'écrire de la poésie. Peut-être parce que le poème relève pour lui d'une nécessité existentielle. S'il y a recours aux mêmes obsessions et paradoxes qui ont fait la célébrité de ses récits - labyrinthes, tigres et miroirs, jeux sur le temps, l'espace ou l'identité, mais aussi mythologie de faubourgs, de malfrats, de guitare et de couteaux qui est celle de la milonga et du tango, à laquelle il restera attaché toute sa vie -, c'est moins pour nous plonger et nous perdre dans leur fascinant vertige, que pour les interroger ou nous en communiquer mezza voce l'inquiétante familiarité. Dans ses poèmes, Borges médite et chante. Et ce croisement de pensée et d'émotion leur donne ce mélange très particulier de rigueur et d'abandon, d'emphase maîtrisée et de simplicité retorse qui fait leur tonalité singulière. Quelque chose qui hésite, entre le vers bien frappé et la confidence chuchotée, entre l'épique et l'élégiaque, entre le baroque et, nous dit Borges, " non pas la simplicité, qui n'est rien, mais la modeste et secrète complexité". Jacques Ancet

09/2010

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Critique littéraire

La dérision comme stratégie d'écriture. L'exemple des littératures africaines et antillaises de langue française

Les textes retenus dans cette étude procèdent à la fois d'un désir de mettre en question le langage de l'imaginaire et d'une volonté de s'opposer à tout ce qui fait obstacle à une (re)conquête active du sentiment de l'humain, par le biais du "parler-dérision". Après avoir scruté le paratexte des oeuvres, l'auteure étudie la façon dont la dérision se manifeste dans l'écriture par les jeux du double et du dédoublement. Puis, elle met au jour les apparentements intertextuels qui sont une des constantes des procédés de dérision : lieu du "faire comme si", du jeu ésotérique, mythique, érotique. donjuanesque des écritures. L'éventail des auteurs abordés est très large. Pour les Antilles, il va d'Aimé Césaire à Daniel Boukman, en passant par René Depestre, Max Jeanne et Simone Schwarz-Bart. Pour le Maghreb, ont été retenus des oeuvres de Kateb Yacine, Boualem Sansal, Tahar Ben Jelloun, Mouloud Mammeri, Yasmina Khadra, etc. Pour l'Afrique subsaharienne, Ferdinand Oyono, Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi, Werewere Liking, Ousmane Sembène. Williams Sassine... Ce choix d'aires culturelles variées autorise le rapprochement de visions du monde opposées qui se jouent des vérités instituées grâce au mouvement des écritures et à leurs modalités d'énonciation qui rusent avec les turbulences du vécu et avec toutes les censures.

03/2016

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Faits de société

Profession Femme

Eliane Victor est une exception : sans doute l'une des premières " superwomen " de la presse, née en 1918, toujours vaillante, séductrice, drôle et ne résistant pas à un bon mot. Mariée en 1936, à l'âge de dix-sept ans, avec l'un des héritiers de la haute société protestante, Alain Pieyre de Mandiargues, cette jolie jeune femme ne sait pas encore qu'elle voudra divorcer, chose impensable alors. Descendant d'un traîneau pendant les vacances de l'hiver 1938 à Saint-Véran, c'est l'explorateur Paul-Emile Victor qui vient la dérober à une vie de conventions. Entre deux expéditions polaires, Eliane apprend qu'une femme doit conquérir son indépendance affective, financière, familiale. Hélène Lazareff, alors aux côtés du tout-puissant patron de presse Pierre Lazareff, lui fait écrire son premier article : un reportage sur l'opération rarissime à cœur ouvert de son fils Jean-Christophe aux Etats-Unis. La voici journaliste ! Des coulisses de la presse féminine aux amitiés avec Simone de Beauvoir, Sartre, Henri Matisse, les époux Maeght ou Françoise Giroud, du féminisme en actes à son affection pour Claude Lanzmann, de la direction de Elle à la fièvre de Bayreuth, Eliane Victor c'est : une vie toujours et encore en mouvement. Pour la première fois, la mouvante Eliane s'arrête et regarde le monde qu'elle a traversé, en première de cordée.

06/2008

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Sciences historiques

Les années Beauvoir, 1945-1970

Emancipation des femmes, liberté sexuelle, contraception : les libertés que revendique Simone de Beauvoir en 1949, dans Le Deuxième Sexe, paraissent bien scandaleuses. En ces années de guerre froide, chaque camp se veut le défenseur de la morale et de la famille. L'égalité des hommes et des femmes a certes fait un grand pas au lendemain de la guerre, mais elle s'efface devant le rôle de mère, dans les textes de lois comme dans les esprits. Les féministes font bien pâle figure face aux dynamiques associations de femmes catholiques qui se mobilisent pour le retour de la femme au foyer, ou aux communistes qui s'opposent à la contraception. Une nouvelle génération de femmes commence cependant à s'interroger sur les possibilités de cumuler vie familiale et vie professionnelle, sous l'égide d'une poignée de personnalités. Cette mouvance associative surgit sur la scène publique au milieu des années 1950, lorsque le Planning mène une vigoureuse bataille pour la contraception. Peu à peu, les idées du Deuxième Sexe font leur chemin. " Nous sommes enfin sorties du Moyen Age ", s'exclame bientôt Clara Malraux. La femme est " démystifiée " par Betty Friedan. Mais, selon d'autres, elle reste la " dernière esclave ". Il faut attendre 1970 pour que les militantes du MLF mènent de nouveaux combats pour la libérer.

02/2000

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Histoire internationale

Histoire de l'Asie centrale contemporaine

L'Asie centrale est une terre de légendes, un berceau de la civilisation parmi les plus grands : le nom de Samarcande, les céramiques turquoise, les cavaliers immortalisés par Kessel, la bravoure des basmatchis... Mais la légende est aujourd'hui rouillée comme les ferrailles abandonnées par le reflux du communisme. Les dégâts sont immenses : la mer d'Aral mutilée sinon morte, les laboratoires de guerre bactériologique abandonnés à tous vents, la pollution nucléaire invisible. Surtout, ce sont les hommes des cinq républiques - Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Tadjikistan - qui se trouvent aujourd'hui au cœur d'un tourbillon politique, idéologique et économique. Des régimes autoritaires désespèrent leurs sujets et forment un terreau pour l'islamisme ; les " routes de la Soie " sont remplacées par de grand'routes du gaz et du pétrole - mais aussi de la drogue... Les puissances extérieures s'empressent au chevet d'une douloureuse transition économique : Américains, Chinois, Turcs, Iraniens, Russes, notamment, qui font un retour remarqué. Pierre Chuvin, René Létolle et Sébastien Peyrouse font appel à l'histoire, à l'économie et à la géopolitique pour comprendre en profondeur ces pays toujours méconnus, pour qui la dissolution de l'URSS en 1991 fit naître de grands espoirs et surtout de grandes craintes. L'Asie centrale bout, pour l'heure sans exploser. Qu'en sera-t-il demain, sur cette ligne de séismes politiques qui va du Cachemire au Caucase ?

02/2008

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Sciences politiques

Les coulisses de la terreur

" Deux mois avant les attentats du 11 septembre, la CIA négocie encore avec Oussama Ben Laden. Puis les Etats-Unis déclenchent les hostilités en Afghanistan. Ils laissent s'échapper le milliardaire saoudien et ses protecteurs, comme ils laissent s'évanouir leurs capitaux dans une jungle financière. Qui sont les complices au cœur même de l'establishment américain ? Aurons-nous bientôt un " Ben Ladengate "? Pour l'éviter, les idéologues de l'administration Bush inventent une nouvelle guerre froide : la guerre sans fin contre la terreur... Désormais, tous ceux qui ne partagent pas les valeurs du meilleur des mondes selon Washington sont suspectés de soutenir le terrorisme, sinon d'être des terroristes eux-mêmes, agents d'un nouveau complot contre le monde libre et les champions du Bien. Ce complot est baptisé d'un nom générique : Al-Qaïda. " R. L. Du Pakistan à Bali, de Riyad à Casablanca, de Genève à Lugano, enquêtant sur les lieux des attentats et les places bancaires, Richard Labévière parvient à une conclusion : Al-Qaïda n'existe pas. Le terrorisme ne relève pas d'une organisation mondiale, mais d'une nébuleuse de réseaux qui s'enracinent localement, dans les économies les plus inégalitaires et les régimes politiques les plus arbitraires. Pourtant, la mythologie Ben Laden continue. Pour survivre, l'Empire a besoin d'un ennemi et de faire la guerre : une guerre sans fin.

11/2003

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Critique littéraire

Théâtre

Ménandre, en plus de son charme, donne toujours entière satisfaction, que ce soit au théâtre, dans les entretiens ou dans les banquets : pour la lecture, l'éducation, les concours dramatiques, sa poésie constitue le sujet le mieux accepté parmi tout ce que la Grèce a apporté de beau, car il démontre ce qu'est précisément et en quoi consiste un discours talentueux qui parcourt tous les sujets avec une force de persuasion invincible et manifeste une maîtrise de tous les sons et de toutes les significations de la langue grecque. Quelle est en effet la raison qui justifie vraiment qu'un homme cultivé aille au théâtre, sinon le désir d'entendre Ménandre ? Y a-t-il d'autres occasions où l'on voit le théâtre se remplir de lettrés quand un personnage comique est mis en scène ? Qui mérite mieux, dans les banquets, qu'on l'admette à sa table et que Dionysos lui fasse une place ? De même que les peintres, quand ils ont la vue fatiguée, se tournent vers les couleurs des fleurs et des prairies, les philosophes et les gens qui s'adonnent aux études se reposent de leurs efforts soutenus et constants grâce à Ménandre qui permet à leur esprit de trouver, pour ainsi dire, une prairie fleurie, ombragée et parcourue par les brises.

08/2000

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Philosophie

L'irréversible et la nostalgie

Qu'est-ce que la nostalgie sinon une mélancolie humaine rendue possible par la conscience de quelque chose d'autre, d'un ailleurs, d'un contraste entre passé et présent ? Et cette nostalgie n'est-elle pas aussi provoquée essentiellement par l'irréversibilité du temps? Car on ne saurait remonter le cours du temps, tel est l'obstacle insurmontable qu'il oppose à nos entreprises. C'est notre impuissance devant cette impossibilité qui fait toute l'amertume de la nostalgie et l'absurdité des chimères du rajeunissement. La nostalgie n'est pas le mal (lu retour: on peut toujours revenir à son point de départ, à son lieu natal (l'espace se prête docilement à toutes nos allées et venues) mais il est impossible de redevenir celui qu'on était au moment du départ. Mais si le temps s'oppose irréductiblement à la rétrogradation il ouvre devant nous une carrière infinie à la liberté. L'homme peut s'ouvrir à l'idée du futur et confirmer ce que le temps affirme. Se servant d'exemples tirés de la vie quotidienne aussi bien que d'oeuvres poétiques, philosophiques ou musicales, Vladimir Jankélévitch démontre en fin de compte que l'irréversible n'admet qu'un seul remède : le consentement joyeux de l'homme à l'avenir, au futur.

01/2011

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Religion

Pari de civilisation

En reprenant à leur compte le passé islamique qui a fait évoluer sinon muter la civilisation, les musulmans sortiront des frontières de leur identité restreinte pour agir sur la scène du monde. Est proposée ici une série de relectures du Coran et de la Tradition pour conduire ce travail de mémoire et de dépassement. Il est demandé à l'islam, pour sortir de son marasme, de rejoindre une modernité à hauteur de celle qu'ont réussie juifs et chrétiens. Pour cela, il ne suffit pas, comme s'y engagent les États islamiques - l'Arabie saoudite par exemple -, d'encourager un " islam du juste milieu " opposé aux interprétations radicales des islamistes. Certes, cet appel à la modération contre toutes les surenchères est fondé sur le Coran. Mais ce pas louable reste, ô combien, timide, surtout par rapport à l'islam en Europe. En effet, les citoyens musulmans du Vieux Continent sont capables de vivre sans restriction dans l'esprit du droit positif et de la charte des droits de l'homme, en se détournant de toute référence à la sharî'a. Ils sont en mesure de pratiquer un culte spiritualisé, nourri, entre autres, par le riche fonds du soufisme. Ce n'est pas dans le déni de soi mais par son affirmation libre que le sujet d'islam sera un acteur efficace dans l'horizon d'une cosmopolitique post-occidentale.

08/2009

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Religion

La Bhagavadgita

Aucune œuvre indienne n'a été plus lue et plus traduite dans le monde que la Bhagavadgità ou " Chant du Bienheureux ". Ce poème mystique et philosophique, rédigé en sanscrit aux alentours du IIIe siècle avant J.-C., fut élevé au rang de texte sacré par les Hindous, avant d'exercer une véritable fascination sur les lecteurs occidentaux, deWilhelm von Humboldt à la philosophe Simone Weil, en passant par Goethe ou encore Tolstoï. Épisode le plus célèbre de la monumentale épopée du Mahabharata, il rapporte l'enseignement délivré par le dieu Krishna au guerrier Arjuna. Sur le point de prendre part à la guerre qui va l'opposer à ses propres cousins, celui-ci ne sait que faire : doit-il être fidèle à son devoir de guerrier et tuer les membres de sa famille ? Doit-il renoncer à combattre au prix de son honneur militaire ? En réponse à ce dilemme, Krishna lui enseigne la doctrine de l'ascèse dans l'action. La portée de cet appel au détachement et à la méditation, nourri des hymnes sacrés de l'Inde ancienne, ne s'est jamais démentie. Gandhi, qui au XXe siècle s'est fondé sur ce texte pour mener son combat non violent contre toutes les formes d'injustice, affirmait à son sujet : " La Gità n'est pas seulement ma Bible et mon Coran, elle est plus encore : elle est ma mère. "

03/2007

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Histoire ancienne

La civilisation romaine

La civilisation de Rome est-elle différente de la nôtre ? Nous en sommes les héritiers, mais connaissons-nous bien notre héritage ? Et que recouvre ce terme de civilisation ? Apparemment un ensemble complexe de coutumes, de techniques, de règles sociales formulées et informulées, des goûts, un style ou des styles de vie, une manière pour les hommes de s'insérer dans le monde. Aspirations spirituelles et contraintes matérielles s'y affrontent. Dans certaines civilisations, le poids du passé paralyse les forces de vie. A Rome, ces deux forces s'équilibrent, du moins en fut-il ainsi pendant des siècles, où l'on voit se produire une création continue, sans reniement, qui a pour effet (et sans doute pour dessein) de donner à l'homme les moyens d'affirmer et de vivre sa dignité, sa liberté, au sein de la société. Les problèmes romains ne sont jamais très loin de ceux que connaît notre temps. Ils nous aident, sinon à résoudre ceux-ci, du moins à en prendre conscience. Avec ses lumières et ses ombres, ses vertus et ses vices (qu'une tradition méchante se plaît à peindre sous les plus noires couleurs), Rome n'en reste pas moins l'un des grands moments de l'humanité, l'un des plus inspirants et que nous ne saurions oublier sans mutiler le plus profond de notre être.

01/2009