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Critique littéraire

Hélène

En 412, un an après le désastre de Sicile, Euripide présente une tragédie intitulée Hélène. Mais sa version du mythe s'écarte de la tradition. En effet, dans sa pièce, la célèbre héroïne n'est jamais allée à Troie. Seul son "double" a fait le voyage. La "véritable" Hélène est restée en Egypte, auprès de Protée. Or, depuis la mort de ce roi plein de sagesse, son fils Théoclymène la convoite, elle, la plus belle des femmes. Au moment où son époux naufragé rejoint la côte égyptienne, voilà la guerre rallumée ! La nouveauté du sujet n'a pas échappé à Aristophane qui s'en est emparé l'année suivante, dans les Thesmophories. Mais cette "Nouvelle Hélène", selon la perspective et les termes du poète comique de l'Antiquité, peut-elle encore aujourd'hui susciter notre intérêt ? En fait, dans bien des cas, un retour aux manuscrits permet de renouveler avec profit la lettre du texte. Par ailleurs, sur le plan de l'interprétation, l'importance accordée au personnage central de la prophétesse égyptienne Théonoé, dont le nom signifie "esprit divin", incite à se dissocier de la tendance actuelle qui voudrait voir dans Hélène une comédie. Au contraire, cette pièce peut être lue comme une tragédie aux multiples résonances philosophiques et religieuses. Car Euripide, en réécrivant le mythe d'Hélène, n'invite pas seulement les Athéniens à oublier leurs difficultés liées à des circonstances historiques particulièrement douloureuses, mais il leur propose une réflexion plus vaste sur l'assujettissement de l'action humaine aux caprices de la Fortune. Après l'édition commentée des Phéniciennes d'Euripide (L'Harmattan, 2004), Christine Amiech, professeur au lycée Condorcet de Paris, présente un texte révisé de l'Hélène du même auteur. En s'appuyant sur un travail philologique rigoureux, elle propose une lecture renouvelée de la pièce. Persuadée que les textes antiques sont encore vitaux, elle tente de lier son enseignement des humanités à ses travaux de recherche et d'approfondissement des textes.

05/2011

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Critique littéraire

Représentations et identités sexuelles dans le théâtre de Shakespeare. Mises en scène du genre, écritures de l'histoire

Dans la perspective historicisante, c'est ce qui dans le texte demeure quelque peu étranger à son lecteur qui constitue sa plus grande richesse. Ce que le texte de théâtre shakespearien dit du genre s'inscrit pleinement dans cette perspective pour un critique contemporain, et la prise en compte des conditions matérielles de la représentation théâtrale, au premier rang desquelles figure l'exclusion des femmes du plateau, ne saurait à elle seule permettre d'en restituer toute la richesse. Le discours sur le genre que constituent les personnages, leurs mises en situation, leurs répliques et leur dimension évolutive s'articule en effet à un certain nombre de définitions identitaires sexuées dans l'Angleterre élisabéthaine et jacobéenne, attestées par d'autres sources primaires, et codifiées pour les besoins du support théâtral, c'est-à-dire rendues visibles et lisibles pour les spectateurs. Une double logique guide donc ces mises en scène de l'identité sexuelle sur le plateau shakespearien : on v décèle d'une part un certain nombre d'éléments socio-culturels aisément reconnaissables pour le spectateur, qui construisent une image dramatique correspondant à la codification historique de l'identité sexuelle à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, et d'autre part. il s'y manifeste un ensemble de références à l'immédiateté du plateau et à l'univers potentiellement indifférencié qu'il constitue, par sa dimension unisexe masculine. Lorsque se constitue un univers dramatique, c'est l'image fidèle à la codification sexuelle qui prédomine, en vertu du principe aristotélicien de mimesis. A contrario, lorsque la théâtralité est affichée, les repères du genre se brouillent, pour en esquisser une nouvelle topographie, où la logique du plateau vient se superposer à l'imitation des codes socio-culturels. Ce sont ces jeux de va-et-vient entre deux systèmes concurrents de définition du genre que le présent volume se propose d'explorer.

09/2010

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Sports

Le football méditerranéen

Depuis ses origines remontant au début du XXe siècle, où l'Olympique de Marseille et le Football Club de Cette (rebaptisée Sète en 1927) s'honoraient déjà de rivaliser dans leur style typique et coloré avec les riches précurseurs de la capitale, le football sudiste eut tôt fait de s'installer aux premières loges. En témoignèrent assez vite les éclatants succès de l'OM gagnant 5 Coupes de France avant 1939 et par-dessus le marché une 6e en 1943, trophée que le régime de Vichy ne voulut jamais lui remettre ! Et ceux de l'inoubliable FC Sète, lauréat de 4 triomphes (dont le premier doublé national en 1934), et qui fut, à l'initiative de son grand dirigeant Georges Bayrou, le premier club français à s'ouvrir pleinement au football étranger. Puis il y eut, aussitôt après la seconde guerre mondiale, le non moins fameux OGC Nice qui s'offrit dix ans durant une hégémonie sans pareille (4 Championnats et 2 Coupes). Avant que reparaisse, entre pleurs et rires durant vingt ans, l'inimitable autant qu'indestructible OM de l'ère moderne. Celui aujourd'hui honoré d'un 9e Championnat en plus de son record en Coupe de France (10 victoires à ce jour) et, bien entendu, de son mémorable triomphe européen qu'il fut le seul en France à s'être adjugé. Est-il besoin de l'ajouter, on aima beaucoup l'autre étoile sudiste de première splendeur que fut durant cinquante ans l'AS Monaco, aux 7 victoires en Championnat et aux 5 Coupes de France, sans parler de ses deux finales européennes. Et l'on eut aussi l'AS Cannes, le SC Bastia et les « deux » Montpellier – qui gagnèrent l'un et l'autre la Coupe à soixante ans d'intervalle – sans oublier celui qui aura pour ainsi dire été le prince sans couronne de cette épopée, le non moins attachant Nîmes Olympique de l'ère Firoud.

09/2010

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Ethnologie

Glimpses of african cultures. Echos des cultures africaines, Edition bilingue français-anglais

This book covers various aspects of African traditional cultures that include: communication, marriage ceremonies, funerals, traditional rites, witchcraft, traditional cultural activities, and traditional beliefs. It will undoubtedly appeal to anyone who wants to understand better our African cultures. The reading of some of the stories will certainly raise existential questions about the nature of spirits, truth, and the place of God in the collective mind of the Africans. Some of the questions are the following: how is it possible that a human being has his double in an animal known as his totem ? How corne that, for people who do not believe in reincarnation, it is the chief who determines the future of the soul of the deceased ? In "Mourning habits in the West province of Cameroon," it appears that, if the soul is not taken care of, it will cause physical havoc in the society. Could there be a link between our souls and the physical elements of nature ? Is skull worshiping among the Bamileke merely a traditional practice or are they really able to communicate with their ancestors through the skulls ? What has led the Aghem people to firmly believe that lakes can physically move, that the dead live in their lakes, that children live in their pre-human state as caterpillars and may transform into reptiles when they are still babies ? What makes it possible for the human mind to communicate with animais, exchange messages as is shown in "How animais and things can speak and communicate in the Yambassa culture" ? Apart from the physical world as we know it, could there truly be a spiritual world that witches and wizards have access to and which system of values could this spiritual world be subjected to ? Every single paper of the more than 80 papers and squibs this book comprises is truly an invitation to explore further the untapped richness of African cultures.

04/2011

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Cinéma

Henri Storck, le cinéma belge et l'Occupation

Août 2006 : une polémique éclate dans les médias francophones du pays. Henri Storck, le " père du cinéma belge ", est accusé d'avoir été proche des autorités allemandes sous l'Occupation. Ce cas supposé de collaboration sème d'autant plus le trouble que le cinéaste est, depuis le bouleversant Misère au Borinage (1933), systématiquement classé à gauche sur l'échiquier politique. La controverse qui s'en suit mêle anathèmes et anachronismes, laissant peu de place aux nuances, paradoxes et complexités du social. Dès lors, une enquête historique, s'appuyant sur d'abondantes archives jusqu'alors inexplorées, s'imposait. C'est à une plongée dans l'histoire troublée et méconnue du cinéma belge que l'ouvrage nous convie. Les activités d'Henri Storck durant la Seconde Guerre mondiale ne peuvent, nous montre cette étude, être comprises qu'en procédant à un double désenclavement. Ce destin individuel est, d'abord, replacé dans le contexte de l'industrie cinématographique en guerre, placée sous tutelle allemande, ne survivant qu'au prix de compromis et de compromissions. Le second élargissement est d'ordre chronologique : ce " moment " qu'est l'Occupation est ici réinscrit dans des trajectoires biographiques complètes, mettant en évidence les continuités qui lient guerre et paix, dans le travail d'Henri Storck comme dans celui de nombre de ses confrères. Les rapports, complexes et ambigus, qui unissent art, finances et idéologie sont au centre de l'attention. Invitant à une histoire sociale des productions culturelles, l'ouvrage souligne combien la fréquente réduction historiographique de l'Occupation au seul fait politique occulte la complexité des sociétés en guerre. Le " cas Henri Storck" permet au final d'interroger les zones grises du corps social. A travers cette figure du cinéma documentaire mondial naît ainsi une réflexion sur le conformisme, l'indifférence voire l'opportunisme qui - en temps de paix comme de guerre - font la marche ordinaire de nos sociétés.

04/2010

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Paramédical

Ethique et Handicap

Aujourd'hui plus qu'hier, parce que la technique a multiplié ses exploits, le moraliste doit fixer le cadre principal des interventions humaines. Dès le XVIe siècle l'homme cessait de se trouver au centre du monde. De nos jours, un branle-bas comparable touche les sciences de la vie, la médecine tout particulièrement. Diagnostic in utero, droit à mourir dignement, euthanasie ou acharnement, handicap ou normalité, sont les vraies questions qui vont transformer la pratique médicale et la morale de nôtre siècle. Nous commenterons plusieurs situations particulières, qui laissent apercevoir la révolution en cours. l'arrêt Perruche et la notion de handicap nous interroge sur le " pratiquement vivable " en mettant aux prises deux bases de la morale, la nature ou l'homme et ses moyens libérateurs. Autre bataille : pourquoi sommes nous hostiles au clonage reproductif ? Les mariages consanguins et l'inceste sont interdits, alors que le croisement avec un autre renforce l'unité du groupe. La vie vise la variété. Le clone ne la sert pas, il l'atténue, la fragilise. Le clonage thérapeutique en revanche est un moyen destiné à sauver l'homme, à restaurer sa " normativité ". L'observation des handicapés psychiques ou mentaux, illustre la notion de"double handicap": ces personnes souffrent autant d'une cérébralité altérée que d'un milieu qui ne les a pas protégés et n'a pas veillé à leur croissance. Le moraliste se doit de regimber et de lutter contre cette sorte d'eugénisme, fruit du naturalisme. L'embryon possède dès le ter jour tous les caractères de son originalité humaine. S'il compromet la vie des siens, s'il doit s'attendre à une vie sacrifiée, sa venue est arrêtée par l'IVG. Le handicap qui le frappe ici n'est pas organique ou biologique mais relève de la société familiale. A l'heure d'une prochaine biologie génomique, le handicap équivaut à un moment transitoire qui déjà appelle de futures répliques correctrices, précédées dès maintenant des prémisses d'un bouleversement qui tend à amoindrir le négatif et la déficience, ce qui nous réjouit.

03/2004

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Récits de voyage

Le Tibet révolté. Vers Népémakö, la Terre promise des Tibétains, 1909-1910

Tous ceux que le Tibet fascine ont entendu parler du livre de Jacques Bacot (longtemps introuvable malgré un reprint il y a une dizaine d'années). Un livre qui fait un peu figure de mythe. Car Bacot (1877-1965) ne s'est pas contenté d'être un voyageur - en l'occurrence un voyageur doublé d'un écrivain - ; il est le véritable fondateur de la tibétologie moderne ; enfin et surtout il a investi dans son oeuvre autre chose que du savoir : un don qu'il faudrait qualifier de "poétique" et une chaleur communicative nourrie de curiosité pour l'Autre qui ont en tout temps conquis ses lecteurs. Segalen ne s'y était pas trompé, qui tiendra à saluer ce livre, qu'il admirait, dans un poème célèbre : "... écrit d'un verbe seul, en sa marche hautaine : /Ce Tibet révolté". La révolte dont il s'agit n'est pas seulement celle d'un pays farouchement attaché à disputer son indépendance - une lutte dont chacun sait qu'elle est loin d'être close. C'est celle d'un peuple ennemi des précautions frileuses, pauvre et malgré cela follement généreux, noble au naturel - mais d'une noblesse insoucieuse du paraître -, et qui se bat d'abord pour pouvoir rester droit et libre sous le ciel. Ce peuple, Bacot fut le premier à l'aimer. Et son livre comme aucun autre sait encore nous le faire aimer. Anne-Marie Blondeau, qui a connu Jacques Bacot, et qui elle aussi a consacré sa vie à l'étude de la civilisation tibétaine, trace dans sa préface un portrait documenté, un portrait vivant de l'auteur en son temps. La présente édition, qui reprend celle de 1912, est enrichie d'un certain nombre de photos prises par l'auteur au début du siècle - dont certaines sont des raretés. On a voulu restituer à l'ouvrage sa dimension de classique : une stèle indispensable à tous ceux qui s'intéressent à la civilisation du Toit du Monde, et aux sources non frelatées de la spiritualité bouddhique.

02/1997

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Philosophie

Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France (1977-1978)

Le cours prononcé par Michel Foucault au Collège de France de janvier à avril 1978, Sécurité, Territoire, Population, marque un tournant dans le développement de sa recherche. Partant du problème du bio-pouvoir, introduit à la fin du cours de 1976, " Il faut défendre la société ", il se propose d'étudier la mise en place, au XVIIIe siècle, de cette nouvelle technologie de pouvoir, distincte des mécanismes disciplinaires, qui a pour objet la population et entreprend de la gérer à partir de la connaissance de ses régularités spécifiques. Technologie de sécurité indissociable - telle est la thèse originale que formule ce cours - du libéralisme comme rationalité gouvernementale fondée sur le principe du " laisser faire ". Cette analyse fait apparaître l'importance de la notion de " gouvernement ". C'est pourquoi Michel Foucault choisit, dès la quatrième leçon, de resituer sa problématique dans le cadre d'une histoire de la " gouvernementalité ". Coup de théâtre théorique, par lequel il déplace soudain l'horizon du cours : non plus l'histoire des dispositifs de sécurité, qui passe provisoirement au second plan, mais la généalogie de l'Etat moderne, à travers les procédures mises en œuvre, en Occident, pour assurer le " gouvernement des hommes ". Deux moments essentiels sont alors étudiés : l'invention tout d'abord, par le christianisme, d'un nouveau type de pouvoir, étranger à la tradition gréco-romaine, prenant en charge les hommes pour les conduire individuellement vers leur salut ; la formation, ensuite, d'une " gouvernementalité " politique, au XVI°-XVIIe siècle, qui inscrit la conduite des individus dans l'exercice du pouvoir souverain. Du pastorat chrétien au gouvernement selon la raison d'Etat, c'est ainsi la double face, individualisante et totalisante, de la rationalité politique dont procède l'Etat moderne qui se trouve dévoilée. Il devient possible, à partir de là - ce sera l'objet du cours suivant, Naissance de la biopolitique -, d'analyser le statut de la liberté au sein de la gouvernementalité libérale née au XVIIIe siècle.

10/2004

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Critique littéraire

William Blake. Poète et peintre

William Blake (1757-1827) est bien connu du public comme dessinateur, graveur, peintre, aquarelliste; le succès renouvelé des expositions de la Tate Gallery l'atteste. La variété des œuvres picturales séduit chez cet artiste proche de Henry Fuseli., à mi-chemin entre le "gothique" et le fantastique selon Goya, qui a en outre illustre la Bible, Dante, Shakespeare ou Milton. Mais Blake est aussi un poile considérable qui -fait assez exceptionnel- a lui-même illustré ses œuvres poétiques. Certes, innocence et expérience, ou Le Mariage du Ciel et de L'Enfer ont toujours été associés à Blake; cependant cela a conforté sa réputation de naïf ou d'illuminé pour de mauvaises raisons, car l'essentiel de l'œuvre poétique est demeuré fort longtemps méconnu, voire même pratiquement inédit. Cet ouvrage propose un portrait qui s'efforce d'être complet, avec une biographie. restituée à partir des faits connus, des journaux, lettres, anecdotes dont on dispose. une introduction à l'ensemble des œuvres picturales ou poétiques, sans les amputer de la moitié d'entre elles, et en s'interrogeant sur les rapports que gravure et écriture (la plume et le burin) entretiennent. Songeons que la plupart des poèmes sont publiés sans les illustrations avec lesquelles Blake les a conçues, alors qu'il s'agit d'un double texte pictural et verbal, quelquefois sur la même page. Le grand prêtre James Joyce fut l'un des premiers à exhumer et à utiliser cette œuvre singulière. Les titres étranges ou insolites (Urizen, Ahania, Thel, L'Amérique, Tiriel, Milton, Jérusalem) nous font découvrir hommes, femmes, enfants -un univers humain appréhendé dans sa gloire et sa boue, entre abjection et sublime, véritable archipel de ses bas-fonds, ses coraux, ses écumes, ses vagues successivement Jésus selon Blake y émergeant en surimposition. Présenter Blake comme un précurseur ou un pré-romantique n'a plus guère de sens. Son œuvre s'impose comme un roc sur un océan, énigmatique et d'une troublante immédiateté.

10/2008

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 18, De l'Affaire aux Quatre Evangiles (1897-1901)

Cette nouvelle édition des Œuvres complètes de Zola est originale à un double titre : elle est la première du genre à adopter un dispositif chronologique, en vingt brèves périodes, de 1858, date de l'arrivée du jeune Émile Zola à Paris, à 1902, date de sa mort. On suivra ainsi, de volume en volume, l'évolution de sa carrière et de son œuvre, et leur relation à l'histoire contemporaine. Ces coupes successives dans le temps ont également le mérite de mettre en évidence les connexions mutuelles des œuvres par-delà la diversité de leurs contenus et de leurs formes ; elle réunit, pour la présentation et le commentaire historique et critique des œuvres, les meilleurs connaisseurs de Zola et de son œuvre. Après une introduction générale, chaque œuvre fait l'objet d'une notice. Dans chaque volume, on trouve d'abord les œuvres narratives (romans, contes et nouvelles), puis le théâtre, les chroniques, les œuvres critiques et la correspondance. Ce volume couvre une période qui commence avec la fin de l'année 1897, lorsque Zola fait le choix de s'engager en faveur d'Alfred Dreyfus, et se termine au début de l'année 1901, quand l'écrivain rassemble, dans le recueil de La Vérité en marche, l'essentiel de ses interventions publiques. La fiction romanesque y tient une place importante, avec Fécondité, le premier tome du cycle des Quatre Évangiles, qu'accompagne une courte nouvelle écrite pendant cette période, Angeline. Le discours critique est représenté par La Vérité en marche (qui comprend le célèbre " J'accuse ") ainsi que par le corpus des notes que l'écrivain a laissées sur l'affaire Dreyfus (notamment les " Impressions d'audiences " et les " Pages d'exil "). Cet ensemble se termine par une série de vingt-huit interviews, regroupées sous le titre de " Discours et entretiens " - dont une quinzaine de textes, retrouvés dans la presse de la fin du XIXe siècle, et qui sont édités ici pour la première fois en librairie.

10/2008

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Beaux arts

La peinture des Lumières. De Watteau à Goya

La peinture ne naît jamais dans un monde isolé, elle entre en résonance avec les mouvements sociaux et intellectuels de son époque, et participe elle-même de la pensée. Il s'agit là d'un échange à double sens : les artistes sont imprégnés de l'esprit de leur temps, que pourtant ils transforment et enrichissent. Au XVIIIe siècle, le mouvement des Lumières bouleversera l'ordre de la société ; notre modernité en est issue. La peinture des Lumières place l'être humain comme objet central de la représentation. Elle renonce à figurer les surhommes (dieux, personnages mythologiques, héros légendaires), pour se tourner vers des personnes ordinaires, engagées dans leurs activités quotidiennes. Elle met en scène leur variété, montrant hommes et femmes, enfants et vieillards, riches et pauvres, de toutes professions, y compris ceux qui se trouvent en marge de la société, fous, criminels et prostituées. Elle exprime les facettes multiples de la nature humaine : l'amour sous toutes ses formes, mais aussi la violence, les réjouissances et les désespoirs, les activités religieuses et politiques. Parallèlement, les règles de la représentation se transforment. En rupture avec les écoles du passé, cette peinture abandonne les sens symboliques traditionnellement attachés aux objets et aux actions, et les montre pour ce qu'ils sont. La peinture des Lumières propose une interprétation du monde, favorisant l'invention, la fantaisie, le " caprice ". Cet ouvrage, illustré par une centaine de tableaux, dessins et gravures en couleurs, analyse la peinture des Lumières dans deux séries de chapitres. Les uns sont consacrés à la figure de quatre grands peintres européens : Antoine Watteau, Alessandro Magnasco, William Hogarth, Francisco Goya. Les autres chapitres examinent quelques sujets révélateurs : les personnages situés aux marges de la vie sociale (enfants, gueux, étrangers), les activités illustrant les marges de l'esprit (fantasmes, érotisme, travestissements), ou encore certains sous-genres picturaux, comme les portraits, les paysages, ou les natures mortes.

10/2014

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Sciences historiques

Parcourir l'histoire. La plage, l'invention du plaisir à la mer, 1 CD audio

La plage est une invention moderne et le bain de mer a longtemps été considéré comme une activité immorale. pratiquée par les gens sans manières. Au Moyen Âge, des savants attribuaient le découpage irrégulier des grèves à la punition du déluge. Il faut dire que la mer était le lieu de tous les dangers : elle avait transporté les envahisseurs normands, les rats porteurs de la peste noire avaient voyagé par bateau, les pirates et les contrebandiers se cachaient sur les grèves. Bref, avant que la science ne la débarrasse des monstres, des sirènes. des nymphes et des tritons, la mer affolait les riverains et inquiétait les marins. Au XVIIIe siècle, les progrès de l'océanographie incitent les médecins anglais à remplacer les cures thermales par des cures marines. La baignade se résume alors au bain à la lame qui consiste à plonger les patients tête première dans la vague froide. La technique est rudimentaire, mais la mode du séjour à la mer est lancée. Elle marque la naissance des stations balnéaires réservées aux riches qui les fréquentent pour se soigner, souvent pour se distraire et toujours pour se faire voir. Ce n'est qu'au milieu du XXe siècle, avec le début des congés payes, que la classe moyenne goûte enfin aux bienfaits de la mer. La grande bourgeoisie de la plage, surprise de cette invasion, qualifie les nouveaux venus de salopards en casquette. Quelques années plus tard, des manufacturiers comme Jantzen, Cole et Catalina, surnommés les Ford, Chrysler et General Motors du costume de bain, viennent à leur secours. L'amour à la plage est alors suggéré par des maillots aux noms évocateurs, tels Double-risque, Piège à homme, Pâmoison, Chicken suit, Scandai suit, présentés par de futures vedettes : Johnny Weismuller, James Garner, Rita Hayworth, Marilyn Monroe. Et c'est depuis que l'on chante, Le bonheur, c'est la mer.

01/2007

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Musique, danse

Le visage du Christ dans la musique des XIXe et XXe siècle

Dans un premier volume consacré à la musique baroque (paru en 1992), Jean-François Labie s'interrogeait sur les liens exista entre la musique et le contenu spirituel des œuvres majeures du répertoire religieux. Pratiquant une lecture théologique de musique, il mettait en évidence la façon dont les grands compositeurs de l'époque (Monteverdi, Bach, Haendel...) avaient célébré le visa du Christ. C'est une démarche semblable qu'il adopte ici, à ceci près que les temps ayant changé, les questions auxquelles se confrontent les musiciens ne sont plus du même ordre. Alors que, aux siècles précédents, les différends théologiques qui séparaient catholique et réformés se retrouvaient dans la musique, l'époque moderne apporte d'autres clivages : la marque imprimée par le christianisme sur les consciences individuelles aussi bien que sur les travaux et les jours de la société se fait moins profonde ; dans un monde qui se sécularise, la religion est amenée à jouer d'autres rôles. Jean-François Labie a choisi quelques compositeurs, étudiant leur œuvre et le message, affirmé ou diffus, qu'elle contient Beethoven et Schubert inaugurent le siècle en un double manifeste l'autonomie de l'artiste qui choisit le langage dans lequel s'exprimeront sa foi et sa prière. La pluralité des approches ainsi fondé on verra Liszt (qui va jusqu'à prendre les ordres mineurs) marque profondément l'évolution de la musique et de la religion de son temps ; un siècle plus tard, Messiaen fait œuvre de théologien. 1 Wagner s'attaque à Parsifal... Britten, en net retrait vis-à-vis d l'institution ecclésiastique, égrène dans une multitude d'œuvres des métaphores christiques aisément repérables. Une réflexion religieuse profonde se confronte inévitablement à la mort (différents traitements du Requiem sont présentés ici : Verdi e Berlioz, Fauré, Saint-Saëns et Duruflé, Brahms...) ; l'ouvrage s'achève sur l'évocation de l'Apocalypse par le compositeur contemporain.

03/2005

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Sociologie

Anatomie sociale de la France. Ce que les big data disent de nous

Les statistiques isolent les individus de leur milieu pour les transformer en des sortes de Robinson affublés de diverses caractéristiques personnelles, leur âge, leur profession, leur sexe, leur éducation, leur nationalité, etc. Pire, l'individu est débité en tranches. Tantôt il est ouvrier qu'on compare aux autres professions, tantôt, âgé de 40 ans, il est comparé aux autres classes d'âge, tantôt il est mâle, immigré, bachelier, etc. , mais jamais considéré comme un tout. Pour comprendre le comportement des Français, cet ouvrage a la double ambition de recoller ces morceaux d'individu en croisant les différentes caractéristiques puis de réinsérer l'individu dans son proche milieu, son couple éventuel, son ménage, sa parentèle, son lieu de résidence. Cela est réalisable grâce aux données du recensement qui décrivent la composition des ménages et des logements, pour plus de 20 millions de personnes. Grâce aussi à une cartographie précise, qui permet de déterminer la variabilité locale et régionale des comportements sociaux, économiques et politiques. L'ouvrage progresse par étapes en élargissant progressivement le cercle des proches, à commencer par le couple : qui vit avec qui en termes de profession, de diplôme, d'origine, de chômage... Par exemple, on constate que la conjointe d'un ouvrier n'est une ouvrière que dans 13 % des cas, mais une employée dans 50 % des cas et pour le reste appartient à une profession intermédiaire (technicienne, infirmière, assistante sociale par exemple). La notion de " ménage ouvrier " est dès lors largement vidée de sa signification. Puis on passe à la famille et au ménage (nombre des enfants, fécondité, familles monoparentales, isolés, etc.), au cercle de la parenté et enfin du voisinage. Sans aller jusqu'à l'adage " Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ", cette enquête exceptionnelle, qui croise des millions de données, montre que l'influence du milieu proche compte au moins autant que les caractéristiques de l'individu pour comprendre son comportement. Hervé Le Bras brosse un portrait des Français sous un jour absolument neuf.

03/2016

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Policiers

La femme du Kilimandjaro

Une enquête qui prend racine à la source de la vie. Simon Legrand, pédiatre solitaire et mélancolique, vit exilé au Vietnam. Il est confronté à l'émergence d'une nouvelle maladie incurable apparue aux quatre coins du monde. Il est d'autant plus concerné, que sa femme Maïssa Diallo rencontrée quelques années plus tôt au Burkina Faso, en est décédée. Simon est en outre la proie d'un rêve qui le conduit à vivre et revivre un drame survenu en haute montagne lors de l'ascension d'un couloir glacé, en compagnie de son frère. Pourtant il n'a jamais eu de frère. Anna Mestrallet travaille dans un laboratoire de recherche situé dans les Alpes françaises. La vie de cette scientifique révoltée bascule lorsqu'elle découvre dans une carotte glaciaire provenant du Kilimandjaro, un fragment d'os humain datant de 11 000 ans, car l'ADN de ce fragment osseux se trouve être celui de Maïssa Diallo. La femme du Kilimandjaro est une enquête menée par Anna et Simon bien que tout les sépare et que rien ne les prédestinait à se rencontrer. La résolution de cette énigme improbable les plongera au sein des unités de recherche scientifique, au coeur des effets induits par le réchauffement climatique mais aussi dans l'univers de la division cellulaire, aux sources même de la vie. C'est une véritable quête identitaire qui les attend, autour de la question du double et de la gémellité. La haute montagne, les immensités blanches de l'Inlandsis au Groenland, les chaleurs torrides du sahel au Burkina Faso, les relents d'essence que les motos d'Hanoï crachent nuit et jour, et puis Paris, Berlin et enfin Chambéry, petite ville des Alpes, constituent le décor de cette fiction. En toile de fond, le réchauffement climatique provoque plus que jamais la fonte des glaces et ainsi l'émergence d'un secret parmi les mieux conservés.

12/2020

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Littérature française

Le buveur de temps. Romans & récits intimes

"Il y a du bonheur à voir rassemblés les livres que l'on a écrits tout au long de sa vie. Ce bonheur se double de la sensation d'un privilège quand il s'agit d'une collection prestigieuse et familière. Etre en "Bouquins", c'est un concept. Une occasion de s'interroger, aussi. Est-ce que je suis vraiment en "Bouquins" ? Et est-ce que je suis vraiment en bouquins ? Même sans majuscule, le s est de rigueur, puisqu'il y aura en l'occurrence deux "Bouquins", celui-ci qui regroupe mes romans et textes intimes, et un second qui sera celui des textes courts. C'est l'occasion aussi de saluer la chance, qui m'aura permis de poursuivre aussi longtemps un chemin d'écriture, et de rencontrer des éditeurs et des lecteurs. Chance amusée de peser un peu lourd dans les mains, après tant de volumes si minces. Mais quoi, à défaut de se laisser aller à l'embonpoint, c'est bon de pouvoir peser cela, de pouvoir se dire oui, ma vie avait peut-être ce sens-là. Etre en bouquins. Le Buveur de temps. C'est le titre d'un de mes premiers romans, et cela pourrait être aussi la définition d'une attitude et d'un regard qui valent pour tout ce que j'aurai fait. Il ne s'agit pas de prétendre à quelque mainmise sur le temps, mais d'une tendance plutôt constante à essayer de l'apprivoiser, voire à le déguster quand il se peut." Philippe Delerm. Ce volume contient : La Cinquième Saison ; Un été pour mémoire ; Le Buveur de temps ; Autumn ; Les Amoureux de l'Hôtel de Ville ; Mister Mouse ou la Métaphysique du terrier ; Sundborn ou les Jours de lumière ; Monsieur Spitzweg : Il avait plu tout le dimanche, Monsieur Spitzweg s'échappe, Quelque chose en lui de Bartleby ; Le Portique ; La Bulle de Tiepolo ; Elle marchait sur un fil ; Entrées libres ; Le Miroir de ma mère ; A Garonne ; Ecrire est une enfance ; Journal d'un homme heureux.

09/2020

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Littérature française (poches)

Raphaël. Pages de la vingtième année

Raphaël, second roman d’amour de Lamartine après Graziella (dont le succès ne se dément pas) garde des zones d’intensité et de mystère qui refont vibrer une grande voix du Romantisme. Raphaël est le nom que Lamartine donne, un peu plus de trente ans après, à l’amant qu’il a été. Pour accroître la confusion entre vérité et fiction, Julie Charles, héroïne du « Lac » qui fut le plus célèbre poème du XIXe siècle français, garde son prénom. Tissu de mensonges, son récit ? Notre double chronologie, en annexe, se charge de mesurer la transposition des faits en fiction. Lamartine reste fidèle ici à la vérité la plus essentielle : que « Tout dise : ils ont aimé » (« Le Lac »). D’avoir baigné dans sa matière lumineuse, d’avoir connu cette grâce douloureuse de la présence et de sa privation, le Lamartine vieillissant qui écrit là son Werther, en reste à jamais extasié. Le paysage lui-même devient habité. La Savoie aura toujours un visage, celui de Julie. Cela suffit à faire un monde, centré sur deux êtres qui vont puiser de l’épaisseur dans leur souffrance. Ce roman court est un poème copieux. Le recueil des Méditations est là, latent. La poésie reste aussi en-dessous, hymne et chant funèbre. Le lac, par exemple, est omniprésent, cadre, spectacle mais aussi musique, espace clos, temps contenu, déroulement d’idylle ; pour les contemporains de Lamartine et pour nous, ce livre est un récit poétique. Rappel d’idylle, glose d’un poème, le roman autobiographique de Raphaël revient sur les lieux du « Lac » et remonte vers l’origine de la poésie lamartinienne : la genèse d’une âme, sa renaissance par l’amour, accompagnent la réinvention intime de la littérature. Cette dernière ne s’élabore pas dans des considérations théoriques, mais dans le saisissement de la vie même. Grâce à cette édition critique, la seule dans le commerce, nous souhaitons redonner vie à ce roman, et aussi à son auteur, dont nous déplorons l’injuste effacement.

06/2011

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Beaux arts

Les invasions barbares. Une généalogie de l'histoire de l'art

L'histoire de l'art a commencé avec les invasions barbares. Vers 1800, ces invasions sont devenues soudainement l'événement décisif par lequel l'Occident se serait engagé dans la modernité : le sang neuf des races du Nord, tout en conservant l'ancien, aurait apporté un art nouveau, nécessairement anti-romain et anticlassique, et dont l'héritage était encore manifeste en Europe. Ce récit fantastique, inséparable de la formation des Etats-nations et de la montée des nationalismes en Europe, se fondait sur le double postulat de l'homogénéité et de la continuité des peuples «étrangers» : il fit bientôt tomber les styles artistiques sous la dépendance du sang et de la race. L'histoire de l'art associa ses objets à des groupes raciaux en s'appuyant sur quelques singularités visibles : tantôt leurs qualités «tactiles» ou «optiques» les dénonçaient comme «latins» ou «germains», tantôt la prédominance des éléments linéaires trahissait une origine méridionale, quand le «pictural» indiquait clairement une provenance germanique ou nordique. Les musées, pour finir, regroupèrent les productions des beaux-arts selon leur provenance géographique et l'appartenance «ethnique» de leurs créateurs. Il serait parfaitement vain de chercher à démontrer que l'histoire de l'art fut une discipline raciste : elle ne l'aura été ni plus ni moins que les autres sciences sociales qui, toutes, furent touchées ou orientées par la pensée raciale visant à classer et hiérarchiser les hommes en fonction de traits somatiques et psychologiques qui leur étaient attribués. Mais, montre Eric Michaud, les liens qu'elle a tissés entre les hommes et leurs objets artistiques ne sont pas encore tranchés : l'opinion la plus commune sur l'art est qu'il incarne au mieux le génie des peuples. Aujourd'hui encore, sur le marché mondialisé, la provenance ethnico-raciale exhibée des oeuvres - «Black», «African American», «Latino» ou «Native American» - donne à ces objets d'échange une plus-value estimable. Ainsi s'expose en permanence une concurrence des «races» qui n'est jamais que la même qui présida aux commencements de l'histoire de l'art.

11/2015

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Histoire de France

Guy Mollet. Itinéraire d'un socialiste controversé (1905-1975)

Pour beaucoup, le nom de Guy Mollet résonne comme un rappel de tous les reniements de la gauche : double langage, archaïsme, dogmatisme, Troisième force, guerre à outrance et torture en Algérie, politique de la canonnière à Suez, courte échelle faite au général de Gaulle en 1958... Le secrétaire général de la SFIO (1946-1969) incarne le traître coupable d'avoir mené la politique de ses adversaires. Pourquoi et comment ce fils d'un gazé de 14, syndicaliste de l'enseignement et socialiste parce que la SFIO était le parti de la paix, choisit-il d'entrer en Résistance contrairement à nombre de ceux qui ont été à l'origine de son engagement ? Pourquoi et comment le militant qui n'a jamais exercé de responsabilités notables devient-il à la Libération le porte-parole du courant de mécontentement qui balaie la direction en appelant, contre les amis de Blum, jugés coupables de " confusionnisme [...] inspiré par un faux humanisme ", à un redressement fondé sur " cette réalité fondamentale qu'est la lutte des classes " ? Pourquoi et comment Mollet, lorsque le pays bascula dans l'affrontement Est-Ouest, assuma-t-il le combat pour sauver la démocratie républicaine déstabilisée par le communisme et le gaullisme ? Ce combat conditionna la suite, car la SFIO y perdit une part de son identité, même si elle joua un rôle décisif dans la mise en place de nouvelles relations sociales et si l'on a tort de passer l'ensemble sous silence ? Pourquoi taire son action en tant que constituant de la IV République comme de la Ve et son refus du principe de l'élection du président de la République au suffrage universel dans une opposition résolue au pouvoir personnel ? Comprendre, sans concession ni parti pris, à travers l'ouverture progressive des archives qui autorisent aujourd'hui un autre regard, l'itinéraire d'un leader socialiste controversé, tel est le but que s'est assigné ce livre - et qu'il remplit.

10/2006

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Sports

Destin, quand je te tiens...

437 matchs en D1 française et anglaise, 49 buts. 50 sélections en équipe de France et 4 buts. Vainqueur de la Coupe du Monde 1998, du Championnat d'Europe des Nations 2000 et de la Coupe Intercontinentale 2001 avec les Bleus. Double vainqueur de la Coupe d'Angleterre en 1997 et 2000, de la Charity Shield, vainqueur de la Coupe des vainqueurs de Coupes 1998, de la Super Coupe d'Europe 1998 et de la Coupe de la Ligue de la même année avec Chelsea... Frank Leboeuf est l'un des joueurs français au palmarès parmi les plus fournis. Mais qui est vraiment ce gamin né à Marseille en 1968 ? Qui est ce grand défenseur que beaucoup décrient et qui en a assez de servir de tête de Turc à la presse ? Un jeune ayant dû se battre pour se frayer un chemin dans le monde à part du foot où il a vu beaucoup de choses pas toujours honorables. Un jeune artiste du ballon rond qui, grâce à son pragmatisme et à son entourage, est parvenu à résister aux charmes de la facilité, travers dans lequel d'autres ont sombré, et qui a su relever de multiples défis. Des challenges personnels, humains, sportifs. Cet ouvrage, où Frank Leboeuf révèle ce qu'il a sur le cœur, est pour lui l'occasion de tout raconter. Les bonnes comme les mauvaises rencontres; les passages à Hyères, Meaux, Laval, Strasbourg comme les raisons de son séjour anglais ; l'ambiance particulière de l'OM à son arrivée comme les coulisses de l'Equipe de France ; les raisons de la victoire des Bleus en 1998 comme les causes de leur échec en 2002 ; les rapports avec le microcosme qui gravite autour des joueurs comme la fascination des fans... Sans langue de bois ni faux semblant. Un livre intime, personnel, direct, percutant, écrit comme on referme avec vigueur un chapitre d'une vie de sportif international bien remplie.

09/2002

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Histoire internationale

Journal 1943-1944

Leïb Rochman écrit son Journal entre 1943 et 1944 au moment où il vit caché derrière une double cloison chez une paysanne polonaise puis dans une fosse creusée dans une étable avec d'autres compagnons polonais, allemands, russes ou ukrainiens. Il ne livre jamais sa localisation exacte, il cite toujours, avec une extrême prudence, un village ou un lieu-dit à une certaine distance. Ils passent des jours entiers, en rang d'oignons, les visages tournés vers le mur sans possibilité de s'asseoir. Avec talent, Leïb Rochman réussit à faire entendre le monde extérieur, l'écho des animaux, les détonations des tueries, les conversations de leur hôte avec les villageois. Le texte frappe par la force de leurs relations, de l'amour qui les lie entre eux et avec le peuple juif, et qui leur permet de survivre. Leib Rochman nous fait entendre une voix folle de douleur mais il raconte aussi qu'en dépit de tout, lui et ses compagnons continuent d'observer l'essentiel des lois du judaïsme. Il nous livre ici une conception du monde pétrie de Torah (Pentateuque et plus largement Premier Testament) qui se déploie au fil des pages. Jusque dans son approche des animaux domestiques, des souris et des mulots, des déflagrations et du tonnerre des combats et, bien sûr, des eaux qui les submergent dans leur dernière cachette, l'empreinte divine, le caractère cataclysmique et annonciateur d'une ère nouvelle - ou de la fin du monde - sont omniprésents. Leur foi constitue l'un des aspects les plus poignants de ce témoignage. Ils ne cessent d'être portés par leur aspiration à construire une vie nouvelle comme à se reconstruire en tant qu'êtres humains, libres, dans un lieu où les Juifs seraient enfin les maîtres de leur destin. Un Etat juif, précise Rochman en Eretz-Israël. Là même où il s'éteindra en 1978.

02/2017

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Sociologie

De mémoire d'éléphant

" A jouer, pour ce livre, le rôle du chroniqueur, je m'aperçois que j'ai toujours aimé cette place : spectateur de ma vie, témoin en même temps qu'acteur et gardant une certaine distance par rapport aux personnages que j'interprétais, comme à ceux que je rencontrais. Est-ce d'avoir souvent pris le risque de m'exposer en première ligne, d'être incompris, voire rejeté ? J'ai pris de plus en plus goût au bonheur. Sans passer d'Epictète à Epicure, car je n'ai jamais été un ascète, je me suis rallié progressivement aux plaisirs de la vie. Trahison des rêves de ma jeunesse ? Je me le demande parfois. Il est certain que le tranchant de mes convictions s'est émoussé peu à peu au contact du réel [...]. J'ai traversé des moments de total isolement, et d'autres où j'étais très entouré, des moments de doute, et d'autres où j'étais trop sûr de moi, des moments de courage, coupés d'instants de lâcheté ou de résignation. Et j'ai probablement une nature double, deux visages, entre lesquels j'oscille, soutenant l'un par l'autre, agissant d'instinct... " A travers les Mémoires d'Hervé Bourges, c'est un demi-siècle d'histoire de la France que l'on revit, de " Témoignage chrétien " à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, de l'Algérie à l'Afrique, de Radio France Internationale à TF1 puis France 2 et France 3, de l'UNESCO au CSA. On comprend mieux, à lire ces rencontres et ces souvenirs, ces portraits des leaders algériens et des présidents africains, des compagnons de la première heure et des complices de toujours, des inconnus et des illustres, la trajectoire atypique d'un homme né dans une famille catholique traditionnelle de Bretagne et que ses convictions ont peu à peu affranchi des certitudes de son milieu d'origine.

10/2000

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Critique littéraire

Garder tout en composant tout

Les carnets présentés ici sont des carnets posthumes qui, à la différence de Tous feux éteints parus en 1975, n'ont pas été réunis par l'auteur mais par son ami et exécuteur testamentaire Jean-Claude Barat, qui les a sauvés du chaos des brouillons laissés derrière lui. En quelque sorte, des carnets en marge des carnets qui s'étendent de 1924 à 1972. Un lent et minutieux travail a d'abord permis de déchiffrer des textes souvent illisibles, gribouillés à la hâte sur toutes sortes de papiers (publicités, courrier, factures, faire-part de décès...). Leur retranscription a ensuite abouti à la découverte de deux matériaux différents. D'un côté, des notes et des pensées inédites ; de l'autre, des fragments isolés par la main de l'auteur du reste de sa production littéraire : il peut s'agir ici d'une réplique de théâtre simplement manuscrite et que rien ne signale en tant que telle ; là d'une phrase qui, séparée de son contexte, se transforme soudain en aphorisme cinglant ou en adage définitif, ou encore de passages soigneusement prélevés au cœur de ses essais mais réécrits, comme " re-formatés " afin de venir s'intégrer à la formule des carnets. Bref, une somme d'éléments aussi épars que variés, provenant de tous les horizons de son œuvre. Pouvait-on, d'un point de vue éditorial, maintenir ensemble ces deux matériaux ? Fallait-il conserver au travers de ces multiples variantes ce qui constitue aujourd'hui l'un de ses derniers gestes d'écrivain ? C'est dans ces nouveaux carnets que, faute de réponse, s'est trouvée une justification indispensable à l'élaboration de cet ouvrage. Il s'agit d'un texte daté du 27 janvier 1954 qui s'intitule " Garder tout en composant tout " et qui est la définition du double concept qu'il a toujours revendiqué : le syncrétisme (garder tout) et l'alternance (en composant tout)...

11/2001

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Développement personnel

Je suis à terre ...

Lorsque l'accident et la maladie s'imposent à vous, sur une longue période, vous n'évitez pas de sortir de l'épreuve transformé et votre relation à la vie et à la mort est profondément modifiée. Accidenté au début du livre, l'auteur "est à terre" et l'enjeu est de savoir dans combien de temps et par quels moyens il garde une chance de guérison. L'auteur apporte le témoignage de sa relation avec la maladie et le monde médical. Il constate les erreurs de jugement dont il a parfois été victime tout en essayant de les relativiser. Cependant, dans le même temps, son récit est largement positif vis-à-vis du corps médical et des médecins qui l'ont suivi. Il dit combien sa relation avec les infirmièr(e)s et les aides-soignantes lui a été précieuse dans sa vie quotidienne et les liens de sympathie qui savent s'établir à cette occasion. Il dit aussi l'importance de sa vie familiale pour faire face. Compte tenu de son âge, au-delà des 85 ans, il fait partie de cette tranche d'âge dite "à risque" avec le COVID 19. Il tente donc une approche sociologique de ce monde âgé des centres de convalescence et des maisons de retraite dans lesquels il a été soigné. Il entame ainsi une double réflexion : d'une part, sur la place que nous donnons aux "vieux "dans la société, la part qu'ils y prennent et le rôle actif qu'ils devraient pouvoir y conserver dans l'intérêt même de la collectivité ; d'autre part, sur les rapports avec "la douleur" , "les contraintes de l'âge" et la mort. Il fait la promotion d'une organisation lucide et libre de "la fin de vie" pour chacun, dans les conditions de son choix. Ce témoignage est important et d'actualité par les sujets qu'il aborde ; mais il n'a d'autre ambition que d'ouvrir un dialogue.

11/2020

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Histoire de France

Les souterrains de la Première Guerre mondiale. Tome 2, Du creusement au témoignage

Sommaire Du creusement au témoignage, partie II : les mines et contre-mines. Exemple d'une mine à double action. Un cas d'école : le polygone de mines de la ferme de Méhon. Témoignage d'une guerre de mines. Les bataillons M. D. : création, attributions, travaux souterrains. Aménagements allemands d'une creute de Picardie. La guerre de mines à la cote 108 et au mont de Sapigneul, partie II (1916-1918). La guerre de mines au col de la Chapelotte. Le grand tunnel du Lingekopf. La guerre de 14-18, premier conflit mondial du XXème siècle et dont le centenaire est en pleine célébration, est encore présente dans les mémoires, malgré le décès du dernier poilu français en 2008. Verdun, Chemin des Dames, Champagne restent autant de lieu synonymes d'offensives meurtrières. Dans la mémoire collective, la première guerre mondiale est avant tout une guerre de siège, symbolisée par les tranchées, lieux de tant de souffrances. Bien moins connue en revanche, est la guerre souterraine que se livrèrent alliés et Allemands dès l'automne 1914. Une guerre menée dans l'obscurité, dans des tunnels, des carrières souterraines ou des galeries de mines militaires. De la Belgique à l'Alsace sous tout le front, cette guerre invisible a été menée. L'approche choisie dans cet ouvrage consiste en une première partie technique où sont détaillées les techniques de guerre de mines et de contre-mines, ainsi qu'une d'un corps spécialisé dans le percement des grands abris souterrains. La seconde et principale partie est constituée de chapitres indépendants présentant chacun un lieu méconnu ayant trait à la guerre souterraine. Les principales zones géographiques du front sont ou vont être couvertes : Flandres, Picardie, Champagne, Lorraine, Vosges et enfin Alsace. Les faits présentés dans chaque chapitre sont étayés par une importante documentation issue des archives militaires. Chaque fois que cela a été possible, une large part a été laissée aux photos anciennes et modernes et aux topographies. (mots clefs : creute, creutes, sape, sapes, tunnel, tunnels, carrière souterraine, wwi, ww1, 1wk, wk1, grande guerre,)

12/2015

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Critique littéraire

Gérard de Nerval

" Insister sur les difficultés de l'entreprise biographique paraît, dans le cas de Nerval, relever du paradoxe, quand on sait qu'il a laissé de très nombreux ouvrages à caractère autobiographique. On se gardera de l'oublier : autant que ses biographes, Nerval est lui-même à la recherche de son identité. Les informations qu'il nous livre sur sa vie ne doivent, certes, point être rejetées. Mais le biographe les utilisera avec prudence, s'attachera, autant que faire se peut, à les vérifier et proposera ainsi à l'exégète des pistes fécondes. De la fascination biographique qu'exerce son œuvre, Nerval a, dans Promenades et Souvenirs, donc à la fin de sa vie, donné une explication : " Je suis du nombre des écrivains dont la vie tient intimement aux ouvrages qui les ont fait connaître. " Ainsi, il y aurait deux biographies à écrire. L'une ne tiendrait compte que des faits ; or les faits avérés sont rares et s'inscrivent dans une chronologie rudimentaire. L'autre utiliserait les œuvres en tant qu'elles reflètent les rêves, ce qui autorise toutes les divagations. Nerval était lui-même conscient de sa double vie. A Strasbourg, avant sa dernière équipée en Allemagne, il prend connaissance de sa biographie par Eugène de Mirecourt, qui le traite " en héros de roman " : On ne peut - écrit-il à son père - empêcher les gens de parler et c'est ainsi que s'écrit l'histoire, ce qui prouve que j'ai bien fait de mettre à part ma vie poétique et ma vie réelle. " Voilà qui était de nature à réjouir Proust, au reste le premier interprète intelligent et sensible de l'œuvre de Nerval. Et voilà qui ramène à la modestie le biographe qui se veut véridique. Chercher à suggérer cette " vie poétique " en l'inscrivant prudemment dans la " vie réelle ", si mal connue, telle est notre tâche. On en jugera mieux la difficulté à la lueur de remarques choisies au hasard et nées de l a lecture de l'œuvre comme de textes environnants. "

04/1995

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Philosophie

Introduction à la philosophie de l'histoire. Essai sur les limites de l'objectivité historique

La vérité scientifique se détache de la conscience qui l'a élaborée puisque, à un certain degré d'approximation, elle vaut éternellement. En va-t-il de même pour la reconstitution historique ? L'historien ne s'exprime-t-il pas, lui-même et son époque, dans sa vision du passé ? Est-ce l'homme d'un temps ou un moi transcendantal qui est le sujet de cette science ? Cette dernière est-elle séparable de toute philosophie ? N'est-elle pas solidaire du présent historique et condamnée à changer avec lui ? En d'autres termes la science historique, comme les sciences de la nature, se développe-t-elle selon un rythme d'accumulation et de progrès ou, au contraire, chaque société récrit-elle son histoire parce qu'elle se choisit et recrée son passé ? Cette analyse devenue classique de l'historicité conduit Raymond Aron à une philosophie historique qui, s'opposant aux synthèses spéculatives en même temps qu'au positivisme, est aussi une philosophie de l'histoire. La philosophie de l'histoire, écrit-il, est une partie essentielle de la philosophie, elle en est à la fois l'introduction et la conclusion. Introduction, puisqu'il faut comprendre l'histoire pour penser la destinée humaine, d'un temps et de toujours, conclusion, puisqu'il n'y a pas de compréhension du devenir humain sans une doctrine de l'homme. Double caractère qui serait contradictoire si l'on se représentait la philosophie selon le schéma des théories déductives, mais qui devient intelligible dès qu'on la rattache à la dialectique de la vie et de l'esprit, qui s'achève dans la conscience de soi de l'être qui se situe dans l'histoire et se mesure à la vérité. Près de cinquante ans après sa première parution, cet ouvrage devenu célèbre sans vieillir fait l'objet d'une édition nouvelle, revue et annotée par Sylvie Mesure.

04/1991

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Généralités médicales

Ethique de la recherche et éthique clinique

Les Cahiers de "l'Ethique en Mouvement", expression du Laboratoire d'Ethique médicale et de Santé Publique de l'Université René Descartes (Paris V), présentent, dans ce second numéro, une somme de réflexions (et d'interrogations) suscitées tant par l'activité de recherche sur des sujets humains, que par la pratique clinique liée à la mise en œuvre de nouveaux médicaments ou de nouvelles technologies. Déjà, la distinction entre ces deux champs d'action, même si elle n'est pas toujours aisée à établir, s'avère indispensable. Dans quelles conditions une recherche est-elle "éthiquement" possible ? Qu'est-ce qui autorise (voire, impose) les pratiques ? Qu'est-ce qui les interdit ? Quand sont-elles répréhensibles ? Autant de questions d'actualité qui, par les réponses qui y sont apportées, mettent en jeu le fonctionnement, et jusqu'à la légitimité même, des institutions. En l'absence de réflexion préalable sur la finalité de la recherche et sur le sens technique et environnemental des pratiques, toute réponse, qu'elle qu'elle soit, ne serait qu'une réponse artificielle, au mieux, logique, mais non opérationnelle. Comment induire, dans l'activité des chercheurs et des cliniciens, ces notions nouvelles ? Comment faire participer les décideurs, et l'ensemble du corps social, à une réflexion sur ces problèmes, qui les touchent quotidiennement ? Ce cahier, construit autour de la double notion "ethique de la recherche et Ethique clinique", constitue un véritable bilan d'expériences de la pratique d'une réflexion éthique sur la recherche, la thérapeutique et les soins en médecine et en biologie. Le Laboratoire d'Ethique Médicale et de Santé Publique de l'Université René-Descartes-Paris V, dispense la seule formation doctorale française existant, à ce jour, dans le domaine de l'éthique médicale et biologique. Il coordonne, également, un Diplôme Inter-Universitaire (DIU) associant 15 Universités françaises à la réflexion sur "l'Ethique et les pratiques médicales", dans le cadre de la formation continue des professionnels de santé.

06/1998

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Critique littéraire

Les pages immortelles de Suétone. Les Douze Césars

Rien de plus ennuyeux que Suétone et ses litanies interminables et désordonnées des tares, de la démence, des meurtres et des méfaits, de la mort enfin, toujours violente, des douze Césars dont il aligne les biographies. Si, peut-être : D.A.F. de Sade, le plus soporifique des romanciers. C'est en substance ce que déclare Roger Vailland au commencement de ce livre. Sa lecture structurale — qui s'efforce de trouver les constantes dans les variations, d'en comprendre les logiques, bref, de dégager les lignes de fond — consiste à réorganiser les douze récits selon l'analyse qu'il en fait. En dehors de cette reconstruction, opération majeure, il intervient peu, laissant toute sa place à l'oeuvre de Suétone, dont il nous donne, tout simplement, les clefs et le mode d'emploi. Ce procédé a un double avantage : il relègue au second plan l'océan fastidieux des anecdotes, des exemples et des faits dont la lecture nous étouffait ; il dégage et met au premier plan une analyse du césarisme, c'est-à-dire de la domination des princes portés au pouvoir par la démocratie, mais revêtus d'un pouvoir absolu. Voilà donc un livre utile, comprenons-nous aussitôt ! Passent dans ces pages publiées en 1962, trois ans avant la mort de Vailland, les fantômes discrets mais bien là de Joseph Staline et de Charles de Gaulle... Nous n'insisterons pas sur Staline : la cause est (fort mal, hélas) entendue. Mais de Gaulle, version moderne, soft, à la française, du césarisme, associé en passant aux tyrans sanguinaires de l'Empire romain ! De Gaulle, élu au suffrage universel par le peuple français, sous condition d'une Constitution qui donne presque tous les pouvoirs au Président de la République et plombe notre pays depuis 1958 ! De Gaulle, ne l'oublions pas, chassé dix ans plus tard par le même peuple français ! Voilà qui donne à penser. Vailland conclut : " Prudent Suétone. Il nous a quand même dit tout ce que nous devions savoir de nos futurs cauchemars ".

01/2019

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Histoire de France

Journal de guerre. 7 septembre 1939 - 8 juin 1940

Ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement pour la dernière fois, Henri Queuille commence à rédiger son journal le 7 septembre 1939. Il s'agit d'un document brut que l'auteur n'a manifestement ni repris ni modifié par la suite et c'est un premier élément d'intérêt. Trop de "Mémoires" sont parus, corrigés, remaniés a posteriori, revus pour bien figurer dans l'Histoire. Ici, il n'en est rien, ces lignes sont parfaitement authentiques. Le second intérêt est que le texte n'est pas "nu"; il est accompagné d'un certain nombre de documents qui étayent les dires et sont tirés des archives personnelles d'un ministre en exercice. On est aussi en présence d'un homme qui est au centre d'un double réseau national et international. De par ses fonctions, Henri Queuille est en relations directes avec dix-neuf des vingt-trois membres que compte le cabinet Daladier au 13 septembre 1939, avec les membres des assemblées et les dirigeants des organisations professionnelles agricoles, dont les visites complètent ce "ballet" politique. Sur le plan international, les échanges sont plus difficiles qu'en temps de paix, mais loin d'être interrompus et touchent à la diplomatie. En période de guerre, le Ravitaillement est vraiment un problème central, plaçant celui qui en est responsable au cœur d'une sorte de grande toile d'araignée dont les fils s'étendent aux régions les plus éloignées de la planète comme ils atteignent les coins les plus secrets du système politico-administratif français. Enfin ce personnage, jugé parfois "immobile", fait preuve, en réalité, d'une étonnante vitalité. Il est loin d'être un "tendre". Cet homme, affable certes, écrit d'assez nombreuses lettres au "picrate", il traite les inspecteurs généraux des Subsistances de "moules" etc. Bref, on le verra au fil des pages, Queuille n'est pas homme à se laisser faire, il tient fermement en mains les rênes d'un ministère capital en ces heures tragiques de notre Histoire.

04/1993