Recherche

Correspondance croisée (1935-1954)

Extraits

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1945-1972

Violette Leduc aimait les correspondances. Tout ce qui relevait de l'intime l'enchantait. Les Lettres de la religieuse portugaise, celles de Van Gogh à Théo étaient ses livres de chevet. Ils furent ses compagnons et ses modèles. Elle se reconnaissait en eux. "Je le lis et je me mets à le porter tout vivant dans ma chair, écrit-elle de Van Gogh, je ne connais pas de plus forte résurrection que la sienne par l'écriture." Violette Leduc fut elle-même une épistolière infatigable, voire obsessionnelle. Comment ne pas céder au vertige de l'épanchement, du monologue? Cette encre-là lui était vitale : "Je ne résiste pas au besoin de me confier." D'ailleurs, dans son oeuvre, elle évoque sa correspondance, l'analyse, y fait allusion à plusieurs reprises. Qu'elles soient d'amitié, d'admiration, d'amour ou de haine, de quinze pages ou d'une ligne, adressées à une figure illustre ou anonyme, les lettres de Violette Leduc portent toutes sa griffe. Au ton, on reconnaît d'emblée l'écrivain. Elles sont à l'origine même de sa vocation littéraire. Maurice Sachs, qui fut son Pygmalion, lui avait dit un jour : "Vous m'avez écrit. Vous devriez écrire." Bien qu'elle s'en défende, le geste épistolaire est, pour Violette Leduc, un moyen d'accéder à la fiction, à une forme particulière de résurrection. L'écriture privée et libre de la lettre ne s'embarrasse pas des mêmes contraintes que le texte publié. Il n'y a pas de censure, pas d'interdits, pas de bienséance. Comme un journal qu'on destine à soi, la lettre de Violette Leduc peut tout dire. Ou presque. Sans ménagement, sans limite, sans gêne. C'est au destinataire de suivre, à son corps défendant. Car dans ses lettres, elle confie ce qu'elle n'ose pas avouer ou imposer de vive voix, " parce qu'une lettre que l'on reçoit est lue en quelques minutes et n'importune pas comme une présence". Même lorsque la sincérité de l'appel, l'authenticité émouvante du ton sont crédibles, c'est encore le "mensonge" littéraire qui hante l'épistolière.

04/2007

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1892-1945

L'amitié qui a uni André Gide et Maurice Denis est peu connue. Sans doute parce que, entre le peintre catholique et le romancier hédoniste, on imagine mal qu'un accord profond ait pu s'établir durablement. Et pourtant, les deux cent trente lettres ici rassemblées témoignent de la persistance, sur une quarantaine d'années, d'une estime et d'un attachement sincères. Ce qui les rapprocha, au mois d'août 1892, fut une entreprise assez exceptionnelle ; ces deux débutants, âgés de vingt-trois et vingt-quatre ans, allaient réaliser bien plus qu'un simple livre illustré, une commune œuvre d'art, où deux langages, l'écriture et le dessin, s'accompagnent et se fécondent mutuellement. Quand il conçut Le Voyage d'Urien, Gide n'était pas encore trop sûr de ce qu'il allait dire ; il peinait à se différencier du symbolisme, tandis que Denis était déjà le théoricien du groupe des Nabis ; et c'est en assistant à la naissance des illustrations qu'il fut encouragé à mener à bien son projet. Ainsi l'œuvre ultérieure de Maurice Denis allait-elle avoir pour lui un intérêt particulier, comme le développement sur un autre plan de sa propre pensée. Nous participons ici à quelques moments majeurs de ce commerce intellectuel, comme ce soir de janvier 1898, quand un parfait hasard les fait se rencontrer sur une place de Rome : Gide, qui connaît déjà les lieux, sert de guide à Denis, et les discussions qu'ils ont alors les aident à préciser de façon décisive leur évolution vers un art fait de maîtrise et de discipline. Neuf ans plus tard, c'est Denis qui entraîne Gide dans les musées d'Allemagne, où ce dernier trouve l'inspiration de son Retour de l'Enfant prodigue. Ponctuée par des faire-part de naissance illustrés par Maurice Denis, cette correspondance d'artistes, à laquelle s'invitent parfois Marthe Denis et Madeleine Gide, revêt aussi des aspects familiers. Il faudra attendre le lendemain de la Grande Guerre pour que ces liens se distendent, la mort de Marthe Denis coïncidant avec le premier différend idéologique entre les deux hommes. C'est tout un pan de la vie artistique de la Belle Epoque qui est ici restitué, grâce à ces lettres mais aussi aux illustrations de Maurice Denis, souvent inédites, qui les accompagnent.

10/2006

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance 1953-2002

Pendant une cinquantaine d'années, Pierre Madaule a entretenu avec Maurice Blanchot un dialogue épistolaire que l'auteur du petit livre Une tâche sérieuse ? (Éditions Gallimard, 1973), qui a fait date parmi les lecteurs de Blanchot, s'est décidé à donner au public. L'ensemble s'avère important pour la connaissance de l'auteur de L'espace littéraire. Publié par son éditeur historique, il constitue le premier volume d'une correspondance de Blanchot, qui fut aussi un épistolier remarquable.

11/2012

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondance (1944-1958)

Le 24 juin 1948, Roger Martin du Gard avait écrit à André Gide : "Camus est celui de sa génération qui donne le plus grand espoir. Celui qu'on peut ensemble admirer et aimer". Dix ans plus tard, à la mort du romancier des Thibault, Albert Camus note sobrement dans son Cahier : "On pouvait l'aimer, le respecter, Chagrin". Emouvant parallèle qui souligne la dimension affective d'une correspondance fondée sur la confiance, le partage des mêmes valeurs, l'engagement douloureux de l'écrivain au service de la paix, de la justice et de la dignité. En Martin du Gard, Camus apprécie l'expérience d'un généreux aîné apte à conseiller, à comprendre sans condamner, en garde permanente contre "la fascination des idéologies partisanes". Et Camus illumine les dernières années du vieil homme si prompt à douter de lui-même. Par sa révolte lucide et la riche variété de sa palette, il prouve à Martin du Gard que l'on peut s'inscrire sans en rougir dans la lignée d'un humanisme dont Jean Ramis et Les Thibault furent naguère tributaires. Leurs lettres et les notes qui les éclairent révèlent deux natures fraternelles, dont les angoisses et les espoirs n'ont pas cessé d'être les nôtres.

09/2013

ActuaLitté

Freud

Correspondance. 1925-1939

En 1925, la princesse Marie Bonaparte se rend à Vienne pour consulter le Pr Sigmund Freud. Cette rencontre sera "le plus grand événement de ma vie" , note l'arrière-petite-nièce de Napoléon Ier, princesse de Grèce et de Danemark. Durant quatorze années, ils échangeront près de neuf cents lettres jusqu'à la mort du fondateur de la psychanalyse, en 1939. Conservé à la bibliothèque du Congrès à Washington, cet ensemble de lettres est le dernier grand corpus de correspondance freudienne encore inédit. Passionnante de bout en bout, foisonnant d'informations sur l'introduction de la psychanalyse en France, cette correspondance raconte un monde appelé à disparaître au coeur duquel deux protagonistes des plus étonnants évoluent. Car entre la princesse venue pour soigner sa dépression et l'un des savants les plus influents de son siècle, une amitié naît, qui dépasse bientôt le cadre de l'analyse. Leurs échanges donnent à voir un Freud tour à tour séduit, amusé, parfois lassé de cette patiente qui n'a de cesse de vouloir vivre pleinement sa vie amoureuse et questionne les conceptions freudiennes sur la femme à une époque où la quête du plaisir féminin reste profondément subversive. "La dernière des Bonaparte" , comme elle aimait à se qualifier, loin d'être la disciple dévote que l'on a parfois décrite, témoigne au fil des pages d'une liberté de pensée audacieuse. Quels que soient leurs désaccords, Freud verra en elle une élève loyale. De fait, elle ne le trahira jamais et mettra sa fortune au service de la Société psychanalytique de Paris (SPP), qu'elle contribua à créer et, avec l'aide de nombreux soutiens, se portera à son secours pour l'aider à quitter l'Autriche nazie en 1938.

10/2022

ActuaLitté

Correspondance

Correspondance. 1930-1944

Buenos Aires, septembre 1930. Antoine de Saint-Exupéry, chef d'exploitation de l'Aeroposta Argentina, fait la connaissance de Consuelo Suncín Sandoval, la jeune veuve salvadorienne de l'écrivain Enrique Gómez Carrillo. Après quelques semaines de vie commune en Argentine, ils choisissent de se marier en France auprès de la famille de l'aviateur. Mais la vie conjugale du couple sera un parcours bien chaotique, malgré tout ce qui les réunit - et en premier lieu leur imaginaire commun, peuplé d'étoiles, de petits animaux et de toutes sortes de trésors. L'aventureux "Tonio" attend de son épouse une attention et un réconfort de tous les instants que le tempérament de celle-ci, éprise de liberté et douée d'une irréductible fantaisie, ne peut lui apporter continûment. Mais Antoine et Consuelo ne se délieront jamais de leur alliance, pourtant soumise à des polarités contradictoires. Sacrée à leurs yeux, elle les réunira dans les moments les plus difficiles, jusqu'à New York où l'écrivain se trouve exilé entre 1941 et 1943. Et la promesse réciproque d'un amour inconditionnel leur permettra de supporter, non sans souffrance, l'éloignement et l'inquiétude, lorsque l'engagement militaire de l'écrivain les rendra inévitables - jusqu'à la fin tragique de juillet 1944. Ces années sont aussi celles de l'écriture du Petit Prince - une fable qui illumine, en leur donnant son sens le plus profond, ces lettres souvent déchirantes d'émotion, où alternent la grâce et le désarroi, la défiance et la lumière. Un jeune prince voyageur, une rose et son globe : nous y sommes ! "Il était une fois un enfant qui avait découvert un trésor", écrit Antoine de Saint-Exupéry dans sa première lettre à Consuelo. "Mais ce trésor était trop beau pour un enfant dont les yeux ne savaient pas bien le comprendre ni les bras le contenir. Alors l'enfant devint mélancolique."

05/2021

ActuaLitté

Correspondance

Correspondance (1944-1959)

"Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là quelque chose a commencé de changer. J'ai mieux respiré, j'ai détesté moins de choses, j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force, dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre. C'est pour cela sans doute qu'il s'est toujours mêlé à mon amour une gratitude immense". Pendant quinze ans, Albert Camus et Maria Casarès échangent des lettres où jaillit toute l'intensité de leur amour. Entre la déchirure des séparations et les élans créateurs, cette correspondance met en lumière l'intimité de deux monstres sacrés au sommet de leur art.

01/2020

ActuaLitté

Sciences politiques

Sliman Ben Sliman 1905-1986. Biographie, journal et articles

13 Février 1905 : Naissance à Zaghouan 1919-1925 : Elève au Collège Sadiki 1928 : Bachelier en Mathématiques 1929-1935 : Etudiant à la Faculté de Médecine de Paris 1925 - 1934 : Militant à l'Association des Etudiants Musulmans d'Afrique du Nord 1931 : Membre fondateur de la "Fédération des Peuples Colonisés" 1934 : Président du "Comité de Défense des Libertés en Tunisie" 1934 : Adhésion au Néo-Destour 1937 : Membre du Bureau Politique du Néo-Destour au congrès de la rue du Tribunal 1938-1943 : Suite aux événements du 9 avril : Condamnation à 5 ans de Prison au Fort Saint-Nicolas de Marseille 1950 : Exclusion du Néo-Destour 1960-1962 : Fonde et dirige le journal "La Tribune du Progrès" 1967 : Président-Fondateur du "Comité de soutien à la lutte du Peuple Vietnamien" 1973 : Décoration de l'Ordre du Mérite de Bourguiba 1980 : Médaillé du 7ème Congrès Afro-asiatique d'ophtalmologie 06 Février 1986 : Décès du Dr. Sliman BEN SLIMAN.

06/2023

ActuaLitté

Allemagne

Les Années du cauchemar. 1934-1945

"Ceux qui n'ont pas voulu comprendre cette histoire sont condamnés à la revivre." Ce verdict de l'un des plus grands journalistes américains exprime l'hallucinant périple de William L. Shirer, témoin de l'apocalypse de l'Occident. Résidant à Berlin à partir de 1934, fasciné et horrifié par Hitler, spectateur d'une dictature entraînant une nation vers une guerre de conquêtes et de ravages, il couvre le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale pour la radio américaine CBS. Dénonçant la censure dont il était victime et refusant de se plier aux exigences du régime nazi, il quitte l'Allemagne en décembre 1940. De retour à Berlin à l'automne 1945, il découvre un pays dévasté. Il nous livre ici ses réflexions sur les tragiques événements qui se déroulèrent inexorablement sous ses yeux.

09/2021

ActuaLitté

Histoire de France

Gendarmes au combat. Indochine, 1945-1955

De la pointe de Camau au sud jusqu'aux confins de la Chine, des bords du Mékong aux rivages de l'Annam, ils furent 14 000 gendarmes à servir en Indochine. Près de 700 d'entre eux y ont laissé leur vie. Retracer l'histoire des gendarmes en Indochine, c'est écrire celle de ces milliers de postes perdus qui " tenaient " le terrain, au contact des populations, sans liaisons, bien souvent sans armement lourd. Avec un exceptionnel courage, ces gendarmes ont donné le plus bel exemple des vertus qui sont l'apanage de leur Arme : l'obéissance, l'obstination, le sens de l'humain, le dévouement absolu. Gendarmes au combat est un superbe hommage rendu aux survivants. C'est également une belle leçon d'héroïsme.

09/2006

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

CORRESPONDANCE. Tome 3, 1950-1954

En 1950, Jung atteint ses soixante-quinze ans. C'est aussi le moment où, après les années d'approfondissement, en particulier du symbolisme alchimique, sa pensée en arrive à sa dernière efflorescence et où Jung débouche sur certaines de ses œuvres majeures, que ce soit le Mysterium Conjunctionis, La Synchronicité ou la Réponse à Job. Durant ces années 1950-1954, le penseur, le psychologue, l'homme Jung se réunissent indissociablement pour produire des thèses qui éclairent rétrospectivement ses études antérieures et en donnent de ce fait comme l'orientation fondamentale. Mêlant intimement l'audace de la pensée, une érudition quasi sans faille, l'expérience du clinicien, la rigueur du théoricien, ces thèses sont toutefois si neuves par rapport à son temps qu'elles font parfois scandale. Cette correspondance en porte le témoignage aigu. Dans ses lettres à Henry Corbin, Hermann Hesse, Karl Kerényi, Erich Neumann ou au théologien Victor White, on voit Jung expliquer et réexpliquer sans cesse ce qu'il a vraiment voulu dire, au-delà des malentendus et des lectures réductrices - en même temps qu'il maintient d'une façon intransigeante ses points de vue, qu'il a mis près d'un demi-siècle à élaborer dans leur dernière version. Et ce n'est pas le moindre mérite de cette correspondance, au ton souvent si libre, que de nous faire voir Jung par lui-même et de nous livrer ainsi, d'une certaine manière, le " vrai " Jung.

04/1994

ActuaLitté

Religion

Dieu Vivant (1945-1955). Christianisme et eschatologie

Cette monographie vient reconstituer l'histoire d'une revue prestigieuse, Dieu vivant (1945-1955), animée par Marcel Moré, Jean Daniélou et Louis Massignon, mûrie sous l'Occupation et dans la résistance, et qui accompagna par sa dominante théologique et sa spiritualité "eschatologique" les angoisses de la Guerre froide, la vogue de "l'existentialisme", les approfondissements du dialogue oecuménique et interreligieux et les renouvellements de la pensée catholique dans le moment préconciliaire. Entre Esprit (Mounier), Critique (Bataille) et Les Temps modernes (Sartre), très liée à l'itinéraire spirituel de son principal animateur Marcel Moré (1887-1969), la revue marqua l'un des principaux carrefours intellectuels du moment, laissant ensuite une trace profonde par la qualité et la variété de ses collaborations, le tranchant dialectique de ses positionnements et l'intensité de ses sommaires. Sartre, Bataille, Queneau ou Klossowski, Michel Leiris, Brice Parain ou Jean Hyppolite, mais aussi les Pères de Lubac, Fessard, Bouyer, Urs von Balthasar, Monchanin, Claudel, Maurice de Gandillac ou Gabriel Marcel ont croisé son histoire, à des titres divers, faisant ainsi de Dieu vivant le principal organe de la "nouvelle théologie" d'après-guerre.

10/2015

ActuaLitté

Déportation

De Strasbourg à Dachau. Souvenirs 1939-1945. Tome 2, 1944-1945

A l'issue de la débâcle de 1940, Francis Rohmer s'est replié à Clermont-Ferrand avec l'ensemble de l'université de Strasbourg. Il y a poursuivi ses études jusqu'à l'obtention de son doctorat en médecine et sa spécialisation en neurologie. Entré en Résistance dès 1941, il est arrêté par la Gestapo en mars 1944. Commence alors un calvaire qui ne prendra fin qu'avec la capitulation allemande. Après un passage par la "prison du 92" à Clermont-Ferrand puis par Royallieu, il est déporté à Dachau en juillet 1944, puis dans divers camps du Neckar d'où il n'est libéré que dans les derniers jours de la guerre. De cette période tragique, il a laissé un récit saisissant, qui compte parmi les plus grands témoignages de déportés. Rédigé après la guerre à partir de notes prises au jour le jour et complétées par une solide documentation, ce texte nous mène au coeur de l'univers concentrationnaire nazi. Un document exceptionnel, tant pour ses qualités historiques et littéraires que pour l'humanité qui s'en dégage.

02/2022

ActuaLitté

Sciences historiques

Correspondance. Volume 2, De Strasbourg à Paris (1934-1937)

Le premier volume de la correspondance entre les historiens Marc Bloch (1886-1944) et Lucien Febvre (1878-1956), document unique sur l'un des mouvements intellectuels majeurs qui a contribué à renouveler en profondeur l'histoire, et plus largement les sciences sociales en France et à l'étranger, a permis de découvrir le moment particulièrement riche de la création, les premiers tâtonnements, les premières expériences, les obstacles aussi. Le volume II marque le transfert de la revue à Paris. Febvre est désigné, à la fin de 1933, au Collège de France. Bloch obtiendra plus difficilement dans la capitale un poste dans une conjoncture universitaire en crise. Les lettres se font l'écho des efforts vainement déployés par le médiéviste afin de rejoindre son ami au Collège de France, pour se retrouver à la Sorbonne, et éclairent les procédures de recrutement de l'une des grandes institutions françaises d'enseignement et de recherche avant la guerre. Précisément, à l'inverse du premier volume où les deux historiens ont paru préoccupés d'abord par la mise sur pied de l'entreprise, ce tome II s'ouvre sur l'événement, puisque les premières lettres évoquent principalement le 6 février 1934. Jusqu'à l'avènement du Front populaire, la montée des extrêmes, les lettres témoignent du désarroi de deux historiens pris dans le dilemme de la distanciation et de l'engagement. Troisième thème majeur de ce volume qui traduit encore l'intensité de l'échange et des débats entre les deux hommes : l'Encyclopédie française. C'est ici que l'on peut suivre l'implication de Febvre dans cette immense entreprise encore mal connue aujourd'hui. Les lacunes des lettres des années 1936 et 1937 trahissent la crise traversée alors par Febvre et qui touchera les Annales en 1938.

01/2004

ActuaLitté

Critique littéraire

Correspondances 1932-1959. Vouszenserancinq !

Boris Vian a beaucoup écrit. 10 000 pages ont été publiées, restait en suspens la correspondance. Dans les échanges avec sa première épouse Michelle se dessinent notamment l'univers de Saint-Germain-des-Prés, celui de Saint-Tropez avec ses clubs et ses personnalités hautes en couleur. Les copains - écrivains, jazzmen ou artistes - deviennent source d'inspiration, voire des personnages de son oeuvre. Boris Vian leur écrit, mais répond aussi continuellement aux missives d'admiratrices, de lecteurs anonymes passionnés de musique et aux journalistes qui n'aiment pas son style. Quant à la séquence familiale inédite qui ouvre cet ouvrage, elle résonne avec une puissance singulière. Les lettres à sa mère, surnommée Pouche, alors qu'il est en première année de l'Ecole centrale, sont particulièrement touchantes, comme ses charmants échanges plus tard avec ses deux enfants, Patrick et Carole. Ses lettres d'amour nous bouleversent, qu'elles soient coquines, drôles ou poétiques. Et puis un jour le premier amour disparaît pour refleurir ailleurs, avec Ursula, son Ourson. Si l'on connaissait son esprit facétieux et provocateur, cette correspondance révèle l'humeur parfois assombrie d'un homme qui se sait malade depuis l'adolescence et qui vit différemment. Ressort quelquefois le ton d'un écrivain blessé de ne pas avoir été compris ni sous son nom ni sous celui de Vernon Sullivan. Même si Simone de Beauvoir lui écrit avoir aimé "en gros et en détail" L'Ecume des jours ou que Raymond Queneau le soutient contre vents et marées.

08/2020

ActuaLitté

Beaux arts

Ouvrir le feu. Correspondance croisée (1933-1983)

Cet ouvrage réunit la correspondance du marchand d'art Pierre Matisse et du peintre Joan Miro, entre 1933 et 1983. Reflets d'une relation aussi bien professionnelle qu'amicale entre les deux hommes, les lettres échangées donnent une vision particulière du monde de l'art. Les déclarations d'amitié y côtoient les tensions entre marchands, les réflexions de l'artiste se mêlent aux évocations plus intimes. De la description des oeuvres réalisées par Miro, jusqu'à la mise en place des expositions, les échanges retracent les différentes étapes d'une production artistique foisonnante qu'il faut défendre au mieux. Car pour permettre à Miro d'émerger aux Etats-Unis, Pierre Matisse le dit bien, il faut "ouvrir le feu".

11/2019

ActuaLitté

Histoire de France

Journal (1939-1945)

Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps. De 1912 à sa mort, il a consigné presque chaque soir les événements, petits et grands, dont il était le témoin ou l'acteur. Ce premier volume de son journal inédit couvre, parfois heure par heure, la guerre, la défaite, l'Occupation et la Libération. A cinquante ans, l'avocat est alors au sommet de son art. Dans ces chroniques, il révèle aussi des qualités d'observation et un talent d'écriture enviables. Il y a du Albert Londres chez Maurice Garçon. Curieux de tout, il sillonne Paris et la province, furète, recoupe, rédige, avec le mérite constant, et rare, de s'interdire toute réécriture : c'est un premier jet qu'on lit sur le vif. Maréchaliste de la première heure, il fait volte-face à l'armistice et, après le vote des pleins pouvoirs à Pétain, ne cessera plus de fustiger «le Vieux». Fureur patriote, chagrin sans pitié, colère, espoir, désespoir. Honte de la collaboration. Virulence contre les nouvelles lois de Vichy. Son journal déborde. Portraits, anecdotes, détails méconnus foisonnent. Croisées au Palais de justice, les figures du barreau, souvent têtes d'affiche de la politique, deviennent familières. Maurice Garçon connaît tout le monde, est de tous les grands procès, des dossiers criminels aux affaires politiques. Ses plaidoiries érudites ont fait de lui, dès avant guerre, un avocat littéraire, voire mondain, futur académicien. Toute une galerie de personnalités en vue défile dans ses pages, écrivains, peintres, comédiens, éditeurs. Nous voici conviés à une ahurissante traversée des années noires, histoire immédiate haletante.

05/2015

ActuaLitté

Histoire de France

Souvenirs 1939-1945

16 témoignages de personnes qui ont vécu la Seconde Guerre Mondiale dans plusieurs régions en France mais aussi en Grande Bretagne et en Allemagne, avec des convictions, circonstances et des choix différents à faire ... Dans cet ouvrage, l'auteur a rassemblé les témoignages émouvants d'hommes et de femmes ayant vécu sous l'occupation, alors qu'ils étaient enfants, adolescents ou jeunes adultes. Ce ne sont ni des "héros", encore moins des "salauds", mais de simples personnes qui ont traversé la période en naviguant à vue, prenant à chaque moment ou pas les meilleures décisions, ou, s'ils étaient enfants, subissant des évènements qui les avaient frappés. Pour chacun, aucune conviction de nature à tout emporter sur son passage, mais plutôt des instincts, des réflexes ou des façons de prendre les choses tenant lieu de boussole.

12/2017

ActuaLitté

Histoire de France

Moissac 1939-1945

Sereinement, la ville de Moissac sauva plusieurs centaines d'enfants juifs entre 1940 et 1944. Le silence lia tous les enfants et permit aux jeunes Eclaireurs israélites de France, dirigés par Shatta et Bouli Simon, de vivre en sécurité malgré l'Occupation allemande et les mesures du gouvernement de Vichy. François Boulet a dépouillé de nombreuses archives publiques et privées et parlé aux principaux acteurs et survivants de cette époque pour nous livrer ici un document fascinant sur la vie à Moissac avant la guerre, l'accueil des réfugiés espagnols, la défaite de juin 1940, la " zone libre ", le refuge juif, l'occupation allemande, la Résistance, puis la Libération et l'épuration. Durant ces années, Moissac devient grâce au soutien des Moissagais, la ville-refuge de plusieurs centaines de jeunes Juifs ou Eclaireurs israélites de France, jamais dénoncés, jamais inquiétés. La riche ville agricole de Moissac devient alors une "cité de Justes" fournissant un refuge spirituel juif étonnant, à l'origine d'une histoire locale passionnante de la France pendant les années terribles de la Seconde Guerre mondiale.

04/2016

ActuaLitté

Histoire internationale

Journal 1934-1944

Volatilisé en 1946, le Journal d'Alfred Rosenberg, "l'idéologue" du parti nazi, a été retrouvé aux Etats-Unis en 2013 après de longues recherches. Publié pour la première fois, il s'agit d'un document majeur et exceptionnel par un familier d'Hitler, qui écrit pour l'Histoire, conscient d'en être un témoin unique. Le Journal offre ainsi une compréhension du national-socialisme, du rôle d'Hitler et de la mise en oeuvre de la Shoah. Mais pas seulement... Acteur à l'influence considérable, responsable des persécutions et du pillage de l'Europe - pour ses crimes, il sera jugé et exécuté à Nuremberg -, Rosenberg livre une version détaillée des événements, rend compte de ses échanges avec Hitler, qu'il conseille servilement au quotidien, toujours prêt à changer d'avis si la nécessité fait loi. Sans effets particuliers, son écriture témoigne de ses obsessions, l'antisémitisme au premier chef mais aussi la détestation de tous ses pairs à l'instar de Goebbels et Himmler. Néanmoins, si Rosenberg fut le penseur du nazisme, ses notes intimes montrent qu'il se révèle impuissant à convaincre pour réaliser la révolution de la Grande Allemagne. Ainsi, la disparition programmée de l'Eglise catholique ou l'assassinat de tous les bolcheviques qu'il hait par-dessus tout. Présenté et commenté par deux des meilleurs historiens du nazisme, le Journal offre, comme rarement on l'a lu, une plongée au coeur de la machinerie nazie et dans l'intimité du Führer.

09/2015

ActuaLitté

Sciences historiques

Calais 1939-1945

Durement éprouvé lors du premier conflit mondial, Calais, à la fois cité portuaire et porte ouverte sur l'Angleterre, n'avait pas encore achevé sa reconstruction lorsque la seconde guerre mondiale éclata. En mai 1940, il fallut trois jours à la division de chars du général Schaal pour venir à bout de la résistance des quelque 4 000 hommes basés dans la ville. Ces trois jours permirent cependant aux troupes alliées de se replier sur Dunkerque. Commença alors une longue et douloureuse occupation qui dura un peu plus de quatre ans, puisque la ville fut libérée fin septembre 1944 par l'armée canadienne. A travers cet ouvrage, Philippe Caron et Xavier Gellé vous invitent à revivre ces heures sombres en images. Pour la plupart inédites, ces photographies, issues en partie de collections familiales, permettent de restituer avec justesse l'histoire de Calais pendant la seconde guerre mondiale.

10/2010

ActuaLitté

Histoire de France

Ardenne. 1944-1945

Fin 1944, les forces de l'Axe menées par l'Allemagne nazie semblent à bout de souffl e. Beaucoup de soldats alliés, quelque peu assommés par les récents combats de l'automne, ont quant à eux dans l'esprit la prochaine fête de Noël. Dans les villes libérées, la population profi te de sa liberté retrouvée tout en se préparant à faire face à un nouvel hiver encore conditionné par le rationnement. Le 16 décembre, à la surprise générale, Hitler lance sa dernière grande offensive en Belgique et au Luxembourg à travers les forêts d'Ardenne. Avec près de 300 000 combattants engagés, il veut renverser le cours de la guerre, jouer sa dernière carte... Ce livre présente la fameuse campagne d'Ardenne qui s'est déroulée durant l'hiver 1944- 1945. Après avoir été brièvement remise en contexte, l'offensive allemande du mois de décembre 1944 est résumée en ses principaux points. Les combats du mois de janvier 1945, moins connus, sont abordés à travers le destin d'une compagnie de la 84e division d'infanterie américaine au sein de laquelle se trouve un jeune d'origine allemande de 21 ans dénommé Henry Kissinger. Il n'est alors pas le célèbre diplomate que l'on connaîtra dans les années 1960-1970. Ce guide présente la bataille en prenant l'angle des combattants, en se centrant sur leur quotidien, sur les histoires personnelles en décrivant l'expérience humaine de ces hommes et de ces femmes, militaires ou civils qui ont lutté pour rester en vie durant ce terrible hiver 1944-1945. D'Elsenborn à Echternach en passant bien évidemment par Bastogne, nous vous emmenons sur les traces des combattants en vous faisant découvrir des vestiges et sites de mémoire qui se trouvent actuellement sur le champ de bataille.

06/2019

ActuaLitté

Littérature française

Romans. 1952-1955

En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte "mutilé" et il déplorait "la perte du reste". Sans doute espérait-il que ce "reste" sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient. Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des "avant-textes" de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants. Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le "cycle de Ferdinand" n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe. Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie. Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,

05/2023

ActuaLitté

Littérature française

Romans. 1932-1934

En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte "mutilé" et il déplorait "la perte du reste". Sans doute espérait-il que ce "reste" sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient. Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des "avant-textes" de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants. Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le "cycle de Ferdinand" n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe. Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie. Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,

05/2023

ActuaLitté

Italie

Journal 1939-1945

Piero Calamandrei fait partie des grandes figures de l'Italie contemporaine - juriste, écrivain, homme politique, et même peintre de qualité? ; son parcours, sa droiture, son exigence ont une valeur exemplaire. Mais exemplaire aussi, la manière dont ces qualités ont pris forme. L'engagement moral de l'auteur, son engagement politique au sens le plus noble, c'est-à-dire le sens du service que l'on doit à l'idée la plus haute et la plus partageable qu'on se fait d'un pays, ont su se traduire dans des formes d'une grande variété qui donnent uniment un même corps de noblesse aux différents placements de parole ? : droit, discours politique, littérature, écrits intimes, lettres, enseignement. Il nous semble donc important de soutenir l'effort de mise à disposition du public français d'une oeuvre de laquelle il a tant à apprendre. Pour le public français qui connaît déjà Piero Calamandrei juriste et écrivain, grâce à la publication des volumes que nous mentionnions, mais aussi pour tout lecteur soucieux d'histoire récente, le Journal 1939-1945 offrira un apport décisif, car il permet d'assister directement au vécu d'un intellectuel libéral du siècle dernier, déjà humilié par l'oppression quotidienne de la dictature fasciste, face à un monde qui se précipite vers une guerre capable d'anéantir la civilisation à laquelle il a le sentiment profond d'appartenir ? ; il lui offrira, aussi bien, ce bonheur de lecture auquel la qualité littéraire de l'écriture de Calamandrei l'a accoutumé. Si, dans l'Inventaire d'une maison de campagne, travail d'écriture mémorialiste et littéraire qu'il entame au printemps 1939, Piero Calamandrei se penche sur ses souvenirs d'enfance et le début du siècle pour trouver un réconfort contre la barbarie qui gagne, il se fait dans le Journal, à partir de 1939, observateur et chroniqueur des événements, dans une position relativement privilégiée d'homme de culture et de juriste entouré d'un réseau serré d'amis et de connaissances ? ; c'est donc un témoin qui accède à des sources de premier ordre mais enregistre aussi les mouvements de l'opinion publique et des gens ordinaires, et qui développe ses réflexions dans un cénacle d'amis qu'unissent l'opposition au fascisme et la culture libérale. Quelqu'un, aussi bien, qui écrit "? pour ne pas être complice ? ". Les compléments apportés par la nouvelle édition (2015) que nous traduisons représentent environ 15 % du texte tel qu'il avait été publié en Italie en 1982, et l'on a évidemment procédé à une révision et à une mise à jour des notes. Les passages précédemment écartés nous font mieux participer au parcours de l'auteur, à ses égarements, à sa vis polemica, à ses amertumes, à ses frustrations, et aux petites satisfactions que, sous une dictature, on peut tirer même de la fausse nouvelle de la maladie du tyran, ou d'une histoire légère. A quoi s'ajoute, dans un itinéraire en devenir, les imprécisions, les méprises, les jugements non vérifiés, "? les vicissitudes privées de l'âme, les hauts et les bas du quotidien du coeur ? ", comme Franco Calamandrei, le fils de l'auteur, l'écrivait dans sa préface à l'édition de 1982 ? ; il expliquait pourquoi il était convaincu de l'importance du Journal comme contribution à l'"? autobiographie de l'antifascisme ? ", qui permettait de se plonger "? dans ce clair-obscur moral resté jusqu'alors aux marges, dans l'intériorité que le projet des mouvement politiques et sociaux a laissée dans l'ombre, et donc aussi dans le rapport d'opposition ou d'enchevêtrement, d'osmose, entre ces mouvements, leurs règles et leurs engagements, leur parcours, liés à une bataille collective, et le sentiment individuel ? ". Dans son introduction de 2015, Mario Isnenghi revient sur ce point, à propos surtout de la période 1939-1942 ? : "? La fragilité des frontières, la duplicité consciente, la promiscuité de celui qui, comme antifasciste ou non-identifié au fascisme, continue à vivre en Italie - sans la rupture libératrice de la prison, du confinement ou de l'exil -, constituent, au-delà de la dimension autobiographique, le terrain de culture, la marque d'un nombre indéterminé et peut-être majoritaire d'Italiens entre les deux guerres, avec et sans carte du parti, dans une société composée, selon le degré d'accoutumance, de différents cercles et microclimats. Le caractère exceptionnel de ce témoignage tient à ce qu'il les fait indirectement remonter à la visibilité et à la parole. ? " Le portrait d'une espèce humaine, de "? ceux qui sont en suspens ? ", par un diariste d'exception, voilà donc aussi ce que le lecteur pourra trouver dans ces pages. Comme l'écrivit l'éditeur de la version intégrale parue en 2015, "? particulièrement utile aux nouvelles générations à proportion de sa nature de recherche ouverte et antidogmatique, le Journal ne veut pas présenter les résultats apaisés et figés d'une lutte intérieure déjà vécue et surmontée (l'approche antifasciste)? ; de façon bien plus suggestive, il est l'itinéraire en devenir d'une libération, d'abord intérieure, avec toute sa charge d'incertitudes et d'apories, et le témoignage d'un cheminement moral, intellectuel et spirituel, beaucoup plus riche de questions que de réponses. On pourrait encore le définir comme un roman de formation, ou comme la phénoménologie d'une conscience d'une finesse et d'une singularité extrêmes ? ; mais il peut être en même temps, par le nombre de personnages qui y figurent à travers l'évocation de rencontres et de discussions, le récit choral de l'apparition progressive de la conscience d'un peuple, à destination des jeunes gens d'aujourd'hui. ? " Tout ce qui s'y trouve raconté n'est pas seulement une expérience italienne ? : cela fait partie de l'histoire européenne, et cela éclaire la manière dont la liberté et la démocratie ont été reconquises en remontant de l'acquiescement et du compromis, en se nourrissant de la "? résilience ? " - terme à la mode aujourd'hui - de minorités qui ont su survivre dans les années de "? consentement ? " à la dictature. Le lecteur ne manquera pas de noter l'amour pour la France qui filtre des pages du Journal et l'angoisse ressentie par Calamandrei face à son invasion et au risque de la disparition d'une civilisation formant une part essentielle de sa culture. Ce témoignage de premier ordre possède donc aussi, pour aujourd'hui, une étonnante capacité de suggestion pour des défis politiques et spirituels contemporains. Leçon de style, en tous les sens ? : celui de la vie, de l'allure de la vie et de la réflexion qu'elle fait naître, et celui de l'écriture, où restaurer jour après jour, avec l'élégance de la plume, ce qui se présentait alors comme les ruines d'une civilisation aimée.

06/2024

ActuaLitté

Correspondance

Correspondance entre andré gide et jean malaquais - 1935-1950. 1935-1950

Dialogue entre deux écrivains, l'un célèbre, l'autre débutant, cette correspondance se situe sur fond de polémiques politiques, quand Gide rompt avec le stalinisme, quand Malaquais parvient en 1942 à quitter la France avec l'aide de Gide. Installé en Amérique, il allait, avec Planète sans visa, écrire le grand roman de la France occupée.

08/2023

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 28, Romans Tome 10 (1942-1947)

Entre 1932 et 1937, Ramuz publie ses derniers grands romans. Explorant tantôt le contexte montagnard, tantôt le décor des rives du lac, la production de ces années illustre de manière particulièrement éloquente la richesse et la variété de la palette de l'écrivain. Adam et Eve, roman du désespoir ontologique publié en 1932, apparaît comme un point culminant de la recherche esthétique de Ramuz. Derborence, en 1934, est un roman à la fois poétique et populaire, qui conjugue imagination et invention, lyrisme et intrigue palpitante, tragédie de la condition humaine et dénouement heureux ; son succès est retentissant, auprès du public mais aussi de la critique. Dans Le Garçon savoyard, publié en 1936, la figure du lac accompagne et module l'intrigue, et c'est à cette présence que le texte doit sa spécificité. Quant à Si le soleil ne revenait pas (1937), dernier roman évoquant la montagne, Ramuz y questionne à sa manière le statut de la modernité en tant que dépassement des sociétés traditionnelles, par le biais d'un récit valaisan ancré dans l'époque contemporaine. Ce volume contient Adam et Eve, Derborence, Le Garçon savoyard et Si le soleil ne revenait pas ; l'édition d'Adam et Eve est accompagnée de deux documents. Le disque qui l'accompagne comprend les quatre versions d'Adam et Eve (préoriginale dans La NRF, 1932, 1933, 1941), les cinq versions de Derborence (1934, 1936 - chez Grasset et à la Guilde du livre -, 1941, 1944), les quatre versions du Garçon savoyard (préoriginale dans Vendredi, 1936, 1937, 1941) et les cinq versions de Si le soleil ne revenait pas (1937, 1938, 1939, 1940, 1941), qu'un logiciel permet de comparer.

08/2013

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Romans Tome 10 (1942-1947)

Entre 1932 et 1937, Ramuz publie ses derniers grands romans. Explorant tantôt le contexte montagnard, tantôt le décor des rives du lac, la production de ces années illustre de manière particulièrement éloquente la richesse et la variété de la palette de l'écrivain. Adam et Eve, roman du désespoir ontologique publié en 1932, apparaît comme un point culminant de la recherche esthétique de Ramuz. Derborence, en 1934, est un roman à la fois poétique et populaire, qui conjugue imagination et invention, lyrisme et intrigue palpitante, tragédie de la condition humaine et dénouement heureux ; son succès est retentissant, auprès du public mais aussi de la critique. Dans Le Garçon savoyard, publié en 1936, la figure du lac accompagne et module l'intrigue, et c'est à cette présence que le texte doit sa spécificité. Quant à Si le soleil ne revenait pas (1937), dernier roman évoquant la montagne, Ramuz y questionne à sa manière le statut de la modernité en tant que dépassement des sociétés traditionnelles, par le biais d'un récit valaisan ancré dans l'époque contemporaine. Ce volume contient Adam et Eve, Derborence, Le Garçon savoyard et Si le soleil ne revenait pas ; l'édition d'Adam et Eve est accompagnée de deux documents. Le disque qui l'accompagne comprend les quatre versions d'Adam et Eve (préoriginale dans La NRF, 1932, 1933, 1941), les cinq versions de Derborence (1934, 1936 - chez Grasset et à la Guilde du livre -, 1941, 1944), les quatre versions du Garçon savoyard (préoriginale dans Vendredi, 1936, 1937, 1941) et les cinq versions de Si le soleil ne revenait pas (1937, 1938, 1939, 1940, 1941), qu'un logiciel permet de comparer.

08/2013

ActuaLitté

Témoins

Correspondance. Tome 2, 1950-1956

Ce second volume de la Correspondance de Madeleine Delbrêlcouvre la période de 1950 à 1956. Le lecteur traverse avec elle plusieursévénements majeurs. En tout premier, la crise des prêtres ouvriers, qui vamener à l'arrêt de l'expérience, du moins sous sa première forme, en1953 ; Madeleine en connaissait personnellement plusieurs et sacorrespondance avec eux éclaire de nombreuses attitudes et recherches de cettepériode douloureuse mais féconde de l'Eglise. L'année 1955, qui fut celle de lamort de ses parents et aussi de Jean Maydieu, à quelques mois de distance, nousfait entrer plus profondément dans le quotidien, les soucis et la combativitéde Madeleine, mais aussi la qualité de son discernement. La fraternité avec seséquipières de la Charité est aussi très présente. Sa correspondance, active etpassive, avec Mgr Veuillot débute en 1953 et se densifie à partir de 1955, début d'un étonnant dialogue. L'ensemble retrace au jour le jour le déploiementd'intuitions majeures d'un laïcat engagé et pleinement partenaire de lamission. Textes établis et annotés par Gilles François et Bernard Pitaud

11/2023

ActuaLitté

Foucault

Phénoménologie et Psychologie. 1953-1954

En octobre 1954, Michel Foucault, alors assistant en psychologie à Lille, écrit à son ami Jean-Paul Aron au sujet d'un texte qu'il est en train de rédiger : " La thèse est passée en deux mois du néant à la 150e page. Je suis moi-même fort surpris de ce livre-champignon : non seulement de sa croissance, qui exige bien des retouches, mais aussi de sa tournure ; il a pris tout de suite l'allure d'une interrogation sur la notion de monde dans la phénoménologie, qui m'a mené à toute une interprétation de Husserl, qu'on dira certainement heideggérienne, mais qui ne l'est pas, je crois. Je me demande en tout cas comment j'ai pu jouer au psychologue pendant plusieurs années. " Le manuscrit édité dans ce volume correspond sans doute à ce projet de thèse que Foucault n'a plus évoqué par la suite. De ce silence, comme de quelques remarques ultérieures, on a pu déduire que Foucault avait une vision surtout négative de la phénoménologie. Phénoménologie et Psychologie montre pourtant qu'il avait le plus grand respect pour la pensée de Husserl, dont on constatera que le jeune philosophe avait une maîtrise remarquable. Pour lui, la phénoménologie husserlienne permet à la philosophie de se dégager des impasses de la psychologie. Ressaisie dans sa radicalité transcendantale, la phénoménologie ne se concentre plus en effet sur le sujet ou la conscience, mais elle dévoile sa portée proprement ontologique en s'orientant résolument vers le monde. A travers son interprétation de Husserl, Foucault définit donc pour la première fois son propre projet philosophique, liant expérience, sujet, vérité et langage.

11/2021