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Tony Diaz

Extraits

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Littérature étrangère

Le Talisman

L'humour mutin évoquant Albert Cohen ou les conteurs yiddish, la cocasserie des dialogues, les trouvailles romanesques, et surtout l'espèce de tutoiement espiègle et tendre pour dire la proximité de ces hommes et de ces femmes sous les saris, les dhotis et les turbans, font de ce Talisman un bonheur de lecture onze fois renouvelé Maître de la nouvelle et du roman court, Basheer nous plonge sans transition dans les parfums et les couleurs de son Kerala natal. Et si son grand sujet est l'amour, c'est à travers les situations les plus cocasses. Ainsi un militant tenté par le terrorisme se laisse circonvenir par la folle sensualité d'un fantôme jailli de la mer. Un chauve inconsolable succombe au bagou d'un marchand de talismans et découvre par inadvertance les vertus cachées de l'imposture. Une vieille inscription, " Je suis si fatigué, s'il vous plaît, ne me réveillez pas ", à la devanture d'une maison vide, nous apprend combien la solitude est un thème universel. Il y a chez ce Maupassant, ce Garcia Marquez indien, une drôlerie sagace, un brio enchanteur et pathétique, une fantaisie et une liberté de ton parfaitement rayonnantes. Ce qui est fascinant, dans l'univers de Basheer, c'est qu'on y entre de plain-pied, avec une familiarité et un enthousiasme qu'on a tout de suite envie de faire partager.

03/2012

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Histoire internationale

David Petraeus. Un beau jour dans la vallée du Tigre

"Bagdad, 27 juin 2007. " Sir, vous n'irez pas au-delà sans votre gilet pare-balles" Le ton du colonel Boylan à l'égard de son supérieur, est poli, mais ferme. Le général Petraeus lui jette un regard surpris. "All right, all right ! I'll put it on" (soit, je le mets !) lui répond-il, en enfilant le lourd gilet à contrecoeur. Au-delà, c'est Khadamiya, un quartier situé au nord-ouest de Bagdad avec au centre un mausolée tenu par des extrémistes. Ici c'est chiite à 100%. Façonnée dans le sang par un an de guerre civile, Bagdad ne compte déjà plus de quartiers où les deux variantes de l'islam cohabitent. Seulement quelques enclaves sunnites subsistent, toutes contrôlées par des fanatiques proches d'Al Qaida". Un beau jour dans la vallée du Tigre retrace la vie d'un des généraux américains les plus innovants. David Petraeus a permis aux Etats-Unis de sortir du bourbier irakien et, dans une moindre mesure, de redresser la situation en Afghanistan. Il est aujourd'hui patron de la CIA. Onze ans après le 11 septembre, la stratégie qu'il a mise en place a affaibli considérablement la nébuleuse terroriste d'Al Qaïda, grâce notamment à l'usage des drones mais surtout à une façon de comprendre l'ennemi pour mieux le combattre. David Petraeus est l'architecte des guerres modernes.

10/2012

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Littérature française

Les jours blancs. Lettre à l'absent

Ta mort pourtant pousse à la vie. Une vie au présent. Ebouriffée, ouverte aux courants d'air. Insaisissable, constante et grave. Une vie amante. Une vie troublante. Si jeune au monde et sage. Une vie qui se suffit d'aimer. Une bouche à mordre quand on le dit. Vie. C'est ton absence qui me l'a appris. Au tableau noir, première du rang, je l'ai bien vu, c'était écrit lorsque tu es parti. Les jours blancs, ce sont les jours sans. Sans la présence d'un être à jamais disparu. Comme tant d'autres, j'ai vécu douloureusement l'envol de mes filles. Dans le cas d'Hélène Pradas-Billaud, c'est son frère qui lui manque cruellement. Il y a tout juste dix ans, ce très jeune grand reporter (Pierre Billaud) que j'avais apprécié à RTL était tué par les talibans avec deux de ses confrères en Afghanistan. Comme elle ne pouvait plus lui parler, Hélène a écrit à Pierre. Sous forme romancée et très poétique. C'est l'enfance qui remonte des sous sols de la mémoire, leur enfance, leurs rêves, leur désir commun d'absolu. Il y a beaucoup de sensualité dans ce texte. Beaucoup d'espoir aussi en une vie meilleure, immaculée. Où va le blanc quand fond la neige ?

01/2012

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Ethnologie

De l'extinction des peuples naturels

Georg Kart Cornelius Gerland (né à Kassel en 1833, mort à Strasbourg en 1919) était titulaire de la chaire de géographie à l'université de Strasbourg (alors en Allemagne) en 1875. Au cours de ses trente-cinq années de fonction, il y enseigna les sciences de la religion, l'ethnologie, la géographie mathématique, la cartographie, la géographie des organismes, la géographie descriptive et la géophysique. Il a rédigé en 1868 le texte, dont la traduction est ici présentée, De l'extinction des peuples naturels (Über das Aussterben der Naturviilker). D'abord dominés en Amérique du Sud par l'avidité de richesses et la fureur religieuse, les contacts se pacifient dans un deuxième temps (conception paternaliste du " bon sauvage " d'inspiration rousseauiste), mais évolueront vers une conception colonialiste plus dure qui aboutira à l'esclavage et au racisme. Dans ce texte, Gerland étudie la genèse de ce qu'il appelle l'extinction des peuples naturels, ce qui consiste à considérer une à une les causes pathogènes, et surtout le contact avec les Occidentaux, qui ont pu faire basculer des civilisations antiques (Amérique du Sud). Il est bien éloigné du ton grand seigneur des colonialistes et considère la civilisation occidentale comme susceptible d'" élever " pacifiquement les autres civilisations. Ce texte est important à une époque où l'occident se penche sur le racisme, l'esclavage et le colonialisme.

01/2011

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Couple, famille

Rester zen malgré ses enfants. Comment devenir un parent imperturbable

C'est dur à admettre, mais face à des enfants désobéissants, de très nombreux parents perdent leur sang-froid. Peut-être pas de façon systématique, mais sans doute plus fréquemment qu'ils le voudraient. Non qu'ils aiment crier sur leurs enfants, bien sûr, mais c'est tout bonnement plus fort qu'eux. Ecrit par une journaliste britannique en collaboration avec des psychologues et des spécialistes de la gestion de la colère, Rester zen malgré ses enfants offre aux parents, qui souhaiteraient remettre le couvercle sur la colère, des méthodes simples, pratiques et crédibles. Sur la base de sa propre expérience de mère et sur un ton très personnel, Hollie Smith aborde à travers huit chapitres clairs et concis tout un éventail de situations communément rencontrées, auxquelles elle propose de répondre par des techniques de maîtrise émotionnelle, d'apaisement ou de réflexion. S'il est une chose que les Anglo-saxons paraissent avoir assimilée plus tôt que les Latins, c'est bien que des parents qui crient, trépignent ou lèvent la main sur leur progéniture engendrent des enfants qui crient, trépignent et lèvent la main en toute circonstance. La maîtrise du verbe et du geste n'est pas seulement une question morale, c'est aussi une affaire d'efficacité. Les parents détendus ont tendance à faire des enfants détendus.

06/2010

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Sciences historiques

Historiquement incorrect

En France, plus que jamais, le passé s'invite dans le débat d'idées, mais sur le mode polémique. Qu'il s'agisse de définir l'identité nationale ou de s'interroger sur la place de la religion dans la société, que la controverse porte sur l'héritage de l'Occupation ou sur les séquelles de la décolonisation, qu'il soit question de la réforme des programmes d'histoire à l'école ou de la création d'une Maison de l'histoire de France, tout est matière à dispute. Mais la discussion est biaisée au départ, car les préjugés idéologiques, les tabous du moment et les intérêts partisans interfèrent dans le débat. En dix chapitres, en voici autant de grands exemples. Quelle a été vraiment la part des Arabes dans la transmission du savoir antique au Moyen Age ? L'Eglise a-t-elle fait obstacle à la science ? A qui a profité la colonisation ? La Première et la Deuxième Guerre mondiale ont-elles été menées au nom des droits de l'homme ? Quel rôle l'immigration a-t-elle joué dans la construction de la France ? Quelle est la place de l'islam dans notre histoire nationale ? Avec la même liberté de ton et la sûreté d'information qui avaient contribué à l'exceptionnel succès éditorial d'Historiquement correct, Jean Sévillia sort des chemins balisés par le politiquement correct.

10/2011

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Littérature française

Le voyage de Sébastien

Sébastien n'avait jamais soupçonné la menace qui pesait sur la douce Jacqueline. Dans le plus grand calme, Majastre venait de lui révéler la violence que les Ladoue exerçaient sur leur fille. Il regarda d'abord comme une énigme cet homme riche, magnifiquement intelligent, qui jouait devant lui avec l'anneau d'or de sa chevalière. Ce spectacle extraordinaire d'un être soucieux de garder sa distance envers le mal pour sauvegarder légitimement sa position le détourna une seconde de Jacqueline. " Comment peut-il vivre dans la contradiction sans se détruire ? " se disait-il, car le financier se tenait devant lui, attentif, bon, mais aussi neutre et lâche que s'il n'avait rien dit. Il s'agissait pourtant de sauver Jacqueline et de préserver un petit enfant de la mort. Sa chevelure brillait dans la lumière. " Quel est donc son secret pour n'être en rien diminué tout en demeurant inefficace devant le mal ? ". Après la confidence de Majastre, un jour, voilé de nuages blancs, vint baigner les murs de la pièce. Le grand vide, une distance infinie à travers laquelle aucune communication n'est plus possible, s'installa poliment entre les deux hommes. - Si nous voulons arriver à Tavanne avant le grand patron, lui dit-il sur un ton banal, il est temps de partir.

08/2010

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Romans historiques

Les marées de Socoa Tome 1 : Ozar

A l'âge de cinq ans, Ozar découvre les bateaux. " Aira... Où ils vont, les bateaux ? - De l'autre côté de la terre. - C'est loin ? - Tu me fatigues, Ozar. Tu n'as qu'à demander à la gitane qui passe. - Laisse-moi te prédire du bonheur, marmonne la femme noire. Fais voir ta main, petit. La droite. Celle qui tiendra le harpon pour les baleines et, plus tard, ton épée de pirate. Oh ! Je vois du sang, celui de l'amour. - C'est quoi, l'amour ? - Tu verras. Ça fait mal, mais à la fin seulement. Une lady anglaise te l'apprendra. Tu seras aussi le roi d'une île lointaine. Et quand tu reviendras au Pays basque, tu auras de la gloire et de l'or. En tout cas, n'approche jamais du Fort de Socoa. La marée t'emporterait. Et si ce n'est pas toi, elle fracassera sur les rochers la femme que tu aimeras. - Viens, fils ! Elle ne sait pas ce qu'elle dit. Zorginal... Sorcière ! " coupe son père en entraînant Ozar loin du port de Bayonne. Ainsi commence l'incroyable destinée d'Ozar d'Arritz, pirate au XVIIIe siècle, dont l'histoire se mêle ici à celle de ses descendants - armateurs, pêcheurs, surfeurs. La haine qui l'opposera aux Galzi contaminera les générations suivantes jusqu'à nos jours.

05/2010

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Littérature étrangère

Zitilchén

A Zitilchén, un petit village mexicain, les rues sont brûlantes et le temps immobile. Sous la légèreté des anecdotes de la vie quotidienne, souvent teintées d'érotisme, et les échanges laconiques entre les personnages transparaissent une angoisse, une nostalgie qui laissent prévoir la possible extinction de ce monde issu de la grande tradition du réalisme magique latino-américain. " - Don Ariel, pouvez-vous me couper les cheveux ? Ou bien êtes-vous trop occupé ? - Les exigences de l'esprit m'occupent en permanence mais entre et assieds-toi. L'alcool me met l'âme à fleur de peau. Je suis meilleur coiffeur bourré que lorsque je jouis de mes cinq sens. Tu ne serais pas par hasard le petit-fils de don Pepe Amaro qui vient passer ses vacances dans le coin ? - Oui, monsieur. - Ton grand-père me dit que tu veux être poète. Quand tu écriras quelque chose, peut-être que je serai déjà mort, mais n'oublie pas de me mentionner, car dans ce salon on fait de la poésie, et de la bonne. Comment veux-tu que je te coupe les cheveux ? - Rafraîchissez-les. Ni trop courts ni trop longs. - Les poètes ont pour habitude d'avoir les cheveux longs, commenta Zurrisa. Je me réjouis que tu ne suives pas cet exemple abominable qui ne nous plaît guère à nous autres coiffeurs et nous attire toutes sortes de critiques".

09/2011

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Théâtre

Théâtre complet. 2 volumes

Plus connu comme l'auteur du Roman comique et du Virgile travesti, Scarron fut aussi l'un des meilleurs dramaturges de son temps. C'est à lui que l'on doit les plus grands succès de la comédie "à l'espagnole" : Jodelet ou le maître valet, Dom Japhet d'Arménie, L'Héritier ridicule ; à lui que l'on doit, sans doute, la pleine renaissance du genre comique entre 1640 et 1660. Scarron eut en effet l'intuition décisive de replacer le comique et le personnage au centre de la comédie. Ainsi se trouvaient ouvertes les deux voies les plus fécondes de l'esthétique comique : la recherche d'un ton singulier, alliant le plaisir de la "franche gaîté" et les délicatesses de l'enjouement ; et l'art du portrait, social, moral et fantaisiste. De cette profonde intuition du genre naîtra une comédie pleinement efficace, pensée pour la scène, mais aussi porteuse d'un sens et d'un regard singulier sur le monde, fait de distance souriante et de critique voilée. Scarron fit également de son théâtre un exercice de style : une comédie romanesque, deux tragi-comédies oscillant entre pastiche et dérision, et des "boutades" burlesques servent de contrepoints à l'unité de l'oeuvre comique. Loin de se résumer à une parade burlesque, le théâtre de Scarron est riche de sa variété, de sa cohérence et parfois de sa profondeur.

01/2009

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Photographie

La vie de famille

Entre les années 50 et les années 60, Doisneau a photographié ce qui paraît impossible à photographier : les sentiments, le désir de bonheur, l'exultation de former une famille unie. Les petits chenapans aux doigts pleins d'encre, nous les voyons cette fois chez papa et maman, entre frères et sœurs, dans leurs efforts attendrissants pour mettre le couvert tout en rêvant au terrain vague. Tout commence par un mariage au rythme de la danse du tapis. On est joyeux mais pudique. On sait qu'une vie ordinaire promet à des jeunes mariés de grands instants de vie. Le bonheur c'est d'avoir des enfants. Les landaus sont plus nombreux que les automobiles. La télévision n'existe pour ainsi dire pas et le soir plusieurs générations - crise du logement oblige - se retrouvent pour dîner autour de la table. La vie de famille est belle. Daniel Pennac puise ici son humour aux mêmes souvenirs. L'écrivain n'a pas oublié que le buffet Henri Il était " le personnage le plus important de la famille ". Le landau " était à la poussette pliable ce que le char à bœufs fut à la voiture de sport ". Pennac apporte au livre le ton inimitable des dialogues qui valent aujourd'hui la célébrité aux personnages de ses romans. Doisneau-Pennac, une rencontre qui est un grand moment de joie et une note de sagesse.

10/2001

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Histoire de France

A demain ma chérie. Lettres de la ligne Maginot

Ce soir, comme d'habitude, je suis installé devant ton beau sourire, mais hélas, depuis deux jours, les lettres ne partent plus. Celles-ci ne partiront pas, ne partiront jamais... Nous sommes le 18 juin 1940. La ligne Maginot, ce système de fortification infranchissable, imprenable, vient simplement d'être contournée et les hommes qui en arment les ouvrages sont encerclés, enfermés... Mais jusqu'à quand ? Y a-t-il encore un espoir de retrouver la liberté? Un homme, jeune marié, jeune papa, gymnaste de haut niveau, membre de l'équipe de France aux si décriés Jeux olympiques de Berlin de 1936, ne veut pas interrompre sa correspondance avec sa bien-aimée. Ses écrits intimes nous font vivre ces jours terribles durant lesquels ces hommes du béton ne savent rien, mais espèrent. Nous pénétrons au plus profond de l'ouvrage ainsi que dans le coeur de cet homme qui a peur, non pour lui, mais pour ses proches. Il vit avec ses camarades sans savoir de quoi demain sera fait ni où les événements vont les conduire. Puis, prisonnier après [Armistice, il est emmené vers un frontstalag dans lequel il va connaître les privations et surtout découvrir [étendue de la complexité de l'âme humaine. Ce récit est une plongée au coeur du béton, des barbelés et de pensées d'un des soldats de cette armée de vaincus, en 1939.

06/2018

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Littérature étrangère

Mon cher Franz

Mon cher Franz. Franz Kafka est au cœur de ce roman épistolaire : en imaginant des lettres de Kafka lui-même, des femmes qu'il a aimées, de ses amis et de ses relations, Anna Bolecka est parvenue à s'approcher au plus près du mythe littéraire, et à brosser de l'homme un portrait inédit, comme si la statue était descendue de son piédestal. "Choisies" dans la correspondance, les lettres s'ordonnent autour d'une ligne dramatique précise : elles sondent la névrose de Kafka, évoquent ses amours et certaines de ses sources d'inspiration - théâtre yiddish, sionisme, hassidisme - et laissent découvrir la torture permanente qu'est l'existence pour cet être frappé d'une réelle incapacité de vivre. Fourmillant d'anecdotes et de dialogues, expédiées de Prague, de Berlin ou de Vienne, elles plongent aussi dans le quotidien d'une Mitteleuropa cosmopolite traversée par la Grande Guerre. Le roman court de 1911 à 1947 : après la mort de Kafka, ses correspondants continuent de s'écrire, évoquant la postérité de l'œuvre en même temps que le sort tragique de leur communauté. Malgré le ton vivant de ces lettres, elles retracent, comme à l'insu de leurs auteurs, l'univers saturé et cauchemardesque du grand écrivain : le monde s'y reflète à travers le prisme déformant de l'œuvre, omniprésente dans le travail d'Anna Bolecka.

10/2004

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Littérature française

Palmito d'Evian

" Deux kilos de pommes vertes, une botte de poireaux, cinq tomates bien fermes, un pied de basilic, trois kiwis, quelques pommes de terre, des oranges, de l'ail, des oignons blancs, deux barquettes de framboises et une de groseilles et puis un ananas, un gros. Au moment de payer, tu as bien entendu, c'était cent cinquante francs qu'il eût fallu marquer, oui, bien sûr, tu avais bien compris et tu allais le faire, poser le sac ici, prendre ton chéquier, ouvrir le carnet, prendre le stylo aussi, t'appuyer au comptoir, inscrire le 1, le... le 5 ne vient pas, tu ne peux pas, ta main n'avance plus, elle ne veut rien savoir. Tout se brouille, c'est le monde qui s'en va, se retire et te laisse. C'est fini, tu es seule. " Une femme rend visite à sa mère, qui souffre des séquelles d'un accident cérébral, dans une maison de retraite à Marseille. Elle tente de percer le mur qui enferme sa mère dans ses manies obsessionnelles pour retrouver la femme rayonnante qu'elle fut. Entre colère et résignation, tendresse et exaspération, mauvaise conscience et souvenirs déchirants, entre rire et larmes, la narratrice relate ces quelques heures passées avec cette drôle de mère. Une écriture frémissante et sans concessions ; l'aveu pudique, lucide, quelquefois cruel, d'un difficile et sombre amour.

08/2005

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Littérature française

L'ongle rose

De l'amour fracassé il ne reste rien, que quelques traces furtives (à peine un ongle rose), un corps traversé de manque et le désarroi sans fond que creuse l'abandon. C'est ce moment que choisit le récit pour ouvrir son flux serré, sa fureur contenue, ses cassures et ses reprises et, peut-être, son refus rageur d'abdiquer. À l'écoute des pulsations infiniment brisées et diffractées de la ville peuplée de visages et de destins troués de solitude, dans les néons de Pigalle, auprès des petites vieilles des Batignolles, des travelos des anciennes fortifications ou dans les bar-PMU des banlieues émigrées, les coups que le dehors inflige à la conscience de la narratrice sont comme un écho de ceux du dedans - le style glisse avec une parfaite pudeur et justesse de ton d'un registre à un autre, du politique à l'intime, tout naturellement. " Parle-moi de l'amour, s'il te plait, parle-moi de l'amour, c'est tout ce que je te demande ", lui dira l'écrivain serbe cassé par la guerre. Et dans un dernier et très beau retournement, le texte parvient à réajuster une fragile perspective. De celui qui raconte ou de celui qui écoute, lequel est le voleur de vie, lequel le voleur de mots.

03/2002

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Littérature étrangère

Nuit de mai à Vienne

Les cinq récits en prose, les deux romans inachevés et les chroniques de voyage qui composent ce recueil ont été écrits entre 1906 et 1938, et publiés à titre posthume. Qu'il esquisse une réflexion sur l'art et l'artiste (le Frère de Léonard), sur l'inéluctabilité du destin et du mal (la Chasse à la lune, le Sergent-chef Schramek, la Mort de Messer Lorenzo Bardi, Pauvre Guignol !), Leo Perutz garde toujours le souci du " minimalisme narratif ", de l'économie de moyens, que l'on retrouve dans ses Chroniques de voyage, où il met au service de ses observations le regard acéré du nouvelliste. Les quatre chapitres qui nous sont restés de l'Oiseau solitaire contiennent en germe toute la poétique singulière du roman historique pérutzien, déconstruction ironique de l'historiographie traditionnelle, fondée sur la dramatisation, l'héroïsation rétrospective de l'événement. Nuit de mai à Vienne, qui narre les vicissitudes et tribulations d'un journaliste juif viennois tentant de fuir son pays après l'invasion hitlérienne, offre une résonance autobiographique tout à fait inédite dans l'œuvre de Leo Perutz. Quelle que soit la forme choisie, Leo Perutz s'emploie à relever la contingence de la vie et à souligner la fragilité de la destinée humaine. En ce sens, les textes qui sont rassemblés ici présentent une remarquable unité de ton.

05/1999

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Littérature française

Puisqu'il y a des rêves meilleurs

De manière insidieuse et ironique, toutes les nouvelles de ce recueil communiquent une impression d'" inquiétante étrangeté ". Une vingtaine de textes courts - entre nouvelle, conte et fiction critique - donnent la parole à des personnages qui n'en reviennent toujours pas d'être au monde, et dans ce monde-ci. Habitant d'autres contrées, les authentiques héros de fiction n'en finissent jamais, au contraire, de vivre leur histoire, de la poursuivre au-delà de sa fin connue. Les cinq longues nouvelles de la seconde partie donnent la suite inattendue de mythes et de légendes, d'œuvres cinématographiques ou littéraires, ayant pour thème l'enlèvement : Zeus et Ganymède, le joueur de flûte de Hamelin, King Kong et La Planète des singes, Le Roman de la momie, et Miss Waters, un roman de H. G. Wells dont l'héroïne est e sirène. Alliant densité et subtilité, l'écriture de Jean-Luc Moreau frappe autant qu'elle séduit. En s'absorbant dans une réflexion minutieuse sur l'" être ici ", elle s'attache à évoquer un sentiment proche de la difficulté d'être qui peut faire songer à celui de Robert Walser ou d'Henri Thomas, voire de Kafka ou de Beckett. Précis, parfois sarcastique, ce ton très personnel aboutit à un effet à la fois ravageur et feutré, de l'ordre du fantastique intime.

08/1999

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Littérature française

Voyages aux pays évanouis

Sous la plume du narrateur s'enchaînent trois voyages imaginaires de ton et d'ambiance très différente, mais reliés cependant par un même fil, dessinant ainsi un " objet littéraire " singulier qui n'est ni un roman, ni un recueil de nouvelles. En une époque imprécise, le héros quitte son pays natal pour entreprendre un long périple parmi les diverses contrées de la terre. Il arrive d'abord " Au royaume du vêtir " : la cérémonie au cours de laquelle le roi présente devant la cour son nouveau vêtement, démontrant ainsi sa maîtrise suprême dans l'art difficile du vêtir, est la racine même de son pouvoir. Le héros parvient ensuite " Au pays des Amazones ", et, curieux de leurs mœurs, se fait accueillir par elles. Il les accompagne dans l'une de leurs razzias afin de comprendre comment s'effectue, chez elles, le mystère de la génération. Enfin, il arrive dans le " Gouvernement des morts ". C'est des trois pays le plus curieux, puisque les défunts y ont définitivement remporté la victoire sur les vivants, relégués au rang d'ilotes ou de parias. A travers cette " ethnographie-fiction " s'ébauchent autant de méditations sur le pouvoir et le rite, l'être et l'apparence, les rapports conflictuels entre les sexes... En dernier lieu, sur l'oubli, voire l'occultation de la mort qui, dans notre société, demeure le seul véritable tabou.

02/2000

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Cuisine

La grande Casserole. Coulisses de la gastronomie

Plus de trente ans après l'avènement de la Nouvelle Cuisine, qui représente aujourd'hui la haute gastronomie ? Comment fonctionne-t-elle ? Dans les coulisses des bonnes tables, La Grande Casserole est une promenade gourmande à travers la France. Une large galerie de portraits. Des garants de la tradition et du terroir (Paul Bocuse, Michel Guérard, Bernard Loiseau, Jacques Maximin) aux créatifs (Pierre Gagnaire, Alain Passard). Des provinciaux en capitale (Ghislaine Arabian, Alain Dutournier, Guy Martin) aux philosophes (Michel Bras, Olivier Roellinger), jusqu'aux funambules (Thierry Breton, Yves Camdeborde). Tous sont gouvernés par une même obsession, éperonnés par un même désir : régaler le gourmet. Derrière l'enseigne prestigieuse se cache une profession âpre et exigeante où le souvenir de l'apprentissage est tenace, où la finance joue un rôle important, où des anonymes tiennent les fourneaux, au fil des saisons, au gré des produits... Figurative ou abstraite, régionale ou intuitive, sous une même étiquette se décline une carte gastronomique variée. Que propose-t-elle à table ? Comment, dans le menu, saveurs et textures s'articulent-elles ? Quels rapports casseroleurs et producteurs entretiennent-ils ? Une déambulation culinaire et poétique sans concession, illustrée par les photographies originales de Ludovic Lacroze. Un livre truffé de tours de mains, de recettes distillées sur le ton de la confession, de menus dégustation, saupoudré d'anecdotes bien relevées...

11/2002

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Beaux arts

Please Give Me a Few Seconds of Your Eternity. Edition bilingue français-anglais

Ce livre de Niki de Saint Phalle, publié pour la première fois afin d'accompagner l'exposition "The Dream Machine" organisée à la Galerie Alexandre Iolas, Milan, en octobre 1970, est le premier livre à la fois illustré et maquetté par l'artiste. A l'occasion de l'importante rétrospective de l'oeuvre de Niki de Saint Phalle, prévue au Grand Palais à l'automne 2014, la réédition de ce livre permettra à un plus large public d'apprécier la créativité graphique de cette artiste majeure, plus connue pour ses monumentales "Nanas" en résine. Please give me a few seconds of your eternity (Donne-moi s'il te plaît quelques secondes de ton éternité) est constitué de dessins mais aussi de beaucoup de textes calligraphiés (en anglais) de sa main – comme si l'artiste avait surtout souhaité s'épancher : Pourquoi les fleurs meurent-elles ? Pourquoi les oiseaux doivent-ils mourir ? Pourquoi l'amour doit-il mourir ? Elle s'adresse à son compagnon, le sculpteur Jean Tinguely, lui confie ses cauchemars, ses peurs, tout en lui déclarant son amour. Les dessins originaux (essentiellement au crayon de couleur, certains agrémentés de collages) déclinent déjà les motifs chers à l'artiste, qu'elle réinterprétera tout au long de sa carrière dans ses oeuvres graphiques comme dans ses sculptures : monstre, point d'interrogation, coeur, nana, serpent...

09/2014

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Religion

Sagesse

Chers frères, chers Hommes ; nous voici qui vivons encore sur terre, dans cette vie terrestre, mais le Règne des Cieux s'approche de jour en jour. Mais par nos manières d'être, c'est-à-dire nos manières de penser et d'agir, où allons-nous ? Par la Grâce de Dieu, j'ai rédigé ce livre pour qu'il nous aide à gagner le Royaume des Cieux. Je Te prie SEIGNEUR d'agir en faveur de tous Tes Hommes qui viendront lire ce livre, tous qui le prendront à coeur, pour qu'il les serve au bien et participe à les mener à Toi SEIGNEUR, source d'Eau vive, source pleine de Sagesse, source pleine d'Amour, source pleine de Puissance : Toi SEIGNEUR Dieu. Guide, Père céleste ceux qui T'aiment et Te cherchent, ceux qui ont soif de Ta sainte Parole ; guide les lecteurs de ce livre dans l'endurance pour sa lecture, dans la bonne compréhension et dans la prise en compte ; pour que ce livre les amène, les ramène ou les affermisse dans Ton Chemin qu'est Jésus, notre Seigneur et notre Sauveur. Que la modeste pierre qu'est ce livre joue son rôle comme cela Te plaît dans la réalisation de l'édifice qui est le Salut des Hommes. Gloire à Toi SEIGNEUR de toute éternité, Amen.

04/2015

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Poches Littérature internation

Une maison pour Monsieur Biswas

Mohun Biswas appartient à une colonie misérable d'hindous exilés dans l'île de la Trinité, possession anglaise, où la misère, l'ignorance, les lois d'une religion ancestrale mènent le destin de chacun. Mais ce petit homme malingre et volontaire qui sent obscurément la nécessité de livrer un combat, fût-il sans espoir, va tendre les efforts de sa courte existence pour échapper au maléfice initial. Il apprend à lire, écrire. Il épouse Shama, de la vorace et grouillante lignée des Tulsi. Quatre enfants naissent. L'ambition de Mr Biswas est de s'arracher, lui-même et sa famille, à la tyrannie oppressante des Tulsi, qui forment une sorte de tribu tentaculaire, attachée aux préjugés de caste, méprisant le petit homme courageux qui cherche à imposer son individualité. Avant tout, il veut acquérir une maison qui abritera Shama et ses enfants. Au prix d'efforts et d'humiliations sans nom, il finit par se faire construire une masure. Et c'est alors qu'il meurt, âgé de quarante-six ans. A travers un récit dont le ton garde en toute circonstance sang-froid et humour, avec une extraordinaire patience narrative, le livre envoûte. Défaites et victoires, révoltes et résignations se succèdent, emportées d'un bout à l'autre par un rythme large, régulier et calme.

11/2001

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Actualité et médias

Portraits crachés

" Le jeu et le hasard ont guidé ce livre. Le désordre des souvenirs a dicté l'entrée en scène de chacun de ses personnages. Ni chronologie, ni hiérarchie. Présidents, ministres, vedettes, artistes, capitaines d'industrie, ils ont surgi au gré de ma mémoire ". De Mitterrand et Sarkozy à Lauren Bacall et Rostropovitch, en passant par Ségolène Royal, Jacques Chirac, Lionel Jospin, Jean-Luc Lagardère, Charles Pasqua, Serge Dassault, mais aussi Jessye Norman, Leonard Bernstein, Anouk Aimée, Louis Chedid, Michel Petrucciani, et bien d'autres monstres sacrés ou monstres politiques du dernier demi-siècle, Denis Jeambar nous promène dans ses souvenirs et brosse une galerie de portraits magnifiques. Il nous fait partager des moments qu'il n'a jamais racontés, des scènes drolatiques, tendres ou cruelles, qui font tout le sel de ce livre. Avec son sens aigu du portrait, son style remarquable, et une sincérité de ton assez rare, Denis Jeambar révèle à traits de plume ces personnalités côtoyées au fil d'une riche carrière journalistique. Quelques anonymes aussi, chers à l'auteur, trouvent leur place dans ces mémoires en creux qui dévoilent l'homme autant que le journaliste. " Sur mon chemin de grande randonnée, écrit-il, je n'ai fréquenté que de belles maisons. Dans leur confort, j'ai pu à satiété me détourner de moi-même pour découvrir les autres ".

01/2011

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Littérature française

L'été d'Agathe

"Vendredi matin 10 août 2007, à 2h40, Agathe s'est arrêtée de respirer. Après six mois de lutte depuis sa deuxième greffe et toute une vie de combat. Sa lumière, son rire, son esprit, son courage vont tellement nous manquer. Elle aurait eu 23 ans le 15 août à 2h40 du matin. Elle a poussé l'élégance jusqu'à partir à l'heure où elle était arrivée. Tout Agathe, ça, extraordinaire, même dans les détails. Sept ans plus tard, moi, son père, j'ai décidé de raconter Agathe. Qui était cette jeune femme vivante, joyeuse, directe. Comment elle a avancé, aimé, partagé. Comment elle a vécu, jusqu'au bout, cet été-là. Mes amis me disaient qu'écrire me ferait du bien. Ce n'était pas vraiment mon propos. Je voulais parler de sa vie, de la vie. Je me suis replongé dans mes notes, j'ai repris les photos, les mails de cet été, de ses vingt-trois étés. Puis j'ai commencé à écrire. Jour après jour. Depuis le 21 juin, quand elle a su que c'était la fin, jusqu'au 10 août, où elle est partie. Ce fut un été difficile et doux, Agathe. Tu m'accompagnais, avec ton regard sur le monde, sur la maladie, sur la famille, sur moi. Nous échangions. Sans complaisance. A la fin, tu étais en vie".

01/2016

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Généralités médicales

Ecrits sur la médecine

C'est une critique de la raison médicale à laquelle invite Georges Canguilhem dans cette série d'interventions qui en offre les prolégomènes. Il en donne le ton - rigueur et limpidité -, il en illustre pudiquement les conditions - enquête érudite et lucidité sélective -, il en plante les jalons, d'Hippocrate à aujourd'hui : la médecine non-hippocratique n'en est pas pour autant anti-, pas plus que la géométrie non-euclidienne n'est anti-euclidienne. Rien de la systématicité kantienne pourtant dans le style, qui relève plutôt de la formule cristallisée nietzschéenne, mieux encore de l'aphorisme, auquel recourut Hippocrate. Le lecteur, s'il exerce à les mettre en série, sera en mesure de poser les bonnes questions, incessamment renouvelées, sur la nature-médecin, les relations médecin-malade et maladie-malade et les menaces de leur dissociation, sur le traitement, les voies et les effets de la médecine scientifique, sur la santé et les mensonges de ses silences comme sur les pièges des métaphores qu'elle occasionne. Ces interventions ont été publiées, avec une discrétion qui n'en rendait pas l'accès commode. Leur recueil produit un effet de mise en relief de chacun des textes ainsi réunis. Aucune redite, une fulgurance où se reconnaît l'éclat d'une œuvre qui continue d'éclairer l'actualité médicale.

06/2002

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Livres 3 ans et +

Yakoubwé

Le corps d'un homme avait été retrouvé. À moitié dévoré. Les griffures, les morsures ne laissaient aucun doute : c'est un lion qui l'avait tué. Alors, on voulut le venger. Les guerriers partirent, la lance au poing. Trois jours plus tard, ils revenaient, acclamés, fêtés. L'un d'eux jeta la dépouille du lion aux pieds de Yakouba : " Tiens ! c'est ton ami, je crois ?! " C'était Kibwé. Son frère lion. Mort. Alors Yabouba fit un geste fou. Il emporta la tête du lion et partit dans la savane. Il était devenu mi-homme, mi-lion : Yakoubwé. Il vivait sous une hutte à mi-chemin du village des hommes et du territoire des lions. Pour tous, il avait perdu la raison. Puis un jour, quand chacun eut compris, quand chacun eut respecté son choix, devenu vieux et apaisé, il se laissa mourir. Allongé sur la frontière imaginaire qu'il avait dessinée. La tête chez les hommes et le corps chez les lions. Depuis, on dit que l'esprit de Yakouba est dans chaque lion, et que les lions qui aperçoivent un humain s'approchent en espérant voir Yakouba encore une fois. Et dans chaque village, on célèbre la mémoire de Kibwé et Yakouba en choisissant deux enfants pour leur forte amitié, grimés en homme et en lion. Et, au son du tam-tam, on raconte leur histoire...

03/2012

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Psychologie, psychanalyse

Comme des fous. Folie et trauma dans "Tristram Shandy"

Sous la forme d'un dialogue de l'auteur avec son mari disparu (psychanalyste lui aussi et venu de la littérature), Comme des fous est le commentaire du livre premier de La Vie et les Opinions de Tristram Shandy, Gentleman, roman majeur de la littérature occidentale, écrit par Laurence Sterne (1713-1768) dans les dix dernières années de sa vie. Le dialogue, actif, contrasté, décrit vivement les traumas et la folie qui s'emparent des personnages, et propose une lecture psychanalytique, mais aussi philosophique, historique et politique de ce roman de la déraison. Françoise Davoine questionne à mi-voix l'usage que l'on peut faire de l'écriture et de la création littéraire dans une culture qui bat la breloque : à quoi bon Swift, ou Cervantès, ou Sterne, si le combat a lieu entre les fools et les knaves, entre les fous et les crapules ? Tandis qu'avec une insouciance baroque dans le ton même de Sterne, et en profitant sans doute de son propre statut de disparu, le défunt époux de l'auteur fait ironiquement le psychanalyste, par petites touches, cite au passage Lacan, Freud ou Hannah Arendt, et dérange si bien l'avancée obstinée de l'auteur que l'on oublie que c'est Françoise Davoine qui le fait parler : dans un monde de fous, l'écriture redonne vie aux disparus, et remet le temps en marche.

01/2017

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Sociologie

Travailler avec Bourdieu

Ils sont sociologues, historiens, anthropologues, linguistes, économistes... Les uns sont des compagnons de route, les autres ont été proches de Bourdieu, à un moment ou à un autre. Tous témoignent d'une expérience de travail avec lui au double sens du terme : travail en commun et théorie en acte qui continue de réengendrer approches et pratiques scientifiques. De là, la diversité des contributions mais aussi la singularité du ton de cet ouvrage, inclassable selon les règles académiques en vigueur : du récit d'un fragment de vie, en passant par le trait anecdotique, à l'analyse des apports théoriques et méthodologiques, tous les registres se croisent, attestant que le travail avec Bourdieu n'a pas calibré la pensée ni les manières de faire. Ces différentes positions et objets révèlent des facettes et des lectures inédites de Bourdieu, qui portent tant sur la réflexivité, les logiques de la pratique, les classements que sur l'économie des biens symboliques et les formes de domination. Dans nombre de contributions sourd également, par touches pudiques, l'émotion du souvenir, sorte de rappel des conditions sensibles de production de la science, souvent passées sous silence et qui font pourtant le quotidien du métier de chercheur. S'il fallait parler d'hommage, c'est un hommage anti-académique que les auteurs de ce livre ont voulu rendre à l'auteur d'Homo academicus.

01/2005

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Littérature étrangère

Montauk. Un récit

Comme le donnaient déjà à penser le Journal 1946-1949 et le Journal 1966-1971, Montauk apporte l'évidence que Max Frisch poursuit depuis quelques années une tentative bien précise : elle consiste à donner au texte autobiographique, au "journal" comme forme littéraire, la dimension de l'imaginaire, la portée du roman. Sur une plage de l'Etat de New York, Montauk, en mai 1974, le narrateur, bientôt soixante-trois ans, écrivain venu donner des conférences aux U. S. A. , passe un week-end en compagnie d'une jeune Américaine, Lynn, la trentaine, employée de l'agence de relations publiques qui a pris en charge le conférencier. La discrétion propre aux brèves rencontres, leur pathétique, qui tient sans doute au fait que toute dramatisation en est exclue, dictent au récit tout entier son ton et son style. L'auteur-narrateur ne peut manquer d'en venir à explorer sa vie passée. Sans que soit jamais perdu de vue le présent : Lynn, grâce au contraire à cette présence, sont évoquées ainsi la première fiancée juive de l'auteur, la mère de ses enfants, sa compagne des années soixante, la poétesse Ingeborg Bachmann, Marianne enfin, sa jeune épouse. C'est un roman d'amour - et d'abord une déclaration d'amour à la Femme qui va lui échapper - que le moraliste est ainsi conduit à écrire.

02/1978

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Critique littéraire

Violette Leduc

Maurice Sachs lui " ordonna " d'écrire. Simone de Beauvoir la découvrit en 1945, Albert Camus la publia l'année suivante. Admirée par Cocteau, Genet, Jouhandeau et Sartre, Violette Leduc (19071972) est une figure des plus singulières de la littérature française du XXe siècle. Si ses premiers livres conquirent un cercle d'admirateurs fervents, ils ne touchèrent pas le grand public. Pendant vingt ans, Violette Leduc fut " un désert qui monologue ". Ce n'est qu'en 1964, à la parution de La Bâtarde, récit autobiographique lancé par une élogieuse préface de Simone de Beauvoir, qu'elle sortit brutalement de l'ombre. Violette Leduc racontait sa vie sans fausse pudeur : bâtarde, laide, pauvre, amoureuse de femmes, d'homosexuels, voleuse à l'étalage et trafiquante au marché noir... Le succès de scandale de La Bâtarde, la personnalité pittoresque et attachante de l'auteur finirent par masquer l'immense écrivain. Son esprit était trop libre pour ne pas choquer. Violette Leduc a traversé le siècle en défiant conventions et tabous avec une originalité, une hardiesse de ton encore aujourd'hui surprenantes. Grâce à de nombreux témoignages, et à une documentation inédite exceptionnelle, cette biographie retrace la vie parallèle de l'auteur de La Bâtarde, révèle les omissions et le travestissement, éclaire d'une lumière nouvelle et inattendue cette " sincérité intrépide " saluée par Simone de Beauvoir. Elle rend justice à un écrivain à redécouvrir.

03/1999