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Eidôlon N° 132 : L'intime de l'Antiquité à nos jours. Tome 3, L'intime à l'épreuve de la douleur

Après un premier volume consacré aux Espaces de l'intime, et un second aux Ecritures de l'intime, ce troisième et dernier opus d'une série L'intime de l'Antiquité à nos jours interroge le rapport entre intime, création et douleur. Le caractère fuyant, insaisissable de l'intime - catégorie de pensée difficile à cerner et peu théorisée - explique sans doute qu'il soit une impulsion essentielle de toute créativité ; l'intime est particulièrement mis en jeu lorsqu'il est aux prises avec la souffrance, qu'il s'agisse de la souffrance morale liée à des traumas divers (passion amoureuse dévorante, épreuve destructrice du deuil, expérience terrifiante de la guerre) ou de la douleur physique liée à la maladie, à l'imminence de la mort - autant d'éléments constitutifs du territoire de l'intime. Tenter de saisir l'intime à l'aune de la souffrance pose la question cruciale de sa représentabilité : le vécu traumatique permet-t-il ou ruine-t-il celle-ci ? dans quelle mesure est-il la mesure ultime de l'intime ou sa négation ? peut-il donner accès au plus intime de soi ? Comment, pourquoi révéler l'inavouable, l'indicible, l'impensable ? La représentation se fonde-t-elle toujours sur une puissance d'émotion ou inhibe-t-elle l'intime et empêche-t-elle l'empathie du lecteur ? Les vingt-trois contributions de cet ouvrage constituent, dans un cadre chronologique aussi large que possible, de l'Antiquité à nos jours, autant de fenêtres ouvertes sur des univers différents, mais offerts sous l'angle unificateur de la souffrance, en recourant aux multiples outils de l'analyse synchronique, historiques, littéraires, philosophiques, artistiques, anthropologiques et psychanalytiques. Elles montrent comment un écrivain essaie de conjuguer souffrance, anéantissement de soi et écriture de soi, et de transformer son état douloureux en matériau d'écriture, parfois même en "état littéraire" ; comment un artiste peintre se confronte aux douleurs de la création picturale et met à nu les racines de l'être. Que peut la création littéraire ou artistique face à la déflagration de la douleur ? L'ouvrage explore le chemin vertigineux qui va de l'impossibilité à la nécessité d'écrire ou de peindre, de la sidération à la sublimation ou à l'absence de consolation, dégageant une puissance d'émotion ou au contraire inhibant l'intime, laissant le lecteur, devant le drame de toute existence humaine, dans une relation d'empathie ou de dispathie, mais en tous les cas livré à l'écho de ses propres brisures.

03/2022

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Littérature française

Le couvre-feu d'octobre

Judith et Octavio habitent le même immeuble d’un quartier populaire d’Oran. Après son bac, l’été 1955, Octavio part en Métropole suivre des études à la Sorbonne, laissant son amoureuse. Il découvre alors Paris où il fait la connaissance de Denis, un étudiant communiste qui devient un ami ambigu et lui montre un aspect trouble du PC. L’été suivant, Octavio ne rentre pas pour les vacances et Judith déçue se laisse séduire par le grand frère d’Octavio, un jeune flic. Quelques mois après, le policier est muté en Métropole, à la Goutte d’Or. De son côté Octavio rencontre deux membres du FLN : le « Dentiste » et Nordine. Le « Dentiste » est un médecin français, idéologue léniniste radical, froid et partisan de la terreur. Nordine est un jeune ouvrier avec lequel il se lie d’amitié. Le « Dentiste » remarque une grosseur sur le cou d’Octavio et lui conseille de consulter, mais Octavio ne l’écoute pas. L’été 57, alors qu’Octavio est appelé sous les drapeaux, Nordine le cache dans le bidonville de Nanterre. Tandis que son engagement est de plus en plus actif au sein du FLN, il découvre ce microcosme où règne une violence permanente et note l’ambiguïté des Algériens dans cette guerre. En décembre 1960, rattrapé par la maladie et assailli par les doutes, il trahit ses camarades, et se réfugie chez son frère et la femme qui fut son amour d’enfance : Judith. Le frère est souvent absent, occupé par la répression et les ratonnades. Judith et Octavio sont souvent seuls avec Frank, le fils de Judith. Les souvenirs et les désirs non réalisés constituent vite un poids dans leur relation. La nuit du 17 octobre 1961, alors que le grand frère participe à la répression sanglante d’une manifestation d’Algériens, Judith et Octavio se donnent enfin l’un à l’autre. Une courte période d’idylle clandestine accompagne la renaissance d’Octavio avant que celui-ci apprenne qu’il est condamné. Ce texte est celui qu’il laisse avant de mourir. Le couvre-feu d’octobre est un roman prodigieux, puissant, captivant. Il est construit autour d’une tragédie : un amour impossible entre Octavio et Judith, doublée d’un lutte fratricide entre Octavio et son grand frère. Le fond historique sur lequel se déploie l’histoire de ces trois héros révèle un aspect assez méconnu de la guerre d’Algérie, qui ne fut pas seulement algérienne, mais aussi française, se déroulant simultanément sur le territoire métropolitain. Passionnant, lyrique, envoûtant, le premier roman de ce jeune écrivain est un événement.

08/2012

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XVIIIe siècle

De la main d'une femme. Charlotte Corday, une femme en quête de liberté

Il y a 230 ans, le 13 juillet 1793, Marie Anne Charlotte de Corday d'Armont, 24 ans, assassinait l'ami du peuple Jean-Paul Marat, député montagnard dont la radicalité et la violence avait fait l'ennemi numéro 1 des royalistes. Quatre jours plus tard, elle était guillotinée. On s'oppose encore aujourd'hui sur ce drame immortalisé par le célèbre tableau de David. Et de Charlotte, l' "ange de l'assassinat" pour Lamartine, on ne sait plus très bien quoi retenir : jeune femme fragile instrumentalisée par les forces de la réaction ou héroïne en quête de liberté ? Criminelle aveugle ou redresseuse des torts de la Révolution ? Martyre ou bourreau ? Lointaine cousine de Charlotte Corday, fascinée par cette parente à la si singulière destinée, Astrid de Laage s'est plongée dans l'histoire familiale et dans celle de son ancêtre. A plus de deux siècles de distance, elle interroge son propre rapport à la noblesse, au lignage, et aux contraintes sociales si oppressantes pour une jeune femme du XVIIIe siècle. Et elle retrace le chemin qui aura mené Charlotte du couvent de Caen et de la maison de sa tante où elle résidait en 1793 jusqu'au 30, rue des Cordeliers, l'actuelle rue de l'Ecole-de-Médecine, où ce soir de juillet elle allait porter le coup de couteau fatal à Marat. Imprégnée de littérature antique et d'idéal romantique, républicaine proche des Girondins, révulsée par la tyrannie sanguinaire qu'illustre Marat, Charlotte passe à l'action. Elle assumera totalement son geste, affrontera sur l'échafaud la haine populaire, persuadée de sauver son pays. Astrid de Laage donne avec humanité et finesse une présence sensible à Charlotte mais aussi à Marat et aux femmes qui l'entourent, sa compagne Simonne Evrard au premier chef. Elle raconte une journée comme les autres du Paris révolutionnaire, la frénésie urbaine, la tension brûlante qui anime Charlotte au fil de son périple, les souffrances d'un Marat éreinté par sa maladie, les craintes de ses proches, les violentes critiques dont il est l'objet. Elle rend aussi à la jeune femme le mystère qui est le sien. Car de ce choix ultime, suicide pour la cause, volonté sans faille, nul ne peut mesurer la profondeur et l'enjeu personnel. Pour sa cousine contemporaine, mesurant les empêchements, les forteresses qui enfermaient les femmes de l'époque, Charlotte n'a pas le choix. Seule action possible pour sortir de sa condition : la violence. Se perdre pour exister - faute de ne pas pouvoir exister autrement.

05/2023

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Romans policiers

Terra Nullius

" UN TWIN PEAKS A LA FRANCAISE, UNE ECRITURE DROIT AU BUT COMME J'AIME " Olivier Norek, à propos de Douve Depuis Douve, ça ne va pas fort du côté d'Hugo Boloren. Sans la petite bille qui fait " ding " pour lui dévoiler une piste, il erre dans le commissariat, limite neurasthénique, au grand dam de Lulu la nouvelle stagiaire. Même ses carrés de chocolat échouent à le remettre d'aplomb. Bref, il est temps de changer d'air. Ca tombe bien : le commissaire Grosset a obtenu pour la mère d'Hugo un rendez-vous dans la clinique lilloise d'un grand spécialiste de la maladie d'Alzheimer. Alors en voiture pour Lille ! Et tiens, coïncidence : la veille du départ, Boloren entend à la radio qu'un enfant d'une dizaine d'années, Jimcaale, vient de se faire agresser dans la plus grande décharge publique de France, coincée à la frontière franco-belge et jouxtant un étonnant bidonville. L'instinct d'Hugo lui murmure d'aller jeter un oeil et Grosset, quoiqu'à contrecoeur, le met en contact avec le duo d'inspecteurs lillois : Desreumaux, qui porte des costumes trop grands pour se donner l'air moins jeune, et Lasselin, surnommé " le Messie " parce que, lorsqu'il interroge les suspects, " il fait parler les muets et redonne la vue aux aveugles. " Et les suspects, ce n'est pas ce qui manque dans cette " terra nullius " (un territoire sans maître) dont la Belgique et la France se renvoient la responsabilité : Manie, cheffe autoproclamée de ce camp, Narong Vacarme son chambellan, la Vieille Sara, le Hippie sage, Hafsa et Pran, Maman Jeanne et Papa Germain... tous liés au camp et à la décharge, tous liés à Jimcaale et au mystérieux trésor qu'il prétendait avoir trouvé quelques jours avant sa mort. Sans parler d'un étrange " trimoin ", ainsi baptisé parce que trois fois témoin dans trois affaires de meurtres sans aucun lien, ni du très médiatique cuisinier vedette de " Toque Toc ", l'émission culinaire la plus regardée de France... Bref, " le problème dans cette affaire, ce n'est pas le nombre de pièces dans le puzzle, c'est le nombre de puzzles ". Avec l'aide de sa bille qui revient enfin mettre de l'ordre dans son cerveau, Hugo Boloren va découvrir peu à peu les liens invisibles, révéler les mystères et secrets qu'on cherche à lui cacher, jusqu'à la résolution effroyable de l'affaire criminelle la plus sordide de sa carrière.

03/2022

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Chats

Je rends mon chat heureux !

Un livre de bien-être félin destiné à tous les propriétaires de chat (plus de 14 millions de chats domestiques en France) qui ouvre une mini-collection cautionnée par Docteur Good Véto ! Un livre pour découvrir aussi qu'un chat heureux fait un maître heureux ! Voici un petit ouvrage pratique et original grâce auquel chaque propriétaire de chat trouvera des réponses à ses questionnements sur le bien-être de son animal, c'est un peu le livre de développement personnel pour les félins indique son auteur, le docteur-vétérinaire Hélène Gateau, connue des amis des animaux par ses interventions télé, radio et presse avec les deux hors-séries docteur Good Véto, une passionnée qui oeuvre chaque jour au bien-être animal Il s'agissait pour elle de ne pas faire un livre de plus sur le dressage, l'alimentation, l'éducation et les soins à prodiguer à son animal, mais de considérer, sans anthropocentrisme et du point de vue d'un éthologue qui a longuement étudié le comportement de cet animal, ce qui fait le bien-être de celui-ci et de construire l'ouvrage dans ce sens pour que homme et animal puisse avoir une relation épanouie et heureuse. Les 5 règles définies par l'organisation mondiale du bien-être animal sont les suivantes : Ne pas souffrir de faim ou de soif Ne pas souffrir d'inconfort Ne pas éprouver de peur ou de détresse Ne pas éprouver de douleur ou souffrir de lésion, de maladie Pouvoir exprimer les besoins propres à son espèce Le livre est composé de 4 grands chapitres qui prennent en compte ces règles en s'attachant aux spécificités du chat et des races : Alimentation (que donner à son chat qui n'est pas une fine bouche mais quel nez ! ) Aménager l'espace, les sorties, un chat bien chez lui est un chat heureux(le chat est un animal territorial chez qui on vit (exemple : comment préserver l'environnement olfactif de son chat) Etablir une relation de confiance -respect et éducation en famille Jeux et soins (plein d'idées pour faire jouer son chat , le chat est un animal qui adore jouer même très vieux) Le texte est émaillé de conseils et d'astuces pour découvrir encore son animal et le rendre heureux en toutes circonstances. Un test permettra à chaque lecteur en préambule de définir le type de chat dont il est le propriétaire et d'avoir quelques bases pour interpréter les messages que lui délivre sa gestuelle et ses comportements

09/2021

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Parapsychologie

Comment les synchronicités ont changé ma vie. Un médecin témoigne des pouvoirs incroyables de la rétrocausalité

Un émouvant témoignage de guérison grâce à la rétrocausalité : quand le futur peut nous aider à nous soigner Le Dr Cornelia Gauthier partage pour la première fois son parcours initiatique bouleversant. Elle a connu des douleurs invalidantes de plus en plus fortes, qui l'ont amenée à ne plus pouvoir s'asseoir ni même tenir debout. Elle est donc restée couchée pendant des années. Son univers s'est peu à peu rétréci : plus de sorties, de spectacles, de repas de famille, isolement progressif, solitude extrême... En tant que patiente-médecin, elle a connu l'errance médicale face à ces douleurs indescriptibles. Au plus mal, elle a beaucoup pensé à la mort et elle s'est documentée sur le sujet. Jusqu'au jour où elle a lu Se souvenir du futur de Romuald Leterrier et Jocelin Morisson. Les auteurs y expliquent qu'on pourrait fabriquer des synchronicités et formulent l'hypothèse que l'on pourrait se guérir à travers une guidance par ces phénomènes. Ils proposent de mettre une destination-intention dans le futur, avec un timing. Ce nouveau futur déterminé et choisi nous enverra ensuite des signes GPS sous forme de synchronicités. Pour cela, il faut se mettre dans le futur. Cornelia Gauthier. N'ayant plus rien à perdre, décide de tenter l'expérience. Dans cet ouvrage inédit et expérimental, elle explique ce qu'est la rétrocausalité, un principe de physique quantique où le temps s'écoule du futur vers le présent, en opposition au temps que nous connaissons qui va du présent vers le futur et que l'on nomme causalité. Elle raconte comment elle a réussi à aller dans le futur. C'est ainsi qu'un matin, à l'automne 2020, elle s'est réveillée avec la phrase suivante : "Nous sommes le 1er janvier 2023 et je suis complètement guérie". Elle s'est ainsi parachutée dans le futur et son présent est devenu le passé. A partir de ce jour, elle a peu à peu retrouvé la santé. Les solutions de guérison se sont présentées à elle successivement, la maladie étant multifactorielle, telle une spirale qui se déroule en sens inverse. Elle a revisité son alimentation, ses blocages émotionnels, ses scénarios répétitifs et toute sa psychogénéalogie. Malgré plusieurs rechutes, elle a tenu bon ! Ce livre est également un message d'espoir empreint de développement personnel et de spiritualité. Le Dr Cornelia Gauthier y partage de précieux outils à toutes les personnes qui souffrent, tels que l'intuition et les synchronicités.

03/2023

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Théâtre

La différence ; Le tueur de Venise ; Pôkomeu ; Paroles d'hommes ; Destins de rues

Croix-rouge du Coeur, Restos de l'Ame, Secours cathodique, Sécurité Bancaire, autant d'organismes absents d'une société déboussolée. Vivre, aimer sans tricher n'est pas à la portée de tous. Le combat entre l'idéal et nos réalités est sans relâche, comme s'ils ne pourraient jamais s'entendre. La société a des maladies incurables. Que choisir : le réel, le possible, la perfection ? Pouvoir, savoir, espoir ? Il ne suffit pas d'écrire, il faut écrire vrai. La différence de Claire Lise Charbonnier. Ces scènes de la vie quotidienne veulent présenter, sur un mode ludique, et en associant le public à la représentation à travers l'introduction de chansons dont l'air est connu de tous, un certain nombre de situations où la façon de traiter les individus n'est malheureusement pas la même, que ce soit suivant leur couleur de peau, leur provenance, leur handicap physique, etc. Réagissons, en théâtre et en chansons! Le tueur de Venise de Jean Manuel Florensa est une comédie dramatique où le drame côtoie l'humour et où le trivial surgit dans les situations les plus délicates. Sous le soleil de la Côte d'Azur, avec sa femme Hortensia, Toni tient une gargote au nom racoleur de " Venise ". Brice, jeune homme au chômage, accepte de travailler au noir. Ostensoire, un transsexuel aux biceps de poids lourds, en tombe follement amoureux(se). Sous le clinquant d'une comédie à la Pagnol, se cache un réquisitoire impitoyable contre les sociétés d'abondance. Tout tourne au drame car " le coeur des fils des hommes est bourré de méchanceté. " La comédie se termine sur la tuerie des " hypocrites, faussaires, détourneurs de fonds, traîtres, corrompus, courtisans lécheurs de bottes et de cul, couards et les tièdes ". Humour acide, rage, émotion et poésie. " Aux armes, citoyens ! ". "Ce soir, avec Sirèna ", l'émission de la générosité et du don de soi, nous fait découvrir dans pôkomeu de Michel Gendarme un monde inconnu dans lequel des êtres souvent mal aimés tentent de survivre. Des êtres extraordinaires qui, malgré leurs différences, recèlent des trésors de bonté et de tolérance. Et pourtant, ces femmes et ces hommes voudraient, Mesdames et Messieurs, vivre simplement comme vous et moi. Paroles d'hommes de Marwil Huguet: trois monologues croisés qui fonctionnent de la même manière que ceux de la pièce Un amour de femmes (l'Embarcadère éditions). Ils sont en quelque sorte la réponse du "berger à la bergère", mais il n'est cependant pas nécessaire d'avoir lu ou vu l'autre pièce car ces monologues fonctionnent de façon parfaitement autonome.Trois hommes de trois générations différentes s'expriment à propos de leur vie amoureuse dans un contexte particulier à chacun : les années 1940 pour le premier, la période 68 pour le deuxième, les années 1980 pour le troisième. Destins de rue de Philippe Vintejoux se demande que peut, que doit faire un écrivain face aux drames de la vie sociale et sentimentale d'inconnus qu'il croise ? Ce chômeur qui perd jusqu'à son identité, ces deux femmes qui s'aiment jusqu'à la tragédie, ces deux amis dont la galère abolit la couleur de peau ? Leur offrir l'impossible : qu'ils s'emparent de la scène et jouent de leur propre destin. Ces personnages portent en eux les mythes de l'humanité derrière le fait divers.

07/2007

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Littérature étrangère

Un Homme et des bêtes

Ouvrage Dans La Dernière Frontière, son premier ouvrage paru en 1931, Grey Owl nous livre un témoignage de sa vie de trappeur dans les forêts du Grand Nord canadien. Dans cette ode à la beauté de la nature percent déjà ses inquiétudes sur les menaces qui guettent la faune de la forêt boréale. Peu à peu, converti à l'écologie, il abandonne sa vie de trappeur pour se consacrer à la défense de la nature et des animaux, notamment des castors. C'est ce combat, sa " croisade " en faveur des castors, que Grey Owl nous conte dans son second ouvrage, Un Homme et des bêtes, paru en 1932. Passion dévorante, étonnante de la part d'un homme qui les a si longtemps chassés. Devenu leur protecteur, il fonde une petite colonie de castors et y consacre tout son temps. Ce sont ses " enfants chéris ". Il les cajole, passe des heures à jouer avec eux, les gâte avec des sucreries, s'inquiète quand ils sont malades ou disparaissent quelques heures. Sa cabane de " Beaver Lodge " devient une véritable hutte de castors. Cet ouvrage a connu un succès considérable. Grey Owl profite de cette notoriété pour médiatiser son message de conservation et inciter les autorités canadiennes à prendre les premières mesures pour réglementer la pratique de la chasse et de la trappe. Si, aujourd'hui, les castors n'ont pas disparu des forêts canadiennes, on le doit en grande partie à ce personnage fascinant et visionnaire qui a su faire prendre conscience, plus tôt que tout le monde, des enjeux écologiques. Auteur Grey Owl : Archibald Belaney (1888 - 1938), surnommé Grey Owl, est fasciné, durant sa jeunesse, par les autochtones d'Amérique du Nord et rêve d'en devenir un. A l'âge de dix-sept ans, il part pour le Canada. Entre 1907 et 1927, il vit dans le Nord de l'Ontario et gagne sa vie comme trappeur, guide et garde forestier. Converti à l'écologie, il devient, peu à peu, un farouche défenseur de la nature. En 1931, Grey Owl est nommé par le gouvernement canadien " gardien des animaux " du parc national du Mont Riding, au Manitoba, puis du parc national de Prince Albert au Saskatchewan, où il écrit ses articles et ses livres. Argumentation - Un ouvrage qui a eu un succès imposant du vivant de Grey Owl avec plusieurs centaines de milliers d'exemplaires de vendus. - Grey Owl peut être considéré comme un des pères fondateurs de l'écologie. - Grey Owl a inspiré au cinéaste Richard Attenborough un film dans lequel le héros est incarné par l'acteur Pierce Brosnan. - Vont acheter ce livre : les amateurs de bonne littérature, les voyageurs, les lecteurs épris de la nature, ceux ayant des préoccupations écologistes, les Québécquois et tous ceux souhaitant rêver !

11/2009

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Imagerie médicale

Actualités en échographie de l'appareil locomoteur n°18

On sait que l'échographie MSK est bien adaptée à l'étude des nerfs. On va en avoir la preuve car 8 chapitres leur sont consacrés. Afarine Madani nous apprend l'intérêt de l'échographie pour l'étude des nerfs périphériques en cas de Polyradiculoneuropathie Inflammatoire Démyélinisante Chronique (PIDC), Guillaume Lefebvre pour celle des petits nerfs de la main et du poignet et Guillaume Etievent pour l'étude des branches du nerf sural et du nerf cutané dorsal du pied. David Petrover nous montre comment l'échographie contribue au diagnostic différentiel en cas de suspicion de syndrome du canal carpien. Thomas Le Coroller nous détaille l'écho-anatomie du nerf calcanéen médial et Julien Borne nous apprend à ne pas méconnaitre les torsions nerveuses. Enfin, Paul Michelin analyse le nerf ulnaire du haut en bas et Raphaël Campagna avec l'équipe de Cochin vous montre quel est l'aspect d'une lésion nerveuse traitée par neurotube. Pour le membre supérieur, Raphaël Guillin nous détaille l'échographie de la maladie de Dupuytren et Wassef Khaled celle des ruptures partielles du triceps au coude. Ensuite, Marie Faruch et l'équipe toulousaine nous apprend l'intérêt de l'échographie en cas de traumatisme du coude, Maxime Lacroix nous fait découvrir les kystes intratendineux du poignet et Sylvain Viltart nous montre que le diagnostic de capsulite doit être échographique avant d'être clinique contrairement à ce que pense bon nombre de personnes !! Le membre inférieur n'est pas en reste avec pour commencer Gérard Morvan qui vous fera comprendre beaucoup de choses en vous expliquant la torsion de nos membres inférieurs. Lionel Pesquer vous rappelle l'intérêt de notre technique pour le dépistage des languettes méniscales et Antoine Moraux nous démembre les étiologies du ressaut du tendon distal du semimembraneux. Deux chapitres sont consacrés à un problème d'actualité : Quentin Monzani et Bertrand Dallaudière vous montrent l'aspect post-opératoire de l'entorse de la cheville car de nouvelles techniques chirurgicales ont transformé la prise en charge de ces lésions. Antoine Ponsot nous explique les mécanismes de l'hallux saltans et comment le repérer Avec Amina Fihri, l'équipe de la Pitié vous montre l'importance de l'étude de la bandelette iliotibiale, avec Anne-Sophie Billard, les différents diagnostics à évoquer en cas de douleur de la face plantaire de l'hallux et avec Jean-Louis Brasseur, les nouveaux éléments concernant l'échographie du tendon d'Achille. Il reste un chapitre, et non des moindres, puisqu'il nous servira tous les jours, celui d'Agnes Lhoste qui fait le point sur les anesthésiques locaux en écho-interventionnel. 23 beaux chapitres qui vous montrent l'intérêt de l'échographie MSK !!

01/2023

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Histoire de France

Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim. L'action 14f13 1941-1945 en Autriche annexée, nouvelles recherches sur la comptabilité de la mort

Dans cet ouvrage que nous avons voulu nommer, sans concession de style ou d'esthétique, Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim, l'auteur informe les lecteurs, avec précision et pertinence, des pratiques dans ce château de Haute-Autriche mis au service du camp de Mauthausen. Des malades sont soignés à l'institution caritative de Hartheim depuis 1898 par des soeurs de l'ordre religieux de Saint Vincent de Paul. Dans les premiers jours d'octobre 1939, Hitler décide de mettre en pratique l'" euthanasie " nationale-socialiste sur des patients dits incurables, pour " leur donner une mort miséricordieuse ", opération baptisée Aktion T4. Les nazis ont construit au château de Hartheim une chambre à gaz et un four crématoire. Dès le printemps 1940, des" soignants " en blouse blanche, divers bystanders, un " brûleur ", un photographe et du personnel administratif pratiquent leurs basses besognes au château de Hartheim, sous les ordres des membres de la SS, le D' Georg Renno (jugé inapte à comparaître par un tribunal allemand en 1970 et laissé en liberté après guerre) et son supérieur, le Dr Rudolf Lonauer (qui s'est suicidé le 5 mai 1945). Quand cessent officiellement ces assassinats, à partir de l'été 1941, ce sont les camps de concentration de Mauthausen, Gusen puis Dachau qui approvisionnent en vie humaine les terribles installations secrètes du château ; ce sera l'Aktion 14f13. Les criminels nazis formés en ce lieu sont ensuite, pour la plupart, affectés aux camps d'extermination, pour la mise en place de la " solution finale " au cours de l'Aktion Reinhard. Les concentrationnaires sélectionnés pour aller en " camp de convalescence " ou au " sanatorium ", vocables désignant la chambre à gaz, étaient acheminés par des autocars à l'effigie de la Reichspost. Espagnols, Polonais, Français, Italiens, Allemands du Reich, Hongrois, Juifs, droits communs, déserteurs, homosexuels, " asociaux " ou Tsiganes, les victimes venaient de divers camps de concentration, ou étaient des prisonniers de guerre soviétiques. Des listes existent et vous les consulterez dans ce livre incroyable de vérité, de sérieux, de recherche et porteur de cette histoire. Jean-Marie Winkler nous dévoile ces listes et leur méthodologie de dissimulation planifiée. Il donne la mesure de l'abjection humaine qui fait froid dans le dos. Dans son analyse minutieuse de " 14f13 ", l'auteur met au jour, jusque dans les écritures comptables, l'action machiavélique des autorités nazies et de leurs suppôts, non seulement pour exterminer des hommes, mais pour maquiller ces exécutions collectives. Environ 30 000 personnes furent exterminées au château de Hartheim entre 1940 et 1944, dont 8 000 concentrationnaires. Cette documentation sans précédent est non seulement une oeuvre de mémoire, mais la mémoire de notre histoire contemporaine et l'exhumation d'une vérité.

11/2010

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Littérature étrangère

Le silence d'après

Les passagers qui embarquent dans le train de 10 h 35 reliant Manchester à Londres ont tous une bonne raison d'espérer des lendemains meilleurs. Jeff se rend à un entretien d'embauche après des mois de chômage, Holly s'offre un peu de répit, Nick se rend à un mariage avec toute sa famille, Meg et sa compagne partent en randonnée, Caroline tente de se soustraire à sa vie compliquée, et Rhona espère rentrer le soir même pour retrouver sa fille. Huit solitudes se côtoient à bord de ce train. Et parmi elles, celle de Saheel, qui peine à trouver sa place dans une société dans laquelle il ne se reconnaît plus. Avec son sac bourré d'explosifs, Saheel n'attend plus rien de l'avenir, il attend le terminus. "Eprouvant et profondément humain. Un vrai coup de massue". Ian Rankin "Impitoyable et palpitant". Daily Telegraph Extrait : "Elle avait les larmes aux yeux. Elle n'aurait même pas dû être à bord de ce train. Si seulement elle n'avait pas raté le précédent ! Tout ceci lui semblait irréel. Elle avait du mal à croire qu'elle était vraiment là, à chuchoter au sujet de... Elle s'efforça de chasser cette pensée de son esprit. Trouillarde. Une bombe, donc. Une bombe, ou une grenade. Un moyen de blesser des gens, de tuer des gens. Comment en était-elle arrivée à cette conclusion simplement parce que ce passager transpirait dans un train étouffant et refusait d'engager la conversation ? Elle-même était en sueur, terrassée par une nouvelle bouffée de chaleur. Le moment idéal, bon Dieu. Elle sentit ses joues la brûler, ses bras et ses cuisses, tout. Elle devait être rouge comme une tomate. Le vertige persista, ainsi que cette peur, intense, qui se répandait dans chacun de ses membres à chaque battement de coeur. Puis elle le vit - l'étudiant - revenir. - Il est là, dit-elle, rongée par la culpabilité. Je vais, hum... Elle désigna son siège du doigt. Noman esquissa une grimace. Caroline pensa qu'elle devrait peut-être se déplacer, s'asseoir ailleurs. Ce serait la réaction la plus judicieuse, non ? Mais si l'étudiant s'en alarmait ? S'il paniquait et passait à l'acte plus vite que prévu ? Caroline n'avait éprouvé une telle frayeur qu'une fois en quaranteneuf ans d'existence. C'était différent de l'inquiétude qu'elle avait parfois éprouvée pour les enfants quand ils étaient malades ou blessés. Même lorsque Paddy, avait été commotionné après avoir été renversé par une voiture à l'âge de neuf ans, et que, des heures durant, on n'avait pas su s'il y avait une lésion cérébrale. Différent parce qu'il s'agissait de terreur, pas de peur".

06/2018

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Littérature étrangère

L'oeuvre sans auteur. Le destin tragique d'une famille allemande

Gerhard Richter, né en 1932, est aujourd'hui considéré comme " une des figures majeures de la peinture contemporaine ", comme l'appela le Centre Pompidou lors de l'une des grandes rétrospectives qui lui ont été consacrées ces dernières années. C'est aussi un artiste au destin exceptionnel, qui a réussi à imposer son style personnel après avoir traversé la dictature nazie et avoir échappé au régime d'Allemagne de l'Est. C'est cette vie que raconte ce livre, adaptation du scénario d'un film qui sortira au mois d'octobre réalisé par l'auteur de La Vie des autres, Oscar 2007 du meilleur film étranger. Dans ce récit librement inspiré de la vie de Gerhard Richter - dans une interview récente, l'auteur et réalisateur explique qu'il laissera au lecteur le soin de faire la part du réel et du fictif -, Florian Henckel von Donnersmarck suit le fil de l'existence de l'artiste (ici sous le prénom de Kurt) depuis l'arrivée du nazisme, avec la visite de l'exposition L'Art dégénéré à Dresde, jusqu'au début de sa carrière de peintre. La mort de sa tante Elisabeth, une femme superbe, dotée d'un profond sens artistique, mais éliminée par les nazis pour " schizophrénie ", le suicide de son père, la rencontre avec sa future épouse, Ellie, ses débuts à l'académie des beaux-arts de Dresde, son passage à l'Est et son entrée à l'académie de Düsseldorf, un creuset de l'art contemporain, alors dirigé par Joseph Beuys, où Richter trouvera son style et fera ses premiers pas d'artiste. A ce récit biographique se mêle l'histoire d'un gynécologue, Carl Seeband, ancien SS membre de " Aktion T4 " au cours de laquelle furent éliminés plusieurs dizaines de milliers de handicapés et de malades mentaux – dont la tante de Richter. Emprisonné par les Russes à la Libération, Seeband se " rachètera " en sauvant la femme et l'enfant à naître du commandant russe du camp de prisonniers. L'ancien nazi fera une brillante carrière en RDA avant de passer à l'Ouest et de redevenir directeur de clinique. Homme de pouvoir, manipulateur, brutal, Seeband est aussi le père d'Ellie, la compagne de Kurt. A travers son histoire, Florian Henckel von Donnersmarck nous fait revivre l'histoire agitée et ambiguë de ces scientifiques du XXe siècle qui ont servi tous les régimes sans aucun cas de conscience. C'est pourtant un artiste, ici, qui aura raison du criminel. Oeuvre sans auteur est un film et un récit palpitant, où la violence se mêle constamment à la tendresse, l'épaisse brutalité à la plus grande subtilité esthétique, pour produire un récit aussi émouvant et intelligent que les tableaux de l'artiste dont il dépeint la vie.

06/2019

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Récits de voyage

Les croisières citroën. 2 volumes : La croisère blanche ; La première traversée du Sahara en autochenille

La première traversée du Sahara en autochenille Ariane Audouin-Dubreuil livre le récit passionnant de la première traversée du Sahara en automobile, depuis les premiers essais en 1921, les missions de reconnaissance et de ravitaillement de Kidal à Tin-Zaouaten au nord du Soudan, jusqu'à l'accomplissement réussi de l'expédition en 1923 lorsque les autochenilles Citroën franchissent le Tidikelt, le Mouydir, les gorges de l'Arak, le Hoggar, le Tanezrouft et le désert soudanais avant de rallier Tombouctou, vingt jours seulement après le départ de Touggourt. L'auteur restitue dans toute sa réalité cette épopée saharienne grâce aux archives inédites léguées par son père : carnets de route, photographies, illustrations, cartes, correspondances, objets divers. Elle évoque les conditions extrêmes de l'expédition, les passages rendus dangereux par la présence dans certains secteurs de rezzi marocains et libyens, ainsi que les buts précis de la mission : établir une liaison nord sud entre l'Algérie et l'Afrique occidentale en créant une piste automobile, étudier une route aérienne avec des postes d'escale et des terrains d'atterrissage, tracer une route pour un chemin de fer transsaharien, rendre compte des conditions de vie des peuples du désert. La Croisière blanche (juillet 1934-octobre 1934) fut le quatrième raid automobile Citroën organisé par Charles Bedaux au Canada. Compte tenu des résultats médiatiques obtenus grâce aux succès de la Croisière noire et de la Croisière jaune, André Citroën est tenté de renouveler un exploit comparable sur le continent américain. Cinq Citroën type P 17 sont lancées dans une traversée du nord-ouest du Canada à partir d'Edmonton, capitale de l'Alberta. L'expédition part le 6 juillet 1934. Se lançant à l'assaut des Montagnes Rocheuses, elle rencontre très rapidement des difficultés imprévues et insurmontables dues aux pluies diluviennes, aux glissements de terrain et à la boue qui s'ensuit. Le 17 juillet, la Bedaux Sub Arctic Expedition arrive à Fort Saint-John ; le 11 août, deux des autochenilles sombrent dans le passage de la Halfway river. Le 13 août, le radeau de l'expédition chargé d'une automobile part à la dérive ; les deux autres doivent être abandonnées, l'expédition continue alors à cheval. Début septembre, les zones non cartographiées de la Colombie britannique sont atteintes ; à la fin de ce même mois, Charles Bedaux est contraint d'abandonner l'objectif de Telegraph Creek (sur l'océan Pacifique), les tempêtes de neige et les chevaux malades empêchant toute progression. L'expédition fait alors demi-tour et sera de retour à Edmonton par la Canadian Pacific Railway le 23 octobre 1934. Même si elle ne connaîtra pas le succès escompté, la Croisière blanche reste une aventure exceptionnelle.

11/2010

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Littérature française

Les joyeuses Bourgeoises de Windsor

" Selon une tradition généralement reçue, la comédie des Joyeuses Bourgeoises de Windsor fut composée par l'ordre d'Elisabeth, qui, charmée du personnage de Falstaff, voulut le revoir encore une fois. Shakspeare avait promis de faire mourir Falstaff dans Henri V mais sans doute, après l'y avoir fait reparaître encore, embarrassé par la difficulté d'établir les nouveaux rapports de Falstaff avec Henri devenu roi, il se contenta d'annoncer au commencement de la pièce la maladie et la mort de Falstaff, sans la présenter de nouveau aux yeux du public. Elisabeth trouva que ce n'était pas là tenir parole, et exigea un nouvel acte de la vie du gros chevalier. Aussi paraît-il que les Joyeuses Bourgeoises ont été composées après Henri V, quoique dans l'ordre historique il faille nécessairement les placer avant. Quelques commentateurs ont même cru, contre l'opinion de Johnson, que cette pièce devait se placer entre les deux parties de Henri IV ; mais il y a, ce semble, en faveur de l'opinion de Johnson qui la range entre Henri IV et Henri V, une raison déterminante, c'est que dans l'autre supposition l'unité, sinon de caractère, du moins d'impression et d'effet, serait entièrement rompue. Les deux parties de Henri IV ont été faites d'un seul jet, ou du moins sans s'écarter d'un même cours d'idées ; non- seulement le Falstaff de la seconde partie est bien le même homme que le Falstaff de la première, mais il est présenté sous le même aspect ; si dans cette seconde partie, Falstaff n'est pas tout à fait aussi amusant parce qu'il a fait fortune, parce que son esprit n'est plus employé à le tirer sans cesse des embarras ridicules où le jettent ses prétentions si peu d'accord avec ses goûts et ses habitudes, c'est cependant avec le même genre de goûts et de prétentions qu'il est ramené sur la scène ; c'est son crédit sur l'esprit de Henri qu'il fait valoir auprès du juge Shallow, comme il se targuait, au milieu de de ses affidés, de la liberté dont il usait avec le prince ; et l'affront public qui lui sert de punition à la fin de la seconde partie de Henri IV n'est que la suite et le complément des affronts particuliers que Henri V, encore prince de Galles, s'est amusé à lui faire subir durant le cours des deux pièces. En un mot, l'action commencée entre Falstaff et le prince dans la première partie, est suivie sans interruption jusqu'à la fin de la seconde, et terminée alors comme elle devait nécessairement finir, comme il avait été annoncé qu'elle finirait".

03/2023

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Sociologie

La bataille de la Sécu. Une histoire du système de santé. Préface de Bernard Friot

Comment a-t-il été possible de construire la Sécurité sociale en 1946 dans un pays où la population dépendait de tickets de rationnement pour se nourrir alors qu'aujourd'hui nous ne serions pas capables de l'étendre dans un pays qui a rarement été aussi riche ? Ce livre propose une histoire des transformations de la protection santé en France de 1789 à nos jours, à travers le prisme des conflits qui l'ont façonnée. Au cours de la Révolution de 1789, alors que les débats sur la place de l'Etat et du capital dans la protection santé se déroulent dans des termes très contemporains, l'Etat refuse de procéder à des réformes d'envergure. Les mutuelles naissent alors comme forme d'auto-organisation malgré les interdits et la répression. Par crainte de leurs velléités révolutionnaires, l'Etat se réapproprie l'esprit des mutuelles par une série de loi à partir de 1852. C'est avec la Première Guerre mondiale que naît véritablement l'Etat social : la conduite et les conséquences de cette "guerre totale" renforcent le rôle de l'Etat dans la société, et son besoin de prendre soin comme de contrôler la population. L'Etat social en France n'est pas le produit de la bienveillance parlementaire mais celui de la guerre. Après 1945, deux logiques en germe depuis un siècle s'affrontent directement : d'un côté, des militants cégétistes issus de la Résistance mettent en place en quelques mois un système de sécurité sociale autogéré par les intéressés, dans la tradition de la "Sociale" initiée par la Commune de Paris ; de l'autre, dès 1946, l'Etat cherche à mettre la main sur la "Sécu" contre le pouvoir populaire. Bientôt, il va modifier les principes de l'institution - de "chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins" à "chacun paye selon ses moyens et reçoit selon son niveau de risque" . Au gré des réformes, l'Etat social renforce un capitalisme politique où la proximité entre élites politiques et économiques impose des politiques souvent en contradiction avec les aspirations populaires. Si les dépenses de santé ne baissent pas, elles sont de plus en plus contraintes (nouvelle gestion publique) et changent de nature. Au nom de la lutte contre les déficits - c'est l'invention du "trou de la Sécu" -, la politique de ciblage des dépenses vers les plus pauvres et les plus malades ouvre un espace pour l'épanouissement des alliés politiques de l'Etat (médecine libérale, complémentaires santé) et pour le capital (cliniques, industrie pharmaceutique). La pandémie a mis en lumière toute l'absurdité de ces évolutions et l'impérieuse nécessité reprendre le pouvoir sur la sécurité sociale.

10/2022

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Histoire de la psychologie

Les formes de la croyance

"Lorsqu'il mourut à l'âge de 87 ans, Pierre Janet travaillait à un ouvrage sur la croyance dont le manuscrit inachevé est resté inédit. Tout nous porte à croire que Janet avait à formuler un dernier secret qu'il a peut-être emporté dans la tombe, mais dont il nous reste quelques fragments épars" . H. F. Ellenberger, "Pierre Janet philosophe" (1973) Les Formes de la croyance constitue la toute première édition de l'essai resté inachevé du philosophe, médecin et psychologue français, Pierre Janet (1859-1947). Cet ouvrage aux relents testamentaires - issu des ultimes leçons au Collège de France de ce savant autrefois mondialement connu, pourfendeur de la psychanalyse - l'a conduit à réviser sur le tard la partie la plus intéressante de son système théorique, bousculé dans ses convictions par sa lecture des Deux Sources de la morale et de la religion d'Henri Bergson. Selon Janet, plusieurs "formes de la croyance" - délirantes, religieuses, philosophiques, scientifiques, historiques et enfin mystiques - s'emboîteraient, en se fructifiant non sans s'opposer. Ebauchées à la lisière du social et de l'individu, elles seraient inhérentes à l'évolution de la pensée humaine ayant fait l'objet, au gré des époques, des lieux, des cultures et civilisations, de transformations psychologiques notables. Traversé par maintes fulgurances - esquissant entre autres certains rapports d'affinités et lignes de rupture entre "mythes religieux" et "récits délirants" - cet écrit foisonnant révèle surtout comment Janet, pétri d'un scientisme revendiqué assimilant les mystiques à des malades mentaux, tel son cas central, Madeleine "l'extatique de la Salpêtrière" , est parvenu à renverser partie de ses conceptions à un âge déjà avancé. Aussi, non sans faire controverse, ira-t-il jusqu'à apparenter lesdits mystiques à des "révolutionnaires" porteurs d'un message avant-coureur à l'adresse de la société moderne, à contre-jour des cadres scientifiques étouffant l'expression de la subjectivité. Par extension, ces réflexions peuvent indéniablement entrer en résonance avec certaines questions agitant le temps présent... La retranscription in extenso du manuscrit, accompagné d'une série de textes annexes qu'agrémente un appareil critique, est précédée d'une double présentation. Elle rend compte, via une foule d'archives inédites, de la trajectoire intellectuelle de l'homme inscrit dans un contexte spécifique et de réseaux, entretissés d'interactions contrastées qu'il put entretenir avec des contemporains - Bergson, Charcot, Ribot, Freud, Jung, Breton, Lacan, Delay, Leiris, Bataille, mais aussi Raymond Roussel, ou Nathalie Sarraute, etc. -, ainsi que de la genèse et des "éclipses" de cet essai longtemps demeuré méconnu. Une postface consacrée au devenir de la vaste bibliothèque personnelle de Janet, dispersée après sa mort, vient ponctuer cet ouvrage appelé à faire référence.

10/2021

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Japon

J'ai épousé un maître de Nô. Du Liban au Japon, récit autobiographique

Ce récit est une histoire de résilience. L'auteure raconte comment elle a échappé à la guerre civile libanaise, en 1976 à l'âge de 18 ans, comment elle a intégré une tradition séculaire en épousant au Japon un maître de Nô, Naohiko Umewaka, dont la lignée remonte à plus de 600 ans et comment elle a participé à faire connaître le théâtre Nô dans le monde entier. Elle nous introduit dans l'univers du Nô, la plus ancienne tradition théâtrale du Japon. Elle raconte comment son mari a participé au renouveau de cette tradition en créant de nouvelles pièces. Elle relate les défis culturels et conjugaux auxquels elle a été confrontée et son expérience de mère de deux enfants biculturels. Ce livre chaleureux nous fait partager l'histoire d'une femme qui, dans un contexte difficile, trouve son chemin avec créativité et persévérance. Il témoigne de la culture Japonaise en profondeur et pose un regard lucide sur les différences culturelles au sein d'un monde globalisé. Cet ouvrage est un récit qui décrit la rencontre de deux cultures opposées et qui nous fait découvrir le monde du théâtre Nô de l'intérieur. Madeleine Abdel-Jalil, issue d'une vieille famille de chrétiens d'Orient, raconte comment, fuyant à la guerre civile libanaise en 1976, à l'âge de 18 ans, elle a rejoint sa soeur installée au Japon puis intégrée une tradition hiérarchisée en épousant un maître de Nô, Naohiko Umewaka, dont la lignée remonte à plus de 600 ans. Elle nous introduit dans l'univers du Nô, une tradition théâtrale japonaise créée au XIV° siècle, et nous éclaire sur ses concepts philosophiques et esthétiques. Son mari, Naohiko, est un pionnier dans l'introduction de nouvelles pièces de Nô, collaborant avec des artistes étrangers et mêlant tradition et modernité esthétique. L'auteure a trouvé sa voie en participant à ce renouveau, en organisant des représentations au Japon et dans le monde entier, et en initiant un large public à l'esthétique et aux subtilités du Nô. Madeleine Umewaka raconte également les défis auxquels elle a été confrontée, son expérience de mère de deux enfants biculturels, et comment elle a amené sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, du Liban au Japon où elle a bénéficié de soins attentifs et de l'empathie des Japonais. Ce livre chaleureux, dont une première version est parue au Japon en 2019, nous fait partager l'histoire d'une femme qui, dans un contexte difficile, trouve son chemin avec créativité et persévérance. Il témoigne de la spécificité japonaise en profondeur et pose un regard lucide sur les différences culturelles au sein d'un monde globalisé.

06/2023

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Littérature française

Confessions, ou la vie de Paul Verlaine

Paul Verlaine est né à Metz, le 30 mars 1844, et a opté pour la nationalité française en 1873. Découvrez dans ce livre l'histoire de sa vie. "Je me rappelle une petite pension où j'allai jusqu'à l'épellation inclusivement, dans une rue aux Ours, chez une demoiselle très gâteau, et c'est tout le souvenir que j'ai d'elle et de mes études sous sa direction. Mon père était capitaine du Génie, et chez mes parents c'était souvent le tour des choses de l'armée, dans les conversations, et des officiers du régiment aux soirées hebdomadaires, whist et thé, qui s'y donnaient. J'étais si fier du bel uniforme paternel : habit à la française au plastron de velours avec ses deux décorations d'Espagne et de France, Alger et Trocadéro, bicorne à plumes tricolores de capitaine-adjudant-major, l'épée, le bien ajusté pantalon bleu foncé à bandes rouges et noires, à sous-pieds ! si fier aussi de son port superbe d'homme de très haute taille, "comme on n'en fait plus" , visage martial et doux, où néanmoins l'habitude du commandement n'avait pas laissé de mettre un pli d'autorité qui m'imposait et faisait bien, car j'étais mauvais comme un diable quand on me tolérait trop d'espièglerie. Ma pauvre mère en savait long là-dessus, que son extrême bonté n'empêchait pas toutefois, si les choses allaient à l'excès de mon côté, d'en venir du sien aux justes extrémités. Plus tard, beaucoup plus tard, quand j'eus grandi, à quoi bon ? vieilli, pourquoi ? elle était coutumière, vaincue à la fin par mon adolescence tumultueuse et ma maturité pire dans l'espèce, de me dire, lors de nos scènes, en forme de menaces auxquelles elle savait bien que je ne croirais pas : "Tu verras, tu en feras tant qu'un jour je m'en irai sans que jamais tu saches où je suis". Non, elle ne devait pas réaliser ces paroles, et la preuve, c'est qu'elle est morte d'un refroidissement contracté en me soignant de la maladie qui me tient encore. Eh bien, je rêve souvent, presque toujours, d'elle : nous nous querellons, je sens que j'ai tort, je vais le lui avouer, implorer la paix, tomber à ses genoux, plein de quelle peine de l'avoir contristée, de quelle affection désormais toute à elle et pour elle... Elle a disparu ! et le reste de mon rêve se perd dans l'angoisse croissante d'une infinie recherche inutile. Au réveil, ô joie ! ma mère ne m'a pas quitté, tout ça n'est pas vrai, mais, coup toujours terrible, la mémoire me revient : ma mère est morte, ça c'est vrai !

11/2023

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Pléiades

Romans

Voici, après les deux tomes consacrés aux Contes et nouvelles, le volume qui rassemble tous les romans de Maupassant, y compris ses deux romans inachevés L'Ame étrangère et L'Angélus. Est-il tout à fait assuré que Maupassant appartienne au naturalisme ? Certes, il s'agit pour lui de trouver la vérité de l'homme non plus seulement dans son esprit (comme au XVIIIe siècle) ou dans quelques types exceptionnels (comme au XIX), certes, Taine et Claude Bernard ne sont pas loin, et Flaubert, fils de médecin : les personnages de Maupassant sont au monde "à travers leur corps", corps immergé dans un milieu qui les explique en partie. Et si - cependant - Maupassant était impressionniste, troublé par l'instant qui passe et les crépuscules qui ramènent les monstres ou les doubles que la nuit profère ? Une vie : Jeanne, l'héroïne, est l'hypostase même de l'absence ; c'est une vie quelconque - la sienne -, mais qui pourrait être la nôtre. Bel-Ami, ou l'homme qui arrive par les femmes dans les milieux bien troubles - et pas tout à fait archaïques - d'un certain journalisme et d'une certaine politique. Mont-Oriol, ou comment un type de médecin crée sa propre clientèle en suscitant la maladie de son malade. Pierre et Jean, ou l'obsession de l'identité. Plus fort que la mort : Olivier Bertin meurt - comme dans Racine - quand il reconnaît dans la fille de sa maîtresse le portrait - comme dans Poe traduit par Baudelaire - qu'il a jadis fait de celle-ci. Mais le portrait, ici, est de chair vivante. Notre coeur, ou la frigide qui tient salon : peut-être le seul roman de Maupassant qui sauve son héros par un recours quelque peu rousseauiste à la fraîche nature. Anatole France écrivait de Maupassant dans sa Vie littéraire : "Son indifférence est égale à celle de la nature : elle m'étonne, elle m'irrite. Je voudrais savoir ce que croit et sent en dedans de lui cet homme impitoyable. Aime-t-il les imbéciles pour leur bêtise ? Aime-t-il le mal pour sa laideur ? Que croit-il de l'homme ? Peut-être se dit-il que le monde est bien fait, puisqu'il est plein d'êtres mal faits et malfaisants ? Toutefois, on est libre de penser, au contraire, que M de Maupassant est, en secret, triste et miséricordieux, navré d'une pitié profonde, et qu'il pleure intérieurement les misères qu'il nous étale avec une tranquillité superbe". Faut-il, en définitive, penser de ces cruels romans ce que Maupassant écrivait, dans son premier recueil de vers, des femmes : Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent : On trouverait au fond une saveur amère.

07/1994

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Droit

Ni droite, ni gauche. L'idéologie fasciste en France, 3ème édition

Publié pour la première fois en 1983, Ni droite ni gauche donna lieu à l'un des rares conflits intellectuels des années 1980. En 1990, Le Monde le plaçait dans la liste des " quarante livres pour une décennie ". Aux Etats-Unis, Saül Friedlander parle de " livre extraordinaire " (The New Republic) et Robert Wohl note que " peu nombreux sont les livres récents consacrés à l'histoire de l'Europe qui aient provoqué un choc et une controverse comparables " (Journal of Modern History). Le débat qui aujourd'hui encore est loin d'être clos atteste les dimensions et les enjeux des questions soulevées. Pendant un demi-siècle, l'historiographie traditionnelle avait mis sur pied un corpus d'idées reçues fondé sur le postulat de la spécificité française. Immunisée une fois pour toutes par sa tradition républicaine, la France ne pouvait, par définition, produire une quelconque variété nationale de fascisme. Le livre de Zeev Sternhell a mis fin à ce long travail de banalisation et de refoulement qui fut un obstacle, majeur à la compréhension aussi bien de l'entre-deux-guerres que du régime de Vichy. En effet, la France a produit à la fois une tradition politique rationaliste, universaliste et humaniste, mais aussi son antithèse organiciste, particulariste, reposant sur un relativisme moral doublé d'irrationalisme, qui dès la fin du XIXe siècle entre, en révolte contre la démocratie, le libéralisme, le socialisme démocratique issu du marxisme et fidèle à son contenu rationaliste. Cette deuxième tradition politique exerce tout au long du XXe siècle une influence considérable sur l'évolution des mentalités et imprègne infiniment plus la société qu'on ne voudrait l'admettre. La révolte intellectuelle et morale contre la République, qui explose au tournant du siècle, se poursuit sans répit dans l'entre-deux-guerres et débouche finalement sur la Révolution nationale. Ainsi, le fascisme n'est pas un simple produit de la Grande Guerre et le régime, de Vichy n'a pas été un accident de parcours, une sorte de maladie passagère, un simple accès de fièvre. C'est le contraire qui est vrai : le régime instauré en 1940, à beaucoup d'égards plus brutal et plus sanguinaire que le fascisme italien, est un pur produit de l'histoire nationale. C'est l'idéologie de la droite révolutionnaire du tournant du siècle, mise à jour dans les années trente, qui représente l'essence de la dictature totalitaire de Vichy. C'est ainsi que la suite des travaux de l'historien de Jérusalem s'inscrit dans un cadre plus vaste, car une réflexion sur le fascisme est une réflexion sur la catastrophe européenne du siècle qui vient de s'écouler. Cette nouvelle édition est précédée d'un essai inédit d'une centaine de pages : " Morphologie et historiographie du fascisme en France ".

09/2000

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Littérature française (poches)

Assassins ; Criminels ; Sainte-Bob. Coffret 3 volumes

" Je travaillais pour un assassin. Cette réflexion prenait toute sa valeur lorsque je me penchais sur la rivière. Je travaillais pour un assassin comme la plupart des habitants de la ville, mais personne ne disait rien. Les fermes concernées s'étalaient sur plusieurs kilomètres en aval. Parfois, on m'attendait avec un panier plein de poissons crevés, ce qui nous faisait gagner du temps. Sinon, j'étais accompagné vers la berge et je devais me pencher sur la rivière car on tenait à me prouver que l'on ne me racontait pas des blagues. C'était pour moi un spectacle particulièrement éprouvant à cette étape de ma vie. " Les personnages de " Criminels " parlent sans espérer vraiment être entendus : pour se rassurer, peut-être, pour savoir où ils en sont, pour se persuader qu'ils existent. Ils pourraient aussi bien crier, ou gémir, ou chanter. C'est pourquoi le récit se présente comme un chœur foisonnant, un chaos de voix et de bruits, un entrecroisement de soliloques inquiets ou rageurs dessinant les contours d'un univers que Francis, le narrateur, ne parvient pas à déchiffrer. Francis avance au milieu de ceux qui devraient être des appuis, et qui ne sont que des questions : Elisabeth, sa compagne, dont chaque heure qui passe lui apprend à quel point elle lui est inconnue ; Patrick, son fils, avec qui il est incapable d'échanger quelques vraies paroles ; son père, qu'il porte - physiquement - partout avec lui, et dont l'esprit dérangé par la maladie s'alourdit d'un secret sans doute monstrueux. Et ce frère inaccessible, ces amis méfiants ou menteurs. Tous criminels, comme Francis, assassins de leur propre vie. " Criminels " est le deuxième volet d'une trilogie commencée avec " Assassins ", et qui prend fin avec " Sainte-Bob ". Il ne s'agit pas d'une suite, mais d'une relation triangulaire entre ces ouvrages. " Certaines journées d'automne sont propices à la fécondation des emmerdements futurs. " La maison du narrateur, l'écrivain Luc Paradis, est plantée au sommet d'une colline boisée et domine toute la vallée de la Sainte-Bob. Depuis trois ans qu'il a divorcé d'Eileen, Luc s'est réfugié dans l'alcool et l'écriture de deux romans, " Assassins " et " Criminels ", a pour lui une fonction thérapeutique. En cette journée d'automne donc, débarque Josianne une rousse flamboyante de soixante-trois ans. Elle est la mère d'Eileen. Luc et Josianne vont cohabiter tant bien que mal, improvisant au jour le jour, dans un climat équivoque, particulièrement lourd d'ambiguïté sexuelle... Après " Assassins " et " Criminels ", " Sainte-Bob " dessine la clef de l'entreprise, le " roman " enfin dévoilé des deux romans précédents.

02/2000

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Littérature française

N'en parlons plus

Les boîtes - puis la décision, Le silence de chacun, Faute de parler, A proprement parler : quatre des douze titres publiés à l'Escampette par Allain Glykos, sont ici rassemblés. L'ensemble est enrichi d'une préface écrite par Claude Chambard. Dans Les boîtes puis La décision, Clémence et le narrateur affrontent la mort d'un père disparu pendant l'enfance qui fait resurgir des souvenirs enfouis et un secret de famille. La douleur est telle que les mots pour la dire sont difficiles à trouver. "Les mots resteront ce qu'ils sont et le langage écrit aussi. Alors, il me faut lire, jusqu'à ce qu'avec les mots des autres je puisse draguer au fond de moi, pour qu'ils parviennent à trouver un sens et m'aident à me délivrer à mon tour. J'écris pour devenir visible à moi-même." Le silence de chacun évoque la maladie du frère d'Alexandre dont la lente agonie fait réfléchir au sens de la vie, à l'essentiel, à son amour pour Léna, à son désir de voyage, à ses liens avec ses parents, murés dans leurs habitudes et leur incompréhension de vivre une situation insupportable, celle de perdre un enfant. On retrouve Alexandre dans Faute de parler, qui raconte la mort de sa mère, occasion de se souvenir, de se remémorer l'enfance, l'amour silencieux de la mère. "Les regards suggèrent des phrases que l'on parvient à lire sans qu'aucun mot ne sorte de notre bouche." Le coup d'envoi de A proprement parler est une phrase lancée à la cantonade lors d'une réunion de famille, qui devient le prétexte pour écrire : "Je ne me souviens pas l'avoir vu se laver". A partir de cette accusation, l'auteur détricote le sens des mots en prenant l'expression au pied de la lettre, ce qui lui permet d'évoquer sa fratrie, ses parents, son adolescence... avec un humour ravageur et subtil. Rires, larmes, secrets, mensonges se disent dans les silences et les paroles des protagonistes. La fascination de l'auteur pour le pouvoir magique de la langue est à chaque fois le déclencheur du récit. Nous avons souhaité réunir ces livres dans notre collection de poche, afin d'offrir à de nouveaux lecteurs la possibilité de les découvrir, de montrer la cohérence du propos, les références d'un texte à l'autre comme autant d'indices et, notamment, le rôle énigmatique des femmes, miroirs sans concession des petits moments de la vie. N'en parlons plus, tel est le titre donné à ce volume. Mais est-il possible à l'auteur de n'en plus parler, au moment même où nous publions son dernier ouvrage, Poétique de famille ?

09/2015

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Biographies

Nous nous retrouverons un jour. Catastrophe aérienne à Bahreïn

Une série de signes annonciateurs d’une tragédie

Août 1946. Le paquebot Chantilly reprend ses rotations sur l’Extrême-Orient. Pour ce premier voyage, il achemine, dans le cadre des rapatriements sanitaires d’après-guerre, des Malgaches et des Asiatiques en plus des passagers qui tentent l’aventure Indochinoise. Un petit groupe d’Indochinois sera suspecté de tentative de sabotage.

Juin 1950. La ligne aérienne Saigon-Paris est l’une des plus sûres de l’Extrême-Orient. Pourtant, plusieurs événements vont venir perturber une organisation jusqu’ici sans faille et conduiront à la double catastrophe aérienne de Bahreïn, restée sans précédent dans l’histoire de l’aviation commerciale.

Les protagonistes : Annick Audierne épouse Clochec (1922-1950), la tante de l’auteur et Jean son mari (1921-1950).

Source : Au décès de sa grand-mère, l’auteur découvre les lettres que sa fille lui écrivait, tous les quinze jours, de Saïgon, entre 1946 et 1950. Cette mémoire familiale, d’une tante qu’il n’a pas connue, lui a donné l’envie de reconstituer les derniers instants d’un couple qui était tout proche de réaliser un grand rêve.

Résumé : Annick Clochec a 28 ans quand, en août 1946, elle embarque à Marseille à bord du paquebot des Messageries Maritimes « Chantilly », pour rejoindre son mari à Saïgon. Incidents techniques à répétition et tentatives de sabotage vont retarder considérablement la marche du navire. À l’escale de Tamatave et après un arrêt technique d’un mois, le navire n’aura pas l’autorisation de poursuivre sa route vers Saïgon et devra revenir, avec ses passagers, à Marseille. Avec ses passagers, mais sans son capitaine hospitalisé à Tamatave. C’est sur un navire-hôpital Britannique, à destination de la Corée, que les passagers du Chantilly seront transférés, à Port Soudan. Pendant ce retour, on apprendra le décès du Capitaine sans que la cause en soit vraiment élucidée. Maladie ? Suicide ?

Après quatre années passées à Saïgon, Annick et Jean Clochec rentrent en France pour des vacances. Ils ont choisi le plus beau, le plus rapide, le plus prestigieux des avions, le « Constellation ». Mais ce jeune couple va être confronté à des circonstances, toutes plus invraisemblables les unes que les autres, qui trouveront leur épilogue lors de la catastrophe aérienne de Bahreïn en juin 1950 où ils disparaîtront tous les deux. À deux jours d’intervalle, au même endroit, à la même heure, deux avions identiques de la compagnie Air France avec des pilotes chevronnés vont s’abîmer en mer. Le bilan est effroyable, 86 victimes et 19 rescapés dont les témoignages sont poignants. Sabotage ? Problèmes mécaniques ? Problème météo ? Erreur humaine ? Toutes les hypothèses sont analysées de manière critique.

10/2022

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Littérature anglo-saxonne

Vers le paradis

Voici une fiction hors du commun qui se déploie sur trois siècles, de 1893 à 2093. Dans chacun des trois livres qui composent le roman, l'auteure évoque une Amérique différente pour imaginer ce que son pays aurait pu être, ce qu'il a été, et ce qu'il pourrait devenir. Des points communs entre ces sociétés subsistent, bien entendu : certains personnages détiennent le pouvoir, d'autres le subissent, et tous doivent décider ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour leur liberté ou au contraire leur sécurité. L'Amérique de 1893 dépeinte par Yanagihara n'est pas celle des livres d'Histoire. Ici, une scission définitive au sein des Etats-Unis a donné naissance aux Etats Libres au nord et aux Colonies dans le sud. Dans ce nouvel état du nord, le mariage entre personnes du même sexe a été promu, mais pas l'émancipation des esclaves. C'est dans cette société que le jeune héritier David Bingham, propriétaire d'une luxueuse demeure sur Washington Square, doit trancher entre un mariage arrangé avec Charles ou une passion à l'avenir incertain avec Edward. Un siècle plus tard, d'autres personnages homonymes et vivant dans les mêmes lieux doivent faire des choix eux aussi. Pour le descendant de l'ancienne famille royale de l'archipel d'Hawaï, la sécurité et le confort d'une vie conventionnelle dans les beaux quartiers de New York peuvent-ils faire oublier le rêve de son père, celui d'une identité hawaïenne pure et originelle ? La ville de New York ne sera plus la même au siècle suivant, en 2093, divisée en secteurs, quadrillée et surveillée par un régime devenu autoritaire après toute une série de pandémies qui a frappé le pays. Un homme portant lui aussi le nom de David Bingham a participé en tant que scientifique à l'élaboration de cette société répressive, dans le but de protéger la population de la maladie et la mort, mais ses derniers efforts seront consacrés à permettre à sa petite-fille Charlie de choisir la liberté... La romancière américaine Hanya Yanagihara, auteure du livre culte Une vie comme les autres, parvient à embarquer le lecteur dans un voyage dans le temps qui impressionne par son originalité et son audace. Réécrire le passé et imaginer le futur, questionner nos ambiguïtés et nos obsessions, Yanagihara fait tout cela sans jamais oublier qu'elle est avant tout une formidable conteuse. Des personnages immédiatement attachants qui incarnent les besoins contradictoires de sécurité et de liberté traversent le roman de la première à la dernière page, suscitant notre empathie, nous tenant en haleine. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marc Amfreville

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Psychiatrie

Oeuvres complètes. Tome 6, 1984-1985

Ce Tome 6 est consacré en majeure partie à la dépression, ou plutôt aux dépressions. "La vie faute de mieux, les déprimés" est un texte ayant pour but de faire connaître au plus grand nombre une pathologie très banale de nos jours dans notre société et qui sera probablement de plus en plus fréquente du fait de la rapidité des changements du mode de vie imposés par les progrès technologiques. La dépression peut n'être qu'une démission passagère dans une situation difficile mais parfois peser sur toute une vie et même conduire, en particulier lorsqu'il s'agit de mélancolie, à un acte suicidaire. Sans érudition excessive mais sans simplification exagérée, est ainsi présenté l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur les dépressions, les apports de la biologie, de la psychologie et de la psychanalyse, les traitements utilisables mais aussi le vécu des déprimés et ce qu'attendent ces patients de leur entourage et de leurs médecins, généraliste et psychiatre. Dans un autre texte, "Les pratiques de la dépression : étude critique" , suivi d'une analyse par Pr D. Widlöcher, Arthur Tatossian montre comment sont considérés le déprimé et la dépression par le grand public, par le généraliste et par le psychiatre, ce qui l'amène à étudier les rapports et intrications entre théorie et pratique clinique, l'intérêt du diagnostic catégoriel et celui du diagnostic dimensionnel, le rôle des facteurs psychologiques et sociaux sur la vulnérabilité dépressive et les différences entre la pratique du généraliste et celle du psychiatre ; ces praticiens ne voient pas les mêmes malades ce qui explique des modalités de prise en charge et de traitement différentes. Cela conduit l'auteur à formuler le souhait - c'était en 1985 - que l'étudiant en médecine bénéficie d'une meilleure formation quant à l'origine des troubles psychiques et à leur prise en charge par le généraliste, facilitée par la mise à disposition de psychotropes de plus en plus maniables, avec peu d'effets secondaires graves. Il insiste toutefois sur le fait qu'il ne faut pas oublier que le plus important, à long terme, n'est pas la chimiothérapie mais la compréhension du vécu du patient et donc la communication confiante entre soigné-soignant, ce qui implique de savoir et pouvoir consacrer du temps au patient par l'écoute et une approche psychothérapique au sens large du terme. Des questions sont ensuite posées et discutées avec humour telles : Avons-nous tous besoin d'un psychiatre ? Ou encore Quelle est la place des benzodiazépines dans le traitement des dépressions ? Enfin, sont présentées la notion d'évènement chez des éthyliques chroniques et des recherches qui ont permis de distinguer, chez ces derniers, ceux qui peuvent bénéficier de mesures préventives pouvant leur éviter une rechute.

05/2021

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Manga

Peuple invisible

Les histoires réunies dans ce volume complètent La promesse, achevant de rendre disponible l'intégralité des récits composés par Shohei Kusunoki. Elles ont pour la plupart été publiées dans Garo la légendaire revue d'avant-garde fondée en 1964 qui a révélé des auteurs aussi incontournables que Yoshiharu Tsuge Yoshihiro Tatsumi (édités tous deux chez Cornelius), accompagnant pendant les décennies 1960 et 1970 une jeunesse réfractaire au conservatisme de la classe dirigeante. Shohei Kusunoki a imaginé ces histoires entre 1968 et 1974 dans un Japon qui cherchait à se réinventer par une course à la modernité peu soucieuse du sort des classes populaires. Comme son ami Susumu Katsumata (Neige rouge, Cornelius), il fut marqué par l'apparition de Yoshiharu Tsuge, qu'il fréquenta à cette époque et dont l'influence se retrouve dans plusieurs des récits regroupés ici. Délaissant le registre contemporain sans renoncer à parier de son époque, Shohei Kusunoki s'attache à décrire avec justesse la vie du peuple, tout en lui insufflant une dimension épique. Au travers de genres aussi codés que le conte traditionnel ou le récit de samouraï, il décortique l'ambiguïté des rapports humains. Mettant à nu les sentiments qui unissent les êtres, les raisons pour lesquelles ils s'attirent et les malentendus qui les séparent, Shohei Kusunoki parvient, à travers un style limpide, à exprimer ce qui ne l'est pas. Un auteur immense qu'il est urgent de redécouvrir et de célébrer. Shohei Kusunoki est né le 17 janvier 1944 à Tokyo. souffre très jeune de graves problèmes cardiaques qui l'éloignent de l'école et le contraignent à rester le plus souvent inactif. C'est pendant : ces longues journées d'école buissonnière forcée que le jeune Shohei développe son intérêt pour les mangas, qu'il loue dans les librairies de prêt de son quartier. Il fonde un fanzine avec quelques ara qui aspirent comme lui à devenir mangakas. Ses auteurs favoris sont alors Tokao Saitô (Golgo 13, Glénat) ou Hiroshi Hirata (L'Ame de Kuydo, Akato). Mais son admiration se concentre plus particulièrement sur le grand Sanpei Shirato (Kamui-den, Kana), dont Shohei Kusunoki deviendra l'assistant en 1961, à dix-sept ans. Il publie ses propres histoires en tant qu'auteur à partir de 1964, notamment dans la revue Garo où il portage ne saine émulation auprès de Shin'ichi Abe (Un Gentil Garçon, Cornelius), Yoshiharu Tsuge (anthologie en sept volumes chez Cornelius) et Susumu Katsumata (Poissons en eaux troubles, Le Lézard noir), avec lequel il partagera un véritable compagnonnage. Cette carrière prometteuse est malheureusement interrompue par la maladie, qui le rattrape pendant l'été 1973.Il décédera l'année suivante à l'âge de 30 ans, avant que ne soient publiés les recueils qui lui valent le souvenir ému de ses admirateurs, dont nous espérons que cette traduction accroîtra le nombre.

06/2020

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Policiers

Les aventures du fils de Sherlock Holmes

Quel est le lecteur qui ne se souvienne d'avoir suivi avec un intérêt parfois passionné le récit des aventures du célèbre Sherlock Holmes ? Mais voici plus de dix ans que le génial policier a cessé d'étonner les deux mondes par ses exploits prodigieux. Hâtons-nous de les rassurer : Sherlock Holmes n'est pas mort. Il a eu la bonne fortune d'entrer en possession d'un héritage qui en fit, presque du jour au lendemain, un des plus riches propriétaires du Royaume-Uni. Depuis lors, son existence se passa dans son manoir, au milieu de ses vastes domaines dans le Comté de Devon, où il goûte un repos bien gagné, après tant d'années d'une existence aventureuse, où sa vie fut si souvent à la merci du moindre incident. Il y mène l'existence du gentilhomme, partagé entre la gestion de son bien et l'éducation de ses enfants. Son fils aîné, qui porte le nom de Sherlock, comme son père, vient d'atteindre sa vingt-sixième année ; il est sorti depuis trois ans du Collège of Physicians und Surgeonsavec le grade de docteur en médecine. Sherlock Holmes, partisan de cet axiome que les voyages forment la jeunesse, a envoyé le jeune homme aux Etats-Unis, où l'a précédé le docteur Watson, l'ami et le confident de Sherlock. Depuis une dizaine d'années que Watson exerce la médecine à New-York, il a su s'attacher une importante clientèle, recrutée en majeure partie dans le monde des millionnaires, et sa clinique est devenue à la fois le lieu de rendez-vous des riches malades et l'école où viennent s'instruire les futures lumières de la science médicale. C'est sous cette haute et intelligente direction que le jeune Sherlock Holmes va débuter dans sa profession. Elégant et mondain, ami du plaisir, il cache sous des apparences un peu frivoles une intelligence très ouverte, un esprit curieux, un vif désir de s'instruire, un amour véritable de la science, et — effet de l'atavisme sans doute — il se sent attiré irrésistiblement vers l'étude de la criminologie. Il s'y consacrera tout entier et mettra au service de cette science toutes les ressources de son esprit ingénieux et fécond. Très répandu dans la société élégante de New-York, où le grand renom de son père et sa fortune, et les manières affables du jeune homme lui ont valu le meilleur accueil, il va y trouver matière à d'intéressantes études et les aven-tures ne vont pas lui manquer. Ce sont quelques-unes de ces aventures, racontées par le docteur Watson — qui se fait l'historiographe du fils après avoir été celui du père — que le lecteur va lire. Il pourra se convaincre que, si Sherlock Holmes a disparu de la scène, son génie, comme son nom, va revivre dans son fils, en qui s'annoncent déjà toutes les qualités qui font les grands détectives... (Extrait de la Préface de l'édition originale).

11/2019

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Histoire de France

La haine et le pardon. Le déporté

Jean Mialet a 23 ans quand, sur le point de rejoindre le général de Gaulle, il est arrêté par les Allemands et déporté à Buchenwald, puis à Dora. Aujourd'hui encore, ce nom demeure méconnu du grand public. C'est pourtant là qu'ont commencé les recherches qui, dans les années 1950, ont permis les progrès de la conquête spatiale. Ce camp de concentration abritait en effet une usine souterraine dans un immense tunnel où les prisonniers, traités comme des esclaves, fabriquaient à la chaîne des missiles V2, armes terrifiantes qui s'abattraient sur Londres et Anvers, mais qui – fait  plus surprenant – furent aussi les ancêtres du Spoutnik et du lanceur du module lunaire Apollo. Entre 1943 et 1945, Jean Mialet expérimente à Dora un quotidien insoutenable : la faim, le froid, l'épuisement, la maladie, les coups, la terreur des exécutions sommaires, mais aussi la bassesse et la cruauté des kapos. Des années d'humiliations et de dépérissement infligées à plus de 60 000 déportés, dont ce jeune officier de Saint-Cyr qui rêvait de combattre aux côtés des Alliés. C'est la haine qui maintiendra en vie cet idéaliste, pourtant catholique convaincu. En 1945, lorsque les Américains libèrent enfin Dora,  ils prennent conscience de la valeur inestimable des découvertes qui y ont été effectuées. Les scientifiques allemands de ce camp sont alors secrètement exfiltrés aux États-Unis, échappant ainsi à un procès. Les années suivantes, ils poursuivent leurs travaux qui vont permettre aux Américains de faire leurs premiers pas sur la Lune.  Une des chevilles ouvrières de cette réussite est l'ingénieur Wernher von Braun, qui n'est autre qu'un des anciens hauts dignitaires de Dora. Pourtant, en 1969, il est promu administrateur adjoint de la Nasa, et considéré par le monde entier comme un héros. Tout le monde semble avoir oublié les 20 000 vies humaines sacrifiées à Dora, qui ont, par leur force de travail, contribué, bien malgré elles, à cette prodigieuse avancée de la recherche scientifique. Jean Mialet, qui pesait 38 kg à son retour en France, mettra  sept ans à se remettre physiquement de sa déportation. Moralement, il sera sauvé par ce récit qu'il jettera sur le papier en 1945  pour ne plus avoir à en parler. Ce qu'il fera jusqu'en 1981, date de la publication de ce livre. Il n'aura alors de cesse que toute la lumière soit faite sur le rôle joué par le camp de Dora dans l'histoire contemporaine. Mais peut-on pardonner l'abomination ? Ce récit bouleversant tente d'apporter des réponses à cette question : il faut témoigner pour ne pas oublier la barbarie ; mais aussi pardonner au nom de la dignité humaine et de l'idéal de réconciliation entre les peuples. Jean Mialet pardonnera aux Allemands, qui feront de lui le citoyen d'honneur de Nordhausen, la ville la plus proche de Dora. Ses représentants viendront s'excuser à son enterrement, en 2006, devant son cercueil à la chapelle de l'École militaire.

03/2015

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Littérature française

Longtemps, j'ai donné raison à Ginger Rogers

Une autobiographie parcellaire et subtile par recomposition fragmentaire du puzzle de la mémoire : non pas des Mémoires en majesté par ordre chronologique, mais une évocation de souvenirs autour desquels sont venues cristalliser des leçons de vie. " Le bonheur en littérature ne consiste pas à gagner du temps pour aller à l'essentiel mais à perdre du temps pour parvenir à l'inessentiel. Autrement dit, à accepter d'être pris par surprise pour découvrir précisément ce que je n'avais jamais recherché " est-il écrit ici au détour d'un chapitre : c'est la meilleure définition du bonheur que l'on ressent à la lecture de ce récit. Chaque court chapitre convoque un souvenir qui ouvre une parenthèse, une digression, un décentrement. Le premier d'entre eux, " précieux parce qu'indistinct " : une visite à son père détenu après-guerre à la prison de Clairvaux (on en saura plus, par la suite, sur ce père frappé de la maladie d'Alzheimer à la fin de sa vie) Cette période de la guerre est très présente, de la silhouette unijambiste du gardien de l'hôtel de Lauzun qui dénonça Christian de la Mazière à la Libération à Lucette Almanzor en butte à la question désinvolte d'un visiteur (" En deux mots, Céline, c'est quoi ? ") en passant par Lisette de Brinon contrainte d'assister à l'exécution de son mari Fernand de Brinon, qui l'avait protégée en la faisant nommer " aryenne d'honneur " . Une réflexion de Vittorio Gassman racontant qu'une miette de pain collée à la lèvre d'une jeune femme a sonné le glas de leur liaison inspire à l'auteur une réflexion sur la fin de l'amour. Une phrase prononcée par Ginger Rogers dans le film La fille de la 5ème avenue (" les riches sont juste des pauvres avec de l'argent ") constitue un des Rosebud du texte : l'écart social entre ses parents et la plupart de leurs amis, entre le monde des riches et celui des pauvres, celui de la désinvolture héréditaire et du mérite forcené (de très jolies scènes sur une victoire inespérée lors d'un championnat d'académie d'escrime contre un adolescent béni des dieux, ou sur Antoine Ménier, de la famille des chocolats Meunier, ami d'enfance de son parrain snob, développent par touches cette thématique du déclassement...) Comment " le contrat de confiance entre la langue et lui " a été rompu par la découverte des " pommes mousseline " , le rôle qu'a joué l'opus III de Beethoven dans son éveil à la musique, tel tableau de Goya dans son éveil à la peinture, la folie du cinéma et la menace de la cécité, l'expérience en usine, la découverte des livres et des écrivains, l'amour de sa vie et les amitiés à éclipses (" on perd ses amis d'enfance comme on perd son enfance " ...) sont quelques-uns des motifs pris dans cette tapisserie du souvenir.

01/2020

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Littérature étrangère

The Night

The Night est un immense roman choral dont les voix multiples nous saisissent et nous plongent non seulement dans les ténèbres d'une ville, Caracas, et dans l'histoire d'un pays, le Venezuela, mais aussi dans les profondeurs de notre époque désorientée, imprévisible et violente. Les trois protagonistes - Miguel Ardiles, le psychiatre qui affronte quotidiennement la folie, Matías Rye, l'écrivain raté et drogué qui anime un atelier d'écriture, et Pedro Alamo, le publicitaire hanté par les mots et leurs combinaisons infinies - vont prendre la parole à tour de rôle, et leurs récits vont s'enchaîner et s'entremêler sans répit, sans temps morts, comme autant de rêves et de cauchemars durables. Un même thème parcourt en sourdine leurs histoires. Car si Miguel enregistre secrètement les paroles de ses patients, si Matías prend constamment des notes pour écrire un jour ce roman qui sera The Night, si Pedro enfin se perd dans les jeux de mots (principalement des anagrammes et des palindromes), c'est pour tenter de déchiffrer le mystère de la maladie qui les ronge et nous ronge : la présence du mal et son pouvoir sur nos vies. De plus, ils partagent tous une fascination obsessionnelle pour un certain Darío Lancini, ancien guérillero, poète et auteur mythique d'un ouvrage de palindromes, Oír a Darío . Sa rencontre sera l'occasion, lors du deuxième chapitre, d'un récit biographique riche en aventures, une formidable plongée dans les années 1950 à 1970, entre le Venezuela, la France et l'Europe de l'Est. Ce récit enchâssé alterne biographies d'auteurs, citations littéraires (de Mann à Neruda, en passant par Jarry, Aragon et García Márquez) et références à l'histoire de la guerre froide. Dominé par les engagements politiques et littéraires, par la fougue et l'esprit de liberté, il contraste fortement avec les deux autres parties du roman, ancrées dans un contexte contemporain de crise et de dégradation. Roman vivant, ambitieux, à l'imagination visionnaire et puissante, The Night engage sur la violence une réflexion à la fois d'une grande actualité et d'une grande profondeur, cherchant à travers la littérature, le crime et la psychiatrie, les racines d'un mal rampant. Le caractère aléatoire et éphémère de tout édifice, l'idée que le chaos mine toute tentative de construction est une des idées fortes du livre, exprimée par la métaphore du jeu Tetris qui structure secrètement la narration jusqu'à la fin. En plus d'une métaphore du texte lui-même, c'est aussi une forme d'interprétation de la réalité, parfaitement illustrée par les récits en miroir de la vie des trois protagonistes et de Darío Lancini. On a immédiatement envie de relire ce roman à multiples strates, dont la réussite tient à la rencontre rare d'une vision puissante de la littérature - et particulièrement du langage poétique - et d'une épaisseur existentielle. L'écriture issue de cette rencontre est forte, juste et très contemporaine. Carmen Balcells l'avait bien vu : Blanco-Calderón a un vrai talent.

05/2016