Afrique, la voie du cannibalisme culturel. A la recherche de la source commune identitaire de l'Afrique
L'Histoire, pour ne pas être simplement événementielle, doit
avoir une longueur et une largeur longues et larges à la fois,
c'est-à-dire, durée et spatialité. Or, durée et spatialité, la
romanité, source commune identitaire de l'Europe, les avait
suffisamment eues. L'Europe d'aujourd'hui s'alimente de sa
romanité depuis la période républicaine et impériale. Et quelle
est la source commune identitaire de l'Afrique identifiable au
classicisme européen ? L'absence de groupes ethniques en
France, malgré ses nombreux parlers régionaux, par exemple,
est la conséquence de la durée et de la spatialité de l'histoire
commune de ce pays. Et si "l'Afrique n'a pas d'histoire" visait
de tels exemples ? Et, étant donné l'impossibilité qu'Homère et
Virgile ne comportent des brins d'éléments venus des
Barbares, le classicisme, source commune identitaire de
l'Europe, ne peut nullement signifier le propre de l'Europe.
Mais l'élite universitaire européenne a compris tout cela et
proclame dignement l'inexistence du propre de l'Europe, qui
ne peut être que l'appropriation de ce qui lui est étranger, et
l'inexistence du non-européen également, le monde entier
étant infecté de phénomènes venus d'Europe. D'où la
secondarité culturelle qui invite au cannibalisme culturel.
Aucune civilisation n'ayant une origine absolue, toute culture
se nourrissant de celles qui l'ont précédée et toute civilisation
étant également du sclérosé, qui est la fin ultime de toute
culture, la disparition de l'une contient en germe la naissance
de l'autre. L'Afrique a donc intérêt à être un continent
contenant, comme l'Europe. Et l'échec de l'auto-déterminisme
linguistique de l'Inde montre à l'Afrique qu'une langue
internationale étrangère, fût-elle celle du colonisateur, peut
bien faire l'affaire d'une nation en matière d'unité et de
cohésion nationales.
01/2012