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Evil Dead

Extraits

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Théâtre

Plein coeur

C'est une histoire inventée, dictée par les courants. Une histoire enfouie au creux des océans. Celle de Joy, fleur de pavé en mal de douceur, arrachée à son bitume pour être envoyée là où elle ne gênera plus, vers ces Antilles aux parfums de vanille qui, elle l'espère, lui ouvriront grand les bras comme une Mama créole. Celle de Caron, passeur de peu de mots qui met le cap sur les îles malgré l'ombre du kraken, le chant des sirènes et le souffle des noyés pour y livrer sa cargaison. C'est l'histoire d'un face-à-face. D'un voyage entre deux eaux. Le dernier. Mais ça, Joy ne se l'avoue pas vraiment. Elle préfère s'accrocher à la promesse d'une vie plus belle, à cet amour qui l'attendra, elle en est sûre, au terme de la traversée. Alors, seulement, ses racines repousseront... C'est une pièce sur l'exil. La solitude. Les quotidiens à réinventer et les proches qu'on laisse derrière soi. C'est une pièce sur la joie. Les souvenirs qui tiennent chaud et les rêves qui donnent la force de continuer. C'est une pièce sur l'enfance. Comme elle fait mal... Comme nous aspirons pourtant à la retrouver. C'est une pièce sur les femmes, leur talent pour la vie, leur soif de liberté. La nécessité de faire des choix et d'être la seule à savoir ce qui est bien pour soi. C'est une pièce sur les mots et leur pouvoir autoréalisateur. Comme ils nous détruisent... Comme ils savent si bien nous rafistoler. C'est une pièce sur les faiseuses d'anges, les ailes qu'on déploie et les âmes qu'on dit soeurs. Les regards dont on s'éprend et les rencontres qui chamboulent une vie. C'est une pièce sur tout ce que nous avons en commun. Nous, êtres humains. Quels que soient la couleur de notre peau, notre âge, genre, culture, religion, revenu et sexualité. C'est une pièce sur la vie. Et la fin du périple. Là-bas, de l'autre côté

10/2018

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Ethnologie

Religion, guérison et forces occultes en Afrique. Le regard du jésuite Eric de Rosny

En apparence, rien ne destinait Eric de Rosny (1930-2012) à cette vie d'exploration passionnée " aux frontières ", si ce n'est cette insatiable curiosité associée à l'impératif absolu d'amour et de respect de l'Autre. Né au sein d'une famille de vieille noblesse française, il intègre dès ses 19 ans la Compagnie de Jésus. Celle-ci l'enverra en Afrique, essentiellement au Cameroun, où il exercera plusieurs responsabilités. Dès son arrivée à Douala, en 1957, le jeune enseignant est vite intrigué. Ses élèves font fréquemment allusion à la " sorcellerie ". En visiteur, curieux mais respectueux, il rencontre, lie amitié, assiste à des cérémonies. Il s'initie à la langue, observe, questionne. Sur les pas de Din, un nganga (guérisseur) qui lui " ouvre les yeux ", il est initié aux mystères du monde invisible et aux rites de guérison traditionnels. Il est intégré à la société des vieux " sages patriarches " de Douala, les Beyum ba bato. Plus tard, sa recherche s'étendra au phénomène d'émergence de nouveaux mouvements religieux, ainsi qu'à la sensibilisation des tribunaux pour une nouvelle approche de la sorcellerie. Par le récit de cette initiation et la description vivante de la vie quotidienne doualaise, Eric de Rosny s'engage dans une nouvelle échappée, au sein du monde scientifique. En 1981, il connaît un grand succès par la publication du livre Les yeux de ma chèvre : sur les pas des maîtres de la nuit (Terres humaines). Près d'une dizaine d'autres livres et une centaine de contributions suivront. Son regard sur la société de Douala révèle la richesse culturelle de ce peuple : chacun, pour vivre et survivre, est confronté aux contraintes du monde moderne appréhendées avec la perception traditionnelle des forces occultes. Le présent ouvrage réunit les contributions de chercheurs d'horizons divers, camerounais, français, italiens, néerlandais, suisses, ayant pour la plupart collaboré de près avec Eric de Rosny. Ils éclairent la richesse et la singularité de ses analyses. Ils montrent aussi comment ce chercheur toujours en éveil a été pour eux une source d'inspiration, par les informations fournies et, plus encore, par sa méthode de recherche et la qualité de son regard. Ainsi se donne à découvrir un sage humaniste habité par la passion de la rencontre.

02/2016

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Poésie

In Memoriam : 1933

Figure majeure de l'objectivisme américain, ce courant littéraire visant à susciter la sensation par l'entremise des seuls faits vus et entendus, Charles Reznikoff (1894-1976) n'aura presque jamais quitté New York où il est né. Toutefois, parce que fils d'immigrants juifs ayant fui la Russie, la misère de ses shtetls et la fureur de ses pogromes, c'est dans une atmosphère marquée par la fidélité à la foi des ancêtres - mais également par la mémoire d'une judéophobie hissée au rang de valeur nationale -, que son enfance baigna. Aussi, si ses premiers poèmes s'appliquent à saisir dérives et misères endurées par la marée des anonymes au sein d'une mégapole censée incarner le Grand rêve des nouveaux-venus, la montée en puissance du national-socialisme allemand ne pouvait manquer d'alarmer le poète. Redoutant pour son peuple les pires malheurs, il entreprend la rédaction d'In Memoriam : 1933. Ce dont il est ici question ? D'un cycle de sept poèmes de style récitatif, essentiellement déclamatoire, s'appliquant à retracer, en autant de stations, les successifs désastres auxquels les Juifs furent confrontés au cours de leur longue histoire. Soit la chute de Samarie (an 722 avant l'ère commune), l'exil à Babylone (539 AEC), le synode de Jamnia succédant à la destruction du Second Temple de Jérusalem (an 70), les persécutions endurées à l'occasion de la première croisade (1096), l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492), les massacres perpétrés par les cosaques vers l'an 1700 et enfin la fureur des pogromes en Russie autour de 1905. Loin pourtant de se cantonner à quelque martyrologie, Charles Reznikoff, revisite pour nous, au sein même de la terreur semée par autant de déchaînements haineux, la somme des voix acharnées à extraire du malheur les raisons de ne jamais désespérer. D'où le fait qu'au total In memoriam : 1933, qui emprunte aussi bien aux prophètes de l'ancien Testament qu'à l'historien, talmudiste et kabbaliste ruthène du dix-septième siècle Nathan Nata Hannover - l'auteur du Fond le l'abime -, se laisse également lire comme un étourdissant et inspirant traité consacré au bon usage du désastre.

09/2016

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Poésie

Poèmes et chansons

Eugène Pottier (1816-1887) est connu comme l'auteur d'un chant qui a fait le tour du monde, repris par des millions d'hommes et de femmes dans toutes les langues : l'Internationale. Lui-même ne l'a d'ailleurs pas entendu, sur la musique de Paul Degeyter, chanté pour la première fois, de façon con+dentielle en juillet 1888, un an après sa mort, par une chorale syndicale de Lille. Mais Eugène Pottier fut un poète et chansonnier révolutionnaire proli+que, qui, tout en menant une activité artisanale de dessinateur, écrivit de nombreux autres chants célèbres comme L'Insurgé, Quand viendra-t-elle ? ou Elle n'est pas morte. Jeune homme, il est influencé par Béranger dont il copie et apprend les chansons. Il écrira des chansons à boire (lui qui, pour des raisons médicales, ne buvait que de l'eau...). C'est avec la révolution de 1848, qu'il entre dans l'action. Il a été influencé par les idées de Babeuf, Fourier, Proudhon. Lui-même se disait communiste et anarchiste. En 1870, il signe l'appel aux socialistes allemands pour essayer d'éviter la guerre. En vain. Paris assiégé, il rejoint la Garde nationale, milite activement et se retrouve même (de façon éphémère) maire du Deuxième arrondissement. Après la répression versaillaise de la Semaine sanglante, condamné à mort par contumace, il doit prendre le chemin de l'exil pour la Belgique, Londres puis l'Amérique du nord où il rejoindra le Labour socialistic party. A son retour, en 1880, il a tout perdu et vit dans la misère, mais il est auréolé de gloire parmi les cercles ouvriers. Sa production poétique est abondante et de grande qualité. Poète populaire, attaché à la belle ouvrage et au travail du vers, admirateur de Hugo, il a comme personne le sens de la formule et du sentiment populaire, sans que jamais ses paroles ne cèdent à la démagogie. Ce choix qui permet de découvrir un vrai poète du peuple, comme Jean-Baptiste Clément mais d'un tempérament très différent, a été établi et présenté par Jacques Gaucheron, qui fut un compagnon d'Eluard et un des poètes de la Résistance.

09/2016

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Histoire de France

Le maréchal Grouchy (1766-1847). La malédiction de Waterloo

S'il est un personnage du Premier Empire controversé, c'est bien du Maréchal Grouchy (1766 - 1847) qu'il s'agit. Au lendemain de Waterloo, la France a voulu oublier le souvenir de cette néfaste journée car dans la conscience collective il n'était pas possible que la Grande Armée, sa brave armée ait pu perdre la face à ce point. Si l'Empereur a perdu ce n'était pas de sa faute, mais forcément celle d'un autre, et Grouchy s'est trouvé être le bouc émissaire tout trouvé. Ont été vite oubliés les hauts faits d'armes de Friedland, de Wagram, le chef de l'escadron sacré, garde rapprochée de l'Empereur dans les plaines de Russie. Soldat de caractère, il s'est voué corps et âme à l'Empire. Il était brave, brillant général de cavalerie, excellent tacticien et surtout, qualité rare à l'époque, économe du sang de ses hommes. Lors de sa retraite devant les troupes alliées du 19 au 21 juin 1815, il n'abandonnera pas un seul blessé à l'ennemi. De son exil de Philadelphie, puis de sa retraite forcée sur ses terres de Normandie, Grouchy ne cessera de justifier sa conduite du 18 juin 1815 face aux accusations et attaques injustifiées de ses anciens compagnons d'armes. Pourtant, Grouchy n'a pas trahi, il a joué de malchance. Les preuves aujourd'hui ne manquent pas et il est un fait établi que Grouchy n'était pas en mesure d'appuyer l'Empereur en cette fin d'après-midi du 18 juin. Au soir de Waterloo, Napoléon rétorquera à Ney qui reprochait à Grouchy sa conduite : "je considère Grouchy comme un homme de coeur et d'honneur, je ne permettrai pas qu'on l'attaque en ma présence". Un éloge rare dont beaucoup de maréchaux ne pourraient s'enorgueillir ! Des campagnes de la Révolution aux plaines de Belgique, vous découvrirez un personnage valeureux, à qui il faut rendre justice à la veille du bicentenaire de la bataille de Waterloo. Grouchy à lui seul, ne pouvait empêcher le désastre du 18 juin 1815.

04/2015

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Actualité médiatique internati

Les humbles ne craignent pas l'eau. Un voyage infiltré ((Coédition Seuil/sous-sol))

Omar, un jeune chauffeur et interprète afghan, décide de prendre la route de l'exil, laissant derrière lui son pays et son amour, Laila, sans savoir s'il pourra les retrouver un jour. Matthieu Aikins, grand reporter, correspondant depuis 2008 du New York Times en Afghanistan, est devenu peu à peu l'ami d'Omar, son traducteur et chauffeur. Lorsque ce dernier lui annonce sa décision de rejoindre l'Europe, le journaliste décide de le suivre. Il change d'identité, détruit son passeport et se lance à ses côtés dans une odyssée parmi des millions de réfugiés prêts à s'arracher à leurs vies et leurs familles dans l'espoir d'une existence meilleure. Nous sommes en 2016, au pic de la crise des réfugiés, et Matthieu Aikins raconte les dangers et les peurs, la traversée de pays en guerre, les passeurs, la solidarité comme la haine, la terrible situation du camp de Lesbos et de l'accueil en Europe. Dans la pure tradition du journalisme en immersion, de Florence Aubenas ou Ted Conover, loin d'un document racoleur, l'auteur par la profondeur de son regard, son empathie et son écriture, se détache du simple reportage et nous offre une réflexion à hauteur d'hommes et de femmes, sur la condition de réfugié, les frontières, et l'éthique même de sa démarche. Les humbles ne craignent pas l'eau est une histoire d'amitié et de courage inoubliable, un livre décisif qui explore avec précision et empathie l'un des grands défis de notre temps. "Je connaissais Omar depuis que j'avais commencé à travailler en Afghanistan et il avait toujours rêvé de vivre en Occident, mais ses aspirations s'étaient faites plus urgentes maintenant que son pays avait replongé dans la guerre civile et que les attentats à la bombe ensanglantaient sa ville. Les soldats américains commençaient à quitter le pays, j'essayais de partir moi aussi, essoré par sept années sur place, mais je ne pouvais pas abandonner Omar (...) Des milliers de personnes débarquaient chaque jour sur de petits bateaux. Un million de personnes allaient gagner l'Europe. Et Omar et moi en ferions partie. "

04/2022

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Histoire littéraire

La fabrique des Rougon-Macquart. Volume VIII, 1 ; L'Argent ; Le Docteur Pascal. Volume VIII, 2 ; La débâcle

Ce volume présente les dossiers de L'Argent (1891) et du Docteur Pascal (1893), celui de La Débâcle (1892), le plus long de la fresque (1244), constituera à lui seul, le dernier volume de La Fabrique des Rougon-Macquart. Zola n'avait pas prévu d'écrire un roman sur la Bourse, monde qui lui était inconnu. Mais l'énorme scandale de la faillite de l'Union générale, qui ruina des milliers de petits et de gros épargnants, le poussa à écrire une oeuvre centrée sur l'homme d'affaires Saccard. Celui-ci crée, avec l'appui des milieux catholiques, une banque, l'Union générale, lutte contre la banque juive de Gundermann, s'emploie, aidé par l'ingénieur Hamelin, à mettre en valeur le Proche-Orient, mais fait une retentissante faillite, qui le conduit à l'exil. La question de l'argent, force de mal et de bien, "levier qui soulève le monde. Il n'y a que l'amour et l'argent" (Ebauche), amène Zola à poser la question juive et à s'intéresser au socialisme. Le Docteur Pascal, vaste résumé et commentaire de la fresque, la clôt sur le plan familial et scientifique. Double et porte-parole de son créateur, le docteur Pascal, biologiste réputé, a passé sa vie à étudier sa famille et son hérédité. Il en a dressé l'arbre généalogique. Sa méthode est celle du romancier : "Tout dire, pour tout connaître et tout guérir." L'oeuvre est aussi le récit des amours du docteur vieillissant avec sa jeune nièce, Clotilde, hymne de l'auteur à son amante Jeanne Rozerot : "A ma bien-aimée Jeanne, à ma Clotilde, qui m'a donné le royal festin de sa jeunesse et qui m'a rendu mes trente ans, en me faisant le cadeau de ma Denise et de mon Jacques, mes chers enfants pour qui j'ai écrit ce livre", etc. Le savant meurt, mais la vie triomphe : Clotilde donne naissance à un garçon ; le récit se termine sur une vision d'espoir, l'image de la jeune femme allaitant son fils, nouveau messie.

11/2022

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Littérature russe

Les songes de Tchang

Cette rare nouvelle de Bounine, quasiment introuvable, "Les songes de Tchang", datée d'octobre 1916 fait suite à La Barque à "Un monsieur de San Francisco" (1915). "Chaque être est digne d'attention. ". . , ce sera ici Tchang, vieil ivrogne chien somnolant, compagnon canin du capitaine qui lui sert sa vodka, avec lequel six années durant "il lia sa vie terrestre" . "Six années enfin, c'est beaucoup ou peu ? " , c'est le temps de vieillir ensemble, sans plus voyager, sur terre et non plus sur mer, dans le plus grand dénuement, avant d'avoir à finir ses jours. Ce sera, à la fin, "désormais avec les yeux de la mémoire" que Tchang verra le capitaine, c'est que même, se retrouvant avec son nouveau maître, le peintre ami du capitaine installé dans "un galetas de plus, mais plus chaud, parfumé de l'odeur du cigare, couvert de beaux tapis, garni de vieux meubles, d'immenses tableaux et de précieux brocarts. ". . , il ne l'aura pas quitté. Demain, quel demain ? En cette vie, dormir est un passe-temps. Autant se rendormir. Voici alors que le rêve de Tchang nous est conté, débutant sur le pont d'un bateau, "sur un large fleuve de Chine" ... Il était une fois un jeune chien roux qui eut pour premier maître un Chinois qui le vendit à un jeune capitaine et qui partit avec lui en Russie... pour finir à Odessa. Rêve comme un flash-back cinématographique, images secrètes offertes à notre regard, comme soulevées de terre cependant tout intérieures. Réalité devant laquelle l'exactitude des faits titube, d'un bord à l'autre, l'un dans l'autre le souvenir et le rêve - "rêve ou bien réflexion" , "songe ou réalité" , "yeux de la mémoire" ? Tout cela, en "cette faculté divine" , par et dans les songes, rêve où même quelque chose, outre revenir, peut faire rêver, et comme en cette musique de violons où Tchang ne sait plus lui-même "débrouiller le réel du rêve" . Ivan Bounine reçut en novembre 1933 le prix Nobel de littérature. C'était la première fois que ce prix était décerné à un écrivain russe. Il est mort en exil, alors en France, misérable, sans être rentré en Russie.

02/2023

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Littérature étrangère

De ce côté-ci de la mer

Erri De Luca dit de lui qu'il chante même quand il parle. Clin d'oeil amical entre compères. A lire De ce côté-ci de la mer, texte écrit à l'approche de la mort, on sait désormais que Gianmaria Testa chante aussi quand il écrit. Erri De Luca dit de lui qu'il chante même quand il parle. Clin d'oeil amical entre compères. A lire De ce côté-ci de la mer, texte écrit à l'approche de la mort, on sait désormais que Gianmaria Testa chante aussi quand il écrit. Alors qu'il se sait condamné et sans jamais y faire allusion, le chef de gare et auteur-compositeur-interprète ose le récit, une prose légère qui, comme la chanson, court de lèvres en lèvres et se fredonne au-delà des frontières. Gianmaria Testa se raconte au travers des autres, donne en partage des rencontres, paroles ou regards échangés, sonde quel- ques souvenirs d'enfance, le père, la mère, l'attachement à la terre et au labeur, ses racines. Mais l'homme du Piémont embrasse avant tout la Méditerranée, cette mer où depuis trop longtemps dérive et se meurt notre humanité. Le voici en compagnie d'hommes, de femmes, " oiseaux migrateurs " d'un genre très contemporain, contraints à l'exil, l'abandon, la mort. Pour eux, le chanteur réinvente des moments de dignité. Gianmaria Testa puise ses forces dans le sourire d'une femme, dans la lumière pétillante des yeux d'un gamin, et dans la radicalité d'une lecture. Il mate la mélancolie et cherche sans cesse sous le chaos du monde, la douceur et la beauté. L'amitié, il la vit pleinement, il recompose la loyauté et donne des ailes à la solidarité. Il fait de l'écriture une mélodie, et du silence, une réconciliation. Gianmaria Testa, voix grave enroulée de tendresse, chante l'espoir et nous invite à l'imaginer avec lui : " J'ai foi en l'humanité " écrit-il dans son dernier texte. Quatre mots tout bêtes, tout simples, qui, dans notre collection, claquent comme une bannière.

03/2019

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Religion

Le Père Duparquet. Lettres et écrits Tome 4 (1877-février 1879) Début de l'exploration en Afrique australe - De Landana à Omaruru

Le père Charles Duparquet, spiritain, est l'un des grands missionnaires du XIXe siècle. Né en 1830, il a parcouru l'Afrique entre 1855 et 1888, date de sa mort. Il n'a cessé de raconter ses voyages ce sont des milliers de pages qu'on trouve aux archives spiritaines sur l'Afrique d'avant la colonisation. Le premier tome des écrits du père Duparquet (Karthala, 2012) contient les lettres et rapports écrits de 1852 au 2 janvier 1866. En 1865, Rome demande à la congrégation du Saint-Esprit de reprendre la mission du Congo abandonnée par les pères Capucins. Le second tome (Karthala, 2013) présente les écrits de 1866 à 1869 : essai d'installation en Angola et création d'un petit séminaire en Portugal. Le père Duparquet a compris que pour travailler dans les colonies portugaises, il faut des sujets portugais. Mais le gouvernement ne soutient pas son projet. Découragé, le père Duparquet accepte de partir en Afrique de l'Est. C'est le début du volume III, qui couvre la période de 1870 à 1876 (Karthala, 2014). Trois ans après l'"exil" de Bagamoyo, le père Duparquet crée la mission de Landana dans l'enclave de Cabinda qui, à l'époque, n'appartenait pas au Portugal. Il y applique les principes déjà développés par le père Libermann dans son rapport à Rome de 1846. C'est un grand succès, admiré par les officiers de la marine française mais aussi, plus tard, par les marins portugais. Mais le père pense toujours à évangéliser la partie sud de la mission, la Cimbébasie. Il passe l'année 1877 à s'efforcer de convaincre le Conseil général de sa nécessité. Il s'y attelle à partir de 1878. C'est le sujet de ce tome IV qui va de 1877 à février 1879. A cette date, le père Duparquet arrive à Omaruru où il pense installer la première mission de Cimbébasie. Les lettres de ce tome IV nous présentent d'abord la préparation de cette nouvelle mission puis les explorations de ce qui est maintenant l'Afrique du sud et la Namibie.

12/2017

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Etats-Unis (XXe et XXIe siècle

Comme un goût de révolution. Autobiographie d'une Black Panther

Dans ce livre, publié la première fois aux Etats-Unis en 1992, Elaine Brown revient sur sa vie : ce qui l'a conduite à rejoindre le Black Panther Party, à en assumer la direction de 1974 à 1977, et pourquoi elle l'a quitté. L'auteure, née en 1943, dans un ghetto du nord de Philadelphie, elle se politise progressivement au contact du mouvement pour les droits civiques. En avril ? 1968, après l'assassinat de Martin Luther King, elle rejoint le Black Panther Party, créé deux ans plus tôt à Oakland. Elle y participe à travers le programme de petits-déjeuners gratuits pour les enfants noirs, ou encore le programme d'aide juridique pour les prisonniers et leurs familles. Artiste, elle enregistre deux albums de chants pour le parti et rentre en 1971 au comité central comme ministre de l'information. Elle accepte sa direction en 1974 quand Huey P. Newton part en exil à Cuba. Comme beaucoup d'autres femmes qui faisaient partie du Black Panther Party et y ont joué un rôle important, elle est restée dans l'ombre. L'histoire du Black Panther Party reste une référence historique parmi les tentatives d'organisation collective faisant de l'autodéfense communautaire et de la survie matérielle les piliers de tout rapport de force conséquent. Une lutte qui tenta de combattre non seulement le racisme social et policier profondément ancré dans l'histoire américaine, mais aussi l'offensive libérale de ces années-là. Ce récit incarné nous plonge dans le parcours et l'expérience d'Elaine Brown, en n'omettant ni ses erreurs ni ses trahisons à ses propres promesses. Un récit qui, s'il s'énonce à la première personne, nous tend un miroir et nous invite à contempler les déformations, exigences et les travers de toute aventure collective. Une manière de raconter ce que signifiait alors se battre et s'aimer, d'imaginer comment une idée surgit, prend forme et devient collective. Comme une invitation à partir de soi pour combattre l'oppression, en partant d'une nécessité et de la réalité concrète de la grande majorité. Et de là, organiser des structures de survie et de combat pour tous et toutes, pour sortir de la ségrégation, de la domination, de la résignation.

05/2022

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Littérature française

Les Rêveries du promeneur solitaire. Un essai de Jean-Jacques Rousseau

Les Rêveries du promeneur solitaire est un ouvrage inachevé de Jean-Jacques Rousseau rédigé entre 1776 et 1778, en France, à Paris puis chez René-Louis de Girardin au château d'Ermenonville. Ce livre annonce, à la manière des Nuits d'Edward Young (1742-1745) ou des Souffrances du jeune Werther de Goethe (1774-1787), la naissance du romantisme européen. Historique Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich (1818). Les Rêveries du promeneur solitaire est une publication posthume de l'écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau. Il constitue le dernier de ses écrits, la partie finale ayant vraisemblablement été conçue quelques semaines avant sa mort, et l'oeuvre étant inachevée. Sa rédaction s'est établie tout au long des deux dernières années de sa vie, jusqu'à son refuge au château d'Ermenonville : la nature solitaire et paranoïaque de l'auteur malgré une notoriété croissante l'a contraint à cet exil après l'accueil de ses Dialogues, et peut-être également la mort de Louis François de Bourbon (dit le Prince de Conti) durant l'été 1776. Présentation générale Les Rêveries du promeneur solitaire tiennent à la fois de l'autobiographie et de la réflexion philosophique : elles constituent un ensemble d'une centaine de pages, l'auteur employant très généralement la première personne du singulier et apportant par digressions quelques détails sur sa vie. Le livre, qui se présente comme "un informe journal [des] rêveries" de Rousseau, est composé de dix sections inégales, appelées promenades, qui sont des réflexions sur la nature de l'Homme et son Esprit. Rousseau, à travers cet ouvrage, présente une vision philosophique du bonheur, proche de la contemplation, de l'état ataraxique, à travers un isolement relatif, une vie paisible, et surtout, une relation fusionnelle avec la nature, développée par la marche, la contemplation, l'herborisation que Rousseau pratique. Ces Rêveries cherchent à produire chez le lecteur un sentiment d'empathie qui lui permettrait à travers l'auteur de mieux se saisir lui-même. Avec les Confessions, Jean-Jacques voulait d'abord faire la lumière sur le citoyen Rousseau et sur sa vie ; cette oeuvre postérieure est davantage une invitation au voyage et une réflexion générale sur son mode de pensée. Texte intégral.

02/2023

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Poésie

De loin suivi de Nebo. Edition bilingue français-hébraïque

En 2006 a paru dans la même collection la traduction du premier recueil de Rachel, Regain (1927). Bernard Grasset, grâce à qui cette oeuvre était pour la première fois présentée au public francophone, propose ici la traduction des deux autres recueils de Rachel : De loin (1930) et Nébo (1932), publié un an après sa mort. Née en Russie en 1890, Rachel est l'une des grandes pionnières de la littérature hébraïque moderne. Alors que, durant des siècles, l'hébreu n'avait servi qu'à la transmission du patrimoine religieux, il retrouve un second élan avec l'existence de communautés juives en Palestine. A nouveau, il est parlé dans la vie quotidienne. Alors que la poésie était demeurée l'apanage des hommes, l'écriture de Rachel rencontre immédiatement une large audience et joue un rôle essentiel dans l'adaptation de la langue hébraïque au monde moderne. La Bible est la racine de la poésie de Rachel. Marquée par son vocabulaire et par sa thématique, elle en vient à regarder sa propre existence à travers celle des personnages bibliques. Ainsi de Rachel, d'Anne, d'Elie, de Mikhal, de Jonathan. Ainsi de Job à qui elle aime le plus à se référer : souffrant et attendant comme lui, dans la nuit du doute, que vienne la guérison. Parlant d'elle-même, c'est la condition humaine que peint Rachel, et non pas certes de manière abstraite, mais, comme dans l'Ecriture, très concrètement, par la main (yad), le regard (`ayin), la voix (qol). Il s'agit ici d'une poésie réduite à l'essentiel : un " chant de mille oiseaux ", un chant de souffrance et de joie, un chant de l'être en exil et de la lumière. Pour qui a souffert et éprouvé l'intense scintillement du lointain azur, les ornements du langage sont inutiles. Telle est l'expérience tragique et radieuse de Rachel, très proche au fond, dans un destin pareillement brisé, de celle d'Etty Hillesum, dont la mère Rébecca était née en Russie neuf ans avant la poétesse (en 1881) pour s'exiler non pas en Palestine mais aux Pays-Bas.

05/2013

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Religion

Lettre ouverte aux catholiques perplexes

L'Eglise, dans les années 1960-1970, a pris sur sa route un tournant. Les prêtres ont quitté la soutane. La messe est passée du latin au français, ressemblant souvent à un repas de fête. Les enfants ont subi un nouveau catéchisme : on y remplaçait les questions-réponses par des activités d'éveil. La morale enseignée par les curés est devenue moins exigeante. Ils ont tendu les bras aux protestants et même aux religions non chrétiennes. Rome a décidé que, dorénavant, les Etats devaient reconnaître les autres religions. Des évêques ont sympathisé avec les communistes. Bref, en quelques années, autour du concile Vatican II, un chamboulement a agité l'Eglise. De nombreux catholiques se sont trouvés perplexes. Ce qu'on leur avait enseigné était parfois le contraire de ce qu'on leur prêchait à présent : qui fallait-il croire ? Les pratiques traditionnelles ne représentaientelles que des rites rétrogrades ? Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II expliquaient que l'Eglise se renouvelait : était-ce un bon chemin ? Mais un évêque se fit entendre. Il avait été chargé jadis de missions importantes par le pape Pie XII, qu'il représentait pour l'Afrique noire. Il s'exprima pendant Vatican II, il continua de parler après. Il exhuma des textes clairs qu'on avait enfouis dans le fond des tiroirs. Il se leva contre le "religieusement correct" et montra, faits à l'appui, que la parole de Jésus-Christ et des dizaines de papes qui avaient précédé valait toujours et qu'elle jetait une lumière sur la tempête que vivait l'Eglise. En 1985 enfin, cet évêque, Mgr Marcel Lefebvre, écrivit une Lettre aux catholiques perplexes afin de les aider à sortir de leur perplexité. Des années ont passé. La situation de l'Eglise est-elle la même qu'en 1985 ? Non. Les hommes d'Eglise ont-ils renoncé à l'adaptation au monde moderne ? Non plus. Il y a par conséquent toujours des catholiques perplexes. Mgr Marcel Lefebvre est mort, mais comme il n'est que l'écho de la Tradition de l'Eglise, sa parole est vivante. Elle s'adresse aux catholiques d'aujourd'hui. Ils n'ont qu'à lire.

05/2016

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Littérature française

Le projet Almaz

Après la Seconde Guerre mondiale, un psychiatre d'origine russe spécialiste des phénomènes paranormaux et sa femme française, tous deux communistes fervents, choisissent de rejoindre l'URSS, futur berceau - si l'idéologie tient ses promesses - de l'homme nouveau. Ce choix va non seulement changer leur vie mais aussi celle de leurs deux fils, Basile et Victor. Avant leur départ, une attaque de poliomyélite rend Balise infirme et détermine les parents à confier leur fils âgé d'une dizaine d'années à une famille russe amie installée en France. C'est donc séparés et dans des mondes complètement différents que vont grandir les deux enfants. Le roman commence quand Basile, devenu un vieil anar très doux qui répare des objets désuets, condamnés par la modernité mais encore chers au coeur de leurs propriétaires, apprend par un Russe, ancien espion devenu petit mafioso, que son frère va rentrer en France. Cette nouvelle est loin de réjouir Basile dont la femme, Fée, est en train de mourir et dont l'histoire (celle mouvementée d'une famille qui, de la Russie à la France, traverse la seconde moitié du XXe siècle) cède peu à peu la place à celle de Victor. Une histoire autrement tragique où les dures conditions de vie le disputent à la paranoïa ambiante qui a envoyé son père au goulag, condamnant la mère à vivoter dans un appartement communautaire. Victor, livré à lui-même, a fait d'étranges rencontres à Léningrad, ville mi-réelle, mi-fantastique, et, obsédé par sa quête d'immortalité, a fini par servir de cobaye à des chercheurs poursuivant un but transhumaniste secret, le Projet Almaz. Au début des années 2000, à Paris, les deux frères, inconnus l'un de l'autre, et leurs deux mondes radicalement différents, vont-ils finalement se rencontrer ? Riche de retours en arrière mettant en lumière le destin d'une famille russe en exil et celui de jeunes avides de nouvelles technologies mais parfois à la dérive, ce roman choral donne à réfléchir sur les détours de l'histoire et les sombres promesses de l'avenir.

08/2015

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Poésie

Notre âme ne peut pas mourir

En solidarité avec le peuple ukrainien, Seghers republie la poésie de Taras Chevtchenko. Tous les bénéfices de cette édition seront reversés à une association qui agit en faveur des réfugiés. "Quelle que soit l'opinion que l'on professe sur l'importance, pour la connaissance de l'oeuvre d'un poète, des événements de sa vie, force est d'admettre que pour Chevtchenko l'évocation de ces événements est indispensable. C'est que chez lui l'activité artistique et l'action sont indissociables. Peintre ou écrivain, Chevtchenko vécut pour l'indépendance de l'Ukraine démocratique, et, pour cette cause, il ne cessa d'agir en révolutionnaire conséquent, participa à des organisations et des mouvements patriotiques. Il connut la prison, l'exil, la surveillance policière et l'interdiction de prendre et d'écrire. Sa courte vie (1814-1861) fut bien remplie. On ne peut qu'être étonné par l'abondance de ses oeuvres : ses très nombreux poèmes, dont certains sont fort longs (des milliers de vers), deux drames historiques, une vingtaine de romans, et ses dessins et ses tableaux, malgré le temps consacré à l'action et les années de prison et de forteresse. L'Ukraine est présente partout dans les poèmes de Chevtchenko, comme eue, l'était dans ses pensées. Présence physique de son territoire, de la plaine, du Dniepr qui avec ses îles, ses récifs, le vent sur ses eaux, est comme une personnification de l'Ukraine vivante ; présence de ses traditions populaires, de son histoire, de l'aujourd'hui ; espoir et inquiétude pour son avenir. Toute l'oeuvre du poète a ses assises dans l'histoire de son peuple, de son peuple luttant pour son indépendance contre les rois de Pologne, les sultans de Turquie, les tsars de Russie. Toute son oeuvre est une exaltation de l'héroïsme cosaque. Elle est pleine de bruit et de fureur, pleine de batailles, de violences, de sang, d'incendies, de larmes, d'invectives, d'appels. Il est clair que dans chaque récit, Chevtchenko projette ses préoccupations actuelles, que ces poèmes doivent servir le patriotisme ukrainien, fonder l'espoir et l'action du peuple ukrainien ; le passé garantit l'avenir". (Extrait de la préface de Guillevic)

05/2022

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Allemagne

Un jeune homme bien. Devenu nazi sous le 3e Reich

Eliès Belaïd n'a pas 25 ans. Il est né à Lyon, a grandi dans un petit village à la périphérie de Metz, ville dans laquelle il a effectué son cursus scolaire pour passer un bac scientifique en 2016. Passionné d'histoire, de géopolitique et de linguistique, il poursuit en Belgique à Louvain-la-Neuve un master en sciences politique à l'université. Il écrit depuis ses 14 ans. De manière inédite, grâce à un apport sociologique tiré de Hannah Arendt ainsi que notions de philologie et d'histoire, l'auteur crée un parallèle entre l'effet du fascisme et celui du nazisme sur la société et les individus. C'est un peu le principe de l'écoulement d'une substance par Baxter dans le corps et l'esprit, goute à goute, insidieux. L'intoxication est lente et semble irréversible. Eliès Belaïd a effectué des travaux de recherches afin de rendre une chronologie historique fidèle, en incluant à son récit documenté des figures historiques en interaction directe avec les personnages afin de donner du corps et à une histoire à ce point crédible qu'on la pense vraie. Bavière, 1931. Les courants politiques et les vieilles rancoeurs s'entrechoquent dans la société allemande de l'entre-deux guerres. Werner H. est un jeune homme médiocre, sans histoire, rejeté par ses camarades, sans succès avec les filles et se sentant donc isolé. Il cherche sa place. Piètre étudiant sans repères, portant en lui l'amertume d'ancien combattant de son père, le jeune Werner va se laisser séduire par ceux qui prétendent vouloir sauver l'Allemagne. Cet ouvrage original est l'histoire minutieuse et étudiée d'un homme qui, à force de courir après une force supérieure chimérique va devenir la marionnette meurtrière de l'idéologie nazie. Il s'agit de la vie d'un adolescent normal qui graduellement, à force de fanatisme et de brutalité s'enfoncera petit à petit dans la démence meurtrière en endossant les oripeaux d'un monstre à travers le chaos de la seconde guerre mondiale qui ravage l'Europe. Ce livre relève de l'éveil, du devoir de mémoire et d'un appel à la vigilance. Il s'agit d'éviter de subir le principe de la grenouille chauffée.

04/2023

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Second Empire

Eugénie, impératrice des Français. Actes du colloque du Centenaire de la disparition d'Eugénie de Montijo

Le 11 juillet 1920, l'impératrice Eugénie s'est éteinte à l'âge canonique de quatre-vingt-quatorze ans. Née dans l'Europe du Congrès de Vienne, elle disparait dans celle du Congrès de Versailles. De cette odyssée longue de près d'un siècle, la mémoire nationale a presque tout oublié. Après avoir été l'hôtesse éclatante de la Fête impériale, l'impératrice Eugénie a été accablée par une impitoyable légende noire qui, aujourd'hui, laisse place à un mélange d'opprobre et d'oubli. A l'occasion du centenaire de sa disparition, un colloque scientifi que sans précédent s'est réuni, sous le patronage de S. A. S. le prince de Monaco et de S. A. I. le prince Napoléon, dans le cadre prestigieux de l'opéra de Monte-Carlo puis du lycée Henri-IV à Paris, afi n de faire le point sur cette souveraine longtemps calomniée et souvent méconnue. Sous la direction de Maxime Michelet, biographe de l'impératrice, de nombreux intervenants lèvent le voile sur un règne qui mérite mieux que les caricatures habituelles. Toutes les facettes de la riche personnalité d'Eugénie ont pu être étudiées : ses relations avec son mari, avec la noblesse française ou avec la principauté de Monaco, son rapport à l'architecture ou à la diplomatie, ses racines espagnoles, son amitié avec Mérimée, ses responsabilités politiques et institutionnelles, ses investissements artistiques, son rôle dans le faste impérial, son insertion dynastique, les tragédies de l'exil et les réconforts de sa villa de Cyrnos. Cet ouvrage propose un tour d'horizon inédit d'un règne, d'une vie et d'une femme. Historien de la IIe République et du Second Empire, résident de la société historique des Amis de Napoléon III, Maxime Michelet a publié en 2020 une biographie inédite et remarquée : L'Impératrice Eugénie, une vie politique (Editions du Cerf). A l'occasion du centenaire de la disparition d'Eugénie, il a réuni autour de lui les meilleurs spécialistes parmi lesquels Eric Anceau, Xavier Mauduit, Marie-Hélène Baylac, Yves Bruley, Eric Mension-Rigau et bien d'autres.

04/2024

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Ouvrages généraux

Rockisme contre wokisme

Le wokisme : un insidieux poison inquisiteur et doctrinaire ; une idéologie sectaire, puritaine, réactionnaire et fascisante, nonobstant sa prétention à l'éveil des consciences aussi bien qu'à sa libération des individus, venue aujourd'hui tout droit de quelques-unes des universités les plus cotées des Etats-Unis d'Amérique. Et ce, croyant ainsi corroborer leurs thèses en leur conférant un semblant de crédit scientifique, avec le prétendu (forcément posthume) soutien intellectuel, aussi fallacieux qu'erroné dans sa compréhension profonde et réelle, de quelques-uns des philosophes français les plus prestigieux au sein de ce que ces fanatiques adeptes du " wokisme " appellent sans nuances conceptuelles ni finesse interprétative, mais, au contraire, à partir d'une tout aussi mauvaise, réductrice et parfois même outrancière lecture du " déconstructivisme " en vogue à Paris entre les années 1960 et 1980, la " French Theory ". Le wokisme ne se révèle donc finalement, par-delà ses apparentes intentions émancipatrices de départ, qu'un nouveau genre de totalitarisme, qui s'ignore et ne dit pas son nom ou, pis encore, s'avance masqué : pétri d'interdits moralisateurs, jugements normatifs, conformismes discriminatoires, sentences expéditives, raccourcis simplificateurs, amalgames approximatifs, opinions caricaturales, verdicts manichéens, dogmatismes étriqués et autres carcans idéologiques de notre pseudo-modernité. Un monde contemporain qui, face à cette consternante régression intellectuelle sous couvert d'ouverture d'esprit et de tolérance morale - suprême mais hypocrite alibi -, n'a plus de moderne, hélas, que le nom, désormais vide de sens ! D'où, en guise d'efficace et puissant antidote à cette funeste idéologie, mortifère pour notre culture, sinon notre civilisation, cette mise en avant, sous forme d'éloge, du " rockisme " : néologisme né, sur la base - le rock, plus encore que le pop - de ce qui représente, pour les générations passées, présentes et futures, une des grandes, belles et authentiques libertés d'expression, de pensée aussi bien que de parole, à la confluence des XXe et XXIe siècles. Une immense et riche création artistique, mâtinée d'un non moins fabuleux élan libertaire, sinon révolutionnaire pour le progrès des mentalités comme des moeurs ! Ce livre s'avère donc également, sur le plan philosophique, une critique en bonne et due forme, rationnelle, objective et argumentée, du wokisme en tant que tel.

04/2024

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Revues

Europe N° 1118-1119-1120 juin-juillet-août 2022 : Ecrivains et reporters dans la guerre d'Espagne ; Georg Lukács

Déclenchée à la suite de la tentative de coup d'Etat des 17 et 18 juillet 1936, la guerre d'Espagne opposa les forces nationalistes dirigées par une junte militaire aus forces du gouvernement légitime de la République, soutenu par le "Freite popular". Bientôt, des milliers d'hommes et de femmes affluèrent du monde entier pour rejoindre les Brigades internationales. Ces volontaires considéraient que se battre pour la République espagnole, c'était se battre pour la survie de la démocratie et de la civilisation contre l'assaut du fascisme. Des écrivains, des cinéastes, des photographes s'engagèrent dans ce combat. Ils le firent par le biais de leur art, par leur soutien apporté aux réseaux d'entraide et parfois en prenant les armes. Des centaines de journalistes et de reporters se rendirent eux aussi en Espagne. En raison de ce qu'ils virent sur place, même ceux qui étaient arrivés sans engagement prédéterminé en vinrent à embrasser la cause de la République assiégée. L'histoire des reporters étrangers en Espagne est fondamentalement une histoire d'hommes et de femmes courageux et compétents. La redécouverte de leurs écrits est hautement significative dans l'histoire de la guerre d'Espagne. Grâce à eux, des millions de gens qui ne connaissaient que peu de choses sur l'Espagne ont senti dans leurs coeurs que la lutte de la République espagnole pour la survie était, d'une certaine manière, leur bataille. Ce numéro d'Europe met en lumière de multiples aspects de ce drame et de nombreuses figures connues ou méconnues qui épousèrent, selon les mots du poète Luis Cerrada, une cause "noble et si digne de lutter pour elle". On voit se faire jour dans ces pages une conception de la culture indissociable d'un sens de la solidarisé humaine. Comme l'écrivait María Zambrano, figure majeure de la pensée contemporaine qui prit le chemin de l'exil en janvier 1939 et refusa de revenir en Espagne du vivant de Franco : "Il ne sert à rien de renoncer à toute action qui modifie l'histoire ou à à prendre une part active ; nul ne nous déchargera d'avoir à la subir"

06/2022

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Littérature Allemande

La lumière des jardins. Edition bilingue français-allemand

Utz Rachowski a écrit deux nouvelles sur des journées déterminantes de l'histoire allemande et européenne : l'une, intitulée " Les voix de l'été ", sur le 13 août 1961, premier jour de la fermeture des frontières occidentales de la RDA et de la construction du Mur à Berlin ; l'autre, intitulée " Le dernier jour de l'enfance ", sur le 21 août 1968, premier jour de l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie. Dans les deux cas, ces journées d'été ont été traumatisantes pour la RDA, mais aussi pour l'Europe et l'utopie socialiste : l'une, en entravant la liberté de mouvement des citoyens de RDA, l'autre, en réprimant le printemps de Prague, mettaient fin pour beaucoup aux espoirs d'un socialisme à visage humain en Allemagne et en Europe de l'Est. Ces journées représentent les premières blessures de l'histoire dans la jeune existence de l'auteur. Né en 1954 à Reichenbach dans le Vogtland, région de RDA limitrophe de la Tchécoslovaquie, Utz Rachowski a sept ans en 1961, 14 ans en 1968. Dans ces deux nouvelles, largement autobiographiques, l'histoire s'invite à l'improviste au beau milieu des vacances d'été et des fêtes d'anniversaire, fige le temps, à jamais divisé désormais entre un avant et un après. Les chars qui traversent sa ville pour se diriger vers la frontière tchécoslovaque labourent de leurs chenilles la route bordant le lotissement où il grandit, à une centaine de mètres de la maison de sa grandmère. L'oeil de l'enfant enregistre ces ruptures avec une précision sismographique. L'onde de choc de cet ébranlement traversera son oeuvre jusqu'au bout. 8 – Préface Préface – 9 Mais ce ne sont pas les seules blessures dans la jeunesse de l'auteur, et les suivantes trouveront également le chemin de ses écrits. Adolescent rétif à l'embrigadement, il est interrogé dès l'âge de 16 ans par la Stasi et renvoyé peu après de la FDJ et du lycée. Motif : une supposée menace de " contamination idéologique " de ses camarades de classe. Quelques années plus tard, en 1978, après avoir rattrapé son bac par d'autres voies, il sera également renvoyé de l'université, pour manque d'" esprit partisan ". Arrêté en 1979, il est condamné en 1980 à 27 mois de prison pour rédaction et diffusion de poèmes. Au total, il effectuera un an et deux mois de prison avant d'être libéré sous la pression d'écrivains dissidents déjà exilés à Berlin-Ouest, parmi lesquels Reiner Kunze, Jürgen Fuchs et le chanteur Wolf Biermann, et d'amnesty international : racheté par la RFA, il est expulsé du pays et interdit de séjour en RDA, et ne pourra pas retourner dans sa ville et son pays avant décembre 1989. Exilé à Berlin-Ouest, il y sera rejoint un peu plus tard par sa femme, elle aussi emprisonnée quelques semaines en 1979, et leur première fille, née pendant qu'il était en prison. La sélection de poèmes que nous présentons ici donne une idée de la centralité de cette blessure. Utz Rachowski fait partie de ces écrivains marqués dans leur biographie et leur oeuvre par un événement singulier, guerre, déportation, génocide, chute d'un mur ou d'une dictature, révolutions ou décolonisations plus ou moins pacifiques. Dans son cas, il s'agit des blessures infligées par le système répressif du socialisme " réellement existant ", le Mur, les chars, la prison, l'exil. Face à cela, Utz Rachowski a déployé une écriture largement autobiographique, qui enregistre avec une précision et une sensibilité aiguës l'impact des événements et tente par l'écriture de sauver ce qui peut l'être. Auteur de RDA au regard tourné tant vers l'Ouest que vers l'Est de l'Europe, il s'inscrit aussi dans la catégorie des auteurs blessés dont les oeuvres maintiennent résolument vivante la petite flamme de l'humanité, tel cet enfant qui, dans une de ses nouvelles, cherche à tout prix, à l'approche des brouillards de l'automne et de l'hiver, à préserver la " lumière des jardins ". Ces ombres et cette lumière se retrouvent dans la plupart de ses textes : écrits de témoignage ou de documentation, essais, récits de fiction, poèmes. C'est le cas des textes que nous publions ici, qui cherchent à donner un aperçu représentatif de sa production : les deux nouvelles sur les étés 1961 et 1968, un récit sur les expériences de la prison et de l'exil, une sélection de courtes nouvelles sur l'enfance écrites dans les années 1990, une quinzaine de poèmes choisis au fil de cinq décennies d'écriture, enfin des extraits de son dernier recueil, consacré à l'affection entre un écrivain et un animal de compagnie, le chien Suki.

03/2021

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Littérature française

A défaut d'Amérique

Dans un cimetière parisien, on enterre une vieille dame. De loin, une femme observe la scène : Suzan a débarqué de Floride le matin même. A présent qu’Adèle n’est plus, l’Américaine se demande si elle a eu raison de détester cette femme qui a séduit son père, Stanley, alors jeune soldat, pendant les folles journées de la Libération de Paris, en 1945. Pourquoi elle a été irritée, voire jalouse, de l’exorbitante aptitude au bonheur qu’ont manifestée ces platoniques tourtereaux octogénaires qu’elle a tardivement réunis à Palm Beach pour tenter de consoler son père de son veuvage. Peut-être parce que la vieillissante “Jewish American Princess” qu’est à présent Suzan n’a jamais été douée pour la vie, n’a jamais su aimer - seulement obéir ? Que, brillante avocate, elle a perdu foi en son métier, se shoote au jogging pour oublier ses frustrations, et que, divorcée, ayant fait le choix de ne pas avoir d’enfants, elle n’a rien à transmettre ? Adèle, au moins, c’était la vie, excessive, débordante. Une spectaculaire survivante - aux pogroms en Pologne, à l’exil en France, à deux guerres mondiales, à l’exode - même les camps l’avaient épargnée. Mais est-ce que cela donne tous les droits et surtout celui de la rendre elle, Suzan, encore plus malheureuse ? Près de la tombe, une femme se tient un peu à l’écart du groupe : Fleur a aimé son arrière-grand-mère, Adèle, au moins autant qu’elle a fini par détester Sabine, sa mère dépressive, et toutes les autres femmes de sa lignée. Elle s’est fabriqué une famille à elle, résolument “inédite”, avec ses trois amours : son mari Julio venu d’Argentine et leurs deux fils. Adèle a toujours fasciné Fleur, avec son vouloir-vivre impérieux et presque tyrannique, son adaptabilité, depuis l’enfance, aux situations les plus tragiques, sa séduction dévorante (dont toutes les photos attestent) restée intacte, malgré les épreuves inhumaines de ces années passées à Paris - dans le quartier de Beaubourg où les réfugiés juifs avaient refondé leur communauté meurtrie et précaire -, avec sa capacité têtue, épuisante, à réaliser de petits miracles, à sauver des vies autour d’elle, à commencer par celle de l’amour de sa vie, son mari, Louis, auquel, jusqu’à la fin, elle est restée fidèle. Cette personnalité rayonnante - ou écrasante, c’est selon - qui n’a cessé d’éblouir son vieux père, l’Américaine n’en a eu, à Palm Beach, qu’un bref aperçu, et de surcroît dans sa “version senior”. Si, comme Fleur (qui va bientôt s’y employer afin de prendre, à travers Adèle, la mesure de la seule hérédité qu’elle accepte de se reconnaître), elle se plongeait dans l’histoire individuelle d’Adèle et dans la grande Histoire que celle-ci a, plus que traversée, incarnée, elle en saurait davantage sur “la française”, sa “rivale”, et sur la communauté de souffrance et d’amour dont elle est issue et d’où elle a tiré sa force exceptionnelle. Elle saurait comment Etele est devenue Adèle. Mais, comprend-elle alors, elle a peut-être, elle aussi, “son” Adèle en la personne de Sophia, sa tante, la sœur de sa mère, mondialement célèbre pour avoir été la première femme blanche à militer contre l’Apartheid en Afrique du Sud où elle a fait le choix de s’installer, plus de cinquante ans auparavant. C’est donc par le truchement indirect de “la française” honnie que Suzan va, à la veille des attentats du 11 Septembre, rejoindre à Cape Town, cette autre vieille dame afin de renouer avec la vérité de son histoire de fille trop peu curieuse, et découvrir enfin en quoi sa propre mère, Lisa, a, forte de renoncements assumés, embrassé une autre forme d’héroïsme, plus modeste, auquel il convient sans doute de donner le nom d’amour. Par delà sa capacité à nouer ensemble, sur trois générations et sur trois continents, les fils de l’histoire individuelle et collective, le roman de Carole Zalberg se signale par sa capacité à détourner, subtilement, le “roman de la filiation” de sa mécanique obligée, à en proposer une lecture ouverte. En confrontant l’exil subi (Adèle) ou choisi (Sophia), à l’errance, “sans étiquette”, d’une Américaine presque ordinaire (Suzan) ou au périlleux voyage dans l’interprétation du passé (Fleur), sans jamais instaurer, entre ses personnages, de suspecte hiérarchie, Carole Zalberg nourrit son roman d’une décision d’écriture qui en féconde admirablement l’ambition et la sensibilité. A nouveau crédités de l’humanité profonde qu’ils ont un jour eux aussi incarnée, les fantômes y gratifient l’existence de ceux qui prennent leur suite sur la scène du monde d’un legs d’amour et de souffrance, qui, sans consoler quiconque de vivre ou de mourir, façonne l’authentique présence que les vivants sont tenus de s’accorder à eux-mêmes, faisant de la découverte de l’autre la condition d’une authentique connaissance de soi.

02/2012

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Critique littéraire

Revue de littérature comparée N° 355, 3/2015

Salvatore COSTANZA, "Les oreilles ont dû vous tinter" . Fortune littéraire d'un thème folklorique de Lucien à Proust, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 257-268. On examine ici la fortune littéraire d'un thème folklorique tel que le tintement des oreilles censé être un mouvement fatidique, d'où l'on pouvait tirer des pronostics sur l'avenir des individus. Il faut remarquer que ce motif est toujours employé chez les Grecs, Lucien, Aristhénète et dans la Recherche avec la même fonction. Au coeur d'une affaire amoureuse une femme en tant que médiatrice "révèle" à l'amant tourmenté par la jalousie que sa bien-aimée lui est toujours fidèle, qu'elle a sans cesse parlé de lui, donc les oreilles ont dû lui tinter. Il est intéressant de voir cet argument tiré de la superstition des tintements des oreilles, c'est-à-dire de l'otomancie, chez M. Proust, qui l'emploie toujours pour apaiser les troubles d'un amant abusé. C'est encore une fois le canevas déjà écrit par ses anciens prédécesseurs. Caroline BELOT GONDAUD, La Figure du couple machiavélique. A propos des "couples scélérats" de Shakespeare, Laclos, Barbey d'Aurevilly, Zola, Henry James, James M. Cain, Boileau-Narcejac, Ian McEwan et Ron Rash, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 269-280. La figure du couple machiavélique est présente dans des oeuvres aussi diverses que Macbeth, Les Liaisons dangereuses, Les Diaboliques, The Portrait of A Lady et dans bon nombre de romans policiers. La façon dont la figure est mise en scène, mise en récit, crée une véritable dramaturgie du mal. Le couple machiavélique apparaît bien comme une figure de l'amour et du mal : dans sa version shakespearienne, elle est une réécriture du scénario biblique de la Chute et, dans sa version laclosienne, le marqueur d'une profonde dégradation de l'idéal courtois de l'amour. Mario ZANUCCHI, La Crise du symbolisme. La réception de Baudelaire et Verlaine dans la poésie de Walter Wenghöfer, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 281-298. Le but de cet article est d'étudier la réception de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine dans l'oeuvre d'un poète du cercle de Stefan George, qui jusqu'à maintenant a été ignoré par l'historiographie littéraire allemande : Walter Wenghöfer. L'étude de reception est étayée et précisée par l'analyse intertextuelle et intermédiale de poèmes exemplaires. De cette manière, la contribution reconstruit la crise de la poétique symboliste dans la poésie allemande de la "fin du siècle" . En outre, il montre comment Wenghöfer - à travers la dépotentialisation esthétique des figures d'autorité symbolistes - anticipe la critique que l'expressionnisme allemand adresse au symbolisme. Christine QUEFFELLEC, "La vie imite rarement l'Art" : Gemma Bovery, entre Flaubert et Wilde, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 299-308. Gemma Bovery, roman graphique de Posy Simmonds se veut une parodie du roman de Flaubert, Madame Bovary, transposé à la fin du XXe siècle. Le narrateur, séduit par Emma Bovary dont il partage les aspirations romantiques, imagine que le destin de ses voisins, Charlie et Gemma Bovery, va se calquer sur celui des personnages flaubertiens et que la vie va imiter l'art, comme le souhaitait Oscar Wilde. Il s'apercevra qu'il s'est trompé. Ce roman invite à une réflexion sur la lecture et sur les rapports entre la littérature et la vie. L'adaptation cinématographique d'Anne Fontaine infléchit quelque peu le sens de l'oeuvre en conférant au film une unité de ton et de style que l'écrivaine avait voulu briser et en se rapprochant du roman français. Salvatore COSTANZA, "Les oreilles ont dû vous tinter" : the literary fortune of a folkloric theme, from Lucien to Proust, RLC LXXXIX (in French), no. 3, julysept. 2015, p. 257-268. We examine the survival of a folklore theme centered around the observation of buzzing in one's ears. Ringing was considered as a fateful movement and was comprised among the observations for divinatory ends. The relationship between the buzzing in one's ears and the belief that one subsequently became the object of other people's speech appears in Lucian of Samosata (second century A. D.) and in his later revival given by sixth century's epistolographer Aristaenetus. In this respect, a striking parallel is provided in modern French literature by Proust's Recherche. In every case a woman acting as mediator "reveals" someone that his beloved is always true to him and she was endless speaking of him. Consequently, something should have buzzed in his ears. It is interesting to remark, that such an argument drawn from superstition about buzzing in one's ears, that is, otomancy, still recurs in M. Proust with respect to abused lover's troubles. It is clearly the same plot, as his Greek antecedents have already used. Caroline BELOT GONDAUD, The Figure of the Machiavellian Couple, RLC LXXXIX (in French), no. 3, july-sept. 2015, p. 269-280. The figure of the machiavellian couple appears in Macbeth and Les Liaisons dangereuses, Les Diaboliques, The Portrait of A Lady as well as in various detective novels. The way it is told and staged creates a dramaturgy of evil. The Machiavellian couple can be interpreted as a mere figure of love and evil which rewrites, in its Shakespearean version, the biblical narrative of the Fall while the couple of Laclos signals the deep deterioration of the ideal of love in a courtly meaning. Mario ZANUCCHI, The crisis of Symbolism. The reception of Baudelaire and Verlaine in the poetry of Walter Wenghöfer, RLC LXXXIX (in French), no. 3, julysept. 2015, p. 281-298. The aim of this article is to study the reception of Charles Baudelaire and Paul Verlaine in the work of a poet from Stefan George's circle, who has been ignored by the German literary historiography until now : Walter Wenghöfer. The reception study is supported and clarified by the intertextual and intermedial analysis of exemplary poems. In this way, the contribution reconstructs the crisis of symbolist poetics in the German poetry of the < fin du siècle >. Furthermore it shows how through the aesthetic depotentialization of symbolist authorities Wenghofer anticipates expressionist criticism of the symbolist poetics. Christine QUEFFELLEC, "Life rarely imitates Art" : Gemma Bovery between Flaubert and Wilde, RLC LXXXIX (in French), no. 3, july-sept. 2015, p. 299-308. Gemma Bovery, Posy Simonds's graphic novel, is a parody of Flaubert's Madame Bovary, transposed into the end of the 20th century. The narrator, seduced by Emma Bovary, whose romantic aspirations he shares, imagines that his neighbours, Charlie and Gemma Bovery, will experience the same fate as Flaubert's characters and that life will imitate art, in accordance with Oscar Wilde's hopes. He will realize that he was wrong. This novel induces us to reflect on reading and the relationship between literature and life. The film adaptation by Anne Fontaine distorts somewhat the book's meaning, giving a unity of style and tone that the English writer had wanted to break down in order to draw closer to Flaubert's novel.

12/2015

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Poésie

Mire

Pour ceux qui l'ont vécue, une guerre n'est jamais terminée, toute image mentale lui doit quelque chose, sans elle les images des êtres n'ont pas d'ancrage. Solmaz Sharif embrasse l'histoire récente : la guerre Iran-Iraq, les attaques américaines au Moyen-Orient, Guantanamo... , parce que c'est avant tout son histoire. Née en exil, elle cherche à la fois sa mémoire et son foyer et la guerre est comme un lien naturel au monde. "Mire" est un tableau virtuose de poèmes, de listes, de fragments et de séquences, Sharif rassemble les récits éparpillés de sa famille plongée dans des conflits qui la dépassent mais la plongent dans la destruction. Livre en errance, en migration permanente, en quête d'abri, d'une femme qui n'est chez elle nulle part, qui mesure la distance qui la sépare des êtres perdus. Dialogue morcelé avec des images, Solmaz Sharif nous force à regarder les morts en face, les cadavres d'écoliers, les civils bombardés, les mosquées détruites, le poids de chaque homme. Elle nous force à identifier les corps inertes de notre histoire. "Mire" est saturé par la violation constante de l'intimité, les fouilles au corps, les intrusions policières, les mises sur écoute, les ségrégations. En sécurité nulle part, que ce soit dans le présent ou dans les souvenirs, le rêve américain est une solitude et une déception, avec des uniformes prêts à enfoncer votre porte à chaque instant. Sharif montre aussi comment la violence s'exerce contre le langage. Elle injecte dans son livre des mots tirés du Dictionnaire Militaire Américain ; qui viennent faire exploser le rapport à l'autre, elle expose les euphémismes dévastateurs utilisés pour stériliser la langue, contrôler ses effets et influencer notre résolution collective. Il s'agit de vivre avec "le langage qu'ils ont fait de notre langage", dans l'abîme qui sépare les individus que nous sommes des histoires racontées. Que faut-il tirer de l'abîme pour faire exister son histoire, ses proches emprisonnés et disparus ? Où peut-on porter son histoire dangereuse car sensible comme un champ de mines, précise comme un dictionnaire de termes qui désignent des mises à mort dans l'intervalle de la mire à l'écran, l'ordre de tirer et l'impact. Mais Un élan de survie, une sensualité limpide nous signalent la présence d'une conscience lumineuse, un étonnant apaisement.

05/2019

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Beaux arts

Van Gogh et Gauguin. L'atelier du Midi

L'amitié entre Vincent van Gogh et Paul Gauguin, qui atteignit son paroxysme pendant les deux mois de leur intense collaboration en Arles, constitue l'une des relations les plus dynamiques de l'histoire de l'art moderne. Lorsque les deux peintres se rencontrèrent pour la première fois à Paris fin 1887, ils faisaient partie de cette cohorte d'artistes qui cherchaient le moyen de dépasser l'impressionnisme. En outre, Van Gogh et Gauguin partageaient la conviction qu'un art du futur devait être créé loin de la décadence urbaine, ce qui conduisit Gauguin jusqu'en Bretagne tandis que Van Gogh s'installa en Arles durant les premiers mois de l'année 1888. Une fois établi en Provence, Vincent, avec l'aide de son frère Théo, marchand d'art, persuada Gauguin de le rejoindre afin de fonder un " atelier du Midi ". Gauguin arriva le 23 octobre 1888 et emménagea avec Van Gogh dans la Maison jaune qui leur servit aussi d'atelier. A travers de nouvelles approches et l'élaboration de nouveaux motifs, les deux hommes parvinrent à échanger leurs idées, en constante évolution, sur la véritable nature de l'art moderne. L'expérience de l'atelier du Midi s'acheva cependant brutalement lorsque, le 23 décembre 1888, Van Gogh se mutila l'oreille, précipitant ainsi le départ de Gauguin qui regagna Paris le 25. Les deux hommes n'en continuèrent pas moins d'entretenir une correspondance féconde jusqu'à la mort de Van Gogh en 1890. Quant à Gauguin, il poursuivit sa réflexion sur le travail de son ami tout au long de son exil volontaire en Polynésie, où il mourut treize ans plus tard. Publié à l'occasion d'une exposition sans précédents présentée à l'Art Institute of Chicago (22 septembre 2001-13 janvier 2002) et au Van Gogh Museum d'Amsterdam (9 février-2 juin 2002), cet ouvrage constitue une étude novatrice sur les influences et les apports des deux artistes, en faisant appel à la vaste littérature qui leur est consacrée, à leur volumineuse correspondance et à leurs écrits. Très abondamment illustré, il propose de nouvelles perspectives sur quelques-uns des plus célèbres chefs-d'œuvre de l'art moderne, et dresse un portrait inédit de deux personnalités centrales de l'histoire de la peinture. Cet ouvrage comporte 510 illustrations, dont plus de 300 en couleurs.

02/2002

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Musique, danse

Le passage des frontières. Ecrits sur la musique

Les Ecrits sur la musique de Kaija Saariaho rassemblent pour la première fois l’intégralité des articles, textes de circonstance et notices d’œuvres rédigés par la compositrice depuis le début de sa carrière. En couvrant trente années de recherche et de création musicales, ces textes apportent non seulement un nouveau regard sur la musique de Saariaho, mais également sur la création musicale des années 1980 à nos jours et sur l’évolution de la « musique spectrale » dans la lignée de Tristan Murail et Gérard Grisey. Il s’agit en outre, et là repose sans doute son intérêt majeur, d’un des très rares livres dévoilant le parcours d’une femme compositrice dans le monde de la musique contemporaine. D’un point de vue formel, le livre se compose de trois parties. Cœur de l’ouvrage, la première partie se subdivise en quatre chapitres (Le passage des frontières, Les spectres de l’Ircam, Entre sensible et intelligible et Composer au quotidien) et donne à lire dans un ordre chronologique strict l’ensemble des articles rédigés par Saariaho entre 1980 et 2008. On y découvre successivement les désirs et les motivations d’une jeune compositrice finlandaise, son exil en Allemagne puis en France, son émancipation et ses premiers succès, l’importance de l’Ircam dans le développement de son langage musical, ses différentes prises de position esthétiques, et finalement un regard rétrospectif porté sur son parcours, sa Finlande natale, sa pratique au quotidien et le rôle du compositeur aujourd’hui. Les deuxième et troisième parties consistent respectivement en un Journal des œuvres regroupant toutes les notices de concert rédigées par Saariaho et un ensemble de sources (chronologie, origines des textes, catalogue des œuvres, discographie complète et bibliographie). Ce livre est à la fois un outil incontournable pour le musicologue, mais également un guide pour l’écoute pouvant s’adresser à un lectorat plus large. La nature double des textes qu’il comprend rejoint le même horizon de réception, mêlant articles sur les techniques de composition et propos autobiographiques. Le parcours international de Kaija Saariaho l’ayant amenée à écrire dans plusieurs langues (français, finnois, anglais et allemand), notons enfin que la majeure partie de ces textes demeurent inédits en langue française et que ce livre est donc aussi le fruit d’un vaste travail de traduction.

06/2013

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Poésie

J'aurais un royaume en bois flottés

Nimrod est un écrivain, essayiste, poète d'origine tchadienne, dont le nom même est une épure : de Nimrod Bena Djangrang ne subsiste, sur la couverture de ses livres, qu'un prénom aux consonances bibliques. Celui que lui a donné son père, pasteur luthérien du pays de Kim, sur les rives du fleuve Logone. L'oeuvre poétique et romanesque de Nimrod évoque la guerre et ses avatars, mais ne la montre que fort peu. Il s'en est expliqué : "J'ai toujours mal toléré le catalogue d'horreurs que certains romanciers africains font de la guerre. De mon point de vue, la création littéraire sera toujours tenue de faire montre de pudeur. L'excès qui lui est propre ne vient pas de sa capacité à faire complaisamment la peinture du mal, mais de la forme efficace qui lui permet de tout suggérer et de tout faire sentir". Elégance donc, et force de la suggestion... En vérité, Nimrod se méfie du rôle que l'Histoire impose, au prix de mille falsifications, à l'écrivain africain, condamné à adopter le comportement littéraire que l'on attend de lui. Reste que la poésie de Nimrod va et vient entre deux mondes et que l'exil a fait de lui un apatride à vie. Les premières pages de Babel, Babylone, recueil dont le poète a souhaité la reproduction intégrale dans cette anthologie personnelle, sont à cet égard des plus significatives. Le retour à la terre natale, où vit encore sa famille, s'apparente à un deuil tant l'exilé se sent étranger en son propre pays. Et l'on comprend que le titre de la première section du recueil - Peine capitale - est à prendre au pied de la lettre : l'exilé qui revient sur la terre de son enfance est en danger de mort ; sa peine est incommensurable ; l'air qu'il respire est un suaire. Dans ces conditions, la question est moins de savoir où vivre que de savoir quelle place offrir en soi au passé. On ne peut échapper aux aspirations passéistes de la nostalgie qu'en la déportant sur l'axe du temps à venir. Pour l'écrivain, la mémoire n'est pas derrière nous, mais devant. Elle se réinvente chaque jour, comme se réinvente le paysage. (Extraits de la préface de Bruno Doucey).

03/2017

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Religion

L'Amour et la Dilection. La Vie de Christine de Stommeln suivi de Lettres de Pierre et de Christine (1267-1289)20

Quelle providence a mis, un jour de 1267, sur le chemin d'un frère prêcheur suédois, étudiant au Studium Generale de Cologne, intelligence déliée, nature mélancolique, Christine, une jeune paysanne stigmatisée du bourg westphalien de Stommeln ? De cette rencontre, que va suivre une nuit de veille "lumineuse comme le jour", écrira Pierre citant le psaume 139, va naître une relation fascinée de vingt-deux ans, ponctuée de seize visites et d'une longue correspondance, qui ne s'achèvera qu'à la mort de Pierre en 1289. C'est ce que nous racontent les manuscrits conservés dans une église de Jülich en Wetphalie, copiés en 1340, soumis à un toilettage philologique rigoureux en 1894, traduits pour la première fois en suédois en 1952; objets de la présente édition. Telle qu'elle apparaît au fil de la "Légende et passion de la vierge Christine de Stommeln ", récit à caractère hagiographique de Pierre, et de quelques-unes de leurs lettres, cette idylle mystique est d'abord une tension entre le pur face à face de l'amour et la passion médiatisée de la dilection, une ambivalence constitutive donc - encore qu'elle aille parfois jusqu'à la confusion sémantique des deux termes - du lien des deux amants. Au coeur de cette relation, le combat de Christine, souffre-douleur halluciné d'un démon qui s'acharne à la précipiter dans l'abjection. Mais c'est ce combat qui tire le couple vers le rêve de ses noces mystiques, le nourrissant de signes avidement déchiffrés par Pierre, ainsi le visage torturé de Christine "transcendé par le reflet du pur amour" (Marie-Françoise Notz) qu'il entrevoit sous un coin relevé du voile de la jeune femme. S'étonnera-t-on de l'importance de la langue dans les deux volets de ce recueil, deux écritures du latin du XIIIe distinctes par leurs nuances pour qui y regarde de près? Pierre joue de sa riche culture scolastique au point de s'être imposé comme le premier authentique écrivain de la littérature suédoise. Christine, contrainte de dicter ses rares lettres dans sa langue maternelle, l'allemand, à ses confesseurs dominicains qui les ont transcrites en latin, Christine donc, a su ne pas s'effacer dans l'exil linguistique qui lui était imposé. Pour qui en écoute la musique intérieure, sa présence pathétique, fragile, sensible et obstinée, transparaît sous la sévère écriture qui l'a traduite une première fois. V.F.

07/2005

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BD tout public

L'Amérique

A l'âge de 16 ans, Karl Rossmann est exilé en Amérique par ses parents pour avoir eu une liaison avec la cuisinière de la maison, à qui il a fait un enfant. Juste avant de débarquer, il reste sur le bateau afin de défendre, auprès du capitaine, la cause d'un soutier soi-disant victime d'une injustice. Cet incident lui permet d'être reconnu par son oncle, le sénateur Jacob, qui le prend sous sa protection et s'applique à faire son éducation. Karl rencontre deux amis de l'oncle Jacob, M. Green et M. Pollunder. Ce dernier l'invite dans sa villa de campagne où il fait la connaissance de sa fille Clara. Mais il se rend compte trop tard qu'il a accepté cette invitation contre la volonté de son oncle. A minuit, M. Green lui remet une lettre dans laquelle le sénateur, à son tour, le condamne à l'exil et l'oblige à se débrouiller seul. A l'auberge où il fait halte, après avoir quitté en pleine nuit la villa de Monsieur Pollunder, Karl rencontre deux vagabonds aventuriers, Robinson l'Irlandais et Delamarche le Français. Il les accompagne afin de trouver du travail dans une ville à deux jours de marche de New-york mais il les abandonne bien vite pour prendre un emploi de groom dans un hôtel. Robinson vient le rejoindre à "L'Hôtel Occidental" en lui demandant son aide ce qui lui crée des soucis. Il est renvoyé et reprend la route avec ses deux compagnons. Accusé d'avoir abandonné son poste et soupçonné de vol, Karl s'est enfui de l'hôtel Occidental dans le taxi emportant un Robinson à demi-mourant. Pour échapper à la police, il se réfugie chez Brunelda, une cantatrice séduite par Delamarche. Celui-ci veut mettre Karl au service de Brunelda afin de remplacer Robinson dont elle s'est lassée. Karl se révolte mais ne peut que se résigner. Plus tard, un matin de bonne heure, pour ne croiser personne, il conduit Brunelda devenue impotente dans une curieuse Entreprise. En repartant, il croise sur sa route l'équipe de recrutement du théâtre de la nature d'Oklahoma. Il réussit à se faire engager en tant que machiniste tout en abandonnant sa véritable identité. Il part en train vers son nouveau destin, rempli d'espérance.

05/2012

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Beaux arts

Van Gogh

Voici LA grande biographie de Van Gogh, complète, magistrale et définitive, qui, malgré la somme de livres et de films qui lui sont consacrés, se lit avec un plaisir tout neuf. On y retrouve la figure fascinante du peintre maudit à l'oreille coupée, la vie d'écorché vif d'un génie solitaire et incompris, qui mourra à 37 ans d'une balle dans la poitrine. Mais pas seulement, et pas tout de suite : c'est là l'une des grandes qualités du livre. Contrairement à Pialat, par exemple, qui se focalisait sur les derniers mois de la vie du peintre, Naifeh et Smith commencent par le commencement. Sans céder pour autant à l'illusion rétrospective (où l'enfance expliquerait tout), ils nous montrent qui était Vincent avant d'être Van Gogh : le mythe (et le carcan) familial, les années de pensionnat vécues comme un rejet insupportable, la passion et la rivalité envers Theo, la première confrontation au monde de l'art, dans l'atelier de son oncle et la constitution d'un musée imaginaire, l'exil à Londres, la tentation mystique... La fin du livre a fait "scoop" lors de sa parution, les auteurs remettant en cause la thèse du suicide de l'artiste. Après dix ans de recherches, en un tissage exemplaire de la narration et des citations, des événements et de la psychologie, du contexte historique et d'analyse de tableaux, les auteurs nous ouvrent les clés de la constitution d'une personnalité et d'une oeuvre. Quelques grands thèmes prennent tout leur sens : l'abandon, la solitude, l'échec, la recherche éternelle d'une famille, d'une appartenance par Van Gogh, tandis que la disgrâce des siens s'installe et se creuse, les figures du voyageur, du semeur, du fils prodigue... Les images, d'ailleurs, se superposent à la lecture et l'on garde en tête comme un portrait du peintre pour chaque époque : le gamin revêche, tignasse rousse, souliers défaits et filet de pêche à la main ; le jeune commis élégant et chapeauté, un carton d'estampe sous le bras ; le fou malade, amaigri, asocial de la fin... Jamais bavard, d'une rigueur et d'une précision absolues, à juste distance du sujet (ni empathie excessive ni froide objectivité), c'est là le formidable récit d'un destin génial et tragique.

10/2013