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Sciences historiques

Histoire des choses banales. Naissance de la consommation, XVIIème-XIXème siècle

Les choses aujourd'hui banales ne l'ont pas toujours été. De l'alimentation à l'habitat, la vie de nos ancêtres était conditionnée par les excès ou les insuffisances de la nature, et les objets qu'ils utilisaient chaque jour passaient d'une génération à l'autre, sans que nul ne songe à en acquérir de nouveaux. C'est à une vaste réflexion sur le passage de cette société traditionnelle à la société moderne que nous invite ici Daniel Roche. Les changements sont perceptibles bien avant la Révolution. Dès le XVIIe siècle, l'exemple des villes et des riches, le développement des échanges commerciaux, la multiplication des innovations et des inventions commencent à bouleverser le rapport que les hommes entretiennent avec les objets. Les exigences et les sensibilités de chacun évoluent. Peu à peu, car " tous nos besoins se tiennent ", les modes de vie vont se transformer : les maisons et leur ameublement, leur chauffage et leur éclairage ; les vêtements et la nourriture, sous l'effet de l'accélération des modes et de la montée du goût ; ou encore les usages de l'eau, liés à un souci d'hygiène croissant. Autant de changements dans la vie matérielle qui sont les prémisses de la société de consommation, et dont les répercussions sont aussi bien sociales que politiques. L'homme entouré d'objets n'est-il pas prisonnier, se demande Rousseau ? A peine apparaissent les premiers signes de l'accroissement de la production que déjà s'engage un débat sur la valeur morale des choses, sur l'écart qui se creuse entre le développement du commerce et de l'industrie, gage de la civilivation, et le recul des solidarités entre les hommes.

02/1997

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Pléiades

Théâtre

Un siècle exactement après sa mort, le Norvégien Henrik Ibsen est considéré comme l'un des pionniers du théâtre moderne. Le temps ne semble pas avoir de prise sur lui, peut-être parce qu'il a soulevé des questions essentielles, sur la morale, la société, la famille, l'individu, l'humain en général, tout en laissant aux générations successives le soin d'y apporter les réponses qui leur conviennent. Les grands écrivains ont proclamé leur admiration pour son ouvre, et le jeune Joyce n'a pas hésité à apprendre les rudiments du norvégien pour lui dire, dans une lettre célèbre, à quel point son théâtre, « absolument indifférent aux canons officiels de l'art, de l'amitié et des mots d'ordre », comptait pour lui. Joyce ne se trompait pas en pointant la « résolution farouche » avec laquelle Ibsen cherchait à « arracher à la vie son secret ». Comment mener une « vie vraie » : la question est centrale dans le théâtre d'Ibsen, dont cette édition, composée de traductions nouvelles, propose l'essentiel : les dix-sept dernières pièces (sur un total de vingt-six), depuis Les Prétendants à la couronne, encore imprégnée de l'inspiration historique qui fut celle du jeune dramaturge lecteur de sagas, jusqu'à Quand nous ressusciterons, qui est en quelque sorte l'« épilogue dramatique » de l'ouvre, en passant par Peer Gynt, où s'accuse la rupture avec le romantisme, et par tous les chefs-d'ouvre dits « bourgeois ». Mais le qualificatif ne rend guère justice à ces tragédies du quotidien. Chez Ibsen, les fenêtres du salon donnent sur le fjord. La force et le mystère du paysage scandinave passent dans les caractères des créatures de celui qui fut (selon André Suarès) « le seul Rêveur, depuis Shakespeare ».

11/2006

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Policiers

Anesthésie générale

Qui a envie de se retrouver à San Quentin, la pire prison de Californie ? L’ex-flic ex-drogué d’A poil en civil (Rivages/Noir nº 647) Manny Rupert, désormais séparé de sa dangereuse épouse Tina, n’a pas vraiment le choix : pour espérer ne pas se faire expulser de son taudis, il doit gagner la confiance d’un allemand de quatre-vingt-dix-sept ans, détenu, apparemment gâteux et qui prétend être Joseph Mengele, ou « l’Ange de la Mort », le médecin sadique qui conduisait des expériences sur les Juifs à Auschwitz, et qui ne serait donc pas décédé en 1979 au Brésil.Le vieil homme, incarcéré suite à un banal accident de voiture, n’est pas discret : il proclame partout qu’il est un grand scientifique et que l’Amérique corrompue et décadente ferait mieux non seulement de reconnaître ses mérites, mais même de s’inspirer de son travail. Cerise sur le gâteau : le bon docteur semblerait ne pas avoir complètement renoncé à ses pratiques. Mais qui écoute les délires de prisonniers, surtout lorsqu’ils ont atteint un âge aussi vénérable ? Harry Zell, le mystérieux employeur de Manny, qui veut vérifier l’identité du nonagénaire afin sans doute de déchaîner sur lui une juste vengeance ? Les membres des groupuscules d’extrême droite qui pullulent en prison, emmenés par un juif culturiste pour le moins déroutant ? Les autorités pénitentiaires, voire des agents du renseignement ? Affublé d’une couverture désastreuse – animer un atelier de parole sur les dangers de la toxicomanie auprès de prisonniers descendus particulièrement bas - Manny s’engloutit à son corps défendant dans l’ineffable univers carcéral californien, puits insondable de cynisme trash, d’humour sordide et de déchéance morale, sur fond de conspiration eugéniste et d’abus de narcotiques.

09/2011

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Philosophie

Jean-Jacques Rousseau et la pensée du malheur. Tome 3, Apothéose du désespoir

Dans l'apothéose du désespoir on part du Contrat social pour aboutir aux Rêveries du promeneur solitaire. La théorie de la communauté exposée dans le Contrat social montre l'homme tel qu'il aurait dû être. Mais la bonne totalité n'est qu'un rêve. JA. Rousseau se replie dans l'Emile sur un individu qu'il prétend éduquer dans la solitude. On assiste ici à la tentative désespérée du médecin du monde pour enrayer le progrès implacable qui ronge comme une maladie mortelle le monde humain. En dépit des richesses de la pensée éducative chez Rousseau, il n'est pas déraisonnable de penser que le désespoir l'envahissait de plus en plus. A la fin il se retrouve seul avec lui-même. Le médecin de l'humanité s'efface, comme le théoricien de la réforme des mœurs domestiques. Rousseau n'a plus qu'un homme à soigner et c'est lui-même. La tentative de régénération morale de la société et de l'homme s'abîme dans le dialogue de la pensée avec soi d'où doit émerger au moins comme monument dans la catastrophe générale le discours désespéré et vrai d'un homme qui veut croire qu'il est pur et saint. Ce troisième et dernier volume est dantesque ; plus on va, plus on se dirige vers une solitude de plus en plus claire, même si en son essence pure elle est inexplicable. Là se trouve la signature capitale du malheur : " Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime ". (JJ. Rousseau).

03/1984

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Critique littéraire

Le courage N° 3 : Age d'or/Age de fer

Plus qu'une revue, Le Courage est un essai à plusieurs auteurs. Comme dans les numéros précédents, ceux du numéro 3 interviennent sur un sujet unique  : Age d'or / Age de fer. L'âge de fer, nous y sommes. La marée de la violence populiste déferle sur le monde. L'un est élu, l'autre menace. Qu'est-ce que cela fait ? Comment tenir ? De quelle façon protéger les choses de l'esprit ? Ecrivains, cinéastes, artistes, ils sont vingt-trois (plus un), dans sept langues et quatre alphabets différents, à réfléchir d'un point de vue littéraire et artistique à cette situation inédite dans nos vies. Japonaise, Egyptienne, Israélien, Pakistanais, Libanais, Allemand, Anglais, Américains, Brésilien, Français, sous forme d'essai, de fiction, de photographies, de dessin, de conversation, ils réfléchissent aux temps actuels et futurs. Etre femme à l'ère du virilisme revanchard est-il devenu plus difficile ? Y a-t-il une jeunesse dangereuse ? Le Brexit est-il un néo-puritanisme ? Les âges d'or passés du romantisme et de la fête peuvent-ils revenir ? La démocratie est-elle en danger ? Les clowns sont-ils des monstres ? Les inhumains s'imaginent-ils nous faire peur ? Comme à chaque numéro, Le Courage donne la parole à trois jeunes écrivains jusque-là non publiés, publiant leurs premières fictions et une conversation sur l'avenir qu'ils contribueront à créer. Contre cet âge de fer, nous promettons un âge d'or. Les auteurs : Gregory Buchakjian - Arthur Chevalier - Viktor Cohen - Gilles Collard - Philippe Corbé - Charles Dantzig - Dyego Garcia - Adrien Goetz - Patrick Higgins - Christophe Honoré - Intezar Hussain - Nicolas Idier - Miles Joris - Klaus Mann - Yukie Nakao - Laurent Nunez - Barack Obama - Maud Octallinn - Jason Oddy - Silvana Paternostro - Yirmi Pinkus - Joseph Sainderichin - Sandrine Treiner - Miral al-Tahawy et Donald J. Trump.

05/2017

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Esotérisme

Rituel de la Franc-Maçonnerie Egyptienne

De toutes les réalisations spirituelles de Cagliostro (Guiseppe Balsamo 1743-1795), celle qui parut lui tenir le plus à cœur fut la création de l'ordre qu'il appela "Maçonnerie Egyptienne". Charlatan ou aventurier pour les uns, véritable "Initié", "Grand Cophte" ou "Maître Inconnu" pour les autres, qui est Cagliostro ? Cet ouvrage permettra au curieux comme au chercheur de découvrir un réformateur à l'image d'un Martines de Pasqually. Son but est de promouvoir la croyance en Dieu et en l'immortalité de l'âme, d'infuser l'esprit de sagesse et de vérité dans cet organisme jeune et actif qu'est, à cette époque, la Franc-Maçonnerie par un système de hauts grades en trois degrés calqués sur ceux des loges bleues. Ces théories et ces pratiques sont conservées dans les Rituels et les Catéchismes de la Maçonnerie Egyptienne faisant pénétrer l'initié dans les arcanes de la nature par la voie de la "philosophie naturelle" (magie et alchimie) et "surnaturelle" (évocation des anges ou des esprits), le conduisant à une régénération physique et morale, et lui permettant de "devenir un des élus de Dieu". La singularité de cet ordre tient aussi à la présence d'un rite féminin à part entière. Viennent compléter cet ensemble unique : les diverses formules de bénédictions et de consécration du Grand Temple, la manière d'opérer à l'aide des "colombes", les modèles de patentes, les statuts et règlements formant ainsi un véritable système théosophique et théurgique où ne manqueront pas de puiser les autres rites "égyptiens". Introuvable depuis de nombreuses années, ce Rituel, publié pour la première fois en 1948, est enrichi d'une préface et de notes de Daniel Nazir à partir des éléments laissés par Marc Haven (Dr Emmanuel Lalande 1868-1926) qui en avait souhaité la publication dès 1912.

10/2013

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Musique, danse

Ecrits sur la musique

Emile Zola n'est guère réputé pour sa mélomanie, et il ne s'est lui-même pas privé d'ironiser sur sa supposée ignorance en matière musicale. Pour autant, il est indéniable que sa plume fut souvent virulente à l'encontre de la musique en vogue : Offenbach et l'opérette, genre alors très couru, en furent les victimes régulières, pour la raison que, selon lui, celle-ci est le symbole même de la corruption politique, financière et morale du Second Empire. Zola se méfiait aussi du grand Opéra, car il établissait une séparation nette entre la littérature et la musique : alors que la première réclame de ses lecteurs de la réflexion et une attention soutenue, la seconde se contenterait d'une écoute superficielle, car elle ne parlerait qu'aux sens, et non à la raison. L'auteur de Germinal s'en prenait en outre à une certaine forme de romantisme frelaté, faite d'idéalisme souffreteux et de mièvrerie, véhiculée par les oeuvrettes alors à la mode dans les salons. Son jugement semble sans appel. Pourtant, tout n'est pas si simple... Zola sera notamment un fervent partisan de Wagner, Verdi, Bizet ou encore Berlioz ; et, à partir de 1888, il mènera une fructueuse collaboration artistique avec Alfred Bruneau, imprimant à sa carrière une orientation nouvelle. Même s'il prétendait ne rien connaître à la musique, ses écrits témoignent du contraire : les textes que nous réunissons ici une centaine d'articles de critiques qu'il a livrés à la presse entre 1865 et 1897, ainsi que plusieurs entretiens donnés dans les années 1890 comportent maintes références à des compositeurs et à des oeuvres musicales. Corrigeant l'image d'un homme réfractaire à l'art d'Euterpe, ces documents donnent à voir la richesse des goûts et des conceptions musicales de Zola.

04/2013

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BD tout public

L'agent secret

"L'Agent Secret a été écrit en 1906, à une période charnière de la carrière de Joseph Conrad. Dans l'esprit de Conrad, le développement de cette nouvelle en feuilleton puis sous sa forme romanesque définitive constitue avant tout un espoir de salut financier. Mais cette tragi-comédie macabre, trop dure et sarcastique pour ses lecteurs edwardiens, connaît à sa parution un échec commercial. En réalité, L'Agent Secret est en avance sur son temps d'une bonne vingtaine d'années. Il faut attendre Greene, Moravia ou Koestler pour mesurer l'importance de ce livre fondateur, qui jette les bases d'un genre moderne, le thriller psycho-politique, où se confrontent la conscience individuelle, les desseins criminels et les soubresauts de l'histoire immédiate, et qui ramène au coeur de la société sa frange la plus mélodramatique - la pègre, le terrorisme - pour démontrer que la trahison, la violence, le cynisme sont des questions morales qui nous concernent tous et non de simples colifichets de la fiction. [...] Etude en plan serré de la faillite morale et du fiasco individuel, L'Agent Secret brosse aussi le tableau visionnaire d'un Londres annonçant la sauvagerie des métropoles modernes. C'est cette dualité qui légitime pleinement l'intervention graphique de Miles Hyman. Son art intemporel, la poésie minérale de son trait, le flou particulier de sa manière, faite de précision délibérément estompée laissent planer sur tout ce qu'il donne à voir une part de doute et de malaise aussi appropriée à la description de l'affreux petit monde gravitant autour de l'échoppe équivoque de M. Verloc qu'à la représentation de ce que Conrad lui-même appelle "la vision d'une ville monstrueuse, cruelle dévoreuse de la lumière du monde". Jean-Luc Fromental.

01/1992

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Histoire de France

Napoléon. Dictionnaire intime, Portraits et caractère de Napoléon

Cet ouvrage rassemble des textes de témoins oculaires qui ont laissé des mémoires sur les vertus et les faiblesses, sur le portrait ou les traits de caractère du génial gentilhomme d'Ajaccio, parfois même sur ses manies intimes et sur son âme. Parmi les plus sincères de ces témoins, on trouvera les intimes de l'Empereur, auxquels l'homme privé livre ses états d'âme valets de chambre, médecins, mamelouks et autres dévoués serviteurs. Les femmes, elles aussi, nous ont légué des perles en fait de portraits du grand homme ou de l'amant... Les secrétaires de l'Empereur, depuis les Tuileries ou sous la tente au fond de la Pologne, ne manquent pas de prendre la nature sur le fait, lorsqu'elle met à nu le cœur de leur maître. Les hommes de guerre, les politiques, les scientifiques comme les artistes, ont jeté sur le papier leurs impressions sur le grand homme, mais c'est parfois dans les bagatelles que le naturel se découvre, lorsque l'on suit Napoléon jusque dans l'alcôve. Plusieurs témoignages de ses valets de chambre ou même de ses conquêtes, témoignent de son ardeur à la galanterie. La forme même de cet essai en fait une manière de dictionnaire, que l'on pourra ouvrir selon son humeur, à la recherche d'un portrait ou d'un trait de caractère, pour mieux comprendre sa façon de vivre ou explorer les rouages de son étonnante machine à gouverner ; sa façon de traiter les hommes et les choses ; sa manière d'envisager la défaite ou la victoire, la galanterie ou l'amour, la ruse ou l'audace, la morale ou la religion. On pourra admirer en gros plan un surprenant acteur passé maître dans l'art de séduire et l'observer à la dérobée, lorsqu'il sort des feux de l'actualité pour méditer dans la pénombre.

11/2004

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Théâtre

Théâtre. Tome 8, Une femme trop honnête ; Boulevard Durand ; Comme les chardons

Une femme trop honnête. La "femme trop honnête" s'appelle Marie-Madeleine ; elle est licenciée en philosophie ; son mari s'appelle Robert, son amant Jacques. Et c'est pour retrouver sa pureté, par intransigeance morale, par rigueur dialectique, pour ne pas vivre dans le souvemr de deux hommes à la fois, qu'elle paye Roger 5 000 louis d'or, afin qu'il "anéantisse la conscience" de Robert. Le texte de la pièce représentée est suivi de deux grandes scènes inédites : la première, l'invasion de l'Europe par les Soviétiques ; la deuxième, sa dévastation par des bombes atomiques américaines. Boulevard Durand est l'histoire d'un procès et d'une erreur judiciaire dont l'auteur a connu plusieurs des héros. Jules Durand secrétaire de syndicat, fut condamné à mort en 1910. Une campagne pour la révision du procès fut entreprise. Jules Durand fut reconnu innocent mais il était, entre-temps, devenu fou de douleur. Boulevard Durand est une chronique qui raconte la vie de cet homme et de sa famille avant, pendant et après le procès. Comme les chardons... Jeanne affirme dès l'abord qu'elle aimerait être comme sont les chardons. Depuis bien des années Jeanne - qui ne nie pas son demi-siècle - s efforce de vivre ou de survivre, comme les chardons : immobile, indifférente, n'attendant et ne craignant plus rien. Elle partage son temps entre une Espagne dont le vide et les brûlures lui plaisent, et cette maison de Pont-Audemer où elle a été enfant, jeune fille passionnée - criminelle aussi, peut-être. Là, elle retrouve, chaque année, Juliette, l'amie, l'adversaire, la complice aussi, et le témoin de cette jeunesse qu'elle veut oubliée, morte. Entre ces deux femmes la vérité surgira avec la dramatique brutalité qui est le ressort des meilleures et des plus sobres pièces de Salacrou.

03/1966

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Histoire internationale

Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006)

Une plongée dans l'expérience subjective des enfants victimes du génocide des Tutsi au Rwanda, au plus près des mots et de la gestuelle de l'extermination. Dans le désordre des archives de la principale institution chargée de l'histoire et de la mémoire du génocide au Rwanda, plusieurs liasses de fragiles petits cahiers d'écoliers renfermaient dans le silence de la poussière accumulée les récits d'une centaine d'enfants survivants. Rédigés en 2006 à l'initiative d'une association rwandaise de rescapés, dans une perspective de catharsis psychologique, ces enfants devenus entre-temps des jeunes hommes et des jeunes femmes, racontent en trois scansions chronologiques souvent subverties ce que fut leur expérience du génocide, de la vie d'avant puis de la vie d'après. Par leurs mots, par le cruel réalisme des scènes décrites, par la puissance des affects exprimés, se livre à l'historien une source vivante, une entrée incomparable dans les subjectivités survivantes tout comme elle permet, aussi, d'investir le discours et la gestuelle meurtrière de ceux qui éradiquèrent à jamais leur monde de l'enfance. Le livre tente une écriture de l'histoire du génocide des Tutsi à hauteur d'enfant. Il donne à voir et à entendre l'expression singulière d'une expérience collective, au plus près des mots des enfants, au plus près du grain de la source. Tentative historiographique qui est aussi une mise à l'épreuve affective et morale pour l'historienne face à une source saturée de violence et de douleur. Loin des postulats abstraits sur l'indicible, le livre propose une réflexion sur les conditions rendant audibles les récits terribles d'une telle expérience de déréliction au crépuscule de notre tragique XXe siècle. Ce livre s'inscrit dans la collection A la source, dirigée par Clémentine Vidal-Naquet.

10/2020

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Littérature étrangère

Comme les amours

Chaque matin, dans le café où elle prend son petit déjeuner, l'éditrice madrilène Maria Dolz observe un couple qui, par sa complicité et sa gaieté, irradie d'un tel bonheur qu'elle attend avec impatience, jour après jour, le moment d'assister en secret à ce spectacle rare et réconfortant. Or, l'été passe et, à la rentrée suivante, le couple n'est plus là. Maria apprend alors qu'un malheur est arrivé. Le mari, Miguel Desvern, riche héritier d'une compagnie de production cinématographique, a été sauvagement assassiné dans la rue par un déséquilibré. Très émue, elle décide de sortir de son anonymat et d'entrer en contact avec sa femme, Luisa, qui est devenue un être fragile, comme anesthésié par la tragédie. Dans l'entourage de Luisa, María rencontre Javier Diaz-Varela, le meilleur ami de Miguel, et elle comprend vite que les liens que cet homme tisse avec la jeune veuve ne sont pas sans ambiguïté. Bien au contraire : cette relation jette une ombre troublante sur le passé du couple, sur la disparition de Miguel, sur l'avenir de Luisa et même sur celui de Maria. Servie par une prose magistrale, habile à sonder les profondeurs de l'âme humaine mais aussi à tenir son lecteur en haleine, cette fable morale sur l'amour et la mort ne peut que nous rappeler, par son intensité, les meilleures pages d'Un cour si blanc ou de Demain dans la bataille pense à moi. Comme par le passé, Javier Marías y dialogue avec les tragédies de Shakespeare mais également avec Le Colonel Chabert de Balzac dont il nous offre ici une lecture brillante, complètement inattendue et strictement contemporaine.

08/2013

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Philosophie

Accuser et séduire. Essais sur Jean-Jacques Rousseau

Ces quinze d'essais de Jean Starobinski n'avaient encore jamais été publiés ni rassemblés en volume. Prolongeant ceux qui avaient composé, il y a plus de cinquante ans, La Transparence et l'obstacle, ils se disposent selon un plan d'ensemble articulant étroitement l'oeuvre et l'homme. A un second niveau, les textes des deux Genevois semblent comme tissés l'un à l'autre dans un dialogue intime et secret, non dénué de tensions. Tout part du constat que c'est la colère qui a tenu lieu d'inspiration à l'auteur du Discours sur l'inégalité : le mouvement de réprobation face au scandale du monde qui s'empare de lui lors de sa fameuse visite à son ami Diderot, emprisonné à Vincennes, à la fin de l'été 1749. Cette montée en lui de pouvoirs nouveaux, nourris par le ressentiment et l'élan négateur marque son entrée en littérature. Elle aura les allures d'une " entrée en guerre ". Face à celui que Diderot appelait le " censeur des lettres, le Caton et le Brutus de notre âge ", les lecteurs se sont sentis interpellés, et ils ont réagi. Rousseau a poursuivi son oeuvre sous le coup de cette réaction : ses grands textes de doctrine viennent dire à ces lecteurs au nom de quoi il incrimine les institutions. Pour Jean Starobinski, Rousseau est le témoin du passage de la conversion religieuse à la conversion politique. Alors que tant de ses arguments sont repris aux Anciens, il réactive une morale de la réappropriation de soi dont il parvient à faire un moyen de conversion pour des hommes et des femmes qui le suivront comme un maître de sagesse et iront jusqu'à vouloir tout quitter pour aller vivre à ses côtés.

11/2012

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Histoire de France

Algérie, souvenirs d'ombre et de lumière. De la guerre d'indépendance à l'exode des pieds-noirs en 1962

Durant quatre années, Jean-Pierre Cômes a pris part à la guerre d'Algérie dans deux régiments parachutistes, mais aussi, durant quinze mois, au DOP de Sétif, l'un de ces organismes ayant pour mission d'obtenir des renseignements par tous les moyens, torture et exécutions sommaires. Là, il a pris le risque de refuser d'obéir et de participer à des actes qu'il considérait comme une faute non seulement morale, mais aussi politique, refus pour lequel ses supérieurs ont tenté de le faire éliminer. Ainsi il a pu et su voir la situation évoluer pour aboutir à la Toussaint sanglante, puis tout au long de cette guerre, jusqu'au cessez-le-feu. Témoin privilégié, il a voulu apporter son témoignage alors qu'arrive le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, témoignage à propos duquel le professeur Jean-Charles Jauffret, historien, directeur de master à l'Institut d'études politiques d'Aix-en- Provence, lui a écrit : "Je le considère comme l'un des plus forts (et atypiques) jamais consacrés à cette guerre. Votre livre qui m'a beaucoup appris, notamment sur la nuit du 25 au 26 mars 1962, devrait être au programme de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr..."En effet, il apporte un éclairage particulièrement intéressant sur la fusillade de la rue d'Isly : Jean-Pierre Cômes avait passé la nuit précédente dans Alger, à la tête d'une compagnie du 3e RPIM a qui y avait été déployée dans la perspective de la manifestation prévue le 26 mars, à l'instigation de l'OAS, mais le commandement décida de le relever pour le remplacer en catastrophe par un bataillon de tirailleurs algériens, et ce fut le drame.

03/2012

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BD jeunesse

Les souvenirs de Mamette Tome 1 : La vie aux champs

Une enfance à la ferme dans les années 1930 Mamette n'a pas toujours eu 80 ans ! Avant d'être la grand-mère gentille et souriante que tout le monde aimerait avoir dans sa famille, elle a été une petite fille, avec un sacré caractère ! C'était il n'y a pas si longtemps, et pourtant ? c'était dans un monde où il n'y avait ni téléphone portable, ni Internet, où l'on écoutait les feuilletons à la radio et où l'on récitait des leçons de morale à l'école ? La préhistoire ! Une époque difficile pour la jeune Marinette que sa mère confie à ses grands-parents, dans la ferme familiale, à la campagne. Entre les moissons d'été et l'élevage des chèvres, elle va se faire de nouveaux amis et rencontrer le futur grand amour de sa vie. Autour d'eux, même si on va bientôt profiter des premiers congés payés, une guerre se prépare... Alors que la série animée Les Souvenirs de Mamette est actuellement diffusée sur M6 et bientôt adaptée en romans poche, les albums de la BD sortent dans un nouveau format cartonnée ! L'occasion de replonger dans l'univers tendre et champêtre de Nob avant la sortie du tome 4, prévue pour novembre 2017. La série événement de M6 : > Diffusion depuis le 2 janvier 2017 > 2 épisodes par jour, à 8h30, du lundi au vendredi > Série d'animation de 52 épisodes de 13 minutes. > Pour les enfants de 6 à 10 ans. Glénat poche accueille Les Souvenirs de Mamette ! - Tome 1 le 7 juin 2017 Chaque titre Glénat Poche reprend l'intégralité d'un épisode et permet de se plonger dans l'univers quotidien de Marinette. Nob est totalement impliqué dans la novélisation de la série de son personnage fétiche et apporte du coup toute sa sensibilité et la finesse de son trait.

04/2017

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Littérature étrangère

Gologor suivi de Les règles du jeu

Gologor est le nom d'une crête nue parmi les collines sibériennes. Quatre hommes hivernent dans une hutte de chasseurs ; un cinquième vient les rejoindre, mais il n'est pas seul : il a secouru en chemin une ravissante Moscovite de vingt ans. Les quatre hommes l'acceptent, dans le plus profond respect, comme une idole aux mains frêles... jusqu'au jour où un accident de chasse bouscule leur faux équilibre. Le refuge merveilleux de la jeune fée devient celui du viol et de la mort, et la taïga, abri des bêtes féroces, reprend ses droits. Ce récit cruel a les couleurs de la rouge vérité des hommes. Les règles du jeu. Un camp de Sibérie, des détenus politiques où chacun mène son jeu, ou plutôt ses jeux : ceux qui régissent les rapports des prisonniers avec les gardiens, mais aussi entre détenus, et ce n'est pas simple car leurs exigences et leurs abandons sont aussi variés que leur origine : groupuscules d'extrême droite (et ipso facto antisémites), chrétiens condamnés pour crime de religion, partisans agnostiques des Droits de l'Homme, anciens collaborateurs des S S, etc. Mais ces jeux-là ne sont pas les plus durs. Le plus dur est aussi le plus intime et le plus grave : celui de l'homme qui veut maintenir son intégrité morale de façon à demeurer intact jusqu'au jour de sa libération. Il arrive que, pour maintenir cette intégrité, cette dignité, on enfreigne le jeu de la discipline et qu'on le paye d'une nouvelle condamnation... et la libération s'éloigne. Dans ces deux récits, on retrouve à la fois le réalisme et les grandes qualités d'esprit de Borodine : la rigueur, le respect de l'autre, le courage de résister à la tentation et à la fatalité.

02/1989

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Ethnologie

Pratiques de mariage et nuances de continuité dans le monde grec. Quatre études d'anthropologie historique et juridique

Antiquité païenne - Athènes et ioniens : La découverte, dans les nouveaux fragments du Lexique de Photius, de la définition latente d'apaulia, premier jour de l'ensemble des rites nuptiaux dans l'Athènes classique, permet d'établir l'ordre authentique de ces rites dans la procédure complexe de la dation de la mariée (ekdosis). Aussi, l'epaulia, deuxième jour, est-il défini comme la cérémonie inverse de la précédente. Mais pour que le lien marital soit constitué, il faudra attendre, au troisième jour (anakalyptèria), l'enlèvement du voile nuptial, rite qui marque l'intégration de la mariée dans l'oikos de son époux et son passage au statut de femme. Christianisme - monde byzantin : Dès le IVe siècle, saint Jean Chrysostome veut imposer des significations nouvelles aux rites du mariage, afin de les rendre conformes à la morale du christianisme. Le dévoilement est donc banni. Ainsi, pendant toute la période byzantine, la rupture est-elle manifeste pour le sens attribué au voile nuptial. Les sources iconographiques représentent la mariée avec la couronne sur la tête, symbole nouveau de son élévation sociale à l'état de l'épouse, voire de la constitution du mariage. Sparte - polyandrie : La polyandrie pratiquée à Sparte est la plus ancienne attestée sur le sol européen. Menacée par une classe de vaincus majoritaire en nombre, cette société de guerriers affronte un problème démographique aigu et invente des mesures institutionnelles très intéressantes pour la recherche anthropologique. On analyse donc le rôle du mari primaire de la mère quand il n'est pas le père biologique de l'enfant, la cohabitation des époux et la forme adelphique de cette polyandrie. La comparaison avec d'autres sociétés (Tibet, Guayaki du Paraguay, Lele du Kasai etc.) servira de moyen de réflexion pour construire le modèle spartiate.

10/2002

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Tome 17, Paris fin de siècle (1897)

Cette nouvelle édition des Œuvres complètes de Zola est originale à un double titre. Elle est la première du genre à adopter un dispositif chronologique, en vingt brèves périodes, de 1858, date de l'arrivée du jeune Emile Zola à Paris, à 1902, date de sa mort. On suivra ainsi, de volume en volume l'évolution de sa carrière et de son œuvre et leur relation à l'histoire contemporaine. Ces coupes successives dans le temps ont également le mérite de mettre en évidence les connexions mutuelles des œuvres par-delà la diversité de leurs contenus et de leurs formes. Elle réunit, pour la présentation et le commentaire historique et critique des œuvres les meilleurs connaisseurs de Zola et de son œuvre. Après une introduction générale, chaque œuvre fait l'objet d'une notice. Dans chaque volume, un trouve d'abord les œuvres narratives (romans, contes et nouvelles), puis le théâtre, les chroniques, les œuvres critiques et la correspondance. Paris est le troisième volume de la trilogie romanesque Les Trois Villes. Après Lourdes et Rome, Zola prend le Paris contemporain pour objet de I'enquête et de la fiction : les inégalités entre les classes sociales, la corruption parlementaire, le contraste entre les mondanités et la misère, les attentats anarchistes... Dans la capitale secouée par la crise politique et morale, on retrouve le personnage des deux romans antérieurs, Pierre Froment, que ses déceptions vont conduire à quitter l'Eglise. Dans le même temps, Zola fait jouer Messidor, Opéra dont il a écrit le livret, sur une musique d'Alfred Bruneau. Et il réunit en volume, sous le titre Nouvelle campagne, une année de chroniques au Figaro : problèmes de société, réflexions littéraires, critique d'art.

05/2008

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Histoire de France

Les origines de la France contemporaine. L'ancien régime, La révolution, Le régime moderne

Dans Les Origines de la France contemporaine, son oeuvre majeure, entreprise au lendemain de la débâcle de 1870, Hippolyte Taine (1828-1893) s'interroge sur les causes profondes qui ont conduit la France à la défaite. Il a connu quatre régimes politiques : Restauration, monarchie de Juillet, IIe République, second Empire ; un cinquième est en gestation - république ou monarchie - depuis la journée parisienne du 4 septembre 1870. Il a traversé trois révolutions, sans compter d'innombrables journées révolutionnaires, préludes à la Commune. Dans le même temps, le pays a mis en usage quatre Constitutions. Comment expliquer, par l'étude des révolutions survenues entre 1789 et 1804, l'état d'instabilité politique et d'inquiétude sociale dont souffre la France moderne et dans lequel Taine voit un facteur d'affaiblissement graduel ? Tel est le projet de l'enquête à laquelle il entend se livrer. Quel est le mal ? D'où vient-il ? Le diagnostic posé - la France est malade -, la recherche des causes du mal conduit Taine à y voir avant tout un problème scientifique. Pour lui, l'histoire est un art, certes, mais d'abord une science. Scientifique, le problème est aussi de nature psychologique : il s'agit de comprendre et de tenter de modifier un état mental propre à la France qui la porte à enfanter des principes abstraits qu'elle s'obstine à vouloir faire entrer de force dans la réalité. A ce niveau, le problème atteint à une dimension politique, celle de l'Etat. Par leur richesse, les Origines se prêtent à de multiples approches critiques. A la fois philosophie politique, histoire psychologique, morale sociale, l'ouvrage entraîne aussi, par sa qualité d'écriture, une critique littéraire. Loeuvre de Taine mène enfin à une réflexion actuelle sur la démocratie. Ce n'est pas son moindre mérite.

10/2011

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Philosophie

L'éthique et les limites de la philosophie

Aujourd'hui, il est à nouveau question de l'éthique. Il y aurait urgence, dit-on. Mais, si l'attente du monde moderne à l'endroit de la pensée éthique est sans précédent, Bernard Williams doute que les idées de rationalité que nourrit la philosophie morale contemporaine puissent y répondre. L'idéal éthique de la modernité marque, en effet, les limites mêmes de la philosophie : il est nécessairement général et abstrait - il légifère indistinctement pour chacun et en toute situation -, rationnel et réfléchi - il pense la vie au-delà de ses occasions effectives et particulières en des termes explicitement énonçables et communicables à autrui. Or, montre Bernard Williams, il y a une objectivité possible de l'éthique, fondée sur la vie sociale, enracinée dans les convictions et les pratiques partagées de la communauté à l'intérieur de laquelle chacun trouve les termes de son expérience éthique. La question de Socrate : "Comment doit-on vivre ? ", au commencement de l'éthique, devient aujourd'hui celle de l'individualisme dans un monde que l'individu n'a pas créé et que sa Raison ne comprend et ne contrôle pas totalement. L'interrogation de la pensée éthique se déplace d'une réflexion sur ses fondements philosophiques à une réflexion sur le rapport que l'individu éthique entretient avec la société à laquelle il appartient, une société qui non seulement fournit la situation dans laquelle il vivra la réponse apportée à la question de Socrate, mais qui en outre l'a instruit dans la culture qui le dispose à donner à la question un type de réponse plutôt qu'un autre. Cette réflexion sur l'éthique est aux antipodes des courants dominants - le fondamentalisme d'Aristote ou de Kant, l'utilitarisme, les théories morales contemporaines. Sera-t-elle entendue ?

11/1990

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Droit

La conscience

"Satisfais aux lois et sois honnête homme" : cette sentence, prêtée à un magistrat par Diderot, attesterait-elle l'indifférence du droit à la conscience, cette faculté qui permet à l'homme de juger de la valeur morale de ses actes, une telle notion étant tenue pour plus philosophique que juridique ? Cet ouvrage prouve le contraire : l'analyse du droit positif a permis de mettre en valeur la reconnaissance et la protection, par le système juridique, d'une véritable liberté civile. L'État, d'une part renonce à contraindre l'individu dans les domaines relevant de la juridiction de sa conscience, d'autre part fait respecter la compétence ainsi reconnue par les autres citoyens, ce qui l'amène d'ailleurs, le cas échéant, à arbitrer entre les consciences qu'il rassemble, arbitrage malaisé pour un État laïc. Le droit protège ainsi l'autonomie de conscience. L'auteur analyse les trois développements juridiques de cette autonomie. Il dégage, d'abord, un principe d'indifférence du droit à la conscience de l'individu dans la détermination des devoirs juridiques : le droit ne s'attache pas au verdict de la conscience du débiteur lorsqu'il décide de conférer à un devoir la contrainte juridique. L'auteur étudie, ensuite, les diverses objections de conscience concédées par le droit : le système juridique reconnaît en effet exceptionnellement à l'individu la faculté de se soustraire à l'application du droit strict en excipant de sa conscience. L'auteur, enfin, met en évidence la véritable consécration, par le droit, de l'autonomie de conscience religieuse. Cet ouvrage montre toute la difficulté qu'éprouve le système juridique à protéger la liberté de conscience, cette liberté civile fondamentale à laquelle aspire chaque individu, sans méconnaître pour autant l'existence d'une société et les contraintes qui en découlent.

12/1993

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Littérature étrangère

Gentlemen

"Il ne faut pas essayer de ménager les sentiments des gens car à être trop gentil on fait fausse route, et puis ne pas essayer d'être un gentleman du tout, c'est beaucoup plus gentleman que d'essayer et de rater ! Ce don, cette grâce, ou cette vertu, ne réside pas tant dans la conduite que dans la connaissance ; non pas tant en se préservant de ce qui est mal, qu'en sachant précisément ce qui est droit". Dans "Gentlemen", un essai écrit en Amérique, en 1888, Robert-Louis Stevenson s'attache à étudier le concept si british du gentleman. Celui qui représente en quelque sorte l'homme idéal, "l'homme qui, dans chaque circonstance de la vie, sait ce qu'il faut faire et comment le faire élégamment". Avec quelques exemples historiques à l'appui, son expérience personnelle et une bonne dose d'ironie spirituelle, Stevenson aborde la dimension sociale autant que morale de ce sujet dont la distinction constituera l'essence même. Dans le texte "Sur quelques gentlemen dans la fiction", écrit et publié à la suite du précédent, Stevenson se penche sur quelques personnages de théâtre ou de roman, nés de l'imagination de Shakespeare, Fielding, Dickens et Thackeray, et nous montre que chez eux les figures de gentleman ne sont pas toujours marqués d'une "qualité d'aptitude exquise", sans que cela nuise à leur force littéraire. À ces deux textes pleins de sève et d'érudition malicieuse, qui étaient inédits en français, nous avons joint de la même veine "Lettre à un jeune gentleman" qui se propose d'embrasser la carrière artistique, et la "Philosophie des parapluies", le premier essai théorique de Stevenson (1871) où l'humour s'allie pertinemment à l'analyse.

11/2013

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Philosophie

Le génie de la bêtise

Ce livre, comme tous les ouvrages de Denis Grozdanovitch, est une sorte de flânerie dilettante et savante, une promenade philosophique et littéraire éclectique, prenant fatalement la forme d'une série de variations sur le thème éminemment flaubertien de la bêtise. Tout commence ici par une "Invitation faite au lecteur" où il est suggéré que la Bêtise et l'Intelligence ne cessent de s'opposer sur la scène intellectuelle et existentielle. Ne sommes-nous pas, tous, des personnages de Molière, de Goldoni, de Marivaux ou de Beckett ? Grozdanovitch en est persuadé... D'où ce livre qui va d'un certain Valentin, idiot de village, (qui initia l'auteur à la beauté de la bêtise)  à une "taxinomie des imbéciles" (où il est question de la stupidité des "Experts"), d'anecdotes talmudiques (ici innombrables) à un développement sur "la bêtise de l'intelligence", de Clément Rosset à Jean Clair, du théorème de Gödel à Monsieur Teste, etc... On trouvera également dans ce livre, l'histoire du fantôme stupide, celle du joueur d'échecs qui refait toujours la même erreur, un résumé "enrichi" de La conscience de Zeno d'Italo Svevo, les mésaventure d'un aviateur déçu, des robots joueurs de foot et bien d'autres figures dont l'auteur tire quelques leçons d'éthique contemporaine. Inutile de préciser, enfin, que le Bouvard et Pécuchet de Flaubert et L'idiot de la famille de Sartre occupent, dans ce livre, une place assez centrale. La morale de "Grozda" : un génie à l'apparence idiote dort en chacun de nous et il suffit que la fortune - assistée d'une certaine qualité de volonté personnelle - nous aide à le libérer de son infériorité supposée pour qu'il se transforme en enchanteur. Ce livre est un vrai bijou d'érudition et de charme. On y réfléchit en souriant. On s'y amuse avec gravité.

01/2017

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Primaire parascolaire

L'Année de CM1. Tout pour réussir

L'Année de CM1 : toutes les matières du CM1 réunies en un seul livre de révision, pour accompagner efficacement votre enfant durant son année à l'école primaire, et approfondir les notions clés du programme scolaire. Avec L'Année de, choisissez la collection de référence des Tout-en-un. L'Année de CM1 est un ouvrage Tout-en-un qui permet à votre enfant de réviser toutes les matières étudiées à l'école primaire : Français, Mathématiques, Histoire-Géographie, Education morale et civique (EMC), Sciences, Anglais. Entièrement conforme aux programmes scolaires, il tient compte des dernières mises à jour de 2018 et des repères de progressivité. Un livret spécialement conçu pour les parents offre des conseils pour aider l'enfant au quotidien dans sa scolarité. Comme pour l'ensemble de la collection Année de , chaque activité est présentée sur une double page en 3 temps : - Savoir : l'essentiel de chaque leçon à retenir - Savoir-faire : des conseils et des exemples pour acquérir la bonne méthode - Faire : des exercices progressifs pour s'entraîner et un exercice bilan pour vérifier l'acquisition des connaissances L'ouvrage met à disposition des outils pédagogiques pour mémoriser l'essentiel en un coup d'oeil : - En Français et en Mathématiques, des évaluations pour se tester sur chaque partie du programme - Un mémo de conjugaison sur les temps verbaux à connaître en CM1 - Un cahier pour écrire ses dictées - Les tables de multiplication - Une carte du monde - Une frise chronologique En + : - Un Livret Parents détachable avec : - 32 dictées de difficulté progressive - Des conseils pour accompagner l'enfant tout au long de sa scolarité - La présentation du programme officiel de l'année de CM1 - Les corrigés de tous les exercices - En cadeau : un message à accrocher sur la poignée de porte de la chambre de l'enfant.

02/2020

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Critique littéraire

Des gentlemen à part. Portraits de quelques mal-pensants du monde anglo-saxon

La littérature anglo-saxonne du XXe siècle a compté dans ses rangs quelques indociles ou mal-pensants de talent que le public francophone connaît, hélas, fort peu, quand il ne les ignore pas tout à fait. Ils valent pourtant le détour. Nombre d'entre eux firent des choix philosophiques et politiques que la morale républicaine et démocratique d'aujourd'hui réprouve et stigmatise. Quelques-uns de ces hommes nourrirent même, horresco referens, de scandaleuses sympathies pour le fascisme, ce qui explique vraisemblablement le durable ostracisme dont ils continuent à faire l'objet. Afin de briser la loi du silence et de contrevenir à cette censure, le présent ouvrage réunit les portraits d'une douzaine de ces rebelles oubliés. Originaires d'Amérique, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, d'Afrique du Sud ou des îles Britanniques, ces gentlemen furent à leur façon des anarchistes de droite, un peu à la manière de ceux que nous connaissons et apprécions sur le Vieux Continent. Tous ont plus ou moins mis leur peau au bout de leurs idées et presque tous ont plutôt chèrement payé leurs défis et leurs engagements. Qu'il s'agisse des Anglais A. K. Chesterton, figure clé du conservatisme nostalgique de l'Empire, et Anthony Ludovici, singulier nietzschéen qui traduisit l'auteur d'Ainsi parlait Zarathoustra, de l'excentrique Geoffrey Potocki de Montalk, descendant d'une illustre famille polonaise mais de nationalité néo-zélandaise, du Germano-Américain George S. Viereck, poète et écrivain politique qui eut son heure de gloire, l'auteur nous offre une série de "microbiographies" (chacune complétée par une note bibliographique) hautes en couleur, suscitant chez le lecteur une profonde sympathie pour ces personnages hors norme, qui méritaient bien qu'on les sorte de la géhenne et qu'on leur adresse un grand coup de chapeau !

05/2018

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Critique littéraire

C'est l'histoire de la Série Noire. 1945-2015

La Série Noire est née durant l'été 1945. Marcel Duhamel l'a dirigée pendant trente-trois ans, au sein de la maison d'édition de Gaston et Claude Gallimard. Ami de longue date de Jacques Prévert et de Raymond Queneau, féru de littérature américaine, Marcel Duhamel s'est entièrement voué à cette passionnante et frénétique entreprise éditoriale, commencée modestement avant de devenir l'une des collections phares de la NRF. Bon marché et largement diffusée, la Série Noire a été accueillie à bras ouverts par les lecteurs français de l'après-guerre fascinés par l'Amérique, scène mythique de ces romans noirs rugueux et haletants, hérités des pulps et puissamment relayés par le cinéma. « C'est Duhamel qui a créé le genre avec sa Série Noire, a pourtant écrit Manchette. Duhamel a inventé la grande littérature morale de notre époque. Il faisait semblant de ne pas le savoir. » L'homme, professionnel tenace, n'était pas dogmatique ; sa collection ne l'a pas été plus que lui, trouvant, de son vivant comme à sa suite, les moyens de se réinventer ou de se réajuster, sans piétiner l'héritage. Jamais un album n'avait été consacré à l'histoire éditoriale, commerciale et littéraire de cette collection emblématique, riche de quelque trois mille titres. L'anniversaire de ses soixante-dix ans offre l'occasion d'y remédier, en retraçant un parcours rythmé par la succession de quatre directeurs et par les métamorphoses d'un genre, porté par plusieurs générations d'auteurs - anglo-saxons, français puis du monde entier -, tous porteurs d'une certaine conscience de notre temps. Trois cents documents, issus notamment des archives de la maison Gallimard, viennent ainsi illustrer des contributions inédites sur l'histoire de la Série Noire, d'hier à aujourd'hui.

11/2015

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Allemand apprentissage

L'allemand du Moyen Age. Le Moyen Haut-Allemand

Cet ouvrage s'adresse à tous ceux qui sont amenés à travailler sur la civilisation médiévale d'outre-Rhin (historiens, ethnologues, étudiants germanistes...). Il est conçu comme une clé ouvrant cet univers, comme un accessus. Il se concentre sur l'aire du moyen haut-allemand car la majorité des textes sont rédigés dans des dialectes en relevant. Il commence par exposer où trouver les textes, par dénombrer les outils indispensables et dresser un panorama des difficultés graphiques. Un petit dossier paléographique fournit l'essentiel de ce qu'il faut savoir lorsqu'on travaille sur les manuscrits allemands. Une seconde partie, morphologique, fournit au lecteur connaissant l'allemand moderne la connaissance grammaticale minimale sans laquelle il ne peut comprendre un texte. {Elle traite des problèmes de déclinaison, de conjugaison, de subordination, de construction, des contractions, bref de tout ce qui déroute le lecteur d'aujourd'hui}. Des exercices permettent de tester l'acquisition de "réflexes philologiques. La troisième partie est un choix de plus de cinquante textes classés chronologiquement et couvrant une période allant de 1060 à la fin du 15e siècle. N'ont été retenus que les textes qui n'ont pas jusqu'ici fait l'objet de traduction et sont largement méconnus. {Le florilège présente donc la littérature cléricale (légende hagiographique, sermons, théâtre religieux, traités de morale), les chroniques, la littérature savante (encyclopédies, bestiaires, herbiers, lapidaires), le roman, l'épopée, la fable, la littérature juridique (ordonnances de police, minutes de procès, lois territoriales), des chartes, des comptes de marchands et d'intendants, un statut de confrérie. Un certain nombre de textes reflète l'univers des croyances : textes astrologiques et oniromantiques, pronostics, charmes, supersititions}. Chaque texte est accompagné d'une brève introduction, d'un recensement des difficultés graphiques, grammaticales et sémantiques, d

03/1997

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Philosophie

L'esprit du nihilisme. Une ontologique de l'Histoire

L'esprit du nihilisme : titre doublement paradoxal, puisque ce livre entreprend parallèlement, et souvent en même temps, de déconstruire le (pseudo-)concept nietzschéo-heideggerien de "nihilisme" et de décrire ce que, par provocation provisionnelle nous appellerons " nihilisme démocratique". C'est graduellement, par la description phénoménologique de la spiritualité exprimée dans la voix moyenne de toute une époque, que se rouvre alors la voie qui a traversé toute la modernité pensante depuis deux siècles: la "redécouverte" de la Tragédie par l'homme sans dieu(x). S'y établit le "secret" découvert à tâtons par cette modernité, sans avoir jamais été énoncé comme tel: renversant la tradition métaphysico-politique de l'Occident, on démontre que ce n'est pas la Loi qui est la condition de la Transgression, mais le contraire. C'est la Transgression qui est la condition de possibilité de toute législation : non seule-ment " morale", politique et civique, mais technique et culturelle. L'enjeu est considérable: si la philosophie, pour la toute première fois de sa tradition, parvenait à renverser le rapport qu'elle a toujours posé entre législation et transgression, démontrant que celle-ci est la condition de possibilité de celle-là et pas l'inverse; bouleversant au passage le sens même qu'on a toujours accordé au concept de "Transgression", alors la philosophie destituerait enfin la région de pensée qui, avec l'irrationalisme qui lui est propre, et qu'on a plus que jamais raison de qualifier d'" obscurantisme", a toujours "pensé" la précession de la transgression sur la législation : nommément la religion (le "péché originel "). Cette destitution non seulement court-circuiterait le pouvoir du religieux, mais restituerait ce pouvoir, et la tâche d'en penser les conséquences, à cela dont le retrait, depuis trente ans, est le vrai nom du "nihilisme" et du "retour du religieux" : la politique.

03/2009

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Romans historiques

Le Triangle Secret Tome 1 : Les larmes du pape

Mon Très Cher Didier, quand vous écouterez cette cassette, je ne serai sans doute plus de ce monde. Ceux qui me traquent vont bientôt me débusquer et il me reste trop peu de temps pour relater les derniers événements qui m'ont conduit au seuil de la mort... Les tueurs sont sur ma piste depuis bien longtemps... Depuis Jérusalem, certainement. Abandonnez notre quête ! Je vous en coujure, fermez tous vos livres, brûlez-les et soufflez leurs cendres au vent ! Oubliez tout ce que je vous ai dit au sujet du Christ. Oubliez ! Nous ne sommes que des nains devant cette énigme, Didier... que des enfants aveugles et impotents qui doivent être brisés pour que demeure le Mensonge... Les hommes ne sont pas assez sages pour savoir... Le monde basculerait, les valeurs, la morale, les lois, tout serais balayé par une tempête qui plongerait l'humanité dans l'abîme !Je vous supplie de détruire cette bande magnétique quand vous l'aurez écoutée. Je vous prie de ne parler de cela à personne. Au nom de notre serment de franc-maçon, obéissez-moi, mon frère ! Restez en dehors de cette farce macabre ! Brûlez l'enveloppe qui aura contenu cette bande. Par notre serment, par notre initiation, ne suivez pas mon exemple. Ne gardez de moi que les lettres que tout profane devenant maçon lit pour la première fois dans l'ombre du Temple... Ces lettres dont je comprends aujourd'hui le sens réel : V.I.T.R.I.O.L. résumant cette phrase : Visita Interiora Terrae, Rectificandoque, Invenies Occultum Lapidem et signifiant " Visite l'intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre occulte ". Ne corrigez rien, surtout, Didier ! Ne cherchez ni la pierre ni le frère ! Adieu, Mon Très Cher Didier. "

09/2006

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Poésie

La symphonie de la peur

La symphonie de la peur est une oeuvre sombre, rythmée comme une composition musicale. Elle est organisée en quatre mouvements : allegro, andante, scherzo, largo qui illustrent chacun l'évolution de la peur dans l'histoire de l'humanité. Gus Bofa cadence son récit en alternant entre textes sarcastiques et dessins au crayon pour créer une ambiance unique de plus en plus angoissante. Malgrè une atmosphère pesante, Bofa réussit l'exploit de glisser quelques touches d'humour noir et amer, qui parviennent à faire sourire le lecteur. Rescapé de la guerre des tranchées qui l'a laissé infirme et à l'aube de la seconde guerre mondiale, Gus Bofa use du sentiment universel de la peur pour créer une oeuvre sans concession et d'une grande modernité. Publiée en 1937, La symphonie de la peur témoigne d'une humanité prise entre deux terreurs, l'éternité et le néant, et qui tente de trouver refuge dans la religion, la morale et la science. Les hommes repliés derrière la masse sociale et les lois du groupe, se retrouvent malgré tout rattrapés par la frayeur engendrée par les crises économiques, guerres ou émeutes. A contre-courant de son époque - où l'on vit frénétiquement pour laisser les spectres de la guerre derrière soi - Gus Bofa décrit l'image d'un monde sans lumière ni espérance à travers 40 illustrations toutes aussi impressionnantes que celles contenues dans Malaises. Il livre ici un chef-d'oeuvre, grandiose et implacable qui, près de 100 ans plus tard, n'a rien perdu de sa puissance. Au terme de cette symphonie, aucune consolation n'est offerte au lecteur, qui ne peut s'empêcher d'y projeter ses propres inquiétudes.

11/2022