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Iliade Homère Papyrus

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Critique littéraire

Le menteur magnifique. Chateaubriand en Grèce

Le 10 août 1806, Chateaubriand débarque à Méthoni, à la pointe sud du Péloponnèse, pour une traversée de la Grèce qui doit lui permettre de visiter Sparte, Argos, Mycènes, Corinthe, Mégare, Éleusis, Athènes. Le récit enchanté de ce voyage au pays des héros d'Homère et de Plutarque occupe le premier tiers de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, Chateaubriand s'y montre tour à tour savant, aventurier, archéologue, peintre de paysages, observateur de peuples, découvreur de cités. Faut-il le croire ? Au terme d'une enquête qui tient tout à la fois de la traque policière, du commentaire de texte et de l'exercice d'admiration, Michel De Jaeghere a recoupé les dates, les récits et les témoignages pour tenter de reconstituer ce que fut la réalité de cette équipée. Il en ressort que Chateaubriand n'aura guère cessé de mentir, tout au long de son livre. L'archéologue était passé sans s'arrêter auprès de ruines illustres ; l'aventurier avait inventé l'essentiel de ses aventures; le profond politique était en route pour un rendez-vous d'amour. Le paradoxe est que Chateaubriand ne sort nullement diminué de cette confrontation avec la vérité, au contraire. En faisant de son Itinéraire un roman picaresque en même temps qu'un bréviaire des humanités classiques, ses mensonges ont dessiné le visage d'une Grèce idéale que les voyageurs romantiques n'ont plus cessé de tenter, après lui, de retrouver.

01/2006

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Ecrits sur l'art

Déplacer la lune de son orbite

" Fin mai 2022, j'ai acheté, dans un magasin parisien spécialisé dans les randonnées en montagne, un lit de camp, un sac de couchage et une lampe torche. Le lendemain, j'ai installé mon équipement d'alpiniste sur le sol froid du musée de l'Acropole à Athènes pour y passer une nuit de lune décroissante, entièrement seule. Comment arriverez-vous à dormir avec tous ces yeux de marbre qui vous fixent ? m'avait-on prévenue. Mais c'est une nuit dans un musée vide que je m'apprêtais à passer devant l'Acropole. A Athènes, il ne reste que des miettes : un pied de déesse, la main de Zeus, la tête d'un cheval. Nous avons tous dérobé quelque chose à la Grèce : ses idées, à partir desquelles nous avons forgé nos racines occidentales. Les marbres du Parthénon, arrachés à la pioche et envoyés en Angleterre par Lord Elgin au début du XIXe siècle. Dans ce vol collectif, je ne suis qu'un imposteur parmi d'autres : je ne suis pas grecque, je ne parle pas le grec moderne, et pourtant j'ai bâti ma vie et mon écriture sur ce vol. Ce soir, ce privilège sans précédent dans l'histoire du musée m'a pourtant été accordé, à moi, qui n'ai ni Homère ni Platon dans mon sac, mais la biographie de Lord Elgin. " A. M. Traduit de l'italien par Béatrice Robert-Boissier

04/2023

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Critique littéraire

Palimpsestes. La littérature au second degré

Un palimpseste est, littéralement, un parchemin dont on a gratté la première inscription pour lui en substituer une autre, mais où cette opération n'a pas irrémédiablement effacé le texte primitif, en sorte qu'on peut y lire l'ancien sous le nouveau, comme par transparence. Cet état de choses montre, au figuré, qu'un texte peut toujours en cacher un autre, mais qu'il le dissimule rarement tout à fait, et qu'il se prête le plus souvent à une double lecture où se superposent, au moins, un hypertexte et son hypotexte - ainsi, dit-on, l'Ulysse de Joyce et l'Odyssée d'Homère. J'entends ici par hypertextes toutes les œuvres dérivées d'une œuvre antérieure, par transformation, comme dans la parodie, ou par imitation, comme dans le pastiche. Mais pastiche et parodie ne sont que les manifestations à la fois les plus visibles et les plus mineures de cette hypertextualité, ou littérature au second degré, qui s'écrit en lisant, et dont la place et l'action dans le champ littéraire - et un peu au-delà - sont généralement, et fâcheusement, méconnues. J'entreprends ici d'explorer ce territoire. Un texte peut toujours en lire un autre, et ainsi de suite jusqu'à la fin des textes. Celui-ci n'échappe pas à la règle : il l'expose et s'y expose. Lira bien qui lira le dernier. G. G.

03/1982

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Philosophie

LES CAHIERS DE LA MEDIOLOGIE N° 4 POUVOIRS DU PAPIER

Ouverture : Pierre-Marc de Biasi, Le papier, fragile support de l'essentiel - L'énigme des deux origines Marc Guillaume, Le luxe de la lenteur Jacques Derrida - Marc Guillaume - Daniel Bougnoux, Le papier ou moi, vous savez... (Nouvelles spéculations sur un luxe des pauvres) (entretien) Odon Vallet, Le papier, du papyrus à la paperasse Le papier-mémoire : François Dupuigrenet Desroussilles, La galaxie Tsaï-Loun Claire Bustarret, L'énigme de l'Extra Strong Monique Zerdoun, Les papiers anciens à l'Institut de recherche et d'histoire des textes Astrid-Christiane Brandt, Le papier des XIXe et XXe siècles menacé Raphaël Larrère, Usages et représentations de la forêt (entretien) Karine Douplitzky, Le papier, à quel prix ? - Visite d'usines...Daniel Ingwiller, Les vieux savoirs de l'imprimerie (entretien)Pierre-Marc de Biasi - Eleonore Kissel, Pour une éthique du papier (entretien)Michel Melot, Des kilomètres de papier Catherine Gaillard, Conserver pour transmettre Simone Breton-Gravereau, La restauration des papiers Le papier-croyance : Jean-Claude Trichet - Marc Guillaume, Du billet à l'e-cash (entretien)Daniel Bougnoux, Croire au papier Jean-Louis Clément - Patrick Imbard - Monique Sicard, Faux papiers, faux papier (entretien) Marie-Laure Prévost, Ecrit sur une page blanche. Les écrivains et leurs papiers Philippe Thureau-Dangin, De si mauvais papiers Marc Le Bot, Ecritures de papier Serge Tisseron, Sensorialités Le papier-pouvoir : Françoise Gaillard, Pulp story ou Balzac médiologue Catherine Bertho-Lavenir, Du papier et des lettres Claudine Dardy, L'identité-papier François Cusset, Papier-substance contre papier-passage Le papier-art : Carol Gurdin, Faire 1 papier sur le papier Frederic Mora, Papier contre toile Kichinevski, Guide pratique de l'artiste sur papier Louise Merzeau, Papiers sensibles Jean-Claude Correia - Philippe Rappard, De l'art... les plis Ernest Pignon-Ernest, Transmettre l'éphémère Kiosque : Monique Sicard, Catherine Bertho-Lavenir, Thierry Dufrêne, Jacques Lecarme, Daniel Bougnoux, Louise Merzeau, Karine Douplitzky, Henri Gay, Nathalie Heinich, Odon Vallet, François Soulages, Frédéric Londeix, Serge Tisseron, Régis Debray, Jean-Luc Parant. Anthologie : Le papier, de Liu Phien à Mathieu Bénézet

07/1998

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Philosophie

Un peuple de philosophes. Aux origines de la condition juive

Ce livre est l'oeuvre d'un immense érudit et d'un découvreur. Il nous parle de l'identité juive en parcourant le dédale des formes institutionnelles sur près d'un millénaire : entre le IVe siècle avant notre ère, époque de l'expansion grecque par les conquêtes d'Alexandre, et le VIe siècle de notre ère, marqué par la grande codification juridique de l'empereur romain chrétien Justinien, à Byzance. Cet ouvrage offert à un large public éclaire d'un jour nouveau la formation d'antijudaïsmes successifs depuis l'Antiquité gréco-latine et par-delà l'avènement politique du christianisme. Il ne s'agit pas seulement d'un retour aux sources d'un destin, mais aussi d'une réflexion sur une altercation touchant au fonds civilisationnel gréco-romano-chrétien de l'Occident et structurant le cadre à l'intérieur duquel s'est déployé l'ordre normatif européen.Historien des écritures juives et du droit romain, instruit des courants philosophiques et théologiques, entraîné à l'exégèse des papyrus comme des textes juridiques savants, Joseph Mélèze Modrzejewski s'adresse aux milieux non spécialisés et tout autant aux chercheurs. Des casuistiques et des controverses antiques fort délicates sont ici rendues vivantes et captivantes par un juriste qui est aussi un narrateur. Ainsi prend forme la remontée aux origines de la condition juive à travers un faisceau de questions constitutives : le statut politique, la circoncision (traitée par la tradition romaine comme une mutilation), le passage de la patrilinéarité à la matrilinéarité dans la filiation, etc. Dans un champ d'études - l'histoire du droit - longtemps entouré de murailles, le livre de Joseph Mélèze Modrzejewski est la démonstration de ce que l'érudition de pointe associée à la liberté d'esprit peut apporter de plus précieux à la culture contemporaine : conquérir sa propre vérité. Sur cette base seulement peuvent se nouer des dialogues qui ne soient pas de façade.

09/2011

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Critique

Dictionnaire amoureux de Flaubert

Loin des idées reçues et des poncifs sur Flaubert, Régis Jauffret nous invite à découvrir sa vie et son oeuvre et des aspects méconnus de sa personnalité : l'homme tonitruant et hâbleur qui se cachait derrière un des écrivains incontournables des lettres françaises. "Depuis longtemps la postérité s'est chargée de peinturlurer Flaubert. Il est admis aujourd'hui qu'il mena toujours une vie d'ermite dans sa maison isolée de Croisset, que son père l'écrasait de sa personnalité, que sa mère était possessive jusqu'à l'empêcher de se marier, de fonder une famille, bref, de quitter le nid. Nous verrons dans cet ouvrage à quel point ces poncifs sont controuvés. En outre, je me permets à plusieurs reprises d'évoquer le Flaubert tonitruant, hâbleur et par certains aspects assez grotesque qu'évoquent à l'occasion ses contemporains. Ce n'est certes pas pour l'accabler, au contraire cette facette de sa personnalité me semble presque attendrissante et fait de lui un commensale des pantins que nous sommes. Et puis, que voulez-vous, j'ai toujours préféré les humains aux dieux. Si je fus humble dans ma tâche - sans humilité, la littérature se fane au fur et à mesure de son apparition sur le papier, l'écran, le papyrus - je n'ai pas hésité à faire preuve d'une grande familiarité envers le maître. J'ai passé près de cinq années en sa compagnie, il est devenu pour moi une sorte de camarade d'outre-tombe. Un ami que j'ai pris souvent dans mes bras, malgré son corps fumeux de fantôme et avec lequel je me suis régulièrement disputé jusqu'à la fâcherie. Néanmoins, je n'ai jamais poussé le ridicule jusqu'à me prendre pour lui car je suis assez occupé à me croire vaniteusement moi-même et à finir mon oeuvre à laquelle je tiens davantage qu'à celle de notre Gustave. Je devrais m'abstenir de proférer pareil blasphème. A force de sincérité les romanciers se montrent mufles".

05/2023

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Histoire littéraire

Un été chez Umberto Eco

Apostille au livre d'entretiens entre Umberto Eco et Jean-Claude Carrière dont Jean-Philippe de Tonnac avait été l'initiateur obstiné et l'accoucheur inspiré, publié en 2009 sous le titre N'espérez pas vous débarrasser des livres et traduit depuis dans vingt-six langues, Un été chez Umberto Eco nous fait pénétrer dans les coulisses des rencontres, nous livrant à la fois le portrait des protagonistes, la description des lieux, la nature des conversations - bref, tout le "hors champ" de ce que le premier ouvrage ne pouvait révéler, et les perles de conversation qui n'avaient pu y être retenues. Nous assistons ici à la danse de séduction de l'auteur auprès des deux monstres sacrés pour les convaincre de dialoguer sur les cinq mille ans d'histoire du livre, du papyrus au fichier électronique ; la visite initiatique à Milan où le " Professore" ouvre au profane sa "salle des coffres" , collection de livres rares consacrés aux sciences occultes, fausses, farfelues, et aux langues imaginaires ; les premières journées de travail chez Jean-Claude Carrière à Paris ; et enfin cet été à Monte Cerignone, la maison de vacances d'Umberto Eco, où tout crépite et étincelle, du salon des joutes oratoires à la piscine et des promenades aux repas. Quel est le plus beau livre du monde ? Pourquoi un livre est-il un incunable avant le 31 décembre 1500, un "simple" livre après ? Le collectionneur passionné est-il davantage guidé par la quête ou par la possession ? En quoi la bêtise est-elle fascinante et quelles en sont les différentes formes ? Pourquoi le livre va survivre à toutes les métamorphoses induites par la technique et en quoi est-il, pour l'éternité, un vecteur de liberté ? Voici quelques-unes des questions qui parcourent cet ouvrage où deux puits de culture et d'esprit rivalisent de gai savoir, d'érudition joyeuse, de plaisirs des sens et de l'esprit. Un vade mecum délicieux par nos temps d'obscurantisme galopant.

05/2023

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Littérature française

Isvor, le pays des saules

Revenant dans sa Roumanie natale, la princesse Bibesco trace le portrait d'un pays avec ses coutumes, ses légendes et ses travaux saisonniers. "Isvor m'a été inspiré par la vie quotidienne des villages, par les rites traditionnels observés dans leur existence millénaire, par les paysans de ce domaine forestier de la montagne où j'étais venue vivre. Ce livre était fait de notes que j'avais prises au jour le jour ; il ne contenait pas une seule histoire qui ne fut vraie, un seul épisode inventé", confiera-t-elle plus tard. Avec délicatesse et précision, l'auteur décrit les jeux des enfants le long des routes, les femmes aux champs, les mariages, les rituels de la mort. On découvre ainsi l'intimité d'une société rurale attachée à ses pratiques ancestrales. Guidée par Outza, une vieille paysanne, Marthe Bibesco nous raconte la vie simple et profonde de son peuple qui a conservé des habitudes héritées du temps des Romains : "Eux aussi comme moi, furent des étrangers venus d'ailleurs, obéissant à une loi mystérieuse." "Comment ne pas aimer la Roumanie après Isvor ?" écrivait Rainer Maria Rilke. Le général de Gaulle avait fait savoir qu'il appréciait fort le livre de cette cosmopolite éclairée. Quant à son compatriote Mircea Eliade, il voyait en la princesse Bibesco le "modèle exemplaire d'une Européenne de l'avenir".

02/2013

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Critique littéraire

Eugène Ionesco. Un chemin entre deux langues, deux littératures

Ce livre suit le double parcours roumain et français de l'écrivain Eugène Ionesco, un parcours amplement reflété dans l'ensemble de son oeuvre. Au-delà de son apport incontestable au "théâtre de l'absurde", Eugène Ionesco inscrit son nom, avec autant de conviction que de fermeté, dans l'espace littéraire et artistique de deux pays et de deux littératures. Ionesco passe son adolescence en Roumanie, son pays d'origine, qu'il associe tout au long de son existence à "la figure du père". Après des études de lettres et une licence en français, il effectue ses premiers pas sur la scène littéraire roumaine. Il s'y affirme, en tant que critique littéraire, avec un audacieux jugement critique, avant de devenir, en France, le dramaturge de notoriété mondiale. Les années bucarestoises de sa jeunesse, qui ont accompagné un intense vécu social, culturel et politique, se retrouvent dans l'oeuvre française, éclat d'un rapport de convergence entre deux littératures, deux langues et deux sociétés. Ce livre dévoile également, à travers des témoignages, des notes biographiques, des échanges épistolaires, le chemin entre les deux langues et les deux littératures que Ionesco trace, tout comme ses amis roumains proches, E. M. Cioran et Mircea Eliade, au long de ses deux existences roumaine et française, mais également la genèse littéraire et picturale, cette double façon dans laquelle le dramaturge élabore son oeuvre.

10/2011

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Histoire de France

Le mythe Pétain

Le traumatisme de la défaite de juin 1940 ne peut à lui seul expliquer l'appel au maréchal Pétain et l'adhésion massive des Français à sa personne, Avec ce vieillard chargé d'ans et de gloire, la France avait quitté depuis longtemps le monde de la rationalité politique pour entrer dans celui de l'imaginaire. Un imaginaire dont les premiers sédiments se déposèrent pendant la Grande Guerre pour dessiner, quelques années plus tard, cette représentation idéale du chef, du héros national et du sauveur. L'appel au maréchal Pétain relève d'une logique historique qui ne doit rien au hasard. Il repose sur une conception ancienne et particulière de l'histoire qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Le mythe de l'homme providentiel répond toujours à une situation de crise dont la finalité politique est le dépassement des difficultés pour retrouver l'ordre des choses. Il participe d'une vision profondément conservatrice de la société, une société jugée incapable de trouver en elle les ressources nécessaires à son propre salut. Le mythe Pétain possède cette part de vérité, Mieux, il révèle, comme le souligne Mircea Eliade, " les structures du réel " : en l'occurrence, l'ampleur catastrophique de l'effondres ment d'une nation et les difficultés récurrentes d'un peuple à assumer les revers de son histoire.

03/2002

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Psychologie, psychanalyse

Le noeud symbolique

Qu'il soit religieux, artistique, littéraire ou simplement culturel, le symbole occupe une place essentielle au cœur de l'expérience humaine. Signe d'une réalité qui dépasse l'objet immédiat, élaboration du langage qui ouvre à une dimension plus large, la figure symbolique est constitutive de la spécificité humaine. Pour l'anthropologie contemporaine, elle constitue comme un nœud ou un carrefour. Elle demande d'unir ce que celle-ci a souvent opposé : l'agir et l'être, le don d'une alliance et l'assimilation à un monde, la formation d'un lien social et la participation à un mode d'être. Après les analyses qui ont développé une approche exclusivement éthique, voire ethnologique, du symbolique traditionnel, le temps est venu d'en esquisser une approche plus ouverte, plus compréhensive, sans pourtant avoir à restaurer une quelconque doctrine des archétypes. Passant par l'étude de quelques théories qui se sont imposées au cours du dernier demi-siècle, comme celles de M. Eliade et de C. Lévi-Strauss, l'ouvrage cherche à différencier l'innovation apportée par les symboles aussi bien des structures de la culture que des actes du discours, comme à distinguer un vrai symbole d'un symbole vrai. Bien qu'elle ne traite pas expressément de leurs usages religieux, cette philosophie des symboles contribue à en discerner les conditions, les exigences et les limites.

08/1998

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Jeux

Le monde selon Final Fantasy. Le RPG japonais comme mythe moderne

En trente-cinq ans d'existence, Final Fantasy a su capturer l'imagination d'un public toujours plus large ; difficile pourtant d'en expliquer la raison. L'aventure du RPG japonais, dont la saga de Square Enix est sans nul doute le plus prestigieux ambassadeur, a décidément quelque chose de particulier dans le monde du jeu vidéo, et peut-être même celui de la fiction. Il n'est pas nécessaire de se focaliser sur les nombreux emprunts à la mythologie, ses dieux et ses bestiaires pour voir en Final Fantasy une énième tentative d'écrire le grand récit de l'humanité. Au travers des siècles, nous n'avons cessé de nous raconter l'homme dans toute sa complexité, en utilisant le récit comme la forme la plus à même de transmettre les idées les plus subtiles. Final Fantasy, en faisant briller ces éléments et structures universelles communes à bien des civilisations, nous raconte encore une fois à quel point l'existence elle-même a tout d'une fantaisie, que l'imagination est un langage exprimant une vérité qui, peut-être, nous dépasse, mais dont l'art se fait le canevas. A travers les travaux de Carl Gustav Jung, Joseph Campbell, Erich Neumann, Mircea Eliade ou encore Jordan Peterson, ce livre tâchera de faire émerger l'essence de Final Fantasy, qui est à certains égards, un récit mythologique moderne.

12/2022

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Linguistique

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 95-1. Fascicule 1

Amandine CHLAD : Les noms propres dans l'Iliade latine Cet article examine les emplois de noms propres dans l'Iliade latine, afin de dégager certaines spécificités de ce texte. L'examen repose sur l'analyse détaillée d'un passage essentiel de l'oeuvre, le catalogue des vaisseaux grecs et des troupes troyennes, menée en comparaison avec celui de l'Iliade, l'oeuvre source. Cet examen permet de relever l'importante fidélité de l'Iliade latine pour ce qui est de l'énonciation des anthroponymes qui composent le catalogue, malgré quelques rares différences que nous analysons dans le détail, mais également la liberté prise par le poète dans la composition de ce catalogue. En revanche, l'Iliade latine ne présente presque aucun toponyme, contrairement à son modèle. Ces différents constats peuvent nous conduire à de nouvelles conclusions sur les caractéristiques du poème latin. Carole HOFSTETTER : D'Ammonius à Qalonymos : la transmission d'un enseignement néoplatonicien sur Nicomaque Cet article s'intéresse à la question du contenu de l'enseignement alexandrin d'Ammonius (Ve s. apr. J. -C.) sur l'Introduction arithmétique de Nicomaque de Gerasa. On propose l'identification d'éléments issus de cet enseignement en confrontant le témoignage de textes composés en contexte néoplatonicien, les commentaires d'Asclépius et de Philopon à l'Introduction arithmétique et l'Institution arithmétique de Boèce. La question de l'existence d'une transmission de l'enseignement d'Ammonius en dehors de la sphère néoplatonicienne a été envisagée conjointement. Une traduction hébraïque de Nicomaque par Qalonymos (XIVe s.) a été placée en regard des textes d'Asclépius, de Philopon et de Boèce, faisant apparaître les mêmes éléments liés à l'enseignement d'Ammonius chez Qalonymos. Or ce dernier travaillait pour sa part sur le texte d'une traduction arabe (perdue) du IXe siècle jusqu'à présent identifiée comme une traduction de l'Introduction arithmétique. L'étude montre, par conséquent, que la transmission de cet enseignement s'est faite sous le nom de Nicomaque. Elle apporte de nouvelles informations sur la présence à Bagdad au IXe siècle de textes néoplatoniciens dont les sources n'ont pas gardé le souvenir, mais que la transmission de leur contenu permet d'identifier. Claire LE FEUVRE : Du vin, des écervelés et un fantôme. ??? ? ??? ? ?? (Archiloque, fr. 124b W.), ??? ? ??? ? ?? (Nicandre, Alex. 29), ??? ? ? (Hipponax, fr. 67 W.) et les composés en ??? ? -, ??? ? ? - Le mot ??? ? ? attesté chez Hipponax (fr. 67) au sens de "vin pur" , loin d'être un terme rare et dialectal, est en fait un néologisme issu d'une décomposition du composé ??? ? ??? ? ?? (Archiloque, fr. 124b). La décomposition est du même type que dans ??? ? ? "frère" issu de ??? ? ??? ? ?? , et dans les deux cas il doit s'agir d'un hypocoristique. C'est un jeu de mots d'Hipponax, que des poètes postérieurs ont repris et que les lexicographes grecs ont pris pour argent comptant. ??? ? ??? ? ?? n'est pas un composé de ??? ? ? "vin pur" mais la source de ce dernier, et c'est lui qui permet de comprendre l'évolution. C'est un composé savant et poétique formé par un jeu sur le formulaire homérique, d'après le rapport ??? ? ? "insensé" : ??? ? ??? ? "irréfléchi" : ??? ? ??? "pur" : x = ??? ? ??? ? ?? "pur" ou "peu coupé" , ??? ? - étant en distribution métrique complémentaire avec ? -. Nicandre se livre à une variation savante sur ce composé poétique avec les néologismes ??? ? ??? ? ?? et ??? ? ??? ? ??? ? . En conséquence, il faut séparer de ce ??? ? ? qui n'est qu'un fantôme le nom de fonction ??? ? ??? ? ??? ? attesté à l'époque impériale à Messène, qui n'est pas un "porteur de vin pur" ni un "porteur de coupe" : le premier élément de ce composé pourrait être une variante de (? )? ??? ? , -? ??? "bâton" , attesté chez Xénophon comme nom de piquets sur lesquels on fixe les filets de chasse, et le ??? ? ??? ? ??? ? serait un "porteur de bâton / baguette" , équivalent d'un ??? ? ??? ? ?? et exerçant la fonction de héraut. Il faut aussi séparer la glose d'Hésychius ??? ? ??? ? ??? ? ? . ??? ? ??? . Alexis MESZÁROS : Tite-Live et César Auguste Généralement considéré comme un auteur d'époque augustéenne, Tite-Live avait cependant composé les deux premières décades pendant la période triumvirale. L'article envisage en premier lieu les théories traditionnelles concernant les dates de vie et les occupations extra-historiographiques de Tite-Live, afin de démontrer la fragilité des arguments avancés et permet de situer la date de naissance de Tite-Live entre 65 et 55 av. J. -C. sans pouvoir être plus précis. Les liens de Tite-Live avec les cercles littéraires et politiques de son temps sont ensuite analysés afin de démontrer un relatif isolement de l'historien padouan et une absence de liens directs avec César Auguste et Claude. Enfin, une nouvelle datation de la composition de la première décade est proposée à partir de l'introduction par Tite-Live du concept de princeps senatus dans les Ab Vrbe condita libri, oeuvre que l'on peut considérer comme d'époque triumvirale et non augustéenne. L'ANNEE PHILOLOGIQUE : UN SIECLE DE MUTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES Ilse HILBOLD : Le savoir en partage : dynamiques internationales de la bibliographie d'études classiques (1911-1945) L'histoire de la bibliographie est un champ de recherche encore peu investi par les historiens, alors même qu'elle permet d'interroger pratiques savantes et modalités de la circulation des savoirs dans le cadre d'une réflexion transnationale. La bibliographie est ainsi un objet qu'on peut aborder de façon historique en interrogeant ses ambitions, les buts qu'elle se donne et qui constituent une réponse aux besoins qui sont exprimés par un public d'utilisateurs. Il faut d'ailleurs souligner que les revendications de la communauté savante sont largement soutenues par de grandes institutions de l'après première guerre mondiale, telles que la Société des Nations ou l'Institut international de coopération intellectuelle qui ambitionnent d'internationaliser les pratiques scientifiques. L'Année Philologique s'inscrit dès sa fondation dans ce grand mouvement de rénovation de la bibliographie au XXe siècle et son étude permet de faire porter le regard sur cette période où l'international prend des couleurs, des significations et des formes variées. Franco MONTANARI : Un secolo di bibliografia : tappe, linee e orizzonti dell'internazionalizzazione L'histoire de la Société Internationale de Bibliographie Classique (SIBC) et de L'Année Philologique (APh) est ici envisagée sous un double angle, celui de la pluridisciplinarité et celui de l'internationalisation, et on peut la considérer comme un processus de réalisation du projet initial de Jules Marouzeau notamment sous ces deux angles. L'ouverture des différentes rédactions de L'APh a élargi le panorama international qui, ces derniers temps, s'est étendu non seulement à la Grèce mais aussi à l'Extrême-Orient (Japon, Chine), en gardant toujours à l'esprit la nécessité d'assurer la cohérence unitaire de la bibliographie. Par l'intermédiaire de la SIBC, membre de la FIEC, qui elle-même est membre du CIPSH, L'APh est incluse dans un cadre institutionnel international de grande importance pour la présence des études classiques. Enfin, on examine la migration progressive de L'APh vers un travail et un produit bibliographique entièrement électroniques, de la collecte des données à la gestion de la base de données et enfin à la consultation en ligne. Dee L. CLAYMAN : The Digitization of the Année Philologique Cet essai relate la transformation de L'Année Philologique en une base de données en ligne grâce à un effort conjoint de la Société Internationale de Bibliographie Classique (SIBC) et de la Society for Classical Studies (SCS), fondée sous le nom d'American Philological Association (APA). Le concept a été abordé par l'APA en 1980, mais le processus n'a été officiellement lancé qu'en 1988, date à laquelle il a reçu la bénédiction de Juliette Ernst. Les premiers résultats tangibles sont apparus en 1989 grâce aux travaux de la Base de Données de Bibliographie Classique (DCB) à New York. Au cours de ses dix-neuf années d'activité, la DCB a converti 63 volumes de l'APh, 1924-1992, à partir de la page imprimée pour aboutir à 765 700 données enregistrées. Les données rétrospectives ont été fusionnées avec les données nouvellement recueillies par la SIBC en 2002 et mises à disposition pour la première fois en ligne. La base de données commune a transformé la recherche en études classiques et préservera la valeur de L'APh pour les générations futures. Pedro Pablo FUENTES GONZÁLEZ : L'Année Philologique, une interlocutrice et un guide quasi centenaires de la communauté scientifique sur l'Antiquité gréco-latine L'Année Philologique invite à s'interroger sur les clés susceptibles d'expliquer pourquoi, depuis sa conception par J. Marouzeau dans les années 1920, elle bénéficie d'un si grand prestige auprès de la communauté scientifique qui travaille sur l'Antiquité gréco-latine et d'un si fort ascendant sur les chercheurs. Les efforts pour justifier l'entreprise s'avèrent de toute première importance, ainsi que ceux pour la doter d'un appui institutionnel, d'un fondement normatif et d'une structure de contrôle, dans un contexte devenu progressivement, surtout grâce à J. Ernst, de plus en plus international. Un autre aspect décisif de L'Année Philologique est son caractère encyclopédique, impliquant une organisation intégrale de l'information produite dans toutes les disciplines relatives à l'Antiquité et mettant en relief leur interdépendance. L'Année Philologique a vocation ainsi d'animer et de féconder les nouvelles recherches. Loin d'être un simple ouvrage de consultation, elle se veut un ouvrage de lecture et elle offre un modèle à suivre pour le chercheur : interdisciplinarité, refus de toute précipitation, clarté et souci de précision. Face aux défis de l'avenir, il est très important qu'elle soit capable de rester fidèle à ce rôle paradoxal d'ancilla scientiae dont l'autorité est reconnue par l'ensemble de la communauté scientifique des antiquisants. Antoine VIREDAZ : Rédiger une bibliographie critique et analytique de l'antiquité gréco-latine : objectifs de L'Année Philologique et méthodes de rédaction des notices bibliographiques Le présent article vise à illustrer les méthodes de travail employées par les équipes de L'Année Philologique (APh) pour atteindre les ambitieux objectifs de qualité poursuivis par cette bibliographie. Il est en outre montré quelles informations y sont collectées et comment elles le sont, afin d'aider le lectorat de L'APh à tirer le meilleur parti de cet outil. Chris VANDENBORRE : Bibliographies aujourd'hui : vestige du passé ou instrument de recherche pour l'avenir ? Se fondant sur des exemples concrets, cet article illustre les différences de résultats entre Google Scholar et L'Année Philologique. La question posée est de savoir si les bibliographies peuvent encore jouer un rôle pertinent dans un monde numérique qui contient des traces de presque toutes les publications. La deuxième partie met en relief une valeur ajoutée moins connue des bibliographies : les possibilités qu'elles ouvrent de recherches bibliométriques.

11/2022

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Littérature étrangère

L'Oeuvre de Dieu, la part du Diable

Le sixième roman de John Irving a pour cadre l'orphelinat de Saint Cloud's, au fin fond du Maine, et nous relate l'existence de ses pensionnaires pendant plus d'un demi-siècle. A commencer par Wilbur Larch, directeur de Saint Cloud's, gynécologue excentrique, qui a un faible pour l'éther. Aux yeux de nombre de femmes, un saint qui se sent investi d'une double mission : mettre au monde des enfants non désirés, et futurs orphelins - l'" œuvre de Dieu " -, interrompre dans l'illégalité des grossesses - l'" œuvre du Diable ". Peu à peu, entre le médecin et Homer Wells, un orphelin réfractaire à quatre tentatives d'adoption, vont se développer des relations et des sentiments qui ressemblent fort à ceux d'un père et d'un fils. Une fois de plus, l'auteur réussit à recréer un monde bien à lui, avec une histoire forte et des personnages désarmants, qui n'en finiront pas de nous hanter.

03/2000

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Poches Littérature internation

Treize histoires

La renommée de Faulkner romancier a trop souvent obscurci un aspect pourtant capital de l'œuvre de celui qui fut l'un des plus grands écrivains de notre siècle : les nouvelles. A ce titre, ce recueil, le premier qu'il publia aux Etats-Unis en septembre 1931, aussitôt après Sanctuaire, est particulièrement précieux. Dédié à sa femme et à son premier enfant qu'il devait perdre en bas âge, il comporte, entre autres, la plus célèbre nouvelle de Faulkner, Une rose pour Emily. On interprète généralement cette nouvelle comme une allégorie de la décadence, construite autour de la vie d'une vieille fille de Jefferson, Miss Emily Grierson. On peut voir dans ce texte une image de la séduction du Sud aristocratique (Miss Emily) par le Nord, vigoureux et entreprenant (Homer Barron). Une Rose pour Emily fut aussi, Septembre ardent, le premier texte de Faulkner à paraître en français, dans l'hiver 1931-1932.

10/1991

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Poésie

Psaumes pour conjurer la guerre. Edition bilingue français-espagnol

Laureano Albán est né en 1942 à Santa Cruz de Turrialba au Costa Rica. Parallèlement à une carrière diplomatique entre Madrid, New York et Israël, il poursuit une importante activité d'écrivain. Son oeuvre poétique, depuis Este hombre (1966) jusqu'à la volumineuse Enciclopedia de maravillas (1995-2010), compte une vingtaine d'ouvrages pour la plupart traduits en anglais et couronnés de nombreux prix. Habité par une puissante aspiration à un monde meilleur, Laureano Albán a toujours mis la poésie au service d'une mission humaniste et civilisatrice, s'engageant pour la paix, la justice et le respect des peuples ; s'attachant à donner voix aux cultures ancestrales et à leur héritage. Les Psaumes pour conjurer la guerre, au nombre de vingt-six, ont été écrits durant les années sanglantes de guerre en Amérique centrale. Ils sont dédiés à l'ancien président du Costa Rica, Oscar Arias Sánchez, ardent défenseur de la liberté et auteur d'un "plan de paix" pour réunir en une fraternité sûre et durable les différents pays qui la constituent.

06/2018

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Littérature étrangère

Vila Real

Un récit de veille d'armes, figé dans une étrange attente. La naissance de l'Iliade sur les terres de la misère brésilienne, quand les combattants ne sont pas des héros, mais des miséreux en marge de l'Histoire. Une épopée des hommes du «sertão» qui va mettre face à face deux troupes inégales : les errants dépossédés de leur sol, de leurs moyens d'existence, de leur vie, par le Droit de Propriété, et la phalange des représentants de ce droit. Vila Real, une étape royale, une bourgade fantomatique sur les terres du Nordeste, est soudain devenue le centre d'un de ces combats de survie. Les lieux, les gens sont bien réels : des paysans démunis devenus la proie des hommes d'une société minière dont le seul but est de faire place nette. Pour les victimes, c'est «la Caravane Mystérieuse» qui arrive - et dans ce nom, dans cette rumeur, entrent les dangers de l'histoire quotidienne du Brésil et la menace qui pèse, avec une force mythologique, sur cette région du précaire. Tout ce récit, comme ceux du cinéaste Glauber Rocha, se passe dans une zone immobile, comme restée en suspens. Le soleil y engendre des mirages, la faim des hallucinations, les mots des déshérités jamais ne s'ajustent à la rhétorique des spoliateurs. Le peuple, éternel et désorienté, s'en remet, comme dans toutes les légendes du sertão, à une grande figure, valeureuse et voyante : c'est, ici, Argemiro, l'incarnation de la Résistance. On ne connaîtra pas l'issue de l'affrontement. La légende, telle qu'on la rapporte aujourd'hui, a retenu seulement l'essentiel : les scènes esquissées, les vues parcellaires, les mots qui achoppent sur des liaisons difficiles à qui n'a pas la maîtrise du monde, les combats incertains de leur cible, l'obscure germination séculaire de la révolte, l'attente d'un peuple prêt à livrer sa bataille - et que guette la mort, peut-être une gloire lointaine.

02/1986

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Biographies

Amadis Jamyn. Un poète et savant champenois au temps des guerres de Religion. Suivi de 8 poèmes inédits de Ronsard

Amadis Jamyn a longtemps vécu aux côtés de Ronsard. Secrétaire de Charles IX puis d'Henri III, il fut une figure éminente de la littérature du XVIe siècle. De son vivant. Amadis Jamyn a connu la gloire. Ses poèmes d'amour distillent le carpe diem en "vers doux-coulants" à l'atmosphère très ronsardienne. Il a été le premier à donner une traduction de l'Iliade et du début de l'Odyssée en alexandrins, à partir du texte grec, un travail titanesque qui lui a valu l'admiration de ses contemporains. Il était écouté pour sa culture littéraire et scientifique, sollicité pour ses connaissances philosophiques qu'il exposait à l'Académie royale d'Henri III. Ecrivain officiel de la cour lettrée et raffinée des derniers Valois et de Catherine de Médicis, il a produit de nombreux poèmes de circonstance pour les fêtes et les réceptions royales, pour les mariages et les décès. Ses écrits contiennent de précieux témoignages sur la vie de la cour pendant les guerres de Religion avec son mélange dramatique d'inquiétude et de recherche du plaisir. Jamyn fait partie de cette génération qui n'a jamais connu de paix durable. Il clame sa souffrance des enfants massacrés, de son roi contesté et calomnié, de sa religion écartelée. Cette présentation d'Amadis Jamyn est émaillée de nombreux poèmes et textes qui illustrent ses qualités littéraires et qui révèlent un homme profondément humaniste, "considérant que nous ne sommes pas nés pour nous seulement mais aussi pour la patrye parents et amys". Amadis Jamyn a été l'objet de recherches, au XXe siècle, d'érudits étrangers. Le présent ouvrage se veut un jalon pour une re- connaissance prochaine d'Amadis Jamyn dans son pays. Pour l'entrée de Charles IX à Troyes en 1564, Ronsard aide son ami Passerat à rédiger des textes de bienvenue. Ces textes, restés anonymes, doivent être redonnés à leur auteur. Ils sont reproduits dans cet ouvrage.

06/2021

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 2, Volume 3, Ecrits philosophiques et politiques Vers la guerre (1937-1940), 2e édition

En 1937, Simone Weil lutte de toutes ses forces pour que les Européens "ne recommencent pas la guerre de Troie". Pourtant, la guerre est là en 1940 et, devant l'irréparable, elle se fonde sur l'Iliade pour analyser le mécanisme de la force meurtrière. Entre ces deux dates, une série d'articles, parus dans diverses revues, nous permet de suivre l'évolution de la philosophe qui la mène du pacifisme presque inconditionnel à l'acceptation d'un inévitable conflit. Et celle qui, en 1937, préfère la défaite à la guerre, reconnaît en 1940 que la France a le droit de combattre pour sa propre existence, justifiant ainsi l'accusation qu'elle se portera à elle-même de négligence criminelle à l'égard de sa patrie pour son soutien des milieux pacifistes d'avant 1939. Une telle évolution, si déchirante pour Simone Weil, s'accompagne naturellement de la profonde méditation qu'elle poursuit sur les problèmes coloniaux : ceux-ci l'obligent à contester, plus nettement encore en ce temps de guerre, le droit moral de la France à se réclamer des grands principes. L'affligeante constatation des bouleversements en cours pousse aussi Simone Weil à la recherche des origines de l'hitlérisme qu'elle rattache à l'Empire romain. La lucidité et le discernement de Simone Weil, penseur politique, sont tels que beaucoup des textes ici rassemblés frappent par leur actualité. Simone Fraisse en sa préface s'attache à préciser leur genèse et se plaît à souligner que, si l'on ne peut toujours prendre "à la lettre" les conclusions de Simone Weil, "on peut au moins prendre au sérieux l'intention qui l'a guidée : une attitude de soupçon à l'égard de l'histoire officielle et des idées reçues, une quête de la vérité cachée sous les images d'Épinal transmises par la tradition scolaire, et finalement une leçon d'histoire. Une leçon d'humanité aussi".

11/1989

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Proche-Orient

L'Epopée de Gilgames. Le grand homme qui ne voulait pas mourir

Vieille de quelque trente-cinq siècles et de loin antérieure à l'Iliade et au Mahâbhârata, l'Epopée de Gilgameš est la première œuvre littéraire connue à qui son ampleur, sa force, son souffle, sa hauteur de vision et de ton, l'éminent et l'universel de son propos aient valu, dans tout le Proche-Orient ancien, une célébrité millénaire et, dans notre jugement à nous, le titre d'"épopée". Elle conte l'histoire d'une grande amitié, source de surhumaines réussites, mais qui, tragiquement amputée par la mort, jette le survivant, le grand roi Gilgameš, dans une recherche désespérée, mais vaine, du moyen d'échapper au trépas. Sur ses tablettes d'argile, depuis qu'au propre berceau de l'assyriologie, voici moins de cent cinquante ans, on en avait retrouvé les premiers lambeaux, le texte de cette composition fascinante n'a cessé, d'année en année, de se compléter de trouvailles nouvelles, et de se mieux entendre, replanté dans son dense et profond humus culturel natif. Il fallait qu'un assyriologue, vieilli dans son métier, en mît au net la teneur la plus complète possible ; en revît la traduction, à la hauteur de son lyrisme auguste ; en expliquât, d'un mot, mais clairement, les exotismes, les silences et les subtilités, livrant ainsi au public de langue française démuni une édition à jour pour lui révéler au mieux de ce chef-d'œuvre admirable et presque secret. Son travail n'ouvre pas seulement une grand-porte dans les puissants remparts qui défendent l'altière civilisation mésopotamienne, notre plus vieille aïeule ; il permettra aussi d'y retrouver, dans un discours et un imaginaire pourtant bien loin des nôtres, deux ou trois grandes valeurs universelles de notre condition humaine, qui comptent toujours à nos yeux : le prix de l'Amitié, même si nous la savons périssable, comme tout, ici-bas ; et le sens de la Vie, même si elle ne nous est accordée que pour se trouver, elle aussi, trop vite effacée par la Mort.

10/1992

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Littérature française

Retour à Ithaque

A la fin de L'Odyssée, Ulysse, revenu à Ithaque, enfin reconnu par tous les siens, semble près "de goûter le plus doux des sommeils" en compagnie de Pénélope, mais non ; le voici contraint d'avouer à sa patiente épouse que, selon la prédiction du devin Tirésias, il doit subir une dernière et longue épreuve : courir le monde avec une rame polie jusqu'au moment où un passant, croisé dans le pays des gens qui ne connaissent pas la mer et ne mettent pas de sel dans leurs aliments, lui demandera pourquoi il porte ce battoir à paille sur l'épaule. Alors seulement, ayant planté sa rame à terre et sacrifié aux dieux, il connaîtra la plus douce des morts qui viendra le prendre au terme d'une heureuse vieillesse. Cette rame évoquée par Homère est devenue la mienne, présente et invisible sur mon épaule, depuis que j'ai quitté le jardin d'enfance pour labourer la planète. De temps à autre je la change de côté – personne encore ne m'a demandé pourquoi je portais ce battoir à paille – et j'essaie de me convaincre qu'il faut imaginer Ulysse heureux. Il faut l'imaginer aussi occupé sans cesse à inventer sa vie, laquelle est sa création même. Une certaine sagesse s'installe. Bientôt je serai en route vers de nouveaux territoires où l'entretemps, ce soleil du présent, n'existe que si on le nourrit. Comme Ulysse, je n'en finirai jamais de regagner Ithaque. Mais où est la véritable Ithaque ?

06/2019

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Littérature française

Petites fables affables... des champs d'en face

Pourquoi, nous direz-vous, alors que de Grands Anciens se sont illustrés à produire d’inoubliables fables s’engager dans cette voie apparemment sans issue ? D’abord, parce que rien n’est plus ridicule que de vouloir interdire un genre du moment où il a produit des chefs-d’oeuvre. On a fait des poèmes après Homère, des tableaux après Raphaël, et nous ne sommes pas fâchés que l’on fasse des comédies et des tragédies après Molière et Racine. Sans sortir de l’apologue, nous sommes bien forcés de convenir qu’on a fait des fables charmantes depuis La Fontaine, et que plusieurs fables de La Fontaine ne sont pas dignes de lui comme l’écrivait François-Benoît Hoffman (Fables russes). Ensuite car cette littérature, hélas tombée en désuétude ou dans le cartable de nos chers bambins, a toujours été des plus prisées. Esprit faible ou forte tête, qui n’aime voir ici les petits travers de son prochain ou entrevoir là les gros défauts de ses proches dans des récits moins édifiants que clairvoyants, plus plaisants que méchants ? Critiques bon enfant produites par de sales gosses, ces contes courants, souvent animaliers mais jamais bêtes, patinés par une langue vieillie, riche de mots d’hier et parfois de la veille, ne sont ni infantiles ni puérils. Ils composent, une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l’univers (Jean de La Fontaine, Le bûcheron et Mercure) car sous la métaphore perce l’éternel et point l’universel.

11/2019

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Sources chrétiennes

Lettre sur l'âme. Lettre sur le canon de la messe

Un Anglais sur le continent. Abbé cistercien en relation avec les milieux intellectuels et spirituels de son époque. Isaac nous offre ici une réflexion profonde sur l'âme et la liturgie. Une spiritualité savante et vivante. La Lettre sur l'? âme, qui traite de l'? âme et de ses puissances, est écrite vers 1162. Le texte se structure autour de plusieurs subdivisions des puissances de l'? âme et propose un parcours ascensionnel, des réalités corporelles jusqu'à Dieu lui-même. Dans cette ascension, l'âme s'approche de plus en plus des réalités spirituelles : l'intelligence, enfin, connaît Dieu, " le pur incorporel ", par illumination de la grâce et participation. Il y a donc un ordre des choses qui se développe par degrés liés entre eux comme par la chaîne d'or d'Homère, suspendue entre ciel et terre, ou l'échelle rêvée par Jacob, s'élevant de la terre au ciel. La Lettre sur le canon de la messe a été rédigée entre 1162 et 1167. A partir d'une interprétation allégorique des trois autels de la Lettre aux Hébreux et des trois types de sacrifices, Isaac expose la progression du coeur humain de l'? extérieur vers l'? intérieur. Cette progression ne concerne pas seulement l'? individu, mais l'Eglise tout entière. S'agissant du Canon Missae, il dégage à nouveau trois actions, correspondant aux trois états de celui qui les accomplit : la servitude, la liberté et l'? union, qui suivent la même progression que les trois autels, mais à un plus haut niveau.

11/2022

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Beaux arts

Le désir et les dieux

La mythologie gréco-romaine a été une source d'inspiration inépuisable pour les artistes. La redécouverte au XVe siècle de l'Antiquité et de son héritage, après une rupture longue et profonde, permet la renaissance de cet univers avec ses héros, ses récits épiques et ses histoires de désir et d'amour entre dieux et mortels, que Titien, Poussin, Tintoret ou Rembrandt vont s'attacher à explorer. Comment ne pas comprendre l'enthousiasme des artistes, enfin libres avec leurs pinceaux et leurs couleurs, lorsque les mots d'Homère ou Ovide dessinent les mouvements d'une pulsion, le jeu des regards, la force érotique d'un corps, accompagnés de l'apparition naturelle du fantastique. Mais quand les peintres traduisent les poètes, les trahisons abondent. Faux-sens et contresens nourrissent leurs créations. Si l'érudition de Botticelli est sans faille, Corrège se révèle désinvolte en dédaignant superbement le texte d'Ovide, lorsqu'il s'intéresse au récit de Jupiter et Io. Où a-t-il vu que Jupiter se transformait en nuage pour séduire Io ? Corrège invente ainsi une métamorphose supplémentaire à Ovide, avec une liberté que le poète latin ne peut se permettre. En interprétant les amours des dieux, les artistes découvrent aussi la liberté que recèle l'acte de créer. Le présent ouvrage se propose de revisiter la mythologie au travers de la mise en parallèle des récits passionnés des amours divines et des oeuvres, peintes ou sculptées, que ce mariage du ciel et de la terre a inspirées aux artistes.

10/2014

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Philosophie

Penser entre les langues

"Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette synthèse nouvelle et voulurent incarner, par anticipation, l'Européen de l'avenir", écrit Nietzsche en 18 85. C'est à cette tâche qu'Heinz Vismann s'est consacré en interrogeant les traditions intellectuelles qui, dans leurs différences et leurs contradictions, constituent la culture philosophique et scientifique contemporaine. Depuis plus de trente ans, dans ses différentes fonctions - enseignement, édition, conseiller au ministère de la Recherche, etc. -, Wismaumi a joué en France un rôle décisif dans la vie culturelle et intellectuelle, où il s'est attaché à transmettre et à reconstruire des traditions à l'époque oubliées : les présocratiques (1 léraclite), l'idéalisme allemand (Cassirer, Benjamin), etc. I :intérét de son parcours intellectuel est indissociable de sa fréquentation de tous les milieux culturels, savants, politiques, tant français qu'européens. Ce livre écrit connue mie conversation, s'appuyant sur le récit d'une vie, tait de digressions opportunistes, de répétitions, de fulgurances et de ruptures, plaide tout entier pour une pensée jamais arrêtée, jamais cantonnée dans une limite.. la fois livre de philosophie et témoignage, on retrouve dans ces pages si généreusement disparates toute la rigueur et l'exigence morale d'un grand humaniste. D'Homère à Nietzsche, de Platon à Kant, de la philologie à la musique, de la langue au texte, c'est ce tissage de la pensée qui Heinz Wismauur évoque avec un savoir et un talent exceptionnels.

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Tome 5, 2e partie, Cratyle, Edition bilingue français-grec ancien

Il n'est pas de dialogue de Platon qui ait suscité chez les modernes plus de discussions que Cratyle. Quel est le but de ce dialogue ? Quelle conception de langage en découle ? Contre quelles écoles le texte s'érige-t-il ? Autant de questions qui divisent la critique et rendent la lecture de ce dialogue passionnante. Cratyle à l'image du langage dont il traite est inépuisable et se termine justement par la promesse d'un nouvel entretien entre les trois protagonistes Socrate, Hermogène et Cratyle, disciple d'Héraclite qui fut sans doute l'un des maîtres de Platon. Y a-t-il une justesse des noms comme le soutient Cratyle ou bien le langage est-il une convention arbitraire ? Socrate devrait trancher, mais préfère éviter le dogmatisme et se contente de montrer les apories des deux théories, usant en maître des armes du langage, depuis les étymologies jusqu'à la parodie en passant par l'ironie. Notre édition présente à part ce dialogue particulièrement riche tant sur le plan littéraire que sur le plan philosophique. La notice introductive propose un résumé général du propos, nourrie de judicieuses pistes de lecture. Les protagonistes et leurs "modèles" historiques vraisemblables sont analysés, tandis que le dialogue est ressaisi sur la pensée de Platon. Les hypothèses sur la datation sont discutées et argumentées. Le dialogue se situerait entre Le Banquet et Euthydème, c'est-à-dire entre 386 et 385. Les nombreuses allusions littéraires, à Homère notamment, sont expliquées et développées. Des notes éclairent la lecture.

01/2000

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Poésie

Fortune

Fortune n'est pas un simple recueil de poèmes, mais plutôt une "suite" ou un ensemble de "variations" au même titre que les deux précédents ouvrages de l'auteur. Ici, une narration fragmentée reprend une traversée ferroviaire d'un personnage, Etienne, surnommé "Leblanc" , d'une côte à une autre, d'une mer à une autre. Ce qu'il perçoit ainsi que ce qu'il a laissé, ce qui le traverse dans les instants de torpeur ainsi que ce qu'il projette pour son arrivée influent musicalement sur la composition du livre aussi bien que sur ses rythmes. Par ailleurs, ce dernier opus prend ses distances avec les précédents qui s'inscrivaient tous dans la composition et le prolongement des Motets de l'auteur - ne serait-ce que par la récurrence des personnages. Un lien demeure toutefois avec son dernier, Variations de Jan, en ce que la Guerre de Troie en constitue l'arrière-plan lancinant. L'histoire fait retour sans cesse, percutant l'intime et provoquant les heurts métriques, ses syncopes, autant que l'allongement du vers parfois quand il s'agit de faire retour, ou tenter une synthèse de cette multiplicité d'approches. Les échos sont multiples : Conrad et Joyce, Maïakovski et Khlebnikov, Henry James et Homère. Mais surtout, les temps présents - avec leurs révoltes, leurs exils et leurs luttes - agitent un corps entre précipitation (panique) et méditation (pensée). Sans trame narrative, sans les sens sollicités sans cesse et sans l'invention en chemin, ce qui s'approche ici de l'élégie ne semblerait pouvoir trouver de voix chez cet auteur.

10/2022

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Littérature Espagnole

Le monarque des ombres

Un jeune homme pur et courageux, mort au combat pour une cause mauvaise (la lutte du franquisme contre la République espagnole), peut-il devenir, quoique s'en défende l'auteur, le héros du livre qu'il doit écrire ? Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l'Ebre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacrifice, fera désormais figure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d'Estrémadure où il a grandi. La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profondément encombrante, dans la conscience de l'écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la fin est digne de celle d'Achille, chantée par Homère - mais Achille dans l'Odyssée se lamentera de n'être plus que le "monarque des ombres" et enviera Ulysse d'avoir sagement regagné ses pénates. Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convictions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la fiction ? L'immense écrivain qu'est Javier Cercas affronte ici ses propres résistances pour mettre au jour l'existence du héros fourvoyé, cet ange maudit et souverain dont il n'a cessé, dans toute son oeuvre, de défier la présence.

08/2018

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Biographies

Philippe Jaccottet

Ce poète vaudois, entré de son vivant dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque de la Pléiade, installé à Grignan depuis 1953, pressenti plusieurs fois pour le prix Nobel, mérite absolument d'être relu. La violence de l'histoire inquiète ; les progrès techniques ont aussi conduit à une perte de substance et à un défaut d'être ; les personnes que nous aimons meurent, et préfigurent notre propre mort. " Et, néanmoins ", pour reprendre un titre du poète, Jaccottet marche, oublieux de lui-même, à travers des paysages dont il goûte la beauté, pour retrouver ensuite son émotion de marcheur devant les tableaux des peintres ou dans la poésie de tous les temps. Et finalement, notre personne oubliée, n'est-ce pas la permanence de cette beauté éphémère et la permanence de notre émerveillement qui demeurent ? Un rapport apaisé au monde est possible à condition de se détourner du moi singulier. L'oeuvre de Philippe Jaccottet, né en 1925, est dense et vaste : elle comprend de la poésie, des proses, des critiques et une correspondance riche. Et son travail de traducteur, considérable, a marqué son époque : d'Homère à Cassola, en passant par Goethe, Hölderlin, Leopardi, Mann, Musil, Ungaretti ou Rilke. La collection Presto remet dans la lumière des personnages ou des thèmes suisses, illustres ou méconnus. Son ambition ? Offrir la synthèse la plus efficace possible (d'où le nom de la collection) sur les sujets les plus divers, mais en visant le public le plus large possible. Tous les titres ne compteront que 64 pages, avec les illustrations.

06/2024

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Urbanisme

Barzakh ou l'entre deux mondes. L'imaginal de la Médina de Tunis

Ce livre se veut une exploration des pratiques de l'habiter au sein de la Médina de Tunis. En effet, il nous révèle que ces pratiques quotidiennes ont pour support l'espace architectural, des lieux physiquement et matériellement définis. Mais nous supposons que, grâce à l'imagination créatrice, un dédoublement de ces lieux s'opère. Ce dédoublement se produit par le biais d'un modèle imaginal qui influence au quotidien toutes les pratiques sociales et spatiales. Ce modèle imaginal est le point de confluence, le Barzakh, des systèmes de représentations symboliques, de la vision du monde, de la cosmogonie, du religieux, etc. Afin de décrire ce qui est entendu par l'imaginal en terre d'Islam, Gilbert Durand emploie les termes suivants : "la culture islamique, où depuis treize siècles l'imaginaire est placé au centre, au carrefour où s'échangent le sensible et le sens". A ses yeux, toute la pensée musulmane repose sur ce lieu médian où l'âme puise le sens qui ordonne les choses. Ce lieu privilégié, couramment nommé par les mystiques de l'Islam alam al-mithal, est le monde des révélations spirituelles, et toute image, tout symbole, gravite autour de ce monde intermédiaire. Mircea Eliade qualifie le profil similaire de l'habitant de la Médina d'homo religiosus. Il considère que le propre de ce profil - proche de la philosophie platonicienne - c'est qu'il appuie le moindre de ses actes sur une Idée transcendante, dont la pérennité lui garantit l'"efficacité".

06/2021