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Clélia Lacam

Extraits

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Psychologie, psychanalyse

Les archétypes de l'inconscient collectif. Une relecture de Jung

Jung a décrit les archétypes comme les énergies de base de l'inconscient collectif de l'humanité, énergies collectives, transhistoriques, transculturelles, transindividuelles. Dans notre psyché, ils sont les matériaux de la création de conscience et donc de l'évolution de l'humanité. Mais en même temps, ils sont de redoutables facteurs d'indifférenciation et de dissolution des individus. Ils sont affectés par des pathologies qui remontent à l'origine de l'humanité et qui sont la vraie cause des souffrances et aliénations des individus et des peuples. Pour Jung, cette psychopathologie des archétypes prime sur la psychopathologie des personnes, et définit en quelque sorte les maladies psychiques collectives de l'humanité. Mais il a aussi montré que chaque archétype n'existe pas séparément des autres dans l'inconscient. Ils sont tous traversés et réunis par le Soi, "pulsion du mariage intérieur", qui oeuvre à leur guérison au coeur de l'inconscient. Sur le modèle du "retour à Freud" développé par Lacan, Pierre Trigano propose ici un retour à Jung, en dégageant dans ses textes la centralité essentielle de sa découverte du Soi comme source transcendante de toute thérapie. Il montre ainsi que la recherche de guérison psychologique des individus est vaine si elle ne se fonde pas d'abord sur le travail intérieur du Soi pour guérir les archétypes. Et ceci implique de mettre l'analyse des rêves au centre du processus psychanalytique.

10/2020

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Psychologie, psychanalyse

Femmes de l'âme. Les pionnières de la psychanalyse

Les femmes aussi ont fait la psychanalyse. Disciples de la cause freudienne, elles ont largement participé, souvent au péril de leur réputation voire de leur vie, à faire évoluer les théories qu'élaboraient alors Freud à Vienne, Jung à Zurich, avant Lacan à Paris. Alors que les femmes partout en Europe se mobilisaient pour la cause féminine, les pionnières de la psychanalyse jetèrent un regard nouveau sur la sexualité et l'inconscient féminins, et pensèrent la femme comme un être libre et l'enfant comme un petit d'homme. Si la psychanalyse est d'origine germanique, ces premières analystes prouvent déjà la porosité des frontières et le partage multiculturel des idées ; de Vienne à Zurich, de Berlin à Paris, elles sont en Europe les passeuses d'une science encore controversée, telles Lou Andreas-Salomé, Eugénia Sokolnicka, Sophie Morgenstern, Helene Deutsch ou encore Anna Freud. Toutes ont subi les aléas de l'Histoire. Certaines en sont mortes : Sabina Spielrein et Margarethe Hilferding ont péri sous le joug nazi, Hermine von Hug-Hellmuth fut assassinée, tandis que Tatiana Rosenthal, Eugénia Sokolnicka et Sophie Morgenstern ont mis fin à leurs jours. D'autres - Marie Bonaparte, Melanie Klein, Françoise Dolto - n'ont jamais dévié de leur but : la médecine de l'âme. Un bel hommage à ces femmes du XXe siècle, sans lesquelles celles d'aujourd'hui n'auraient pas gagné le droit de penser autrement.

09/2015

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Religion

Dieu, un pur rien. Angelus Silesius - Poésie, métaphysique et mystique

Au milieu du XVIIe siècle, dans un monde germanique déchiré par les guerres et les luttes religieuses, Johannes Scheffler, un jeune protestant lecteur des mystiques médiévaux et modernes, de maître Eckhart, de Jacob Boehme et de Jean de la Croix, publie un recueil de distiques et de quatrains, Le Pèlerin chérubinique, sous le nom d'Angelus Silesius. Une méditation assidue des textes et la fréquentation de contemporains d'une intense spiritualité le portent à sonder les mystères de la religion et de la philosophie, l'être, l'essence, la Déité, le néant, l'abandon. Son écriture, caractéristique de l'âge baroque, lui permet d'atteindre, grâce à la poésie, les limites des orthodoxies et même de la pensée. Ces poèmes, défi aux philosophes et aux poètes, ne cesseront d'inspirer des lecteurs assidus : de Leibniz à Schopenhauer, de Heidegger à Roger Munier, de Maurice Blanchot à Lacan et à Derrida, nombreux sont ceux qui liront Le Pèlerin chérubinique. A partir de cette lecture, ils se découvriront eux-mêmes, n'hésitant pas à trouver dans ces vers l'écho rétrospectif de leur modernité. A propos d'un vers célèbre de Gertrude Stein, "Rose is a rose is a rose is a rose", et de "La rose est sans pourquoi" de Heidegger, Blanchot se souvient du début du distique d'Angelus Silesius : "La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit, Elle n'a souci d'elle-même, ne demande pas si on la voit."

02/2019

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Sociologie

Histoire du structuralisme. Tome 1, Le champ du signe 1945-1966

La grande période structuraliste, qui prend son essor après la Seconde Guerre mondiale, fut celle des maîtres penseurs. Elle a instauré un nouveau regard posé sur une modernité désenchantée en privilégiant à la fois le caractère inconscient des phénomènes sociaux et le signe aux dépens du sens. De Claude Lévi-Strauss et Roman Jakobson à Michel Foucault, de Louis Althusser et Georges Dumézil à Roland Barthes, en passant par Jacques Lacan ou Jacques Derrida, François Dosse en retrace ici les enjeux théoriques, institutionnels et existentiels. Il distingue deux grandes périodes : celle de la montée vers cet apogée que fut l'année 1966, objet de ce premier tome, et celle du déclin, à partir de 1967, dans le second. Mais cette histoire n'est pas celle d'idées désincarnées. Elle est l'histoire de toute une génération intellectuelle, dont l'auteur a recueilli les témoignages en interrogeant plus d'une centaine d'acteurs des diverses disciplines des sciences humaines. Ce passionnant voyage au coeur du structuralisme permet de suivre les cheminements intellectuels des grandes figures de l'époque, et de leurs nombreux disciples. Il offre ainsi au lecteur un très utile guide intellectuel pour se repérer dans l'extraordinaire foisonnement pluridisciplinaire de ces années-là et pour comprendre, au-delà de l'échec du programme structuraliste, le rôle que continuent à jouer ces travaux dans le processus de recomposition des sciences humaines et sociales toujours en cours depuis lors.

10/2012

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Philosophie

Le moi et la chair. Introduction à l'ego-analyse

Notre moi n'est-il qu'une illusion, une simple apparence produite par une réalité étrangère ? Est-il la principale source de la violence et de l'injustice ? Ce sont ces préjugés aujourd'hui dominants que ce livre remet en question, en distinguant du moi narcissique et aliéné le moi vrai. Il est temps d'en finir avec cette destruction de l'ego, cet égicide qui règne sur la philosophie contemporaine, la psychanalyse et les sciences humaines. La critique de deux maîtres-égicides, Heidegger et Lacan, est le point de départ de ce livre. Mais cette critique ne suffit pas c'est une pensée neuve de l'ego qu'il s'agit de fonder, une ego analyse. Ce qui demande d'abord de relire ce philosophe décrié, Descartes, qui avait découvert cette vérité absolue que je suis. Dans la dernière partie du livre, nous approchons de cet inconnu qui est moi. Nous y découvrons un moi chair divisé et précaire qui s'efforce de s'unir à lui-même et de se donner un corps, mais se heurte toujours à la hantise d'un restant. Nous pouvons alors aborder l'énigme de la rencontre d'autrui, celles du passage de la haine à l'amour, de la mort et de la résurrection du moi. Nous commençons enfin à comprendre quelle est l'origine de notre aliénation, et à entrevoir le chemin de notre délivrance.

10/2006

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Sociologie

Antigone encore les femmes et la loi

Suivant le fil des questions posées par Virginia Woolf dans Trois Guinées, Françoise Duroux découvre ici une Antigone non pas "contre" la loi, mais "obstinée à découvrir la loi" — la Loi universelle qui rend tous les humains égaux devant la mort, celle qui ne confondant pas justice d'en haut et justice d'en bas constitue sans doute la condition de la citoyenneté effective de tous les humains, hommes et femmes. Il s'agit ici de l'Antigone de Sophocle et des lectures multiples et contradictoires qu'en ont données Anouilh (qui la voyait fasciste), Brecht (qui la voulait rebelle) Goethe et Lacan après lui (qui la campent en "hérault" d'une éthique dont le pouvoir ne saurait satisfaire les exigences). Or, soutient Françoise Duroux, ce qui est ici en question c'est la différence des sexes, le partage entre hommes et femmes, et pour finir l'impossible inscription d'une position féminine dans les réalités de la construction et de l'exercice du politique. L'"obstination" d'Antigone, son désir et sa volonté, l'auteur les retrouve notamment dans leurs aléas tragiques et historiques, chez la Camille d'Horace, chez Théroigne de Méricourt, chez les Mères de la place de Mai qui manifestent à Buenos Aires. Autant de cas où l'enjeu est chaque fois de réintégrer dans le champ du politique quelque chose "du féminin." susceptible de déplacer le cadre biologique, naturaliste, de passer de la loi du genos à celle de la philia.

10/1993

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Psychologie, psychanalyse

Vieillir aujourd'hui. Perspectives cliniques et politiques

Qu'est-ce que vieillir aujourd'hui ? La question du vieillissement est actuellement traitée partout, dans toutes les disciplines que regroupent les sciences humaines, qui tentent de montrer comment bien vieillir d'une part et comment "bientraiter" les personnes âgées d'autre part. Qui sont ces personnes dites "âgées" et à quoi sont-elles confrontées ? Les psychanalystes, qui se confrontent au réel du vieillissement, auprès des personnes âgées elles-mêmes ou des professionnels qui travaillent auprès d'elles, dans leur cabinet ou en institution, se décalent de toute position d'expert, faisant le pari d'un sujet vieillissant toujours aux prises avec son inconscient et son désir. Au-delà d'un abord strictement déficitaire, nous montrons que le vieillissement est avant tout une expérience subjective. Chacun trouve ses solutions pour faire face aux difficultés liées à l'âge, et au dévoilement du réel du corps et de la mort. Si le sujet de la psychanalyse n'a pas d'âge, que le désir est intemporel, le corps, lui, est soumis au temps qui passe, et des remaniements psychiques s'en déduisent. Cet ouvrage interroge la psychanalyse, telle que théorisée par Freud et par Lacan, et montre de manière inédite comment elle s'articule au discours d'autres disciplines telles que la sociologie, la médecine, la philosophie, les neurosciences, la littérature, et ouvre à de nouvelles perspectives sur les vieillesses du XXIe siècle.

02/2019

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Psychologie, psychanalyse

La détresse, aux sources de l'éthique

L’expérience de la souffrance semble de celles qui, comme la faim, sont immédiatement données. Freud montre au contraire dans Esquisse pour une psychologie scientifique (1895) que l’accès à un tel éprouvé, qui s’ouvre sur l’émotion qualifiée de « souffrance », ne peut avoir lieu sans « l’être proche », qui reconnaît cette souffrance. Ainsi, c’est l’exigence éthique de l’attention portée à l’être souffrant qui rend possible l’expérience de la souffrance, c'est-à-dire sa reconnaissance et sa verbalisation éventuelle. Sans l’être proche, l’état de détresse, qui correspond à l’expérience originaire du réel, déboucherait sur une anesthésie hébétée, tels l’hospitalisme ou certains états psychotiques. Les conséquences de cette analyse sont considérables :le psychisme est un ensemble de processus de structuration rendant nécessaire la présence de l’autre, ce que l’on sait bien depuis Lacan, mais qui est souvent négligé dans l’apport qu’on attribue à Freud ; l’autre apparaît dans une dualité dramatique, puisqu’étant celui qui peut reconnaître et éventuellement réparer la souffrance, il est aussi celui qui peut renier l’enfant quand il répond à sa souffrance par un cri de détresse ; enfin, l’expérience de la souffrance place le jeune enfant au seuil du jugement (c’est à partir de la dualité première où plonge la souffrance que se construit la possibilité de l’attribution, du jugement).

04/2011

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Revues de psychanalyse

Afp 29

Lacan a mis en relation les concepts freudiens du refoulement, de la condensation et de la dénégation avec les trois passions de l'être que ce sont l'amour et sa métaphore, la haine et sa volonté de néantisation et l'ignorance pour n'en rien vouloir savoir et continuer à jouir. Ainsi aux côtés de la haine et de l'amour, il y a l'ignorance : triptyque passionnel dans lequel le sujet se réalise. Mais que réalise-t-il si ce n'est l'écart avec son propre inconscient ? La passion de l'ignorance renvoie donc le sujet à un "ne rien vouloir savoir". La pandémie de la Covid 19 n'a-t-elle pas mis en exergue cette passion alors que, le réel de la mort venait frappe chacun aux portes de son propre inconscient ? Il s'agit dès lors de croire qu'il y a quelque chose là où il n'y a rien. C'est la question du semblant, du déni ou du délire qui est posée ici ou bien aussi celle du recours à un dogme religieux, croire qu'il y a du tout, que la religion ou la science peut tout expliquer (ce qui a été mis en échec lors de la pandémie). L'analyste quant à lui doit être animé d'une "docte ignorance" , afin de soutenir la capacité du sujet à rencontrer son propre savoir inconscient, c'est même un principe d'ouverture au transfert.

10/2022

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Sociologie

Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l'identité

Dans cet ouvrage majeur publié en 1990 aux Etats-Unis, la philosophe Judith Butler invite à penser le trouble qui perturbe le genre pour définir une politique féministe sans le fondement d'une identité stable. Ce livre désormais classique pour les recherches sur le genre, aussi bien que les études gaies et lesbiennes, est au principe de la théorie et de la politique queer : non pas solidifier la communauté d'une contre-culture, mais bousculer l'hétérosexualité obligatoire en la dénaturalisant. Il ne s'agit pas d'inversion, mais de subversion. Judith Butler localise les failles qui manifestent à la marge le dérèglement plus général de ce régime de pouvoir. En même temps, elle soumet à la question les injonctions normatives qui constituent les sujets sexuels. Jamais nous ne parvenons à nous conformer tout à fait aux normes : entre genre et sexualité, il y a toujours du jeu. Le pouvoir ne se contente pas de réprimer ; il ouvre en retour, dans ce jeu performatif, la possibilité d'inventer de nouvelles formations du sujet. La philosophe relit Michel Foucault, Sigmund Freud, Jacques Lacan et Claude Lévi-Strauss, mais aussi Simone de Beauvoir, Luce Irigaray, Julia Kristeva et Monique Wittig, afin de penser, avec et contre eux, sexe, genre et sexualité - nos désirs et nos plaisirs. Pour jeter le trouble dans la pensée, Judith Butler donne à voir le trouble qui est déjà dans nos vies.

11/2006

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Littérature française

La mémoire de l'iceberg

" Tout simplement, je voudrais écrire ces longues années de 1965 à 2005, ces quarante ans de vie parisienne, studieuse et approximative. Dire le déroulement, sans heurts ? Impossible. Les souvenirs sont comme des icebergs disloqués, ils flottent au gré des courants, puis disparaissent. " Témoin privilégié du monde des lettres, romancier, critique, André Rollin avait la matière de mémoires fourmillant d'anecdotes et de révélations : son récit est plutôt l'aveu d'un désarroi. La Mémoire de l'iceberg est un livre douloureux sur l'écriture, ses procédures, ses impasses et ses pièges. L'auteur déambule dans le paysage brouillé de ses souvenirs : des jésuites - il fut à son arrivée à Paris secrétaire de rédaction de la revue Etudes - au Canard enchaîné, aucun événement saillant ne paraît émerger. On croise pourtant dans ces pages Lacan, Sartre, mai 1968, les années 1970, des livres, des silhouettes, célèbres ou anonymes... Promeneur désabusé, " Rollin seul " à Paris, l'année où Satisfaction des Rolling Stones fait fureur, dit le monde qui se défait pendant sa " quarantaine " : de ce pays aphone, de ces politiciens fantoches, de cette société qui entre émeutes et conflits sociaux se délite, le mode épique ne peut rendre compte. Et c'est finalement comme à l'insu du lecteur que l'écrivain dessine un portrait en creux de ces années-là et de lui-même. Alors qu'il reste dans l'ombre, son humour narquois et son élégance font merveille pour restituer le parfum d'une époque, la nôtre.

01/2007

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Psychologie, psychanalyse

Pourquoi la psychanalyse est une science. Freud épistémologue

Le statut scientifique de la psychanalyse est aujourd'hui contesté, tant par l'opinion commune et le législateur que par les institutions de recherche ou de soin, qui y voient une "croyance" du siècle dernier. Le projet de ce livre est de revenir à l'acte fondateur qui a fait passer le scientifique Freud, par "amour de la vérité", de la médecine à la science analytique. On y découvre que la psychanalyse, à partir de son dispositif et de sa méthode, construit un objet qui lui est propre, rend compte d'un "réel" extérieur à l'ordre de la parole qui est le sien. De ce "réel" en cause dans les symptômes, elle fait vérité : celle de l'excitation pulsionnelle. Ce repérage offre au patient de pouvoir se confronter, à travers l'acte de dire, à ce point de vérité qui lui échappe, d'en tirer un savoir et d'inventer un rapport possible à ce qui chez lui fait malaise : autant d'opérations que ne permettent ni la médicamentation, ni les psychothérapies non analytiques. Mais si la scientificité de la psychanalyse lui confère titre et statut dans le champ des savoirs, elle l'oblige. N'est-il pas exigible, aujourd'hui, que les analystes remettent ce "réel" au centre de leur clinique ? Le discours analytique se séparerait alors de l'érudition savante et renouerait - à l'instar de Freud et de Lacan - avec le courage de l'ignorance, qui est le propre de toute démarche scientifique.

04/2015

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Psychologie, psychanalyse

La pulsion est turbulente comme le langage. Essaus de psychanalse chaotique

A partir des derniers développements de l'enseignement de J. Lacan, Roberto Harari pousse encore plus loin la tâche d'en définir la portée théorique et clinique, dans la perspective de la transdiscipline connue sous le nom de chaologie. Il continue ainsi à construire les bases d'une psychanalyse chaotique où trouvent leur compte ce qui n'est pas linéaire mais local, le hasard et l'imprédictibilité, ainsi que le désordre et ses nouvelles configurations, parmi d'autres notions non moins décisives. Pour ce faire, l'auteur étudie les implications entraînées par la logique des nœuds, il abonde dans la notion de clinamen (qu'il reprend aux sources de la pensée pré-socratique) et propose une nouvelle formulation de l'amour et de la jouissance. Il ne se prive pas d'inclure une scène anticipatoire de la position de l'analyste en 2050 (par le biais d'une brève fiction narrative). Il y ajoute un essai surprenant sur l'oubli auquel succède, à l'appui d'un cas clinique, une intellection de l'hystérie qui subvertit l'optique conceptuelle traditionnelle. En prenant comme point de départ l'assertion devenue classique du lacanisme selon laquelle l'inconscient est structuré comme un langage, Harari en propose une mise en cause dont le pari, original, se condense dans l'aphorisme qui, en donnant son titre à l'ouvrage, en résume le parcours : La pulsion est turbulente comme le langage.

11/2005

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Psychologie, psychanalyse

Freud et les Berlinois. Du congrès de Budapest à l'Institut de Berlin (1918-1933)

En 1918, à Budapest, Freud affirma la nécessité de créer des centres psychanalytiques pour traiter gratuitement les plus démunis. Quels étaient les enjeux de cette application de la psychanalyse aux masses ? Ce discours de Freud orienta l'action des psychanalystes européens pendant la République de Weimar avec la création de la première policlinique psychanalytique à Berlin en 1920, bientôt suivie par la mise à disposition d'un institut destiné aux analystes en formation. Centre mondial de la psychanalyse au cours des années 1920, les principaux standards de la cure-type et de la formation des analystes y furent progressivement mis au point. Lorsque les nazis accédèrent au pouvoir en Allemagne en 1933, Freud ne voulut pas quitter Vienne et s'opposa à la fermeture de l'Institut de Berlin. L'interdiction de la psychanalyse, que Freud redoutait tant, eut été moins tragique que la possibilité, offerte à certains analystes aryens, de tirer profit de la ségrégation à l'encontre de leurs collègues juifs. Dans les années brunes, le paradigme de la psychanalyse pour tous devint intenable. Il apparaît enfin que la perspective de la disparition de Sigmund Freud suscita une série d'effets marqués par l'irruption d'un style surmoïque d'organisation. La formation des psychanalystes fut organisée et pensée à partir de ce modèle berlinois. La liberté avec laquelle Freud pensait et travaillait fut oubliée. Le retour à Freud de Lacan rompit avec ce dogmatisme pour faire place à la logique et à l'invention.

01/2013

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Psychologie, psychanalyse

Clinique et politique de la douleur

De quoi la douleur est-elle faite ? Est-elle un signal ? Une émotion ou une sensation ? Est-elle un symptôme à déchiffrer ou est-elle une écriture, un hiéroglyphe ? Ce sont autant de questions qui seront explorées à partir d'un détour par l'histoire de la douleur en médecine et éclairées par les apports freudiens et lacaniens. Psychologue clinicienne de formation psychanalytique, exerçant depuis 20 ans dans un Centre d'Evaluation et de Traitement de la Douleur (C.E.T.D.), l'auteure constate que la douleur chronique met en difficulté tous les professionnels qui en ont la charge et que l'offre considérable de thérapeutiques proposées est incapable de résoudre. Cet ouvrage rend compte, d'une part, de cet embarras que la douleur chronique suscite et ce à partir de la pratique de l'auteure dans un service de médecine. Cette réflexion prend corps à partir de ce que les patients lui enseignent, à savoir que le corps du patient douloureux se met à se manifester d'une façon tout à fait impossible à déchiffrer, d'où l'analogie avec la psychosomatique, telle que l'ont conceptualisée François Perrier et Jacques Lacan. D'autre part, cet essai explore plusieurs champs, médical, psychanalytique et politique, afin de proposer une approche plus complexe des phénomènes douloureux. En avançant sur ce fil, l'ouvrage met en relief toute l'étendue de la question.

05/2019

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Poésie

La troisième

Au commencement est la connaissance – dès que le pied humain se pose dans la vie, l'homme y cherche sa place, appelle à l'aide, désigne le personnage du guide. C'est Homère qui apparaît sous la forme d'un rêve dans le sommeil et Les Annales de Quintus Ennius, père de la poésie latine. Virgile dans L'Enéide reprend l'idée et se met à voyager avec Enée. Dante conçoit le projet de La Divine Comédie et s'approprie l'idée du guide en s'exposant au souffle de celui qui montre le chemin, Virgile. Jacques Lacan, parce qu'il ne peut découvrir Rome seul, cherche un guide qui l'aide à se frayer un chemin à travers un trouble. Lequel ? Jacqueline Risset apparaît – jeune inconnue, belle agrégée. Elle s'est exilée à Rome, ville qui a troublé profondément Sigmund Freud. Au fil des années, de rencontres en promenades et découvertes, de parcours en révélations, guide et docteur arpentent, regardent, écoutent, déchiffrent. Histoire séparée pour elle et pour lui dans l'Histoire. Histoire parallèle avec enjeu poétique et enjeu psychanalytique. Histoire unique, surabondante de vie où ils se découvrent tout entiers. Un dimanche matin, printanier de 2018, l'auteur compose normalement le numéro de téléphone de Jacqueline Risset alors décédée depuis 4 ans. Sonnerie normale. Sonnerie sonne et soudain lui saute à la figure la preuve. La Troisième s'écrit comme un jeu de construction.

03/2019

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Littérature française

Quel est votre nom ?

Paris, les années 80. Un couple de jeunes étudiants, Pierre et Marie, hérite du journal de la vie d'Henry, leur professeur de philosophie et père spirituel. Dès la lecture des premiers extraits, ils sont animés du désir d'en savoir plus. Ils enquêtent et rencontrent plusieurs protagonistes qui mettent au jour la complexité et les paradoxes de leur mentor. Comment, après avoir servi la République française en 1934, en déjouant un complot contre Mustafa Kemal, peut-on devenir antisémite et pétainiste en 1940 ? Comment peut-on, dans un Paris occupé, héberger Dora Bruder, la jeune juive fugueuse du récit de Modiano, en ayant écrit dans la revue antisémite Grégoire ? Comment, avec un salaire d'enseignant, peut-on disperser des fortunes sur les tapis verts des casinos ? Comment, après avoir traité le psychanalyste Jacques Lacan d'hurluberlu, peut-on suivre une analyse avec lui et écrire le déroulement de la cure ? Pourquoi Henry, professeur éminent, a-t-il légué son journal à deux jeunes étudiants ? Mais Quel est votre nom ? n'est pas la simple collection de paradoxes d'un personnage. C'est aussi le récit d'un homme qui peu à peu reprend le chemin de la vie. C'est encore le dialogue silencieux entre un maître et ses élèves. C'est enfin une réflexion sur le sens caché de nos actions. Nous pensons savoir ce qui nous anime. Mais qui réellement mène la danse ?

03/2015

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Essais

Le vie psychique du racisme. Tome 1, L'Empire du démenti

S'il n'est plus cautionné par la biologie ou l'anthropologie, comme il l'était à l'apogée de la période coloniale, le racisme est loin d'avoir disparu. Son énigmatique persistance puise ses ruses et ses raisons dans l'inconscient et dans les effets de croyance qui l'accompagnent. Ce livre part à la recherche des traces d'une vie psychique collective héritière d'une histoire largement tributaire des grands partages coloniaux, rendue illisible dans notre actualité postcoloniale. Pour s'orienter dans ces voies parfois tortueuses, il a fallu miser sur l'apport sous-estimé d'Octave Mannoni. Philosophe venu tardivement à la psychanalyse, il a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d'entamer un processus de "décolonisation de soi" coïncidant avec une tentative de décrire l'envers inconscient de la scène coloniale : sa cruauté mais aussi ses fragilités intimes, donnant à penser leurs effets de longue durée tant chez les anciens colonisés que chez les anciens colonisateurs. En redonnant une visibilité à ce trajet, ses échos, ses critiques et ses reprises, les auteurs explorent à partir de la mécanique du démenti les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s'en saisisse ouvertement, et que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que "le racisme a bien de l'avenir".

03/2021

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Psychologie, psychanalyse

L'enfant et ses traumatismes. Huit psychanalyses en CMPP

Dans la lignée des récits de cures inaugurée par S. Freud et poursuivie notamment par M. Klein, D. W. Winnicott, J. Lacan et F. Dolto, Pierre Kammerer relate les psychanalyses de huit enfants âgés de six à dix-huit ans, gravement traumatisés dès leurs première enfance : mauvais traitements, abus sexuels, abandons et deuils précoces, dépression maternelle, incarcération d'un père, violences conjugales, meurtre d'une soeur par son père. Ces cures, qui ont été menées dans un centre médico-psychopédagogique (CMPP), sont présentées dans leur continuité, avec la transcription des propos tenus par le thérapeute et par l'enfant, la description des jeux de rôle, des dessins et des modelages. Ces récits détaillés, référés à une théorisation vivante, permettent de percevoir précisément comment se déroule le processus thérapeutique et comment chaque enfant parvient au remaniement des représentations internes mortifères qui avaient perturbé son rapport au monde et induit les troubles de son comportement (inhibition, échec scolaire, violence, délinquance, toxicomanie). A l'issue de leur analyse, tous seront prêts à repartir vers une nouvelle vie. L'ouvrage restitue en outre la discussion par quatre psychanalystes de l'une de ces cures, exposée lors d'un colloque organisé par Heitor O'Dwyer de Macedo. Ces quatre psychanalystes sont Jean-Paul Douvier, Claire Michelon Fauriaux, Eric van der Stegen et Annie Topalov. Cet ouvrage s'adresse tant aux psychanalystes qu'aux travailleurs sociaux et aux parents.

04/2010

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Contes et nouvelles

Petites histoires du dérisoire

Un ministre en vue piégé par une "sextape" ... Des amours enfantines et adolescentes contrariées... Des écologistes aux prises avec la réalité rurale... Des vieillards indignes et érotomanes qui s'aiment en pleine pandémie... Un gagnant qui perd tout... Un montreur d'ours qui finit où il a commencé... Une femme des années 50 qui se perd en se réalisant... Un homme simple qui joue absurdement sa vie en pleine débâcle du printemps 1940... des S. D. F aux héroïsmes mortels... Une fille de banlieue qui échappe au déterminisme d'une manière irrévocable... Un scientifique et un Néandertalien qui se retrouvent par-delà les dizaines de millénaires ou une présidente de la République dont le succès masque de terribles échecs, tous sont autant de petits univers où l'histoire singulière de chaque personnage se conjugue avec l'Histoire éternelle du dérisoire humain. L'auteur offre au lecteur une illustration en vingt-et-une nouvelles de ces héros modernes dont Lacan nous disait qu'ils accomplissent "des exploits dérisoires dans une situation d'égarement" . Ces petites histoires du dérisoire dont toute ressemblance entre les personnages et la réalité serait purement fortuite, nous proposent le regard acéré et ironique d'un auteur qui reste malgré tout d'un optimisme amusé... Après une carrière de journaliste radio, de professeur et de cadre de la fonction publique, Luc Gisselevoy se consacre aujourd'hui à la littérature. Depuis sa retraite campagnarde, il publie sa première oeuvre, aussi divertissante que cruellement lucide.

05/2021

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Notions

L'effet sophistique

La sophistique hante la philosophie. Elle la met hors d'elle. Dès l'aube présocratique, les sophistes, ces "maîtres de la Grèce" dont parle Hegel, sont des professionnels du langage, monnayant leur art de persuader des juges, de retourner une assemblée, de former à la rhétorique et à la démocratie. Ils font oeuvre politique, quand la philosophie veut faire oeuvre de connaissance. Or, ce fait d'histoire, Platon, puis Aristote le transforment en effet de structure : campant à jamais le sophiste en mauvais autre du philosophe, le premier l'expulse hors de la vérité et de la philosophie, le second hors du sens et de l'humanité. Depuis lors, en Occident, de Kant à Heidegger et Apel, comme par le biais d'Arendt, de Perelman et de Lacan, la sophistique fonctionne en opérateur par excellence de délimitation de la philosophie. Deux conceptions du logos s'opposent : l'ontologie, pour laquelle il s'agit de dire, de penser, de démontrer ce qui est ; la logologie, dont les performances, produisant l'énonciation sous l'énoncé, le signifiant sous le signifié, obligent à entendre combien l'être n'est qu'un effet du dire. Prenant appui sur les textes sophistiques eux-mêmes qu'elle traduit ou retraduit, Barbara Cassin modifie la perception traditionnelle de l'Antiquité et, du coup, celle des rapports entre Antiquité et Modernité : elle restaure ce qu'il conviendra désormais d'appeler notre héritage sophistique.

10/2022

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Critique littéraire

Voix migrantes au Québec. Volume 2, Littérature maghrébine sépharade

Depuis plusieurs années, des voix migrantes maghrébines investissent le champ littéraire francophone au Canada. Des écrivains issus des trois pays du Maghreb et de religion musulmane ou judaïque expriment leur sentiment d'exil, leur histoire et leur confrontation avec la culture de l'Autre, celle de l'Amérique du Nord. Voix migrantes au Québec regroupe trois parties comportant des écrivains actifs, établis dans cette province canadienne par naissance ou par choix. Chacune de ces tendances, à savoir l'émergence d'une écriture migrante maghrébine, la littérature maghrébine sépharade et la nouvelle vague maghrébine, participe à sa manière à l'évolution du phénomène de l'écriture migrante dans le champ littéraire québécois. Après un premier ouvrage qui avait abordé l'émergence d'une écriture migrante maghrébine (Voix migrantes au Québec. Emergence d'une littérature maghrébine, L'Harmattan, 2017), ce deuxième s'intéresse à la littérature maghrébine sépharade. Les écrivains suivants constituent les pionniers qui ont 'oeuvré pour le développement d'un espace d'expression propre à leur communauté judéo-maghrébine : Mary Abécassis Obadia, Georges Amsellem, Sylvia Assouline, Yvette Bénayoun-Szmidt, Salomon Benbaruck, David Bendayan, Clémence Bendelac-Lévy, Jacques Bensimon, David Bensoussan, Fiby Bensoussan, Roger Elmoznino, Pierre Lasry, Raphaël Lévy, Bob Oré Abitbol, Serge Ouaknine, Lélia Young et Thérèse Zrihen-Dvir. L'examen d'une production qui oscille entre prose et poésie, entre récit et introspection, indique clairement une nouveauté absolue et un changement total de style et de rythme. Les oeuvres de ces différents écrivains portent l'empreinte de ce patrimoine judéo-maghrébin mais chacune se distingue par la source vive de sa propre inspiration qui nourrit l'élan d'une littérature sépharade transformée et ouverte à de multiples manifestations. Cet état de fait transparaît à travers les écrits suivants enrichis par une diversité qui régénère une évolution marquante, à la fois bien enracinée dans un contexte " national " et aspirant à l'universalité.

04/2018

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Histoire ancienne

L'Eure. 27/2

Quelque vingt-cinq années après la parution d'un premier Pré-inventaire de la Carte archéologique de la Gaule dévolu au département de l'Eure, l'Académie accueille dans sa collection de référence une 3e édition de ce volume, désormais totalement refondu et augmenté, avec une pagination ayant quasiment triplé et un dossier iconographique qui n'a pas moins que décuplé, en vue de refléter non seulement l'accumulation importante des découvertes effectuées depuis lors mais aussi du fait de l'exigence d'exhaustivité qui s'impose aujourd'hui aux rédacteurs des notices de la CAG. L'on trouvera dans cette véritable somme la présentation de pas moins de 1300 sites dont la plupart, à l'instar du site de Long-Buisson à Guichainville, se caractérisent par une occupation continue depuis le Néolithique voire le Paléolithique, mais aussi quelque 60 sanctuaires gallo-romains - ce qui place l'Eure en tête des départements réunissant le plus grand nombre de vestiges de ce type -, ou bien encore un nombre exceptionnel de villae mises au jour ou repérées à l'occasion de prospections. Le Pré-inventaire de l'Eure est le résultat du patient labeur du directeur de la Collection de la CAG, le Professeur Michel Provost, à l'activité inlassable, qui a bénéficié de la collaboration attentive et dévouée de l'Association Archéo 27 qui, sous la direction de Véronique et Jean-Noël Le Borgne ainsi que de Gilles Dumondelle, vise à la mise en oeuvre des formes et des moyens d'action nécessaires pour "la recherche archéologique, historique et préhistorique" ainsi que "le sauvetage et la mise en valeur des monuments et des sites" de l'Eure. On remerciera ici tout particulièrement les jeunes doctorants et docteurs des Universités de Paris I et de Nantes qui ont été chargés de la rédaction des précieuses synthèses réunies en introduction : Célia Basset pour l'âge du Fer ; Stanislas Bossard, Vanessa Brunet, Filipe Ferreira, Cécile Hartz et Jérôme Spiesser pour l'époque romaine.

06/2019

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Pédagogie

LE ROLE DE L' EDUCATEUR. Education et psychanalyse

Ce livre s'adresse à tous ceux qui s'intéressent à l'éducation, qu'ils soient parents, éducateurs, enseignants, psychologues ou psychanalystes. Chacun sait l'importance de l'éducation, pour s'y trouver engagé avec plus ou moins de bonheur et de réussite à un moment de son existence. Pourtant, à l'heure actuelle, elle reste encore un lieu mal défini où l'éducateur spécialisé n'évite l'arbitraire de la pure subjectivité qu'en s'aliénant à d'autres disciplines : psychologie, sociologie, etc. Rien d'étonnant donc, à ce qu'il souffre de son image et qu'il ait tant de mal à définir son identité. Or, sans identité, pas de position éducative qui tienne ! N'existerait-il pas une spécificité de l'éducation ? L'enjeu de ce livre est de trouver le fondement du discours et de l'acte éducatif, afin d'aider le praticien à se l'approprier pour en faire la pierre d'angle de sa pratique. C'est à ce niveau qu'il rencontrera la psychanalyse, en ce point décisif de la construction de la personnalité mis au jour par Freud, et repris par Lacan. Pourquoi la psychanalyse, parce qu'elle est la seule qui affronte réellement la question posée par le désir du sujet. L'éducateur trouvera là de quoi fonder sa pratique, sans mélange et sans confusion, de sorte qu'il lui deviendra possible d'intervenir avec compétence et autorité et d'engager, sur un pied d'égalité, un dialogue avec les autres disciplines.

01/1995

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Critique littéraire

Mémoire

Tout le monde croit connaître Catherine Clément. Chacun est capable d'évoquer à son sujet sa passion pour l'Inde, ses romans philosophiques, ses années d'enseignement et de journaliste, ses missions aux affaires étrangères qui l'ont menée, avec son compagnon ambassadeur, aussi bien à Vienne et à Delhi qu'à la découverte de l'Afrique, sa fréquentation des sphères de la psychanalyse, mais cet inventaire paraît déjà aussi désordonné qu'incertain, aussi sommaire que réducteur. En vérité, personne ne connaît Catherine Clément. Voilà ce qui apparaît d'emblée à la lecture de ses mémoires. A travers ses rares récits autobiographiques (dont Cherche Midi, Stock, 2000), ses lecteurs ont approché son enfance de petite fille juive française, mais jamais Catherine Clément avant la publication de ce livre n'aura dévoilé tant de secrets, de souvenirs enfouis, de mystères jamais élucidés. De sa complicité fraternelle aux amitiés éternelles, on la découvre jeune enseignante, engagée au parti communiste ou proche de certains politiques, parmi lesquels deux présidents, Jacques Chirac et François Mitterrand. On lira avec une émotion très particulière les portraits qu'elle trace de ses grands maîtres, Jankélévitch, Lacan, Lévi-Strauss ou ceux de personnages tels que Roland Barthes ou Jean-Paul Sartre. Au final, on n'obtiendrait que le parcours hors norme d'une intellectuelle si ce livre de mémoires d'une femme de soixante-dix ans n'était pas avant tout par son écriture, sa liberté, ses incorrections, ses indiscrétions, son humour, sa tendresse et son absence totale de complaisance, la vie même.

01/2009

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Philosophie

Alexandre Kojève. La philosophie, l'Etat, la fin de l'Histoire

Pour l'essentiel, Alexandre Kojève (1902-1968) reste une figure fascinante et méconnue de l'histoire philosophique de ce siècle. Que savait-on, en effet, de son destin aventureux ? Que savait-on de ce Russe d'origine, neveu du peintre Wassily Kandinsky, qui devint à l'École pratique des hautes études un illustre professeur dont Bataille, Queneau, Aron, Lacan ou Léo Strauss suivaient admirativement les cours ? Quel fut, enfin, le vrai visage de ce sage hégélien qui, croyant venu " l'État final ", choisit de se métamorphoser en haut fonctionnaire avant de mourir, à Bruxelles, pendant une réunion du Marché commun ? C'est donc pour ressusciter le destin et la légende de cet homme d'exception que Dominique Auffret lui a consacré cette biographie. On y retrouve, bien sûr, l'écho d'une œuvre éparse et inachevée, mais on y entend aussi la rumeur violente d'une époque que Kojève voulut penser et vivre, à travers quelques questions : qu'en est-il vraiment de cette " fin de l'Histoire " dont certains analystes invoquent aujourd'hui l'actualité % A partir de quand un philosophe peut-il se prendre pour le confident de la Providence ? A-t-il le droit, sans faillir à sa mission, de devenir le conseiller des princes ? C'est en rassemblant documents et témoignages inédits, en recueillant les souvenirs de ceux qui connurent Kojève à Moscou, à Berlin ou à Paris, en confrontant son ouvre aux interprétations diverses qu'elle suscita, que Dominique Auffret a pu mener son enquête - et apporter ainsi une contribution décisive à la chronique intellectuelle de notre temps.

03/2002

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Psychologie, psychanalyse

Le dénouement d'une analyse

Une analyse se termine-t-elle ? La longueur des cures passe parfois pour le résultat des conceptions théoriques et de la pratique des analystes contemporains. Mais en allait-il autrement il y a quelques décennies ? Freud lui-même se plaignait, en 1937, de la difficulté qu'il y avait à écourter la durée des analyses. L'immense majorité des analyses s'interrompt, au mieux, sur un effet thérapeutique heureux, mais elles ne sont pas pour autant achevées. Son procès reste-t-il seulement suspendu dans des conditions plus ou moins précaires ? Peut-il s'interrompre à un moment d'équilibre, permettant à l'analysant d'en finir avec le lien étrange qui l'attache moins à l'analyste qu'à ce qu'il ignore dans sa propre parole ? Existe-t-il au contraire une fin logique, aussi certainement calculable que les conditions qui ont présidé à l'entrée dans la cure ? Si Freud a évoqué la question de la fin de l'analyse tout au long de son œuvre - avant tout dans les termes d'un objectif thérapeutique plus ou moins bien rempli - il ne l'abordera dans sa spécificité qu'au terme de sa vie. Tout en montrant la continuité qui existe de Freud à Lacan, G. Pommier tente de dégager ce qui, dans une analyse, peut logiquement se dénouer de ce qui restera indéfini. Faire la part entre le fini et l'infini est un enjeu d'importance, qui permet de délimiter ce que l'on peut attendre de l'invention freudienne.

05/1996

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Animaux, nature

Les éléphants. Admiration, fascination, fétichisme, culte

Dans le recueil "Corps du roi", Pierre Michon intitule l'un de ses textes " L'éléphant " dans lequel il évoque son admiration pour William Faulkner. Une photo célèbre de l'écrivain américain sert de préambule à cet exercice d'admiration. En regardant cette photo, Pierre Michon se demande ce que Faulkner a vu et que sous ses yeux il regarde toujours. Il appelle ce qu'il voit : éléphants. Les éléphants sont ces écrivains tellement immenses qu'ils écrasent quiconque a la prétention d'écrire à son tour. Pour Faulkner, écrit Michon, cet éléphant est indéniablement Shakespeare. Michael Larivière s'intéresse ici à ces éléphants qui désespèrent qui les contemple, intimident et parfois paralysent même les meilleurs parmi ceux qui viennent à leur suite. Chacun confronte son ambition à ses modèles, s'explique avec de grandes figures transférentielles et, souvent découragé, finit par se dire qu'il n'est pas de la famille. Mais il n'y a pas que les " grands écrivains " qui comptent parmi les éléphants qui nous écrasent. Il y a d'abord - il peut y avoir - les parents, éventuellement suivis de quelques maîtres, quelquefois des amis, et diverses autres figures qui d'abord nous fascinent, nous impressionnent de mille manières, et parfois finissent par nous décevoir et choir. L'admiration c'est tantôt exaltant, tantôt accablant et c'est à cette réflexion que le psychanalyste Michael Larivière se consacre dans cet essai, où sont évoqués ses parents, le milieu psychanalytique, quelques collègues mais aussi l'éléphant qu'a été Jacques Lacan.

04/2019

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Essais

Etudes kleiniennes. Tome 3, Hamlet

"Dans OEdipe, la fantaisie de souhait sous-jacente de l'enfant est amenée à la lumière et réalisée comme dans le rêve ; dans Hamlet elle demeure refoulée, et nous n'apprenons son existence, tout comme ce qui se passe dans une névrose, que par les effets d'inhibition émanant d'elle." Comme habituellement, Freud, le fondateur de la psychanalyse ouvre une voie de compréhension inestimable pour un sujet essentiel du psychisme humain. Cet ouvrage tentera de situer cette avancée, en reprenant tout d'abord les textes de Freud, puis ceux de ses continuateurs. Il sera ensuite présenté par F. Drossart une hypothèse originale concernant la psychologie du personnage Hamlet. Loin de toute préoccupation nosographique, il propose de se référer à la notion de retrait psychique (J. Steiner). Le retrait psychique correspond à un refuge, présent chez le sujet, entre les deux positions (schizo-paranoïde et dépressive) décrites par Melanie Klein. Nous parlerons à cet égard d'espace intermédiaire. Ce qui donne portée métaphorique à l'exclamation d'Hamlet : "Le Danemark est une prison". Marc Amfreville s'attache, pour sa part, à examiner la langue de Shakespeare. Dans son texte intitulé Spectres d'identité, sens et double sens chez Hamlet, il nous rappelle qu'Hamlet est un être de fiction à envisager au regard des autres personnages de la pièce. Cet ouvrage, d'inspiration kleinienne (pour la partie écrite par F. Drossart), plus "classiquement freudienne" (pour celle écrite par M. Amfreville), ne contredit pas l'affirmation de Lacan, selon lequel le caractère proprement génial de la pièce est à rechercher dans sa structure labyrinthique.

06/2021

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Sociologie

Histoire du structuralisme. Tome 2, le chant du cygne 1967 à nos jours

La grande période structuraliste, qui prend son essor après la Seconde Guerre mondiale, fut celle des maîtres penseurs. Elle a instauré une vision du monde, un nouveau regard posé sur une modernité désenchantée en privilégiant à la fois le caractère inconscient des phénomènes manifestes et le signe aux dépens du sens. De Claude Lévi-Strauss et Roman Jakobson à Michel Foucault, de Louis Althusser et Georges Dumézil à Roland Barthes, en passant par Jacques Lacan ou Jacques Derrida, François Dosse en retrace ici, en historien des idées, les enjeux théoriques, institutionnels et existentiels. Il distingue deux grandes périodes : celle de la montée vers cet apogée que fut l'année 1966, objet du premier tome, et celle du déclin, à partir de 1967, objet de ce second volume. Mais cette histoire n'est pas celle d'idées désincarnées. Elle est l'histoire de toute une génération intellectuelle, dont l'auteur a recueilli les témoignages en interrogeant plus d'une centaine d'acteurs des diverses disciplines des sciences humaines. Ce parcours, restitué de manière très vivante, permet de suivre les cheminements intellectuels des grandes figures de l'époque, et de leurs nombreux disciples. Il offre ainsi au lecteur un très utile guide intellectuel pour se repérer dans l'extraordinaire foisonnement pluridisciplinaire de ces années-là. Surtout, la vision d'ensemble qu'il propose donne les clés indispensables pour comprendre, au-delà de l'échec du programme structuraliste, le rôle que continuent à jouer ces travaux dans le processus de recomposition des sciences humaines et sociales toujours en cours depuis lors.

10/2012